Textes de la Messe avant 1955 |
Office avant 1955 |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Septième jour dans l’Octave de l’Épiphanie, supprimée en 1955 ; lectures patristiques de St Léon et de St Jean Chrysostome.
Missa dicitur ut in Festo, præfatione et Communicántes de Epiphania et dicitur Credo. | Messe comme le jour de la Fête avec préface et Communicántes de l’Épiphanie. On dit le Credo. |
A MATINES.
Invitatoire. Le Christ nous est apparu, * Venez, adorons-le.
Au premier nocturne.
Selon la rubrique, soit on termine l’Épître aux Romains, soit on commence la Première Épître aux Corinthiens si elle n’a pas été déjà commencée au dimanche qui tombe pendant l’Octave, en omettant la fin de celle aux Romains.
De l’Épître aux Romains . Cap. 16, 1-5 ; 17-19 ; 21-24.
Première leçon. Je vous recommande Phœbé, notre sœur, attachée au service de l’Église qui est à Cenchrée, afin que vous la receviez dans le Seigneur d’une manière digne des saints, et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous ; car elle en a elle-même assisté un grand nombre, et moi en particulier. Saluez Prisque et Aquila, mes coopérateurs en Jésus-Christ, (qui, pour mon âme, ont exposé leur tête ; à qui je rends grâces, non pas moi seulement, mais toutes les Églises des Gentils), et aussi l’Église qui est dans leur maison.
1er répons comme au 7 janvier, les autres répons comme à la fête de l’Epiphanie
Deuxième leçon. Mais je vous prie, mes frères, d’observer ceux qui sèment des discussions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et détournez-vous d’eux. Car de tels hommes ne servent point le Christ notre Seigneur, mais leur ventre ; et par de douces paroles et des flatteries, ils séduisent les âmes simples. Votre obéissance est connue en tout lieu. Je me réjouis donc pour vous, mais je désire que vous soyez sages dans le bien et simples dans le mal.
Troisième leçon. Timothée, compagnon de mes travaux, vous salue ; comme aussi Lucius, Jason, et Sosipatre, mes parents. Moi, Tertius, qui ai écrit cette lettre, je vous salue dans le Seigneur. Caïus, mon hôte, et toute l’Église vous saluent. Éraste, trésorier de la ville, et Qua-tus, notre frère, vous saluent. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
Ou bien :
Commencement de la première Épître de l’Apôtre saint Paul aux Corinthiens. Cap. 1, 1-13.
Première leçon. Paul appelé à l’Apostolat de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et Sosthène, son frère, à l’Église de Dieu, qui est à Corinthe, aux sanctifiés en Jésus-Christ, appelés saints, avec tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur Jésus-Christ, en quelque lieu qu’ils soient et que nous soyons nous-mêmes, grâce à vous, et paix par Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ.
Deuxième leçon. Je rends grâces à mon Dieu pour vous sans cesse, à cause de la grâce de Dieu, qui vous a été donnée dans le Christ Jésus, de ce que vous avez été faits en lui riches en toutes choses, en toute parole et en toute science (ainsi le témoignage du Christ a été confirmé parmi vous) de sorte que rien rie vous manque en aucune grâce, à vous qui attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ, qui vous affermira même jusqu’à la fin, pour que vous soyez sans reproche au jour de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. Il est fidèle, le Dieu par qui vous avez été appelés à la société de son Fils Jésus-Christ notre Seigneur.
Troisième leçon. Je vous conjure donc, mes frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de n’avoir tous qu’un même langage, et de ne pas souffrir de schismes parmi vous ; mais d’être tous affermis dans le même esprit et dans les mêmes sentiments. Car j’ai été averti, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, qu’il y a des contestations parmi vous. Or, je parle ainsi, parce que chacun de vous dit : Moi, je suis à Paul, et moi à Apollo, et moi à Képhas, et moi au Christ. Le Christ est-il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ?
Au deuxième nocturne.
Sermon de saint Léon, Pape.
