Textes de la Messe |
Office |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Étendue à l’Église universelle par Benoît XV, la fête de la Sainte Famille empêche perpétuellement la célébration du « 1er dimanche après l’Épiphanie » ou « Dimanche dans l’Octave de l’Épiphanie » qui utilisait le même évangile mais comportait, conformément au temps liturgique en cours, la lecture d’un passage de St Paul aux Romains comme Épître.
Aujourd’hui, la messe du 1er dimanche après l’Épiphanie n’est plus dite qu’en semaine, les jours qui suivent la fête de la Sainte Famille.
En France, la messe de la Sainte Famille n’est célébrée le dimanche que dans les églises qui ont plusieurs messes : en effet, la solennité de l’Épiphanie, qui n’est pas fériée, prime.
Si hoc festum in diem 13 ianuarii inciderit, de occurrenti Commemoration Baptismatis Domini nihil fit. | Si cette fête tombe le 13 janvier, on ne fait rien de la Commémoraison du Baptême du Seigneur |
Ant. ad Introitum. Prov. 23, 24 et 25. | Introït |
Exsúltat gáudio pater Iusti, gáudeat Pater tuus et Mater tua, et exsúltet quæ génuit te. | Le père du juste tressaille d’allégresse ; que ton père et ta mère se réjouisse, et que celle qui t’a enfanté tressaille d’allégresse. |
Ps. 83, 2-3. | |
Quam dilécta tabernácula tua, Dómine virtútum ! concupíscit et déficit ánima mea in átria Dómini. | Que votre demeure est aimable, Seigneur des armées ; mon âme soupire et languit après les parvis du Seigneur. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Dómine Iesu Christe, qui, Maríæ et Ioseph súbditus, domésticam vitam ineffabílibus virtútibus consecrásti : fac nos, utriúsque auxílio, Famíliæ sanctæ tuæ exémplis ínstrui ; et consórtium cénsequi sempitérnum : Qui vivis. | Seigneur Jésus-Christ, qui étant soumis à Marie et à Joseph, avez consacré la vie domestique par des vertus ineffables, faites qe, grâce au secours de l’un et de l’autre, nous soyons instruits par les exemples de votre sainte famille, et que nous obtenions d’être en sa compagnie pendant l’éternité. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Colossénses. | Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Colossiens. |
Col. 3, 12-17. | |
Fratres : Indúite vos sicut elécti Dei, sancti et dilécti, víscera misericórdiæ, benignitátem, humilitátem, modéstiam, patiéntiam : supportántes ínvicem, et donántes vobismetípsis, si quis advérsus áliquem habet querélam : sicut et Dóminus donávit vobis, ita et vos. Super ómnia autem hæc caritátem habéte, quod est vínculum perfectiónis : et pax Christi exsúltet in córdibus vestris, in qua et vocáti estis in uno córpore : et grati estóte. Verbum Christi hábitet in vobis abundánter, in omni sapiéntia, docéntes et commonéntes vosmetípsos psalmis, hymnis et cánticis spirituálibus, in grátia cantántes in córdibus vestris Deo. Omne, quodcúmque fácitis in verbo aut in ópere, ómnia in nómine Dómini Iesu Christi, grátias agéntes Deo et Patri per ipsum. | Mes Frères : comme élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, et patience, vous supportant les uns les autres et vous pardonnant réciproquement, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre. Comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. Mais surtout revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés de manière à former un seul corps, règne dans vos cœurs ; soyez reconnaissants. Que la parole du Christ demeure en vous avec abondance, de telle sorte que vous vous instruisiez et vous avertissiez les uns les autres en toute sagesse : sous l’inspiration de la grâce que vos cœurs s’épanchent vers Dieu en chants, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels. En quoi que ce soit que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père. |
Graduale. Ps. 26, 4. | Graduel |
Unam pétii a Dómino, hanc requíram : ut inhábitem in domo Dómini ómnibus diébus vitæ meæ. | Il est une chose que j’ai demandé au Seigneur, et je la rechercherai uniquement, c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. |
V/.Ps. 83, 5. Beáti, qui hábitant in domo tua, Dómine : in sǽcula sæculórum laudábunt te. | V/. Heureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur, ils vous loueront dans les siècles des siècles. |
Allelúia, allelúia. V/.Isai. 45, 15. Vere tu es Rex abscónditus, Deus Israël Salvátor. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes vraiment un roi caché, le Dieu d’Israël, le Sauveur. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam. | Lecture du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 2, 42-52. | |
Cum factus esset Iesus annórum duódecim, ascendéntibus illis Ierosólymam secúndum consuetúdinem diéi festi, consummatísque diébus, cum redírent, remánsit puer Iesus in Ierúsalem, et non cognovérunt paréntes eius. Existimántes autem illum esse in comitátu, venérunt iter diéi, et requirébant eum inter cognátos et notos. Et non inveniéntes, regréssi sunt in Ierúsalem, requiréntes eum. Et factum est, post tríduum invenérunt illum in templo sedéntem in médio doctórum, audiéntem illos et interrogántem eos. Stupébant autem omnes, qui eum audiébant, super prudéntia et respónsis eius. Et vidéntes admiráti sunt. Et dixit Mater eius ad illum : Fili, quid fecísti nobis sic ? Ecce, pater tuus et ego doléntes quærebámus te. Et ait ad illos : Quid est, quod me quærebátis ? Nesciebátis, quia in his, quæ Patris mei sunt, opórtet me esse ? Et ipsi non intellexérunt verbum, quod locútus est ad eos. Et descéndit cum eis, et venit Názareth : et erat súbditus illis. Et Mater eius conservábat ómnia verba hæc in corde suo. Et Iesus proficiébat sapiéntia et ætáte et grátia apud Deum et hómines. | Quand Jésus eut douze ans, comme ils étaient montés selon la coutume de la fête, et qu’ils s’en retournaient, le temps étant passé, l’enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne le surent pas. Pensant qu’il était avec la caravane, ils marchèrent tout un jour, puis ils le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Ne l’ayant point trouvé, ils s’en retournèrent à Jérusalem en le recherchant. Or, au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de son intelligence et de ses réponses. En le voyant, ils furent stupéfaits, et sa mère lui dit : "Mon enfant, pourquoi nous avez-vous fait cela ? Voyez, votre père et moi, nous vous cherchions tout affligés." Et il leur répondit : "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être dans les choses de mon Père ?" Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il leur dit. Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses en son cœur. Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes. |
Credo | Credo |
Ant. ad Offertorium. Luc. 2, 22. | Offertoire |
Tulérunt Iesum paréntes eius in Ierúsalem, ut sísterent eum Dómino. | Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. |
Secreta. | Secrète |
Placatiónis hostiam offérimus tibi, Dómine, supplíciter deprecántes : ut, per intercessiónem Deíparæ Vírginis cum beáto Ioseph, famílias nostras in pace et grátia tua fírmiter constítuas. Per eúndem Dóminum. | Nous vous offrons, Seigneur, cette hostie de propitiation avec d’ardentes supplications, afin que nos familles soient fermement établies dans votre paix et votre grâce en vertu de l’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et du bienheureux Joseph. |
Præfatio de Epiphania Domini. | Préface de l’Épiphanie . |
¶ Ante 1955 : Infra Octavam tantum, etiam Communicántes de eadem Epiphania. | ¶ Avant 1955 : Pendant l’Octave seulement (c’est-à-dire non aux Messes votives), Communicántes de l’Épiphanie [*]. |
Ant. ad Communionem. Luc. 2, 51. | Communion |
Descéndit Iesus cum eis, et venit Názareth, et erat súbditus illis. | Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quos cæléstibus réficis sacraméntis, fac, Dómine Iesu, sanctæ Famíliæ tuæ exémpla iúgiter imitári : ut in hora mortis nostræ, occurrénte gloriósa Vírgine Matre tua cum beáto Ioseph ; per te in ætérna tabernácula récipi mereámur : Qui vivis. | Faites, Seigneur Jésus, que ceux que vous avez restaurés au moyen d’un sacrement tout céleste, persévèrent dans l’imitation des exemples de votre Sainte Famille, afin qu’à l’heure de notre mort, la glorieuse Vierge votre Mère vienne à notre rencontre avec le bienheureux Joseph, et que nous soyons trouvés dignes d’être reçus par vous dans votre demeure éternelle. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 Jacob * engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ. [1]
Ant. 2 L’Ange du Seigneur * apparut en songe à Joseph, disant : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle est du Saint-Esprit. [2]
Ant. 3 Des pasteurs vinrent * en grande hâte ; et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l’enfant couché dans une crèche. [3]
Ant. 4 Les mages, entrant dans la maison, * trouvèrent l’enfant avec Marie, sa mère. [4]
Ant. 5 Son père était * comme sa mère dans l’admiration des choses que l’on disait de lui. [5]
Capitule. Luc. 2, 51.Jésus descendit avec Marie et Joseph, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis.
