Textes de la Messe |
IN EPIPHANIA DOMINI |
Epiphanie du Seigneur |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
On trouvera dans les commentaires ci-dessous l’historique de la Fête. La réforme de 1955 a supprimé son octave, particulièrement riche et complète en lectures patristiques (puisqu’aucune fête de saint, à part la commémoraison de St Hygin, le 11 ne venait en rompre l’ordre) et surtout supérieure en degré à celle de Noël (les Octaves de Pâques et de la Pentecôte étaient de 1er ordre, celles de l’Épiphanie et de la Fête-Dieu de 2nd ordre, et enfin celles de Noël, de l’Ascension et du Sacré Cœur de 3ème ordre, acceptant les fêtes de saints).
Seul est demeuré le jour Octave, le 13 janvier, appelé depuis cette date Commémoraison du Baptême du Seigneur.
Nos commentateurs, et surtout Dom Pius Parsch, profite des jours de l’Octave pour continuer de commenter la messe du jour de l’Épiphanie et ses pièces liturgiques.
IN EPIPHANIA DOMINI |
Epiphanie du Seigneur |
Ant. ad Introitum. Malach. 3, 1 ; 1 Par. 29, 12. | Introït |
Ecce, advénit dominátor Dóminus : et regnum in manu eius et potéstas et impérium. | Voilà que vient le Seigneur Maître ; le pouvoir est dans sa main, la puissance et l’empire. |
Ps. 71, 1. | |
Deus, iudícium tuum Regi da : et iustítiam tuam Fílio Regis. | O Dieu, donnez au roi votre jugement et au fils du roi votre justice. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui hodiérna die Unigénitum tuum géntibus stella duce revelásti : concéde propítius ; ut, qui iam te ex fide cognóvimus, usque ad contemplándam spéciem tuæ celsitúdinis perducámur. Per eúndem Dóminum nostrum. | O Dieu, qui avez révélé en ce jour votre Fils unique aux païens par l’apparition d’une étoile : faites dans votre miséricorde que, vous connaissant déjà par la foi, nous soyons amenés à vous contempler dans l’éclat de votre majesté. |
Léctio Isaíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Isaïe. |
Is. 60, 1-6. | |
Surge, illumináre, Ierúsalem : quia venit lumen tuum, et glória Dómini super te orta est. Quia ecce, ténebræ opérient terram et caligo pópulos : super te autem oriétur Dóminus, et glória eius in te vidébitur. Et ambulábunt gentes in lúmine tuo, et reges in splendóre ortus tui. Leva in circúitu óculos tuos, et vide : omnes isti congregáti sunt, venérunt tibi : fílii tui de longe vénient, et fíliæ tuæ de látere surgent. Tunc vidébis et áfflues, mirábitur et dilatábitur cor tuum, quando convérsa fúerit ad te multitúdo maris, fortitúdo géntium vénerit tibi. Inundátio camelórum opériet te, dromedárii Mádian et Epha : omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes, et laudem Dómino annuntiántes. | Lève-toi, et resplendis, Jérusalem ! Car ta lumière paraît, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et une sombre obscurité les peuples ; mais sur toi le Seigneur se lève, et sa gloire se manifeste sur toi. Les nations marchent vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton lever. Lève tes regards autour de toi, et vois : Tous se rassemblent, ils viennent à toi ; tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Tu le verras alors, et tu seras radieuse ; ton coeur tressaillira et se dilatera ; car les richesses de la mer se dirigeront vers toi, les trésors des nations viendront à toi. Des multitudes de chameaux te couvriront, les dromadaires de Madian et d’Epha ; tous ceux de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et publieront les louanges du Seigneur. |
Graduale. Ibid., 6 et 1. | Graduel |
Omnes de Saba vénient, aurum et thus deferéntes, et laudem Dómino annuntiántes. | Tous ceux de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et publieront les louanges du Seigneur. |
V/. Surge et illumináre, Ierúsalem : quia glória Dómini super te orta est. | V/. Lève-toi, et resplendis, Jérusalem ! Car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. |
Allelúia, allelúia. V/.Matth. 2, 2. Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 2, 1-12. | |
Cum natus esset Iesus in Béthlehem Iuda in diébus Heródis regis, ecce, Magi ab Oriénte venerunt Ierosólymam, dicéntes : Ubi est, qui natus est rex Iudæórum ? Vidimus enim stellam eius in Oriénte, et vénimus adoráre eum. Audiens autem Heródes rex, turbatus est, et omnis Ierosólyma cum illo. Et cóngregans omnes principes sacerdotum et scribas pópuli, sciscitabátur ab eis, ubi Christus nasceretur. At illi dixérunt ei : In Béthlehem Iudæ : sic enim scriptum est per Prophétam : Et tu, Béthlehem terra Iuda, nequaquam mínima es in princípibus Iuda ; ex te enim éxiet dux, qui regat pópulum meum Israël. Tunc Heródes, clam vocátis Magis, diligénter dídicit ab eis tempus stellæ, quæ appáruit eis : et mittens illos in Béthlehem, dixit : Ite, et interrogáte diligénter de púero : et cum invenéritis, renuntiáte mihi, ut et ego véniens adórem eum. Qui cum audíssent regem, abiérunt. Et ecce, stella, quam víderant in Oriénte, antecedébat eos, usque dum véniens staret supra, ubi erat Puer. Vidéntes autem stellam, gavísi sunt gáudio magno valde. Et intrántes domum, invenérunt Púerum cum María Matre eius, (hic genuflectitur) et procidéntes adoravérunt eum. Et, apértis thesáuris suis, obtulérunt ei múnera, aurum, thus et myrrham. Et responso accépto in somnis, ne redírent ad Heródem, per aliam viam revérsi sunt in regiónem suam. | Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus l’adorer." Ce que le roi Hérode ayant appris, il fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et il s’enquit auprès d’eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent : "A Bethléem de Judée, car ainsi a-t-il été écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple." Alors Hérode, ayant fait venir secrètement les mages, s’enquit avec soin auprès d’eux du temps où l’étoile était apparue. Et il les envoya à Bethléem en disant : "Allez, informez-vous exactement au sujet de l’enfant, et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi j’aille l’adorer." Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient allait devant eux, jusqu’à ce que, venant au-dessus du lieu où était l’enfant, elle s’arrêta. A la vue de l’étoile, ils eurent une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, (Ici on se met à genoux) et, se prosternant, ils l’adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Et ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 71, 10-11. | Offertoire |
Reges Tharsis, et ínsulæ múnera ófferent : reges Arabum et Saba dona addúcent : et adorábunt eum omnes reges terræ, omnes gentes sérvient ei. | Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents, les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons et tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations le serviront. |
Secreta. | Secrète |
Ecclésiæ tuæ, quæsumus, Dómine, dona propítius intuere : quibus non iam aurum, thus et myrrha profertur ; sed quod eisdem munéribus declarátur, immolátur et súmitur, Iesus Christus, fílius tuus, Dóminus noster : Qui tecum vivit. | Jetez une regard bienveillant, nous vous en supplions, Seigneur, sur les dons de votre Eglise, laquelle ne vous offre plus ni l’or, ni l’encens, ni la myrrhe, mais Celui que figuraient ces offrandes, qui a été immolé et qui s’est fait notre nourriture, Jésus-Christ votre Fils, Notre-Seigneur. |
Præfatio et Communicántes propria. | Préface de l’Épiphanie et Communicántes [*] propre. |
Ant. ad Communionem. Matth. 2, 2. | Communion |
Vídimus stellam eius in Oriénte, et vénimus cum munéribus adoráre Dóminum. | Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, quæ sollémni celebrámus officio, purificátæ mentis intellegéntia consequámur. Per Dóminum nostrum. | Faites, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que célébrant ce mystère en un office solennel nous en obtenions l’intelligence et en recueillions les fruits dans une âme purifiée. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 Engendré avant l’aurore * et avant les siècles : le Seigneur, notre Sauveur, apparaît aujourd’hui au monde.
Ant. 2 Ta lumière a brillé, * 0 Jérusalem, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi ; et les Nations marcheront à ta lumière, alléluia.
Ant. 3 Ouvrant leurs trésors, * les Mages, offrirent au Seigneur, l’or, l’encens et la myrrhe, alléluia.
Ant. 4 Mers et fleuves, * bénissez le Seigneur ; fontaines, chantez un hymne au Seigneur, alléluia.
Ant. 5 Cette étoile * brille comme une flamme, et manifeste le Dieu, Roi des rois ; les Mages l’ont vue et sont venus offrir leurs présents au grand Roi.
Capitule. Is. 60, 1. Lève-toi, sois éclairée, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière et que la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
Hymnus | Hymne |
Crudélis Heródes, Deum
Regem veníre quid times ? Non éripit mortália, Qui regna dat cæléstia. | Cruel Hérode, pourquoi crains-tu
l’arrivée d’un Dieu Roi ? Il ne ravit pas les sceptres mortels, celui qui donne les royaumes célestes. |
Ibant Magi, quam víderant,
Stellam sequéntes prǽviam : Lumen requírunt lúmine : Deum faténtur múnere. | Les Mages s’avançaient, suivant l’étoile
qu’ils avaient vue et qui marchait devant eux ; sa lumière leur fait trouver la (vraie) lumière ; par leurs présents, ils reconnaissent un Dieu. |
Lavácra puri gúrgitis
Cæléstis Agnus áttigit : Peccáta, quæ non détulit, Nos abluéndo sústulit. | L’Agneau céleste a touché l’onde
du lavoir de pureté ; par son ablution, il lave et détruit en nous des péchés qu’il n’a point commis. |
Novum genus poténtiæ :
Aquæ rubéscunt hýdriæ, Vinúmque iussa fúndere, Mutávit unda oríginem. | Nouveau prodige de puissance !
L’eau rougit dans les urnes (de Cana) ; obéissant au Rédempteur, elle change de nature, et s’écoule en flots de vin. |
Iesu tibi sit glória,
Qui apparuísti Géntibus, Cum Patre, et almo Spíritu, In sempitérna sǽcula. Amen. | O Jésus, qui vous êtes rêvélé aux Gentils,
gloire à vous ainsi qu’au Père et à l’Esprit divin, dans les siècles éternels. Amen. |
A MATINES.
L’Invitatoire et l’Hymne sont omis le jour de l’Épiphanie. [1]
Au premier nocturne.
Ant. 1 Apportez (des présents) au Seigneur,* enfants de Dieu ; adorez le Seigneur dans son saint temple
Ant. 2 Le cours d’un fleuve abondant * réjouit, alléluia, la cité de Dieu, alléluia.
Ant. 3 Chantez notre Dieu,* chantez ; chantez notre Roi, chanter avec sagesse.
V/. Que toute la terre vous adore et vous chante.
R/. Qu’elle dise un psaume à la gloire de votre nom, Seigneur.
Du Prophète Isaïe. Cap. 55, 1-4 ; 60, 1-6 ; 61, 10-11 & 62, 1.
Première leçon. Vous tous qui avez soif, venez vers les eaux : et (vous) qui n’avez pas d’argent, hâtez-vous, achetez et mangez ; venez, achetez sans argent et sans aucun échange, du vin et du lait. Pourquoi dépensez-vous de l’argent à ce qui n’est pas du pain et votre travail à ce qui ne peut vous rassasier ? Écoutez-moi avec une grande attention [2], et mangez une bonne nourriture, et votre âme se délectera en s’engraissant. Inclinez votre oreille, et venez à moi ; écoute ?, et votre âme vivra et je ferai avec vous un pacte éternel (qui montrera) véritables les miséricordes (promises) à David. Voilà que je l’ai donné pour témoin aux peuples, pour chef et pour maître aux Nations.