Quatrième leçon. C’est justice et raison, mes bien-aimés, c’est un acte de vraie piété, qu’aux jours, témoins des œuvres de la divine miséricorde, nous nous réjouissions de tout cœur, et que nous célébrions avec solennité les grands événements accomplis pour notre salut. D’ailleurs, nous sommes invités à remplir ce pieux devoir par la disposition même du cycle liturgique, qui, après nous avoir fait célébrer le jour où le Fils de Dieu, coéternel au Père, est né de la Vierge, place à peu d’intervalle la Fête de l’Épiphanie, consacrée par la manifestation du Seigneur.
Cinquième leçon. La divine Providence nous fait trouver dans ce mystère un grand secours pour notre foi. Tandis que l’Église honore par une fête solennelle les adorations dont l’enfance du Sauveur fut l’objet dès ses débuts, nous voyons dans les documents originaux eux-mêmes, la preuve que le Christ avait réellement en naissant la nature humaine. Voilà, en effet, ce qui justifie les impies, ce qui des pécheurs fait des saints, c’est de croire que dans un seul et même Jésus-Christ notre Seigneur, se trouvent véritablement et la Divinité et l’humanité : la Divinité, par laquelle avant tous les siècles il est égal au Père, en la forme de Dieu ; l’humanité, par laquelle, dans les derniers temps, il s’est uni à l’homme sous la forme de l’esclave.
Sixième leçon. Pour fortifier cette foi qui était proclamée contre toutes les erreurs, il a été réglé par un dessein de l’immense bonté divine, qu’un peuple habitant les régions lointaines de l’Orient, peuple fort habile dans l’art d’observer les astres, recevrait un signe de la naissance de l’enfant destiné à régner sur tout Israël. Une étoile, d’un éclat tout nouveau et incomparablement belle, apparut aux Mages, et sa brillante lumière remplit d’une si vive admiration les âmes de ceux qui la contemplaient, que ces Mages crurent ne pouvoir aucunement se refuser à chercher ce que leur annonçait un signe si extraordinaire.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 2, 1-12.
En ce temps-là : Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, voici que des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?". Et le reste.
Homélie de saint Jean Chrysostome.
Septième leçon. « Les Mages, entrant dans la maison, virent l’enfant avec Marie sa mère et, se prosternant, ils l’adorèrent ; puis, leurs trésors ouverts, ils lui offrirent des présents, de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Mais qu’est-ce qui détermina les Mages à se prosterner devant l’enfant ? Ni la Vierge ni la maison n’offraient un appareil quelconque ; pas un objet qui fut capable de les frapper ou de les attirer. Et cependant, ils ne s’en tiennent pas à une simple adoration, ils ouvrent de plus leurs trésors, ils offrent des présents, et des présents qu’on n’offre pas à l’homme mais seulement à Dieu. L’encens et la myrrhe en effet conviennent à la divinité. Quelle fut donc leur mobile ? Le même qui les avait arrachés à leur patrie et lancés dans un si long voyage ; c’est-à-dire l’étoile avec cette illumination intérieure qui leur venait de Dieu, et qui les conduisit par degrés à la pleine connaissance.
Huitième leçon. N’eut été cela, comme tout ce qui frappait leurs yeux était humble et pauvre, jamais ils n’eussent rendu de tels hommages. C’est même pour cette raison qu’on ne voyait là aucune grandeur matérielle, mais bien une crèche, une étable, une mère dénuée de tout : de cette façon vous pouvez mieux comprendre la pure philosophie des Mages, cette sublime foi qui leur montre dans cet enfant, non seulement un homme, mais encore un Dieu, le bienfaiteur par excellence. Voilà pourquoi ne s’arrêtant nullement aux choses extérieures ils offrent leurs hommages et leurs présents, qui diffèrent beaucoup des formes religieuses en rapport avec la grossièreté des Juifs. Ils n’immolent pas des brebis et des taureaux ; ils se rapprochent de la philosophie qui distingue l’Église, puisqu’ils offrent la science, l’obéissance et l’amour.
