Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
L’église de Saint Marcel, où se faisait en ce jour la Station, était l’une des 25 paroisses de Rome au Ve siècle. Primitivement habitation de la pieuse matrone Lucine qui y reçut S. Marcel, persécuté par l’empereur Maxence, elle fut par elle transformée en un sanctuaire dédié à ce saint pape dont le corps repose sous le maître-autel. Comme les deux jours précédents, l’Église réunit de la sorte en ce Temps de la Passion, ses enfants autour de la tombe d’un martyr qui a rendu témoignage au Roi des Martyrs en mourant pour la même cause que lui.
Ant. ad Introitum. Ps. 17, 48-49. | Introït |
Liberátor meus de géntibus iracúndis : ab insurgéntibus in me exaltábis me : a viro iníquo erípies me, Dómine. | Vous qui me délivrez de mes ennemis furieux, vous m’élèverez au-dessus de ceux qui se dressent contre moi ; Seigneur, vous m’arracherez des mains de l’homme inique. |
Ps. ib., 2-3. | |
Díligam te, Dómine, virtus mea : Dóminus firmaméntum meum, et refúgium meum, et liberátor meus. | Je vous aimerai, Seigneur, vous qui êtes ma force. Le Seigneur est mon ferme appui, mon refuge et mon libérateur. |
Oratio. | Collecte |
Sanctificáto hoc ieiúnio, Deus, tuórum corda fidélium miserátor illústra : et quibus devotiónis præstas afféctum, præbe supplicántibus pium benígnus audítum. Per Dóminum. | Dieu de miséricorde, sanctifiez ce jeûne, éclairez les cœurs de vos fidèles, et prêtez une oreille favorable aux supplications de ceux auxquels vous inspirez le sentiment de la piété. Par Notre-Seigneur. |
Léctio libri Levítici. | Lecture du livre du Lévitique. |
Levit. 19, 1-2, 11-19 et 25. | |
In diébus illis : Locútus est Dóminus ad Móysen, dicens : Lóquere ad omnem cœtum filiórum Israël, et dices ad eos : Ego Dóminus, Deus vester. Non faciétis furtum. Non mentiémini, nec decípiet unusquísque próximum suum. Non periurábis in nómine meo, nec póllues nomen Dei tui. Ego Dóminus. Non fácies calúmniam próximo tuo : nec vi ópprimes eum. Non morábitur opus mercennárii tui apud te usque mane. Non maledíces surdo, nec coram cæco pones offendículum : sed timébis Dóminum, Deum tuum, quia ego sum Dóminus. Non fácies quod iníquum est, nec iniúste iudicábis. Non consíderes persónam páuperis, nec honóres vultum poténtis. Iuste iúdica próximo tuo. Non eris criminátor, nec susúrro in pópulo. Non stabis contra sánguinem próximi tui. Ego Dóminus. Non óderis fratrem tuum in corde tuo, sed públice árgue eum, ne hábeas super illo peccátum. Non quæras ultiónem, nec memor eris iniúriæ cívium tuórum. Díliges amícum tuum sicut teípsum. Ego Dóminus. Leges meas custodíte. Ego enim sum Dóminus, Deus vester. | En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Parlez à toute l’assemblée des enfants d’Israël et dites-leur : Je suis le Seigneur votre Dieu. Vous ne déroberez point. Vous ne mentirez point, et nul ne trompera son prochain. Vous ne jurerez point faussement en mon nom, et vous ne profanerez pas le nom de votre Dieu. Je suis le Seigneur. Vous ne calomnierez pas votre prochain, et vous ne l’opprimerez point par violence. Le salaire du mercenaire qui vous donne son travail ne demeurera point chez vous jusqu’au matin. Vous ne maudirez point le sourd, et vous ne mettrez rien devant l’aveugle pour le faire tomber ; mais vous craindrez le Seigneur votre Dieu, parce que je suis le Seigneur. Vous ne ferez rien contre l’équité, et vous ne jugerez point injustement. N’ayez point d’égard contre la justice à la personne du pauvre, et ne respectez point contre la justice la personne de l’homme puissant. Jugez votre prochain selon la justice. Vous ne serez point parmi votre peuple ni un calomniateur public ni un médisant secret. Vous ne ferez point d’entreprise contre le sang de votre prochain. Je suis le Seigneur. Vous ne haïrez point votre frère dans votre cœur, mais vous le reprendrez publiquement, de peur que vous ne péchiez vous-même à son sujet. Ne cherchez point à vous venger, et ne conservez point le souvenir de l’injure de vos con- citoyens. Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Je suis le Seigneur. Gardez mes lois, car je suis le Seigneur votre Dieu. |