R/. En ce jour [3], quand le Seigneur eut été baptisé dans le Jourdain, les cieux s’ouvrirent, le Saint-Esprit se reposa sur lui comme une colombe, et la voix du Père se fit entendre : * Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis mes complaisances. V/. L’Esprit-Saint descendit sur lui, sous la forme sensible d’une colombe, et une voix vint du Ciel. * Celui-ci.
Rubrique avant 1955 : Ce Verset se dit seulement aujourd’hui, le Dimanche dans l’Octave même s’il est anticipé, et au jour Octave ; mais les autres jours dans l’Octave au lieu de ce Répons, on dit le Répons propre aux jours dans l’Octave, indiqué en son lieu.
Deuxième leçon. Lève-toi, sois éclairée, Jérusalem, parce qu’est venue ta lumière, et que la gloire du Seigneur sur toi s’est levée. Parce que voilà que les ténèbres couvriront la terre, et une obscurité, les peuples ; mais sur toi se lèvera le Seigneur, et sa gloire en toi se verra [4]. Et des Nations marcheront à ta lumière, et des rois à la splendeur de ton lever [5]. Lève autour de toi, tes yeux, et vois [6] ; tous ceux-ci se sont rassemblés, ils sont venus à toi ; tes fils de loin viendront, et tes filles à ton côté se lèveront. Alors tu verras, et tu seras dans l’abondance ; ton cœur admirera et se dilatera, quand se sera tournée vers toi la richesse de la mer, et que la force des Nations sera venue à toi. Une inondation de chameaux te couvrira, des dromadaires de Madian et d’Epha ; tous viendront de Saba, apportant de l’or et de l’encens, et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur.
R/. On vit le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe, et on entendit la voix du Père : * Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances. V/. Les cieux lui furent ouverts et la voix du Père se fit entendre. * Celui-ci.
Troisième leçon. Me réjouissant, je me réjouirai dans le Seigneur, mon âme exultera en mon Dieu ; parce qu’il m’a revêtu des vêtements du salut, et du manteau de la justice [7] ; il m’a enveloppé, comme l’époux paré d’une couronne, et comme l’épouse ornée de ses colliers. Car comme la terre produit son germe, et comme un jardin fait germer sa semence, ainsi le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les Nations. A cause de Sion, je ne me tairai pas, et à cause de Jérusalem je ne me reposerai pas, jusqu’à ce que paraisse son juste comme une éclatante lumière, et que son sauveur, comme un flambeau, répande sa clarté.
R/. Les rois de Tharsis [8] et les îles lui offriront des présents ; * Des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons. V/. Tous viendront de Saba. apportant de t’or et de l’encens. * Des rois. Gloire au Père. * Des rois.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Que toute la terre vous adore * et vous chante, qu’elle dise un psaume à votre nom, Seigneur.
Ant. 2 Les rois de Tharsis * et les îles offriront des présents au Seigneur Roi.
Ant. 3 Toutes les Nations * que vous avez faites viendront, et adoreront devant vous, Seigneur.
V/. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents.
R/. Des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons.
Sermon de saint Léon, Pape.
Quatrième leçon. « Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes bien-aimés, je le dis encore, réjouissez-vous » ; puisque peu de temps après la solennité de la Nativité de Jésus-Christ, la fête de sa manifestation brille à son tour : et celui que la Vierge a enfanté le vingt-cinq décembre, le monde l’a reconnu aujourd’hui. Le Verbe fait chair a disposé son entrée dans le monde de telle manière que l’enfant Jésus fut manifesté aux fidèles et caché à ses persécuteurs. Alors déjà « les cieux racontèrent la gloire de Dieu, et le bruit de la vérité se répandit dans toute la terre, » quand une armée d’Anges apparut aux pasteurs pour leur annoncer la naissance du Sauveur, et qu’une étoile servit de guide aux Mages pour le venir adorer. L’avènement du véritable Roi fut ainsi manifesté avec éclat du levant au couchant, car les royaumes de l’Orient apprirent des Mages les éléments de la foi, et ils ne restèrent pas cachés à l’empire romain.
R/. Reçois la lumière, reçois la lumière, Jérusalem, car ta lumière est venue : * Et la gloire du Seigneur sur toi s’est levée V/. Et des Nations marcheront à ta lumière, et des rois à la splendeur de ton lever. * Et.
Cinquième leçon. La cruauté d’Hérode, voulant étouffer dans le berceau le Roi qui lui était suspect, servait, à son insu, à cette diffusion de la foi. Tandis qu’il s’appliquait à faire réussir un crime détestable, et qu’il cherchait à envelopper dans un massacre général l’enfant qui lui restait inconnu, le bruit de ce massacre divulguait en tous lieux la naissance du maître du ciel. La nouvelle s’en répandit d’autant plus promptement et d’autant mieux, que le prodige d’un signe dans le ciel était plus nouveau, et l’impiété du persécuteur plus cruelle. Alors aussi le Sauveur fut porté en Égypte, pour que ce peuple attaché à d’anciennes erreurs fût préparé, par une grâce secrète, à recevoir son prochain salut, et afin qu’avant même d’avoir banni ses vieilles superstitions, ce pays reçût pour hôte la vérité même.
R/. Tous viendront de Saba apportant de l’or et de l’encens, et publiant des louanges en l’honneur du Seigneur. * Alléluia, alléluia, alléluia. V/. Les rois de Tharsis et les îles lui offriront des présents ; des rois de l’Arabie et de Saba lui apporteront des dons. * Alléluia, alléluia, alléluia
Sixième leçon. Reconnaissons donc, mes bien-aimés, dans les Mages adorateurs du Christ, les prémices de notre vocation et de notre foi, et célébrons avec des cœurs pleins de joie les débuts de cette heureuse espérance. Car dès ce moment nous avons commencé à entrer dans l’héritage céleste ; depuis lors les passages mystérieux des saintes Écritures qui se rapportaient au Christ ont été découverts pour nous, et la vérité que l’aveuglement des Juifs n’accepte pas, a répandu sa lumière dans toutes les Nations. Honorons donc ce très saint jour en lequel l’Auteur de notre salut s’est fait connaître, et Celui que les Mages ont adoré petit enfant dans une crèche, adorons-le, tout-puissant dans les Cieux. Et, comme les Rois firent de leurs trésors des offrandes mystiques au Seigneur, cherchons de même à trouver dans nos cœurs des dons qui méritent d’être offerts à Dieu.
R/. Des Mages vinrent de l’Orient à Jérusalem cherchant et disant : Où est celui qui est né et dont nous avons vu l’étoile ? * Et nous sommes venus adorer le Seigneur. V/. Nous avons vu son étoile en Orient. * Et. Gloire au Père. * Et.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Cette antienne est répétée dans le psaume comme indiqué.Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Psaume 94
Venez, réjouissons-nous devant le Seigneur ; * poussons des cris de joie vers Dieu, notre Sauveur.
Allons au-devant de Lui avec des louanges, * et chantons des cantiques à Sa gloire.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Car le Seigneur est le grand Dieu, * et le grand Roi au-dessus de tous les dieux.
Dans Sa main sont tous les confins de la terre, * et les sommets des montagnes Lui appartiennent.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
A Lui est la mer, et c’est Lui qui l’a faite, * et Ses mains ont formé le continent.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
car Il est le Seigneur notre Dieu, * et nous, nous sommes le peuple de Son pâturage, et les brebis de Sa main.
Aujourd’hui, si vous entendez Sa voix, * gardez-vous d’endurcir vos cœurs,
comme lorsqu’ils excitèrent Ma colère, au jour de la tentation dans le désert, * où vos pères M’ont tenté, M’ont mis à l’épreuve, et ont vu Mes œuvres.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Pendant quarante ans Je fus irrité contre cette génération ; * et Je dis : Leur cœur ne cesse de s’égarer.
Et ils n’ont point connu Mes voies ; * de sorte que J’ai juré dans Ma colère : Ils n’entreront point dans Mon repos.
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Gloire au Père…
Ant. Venez, adorons-le, car lui-même est le Seigneur notre Dieu.
Cette Antienne avec son psaume est dite seulement la nuit de l’Épiphanie : pendant l’Octave, on dit à sa place l’Antienne suivante : Un homme est né dans elle, et lui-même, le Très-Haut, ta fondée.
Ant. 2 Adorez le Seigneur * alléluia ; dans son saint temple, alléluia.
Ant. 3 Adorez Dieu, * alléluia, tous, ses Anges, alléluia.
V/. Adorez le Seigneur, alléluia.
R/. Dans son saint temple, alléluia.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 2, 1-12.
En ce temps-là : Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?". Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.
Septième leçon. Comme vous l’avez entendu, mes très chers frères, dans la lecture de l’Évangile, un roi de la terre se troubla à la naissance du Roi des Cieux : c’est parce que les grandeurs terrestres sont confondues, lorsque celles du Ciel viennent à paraître. Mais nous devons chercher pour quel motif, à la naissance du Rédempteur, un Ange apparut aux pasteurs dans la Judée, tandis que ce ne fut pas un Ange, mais une étoile, qui servit de guide aux Mages de l’Orient, pour venir l’adorer. Ce fut, sans doute, parce que les Juifs, usant de la raison pour connaître le vrai Dieu, il était juste qu’un Ange, c’est-à-dire une créature raisonnable, leur annonçât la nativité du Sauveur ; quant aux Gentils, qui ne savaient pas se servir de leur raison, ils sont amenés à connaître le Seigneur, non par une voix, mais par des signes matériels. C’est pourquoi saint Paul a dit : « .Les prophéties sont données aux fidèles, non aux infidèles ; mais les signes sont pour les infidèles, non pour les fidèles. » Aussi les prophéties ont-elles été annoncées aux pasteurs qui étaient Juifs, comme à des fidèles, et les signes ont-ils été donnés aux Mages, comme à des infidèles et non comme à des fidèles.
R/. L’étoile que les Mages avaient vue en Orient les précédait, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés au lieu où se trouvait l’enfant. * Or, voyant l’étoile, ils se réjouirent d’une grande joie. V/. Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l’adorèrent. * Or.
Huitième leçon. Il faut remarquer que lorsque notre Rédempteur aura atteint l’âge d’homme parfait, les Apôtres le prêcheront à ces mêmes Gentils, tandis que lorsqu’il est enfant, et ne se sert pas encore pour parler de ses organes corporels, c’est une étoile qui l’annonce à la Gentilité. L’ordre de la raison voulait sans doute que ce fussent des prédicateurs qui parlassent pour nous faire connaître le Seigneur quand lui-même eut parlé, et que des éléments muets l’annonçassent lorsqu’il ne parlait pas encore. Mais nous devons considérer, au souvenir de tous les prodiges qui ont paru, et à la naissance et à la mort du Seigneur, quelle fut la dureté de cœur de ceux des Juifs qui ne le reconnurent, ni au don de prophétie ni à ses miracles.
R/. Les Mages, voyant l’étoile, se réjouirent d’une grande joie. * Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère, et se prosternant, ils l’adorèrent : * Puis ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. V/. L’étoile que les Mages avaient vue en Orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vînt s’arrêter au-dessus du lieu où était l’enfant. * Et, entrant. Gloire au Père. * Puis.
Neuvième leçon. Tous les éléments ont rendu témoignage à la venue de leur Auteur. Et, pour en parler selon le langage usité parmi les hommes, les cieux ont reconnu qu’il était Dieu, puisqu’aussitôt ils ont envoyé l’étoile. La mer l’a reconnu, car elle s’est affermie sous ses pas. La terre l’a reconnu, puisqu’elle a tremblé, quand il expirait. Le soleil l’a reconnu puisqu’alors il a caché les rayons de sa lumière. Les rochers et les murailles l’ont reconnu, puisqu’au moment de sa mort, ils se sont fendus. L’enfer l’a reconnu, car il a rendu à la liberté les morts qu’il renfermait. Et cependant, celui que tous les éléments insensibles ont reconnu pour leur Seigneur, les cœurs des Juifs infidèles ne l’ont pas reconnu comme Dieu, et plus durs que les rochers ils n’ont pas voulu s’ouvrir à la pénitence.