Hymnus | Hymne |
O lux beáta Cælítum
Et summa spes mortálium, Iesu, o cui doméstica Arrísit orto cáritas : | O lumière bienheureuse des habitants des cieux
et suprême espoir des mortels, ô Jésus, vous à qui l’affection domestique vint sourire à votre naissance ; |
María, dives grátia,
O sola quæ casto potes Fovére Iesum péctore, Cum lacte donans óscula : | Marie, riche de grâce,
ô vous à qui seule est donné de pouvoir réchauffer Jésus sur votre chaste poitrine, lui donnant avec votre lait, des baisers ; |
Tuque ex vetústis pátribus
Delécte custos Vírginis Dulci patris quem nómine Divína Proles ínvocat : | Et vous aussi, qui avez été parmi les anciens Patriarches,
choisi pour être le gardien de la Vierge, et à qui le divin Enfant donne le doux nom de père : |
De stirpe Iesse nóbili
Nati in salútem géntium, Audíte nos qui súpplices Vestras ad aras sístimus. | Vous qui êtes issus de la noble
souche de Jessé pour le salut du monde, écoutez-nous, suppliants que nous sommes au pied de vos autels. |
Dum sol redux ad vésperum
Rebus nitórem détrahit, Nos hic manéntes íntimo Ex corde vota fúndimus. | A l’heure où le déclin du soleil,
ramenant le soir, met tout dans l’ombre, nous continuons à répandre ici nos prières du plus profond de notre cœur. |
Qua vestra sedes flóruit
Virtútis omnis grátia, Hanc detur in domésticis Reférre posse móribus. | La grâce de toutes les vertus
qui ont fleuri votre foyer : qu’il nous soit donné de pouvoir les reproduire dans notre vie domestique ! |
Iesu, tuis obédiens
Qui factus es paréntibus, Cum Patre summo ac Spíritu Semper tibi sit glória. Amen. | O Jésus, qui avez voulu
être obéissant à vos parents, gloire à vous toujours ainsi qu’au Père souverain et à l’Esprit-Saint. Ainsi soit-il. |
V/. Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison, Seigneur. [6]
R/. Dans les siècles des siècles ils vous loueront.
Ant.au Magnificat Le Verbe s’est fait chair, * et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité ; et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce. [7]
A MATINES.
Invitatoire. Le Christ Fils de Dieu, soumis à Marie et à Joseph, *. Venez, adorons-le.
Hymnus | Hymne |
Sacra iam splendent decoráta lychnis
Templa, iam sertis redimítur ara, Et pio fumant redoléntque acérræ Thuris honóre. | Déjà resplendissent les temples sacrés décorés de leurs lampes ; déjà l’autel est orné de guirlandes ; les encensoirs laissent échapper la fumée et le parfum de l’encens qui brûle en hommage pieux. |
Num iuvet Summo Géniti Parénte
Régios ortus celebráre cantu ? Num domus David, decóra et vetústæ Nómina gentis ? | Ne convient-il pas de célébrer par nos cantiques la naissance royale du Fils du Père souverain, la maison de David et les noms glorieux de cette lignée antique ? |
Grátius nobis memoráre parvum
Názaræ tectum tenuémque cultum ; Grátius Iesu tácitam reférre Cármine vitam. | Il est plus doux pour nous de rappeler la petite maison de Nazareth et l’humble existence qu’on y mène ; il est plus doux de célébrer dans notre hymne la vie obscure de Jésus. |
Nili ab extrémis peregrínus oris,
Angeli ductu, própere remígrat Multa perpéssus Puer, et patérno Límine sospes. | L’Enfant divin fugitif, après avoir beaucoup souffert, revient à la hâte, sous la conduite d’un Ange, des bords lointains du Nil, et revoit sain et sauf le seuil de la maison paternelle. |
Arte, qua Ioseph, humíli excoléndus
Abdito Iesus iuvenéscit ævo, Seque fabrílis sócium labóris Adicit ultro. | Là, Jésus fait l’apprentissage de l’humble métier de Joseph : là, dans l’ombre, il grandit en âge, et se montre heureux de partager les travaux du charpentier. |
Irriget sudor mea membra, dixit,
Antequam sparso mádeant cruóre : Hæc quoque humáno géneri expiándo Pœna luátur | Que la sueur, dit-il, ruisselle sur mes membres, avant que l’effusion de mon sang les inonde : que cette peine du travail serve aussi d’expiation pour le genre humain. |
Assidet Nato pia Mater almo,
Assidet Sponso bona nupta, felix Si potest curas reveláre fessis Múnere amíco. | Près du divin Enfant se tient sa tendre Mère ; près de son époux se tient l’épouse dévouée ; elle est heureuse de pouvoir soulager leurs peines et leurs fatigues par des soins affectueux. |
O neque expértes óperæ et labóris,
Nec mali ignári, míseros iuváte, Quos reluctántes per acúta rerum Urget egéstas | O vous qui ne fûtes exempts ni des soucis ni du travail, et qui avez connu l’infortune, assistez les malheureux que l’indigence étreint et qui luttent contre les difficultés de la vie. |
Démite his fastus, quibus ampla splendet
Fáustitas, mentem date rebus æquam : Quotquot implórant cólumen, benígno Cérnite vultu. | Ôtez l’amour du faste aux opulents que la prospérité entoure de splendeurs, faites que leur âme soit à la hauteur de leurs devoirs ; sur -tous ceux qui implorent votre appui, abaissez un regard bienveillant. |
A vous, honneur et puissance, ô Jésus, qui nous offrez de saints exemples de vie et qui régnez, avec le Père suprême et l’Esprit d’Amour. Ainsi soit-il. |
Au premier nocturne.
Ant. 1 Comme les parents de l’enfant Jésus l’apportaient, * Siméon le prit entre ses bras et bénit Dieu. [8]
Ant. 2 Quand ils eurent accompli * tout ce qui leur était prescrit selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. [9]
Ant. 3 L’enfant * croissait et se fortifiait, plein de sagesse ; et la grâce de Dieu était en lui. [10]
V/. Il s’est fait pauvre pour nous, bien qu’il fût riche. [11]
R/. Afin que par sa pauvreté nous fussions riches.
De l’Épître de l’Apôtre saint Paul aux Colossiens. Cap. 3, 12-25 ; 4, 1-2.
Première leçon. Revêtez-vous donc, comme élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de modestie, de patience ; vous supportant mutuellement, vous pardonnant les torts que l’un pourrait avoir envers l’autre ; comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez aussi de même [12]. Mais au-dessus de tout cela, ayez la charité, qui est le lien de la perfection [13]. Et qu’en vos cœurs triomphe la paix du Christ, à laquelle vous avez même été appelés en un seul corps ; et soyez reconnaissants [14]. Que la parole du Christ habite en vous avec plénitude, en toute sagesse, vous instruisant et vous exhortant les uns les autres par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant en action de grâces, du fond de vos cœurs, à la louange de Dieu.
R/. [15] Notre Dieu a été vu sur la terre. * Et il a conversé avec les hommes. V/. C’est lui qui a trouvé la voie de toute science et qui l’a donnée à Jacob, son serviteur. * Et.
Deuxième leçon. Quoi que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus-Christ, rendant grâces par lui à Dieu le Père. Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes et ne soyez point amers avec elles. Enfants, obéissez en tout à vos parents, car cela plaît au Seigneur. Pères, n’irritez point vos enfants, de peur qu’ils ne deviennent pusillanimes.