Neuvième leçon. « Avertis pendant leur sommeil de ne pas revenir vers Hérode, ils retournèrent dans leurs pays par un autre chemin ». Remarquez ici avec moi la foi de ces Mages et comment ils ne se laissent pas ébranler mais demeurent en paix et obéissent sans se troubler, sans se dire l’un à l’autre : Vraiment si cet enfant est quelque chose de grand, s’il a quelque puissance, qu’est cette nécessité de fuir, et ce départ clandestin ? Pourquoi l’Ange nous renvoie-t-il de la ville comme des fugitifs et des vagabonds, nous qui nous étions présentés ouvertement et sans crainte, devant un tel peuple, bravant la fureur de son roi ? Ils ne parlèrent point ainsi, ils ne pensèrent rien de semblable. C’est surtout une conséquence de la foi, que d’accomplir l’action prescrite sans demander la raison de l’ordre reçu.
A LAUDES
Ant. au Bénédictus Il est évidemment grand, * ce mystère de bonté, qui a été manifesté dans la chair (du Christ) certifié dans l’Esprit-(Saint) montré aux Anges, prêché aux Nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire. Alléluia.
Ayant déposé leurs offrandes aux pieds de l’Emmanuel, comme le signe de Vaillance qu’ils contractent avec lui au nom du genre humain, combles de ses plus chères bénédictions, les Mages prennent congé de ce divin Enfant ; car telle est sa volonté. Ils s’éloignent enfin de Bethléhem ; mais désormais la terre entière leur paraît vide et déserte. Comme ils désireraient fixer leur séjour auprès du nouveau Roi, dans la compagnie de son ineffable Mère ! Mais le plan du salut du monde exige que tout ce qui sent l’éclat et la gloire humaine soit loin de Celui qui est venu chercher nos abaissements.
Il faut d’ailleurs qu’ils soient les premiers messagers de la parole évangélique ; qu’ils aillent annoncer dans la Gentilité que le Mystère du salut est commencé, que la terre possède son Sauveur, que le salut est à la porte. L’Etoile ne marche plus devant eux ; elle n’est plus nécessaire pour les conduire à Jésus ; ils le portent maintenant et à jamais dans leur cœur. Ces trois hommes prédestinés sont donc déposés au sein de la Gentilité, comme ce levain mystérieux de l’Évangile, qui, malgré son léger volume, procure la fermentation de la pâte tout entière. Dieu bénit à cause d’eux les nations de la terre ; à partir de ce jour, l’infidélité diminue, insensiblement la foi monte ; et quand le sang de l’Agneau aura été versé, quand le baptême aura été promulgué, les Mages, initiés aux derniers mystères, ne seront plus seulement hommes de désirs, mais chrétiens parfaits.
Une ancienne tradition chrétienne, que nous voyons déjà rappelée par l’auteur de l’Ouvrage imparfait sur saint Matthieu inséré dans toutes les éditions de saint Jean Chrysostome, et qui paraît avoir été écrit vers la fin du VIe siècle ; cette tradition, disons-nous, porte que les trois Mages furent baptisés par l’Apôtre saint Thomas, et qu’ils se livrèrent à la prédication de l’Évangile. Quand bien même cette tradition n’existerait pas, il est aisé de comprendre que la vocation de ces trois Princes ne devait pas se bornera visiter, eux premiers des Gentils, le Roi éternel manifesté sur la terre : une nouvelle mission, celle de l’apostolat, découlait tout naturellement de la première.
De nombreux détails sur la vie et les actions des Mages devenus chrétiens sont arrivés jusqu’à nous ; nous nous abstenons cependant de les relater ici, attendu qu’ils ne sont ni assez anciens, ni assez graves, pour que l’Église ait cru devoir en faire usage dans sa Liturgie. Il en est de même de leurs noms, Melchior, Gaspar, Balthasar : l’usage en est trop récent ; et s’il nous paraît téméraire de les attaquer directement, il nous semblerait aussi trop difficile d’en soutenir la responsabilité.