A LAUDES
Antiennes et Capitule comme aux 1ères Vêpres.
Hymnus | Hymne |
O sola magnárum úrbium
Maior Bethlem, cui cóntigit Ducem salútis cǽlitus Incorporátum gígnere. | O Bethléem, à toi seule tu surpasses
en grandeur les villes les plus célèbres, toi à qui revient l’honneur d’engendrer l’Auteur de notre salut, descendu du Ciel, et revêtu d’un corps mortel. |
Quem stella, quæ solis rotam
Vincit decóre ac lúmine, Venísse terris núntiat Cum carne terréstri Deum. | Une étoile dont la beauté et l’éclat
surpassent le soleil, annonce que c’est un Dieu, revêtu d’une chair terrestre, qui est venu sur la terre. |
Vidére postquam illum Magi,
Eóa promunt múnera : Stratíque votis ófferunt Thus, myrrham, et aurum régium. | Les Mages l’ayant vu, lui présentent
des dons apportés d’Orient : se prosternant, ils lui offrent avec leurs vœux, l’encens, la myrrhe, et l’or des rois. |
Regem Deúmque annúntiant
Thesáuris, et fragrans odor Thuris Sabæi, ac mýrrheus Pulvis sepúlcrum prǽdocet. | Le métal précieux et l’odeur suave de l’encens de Saba
attestent sa royauté et sa divinité ; et la poudre de myrrhe nous prédit son ensevelissement au tombeau. |
Iesu tibi sit glória,
Qui apparuísti Géntibus, Cum Patre, et almo Spíritu, In sempitérna sǽcula. Amen. | O Jésus, qui vous êtes révélé aux Gentils,
gloire à vous, ainsi qu’au Père et à l’Esprit divin dans les siècles éternels. Amen. |
V/. Adorez Dieu, alléluia.
R/. Tous ses Anges, alléluia.
Ant. au Bénédictus Aujourd’hui, * l’Église s’unit au céleste Époux, car ses péchés sont lavés par le Christ dans le Jourdain ; les Mages accourent aux noces royales, apportant des présents ; l’eau est changée en vin, et les convives du festin sont dans la joie, alléluia.
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Comme aux 1ères Vêpres, sauf :
Ant. au Magnificat Trois prodiges * ont marqué ce jour que nous honorons. Aujourd’hui l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui l’eau a été changée en vin au festin nuptial ; aujourd’hui le Christ a voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain, pour notre salut, alléluia.
La Fête de l’Épiphanie est la suite du mystère de Noël ; mais elle se présente, sur le Cycle chrétien, avec une grandeur qui lui est propre. Son nom qui signifie Manifestation, indique assez qu’elle est destinée à honorer l’apparition d’un Dieu au milieu des hommes !
Ce jour, en effet, fut consacré durant plusieurs siècles à fêter la Naissance du Sauveur ; et lorsque, vers l’an 376, les décrets du Saint-Siège obligèrent toutes les Églises à célébrer désormais, avec Rome, le mystère de la Nativité au 25 décembre, le 6 janvier ne fut pas entièrement déshérité de son antique gloire. Le nom d’Épiphanie lui resta avec la glorieuse mémoire du Baptême de Jésus-Christ, dont une tradition fixe l’anniversaire à ce jour.
L’Église Grecque donne à cette Fête le vénérable et mystérieux nom de Théophanie, si célèbre dans l’antiquité pour signifier une Apparition divine. On trouve ce nom dans Eusèbe, dans saint Grégoire de Nazianze, dans saint Isidore de Péluse ; il est le propre titre de la Fête dans les livres liturgiques de l’Église Grecque.
Les Orientaux appellent encore cette solennité les saintes Lumières, à cause du Baptême que l’on conférait autrefois en ce jour, en mémoire du Baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain. On sait que le Baptême est appelé dans les Pères illumination, et ceux qui l’ont reçu illuminés.
Enfin, nous nommons familièrement, en France, cette fête la Fête des Rois, en souvenance des Mages, dont la venue à Bethléhem est particulièrement solennisée aujourd’hui.
L’Épiphanie partage avec les Fêtes de Noël, de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte, l’honneur d’être qualifiée de jour très saint, au Canon de la Messe ; et on la range parmi les fêtes cardinales, c’est-à-dire parmi les solennités sur lesquelles repose l’économie de l’Année liturgique. Une série de six Dimanches emprunte d’elle son nom, comme d’autres successions dominicales se présentent sous le titre de Dimanches après Pâques, Dimanches après la Pentecôte.
Par suite de la Convention faite en 1801 entre Pie VII et le Gouvernement français, le légat Caprara procéda à une réduction des fêtes, et la piété des fidèles en vit, à regret, supprimer un grand nombre. Il y eut des solennités qui ne furent pas supprimées, mais dont la célébration fut remise au Dimanche suivant. L’Épiphanie est de celles qui subirent ce sort ; et toutes les fois que le 6 janvier n’est pas un Dimanche, nos Églises voient retarder jusqu’au Dimanche suivant les pompes qui accompagnent un si grand jour dans tout l’univers catholique. Espérons que des jours meilleurs luiront enfin sur notre Église, et qu’un avenir plus heureux nous rendra les joies dont la sage condescendance du Saint-Siège nous a sevrés pour un temps.
Ce jour de l’Épiphanie du Seigneur est donc véritablement un grand jour ; et l’allégresse dans laquelle nous a plongés la Nativité du divin Enfant doit s’épanouir, tout de nouveau, dans cette solennité. En effet, ce second rayonnement de la Fête de Noël nous montre la gloire du Verbe incarné dans une splendeur nouvelle ; et sans nous faire perdre de vue les charmes ineffables du divin Enfant, il manifeste dans tout l’éclat de sa divinité le Sauveur qui nous a apparu dans son amour. Ce ne sont plus seulement les bergers qui sont appelés par les Anges à reconnaître le VERBE FAIT CHAIR, c’est le genre humain, c’est la nature entière que la voix de Dieu même convie à l’adorer et à l’écouter.
Or, dans les mystères de sa divine Épiphanie, trois rayons du Soleil de justice descendent jusqu’à nous. Ce sixième jour de janvier, sur le cycle de Rome païenne, fut assigné à la célébration du triple triomphe d’Auguste, auteur et pacificateur de l’Empire ; mais lorsque notre Roi pacifique, dont l’empire est sans limites et pour jamais, eut décidé, par le sang de ses martyrs, la victoire de son Église, cette Église jugea, dans la sagesse du ciel qui l’assiste, qu’un triple triomphe de l’Empereur immortel devait remplacer, sur le Cycle régénéré, les trois triomphes du fils adoptif de César.
Le six janvier restitua donc au vingt-cinq décembre la mémoire de la Naissance du Fils de Dieu ; mais, en retour, trois manifestations de la gloire du Christ vinrent s’y réunir dans une même Épiphanie : le mystère des Mages, venus d’Orient sous la conduite de l’Etoile, pour honorer la Royauté divine de l’Enfant de Bethléhem ; le mystère du Baptême du Christ, proclamé Fils de Dieu, dans les eaux du Jourdain, par la voix même du Père céleste ; enfin le mystère de la puissance divine de ce même Christ, transformant l’eau en vin, au festin symbolique des Noces de Cana. Le jour consacré à la mémoire de ces trois prodiges est-il en même temps l’anniversaire de leur accomplissement ? Cette question est débattue entre les savants. Dans ce livre, où notre but n’est autre que de favoriser la piété des fidèles, nous n’entrerons point dans ces discussions purement critiques ; nous nous contenterons de dire que l’adoration des Mages a eu lieu en ce jour même, d’après le sentiment si grave de Baronius, de Suarez, de Théophile Raynaud, d’Honoré de Sainte-Marie, du cardinal Gotti, de Sandini, et d’une infinité d’autres, à l’opinion desquels se joint expressément le suffrage éclairé de Benoît XIV. Le Baptême du Christ, au six janvier, est un fait reconnu par les critiques les plus exigeants, par Tillemont lui-même, et qui n’a été contesté que par une imperceptible minorité d’écrivains. Quant au miracle des Noces de Cana, la certitude du jour précis de son accomplissement est moins grande, bien qu’il soit impossible de démontrer que ce prodige n’ait pas eu lieu le six janvier. Mais il suffit aux enfants de l’Église que leur Mère ait fixé la mémoire de ces trois manifestations dans la Fête d’aujourd’hui, pour que leurs cœurs applaudissent aux triomphes du divin Fils de Marie.
Si nous considérons maintenant en détail le multiple objet de la solennité, nous remarquons d’abord que l’adoration des Mages est celui des trois mystères que la sainte Église Romaine honore aujourd’hui avec le plus de complaisance. La majeure partie des chants de l’Office et de la Messe est employée à le célébrer ; et les deux grands Docteurs du Siège Apostolique, saint Léon et saint Grégoire, ont paru vouloir y insister presque uniquement, dans leurs Homélies sur cette fête, quoiqu’ils confessent avec saint Augustin, saint Paulin de Nole, saint Maxime de Turin, saint Pierre Chrysologue, saint Hilaire d’Arles, et saint Isidore de Séville, la triplicité du mystère de l’Épiphanie. La raison de la préférence de l’Église Romaine pour le mystère de la Vocation des Gentils, vient de ce que ce grand mystère est souverainement glorieux à Rome, qui, de chef de la gentilité qu’elle était jusqu’alors, est devenue le chef de l’Église chrétienne et de l’humanité, par la vocation céleste qui appelle en ce jour tous les peuples à l’admirable lumière de la foi, en la personne des Mages.
L’Église Grecque ne fait point aujourd’hui une mention spéciale de l’adoration des Mages ; elle a réuni ce mystère à celui de la Naissance du Sauveur dans ses Offices pour le jour de Noël. Toutes ses louanges, dans la présente solennité, ont pour objet unique le Baptême de Jésus-Christ.
Ce second mystère de l’Épiphanie est célébré en commun avec les deux autres par l’Église latine, au six janvier. Il en est fait plusieurs fois mention dans l’Office d’aujourd’hui ; mais la venue des Mages au berceau du Roi nouveau-né attirant surtout l’attention de Rome chrétienne en cette journée, il a été nécessaire, pour que le mystère de la sanctification des eaux fût dignement honoré, d’en attacher la mémoire à un autre jour. L’Octave de l’Épiphanie a été choisie par l’Église d’Occident pour honorer spécialement le Baptême du Sauveur.
Le troisième mystère de l’Épiphanie étant aussi un peu offusqué par l’éclat du premier, quoiqu’il soit plusieurs fois rappelé dans les chants de la Fête, sa célébration spéciale a été pareillement remise à un autre jour, savoir au deuxième Dimanche après l’Épiphanie.
Plusieurs Églises ont réuni au mystère du changement de l’eau en vin celui de la multiplication des pains, qui renferme en effet plusieurs analogies avec le premier, et dans lequel le Sauveur manifesta pareillement sa puissance divine ; mais l’Église Romaine, en tolérant cet usage dans les rites Ambrosien et Mozarabe, ne l’a jamais reçu, pour ne pas déroger au nombre de trois qui doit marquer sur le Cycle les triomphes du Christ, au six janvier ; et aussi parce que saint Jean nous apprend, dans son Évangile, que le miracle de la multiplication des pains eut lieu aux approches de la Fête de Pâques : ce qui ne pourrait convenir en aucune façon à l’époque de l’année où l’on célèbre l’Épiphanie.