R/. Bienheureux ceux qui habitent. * Dans votre maison, Seigneur. [16] V/. Dans les siècles des siècles ils vous loueront. * Dans votre maison, Seigneur.
Troisième leçon. Serviteurs, obéissez en tout à vos maîtres selon la chair, ne servant point à l’œil, comme pour plaire aux hommes, mais avec simplicité de cœur, en craignant Dieu. Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes ; sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage pour récompense : c’est le Seigneur Jésus-Christ que vous devez servir. Car celui qui fait une injustice recevra selon qu’il a fait injustement, et il n’y a point acception des personnes devant Dieu. Maîtres, rendez à vos serviteurs ce qui est juste et équitable, sachant que vous aussi vous avez un maître dans le ciel. Persévérez dans la prièrent veillez-y en action de grâces.
R/. [17] Il a dû être en tout semblable à ses frères. * Afin de devenir miséricordieux. V/. Quoiqu’il fût le Fils de Dieu, il a appris l’obéissance par ce qu’il a souffert. * Afin. Gloire au Père. * Afin.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Joseph s’étant levé, * prit l’enfant et sa mère pendant la nuit, et se retira en Égypte. [18]
Ant. 2 L’Ange du Seigneur * apparut à Joseph, pendant son sommeil, en Égypte, disant : Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël. [19]
Ant. 3 Étant venu, * il habita Nazareth, afin que s’accomplît ce qui a été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen. [20]
V/. Le Seigneur nous enseignera ses voies. [21]
R/. Et nous marcherons dans ses sentiers.
Des Lettres apostoliques de Léon XIII, Pape. [22]
Quatrième leçon. Quand vint le temps fixé par ses décrets pour l’accomplissement de la grande œuvre du relèvement de l’humanité, que les siècles depuis longtemps attendaient, le Dieu de miséricorde en disposa l’ordre et l’économie de telle sorte que les débuts de cette œuvre offrissent au monde l’auguste spectacle d’une famille divinement constituée, en laquelle tous les hommes pussent contempler l’exemplaire le plus parfait de la société domestique, ainsi que de toute vertu et sainteté. Telle fut en effet cette famille de Nazareth, où, (avant de répandre sur toutes les nations la splendeur de sa pleine lumière), le Soleil de justice, c’est-à-dire le Christ, Dieu, notre Sauveur, demeura caché avec la Vierge sa Mère et Joseph, l’homme très saint qui remplissait à l’égard de Jésus la charge paternelle. Quant aux mutuelles preuves d’amour, à la sainteté des mœurs, à l’exercice de la piété dans la société familiale et dans les rapports habituels de ceux qui vivent sous un même toit, on ne peut sans nul doute trouver à célébrer aucune vertu qui n’ait brillé en cette sainte famille destinée à en devenir le modèle pour les autres. Et la providence l’a ainsi établi selon son dessein plein de bonté, pour que tous les chrétiens quelle que soit leur condition ou leur patrie puissent facilement, s’ils tournent vers elle leur attention, avoir et l’exemple de a vertu, et une invitation à la pratiquer.
R/. Moi, je suis mendiant et pauvre : * Le Seigneur prend soin de moi. [23] V/. Parce que tu mangeras des travaux de tes mains, tu es bienheureux, et bien te sera. [24] * Le Seigneur.
Cinquième leçon. Les pères de famille trouvent assurément en Joseph un modèle admirable de la vigilance et de la sollicitude paternelles ; les mères ont en la très sainte Vierge, mère de Dieu, un exemple insigne d’amour, de respect modeste et de la soumission d’une âme de foi parfaite ; les enfants auront au sein des familles, en Jésus soumis à ses parents, un divin exemple d’obéissance qu’ils admireront, honoreront, imiteront. Ceux qui sont nés dans la noblesse apprendront de cette famille de sang royal, à garder la modération dans la prospérité et la dignité dans les afflictions ; les riches reconnaîtront à son école qu’il faut estimer bien moins les richesses que les vertus. Quant aux ouvriers et à tous ceux qui ont tant à souffrir des soucis angoissants du soutien d’une famille ou d’une condition pauvre, s’ils jettent un regard sur les membres très saints de cette société domestique, il ne leur manquera, ni motif ni occasion de se réjouir du sort qui leur est échu plutôt que de s’en attrister. Leurs labeurs leur sont en effet communs avec la Sainte Famille et communs avec elle, les soins que leur imposent la vie quotidienne : Joseph lui aussi dût pourvoir, en gagnant son pain, à la subsistance des siens et, ce qui est plus admirable encore, des mains divines s’exercèrent elles-mêmes aux travaux d’un art mécanique. Il n’est donc pas très étonnant que des hommes pleins de sagesse ayant des richesses en abondances aient voulu y renoncer pour choisir la pauvreté et s’y trouver unis à Jésus, Marie et Joseph.
R/. Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ; * Mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. [25] V/. Je suis un pauvre, moi, et dans les travaux depuis ma jeunesse. [26] * Mais.
Sixième leçon. C’est à bon droit que pour tous ces motifs le culte de la Sainte Famille qui s’est promptement établi parmi les catholiques, prend chaque jour de nouveaux accroissements comme le prouvent, soit les associations chrétiennes instituées sous le vocable de la Sainte Famille, soit les honneurs singuliers qui lui sont rendus et surtout les privilèges et les faveurs spirituelles accordés par nos prédécesseurs pour exciter envers elle le zèle de la piété. Ce culte a donc été en grand honneur depuis le dix-septième siècle et propagé de tous côtés dans l’Italie la France et la Belgique ; il s’est répandu dans presque toute l’Europe, puis il a passé les vastes plaines de l’Océan et s’est étendu par la région canadienne dans l’Amérique pour y fleurir sous les plus heureux auspices. C’est qu’en effet on ne peut rien envisager de plus salutaire et de plus utile aux familles chrétiennes que l’exemple de la sainte Famille, lequel comprend la perfection et l’ensemble de toutes les vertus domestiques. Implorés ainsi au sein des familles, Jésus, Marie et Joseph, leur viendront en aide ; ils y entretiendront la charité, y régleront les mœurs et en provoqueront les membres à l’imitation de leur vertu ; leur secours adoucira et rendra supportables les mortelles épreuves qui de tous côtés nous menacent. – Pour augmenter encore le culte de la sainte Famille, le Pape Léon XIII a ordonné de consacrer les familles chrétiennes à cette famille sacrée, et Benoît .XV a étendu son office et sa messe à l’Église universelle.
R/. [27] Étant dans la forme de Dieu, il s’est anéanti lui-même. * Prenant la forme d’esclave. V/. Il s’est humilié lui-même, s’étant fait obéissant jusqu’à la mort * Prenant. Gloire au Père. * Prenant.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 Les parents de Jésus allaient * tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâque. [28]
Ant. 2 Quand ils s’en retournèrent, * l’enfant Jésus demeura à Jérusalem, et ses parents ne s’en aperçurent point. [29]
Ant. 3 Ne trouvant pas Jésus, * ils revinrent à Jérusalem pour le chercher. [30]
V/. Je suis un pauvre, moi et dans les travaux depuis ma jeunesse. [31]
R/. Exalté, j’ai été humilié et troublé.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 2, 42-52.
En ce temps-là : Quand Jésus eut douze ans, comme ils étaient montés selon la coutume de la fête, et qu’ils s’en retournaient, le temps étant passé, l’enfant Jésus resta à Jérusalem et ses parents ne le surent pas. Et le reste.
Homélie de saint Bernard, Abbé.
Septième leçon. « Et il leur était soumis ». Qui était soumis ? et à qui ? Un Dieu, à des hommes ! Oui, le Dieu à qui les Anges sont soumis, à qui les Principautés et les Puissances obéissent, était soumis à Marie ; et non seulement à Marie, mais aussi à Joseph à cause de Marie. Admire donc l’un et l’autre, et vois ce qui te paraît plus admirable, de la très gracieuse condescendance du Fils ou de la très glorieuse dignité de ses parents. Dés deux côtés, sujet d’étonnement ; des deux côtés, miracle. Qu’un Dieu obéisse à la créature humaine, voilà une humilité sans exemple, et que la créature humaine commande à un Dieu, voilà une sublimité sans égale. Dans les louanges décernées aux vierges, on chante ceci en particulier qu’elles suivent l’Agneau partout où il va. Eh bien, de quelles louanges ne jugez-vous pas digne celui qui va même devant lui ?