Quant aux corps de ces illustres et saints adorateurs du Seigneur nouveau-né, ils furent transportés de Perse à Constantinople sous les premiers Empereurs Chrétiens, et reposèrent longtemps dans l’Église de Sainte-Sophie. Plus tard, sous l’Évêque Eustorge, Milan les vit transférer dans ses murs ; et ils y restèrent jusqu’au XIIe siècle, où, avec le concours de Frédéric Barberousse, Reinold, archevêque de Cologne, les plaça dans l’Église cathédrale de cette auguste Métropole. C’est là qu’ils reposent encore aujourd’hui dans une magnifique châsse, le plus beau monument, peut-être, de l’orfèvrerie du moyen âge, sous les voûtes de cette sublime Cathédrale qui, par sa vaste étendue, la hardiesse et le caractère de son architecture, est l’un des premiers temples de la chrétienté.
Ainsi, nous vous avons suivis, ô Pères des nations, du fond de l’Orient jusqu’en Bethléhem ; et nous vous avons reconduits dans votre patrie, et amenés enfin au lieu sacré de votre repos, sous le ciel glacé de notre Occident. Un amour filial nous attachait à vos pas ; et d’ailleurs ne cherchions-nous pas nous-mêmes, sur vos traces, ce Roi de gloire auprès duquel vous aviez à nous représenter ? Bénie soit votre attente, bénie votre docilité à l’Etoile, bénie votre dévotion aux pieds du céleste Enfant, bénies vos pieuses offrandes qui nous donnent la mesure des nôtres ! O Prophètes ! qui avez véritablement prophétisé les caractères du Messie par le choix de vos dons ; ô Apôtres ! qui avez prêché, jusque dans Jérusalem, la Naissance du Christ sous les langes de son humilité, du Christ que les Disciples n’annoncèrent qu’après le triomphe de sa Résurrection ; ô fleurs de la Gentilité ! qui avez produit de si nombreux et de si précieux fruits ; car vous avez produit pour le Roi de gloire des nations entières, des peuples innombrables : veillez sur nous, protégez les Églises. Souvenez-vous de cet Orient du sein duquel vous êtes venus, comme la lumière ; bénissez l’Occident plongé encore dans de si épaisses ténèbres, au jour où vous partiez à la suite de l’Etoile, et devenu depuis l’objet de la prédilection du divin Soleil. Réchauffez-y la foi qui languit ; obtenez de la divine miséricorde que toujours, et de plus en plus, l’Occident envoie des messagers du salut, et au midi, et au nord, et jusque dans cet Orient infidèle, jusque sous les tentes de Sem, qui a méconnu la lumière que vos mains lui apportèrent. Priez pour l’Église de Cologne, cette illustre sœur de nos plus saintes Églises de l’Occident ; qu’elle garde la foi, qu’elle ne laisse point s’affaiblir la sainte liberté, qu’elle soit le boulevard de l’Allemagne catholique, toujours appuyée sur la protection de ses trois Rois, sur le patronage de la glorieuse Ursule et de sa légion virginale. Enfin, ô favoris du grand Roi Jésus, mettez-nous à ses pieds, offrez-nous à Marie ; et donnez-nous d’achever dans l’amour du céleste Enfant, les quarante jours consacrés à sa Naissance, et notre vie tout entière.
Pour finir cette journée, nous chanterons le grand Mystère de l’Épiphanie, en empruntant, encore une fois, la voix mélodieuse des Églises du Christ. Le grand Fulbert de Chartres nous fournira l’Hymne suivante.
Les deux Oraisons suivantes sont extraites du Bréviaire Mozarabe.
ORATIO.
Vous êtes, ô Seigneur, l’étoile de vérité qui se lève de Jacob, l’homme qui sort du peuple d’Israël ; par ce nouvel astre vous apparaissez Dieu ; dans la crèche vous vous manifestez Dieu et homme ; et nous vous croyons un seul Christ. Par votre grande miséricorde, daignez donc nous proroger la grâce de votre vision ; que le signe radieux de votre lumière brille en nous, qu’il en chasse toutes les ténèbres des vices, afin que nous qui soupirons du désir de vous voir, nous soyons consolés par la récompense de votre vision. Amen.
ORATIO.