Graduale. Ps. 29, 2-4. | Graduel |
Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me : nec delectásti inimícos meos super me. | Je vous exalterai, Seigneur, parce que vous m’avez relevé et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet. |
V/. Dómine, Deus meus, clamávi ad te, et sanásti me : Dómine, abstraxísti ab ínferis ánimam meam, salvásti me a descendéntibus in lacum. | Seigneur, mon Dieu, j’ai crié vers vous, et vous m’avez guéri. Seigneur, vous avez retiré mon âme du séjour des morts, vous m’avez sauvé du milieu de ceux qui descendent dans la fosse. |
Tractus. Ps. 102, 10. | Trait. |
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis. | Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités. |
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis. | Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère. |
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum. | On se met à genoux V/. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 10, 22-38. | |
In illo témpore : Facta sunt Encǽnia in Ierosólymis : et hiems erat. Et ambulábat Iesus in templo, in pórticu Salomónis. Circumdedérunt ergo eum Iudǽi, et dicébant ei : Quoúsque ánimam nostram tollis ? Si tu es Christus, dic nobis palam. Respóndit eis Iesus : Loquor vobis, et non créditis : Opera, quæ ego fácio in nómine Patris mei, hæc testimónium pérhibent de me : sed vos non créditis, quia non estis ex óvibus meis. Oves meæ vocem meam áudiunt : et ego cognósco eas, et sequúntur me : et ego vitam ætérnam do eis : et non períbunt in ætérnum, et non rápiet eas quisquam de manu mea. Pater meus quod dedit mihi, maius ómnibus est : et nemo potest rápere de manu Patris mei. Ego et Pater unum sumus. Sustulérunt ergo lápides Iudǽi, ut lapidárent eum. Respóndit eis Iesus : Multa bona ópera osténdi vobis ex Patre meo, propter quod eórum opus me lapidátis ? Respondérunt ei Iudǽi : De bono ópere non lapidámus te, sed de blasphémia : et quia tu, homo cum sis, facis teípsum Deum. Respóndit eis Iesus : Nonne scriptum est in lege vestra : quia Ego dixi, dii estis ? Si illos dixit deos, ad quos sermo Dei factus est, et non potest solvi Scriptúra : quem Pater sanctificávit, et misit in mundum, vos dicitis : Quia blasphémas : quia dixi, Fílius Dei sum ? Si non fácio ópera Patris mei, nolíte crédere mihi. Si autem fácio, et si mihi non vultis crédere, opéribus crédite, ut cognoscátis et credátis, quia Pater in me est et ego in Patre. | En ce temps-là, on célébrait à Jérusalem la fête de ; la Dédicace ; et c’était l’hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs l’entourèrent donc, et lui dirent : Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-le-nous clairement. Jésus leur répondit : Je vous parle, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent elles-mêmes témoignage de moi. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses, et personne ne peut le ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous ne sommes qu’un. Alors les Juifs prirent des pierres, pour le lapider. Jésus leur dit : Je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres, venant de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème et parce qu’étant homme vous vous faites Dieu. Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Si elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée (et l’Écriture ne peut être détruite), comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, et si vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi dans le Père. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 58, 2. | Offertoire |