R/. Vous êtes vraiment un roi caché. * O Dieu, sauveur d’Israël. [32] V/. C’est vous qui enseignez à l’homme la science. [33] * O Dieu, sauveur d’Israël.
Huitième leçon. Homme, apprends à obéir ! Terre, apprends à accepter la subordination ! Poussière, apprends à te soumettre ! L’évangéliste a dit en parlant de ton Créateur : « Et il leur était soumis » ; il n’est pas douteux que ce ne soit à Marie et à Joseph. Rougis, cendre orgueilleuse ! Un Dieu s’abaisse, et toi, tu t’élèves ! Un Dieu se soumet aux hommes et toi, cherchant à dominer les hommes, tu te mets au-dessus de ton Créateur ! En effet, chaque fois que je désire parmi les hommes la prééminence, chaque fois je m’efforce de passer avant Dieu ; et alors vraiment je ne goûte pas ce qui est de Dieu. Car c’est de lui qu’il a été dit : « Et il leur était soumis ». O homme, si tu ne daignes pas imiter l’exemple d’un homme, il ne sera certes pas indigne de toi de suivre ton Créateur. Si tu ne peux, sans doute, le suivre partout où il ira, daigne au moins le suivre jusqu’où il a voulu descendre pour toi.
R/. De même que par la désobéissance d’un seul homme, beaucoup ont été constitués pécheurs. * De même aussi, par l’obéissance d’un seul, beaucoup sont constitués justes. [34] V/. Il vint à Nazareth, et il leur était soumis. [35] * De même. Gloire au Père. * De même.
Neuvième leçon. Si tu ne peux marcher dans le sentier sublime de la virginité, suis au moins ton Dieu dans la voie très sûre de l’humilité. Si quelques-uns, tout en étant vierges, se sont écartés de cette voie droite, eux non plus, pour dire la vérité, ne suivent pas l’Agneau partout où il va. L’humble qui est souillé suit l’Agneau, l’orgueilleux qui est vierge le suit aussi, mais aucun des deux ne le suit partout où il va : le premier ne pouvant s’élever à la pureté de l’Agneau qui est sans tache, et le second ne daignant pas descendre à la douceur de cet Agneau qui s’est tu, non seulement devant celui qui le tondait, mais encore devant son bourreau. Et pourtant le pécheur, en s’humiliant, a choisi un meilleur parti que celui de l’orgueilleux qui est vierge, puisque l’humble satisfaction de celui-là efface sa souillure, tandis que l’orgueil de celui-ci souille sa pureté.
A LAUDES.
Ant. 1 Après trois jours, * ils trouvèrent Jésus dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. [36]
Ant. 2 La Mère de Jésus lui dit : * Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions. [37]
Ant. 3 Jésus descendit * avec eux, et vînt à Nazareth ; et il leur était soumis. [38]
Ant. 4 Jésus avançait * en sagesse, en âge et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. [39]
Ant. 5 Ils disaient : * D’où viennent à celui-ci cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? [40]
Capitule. Luc. 2, 51.Jésus descendit avec Marie et Joseph, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis.
Hymnus | Hymne |
O gente felix hóspita,
Augústa sedes Názaræ, Quæ fovit alma Ecclésiæ Et prótulit primórdia. | Qu’heureuse est devenue par la famille qui l’habitait,
la vénérable demeure de Nazareth, dans laquelle ont germé et se sont développés les mystérieux commencements de l’Église. |
Sol, qui perérrat áureo
Terras iacéntes lúmine, Nil grátius per sǽcula Hac vidit æde, aut sánctius. | Le soleil, dont le disque parcourt
l’étendue des continents, n’a rien vu dans la suite des siècles qui soit plus charmant ou plus saint. |
Ad hanc frequéntes cónvolant
Cæléstis aulæ núntii, Virtútis hoc sacrárium Visunt, revísunt, éxcolunt. | Les messagers de la cour céleste
volent vers elle en grand nombre, ils visitent, ils visitent encore, ils vénèrent ce sanctuaire de la vertu. |
Qua mente Iesus, qua manu,
Optáta patris pérficit ! Quo Virgo gestit gáudio Matérna obíre múnera ! | De quel cœur, de quelle main,
Jésus accomplit les désirs paternels ! Avec quelle joie la Vierge se livre à ses devoirs de mère ! |
Adest amóris párticeps
Curæque Ioseph cóniugi, Quos mille iungit néxibus Virtútis auctor grátia. | Joseph assiste son Épouse,
partageant son amour et sa sollicitude : âmes saintes que la grâce embellit de vertus et attache par mille nœuds. |
Hi diligéntes ínvicem
In Iesu amórem cónfluunt, Utríque Iesus mútuæ Dat caritátis prǽmia. | Se chérissant l’un et l’autre,
ils concentrent leur amour en Jésus, et Jésus donne à l’un et à l’autre les témoignages d’une charité réciproque. |
Sic fiat, ut nos cáritas
Iungat perénni fœdere, Pacémque alens domésticam Amára vitæ témperet ! | Puisse la charité nous unir
également par des liens indissolubles ! puisse-t-elle entretenir la paix dans les familles et adoucir les amertumes de la vie ! |
Iesu, tuis obédiens
Qui factus es paréntibus, Cum Patre summo ac Spíritu Semper tibi sit glória. Amen. | O Jésus, qui avez voulu
être obéissant à vos parents, gloire à vous toujours ainsi qu’au Père souverain et à l’Esprit saint. Ainsi soit-il. |
V/. Je ferai que tous tes fils soient instruits par le Seigneur. [41]
R/. Et qu’une abondance de paix soit sur tes enfants.
Ant. au Bénédictus Éclairez-nous, Seigneur, * par les exemples de votre famille, et dirigez nos pieds dans une voie de paix. [42]
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Antiennes et Capitule de Laudes, ci-dessus
Hymnus | Hymne |
O lux beáta Cælítum
Et summa spes mortálium, Iesu, o cui doméstica Arrísit orto cáritas : | O lumière bienheureuse des habitants des cieux
et suprême espoir des mortels, ô Jésus, vous à qui l’affection domestique vint sourire à votre naissance ; |
María, dives grátia,
O sola quæ casto potes Fovére Iesum péctore, Cum lacte donans óscula : | Marie, riche de grâce,
ô vous à qui seule est donné de pouvoir réchauffer Jésus sur votre chaste poitrine, lui donnant avec votre lait, des baisers ; |
Tuque ex vetústis pátribus
Delécte custos Vírginis Dulci patris quem nómine Divína Proles ínvocat : | Et vous aussi, qui avez été parmi les anciens Patriarches,
choisi pour être le gardien de la Vierge, et à qui le divin Enfant donne le doux nom de père : |
De stirpe Iesse nóbili
Nati in salútem géntium, Audíte nos qui súpplices Vestras ad aras sístimus. | Vous qui êtes issus de la noble
souche de Jessé pour le salut du monde, écoutez-nous, suppliants que nous sommes au pied de vos autels. |
Dum sol redux ad vésperum
Rebus nitórem détrahit, Nos hic manéntes íntimo Ex corde vota fúndimus. | A l’heure où le déclin du soleil,
ramenant le soir, met tout dans l’ombre, nous continuons à répandre ici nos prières du plus profond de notre cœur. |
Qua vestra sedes flóruit
Virtútis omnis grátia, Hanc detur in domésticis Reférre posse móribus. | La grâce de toutes les vertus
qui ont fleuri votre foyer : qu’il nous soit donné de pouvoir les reproduire dans notre vie domestique ! |
Iesu, tuis obédiens
Qui factus es paréntibus, Cum Patre summo ac Spíritu Semper tibi sit glória. Amen. | O Jésus, qui avez voulu
être obéissant à vos parents, gloire à vous toujours ainsi qu’au Père souverain et à l’Esprit-Saint. Ainsi soit-il. |
V/. Je ferai que tous tes fils soient instruits par le Seigneur.
R/. Et qu’une abondance de paix soit sur tes enfants.