Pour la disposition des matières, dans cette solennité, nous garderons l’ordre suivant. Aujourd’hui, nous honorerons avec l’Église les trois mystères à la fois ; dans le cours de l’Octave, nous contemplerons le mystère de la venue des Mages ; nous vénérerons le Baptême du Sauveur, au jour même de l’Octave ; et nous traiterons le mystère des Noces de Cana, au deuxième Dimanche après la fête, jour auquel l’Église a réuni, dans ces derniers temps, avec une parfaite harmonie, la solennité du très saint Nom de Jésus. Livrons-nous donc tout entiers à l’allégresse d’un si beau jour ; et dans cette fête delà Théophanie, des saintes Lumières, des Rois Mages, considérons avec amour l’éblouissante lumière de notre divin Soleil qui monte à pas de géant, comme dit le Psalmiste [9], et qui verse sur nous les flots d’une lumière aussi douce qu’éclatante. Déjà les bergers accourus à la voix de l’Ange ont vu renforcer leur troupe fidèle ; le prince des Martyrs, le Disciple Bien-Aimé, la blanche cohorte des Innocents, le glorieux Thomas, Silvestre, le Patriarche de la paix, ne sont plus seuls à veiller sur le berceau de l’Emmanuel ; leurs rangs s’ouvrent pour laisser passer les Rois de l’Orient, porteurs des vœux et des adorations de l’humanité entière. L’humble étable est devenue trop étroite pour un tel concours ; et Bethléhem apparaît vaste comme l’univers. Marie, le Trône de la divine Sagesse, accueille tous les membres de cette cour avec son gracieux sourire de Mère et de Reine ; elle présente son Fils aux adorations de la terre et aux complaisances du ciel. Dieu se manifeste aux hommes, parce qu’il est grand ; mais il se manifeste par Marie, parce qu’il est miséricordieux.
Nous trouvons dans les premiers siècles de l’Église deux événements remarquables qui ont signalé la grande journée qui nous rassemble aux pieds du Roi pacifique. Le six janvier 361, le César Julien, déjà apostat dans son cœur, à la veille de monter sur le trône impérial que bientôt la mort de Constance allait laisser vacant, se trouvait à Vienne dans les Gaules. 11 avait besoin encore de l’appui de cette Église chrétienne dans laquelle on disait même qu’il avait reçu le degré de Lecteur, et que cependant il se préparait à attaquer avec toute la souplesse et toute la férocité du tigre Nouvel Hérode, artificieux comme l’ancien, il voulut aussi, dans ce jour de l’Épiphanie, aller adorer le Roi nouveau-né. Au rapport de son panégyriste Ammien Marcellin, on vit le philosophe couronné sortir de l’impie sanctuaire où il consultait en secret les aruspices, puis s’avancer sous les portiques de l’église, et au milieu de l’assemblée des fidèles, offrir au Dieu des chrétiens un hommage aussi solennel que sacrilège.
Onze ans plus tard, en 372, un autre Empereur pénétrait aussi dans l’église, en cette même solennité de l’Épiphanie. C’était Valens, chrétien par le Baptême comme Julien, mais persécuteur, au nom de l’Arianisme, de cette même Église que Julien poursuivait au nom de ses dieux impuissants et de sa stérile philosophie. La liberté évangélique d’un saint Évêque abattit Valens aux pieds du Christ Roi, en ce même jour où la politique avait contraint Julien de s’incliner devant la divinité du Galiléen.
Saint Basile sortait à peine de son célèbre entretien avec le préfet Modestus, dans lequel il avait vaincu toute la force du siècle par la liberté de son âme épiscopale. Valens arrive à Césarée, et, l’impiété arienne dans le cœur, il se rend à la basilique où le Pontife célébrait avec son peuple la glorieuse Théophanie. « Mais, comme le dit éloquemment saint Grégoire de Nazianze, à peine l’Empereur a-t-il franchi le seuil de l’enceinte sacrée, que le chant des psaumes retentit à ses oreilles comme un tonnerre. Il contemple avec saisissement la multitude du peuple fidèle, semblable à une mer. L’ordre, la pompe du sanctuaire éclatent à ses yeux d’une majesté plus angélique qu’humaine. Mais ce qui l’émeut plus que tout le reste, c’est cet Archevêque debout en présence de son peuple, le corps, les yeux, l’esprit aussi fermes que si rien de nouveau ne se fût passé ; tout entier à Dieu et à l’autel. Valens considère aussi les ministres sacrés, immobiles dans le recueillement, remplis de la sainte frayeur des Mystères. Jamais l’Empereur n’avait assisté à un spectacle si auguste ; sa vue s’obscurcit, sa tête tourne, son âme est saisie d’étonnement et d’horreur. »
Le Roi des siècles, Fils de Dieu et Fils de Marie, avait vaincu. Valens sentit s’évanouir ses projets de violence contre le saint Évêque ; et si, dans ce moment, il n’adora pas le Verbe consubstantiel au Père, du moins il confondit ses hommages extérieurs avec ceux du troupeau de Basile. Au moment de l’offrande, il s’avança vers la barrière sacrée, et présenta ses dons au Christ en la personne de son Pontife. La crainte que Basile ne les voulût pas recevoir agitait si violemment le prince, que la main des ministres du sanctuaire dut le soutenir pour qu’il ne tombât pas, dans son trouble, au pied même de l’autel.
Ainsi, dans cette grande solennité, la Royauté du Sauveur nouveau-né a-t-elle été honorée par les puissants de ce monde qu’on a vus, selon la prophétie du Psaume, abattus, et léchant la terre à ses pieds [10].
Mais de nouvelles générations d’empereurs et de rois devaient venir qui fléchiraient les genoux, et présenteraient au Christ-Seigneur l’hommage d’un cœur dévoué et orthodoxe. Théodose, Charlemagne, Alfred le Grand, Etienne de Hongrie, Édouard le Confesseur, Henri II l’Empereur, Ferdinand de Castille, Louis IX de France, tinrent ce jour en grande dévotion ; et leur ambition fut de se présenter avec les Rois Mages aux pieds du divin Enfant, et de lui ouvrir comme eux leurs trésors. L’usage s’était même conservé à la cour de France jusqu’à l’an 1378 et au delà, comme en fait foi le continuateur de Guillaume de Nangis, que le Roi très chrétien, venant à l’offrande, présentât de l’or, de l’encens et delà myrrhe, comme un tribut à l’Emmanuel.
Mais cette représentation des trois mystiques présents des Mages n’était pas seulement usitée à la cour des rois : la piété des fidèles au moyen âge présentait aussi au Prêtre pour qu’il les bénît, en la Fête de l’Épiphanie, de l’or, de l’encens et de la myrrhe ; et l’on conservait en l’honneur des trois Rois ces signes touchants de leur dévotion envers le Fils de Marie, comme un gage de bénédiction pour les maisons et pour les familles. Cet usage s’est conservé encore en quelques diocèses d’Allemagne, et il n’a disparu du Rituel Romain que dans l’édition de Paul V, qui crut devoir supprimer plusieurs bénédictions, que la piété des fidèles ne réclamait plus que rarement.
Un autre usage a subsisté plus longtemps, inspiré aussi par la piété naïve des âges de foi. Pour honorer la royauté des Mages venus de l’Orient vers l’Enfant de Bethléhem, on élisait au sort, dans chaque famille, un Roi pour cette fête de l’Épiphanie. Dans un festin animé d’une joie pure, et qui rappelait celui des Noces de Galilée, on rompait un gâteau ; et l’une des parts servait à désigner le convive auquel était échue cette royauté d’un moment. Deux portions du gâteau étaient détachées pour être offertes à l’Enfant Jésus et à Marie, en la personne des pauvres, qui se réjouissaient aussi en ce jour du triomphe du Roi humble et pauvre. Les joies de la famille se confondaient encore une fois avec celles de la Religion ; les liens de la nature, de l’amitié, du voisinage, se resserraient autour de cette table des Rois ; et si la faiblesse humaine pouvait apparaître quelquefois dans l’abandon d’un festin, l’idée chrétienne n’était pas loin, et veillait au fond des cœurs.
Heureuses encore aujourd’hui les familles au sein desquelles la fête des Rois se célèbre avec une pensée chrétienne ! Longtemps, un faux zèle a déclamé contre ces usages naïfs dans lesquels la gravité des pensées de la foi s’unissait aux épanchements de la vie domestique ; on a attaqué ces traditions de famille sous le prétexte du danger de l’intempérance , comme si un festin dépourvu de toute idée religieuse était moins sujet aux excès. Par une découverte assez difficile, peut-être, à justifier, on est allé jusqu’à prétendre que le gâteau de l’Épiphanie, et la royauté innocente qui l’accompagne, n’étaient qu’une imitation des Saturnales païennes : comme si c’était la première fois que les anciennes fêtes païennes auraient eu à subir une transformation chrétienne. Le résultat de ces poursuites imprudentes devait être et a été, en effet, sur ce point comme sur tant d’autres, d’isoler de l’Église les mœurs de la famille, d’expulser de nos traditions une manifestation religieuse, d’aider à ce qu’on appelle la sécularisation de la société. Dans une grande partie de la France, le festin des Rois est resté ; et l’intempérance a seule désormais la charge d’y présider.
Mais retournons contempler le triomphe du royal Enfant dont la gloire resplendit en ce jour avec tant d’éclat. La sainte Église va nous initier elle-même aux mystères que nous avons à célébrer. Revêtons-nous de la foi et de l’obéissance des Mages ; adorons, avec le Précurseur, le divin Agneau au-dessus duquel s’ouvrent les cieux ; prenons place au mystique festin de Cana, auquel préside notre Roi trois fois manifesté, et trois fois glorieux. Mais, dans les deux derniers prodiges, ne perdons pas de vue l’Enfant de Bethléhem, ne cessons pas non plus de voir le grand Dieu du Jourdain, et le maître des éléments.
LES PREMIÈRES VÊPRES.
L’Église prélude à la solennité de l’Épiphanie par le chant des premières Vêpres.
La sainte Église, après avoir ainsi célébré par les psaumes des Vêpres, la puissance donnée au divin Enfant sur les rois, dont il brisera la tête, au jour de sa colère ; son alliance avec les nations qu’il donnera en héritage à son Église ; sa lumière qui s’est levée au milieu des ténèbres ; son Nom proclamé de l’aurore au couchant ; après avoir, en ce jour de la Vocation des Gentils, invité toutes les nations, tous les peuples, à louer la miséricorde et la Vérité éternelles, s’adresse à Jérusalem, figure de l’Église, et l’appelle dans le capitule, par la bouche d’Isaïe, à jouir de la Lumière qui se lève aujourd’hui sur la race humaine tout entière : Lève-toi, Jérusalem ! sois illuminée ; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
L’Hymne vient ensuite ; et c’est ce beau cantique de Sédulius dont nous avons chanté les premières strophes dans les Laudes de Noël. L’Église y célèbre les trois Épiphanies. Bethléhem, le Jourdain et Cana témoignent tour à tour de la gloire du grand Roi Jésus.
Les Mages, voyant l’étoile, se dirent l’un à l’autre : Voici le signe du grand Roi ; allons à sa recherche, et offrons-lui en présent l’or, l’encens et la myrrhe. Alléluia.
Les chants de l’Église en l’honneur de l’auguste Théophanie sont commencés. Demain, l’offrande du grand Sacrifice viendra réunir tous les vœux ; achevons cette journée dans le recueillement et l’allégresse.