Eripe me de inimícis meis, Deus meus : et ab insurgéntibus in me líbera me, Dómine. | Sauvez-moi des mains de mes ennemis, ô mon Dieu, et délivrez-moi de ceux qui se lèvent contre moi, Seigneur. |
Secreta. | Secrète |
Annue, miséricors Deus : ut hóstias placatiónis et laudis sincéro tibi deferámus obséquio. Per Dóminum. | Exaucez nos prières, ô Dieu de miséricorde, afin que nous vous offrions avec une sincère dépendance, ces hosties de propitiation et de louange. Par Notre-Seigneur. |
Præfatio de sancta Cruce. | Préface de la sainte Croix . |
Ant. ad Communionem. Ps. 25, 6-7. | Communion |
Lavábo inter innocéntes manus meas, et circuíbo altáre tuum, Dómine : ut áudiam vocem laudis tuæ, et enárrem univérsa mirabília tua. | Je laverai mes mains parmi les innocents, et je me tiendrai autour de votre autel, Seigneur : pour entendre la voix de vos louanges, et pour raconter toutes vos merveilles. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Cæléstis doni benedictióne percépta : súpplices te, Deus omnípotens, deprecámur ; ut hoc idem nobis et sacraménti causa sit et salútis. Per Dóminum. | Ayant reçu les espèces bénies du don céleste, nous vous demandons instamment, ô Dieu tout-puissant, que votre bénédiction nous donne à la fois ce sacrement et le gage de notre salut. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Adésto supplicatiónibus nostris, omnípotens Deus : et, quibus fidúciam sperándæ pietátis indúlges ; consuétæ misericórdiæ tríbue benígnus efféctum. Per Dóminum. | Humiliez vos têtes devant Dieu. — Soyez attentif à nos supplications, Dieu tout-puissant, et dans votre bonté, accordez l’effet de votre habituelle miséricorde à ceux à qui vous donnez la confiance d’espérer votre clémence. Par Notre-Seigneur Jésus-Christ. |
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Hódie, si vocem Dómini audiéritis, * Nolíte obduráre corda vestra. | Aujourd’hui si vous entendez la voix du Seigneur, * N’endurcissez pas vos cœurs. |
Pange, Lingua, gloriósi (matines de la Passion)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Ioánnem | Lecture du saint Évangile selon saint Jean |
Cap. 10, 22-38 | |
In illo témpore : Facta sunt encǽnia in Ierosólymis : et hiems erat. Et ambulábat Iesus in templo, in pórticu Salomónis. Et réliqua | En ce temps-là, on célébrait à Jérusalem la fête de ; la Dédicace ; et c’était l’hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Et le reste. [1] |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi | Homélie de saint Augustin, Évêque |
Tract. 48 in Ioannem, circa initium | |
Encǽnia festívitas erat dedicatiónis templi. Græce enim cænon dícitur novum. Quandocúmque novum áliquid fúerit dedicátum, encǽnia vocántur. Iam et usus habet hoc verbum. Si quis nova túnica induátur, encæniáre dícitur. Illum enim diem, quo templum dedicátum est, Iudǽi solemniter celebrábant : ipse dies festus agebátur, cum ea quæ lecta sunt, locútus est Dóminus. | La fête que les Juifs appelaient Encænia était l’anniversaire de la dédicace du temple. En effet, le mot cænon signifie nouveau. Chaque fois qu’on inaugure un nouvel objet cela s’appelle ordinairement encaenia, et même aujourd’hui l’usage a consacré cette expression. Si quelqu’un revêt une tunique neuve, on dit de lui : encaeniat. Les Juifs célébraient avec solennité l’anniversaire du jour où le temple avait été dédié et l’on était au jour même de cette fête quand le Seigneur prononça les paroles qu’on vient de lire. |
R/. Tota die contristátus ingrediébar, Dómine : quóniam ánima mea compléta est illusiónibus : * Et vim faciébant, qui quærébant ánimam meam. | R/. Tout le jour [2] je marchais contristé, Seigneur, parce que mon âme est remplie d’illusions, * |