Ant. au Magnificat Or Marie * conservait toutes ces choses en son cœur. [43]
Avant 1960, on faisait mémoire du Dimanche avec l’Antienne suivante : Mon fils, pourquoi avez-vous agi * ainsi avec nous ? Voilà que votre père et moi, fort affligés, nous vous cherchions. Mais il leur répondit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ignorez-vous qu’il faut que je sois aux choses qui regardent mon Père ? [44]
Tertullien observe que la première et la plus ancienne Église est au ciel, où, dans la divine Trinité, nous trouvons les deux notes essentielles de notre Église, c’est-à-dire l’unité dans la pluralité : l’unité d’essence et la trinité de personnes.
Descendu parmi nous pour le salut du genre humain, le Verbe de Dieu ne voulut pas adopter un genre de vie solitaire qui le mît en dehors de la société des hommes, mais, reproduisant ici-bas ce que la Trinité était de toute éternité dans les cieux, il se forma, au moyen du mariage virginal de Marie et de Joseph, une société ou église domestique au seul de laquelle il daigna naître et passer la plus grande partie de sa vie mortelle. Les descendants d’Adam étaient solidaires du péché de leur premier père et cela avait été la cause de la ruine du monde ; il convenait donc que la Rédemption se fît elle aussi en vertu de la solidarité unissant les croyants au Rédempteur et que les fidèles en expérimentassent les fruits, grâce à une société nouvelle et surnaturelle, qui est l’Église.
Pour cette raison, quand saint Paul traite du pacte conjugal entre les fidèles, il l’appelle un grand mystère ou sacrement, qu’il explique immédiatement en disant qu’il se rapporte à cette première union entre le Christ et l’Église, prototype et modèle de l’union de l’homme et de la femme dans la grâce du Nouveau Testament. Sacramentum hoc magnum est ; ego autem dico in Christo et in Ecclesia. Le Christ et l’Église, voilà le mystère ou sacrement qui s’appuie et se forme précisément, comme à son point de départ, sur la société domestique de Jésus, Marie et Joseph, dont notre Église n’est que la continuation.
Dès l’antiquité, la liturgie romaine a consacré les premières semaines après Noël à la méditation des mystères de la vie domestique de Jésus. Aujourd’hui même, dans la messe dominicale, se présente la péricope évangélique du recouvrement de Jésus parmi les docteurs du temple. Toutefois le génie de la dévotion moderne qui, aux vastes synthèses des anciens, préfère l’étude particularisée de tous les détails du grand tableau de la Rédemption, ne pouvait manquer de créer une solennité distincte en l’honneur de la sainte Famille de Nazareth. La fête paraissait d’autant plus opportune que, depuis un demi-siècle, pour saper et supprimer le catholicisme par les bases, tout le travail des sectes et des gouvernements libéraux s’était concentré dans la déchristianisation de la famille. Pour paralyser un si grand mal, Léon XIII, après sa splendide encyclique sur le mariage chrétien, voulut aussi offrir aux familles catholiques un modèle à imiter et une céleste protection à qui elles devraient se confier ; il institua donc la fête de la sainte Famille de Nazareth, avec un appareil liturgique solennel d’hymnes et de lectures, et il la fixa au IIIe dimanche après l’Épiphanie.
Survint la réforme de Pie X qui en partie abrogea, en partie transféra à des dates fixes, toutes les solennités mobiles annexées au dimanche.
La fête de la sainte Famille fut emportée par le courant et ne reparut qu’une dizaine d’années plus tard, quand, par ordre de Benoît XV, elle fut fixée au dimanche dans l’octave de l’Épiphanie. Cette fois, l’on sacrifia le principe directeur de la réforme de Pie X, mais il y avait dans le passé un précédent que l’on fit valoir : au dimanche après la solennité de l’Épiphanie, se trouve précisément dans le Missel la même lecture évangélique qu’à la récente messe de la sainte Famille.
Dans le calendrier des Coptes, le 6 du mois de Hator (novembre) se trouve une fête de la fuite de la sainte Famille de Mehsa Koskuam dans l’Égypte supérieure à laquelle correspond, le 24 de Pasons (mai), une solennité de l’arrivée et du séjour de la sainte Famille en Égypte.
Cette solennité a un caractère nettement historique, et se différencie donc du concept de notre fête latine ; elle semble empruntée aux Grecs, qui la célèbrent le 26 décembre sous le titre de Synaxe de la Mère de Dieu fuyant en Égypte. Dans les Menées, elle est indiquée dans ce distique :
‘Ad te venientem qui te plexit antea,
Aegypte, metuas atque credas hunc Deum’.
L’antienne d’introït est tirée du Livre des Proverbes (XXIII, 24-25). « Le Père du Juste a l’âme inondée de joie ; que se réjouissent ton Père et ta Mère, et qu’exulté Celle qui t’a engendré. » Cette joie et cette exultation proviennent de la gloire et de la dignité sublimes auxquelles furent élevés Marie et Joseph, dignité qui, grâce à l’union hypostatique du Verbe avec la nature humaine de Jésus, place ses très saints Parents dans une catégorie tout à fait spéciale au-dessus de tous les saints.
La liturgie, dans une hymne qu’elle nous fait répéter le jour de saint Joseph, chante que celui-ci, d’une certaine manière, jouit par anticipation sur la terre de la récompense des bienheureux ; en effet, tandis qu’à ceux-ci est promise au ciel seulement la vision et la possession de Dieu, il fut accordé, au contraire, à Marie et à Joseph, non seulement de voir et de posséder Jésus ici-bas, mais même d’exercer sur lui l’autorité paternelle, la patria potestas.
La collecte n’est pas rédigée selon les règles traditionnelles du Cursus. Le compositeur a voulu y exprimer la nature, le cadre et le fruit du mystère qui enveloppe la vie domestique de Jésus adolescent, et il y a réussi, avec plus ou moins d’élégance. « Seigneur Jésus, vous qui, en obéissant à Marie et à Joseph, avez consacré par vos ineffables vertus la vie domestique, accordez-nous, par l’intercession de vos Parents, d’imiter les exemples de votre sainte Famille, afin de jouir ensuite de votre compagnie dans le paradis. »
La lecture, tirée de l’épître de saint Paul aux Colossiens (III, 12-17), est la même que celle qui se trouve dans le Missel le Ve dimanche après l’Épiphanie. L’Apôtre traite le sujet des rapports sociaux. Dieu est un et aime l’unité ; aussi sommes-nous appelés à constituer un identique corps mystique, une seule famille, grâce à un même Esprit du Christ. L’égoïsme attente, il est vrai, à cette unité ; mais c’est pourquoi saint Paul, tenant compte des inévitables faiblesses de la pauvre et défectible nature humaine, ajoute immédiatement, comme condition de la vraie paix domestique et sociale, la patience réciproque dans le support mutuel, à l’imitation de celle dont Dieu use envers nous.
Le répons-graduel est tiré en partie du psaume 26 : « J’ai demandé une chose au Seigneur, de Lui j’ai requis ceci : demeurer dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. »
Suit un second verset, tiré du psaume 83. — A cet éloignement des règles classiques de la psalmodie responsoriale, on reconnaît vite le rédacteur moderne à qui il a suffi de consulter une Concordance des Livres saints pour rédiger sa messe. — « Bienheureux ceux qui habitent dans votre maison et vous louent sans cesse. »
Les âmes religieuses, et surtout celles qui par leurs constitutions canoniques sont vouées à la célébration quotidienne des divins offices, participent d’une manière particulière à la grâce et aux joies qui inondaient le cœur de Marie et de Joseph en raison de la vie domestique qu’ils menaient avec Jésus. La sainte Famille de Nazareth est, pour ainsi dire, la maison mère de toutes les autres familles religieuses ; la tente où le Verbe de Dieu fait chair et devenu lui-même, pour l’amour de nous, pauvre, obéissant, mortifié, daigna consacrer avec ses Parents ces trois vœux religieux, inaugurant sous le toit domestique cette vie et cet état qui devait par la suite être appelé état de perfection.