L’Office des Matines (voir plus bas, n.d.w.) est d’une grande magnificence ; mais comme il n’est pas fréquenté par les fidèles, nous nous abstiendrons d’en reproduire ici les particularités. Dans l’Église de Milan, les Matines de l’Épiphanie sont célébrées la nuit comme celles de Noël, et se composent pareillement de trois Nocturnes, contre l’usage de la Liturgie Ambrosienne qui n’a ordinairement qu’un seul Nocturne à Matines. Le peuple y assiste avec un grand concours : et cette sainte Veille est presque aussi fréquentée que celle de la Naissance du Sauveur.
Le jour des Mages, le jour du Baptême, le jour du Festin nuptial est enfin arrivé ; les trois puissants rayons du Soleil de justice luisent sur nous. Les ténèbres matérielles sont aussi moins épaisses ; la nuit a déjà perdu de son empire, la lumière progresse de jour en jour. Dans son humble berceau, les membres sacrés du divin Enfant prennent accroissement et force. Aux Bergers, Marie le fit voir étendu dans la crèche ; aux Mages, elle va le présenter sur ses bras maternels. Les présents que nous avons à lui offrir doivent être préparés : suivons donc nous aussi l’étoile, et mettons-nous en marche pour Bethléhem, la Maison du Pain de vie.
A LA MESSE.
A Rome, la Station est à Saint-Pierre, au Vatican, près de la tombe du Prince des Apôtres, à qui toutes les nations ont été données en héritage dans le Christ.
L’Église ouvre les chants de la Messe solennelle en proclamant l’arrivée du grand Roi que la terre attendait, et sur la naissance duquel les Mages sont venus consulter les oracles prophétiques, en Jérusalem.
Après le Cantique des Anges, la sainte Église, toute réjouie des splendeurs de l’étoile qui conduit la Gentilité au berceau du divin Roi, implore, dans la Collecte, la grâce de contempler cette Lumière vivante pour laquelle la foi nous prépare, et dont la splendeur nous illuminera éternellement.
ÉPÎTRE.
O gloire infinie de ce grand jour, dans lequel commence le mouvement des nations vers l’Église, la vraie Jérusalem ! O miséricorde du Père céleste qui s’est souvenu de tous ces peuples ensevelis dans les ombres de la mort et du crime ! Voici que la gloire du Seigneur s’est levée sur la Cité sainte ; et les Rois se mettent en marche pour l’aller contempler. L’étroite Jérusalem ne peut plus contenir ces flots des nations ; une autre ville sainte est inaugurée ; et c’est vers elle que va se diriger cette inondation des peuples gentils de Madian et d’Epha. Dilate ton sein, dans ta joie maternelle, ô Rome ! Tes armes t’avaient assujetti des esclaves ; aujourd’hui ce sont des enfants qui arrivent en foule à tes portes ; lève les yeux, et vois : tout cela est à toi ; l’humanité tout entière vient prendre dans ton sein une nouvelle naissance. Ouvre tes bras maternels ; et accueille-nous, nous tous qui venons du Midi et de l’Aquilon, apportant l’encens et l’or à Celui qui est ton Roi et le nôtre.
ÉVANGILE.
Les Mages, prémices de la Gentilité, ont été introduits auprès du grand Roi qu’ils cherchaient, et nous les avons suivis. L’Enfant nous a souri comme à eux. Toutes les fatigues de ce long voyage qui mène à Dieu sont oubliées ; l’Emmanuel reste avec nous, et nous avec lui. Bethléhem, qui nous a reçus, nous garde à jamais ; car à Bethléhem nous possédons l’Enfant et Marie sa Mère. En quel lieu du monde trouverions-nous des biens aussi précieux ? Supplions celte Mère incomparable de nous présenter elle-même ce Fils qui est notre lumière, notre amour, notre Pain de vie, au moment où nous allons approcher de l’autel vers lequel nous conduit l’Etoile de la foi. Dès ce moment ouvrons nos trésors ; tenons à la main notre or, notre encens et notre myrrhe, pour le nouveau-né. Il agréera ces dons avec bonté ; il ne demeurera point en retard avec nous. Quand nous nous retirerons comme les Mages, comme eux aussi nous laisserons nos cœurs sous le domaine du divin Roi ; et ce sera aussi par un autre chemin, par une voie toute nouvelle, que nous rentrerons dans cette patrie mortelle qui doit nous retenir encore, jusqu’au jour où la vie et la lumière éternelle viendront absorber en nous tout ce qui est de l’ombre et du temps.
Dans les églises cathédrales et autres insignes, après le chant de l’Évangile, on annonce au peuple avec pompe le jour de la prochaine fête de Pâques. Cet usage, qui remonte aux premiers siècles de l’Église, rappelle le lien mystérieux qui unit les grandes solennités de l’Année liturgique, et aussi l’importance que les fidèles doivent mettre à la célébration de celle de Pâques qui est la plus grande de toutes, et le centre de la Religion tout entière. Après avoir honoré le Roi des nations dans l’Épiphanie, il nous restera donc à célébrer, au temps marqué, le triomphateur de la mort. Voici la forme en laquelle se fait cette annonce solennelle :
L’ANNONCE DE LA PÂQUE.
Sachez, bien-aimés Frères, que, par la miséricorde de Dieu, de même que nous avons goûté l’allégresse de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi nous vous annonçons aujourd’hui les joies prochaines de la Résurrection de ce même Dieu et Sauveur. Le........... sera le Dimanche de la Septuagésime.
Le......... sera le jour des Cendres, et l’ouverture du jeûne de la très sainte Quarantaine. Le.... nous célébrerons avec transport la sainte Pâque de notre Seigneur Jésus-Christ. Le second Dimanche après Pâques, on tiendra le Synode diocésain. Le.... on célébrera l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ. _ Le.... la fête de la Pentecôte. Le.... la fête du très saint Corps du Christ. Le...... sera le premier Dimanche de l’Avent de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Durant l’Offertoire, la sainte Église, en présentant à Dieu le pain et le vin, emprunte les paroles du Psalmiste, et célèbre les Rois de Tharsis, d’Arabie et de Saba, tous les rois de la terre et tous les peuples, accourus pour offrir leurs présents au nouveau-né.
La Préface de la Messe de l’Épiphanie est particulière à la Fête et à son Octave. L’Église y célèbre la lumière immortelle apparaissant à travers les voiles de l’humanité sous laquelle le Verbe divin est venu, par amour, cacher sa gloire.
Pendant la Communion, la sainte Église, unie à Celui qui est son Roi et son Époux, chante l’Etoile messagère d’un tel bonheur, et se félicite d’avoir marché à sa lumière ; car elle a trouvé Celui qu’elle cherchait.
De si hautes faveurs exigent de nous une rare fidélité ; l’Église la demande dans la Postcommunion, et implore le don d’intelligence et la pureté que réclame un si ineffable mystère.
LES SECONDES VÊPRES DE L’ÉPIPHANIE.
Les secondes Vêpres de notre grande fête sont presque semblables aux premières. Les mêmes Antiennes expriment la Théophanie, la divine Apparition ici-bas de ce Verbe éternel engendré avant l’aurore, et descendu pour être notre Sauveur ; la gloire du Seigneur qui se lève sur Jérusalem, et les nations marchant à sa lumière ; les Mages ouvrant leurs trésors, et déposant leurs mystiques présents aux pieds du royal Enfant ; les mers, les fleuves et les fontaines sanctifiés dans le baptême de l’Homme-Dieu ; la splendeur merveilleuse de l’Etoile qui nous indique le Roi des rois.
Le cinquième Psaume n’est plus celui que nous avons chanté hier, et qui conviait toutes les nations à louer le Seigneur. L’Église lui substitue aujourd’hui le CXIIIe, In exitu Israel de Aegypto, dans lequel, après avoir célébré la délivrance d’Israël, David flétrit les idoles des nations, ouvrage de la main des hommes, et qui doivent tomber en présence de l’Emmanuel. Tous les peuples sont associés à l’adoption de Jacob. Dieu va bénir, non plus seulement la maison d’Israël et la maison d’Aaron, mais encore tous ceux qui craignent le Seigneur, de quelque race, de quelque nation qu’ils soient.
Dans l’Antienne du Cantique de Marie, la sainte Église résume encore une fois le triple mystère de la solennité : « Nous honorons un jour marqué par trois prodiges : aujourd’hui, l’étoile a conduit les Mages à la crèche ; aujourd’hui, l’eau a été changée en vin au festin nuptial ; aujourd’hui, le Christ a voulu être baptisé par Jean dans le Jourdain, pour notre salut. Alléluia. » Durant tout le cours de l’Octave, nous placerons à chaque jour quelques pièces empruntées aux anciennes Liturgies et employées par les diverses Églises à célébrer, les unes le triple mystère de l’Épiphanie, d’autres la venue des Mages, ou le Baptême du Christ ; quelques-unes enfin la Naissance du Dieu Enfant, ou la divine Maternité de la Vierge.
Nous commencerons aujourd’hui par cette Hymne de saint Ambroise, que chante l’Église de Milan :
La Préface suivante est empruntée au Sacramentaire de saint Gélase :
PRÉFACE.
Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire de vous louer, Seigneur, qui êtes admirable dans toutes vos œuvres, au moyen desquelles vous avez révélé les mystères de votre royaume. Une étoile messagère de l’enfantement virginal a annoncé la solennité présente, faisant connaître aux Mages étonnés que le Seigneur du ciel était né sur la terre. Ainsi le Dieu qui devait être manifesté au monde, est déclaré par un indice céleste, et Celui qui devait connaître une naissance temporelle, est manifesté au moyen des signes qui règlent le temps.
Le livre des Séquences de l’Abbaye de Saint-Gall nous a fourni celle que nous donnons ci-après, composée au IX° siècle par le célèbre Notker.
Les Menées de l’Église Grecque, au jour de la Nativité du Sauveur, nous donnent les belles strophes suivantes :
IN NATALI DOMINI.
Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! C’est le cri des Anges en Bethléhem ; sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté. Le sein de la Vierge est plus vaste que le ciel ; une lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans les ténèbres. Cette lumière a exalté les humbles et ceux qui chantent avec les Anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Réjouis-toi, Israël ; chantez la louange, vous tous qui aimez Sion. Le lien de la damnation d’Adam a été brisé ; le Paradis nous a été ouvert, et le Serpent a perdu sa force. Celle qu’il avait trompée au commencement, il la voit maintenant Mère du Créateur. O abîme des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Celle qui avait introduit en toute chair la mort, ouvrage du péché, est devenue, par une Mère de Dieu, le principe du salut. Car le petit enfant qui naît d’elle est le Dieu très parfait : dans sa naissance même, il maintient le sceau de la virginité ; par ses langes il délie les liens du péché, et, par son enfance, il apporte le remède aux douleurs d’Eve qui n’enfantait qu’avec tristesse. Que toute créature mène le chœur, et se réjouisse ; car le Christ est venu la rappeler à la vie et sauver nos âmes.
Ta naissance, ô notre Dieu, a apporté au monde la lumière de la science ; par elle, ceux qui adoraient les astres apprennent d’un astre à t’adorer, Soleil de justice ; à te reconnaître, céleste Orient : gloire à toi, Seigneur !
Justes, réjouissez-vous ; cieux, tressaillez ; montagnes, bondissez : le Christ est né. La Vierge est assise ; semblable aux Chérubins, elle porte sur ses genoux, comme sur un trône, le Dieu Verbe fait chair. Les bergers glorifient le nouveau-né ; les Mages offrent des présents au Seigneur ; les Anges chantent ce cantique : Seigneur incompréhensible, gloire à toi !