V/. Amíci mei et próximi mei advérsum me appropinquavérunt et stetérunt : et qui iuxta me erant, de longe stetérunt. | V/. Mes amis et mes proches se sont approchés vis-à-vis de moi, et ils se sont arrêtés ; et ceux qui étaient près de moi, s’en sont tenus éloignés. |
R/. Et vim faciébant, qui quærébant ánimam meam. | R/. Et ceux qui cherchaient mon âme usaient de violence. |
Lectio ii | 2e leçon |
Hiems erat, et ambulábat Iesus in templo, in pórticu Salomónis. Circumdedérunt ergo eum Iudǽi, et dicébant ei : Quoúsque ánimam nostram tollis ? Si tu es Christus, dic nobis palam. Non veritátem desiderábant, sed calúmniam præparábant. Hiems erat, et frígidi erant : ad illum enim divínum ignem accédere pigri erant. Si accédere est crédere : qui credit, accédit : qui negat, recédit. Non movétur ánima pédibus, sed afféctibus. | « C’était : l’hiver, et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs donc l’entourèrent et lui dirent : Jusqu’à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous ouvertement. » Ils ne désiraient point connaître la vérité, mais ils cherchaient l’occasion de calomnier le Sauveur. « C’était l’hiver », et ils étaient froids, car ils ne faisaient aucun effort pour s’approcher de ce feu divin. Si s’en approcher, c’est croire ; qui croit, s’en approche ; qui refuse de croire, s’en éloigne. Ce n’est point par les pieds du corps, c’est par les affections que l’âme se meut. |
R/. Ne avértas fáciem tuam a púero tuo, Dómine : * Quóniam tríbulor, velóciter exáudi me. | R/. Seigneur [3], ne détournez pas votre face de votre serviteur : * Parce que je suis tourmenté, exaucez-moi promptement. |
V/. Inténde ánimæ meæ, et líbera eam : propter inimícos meos éripe me. | V/. Soyez [4] attentif à mon âme et délivrez-la à cause de mes ennemis [5] ; sauvez-moi. |
R/. Quóniam tríbulor, velóciter exáudi me. | R/. Parce que je suis tourmenté, exaucez-moi promptement. |
Lectio iii | 3e leçon |
Frigúerant diligéndi caritáte, et ardébant nocéndi cupiditáte. Longe áberant, et ibi erant : non accedébant credéndo, et premébant persequéndo. Quærébant audíre a Dómino, Ego sum Christus : et fortásse de Christo secúndum hóminem sapiebant. Prædicavérunt enim prophétæ Christum : sed divinitátem Christi et in prophétis et in ipso Evangélio nec hærétici intélligunt : quanto minus Iudǽi, quámdiu velámen est super cor eórum ? | Ils étaient devenus froids sous le rapport de la charité et de l’amour, mais ils brûlaient du désir de nuire. Ils étaient bien loin tout en étant présents ; ils n’approchaient pas de lui en croyant, mais le désir de le persécuter les amenait à lui. Ils désiraient entendre dire au Seigneur : Je suis le Christ, et peut-être n’avaient-ils du Christ que des idées tout humaines. Les Prophètes ont annoncé le Christ, mais les hérétiques ne reconnaissent la divinité du Christ ni dans les prophéties, ni même dans l’Évangile ; combien moins encore les Juifs le reconnaissent-ils, tant qu’ils ont un voile sur le cœur ? |
R/. Quis dabit cápiti meo aquam, et óculis meis fontem lacrimárum, et plorábo die ac nocte ? quia frater propínquus supplantávit me, * Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. | R/. Qui donnera [6] à ma tête de l’eau, et à mes yeux une fontaine de larmes, et je pleurerai jour et nuit ? parce que [7] mon frère, mon proche parent m’a supplanté, * Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. |
V/. Fiant viæ eórum ténebræ et lúbricum : et Angelus Dómini pérsequens eos. | V/. Que leurs voies [8] deviennent ténébreuses et glissantes, et qu’un Ange du Seigneur les poursuive. |