Le verset alléluiatique, au lieu d’être emprunté au Psautier, est tiré d’Isaïe (XLV, 15). Son sens accommodatice s’applique à la vie humble et cachée de Jésus, sous le toit paternel, alors que le Créateur du ciel et de la terre, « le Fils de l’Artisan » obéissait à deux de ses créatures et s’appliquait à apprendre d’un second père, lui aussi artisan, le métier de charpentier. Quel abaissement plus impénétrable que celui-là à la raison humaine, et accessible seulement à notre Foi ! « Vraiment vous êtes un Dieu caché, ô Dieu et Sauveur d’Israël ! »
Si cette fête est transférée après la Septuagésime, on chante le trait ; suivant à la place du verset alléluiatique. ps. 39 : « Aux sacrifices et aux offrandes vous ne prenez pas plaisir ; en revanche, vous m’avez ouvert les oreilles. Vous ne demandez ni holocauste ni sacrifice expiatoire ; et moi j’ai dit : voici que je viens. Dans le volume de la Loi il est écrit pour moi : Je me complais, ô Dieu, dans l’accomplissement de votre volonté. »
Les offrandes de l’Ancien Testament avaient une valeur essentiellement prophétique. C’est pourquoi, quand arriva la plénitude des temps, le Verbe de Dieu fait homme descendit sur la terre, et, par le sacrifice de son obéissance absolue au Père jusqu’à la mort de la Croix, il abrogea l’ancien pacte, inaugurant dans le Sang de la Rédemption le Testament nouveau d’obéissance, non plus servile, mais fille de l’amour.
Pour les messes votives qui se célèbrent durant le temps pascal, au lieu de l’antiphonie alléluiatique classique, le rédacteur moderne a tiré ses textes d’autres livres scripturaires. « Alléluia, alléluia (Prov., VII, 34). Bienheureux celui qui m’écoute, celui qui, chaque nuit, s’arrête au seuil de ma maison et tout attentif se tient à ma porte. Alléluia. » (Coloss., III, 3.) « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Alléluia. » Cet éloge que saint Paul applique en général aux habitants chrétiens de Colosses, ne peut se rapporter à personne mieux qu’à la Très Sainte Vierge et à saint Joseph qui, dans la pauvre maison de Nazareth, inconnus du monde, passaient leur vie dans une telle union avec Jésus qu’on peut dire qu’ils respiraient avec le divin Enfant, que leurs cœurs battaient avec le sien, qu’ils se nourrissaient de Lui. Il était toute leur gloire, toute leur richesse, l’objet de leurs désirs, la vie de leur vie.
La lecture évangélique, tirée de saint Luc (II, 42-53) est celle-là même que le Missel assigne au dimanche qui suit immédiatement l’Épiphanie. A douze ans, Jésus devient fils de la Loi, comme disaient alors les Sanhédrites ; et avec ses parents il se rend pour la première fois au temple pour participer à la fête de la Pâque. Toutefois pour démontrer la transcendance de son origine, il se soustrait momentanément à Marie et à Joseph, qui, désolés, le retrouvent enfin après le troisième jour, tandis qu’il se tenait sous les portiques du temple, disputant avec les docteurs. L’attitude de l’Enfant Jésus était celle qui convenait à son âge : il interrogeait et il écoutait, comme pour sonder l’intelligence de ses créatures ; mais cependant ses demandes et ses observations étaient telles que la sagesse divine éblouissait ces soi-disant légistes qui étaient émerveillés en face d’un tel prodige. Stupebant omnes. La faiblesse et la petitesse de ses formes corporelles arrivaient mal à cacher les splendeurs de sa divinité invisible, quand, pour compléter le mystère, sa très sainte Mère voulut mettre en pleine lumière jusqu’à sa nature humaine avec les devoirs qui en résultaient.
— Mon Fils, lui dit-elle, pourquoi nous as-tu fait cela ? Voici que ton père et moi, affligés, te cherchions. L’affirmation des droits paternels sur l’Enfant ne pouvait être ni plus digne ni plus explicite. C’est Joseph et Marie, appelés ici par le texte sacré Père et Mère de Jésus, qui demandent compte de son acte au Créateur et seuls ils pouvaient et devaient le faire.
Jésus est donc vraiment homme, soumis à ses parents et leur obéissant. Il reconnaît pour Mère la Vierge Marie qui l’a conçu et enfanté, et, à cause d’elle, il reconnaît aussi pour Père saint Joseph, non pas que celui-ci ait eu aucune part dans le mystère de son Incarnation, mais parce que, étant l’époux véritable de sa Mère, il tenait la place du Père éternel dans la sainte Famille par la volonté divine, et il exerçait en son nom la patria potestas sur l’Enfant-Dieu, lequel, devant les lois et devant le monde, ne devait pas paraître abandonné.
Il est donc affirmé et mis en pleine lumière, le dogme de l’humanité très sainte de Jésus. Celui-ci, devant ses Parents eux-mêmes, extasiés parce qu’ils sont témoins du mystère de cette Épiphanie de sa nature humaine et y ont part, veut maintenant faire briller aussi les rayons d’une autre Théophanie, celle de sa divinité et de sa divine origine. Il s’en acquitte divinement, par une simple déclaration où pourtant ses très saints Parents trouvèrent une telle élévation de sagesse et de lumière que, comme plus tard les trois apôtres sur le Thabor, ils durent, pour ainsi dire, se protéger les yeux avec la main en face des rayons incandescents de ce vivant Soleil de justice. « Ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des choses de mon Père ? »
Le saint Évangile dit que les Sanhédrites émerveillés étaient suspendus aux lèvres de Jésus ; il affirme au contraire que Marie et Joseph n’arrivèrent pas à pénétrer le mystère de ces paroles parce que durant la vie présente, quand la lumière de la vision intellectuelle est trop forte, les yeux, au contact de Dieu, se ferment, et l’esprit ne peut exprimer en pensées humaines ce qu’il voit.
Le verset de l’offertoire est tiré de l’Évangile selon saint Luc (II, 22), où il est raconté que, quarante jours après Noël, Marie et Joseph prirent le petit Enfant Jésus et s’en allèrent à Jérusalem pour l’offrir au Seigneur dans le temple. Cette oblation, au moyen de laquelle était désignée et acceptée la future Victime du Calvaire, était comme l’offertoire d’une Messe sanglante qui devait atteindre son point culminant trente-trois ans plus tard, le vendredi de la parascève pascale. Marie et Joseph remplissent maintenant les fonctions de ministres de ce premier rite, puisqu’eux-mêmes symbolisent l’Église tout entière, laquelle devait ensuite hériter de Jésus la grâce de la hiérarchie sacerdotale.
Dans la secrète, on présente au Seigneur l’oblation sacrée enveloppée des vapeurs du parfum des prières de Marie et de Joseph, afin que, par leurs mérites, Dieu donne paix et grâce à nos familles. — La paix c’est Lui qui, dans son Sang, nous a réconciliés avec le ciel, avec la terre et avec nous-mêmes. Cette paix est un pur don de sa part, et c’est pourquoi nous disons que c’est une grâce, car elle nous est accordée uniquement par son amour.
L’antienne chantée pendant la communion du peuple est empruntée à l’Évangile de ce jour. Jésus descend de Jérusalem et va à Nazareth avec ses Parents, où il passe les trente premières années de sa vie mortelle dans la soumission vis-à-vis d’eux. Voilà l’histoire de Jésus, narrée par l’Évangéliste Luc en un seul mot : et erat subditus illis. Son Maître, le grand saint Paul, avait écrit que Jésus avait été obéissant au Père jusqu’à la mort de la Croix. Maintenant le disciple reprend cette pensée de l’Apôtre et la développe, déclarant que cette obéissance s’était étendue non seulement à Dieu mais aussi aux hommes. De la sorte, Celui qui est Roi des rois et Seigneur des seigneurs reçoit aujourd’hui du Saint-Esprit dans l’Évangile le titre de subditus. Quelle grandeur et quelle profondeur !
Dans la prière d’action de grâces après la communion, nous supplions la divine clémence de nous accorder d’imiter pendant notre vie les exemples de la sainte Famille de Nazareth, en sorte que, à notre mort, Marie et Joseph viennent au-devant de nous et nous accueillent au sein de cette grande famille que Dieu nourrit dans le ciel.