Pour honorer la pure et glorieuse Mère de notre divin Roi, empruntons cette Séquence au pieux moine Herman Contract :
Nous venons à notre tour vous adorer, ô Christ, dans cette royale Épiphanie qui rassemble aujourd’hui à vos pieds toutes les nations. Nous nous pressons sur les pas des Mages ; car, nous aussi, nous avons vu l’étoile, et nous sommes accourus. Gloire à vous, notre Roi ! à vous qui dites dans le Cantique de votre aïeul David : « C’est moi qui ai été établi Roi sur Sion, sur la montagne sainte, pour annoncer la loi du Seigneur. Le Seigneur m’a dit qu’il me donnerait les nations pour héritage, et l’empire jusqu’aux confins de la terre. Maintenant donc, ô rois, comprenez ; instruisez-vous, arbitres du monde ! » [11].
Bientôt vous direz, ô Emmanuel, de votre propre bouche : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre » [12] ; et, quelques années plus tard, l’univers entier sera sous vos lois. Déjà Jérusalem s’émeut ; Hérode tremble sur son trône ; mais l’heure approche où les hérauts de votre avènement iront annoncer à la terre entière que Celui qui était l’attente des nations est arrivé. La parole qui doit vous soumettre le monde partira ; elle s’étendra au loin comme un vaste incendie. En vain les puissants de la terre tenteront de l’arrêter dans son cours. Un Empereur, pour en finir, proposera au Sénat de vous inscrire solennellement au rang de ces dieux que vous venez renverser ; d’autres croiront qu’il est possible de refouler votre domination par le carnage de vos soldats. Vains efforts ! le jour viendra où le signe de votre puissance ornera les enseignes prétoriennes, où les Empereurs vaincus déposeront leur diadème à vos pieds, où cette Rome si fière cessera d’être la capitale de l’empire de la force, pour devenir à jamais le centre de votre empire pacifique et universel.
Ce jour merveilleux, nous en voyons poindre l’aurore ; vos conquêtes commencent aujourd’hui, ô Roi des siècles ! Du fond de l’Orient infidèle, vous appelez les prémices de cette gentilité que vous aviez délaissée, et qui va désormais former votre héritage. Plus de distinction de Juif ni de Grec, de Scythe ni de barbare. Vous avez aimé l’homme plus que l’Ange, puisque vous relevez l’un, et laissez l’autre dans sa chute. Mais si, durant de longs siècles, votre prédilection fut accordée à la race d’Abraham, désormais votre préférence est pour nous Gentils. Israël ne fut qu’un peuple, et nous sommes nombreux comme les sables de la mer, comme les étoiles du firmament. Israël fut placé sous la loi de crainte ; vous avez réservé pour nous la loi d’amour.
Dès aujourd’hui vous commencez, ô divin Roi, à éloigner de vous la Synagogue qui dédaigne votre amour ; aujourd’hui vous acceptez pour Épouse la Gentilité, dans la personne des Mages. Bientôt votre union avec elle sera proclamée sur la croix, du haut de laquelle, tournant le dos à l’ingrate Jérusalem, vous étendrez les bras vers la multitude des peuples. O joie ineffable de votre Naissance ! mais joie plus ineffable encore de votre Épiphanie, dans laquelle il nous est donné à nous, déshérités jusqu’ici, d’approcher de vous, de vous offrir nos dons, et de les voir agréés par votre miséricorde, ô Emmanuel !
Grâces vous soient donc rendues, Enfant tout-puissant, « pour l’inénarrable don de la foi » [13] qui nous transfère de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière ! Mais donnez-nous de comprendre toujours toute l’étendue d’un si magnifique présent, et la sainteté de ce grand jour où vous formez alliance avec la race humaine tout entière, pour arriver avec elle à ce mariage sublime dont parle votre éloquent Vicaire, Innocent III : « mariage, dit-il, qui fut promis au patriarche Abraham, juré au roi David, accompli en Marie devenue Mère, et aujourd’hui consommé, confirmé et déclaré : consommé dans l’adoration des Mages, confirmé dans le baptême du Jourdain, déclaré dans le miracle de l’eau changée en vin. » Dans cette fête nuptiale où l’Église votre Épouse, née à peine, reçoit déjà les honneurs de Reine, nous chanterons, ô Christ, dans tout l’enthousiasme de nos cœurs, cette sublime Antienne des Laudes, où les trois mystères se fondent si merveilleusement en un seul, celui de votre Alliance avec nous : « Aujourd’hui l’Église s’unit au céleste Époux : ses péchés sont lavés par le Christ dans le Jourdain ; les Mages accourent aux Noces royales, apportant des présents ; l’eau est changée en vin, et les convives du festin sont dans la joie. Alléluia. »
Épiphanie veut dire apparition, et, à l’origine, cette fête avait, chez les Orientaux, la même signification que celle de Noël à Rome. C’était la fête du Verbe éternel se révélant, revêtu de chair, à l’humanité. On vénérait en particulier trois circonstances différentes de cette révélation historique, l’adoration des Mages à Bethléhem, la conversion de l’eau en vin aux noces de Cana et le baptême de Jésus dans le Jourdain.
Chez les Orientaux, la scène du Jourdain, où l’Esprit Saint, sous la forme d’une colombe, couvrit de son ombre le Sauveur que le Père éternel, du haut du ciel, proclama son Fils bien-aimé, est la plus saillante. Dès l’époque de saint Jean, la gnose hérétique attribuait à cette scène une importance capitale pour sa christologie, soutenant qu’alors seulement la divinité s’était unie à l’humanité de Jésus, pour s’en séparer ensuite au moment de son crucifiement. Ce baptême était donc la vraie naissance divine de Jésus, et pour cela les gnostiques le célébraient avec toute la pompe possible. Contre cette doctrine, saint Jean écrivit dans sa première épître : hic (Jésus Christ) venit per aquam et sanguinem, non in aqua solum, sed in aqua et sanguine [14], c’est-à-dire Jésus vint au monde en qualité de Sauveur et de Fils de Dieu, non seulement dans les eaux du Jourdain, mais dès son incarnation, où il prit corps et sang humains. Il est probable que les catholiques, à l’exemple de l’Évangéliste, ont voulu dès la première heure opposer à l’épiphanie gnostique du baptême, celle de la naissance temporelle à Bethléhem, en sorte que cette fête eut un sens très complexe, en tant qu’elle voulut aussi retenir les dates évangéliques du baptême et des noces de Cana, les reléguant toutefois au second plan, comme autant de révélations solennelles et authentiques de la divinité de Jésus. A Rome, dans un milieu très positif et tout à fait étranger à l’exaltation mystique des Orientaux, la fête historique de la Nativité de Jésus acquit toutefois une telle popularité, qu’aujourd’hui encore elle est l’idée dominante de toute la liturgie de cette période. Il y eut, il est vrai, quelque incertitude quant à la date, et un dédoublement s’ensuivit. La solennité du 6 janvier fut avancée, sur les bords du Tibre, de deux semaines, en faveur exclusivement de Noël, mais l’antique théophanie demeura à sa place, quoique appauvrie dans sa conception, puisque la crèche de Bethléhem, comme par attraction, donna un plus grand éclat à l’adoration des Mages, aux dépens de la signification originaire du baptême dans le Jourdain.
Il est probable qu’au IIIe siècle, Rome suivait encore fidèlement la tradition orientale primitive, administrant pour cette raison le baptême solennel le jour de la Théophanie. En effet, Hippolyte fit un sermon aux néophytes ‘en la sainte Théophanie’ précisément comme dans le très ancien calendrier copte, où là fête de ce jour est appelée dies baptismi sanctificati. A l’époque où vivait saint Grégoire de Nazianze, les Grecs l’intitulaient la solennité des saintes lumières, — In Sancta Lumina, — en tant que le baptême est l’illumination surnaturelle de l’âme.
Le troisième souvenir annexé à la solennité d’aujourd’hui est le premier miracle accompli par le Sauveur aux noces de Cana. Il est compté parmi les théophanies christologiques, puisque les prodiges évangéliques fournissent la preuve extérieure de la divinité de Jésus. Saint Paulin de Nole [15] et saint Maxime de Turin [16] relèvent le triple aspect de la fête de l’Épiphanie, en termes tout à fait semblables à ceux qu’emploie l’Église romaine dans la splendide antienne de l’office de l’aurore. Hodie caelesti Sponso iuncta est ecclesia. — noces mystiques symbolisées par celles de Cana — quoniam in Iordane lavit Christus eius crimina — baptême des péchés — currunt cum muneribus magi ad regales nuptias — adoration du divin Nouveau-Né — et ex aqua facto vino laetantur convivae — miracle de Cana.
Ce qui surprend, c’est que ces éléments primitifs de la solennité orientale de la Théophanie se retrouvent, mélangés plus ou moins à Rome dans la fête même du 25 décembre ; cela est si vrai que, dans le discours qu’il prononça à Saint-Pierre le jour de Noël, lorsque Marcelline, sœur de saint Ambroise, reçut de ses mains le voile des vierges, le pape Libère lui dit entre autres choses : « O ma fille, tu as désiré une excellente union. Vois quelle foule de peuple est accourue au Natale de ton Époux, et personne ne s’en retourne sans être rassasié. C’est Lui, en effet, qui, invité à des noces, changea l’eau en vin, et, avec cinq pains et deux poissons, nourrit dans le désert quatre mille hommes. »
Le choix de la basilique de Saint-Pierre pour la station s’inspire du même concept qu’au jour de Noël. A Rome, les grandes solennités, sauf celles du baptême pascal, trop prolongées, se célèbrent chez le Pastor Ecclesiae, dont la basilique est le bercail du troupeau romain. Jusqu’au XIIIe siècle, les Ordines Romani prescrivaient que, après la messe, le pape ceignît la tiare et retournât à cheval au Latran. Plus tard cependant, les Pontifes préférèrent rester au Vatican jusqu’aux secondes vêpres, auxquelles ils assistaient avec le pluvial d’écarlate et la mitre dorée. L’usage qui voulait que le pape lui-même célébrât aujourd’hui la messe stationnale, nous est attesté jusqu’à la fin du XIVe siècle dans l’ordo de l’évêque Pierre Amelius de Sinigallia, qui fait une exception seulement pour le cas où une infirmité du Pontife, ou la rigueur du froid, l’en empêcheraient.
L’introït s’inspire librement de Malachie (III, 1) et fut chanté par les Byzantins quand ils vinrent à la rencontre du pape Jean Ier. Il est adopté aussi comme verset responsorial au second dimanche de l’Avent, mais on ne retrouve pas la source directe d’où il provient. « Voici qu’arrivé le Seigneur et Dominateur, qui porte en main le règne, la puissance et le commandement. »
Le psaume est celui de la fête, le 71e, où sont annoncés les rois qui offriront leurs dons au Christ. — II faut toutefois remarquer, et nous le verrons avec évidence au canon, que, dans la liturgie romaine, toute cette fête de l’Épiphanie conserve encore quelque chose de sa signification orientale primitive, en sorte que, faisant presque abstraction de Noël, le mystère principal qu’elle a en vue semble être la première manifestation du Verbe de Dieu revêtu de chair mortelle.
Dans la collecte, nous prions le Seigneur, qui, aujourd’hui, révéla par la splendeur d’une étoile son Fils unique aux gentils, de permettre que nous, qui le connaissons déjà par la foi, arrivions à contempler la lumière de l’essence divine.
La lecture est tirée d’Isaïe (LX, 1-6) et traite de la vocation des gentils à la foi et de leur droit de cité dans le royaume messianique. Les ténèbres du péché couvrent la terre, mais dans l’Église resplendit bien vive la lumière divine, vers laquelle tous les peuples dirigeront leurs regards. Les nations s’efforceront à l’envi d’entrer dans la grande famille catholique, et la louange du Seigneur retentira dans tout l’univers.