R/. Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. R/. Quis dabit cápiti meo aquam, et óculis meis fontem lacrimárum, et plorábo die ac nocte ? quia frater propínquus supplantávit me, Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. | R/. Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. R/. Qui donnera à ma tête de l’eau, et à mes yeux une fontaine de larmes, et je pleurerai jour et nuit ? parce que mon frère, mon proche parent m’a supplanté, Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. |
A LAUDES
Lustra sex (laudes de la Passion)
Ad Bened. Ant. Oves meæ * vocem meam áudiunt : et ego Dóminus agnósco eas. | Ant. au Bénédictus Mes brebis * écoutent ma voix : et moi, le Seigneur, je les connais. |
AUX VÊPRES
Vexílla Regis (vêpres de la Passion)
Ad Magnificat Ant. Multa bona ópera * operátus sum vobis : propter quod opus vultis me occídere ? | Ant. au Magnificat Beaucoup d’œuvres excellentes, * j’ai faites devant vous : pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me faire mourir ? |
A Rome, la Station est dans l’Église de Saint-Marcel, Pape et Martyr. Cette église avait été la maison de la sainte dame Lucine, qui la donna au Pontife pour la consacrer au culte de Dieu.
ÉPÎTRE.
L’Église, en nous mettant aujourd’hui sous les veux ce passage du Lévitique, dans lequel les devoirs de l’homme envers son prochain se trouvent exposés avec tant de clarté et d’abondance, veut faire comprendre au chrétien en quel détail il doit scruter et réformer sa vie, sur un point de si haute importance. C’est Dieu même qui parle ici et qui intime ses ordres ; entendez comme il répète presque à chaque phrase : « Moi, le Seigneur » ; afin de nous faire comprendre qu’il se constituera le vengeur du prochain que nous aurions lésé. Que ce langage devait être nouveau à l’oreille des catéchumènes, élevés au sein de ce monde païen, égoïste et sans entrailles, qui ne leur avait jamais dit que tous les hommes étant frères, Dieu, Père commun de l’immense famille de l’humanité, exigeait qu’ils s’aimassent tous d’un amour sincère, sans distinction de races et de condition ! Nous, chrétiens, en ces jours de réparation, songeons à remplir à la lettre les intentions du Seigneur notre Dieu. Souvenons-nous que ces préceptes furent intimés au peuple israélite, bien des siècles avant la publication de la Loi de miséricorde. Or, si le Seigneur prescrivait au Juif un si sincère amour de ses frères, lorsque la loi divine n’était encore écrite que sur des tables de pierre, que ne demandera-t-il pas du chrétien qui peut maintenant la lire dans le cœur de l’Homme-Dieu descendu du ciel et devenu notre frère, afin qu’il nous fût à la fois plus facile et plus doux de remplir le précepte de la charité ? L’humanité unie en sa personne à la divinité est désormais sacrée ; elle est devenue l’objet des complaisances du Père céleste : c’est par amour fraternel pour elle que Jésus se dévoue à la mort, nous apprenant par son exemple à aimer si sincèrement nos frères que, s’il est nécessaire, « nous allions jusqu’à donner notre vie pour eux [9] ». C’est le disciple bien-aimé qui l’a appris de son Maître, et qui nous l’enseigne.
ÉVANGILE.
Après la fête des Tabernacles vint celle de la Dédicace, et Jésus était demeuré à Jérusalem. La haine de ses ennemis croissait toujours, et voici qu’ils s’assemblent autour de lui, afin de lui faire dire qu’il est le Christ, pour l’accuser ensuite d’usurper une mission qui n’est pas la sienne. Jésus dédaigne de leur répondre, et les renvoie aux prodiges qu’ils lui ont vu opérer, et qui rendent de lui un si éclatant témoignage. C’est par la foi, et par la foi seule, que l’homme peut arriver à Dieu en ce monde. Dieu se manifeste par des œuvres divines ; l’homme qui les connaît doit croire la vérité que de telles œuvres attestent ; en croyant ainsi, il a en même temps la certitude de ce qu’il croit et le mérite de sa croyance. Le Juif superbe se révolte ; il voudrait dicter la loi à Dieu même, et il ne comprend pas que sa prétention est aussi impie qu’elle est absurde.