La vie de l’Église catholique est la continuation de celle de la sainte Famille de Nazareth, car Jésus n’a pas fondé sur la terre deux sociétés mais une seule, dont il fut le Chef, et Marie et Joseph les premiers membres. Nous devons donc être continuellement attentifs à nos origines, à la roche, comme dit le prophète, d’où nous avons été arrachés, nous inspirant des exemples de pauvreté, d’humilité, de vie cachée en Dieu qui resplendissent dans la société domestique de Jésus, Marie et Joseph.
Aux louanges de la liturgie latine, nous ajouterons aujourd’hui un beau texte de la liturgie byzantine en l’honneur de la sainte Famille de Nazareth, Le compositeur est le célèbre saint Joseph l’Hymnographe : « Vous, ô Joseph porte-Dieu, vous fûtes le gardien de la Vierge pure qui conserva intacte sa virginité. D’Elle prit chair le Verbe divin, la conservant Vierge même après l’ineffable enfantement. Vous, ô Joseph, avec Marie, souvenez-vous de nous ».
Le dimanche dans l’Octave de l’Épiphanie forme la transition entre l’histoire de la jeunesse du Sauveur et son ministère public, car au jour Octave on célèbre déjà son baptême dans le Jourdain. C’est pourquoi l’Église nous présente aujourd’hui l’Enfant-Jésus à l’âge de douze ans. C’est sans doute encore un Enfant, mais il nous fait déjà songer à son ministère futur. — Mais cet office antique et très beau est actuellement supplanté par la fête de la Sainte Famille. La messe du dimanche est reportée au premier jour libre, généralement au lundi.
En vérité tu es un Roi caché
1. Premières impressions. — Nous avons vu que la liturgie de Noël est l’œuvre de l’Orient et de l’Occident. L’Occident nous a donné la fête historique et intime de Noël et l’Orient la fête de l’Épiphanie placée au-dessus du temps. Mais chacune des deux Églises a compris et développé cette dernière fête à sa manière. L’Église d’Orient a pensé surtout aux magnificences de la visite royale et des noces, l’Église d’Occident a vu surtout la « fête des Rois ». La fête d’aujourd’hui nous montre que ce ne sont pas seulement les diverses contrées mais encore les diverses époques qui ont contribué à la formation de la liturgie. La plupart des fêtes du temps de Noël (à part celle du Saint Nom de Jésus) remontent aux temps de l’ancienne Église et ont comme un parfum d’antiquité. Celle d’aujourd’hui est issue du temps présent. La comparaison entre ces deux ordres de fête nous fera mieux connaître la manière et l’esprit de la liturgie. Quand on a récité les Matines et célébré la messe d’aujourd’hui, on est frappé de trois particularités : a) ici la pensée passe avant l’action ; b) le but de la fête est un enseignement, une leçon morale, c) le caractère sentimental est plus visible que dans les fêtes anciennes.
a) Les anciennes messes sont des mystères en action, c’est un drame divin dont les textes sont l’illustration ; l’avant-messe et même la prière des Heures sont l’image de ce qui se réalise au Saint-Sacrifice. La fête d’aujourd’hui est, dans ses textes liturgiques, une méditation de la vie cachée de la Sainte Famille à Nazareth. Les Matines et l’avant-messe n’ont qu’un lien assez lâche avec la messe elle-même. C’est une méditation vraiment attachante : le Roi caché dans sa vie d’obéissance ; sa sainte Mère, la Reine et la Vierge prêtre de la Sainte Famille ; Saint Joseph, l’humble chef de la sainte Famille ! Considérons la Sainte Famille dans le travail, dans la prière, dans la joie et dans la peine.
b) Quel est le but de la fête ? C’est un but particulier. Elle veut présenter aux familles, dont la vie a été si ébranlée par la grande guerre, l’exemple de la Sainte Famille de Nazareth. Ceci est encore une différence. Les anciennes messes et les anciennes fêtes nous donnent sans doute une leçon de vie, elles aussi, mais ce n’est pas là leur but principal. La fin et le but de Noël, c’est la venue du Christ. Notre fête veut renouveler la famille chrétienne. Nous autres chrétiens, qui sommes des liturgistes conscients, nous aurons à cœur de suivre l’exhortation pressante de notre Mère l’Église, nous développerons l’esprit du foyer au sein de notre famille, nous aurons du zèle pour la sainteté de la famille. N’oublions pas non plus de cultiver l’esprit de famille, dans notre communauté liturgique.
c) Notre fête plaçant au premier plan la méditation et l’enseignement, il n’est pas étonnant qu’elle fasse appel à tout ce qui peut émouvoir notre sensibilité. C’est pourquoi les textes sont très touchants. Celui qui n’est pas encore très initié à la liturgie éprouvera, par exemple, un grand charme à réciter les Matines ; les Hymnes, composés par le pape Léon XIII lui-même, sont très lyriques. Les Leçons du premier nocturne sont un miroir de vertus pour la famille chrétienne, les Répons sont de charmantes miniatures ; les Leçons des deux autres Nocturnes sont elles-mêmes attrayantes et touchantes. On le voit, l’Église est, dans sa liturgie, semblable au père de famille de l’Évangile : elle tire de son trésor « du nouveau et de l’ancien ».
2. La messe (Exultat gaudio) : La messe de la fête est claire et facile à comprendre : l’Évangile est le joyeux message de la vie cachée de Notre-Seigneur (la disparition de l’Enfant Jésus au temple ne joue dans cette fête qu’un rôle secondaire) ; le verset principal de l’Évangile est celui-ci : « Il descendit avec eux et vint à Nazareth et il leur était soumis ». Nous apprenons ici que souvent un Évangile n’est choisi qu’à cause d’une seule phrase. L’Épître veut nous peindre la vie de la sainte famille : la charité, l’humilité, la patience, la paix, la prière, au foyer de Nazareth. « Tout ce que vous faites, en paroles et en œuvres, faites-le au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ et rendez grâces à Dieu le Père par lui. » L’Épître est en même temps un miroir de vertu pour chaque famille. Les Oraisons demandent l’intercession, la protection et l’imitation de la Sainte Famille. La dernière -demande que Marie et Joseph viennent à notre rencontre à l’heure de la mort et que Jésus nous reçoive dans les tabernacles éternels. Les chants sont lyriques, ils transportent l’âme pieuse dans la petite maison de Nazareth et nous montrent la Sainte Famille dans la joie (Intr.) : « Comme elle est aimable ta demeure, Seigneur des armées, mon âme a soupiré avec ardeur vers les vestibules du Seigneur. » L’Église applique aujourd’hui ce beau psaume à la petite maison de Nazareth. Le chant de l’Alléluia admire « le Roi caché, Dieu d’Israël et Sauveur ». Il est caché dans la petite maison de Nazareth. L’Offertoire convient très bien : la présentation de Jésus était une véritable offrande, ce qu’est aussi dans son essence notre sacrifice. La Communion nous permet aussi un beau rapprochement. De même que Notre-Seigneur « descendit avec ses parents et vint à Nazareth » il descend encore sur l’autel et « nous est soumis ».
3. Lecture d’Écriture (I. Cor. chap. 1). — Aux Matines, les Leçons du premier Nocturne sont choisies spécialement. Elles sont un développement de l’Épître. Elles contiennent des enseignements sur la vie chrétienne de la famille. Cependant nous commençons aujourd’hui la lecture suivie de l’Épître aux Corinthiens. Pour l’importance et l’étendue, cet Épître vient immédiatement après celle aux Romains. Elle s’en distingue par le sujet ; cependant Saint Paul y explique méthodiquement l’œuvre du salut du Christ. Mais il le fait sans plan, il se contente de répondre successivement à des questions et de résoudre des difficultés. L’Épître aux Romains nous fait connaître la théologie de l’Apôtre, l’Épître aux Corinthiens nous fait pénétrer dans la vie des communautés de l’Église primitive et c’est là ce qui constitue la valeur principale de cette Épître. A la théologie succède la pratique. Il conviendrait que tout chrétien cultivé étudie méthodiquement cette Épître.. Mais l’Église ne nous laisse qu’une semaine pour en faire la lecture. C’est pourquoi nous en choisirons librement sept passages qui nous montreront la magnificence du royaume fondé par le Christ.