Le verset graduel est tiré du même passage d’Isaïe, et montre les nations qui accourent au berceau du Messie, apportant l’or et l’encens. La strophe alléluiatique, au contraire, provient de saint Matthieu (II), là où les Mages disent être venus adorer le Messie après l’apparition de l’étoile. C’est toujours la foi qui illumine notre route vers Dieu, en sorte qu’on ne peut Lui plaire sans elle.
La lecture évangélique est prise en saint Matthieu (II, 1-12), là où il narre l’arrivée des Mages à Jérusalem, le trouble d’Hérode et du Sanhédrin, et finalement l’offrande des dons à Jésus assis sur les genoux de Marie. Il est remarquable que l’Évangéliste ne parle pas de saint Joseph, comme s’il s’agissait d’un personnage entièrement étranger à la scène. Le saint patriarche dut certainement se trouver là, et même, en sa qualité de pater familias, exerça-t-il à cette occasion un rôle très important. Pourtant le silence de saint Matthieu et la précision constante avec laquelle il n’envisage que la maternité de la Sainte Vierge, nous montrent qu’ici, mieux qu’une relation uniquement historique, nous avons une profonde représentation dogmatique du Verbe de Dieu fait homme, reconnu et adoré par les grands du monde, sur les genoux de sa Mère. Saint Joseph n’a aucune part essentielle en ce mystère, Marie en a une. C’est pourquoi l’Évangéliste nous a tracé son merveilleux tableau théophanique, excluant tous ces personnages accessoires qui, n’étant pas requis par la scène, en auraient troublé ou affaibli le concept essentiel.
L’offertoire rappelle cette prédiction du psaume 71, où il est dit que les rois de Tharsis et des îles porteront des présents, les rois de Scheba et de Seba offriront des tributs au Monarque universel du monde.
Le rôle primitif de la collecte sur les oblations est différent dans la liturgie romaine et dans les liturgies gallicanes. Dans la première, elle sert d’introduction à l’anaphore eucharistique, tandis que dans les autres elle clôt la lecture des diptyques portant les noms des donateurs. Or, de même que, en quelques endroits, la récitation de ces noms a pris place après la consécration, ainsi certaines formules de « secrètes » romaines ont pénétré dans la liturgie gallicane post mysterium. Dans le rit romain, la collecte qui sert de préambule à l’anaphore eucharistique est en quelque sorte une anticipation de la commendatio oblationum, et, par suite, elle prend une signification pour ainsi dire parallèle à celle de l’oratio post nomina des liturgies franques.
Le texte de la collecte de la fête de ce jour se retrouve, plus ou moins modifié, en diverses liturgies. La leçon du Sacramentaire grégorien, et du missel romain actuel, est celle-ci : « Regardez favorablement, Seigneur, les offrandes de votre Église, puisqu’elle ne vous présente point l’or, l’encens et la myrrhe, mais qu’est immolé et pris en nourriture celui qui était jadis symbolisé par ces dons, c’est-à-dire Jésus-Christ notre Sauveur. »
L’incise spéciale qui, selon la lettre du pape Vigile à Profuturus de Braga, est insérée dans le texte de l’hymne eucharistique (= préface), est celle-ci : « parce que, votre Fils unique étant apparu dans la substance de l’humanité, il nous remit dans la voie du salut par la splendeur de son immortalité ».
Dans le protocole de la prière appelée par les Grecs la grande intercession et qui, dans le rit romain, encadre les diptyques épiscopaux de la Chaire apostolique, on fait une seconde fois mention expresse de la solennité de la Théophanie, de telle sorte qu’il apparaît clairement qu’à l’origine cette fête n’en faisait qu’une avec celle de Noël. Il y est dit en effet : « vénérant le jour très sacré où votre Fils unique, qui vous est coéternel dans la gloire, apparut parmi nous avec un corps visible, égal au nôtre ».
L’antienne durant la Communion répète le verset alléluiatique.
La collecte eucharistique demande la réalisation pour nous du mystère de ce jour, fêté par l’Église avec des rites si profonds et si solennels ; en d’autres termes, la théophanie de Jésus apparaissant à l’âme.
La vie intérieure du chrétien est une reproduction de la vie de Jésus ; aussi le but de l’Église en nous proposant le cycle annuel des fêtes, n’est-il pas simplement commémorer les grandes époques historiques de la Rédemption humaine, mais encore d’en renouveler l’effet spirituel dans nos âmes. C’est pourquoi, dans l’office nocturne d’aujourd’hui, nous ne chantons pas seulement que le Christ est apparu aux Mages il y a vingt siècles, mais aussi qu’il s’est révélé à nous-mêmes.
En un mot, ce n’est pas la simple Épiphanie historique que nous voulons célébrer, mais nous y associons aussi cette autre épiphanie subjective qui se vérifie en tout croyant, à qui Jésus apparaît au moyen de la sainte Foi.
« Voici qu’est arrivé (advenit) le Souverain, le Seigneur, dans sa main se trouve la dignité royale, la puissance et l’empire du monde » (Introït). L’Église nous indique par là que notre fête est l’accomplissement suprême de l’Avent. L’Épiphanie est le point culminant du cycle de Noël.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes très chers, je vous le dis encore, réjouissez-vous, car peu de temps après la solennité de la naissance du Christ, brille à nos yeux la fête de sa Manifestation. Celui qui, à Noël. est né de la Vierge, le monde l’a reconnu aujourd’hui » (Mat. Homélie de saint Léon I).
1. Pensées de la fête. — La liturgie atteint le second sommet du cycle de Noël, dans la fête de l’Épiphanie. Noël est la fête intime, la fête de famille des chrétiens, l’Épiphanie est la fête mondiale de l’Église catholique. La pensée de la fête, comme nous l’avons déjà dit, est moins un événement de l’enfance de Jésus que la manifestation du Fils de Dieu au monde. Cette pensée est illustrée par trois images tirées de la vie de Notre Seigneur : l’adoration des Mages, le Baptême de Jésus et son premier miracle aux noces de Cana. Alors que les chrétiens orientaux mettent au premier plan la seconde image et appellent cette fête, la fête du Jourdain, l’Église Occidentale préfère la première image, l’adoration des Mages et appelle volontiers cette fête, la fête des Rois.
Pour avoir une intelligence plus profonde de la fête, considérons deux manières de voir des Orientaux. Quand, en Orient, un souverain visitait une ville, il était reçu solennellement au milieu des illuminations, lui-même faisait son entrée dans toute sa splendeur royale, il offrait aux habitants de la ville un repas somptueux et concédait des privilèges. On appelait cette visite solennelle théophanie, épiphanie « apparition d’un dieu », comme si Dieu lui-même était venu sur la terre. Cette apparition de Dieu se réalise véritablement dans la personne du Christ. Le divin Roi est « apparu » dans sa ville, l’Église. Il déploie toute sa magnificence, les habitants de la ville le reçoivent avec de grandes manifestations de joie et il leur prépare le festin de l’Eucharistie.
La seconde manière de voir se rattache à l’usage des noces en Orient. Ces noces revêtaient une solennité extraordinaire et duraient plusieurs jours, si bien que les Orientaux se représentaient la vie heureuse sous l’aspect des noces. L’image des noces est une vraie image biblique, c’est aussi une image liturgique : le Christ vient comme un Époux dans le monde, par la Rédemption. Il célèbre ses noces avec l’Église, l’Eucharistie est son banquet nuptial. Ces deux images s’unissent dans la fête de l’Épiphanie. Le Christ, le divin Roi, fait son entrée dans sa ville et célèbre ses noces avec son Épouse l’Église ; quant à nous, les enfants de Dieu, nous sommes invités à prendre part au festin nuptial.
Cette image se dessine avec une grande beauté dans l’antienne de Benedictus, à Laudes, et les trois images signalées plus haut se fondent harmonieusement en une trame merveilleuse. Elle est rythmée et provient d’une hymne, c’est vraisemblablement une libre adaptation d’un modèle grec versifié.
Hodie caelesti Sponso
Juncta est Ecclesia
Quoniam in Jordane lavit
Christus ejus crimina ;
Currunt cum muneribus
Magi ad regales nuptias
Et ex aqua facto vino
Laetentur convivae
Alléluia.
Aujourd’hui à son céleste Époux
A été unie l’Église
Parce que dans le Jourdain ont été lavés
Par le Christ ses péchés ;
On voit courir avec des présents
Les Mages aux noces royales
Et du vin provenant de l’eau
Les convives se réjouissent.
Alléluia.
Dans cet admirable tableau de noces est dessinée toute la vie sacramentelle de l’Église : le Baptême, l’Offrande, la Communion. Par le Baptême, le Christ s’est fait de chaque âme chrétienne une épouse immaculée et il célèbre ses noces avec l’Église dans le banquet eucharistique. Les dons spirituels, que nous apportons à l’Offertoire dans le symbole de l’Offrande, sont de véritables dons royaux, des présents de noces. A la Communion, nous recevons de nouveau ces dons et nous constatons avec admiration que l’eau a été changée en vin. Ainsi les deux grandes fêtes du cycle d’hiver nous représentent la Rédemption en deux tableaux progressifs : la Naissance et les Noces : Noël, la naissance du Christ et notre renaissance en Lui ; Épiphanie, le mariage du Christ avec l’Église et l’âme. L’idée de lumière est aussi nettement accentuée dans les deux fêtes (de là l’insistance de l’Église sur l’étoile des Mages, de. là aussi la belle leçon à la messe de la fête : Illumine-toi, Jérusalem).
Bien que, le jour de la fête, les trois mystères se présentent tour à tour à nous (au bréviaire), l’Église, en les traitant successivement, s’en tient à la suite historique. Le jour même de la fête, elle célèbre l’adoration des Mages ; au jour Octave, le Baptême dans le Jourdain ; le deuxième dimanche après l’Épiphanie. les noces de Cana, Entre temps, le dimanche dans l’Octave, elle introduit l’incident de Jésus à douze ans, ce qui constitue une transition entre l’Enfance et la vie publique de Jésus.
2. L’Office des Heures. — Dans une si grande fête, les laïcs eux-mêmes devraient prendre part à la prière des Heures de l’Église, Le jour de l’Épiphanie, spécialement, la prière des Heures est une adoration du Fils de Dieu sous la conduite des Mages, On s’en rend compte immédiatement, en constatant que, dans les antiennes, revient avec prédilection le mot adorare, adorer. Les Matines de la fête n’ont pas d’invitatoire. A sa place on emploie le psaume d’adoration lui-même, le ps. 94, au cours des Matines (avec répétition fréquente du verset principal). Les âmes pieuses feront bien, au cours de cette semaine, de méditer le ps. 71 qui est le cantique directeur de la fête, L’Église distingue encore ses très grandes fêtes en chantant, dans les répons brefs des petites heures, l’Alléluia comme à Pâques. C’est le cas aujourd’hui.
3. Annonce des fêtes mobiles de l’année. — Aujourd’hui, dans les Églises cathédrales et abbatiales et aussi dans les communautés où on cultive la liturgie, les fêtes mobiles de l’année sont annoncées solennellement après l’Évangile de la grand messe :
Sachez, mes très chers frères, que, de même que nous nous sommes réjouis de la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous vous annonçons, aussi par la miséricorde de Dieu, la joie de la Résurrection de Notre-Seigneur : Le 17 février sera le dimanche de la Septuagésime. Le 6 mars le jour des Cendres et le commencement du jeûne de la sainte quarantaine. Le 21 avril nous célébrerons la sainte Pâque de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la joie. Le 30 mai est l’Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le 9 juin est la fête de la Pentecôte. Le 20 juin est la fête du Très saint Corps du Christ. Le 1er décembre est le premier dimanche de l’Avent de Notre-Seigneur Jésus-Christ à qui soit honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen .
Remarquons le sens profond de cette annonce. Au point culminant du cycle de Noël, l’Église nous fait déjà à entrevoir le point culminant du cycle de Pâques.
4. La messe (Ecce advenit). — La prière des Heures était une adoration, la messe est une Offrande, sous la conduite des Mages. Cette fête étant la fête de l’Église des Gentils, de l’Église catholique, nous célébrons le Saint-Sacrifice dans la basilique de Saint-Pierre, où tous les peuples sont rassemblés en esprit. A l’entrée du Pape et du clergé, nous saluons le divin Roi qui paraît dans sa ville, car aujourd’hui est le point culminant et l’accomplissement de l’Avent. « Voici que s’avance (advenit) le Souverain. » Et nous chantons immédiatement le psaume 71, le psaume des Rois qui retentit à travers toute la messe. La belle Oraison nous explique le mystère des Rois : nous sommes comme les Mages, conduits par l’étoile de la foi, à travers le désert de la vie ; à travers les persécutions d’Hérode (du démon), nous marchons vers le Christ, non pas vers l’Enfant, mais vers le Roi qui revient dans tout l’éclat de sa Majesté. Ce retour se réalise déjà à la messe, extérieurement semblable à ce que virent les Mages, l’Hostie rappelant le petit Enfant.
L’Oraison a déjà fait ressortir le thème de la lumière. Dans la leçon il apparaît dans toute sa splendeur. Le Prophète montre à nos regards une vision de la royauté du Messie sur le monde. La ville de Dieu est illuminée, car le Roi y fait sa visite royale, sa « Parousie ». La ville étincelle alors de la lumière de Dieu pendant que l’obscurité recouvre toute la terre. Alors les peuples païens accourent vers la lumière divine pour marcher ensuite dans son rayonnement. Ils viennent avec des présents dans les mains, des présents royaux, de l’or et de l’encens. — Avec intention, le Graduel répète comme un écho de la leçon, les deux pensées dominantes : la lumière et les présents ; l’Alléluia emprunte à l’Évangile son verset principal qui contient les deux mêmes idées. (Les deux chants constituent ainsi une transition entre les deux lectures, ce sont deux morceaux classiques).
La vision prophétique qui domine les temps trouve dans l’histoire des Mages (Évang.) une première réalisation et une illustration. Mais nous, ne nous arrêtons pas à l’image ; déjà à l’Évangile, en faisant la génuflexion à ces mots : « et ils tombèrent à genoux et ils l’adorèrent » nous montrons que nous ne nous contentons pas d’entendre l’histoire des Mages mais que nous nous associons à eux. Au Saint-Sacrifice, l’image devient réalité. La procession de l’Offrande commence, nous nous avançons avec les Mages vers l’autel, nous sommes nous-mêmes les Mages, nous sommes des Rois et nos dons d’aujourd’hui sont des présents royaux. Mais nous sommes aussi les représentants des Gentils qui ont rendu hommage au divin Roi (le texte développé répète trois fois : toutes les nations le serviront). Remarquons encore une fois comme l’Offertoire est bien choisi pour accompagner la procession de l’Offrande. La secrète explique au sens spirituel les dons des Mages.
Les présents royaux sont les offrandes de l’Église et celles-ci sont beaucoup plus précieuses que l’or, l’encens et la myrrhe, elles sont le Christ lui-même qui à l’Offertoire est offert avec une dévotion pure comme l’or, au Sacrifice est immolé comme l’encens et, à la communion, est déposé comme la myrrhe, dans le tombeau de notre âme. A la Communion, nous sommes enfin, avec les Mages, au terme de notre voyage, nous voyons briller l’étoile du Seigneur, la lumière de sa venue dans notre cœur. Maintenant nous adorons le Seigneur (nous chantons encore le ps. 71, le psaume des Rois qu’il faudrait chanter en entier).
Les courtes indications que nous avons données nous montrent que presque chaque prière et chaque chant sont à leur vraie place. Les chants sont nettement destinés à accompagner les diverses processions et les symbolisent merveilleusement. Ainsi l’Introït marque l’entrée du divin Roi ; l’Offrande, le voyage des Mages pour offrir leurs présents ; la procession de la Commu. nion, l’arrivée des Mages à Bethléem. Il y a aussi entre les deux lectures un beau parallélisme, l’une est prophétie, l’autre l’accomplissement. Le Graduel et l’Alléluia marquent la relation entre les deux lectures. Enfin les deux oraisons expriment avec concision et magnificence le drame de la fête. On peut appeler la Messe des Rois un modèle classique du formulaire de messe.
A la messe d’aujourd’hui nous apprenons à apprécier l’ancienne procession de l’Offrande qui malheureusement est tombée en désuétude. A l’offrande, nous entrons dans le Sacrifice du Christ ; l’offrande se rapporte à notre propre personne, c’est nous-mêmes que nous offrons. Mais aujourd’hui nous devons nous mettre davantage en frais et faire une offrande pour toute l’année. Nous devons apporter des présents précieux comme l’or, saints comme l’encens, marquant notre dévouement absolu comme la myrrhe amère. Dans les communautés qui aiment la liturgie, on pourrait organiser une offrande spéciale : des pièces d’or et d’argent pour les pauvres, de l’encens pour les besoins de l’année et quelques remèdes pour les malades nécessiteux.
5. Pieux usages à l’occasion de l’Épiphanie. — Les Grecs faisaient, à l’occasion de cette fête, une bénédiction très solennelle de l’eau avec procession au fleuve. En Occident, dans certaines régions, on bénit ce jour-là de l’eau appelée l’eau des Rois, et les fidèles emportent cette eau bénite chez eux. Cette eau bénite est un sacramental destiné à la sanctification, à la purification et à la protection des chrétiens. Mais sa signification la plus profonde est de rappeler l’eau du Baptême. Dans certaines églises on bénit aussi de l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est une sainte et louable coutume de bénir les maisons le jour de l’Épiphanie. La formule rituelle employée pour cette bénédiction est pleine de sens. « Bénis, Seigneur, Dieu Tout-Puissant, cette maison afin que demeurent en elle la santé, la chasteté, la vertu victorieuse, l’humilité, la bonté, la douceur, l’accomplissement de la loi et la reconnaissance envers Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Et que cette bénédiction demeure sur cette maison et ses habitants, par le Christ Notre Seigneur. Ainsi soit-il.
[*]
Communicántes, et diem sacratíssimum celebrántes, quo Unigénitus tuus, in tua tecum glória coætérnus, in veritáte carnis nostræ visibíliter corporális appáruit : sed et memóriam venerántes, in primis eiúsdem gloriósæ semper Vírginis Maríæ, Genitrícis Dei et Dómini nostri Iesu Christi... | Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint où votre Fils Unique coéternel avec vous dans votre gloire, s’est montré visiblement, vraiment revêtu de notre chair mortelle, et honorant la mémoire tout d’abord de la glorieuse Marie toujours Vierge, Mère du même Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur... |
[1] On ne dit pas aujourd’hui l’invitatoire au commencement de Matines : d’abord pour ne pas rappeler l’invitation qu’Hérode adressa aux Scribes de lui faire connaître les prophéties qui regardaient Jésus-Christ : invitation exécrable qui était inspirée par le désir de faire mourir le Sauveur. Ensuite pour nous engager à imiter les Mages, qui vinrent en toute hâte adorer notre Seigneur, sans qu’ils y fussent invités par personne, si ce n’est par un messager muet ; c’est en même temps pour faire rougir ceux qui sont lents à croire, quoiqu’ils aient une multitude de prédicateurs. Mais il est placé au troisième Nocturne, parce que le troisième Nocturne représente la loi de grâce, dans laquelle la voix des Apôtres et de leurs successeurs fait des invitations à louer Dieu plus pressantes et plus nombreuses que dans la loi de nature ou dans la loi mosaïque. On ne chante pas non plus d’Hymne à Matines, parce qu’il n’appartient qu’aux parfaits de chanter des Hymnes ; or la conversion des Gentils dans la personne des Mages seuls, n’était pas encore parfaite.
[2] « C’est aux oreilles de l’âme et non à celles du corps que s’adresse le texte sacré, car cène sont point les biens matériels, mais les biens de l’âme, qu’il promet. Méprisons ce qui ne peut nous servir à acheter les eaux du Seigneur, pour nous hâter d’aller à Celui qui cria dans le temple : • Qui conque a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Sain ! Jean, 7, 37) ; et qui, plus tard, tenant le calice sacré, disait à ses disciples : • Prenez et buvez,ceci est mon sang, qui sera répandu pour vous. » (Saint Matth., 26, 27). (Saint Jérôme).
[3] Ce premier Répons se dit le jour même de l’Épiphanie, parce que le Sauveur aurait, selon une ancienne tradition, été baptisé le 6 janvier. On le dit aussi le Dimanche dans l’Octave, parce que, dit saint Augustin, le jour où notre Seigneur fut baptisé était un Dimanche ; on le dit enfin au jour Octave parce qu’autrefois l’Office entier de l’Octave était du baptême de J.-C. ; aujourd’hui il n’en reste plus que l’Évangile.
[4] Ces paroles s’adressent à Jérusalem ou à l’Église, car c’est en ce grand jour de l’Épiphanie que commence le mouvement des Nations vers l’Église, la vraie Jérusalem. « Tandis que des ténèbres couvriront la terre, c’est-à-dire ceux qui ont le goût des biens terrestres, et que l’obscurité enveloppera les peuples, ou, d’après le texte hébreu, les tribus, ce qui a trait aux Juifs, on verra éclater en elle la gloire du Seigneur. « (Saint Jérôme).
[5] Jérusalem est comparée à un astre. Ce verset ne peut s’expliquer que de la venue de Jésus-Christ. N’est-ce-pas de Jérusalem que s’est levé sur nous le jour du salut ?
[6] « Cet ordre est le même que celui que le divin Maître donna aux Apôtres en ces termes : Levez les yeux et voyez que les champs blanchissent déjà pour la moisson. (Saint Jean, 4, 35). C’est nous qui sommes les fils venus de loin vers le Seigneur ; nous, voyageurs autrefois loin du testament de Dieu et de ses promesses. » (Saint Jérôme).
[7] « Nous tous, qui sommes baptisés en Jésus-Christ, nous sommes revê tus de J-C., en qui nous portons la tunique de la justice, puisqu’il est devenu pour nous la sainteté, la justice et la rédemption. « (Galat., 1). (.Saint Jérôme).
[8] La tradition nous enseigne que les Mages étaient rois, et c’était alors l’usage en prient d’élever à la royauté les personnages les plus illustres par leur érudition, et l’astronomie surtout y était estimée une science digne des souverains. On croit aussi qu’ils étaient prêtres, et au nombre de trois, sans compter leur suite, savoir : Gaspar, Balthazar et Melchior. La prédiction de Balaam, annonçant l’étoile de Jacob, leur était connue, aussi abandonnèrent-ils généreusement leurs états et leurs biens aux soins de la divine Providence, pour aller adorer le Messie. Leur patrie semble avoir été l’Arabie heureuse. Après avoir quitté l’Enfant-Dieu, ils s’illustrèrent par de nombreux travaux évangéliques, et moururent dans une vieillesse
[9] Ps. XVIII
[10] Psalm. LXXI.
[11] Psalm. II.
[12] Matth. XXVIII
[13] II Cor. IX, 15.
[14] I Joan., v, 6.
[15] Poem., XXVIII, Nat. IX, 47 ; P. L., LXI, col. 649.
[16] Hom. VII in Ephiph. ; P.L. LVII, col. 273.