Seigneur,le ciel étincelant brille de l’éclat serein de votre étoile, la terre réfléchit sa douce splendeur, en ce jour où, du haut de votre habitation sainte, vous avez daigné apparaître à la terre ; guérissez donc la tristesse de nos cœurs, car vous êtes venu racheter toutes choses ; donnez à nos yeux cette lumière par laquelle, devenus purs, nous mériterons de vous voir à jamais, afin que nous, qui annonçons dans les nations la joyeuse allégresse de votre Apparition, nous soyons appelés à nous réjouir avec vous au sein de votre félicité infinie. Amen.
Nous prenons cette Prose dans les anciens Missels des Églises d’Allemagne.
Ce beau chant à la gloire de l’Enfant Jésus appartient à saint Éphrem, le chantre sublime de l’Église Syrienne.
Les Menées de l’Église Grecque nous offrent encore ces belles strophes à la gloire de la Mère de Dieu.
Nous avons vu son étoile en Orient.
1. Prière des Heures. — Le grand prédicateur, saint Jean Chrysostome, nous donne, aujourd’hui, de belles considérations sur la foi des Mages, avec des sentiments presque modernes : « Les Mages entrèrent dans la maison et virent l’Enfant avec Marie sa Mère. Ils tombèrent à genoux, ouvrirent leurs trésors et lui offrirent de présents : de !’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais qu’est-ce qui peut bien les avoir déterminés à adorer l’Enfant ? La Vierge n’avait pourtant rien de remarquable en elle et la maison était loin d’être magnifique. Et par ailleurs, il n’y avait rien là qui pût les remplir d’étonnement et les porter à l’adoration. Et pourtant ils ne se contentent pas d’adorer, mais ils ouvrent leurs trésors et offrent des présents comme on n’en offre pas à un homme mais à Dieu seul. L’encens et la myrrhe indiquent nettement Dieu. Qu’est-ce qui les a déterminés à une telle manière de faire ? La même raison qui les fit quitter leur pays et entreprendre un si grand voyage, c’est-à-dire l’étoile et l’illumination du cœur que Dieu lui-même leur accorda. Cette illumination les amena peu à peu à une connaissance plus complète. S’il n’en avait pas été ainsi, ils ne lui auraient pas témoigné un si grand honneur. Car tout ce qu’ils pouvaient voir avait un aspect misérable. Ce qui tombait sous leurs sens n’avait aucune importance : la crèche, la grotte, une Mère pauvre. Cela arriva pour que tu puisses reconnaître la haute sagesse des Mages et apprendre qu’ils ne sont pas venus trouver seulement un homme, mais un Dieu et un Dieu bienfaiteur. C’est pourquoi ils ne se scandalisèrent pas de ce qu’ils pouvaient voir extérieurement, mais ils adorèrent et offrirent des présents, présents qui se distinguèrent fortement de la grossièreté juive. Car ils n’offrirent pas des moutons et des veaux, mais des dons spirituels, apparentés à la sagesse de l’Église : science, obéissance et amour, voilà les présents qu’ils offrirent. « Et dans un songe, ils reçurent l’avertissement de ne pas retourner voir Hérode », c’est pourquoi ils rentrèrent dans leur pays par un autre chemin. Qu’on considère là leur foi. Non seulement ils ne se scandalisent pas, mais ils sont aussi très calmes et obéissants, ils ne se troublent pas et ne tiennent pas entre eux de discours de ce genre : « Vraiment, cet enfant a-t-il vraiment de l’importance et possède-t-il une puissance quelconque ; à quoi bon fuir et se dissimuler ? Nous sommes venus ouvertement et pleins de confiance vers ce grand peuple et nous nous sommes présentés devant le roi furieux ; pourquoi maintenant l’ange nous renvoie-t-il chez nous comme des fugitifs ? » Ils ne parlent ni ne pensent ainsi. La véritable foi se manifeste en ce qu’elle ne cherche pas le motif du commandement mais obéit simplement. »
L’antienne du lever du soleil est de toute beauté : « Il est manifestement sublime le mystère de la piété : Il a été accrédité par l’Esprit, Manifesté aux anges, Annoncé aux peuples, Cru dans le monde, Reçu dans la gloire, Alléluia. »
2. La messe. — Deux fois, à la messe de la fête, le peuple chante ce passage de l’Évangile ; « Nous avons vu son étoile dans l’Orient et nous sommes venus avec des présents adorer le Seigneur. » On le chante à l’Alleluia et à la Communion. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ce que le chœur chante, il se l’approprie. Par conséquent, quand la communauté chante ces paroles, elle se met à la place des Mages. Elle a vécu elle aussi une expérience semblable, elle aussi est arrivée au but et veut adorer le Seigneur qui s’est manifesté. Demandons-nous pourquoi elle le fait précisément à ces deux moments ? C’est que ce sont les deux moments principaux de la manifestation du Christ à la messe. Le chant de l’Alleluia est l’annonce de la manifestation du Christ dans le symbole de l’Évangile. La Communion rappelle, dans le drame sacré, le moment le plus solennel de l’histoire des mages. Comme les Mages, œ nous nous prosternons devant le Fils de Dieu caché sous les apparences sacramentelles. Ce chant est donc tout à fait approprié à ce moment, surtout si nous le considérons comme le chant de procession des communiants. Chaque partie est à sa place dans cette messe d’un caractère vraiment classique.