Nous lisons aujourd’hui le commencement de l’Épître. Saint Paul commence solennellement : « Paul, par la volonté de Dieu appelé Apôtre de Jésus-Christ, et Sosthènes son frère souhaitent à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui sont sanctifiés dans le Christ Jésus, à tous ceux qui sont appelés saints, ainsi qu’à tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur, où qu’ils soient et que nous soyons, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ. Je rends grâce à Dieu continuellement, à votre sujet, à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ Jésus. Par lui vous êtes en effet devenus riches en tout don d’enseignement et en toute science, car la prédication du Christ a été affermie parmi vous. Et vous n’êtes privés d’aucun don de la grâce et vous pouvez attendre la manifestation de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vous donnera la persévérance jusqu’à la fin et vous serez sans blâme au jour de l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu est fidèle, par qui vous avez été appelés dans la société de son Fils, Jésus-Christ Notre Seigneur. »
Quand on médite cette introduction, on se rend compte des principes de vie qui animaient les premiers chrétiens et en même temps de l’enthousiasme de saint Paul. — Dans la suite, saint Paul stigmatise le malheureux esprit de parti qui divisait les Corinthiens ; il compte quatre partis : « Je crois bien que chacun d’entre vous dit : Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollo, moi à Céphas, moi au Christ ». Il parle ensuite de la folie de la Croix : « car la parole de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une force de Dieu... Les Juifs demandent des signes, les Grecs la sagesse, quant à nous, nous prêchons le Christ crucifié qui est un scandale pour les Juifs et une folie pour les Gentils. Mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Gentils, nous prêchons le Christ, la force de Dieu et la sagesse de Dieu. »
4. La cellule liturgique. — La famille est la cellule de toute communauté : de l’État, de la société humaine, ainsi que de l’Église. De la santé de la cellule dépend le bien-être de tout le corps, de l’ensemble de l’organisme. De la santé morale de la famille dépend le bien de l’État, ainsi que le bien de l’Église. Nous devons donc avoir à cœur de posséder des familles vraiment chrétiennes. Malheureusement, c’est précisément la famille qui a le plus souffert des conséquences de la grande guerre. Le but des ennemis de la foi est de détruire la famille et par là d’empoisonner les cellules fondamentales de l’organisme chrétien. Hélas ! on sape de plus en plus la vie de famille. Est-ce que notre renaissance liturgique ne pourrait pas apporter sa contribution à la restauration de la famille ? Assurément et une large contribution. Tout d’abord la liturgie entretient et développe l’esprit de communauté : elle fait l’éducation de cet esprit. Il faut abandonner l’esprit d’égoïsme quand on veut se laisser guider par la liturgie. Le dogme sublime et fondamental du corps mystique du Christ, sur lequel s’appuie la liturgie, doit logiquement restaurer la famille. La famille est le corps mystique en petit, elle est la cellule de ce corps mystique. C’est justement la famille qui peut présenter à nos regards le corps mystique dans sa réalité. Il est si difficile autrement de faire voir cette réalité. Les hommes croient toujours que c’est une image et une parabole ; mais, dans la famille, ils peuvent en reconnaître la réalité. Le père est la tête du corps, comme le Christ est la tête de l’Église ; la mère est le corps, comme l’Église ; les enfants sont les membres, comme les chrétiens sont les membres du corps mystique. Dans une vraie famille, il n’y a réellement qu’une volonté et qu’une pensée « un seul cœur et une seule âme ». Le pain terrestre vient du père ; il est distribué par la mère ; les enfants reçoivent sang et vie de leurs parents. C’est là encore une magnifique image du corps mystique. Mais c’est plus qu’une image, c’est un symbole plein de réalité. Le père a quelque chose en lui du Christ, chef du corps mystique ; il n’est pas seulement son représentant, il porte quelque chose en lui de son essence et de sa présence ; la mère aussi a quelque chose de l’Église ; quant aux enfants, ils sont membres du grand corps mystique du Christ.
Maintenant adoptez cet esprit d’unité dans votre famille et tâchez de le réaliser pratiquement. Il faudrait tout renouveler. Vous, enfants, voyez dans votre père le Christ. Voyez, honorez, aimez en lui le Christ. Que la femme aussi voie en lui le Christ. Quant à vous, pères de famille, essayez de vivre comme le Christ et de gouverner votre famille dans son esprit. La mère est l’Église. Quel idéal pour la femme ! Quel encouragement pour l’homme et les enfants !
Les enfants sont des membres remplis du Christ ; ce sont des cellules dans lesquelles le Christ doit grandir, arriver à la maturité et prendre forme. On ne peut pas s’imaginer comme une famille pourrait prospérer sans être entièrement pénétrée de cette pensée fondamentale. La liturgie a donc un rôle à remplir pour la famille. Que de choses nous pourrions dire encore ! Comme la liturgie sanctifierait la famille dans la prière, le sacrifice de la messe, les sacrements, l’année ecclésiastique ! La prière des Heures en famille : la prière du matin et du soir en commun ! Le sacrifice de communauté ! Comme la messe entendue et vécue en commun formerait la famille ! Cette famille rassemblerait les sacrifices, les travaux, les souffrances, les prières de toute la semaine pour les offrir à la messe du dimanche ; elle puiserait dans l’instruction du dimanche des exhortations mutuelles pour la semaine qui commence. Quelle importance n’ont pas les sacrements pour la famille : le baptême qui est une fête pour tous, la première communion, la Confirmation, les derniers sacrements ! Et tout particulièrement la mère a une mission liturgique dans la famille. C’est elle qui fera de sa maison une église, de sa famille une communauté liturgique.
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Communicántes, et diem sacratíssimum celebrántes, quo Unigénitus tuus, in tua tecum glória coætérnus, in veritáte carnis nostræ visibíliter corporális appáruit : sed et memóriam venerántes, in primis eiúsdem gloriósæ semper Vírginis Maríæ, Genitrícis Dei et Dómini nostri Iesu Christi... | Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint où votre Fils Unique coéternel avec vous dans votre gloire, s’est montré visiblement, vraiment revêtu de notre chair mortelle, et honorant la mémoire tout d’abord de la glorieuse Marie toujours Vierge, Mère du même Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur... |
[1] Matth. 1, 16.
[2] Matth. 1, 20.
[3] Luc. 2, 16.
[4] Matth. 2, 11.
[5] Luc. 2, 23.
[6] Ps. 83, 5.
[7] Johan. 1, 14.16.
[8] Luc. 2, 27.
[9] Luc. 2, 39.
[10] Luc. 2, 40.
[11] 2 Cor. 8, 9.
[12] « Cette parole, comme le Seigneur, signifie non seulement que nous devons pardonner, mais pardonner de tout cœur ; bien plus, que nous devons aimer ceux qui nous offensent. » (Saint Chrysostome).
[13] « Les meilleures dispositions ne servent de rien, elles se dispersent et s’affaiblissent, si elles ne sont pas animées par la charité : elle est le lien de ce faisceau et produit la réunion de forces qui fait toute la perfection. » ( Saint Chrysostome).
[14] « Bénissons la Providence : en cela consiste la reconnaissance. Agir ainsi dans la prospérité, c’est peu, la nature même des choses nous y pousse ; mais le fidèle qui bénit le Seigneur dans l’adversité, le comble de joie et gagne la couronne du martyre. » (Saint Chrysostome).
[15] Baruc. 3, 38 ; 3, 37.
[16] Ps. 83, 5.
[17] Hebr. 2, 17 ; 5, 8.
[18] Matth. 2, 14.
[19] Matth. 2, 19.
[20] Matth. 2, 23.
[21] Is. 2, 3.
[22] Bref « Neminem fugit » du 14 juin 1892.
[23] Ps. 39, 18.
[24] Ps. 127, 2.
[25] Matth. 8, 20.
[26] Ps. 87, 16.
[27] Philip. 2, 6.
[28] Luc. 2, 41.
[29] Luc. 2, 43.
[30] Luc. 2, 45.
[31] Ps. 87, 16.
[32] Is. 45, 15.
[33] Ps. 93, 10.
[34] Rom. 5, 19.
[35] Luc. 2, 51.
[36] Luc. 2, 46.
[37] Luc. 2, 48.
[38] Luc. 2, 51.
[39] Luc. 2, 52.
[40] Matth. 13, 54.
[41] Is. 54, 13.
[42] Luc. 1, 79.
[43] Luc. 2, 51.
[44] Luc. 2, 48.