3. Lecture d’Écriture (Rom. XVI, 1-24). — Le dernier chapitre contient des salutations et les dernières recommandations : « Saluez-vous mutuellement dans le saint baise, toutes les Églises du Christ vous saluent. » Le baiser de paix est passé dans la liturgie comme symbole de la charité fraternelle. « La nouvelle de votre obéissance dans la foi est parvenue partout. C’est pourquoi je me réjouis à votre sujet et désire que vis-à-vis du bien vous soyez sage, et vis-à-vis du mal simples... Mais à Celui qui a le pouvoir de vous fortifier dans mon Évangile et dans la prédication de Jésus-Christ, — selon la révélation du mystère qui a été tenu sous silence pendant de longs siècles, mais qui est maintenant manifesté par les écrits prophétiques, selon l’ordre du Dieu éternel, pour produire l’obéissance dans la foi, et a été révélé à tous les peuples, — à Dieu seul sage soit honneur et gloire par Jésus-Christ ï dans les siècles des siècles. Amen. »
4. Le symbole de l’étoile. — Les étoiles ont de tout temps attiré sur elle l’attention de l’humanité. Les païens eux-mêmes les considéraient comme les ; messagères d’un monde plus élevé. La Sainte Écriture admire, dans le firmament étoilé, la gloire et la grandeur de Dieu. Mais l’Écriture voit déjà, dans les étoiles, le symbole du divin. Ainsi, dans la prophétie de Balaam, le Christ est désigné comme une étoile : « Une étoile sortira de Jacob » (Nomb. XXV, 17). Dans l’Apocalypse, le Christ se nomme lui-même « l’étoile brillante du matin (Apoc. XXII, 16). Et ce n’est pas par hasard qu’une étoile a conduit les Mages vers le Sauveur. Dans la Sainte Écriture, les Apôtres, les évêques, les docteurs de l’Église sont également comparés aux étoiles. Enfin les saints et les justes au ciel sont désignés comme des étoiles qui reçoivent leur éclat du Christ lui-même et rayonnent elles-mêmes dans la gloire éternelle. L’art chrétien primitif se rattache à la Sainte Écriture et voit dans l’étoile : a) le symbole du Christ. Par suite on unit volontiers l’étoile au signe du Christ. Ainsi on aime à représenter l’étoile des Mages comme monogramme (préconstantinien) du Christ. L’étoile symbolise ensuite : b) le retour du Christ (Parousie) et le paradis. C’est pourquoi nous trouvons aux voûtes des tombeaux, dans les mausolées, des étoiles. On aimait les y placer parce qu’elles représentaient précisément la béatitude céleste. Mentionnons, par exemple, le célèbre mausolée de Galla Placida à Ravenne. Tout le couvercle est semé d’étoiles sur fond bleu et, au milieu, brille une grande croix latine. Ceci représente le retour du Christ et la gloire céleste. On trouve souvent, au milieu des étoiles, le signe du Christ, la couronne de victoire, l’ancre. La signification est toujours la même : le Christ et la gloire éternelle.