Cependant il faut que la doctrine divine ait son cours, dût-elle exciter le scandale de ces esprits pervers. Jésus n’a pas à parler seulement pour eux : il faut aussi qu’il le fasse pour ceux qui croiront. Il dit donc alors cette grande parole, par laquelle il atteste, non plus seulement sa qualité de Christ, mais sa divinité : « Moi et mon Père, nous sommes une même chose ». Il savait qu’en s’exprimant ainsi il exciterait leur fureur ; mais il fallait qu’il se révélât à la terre et confondît d’avance l’hérésie. Arius se lèvera un jour contre le Fils de Dieu, et dira qu’il n’est que la plus parfaite des créatures : l’Église répondra qu’il est une même chose avec le Père, qu’il lui est consubstantiel ; et après bien des agitations et bien des crimes, la secte arienne s’éteindra et tombera dans l’oubli. Les Juifs sont ici les précurseurs d’Arius. Ils ont compris que Jésus confesse qu’il est Dieu, et ils tentent de le lapider. Par une dernière condescendance, Jésus veut les préparer à goûter cette vérité, en leur montrant par leurs Écritures que l’homme peut recevoir quelquefois, dans un sens restreint, le nom de Dieu, à raison des fonctions divines qu’il exerce ; puis il porte de nouveau leur pensée sur les prodiges qui témoignent si hautement de l’assistance que lui prête son Père, et répète avec une fermeté nouvelle que « le Père est en lui, et lui dans le Père ». Rien ne peut convaincre ces cœurs obstinés ; et la peine du péché qu’ils ont commis contre le Saint-Esprit pèse toujours sur eux davantage. Que différent est le sort des brebis du Sauveur ! « Elles écoutent sa voix, elles le suivent ; il leur donne la vie éternelle, et nul ne les ravira de ses mains. » Heureuses brebis ! Elles croient parce qu’elles aiment ; c’est par le cœur que la vérité se fait jour en elles ; de même que c’est par l’orgueil de l’esprit que les ténèbres pénètrent dans l’âme de l’incrédule, et s’y établissent pour toujours. L’incrédule aime les ténèbres ; il les appelle lumière, et il en vient à blasphémer, sans plus sentir qu’il blasphème. Le Juif en vient jusqu’à crucifier le Fils de Dieu pour rendre hommage à Dieu.
L’Église Gothique d’Espagne nous présente, dans son Bréviaire Mozarabe, cette belle prière composée de solennelles acclamations au Christ souffrant.
Sabbato Dominicæ V. Quadragesimæ. | |
V/. Verus Dei Filius Christe, | V/. O Christ, vrai Fils de Dieu ! |
R/. Exaudi : populo supplicanti miserere. | R/. Exaucez-nous, ayez pitié d’un peuple suppliant. |
V/. Qui triumpho Crucis tuæ salvasti solus orbem, tu cruoris tui pœna nos libera, | V/. Vous qui, par le triomphe de votre Croix, avez seul sauvé l’univers, délivrez-nous par votre sang expiateur. |
R/. Et exaudi. | R/. Exaucez-nous. |
V/. Qui moriens mortem damnas, resurgens vitam præstas, sustinens pro nobis pœnam indebitam | V/. Vous qui, en mourant, condamnez la mort, et par votre Résurrection procurez la vie ; vous qui souffrez pour nous une peine qui ne vous était pas due. |
R/. Et exaudi. | R/. Exaucez-nous. |
V/. Passionis tuaæ dies celebremus indemnes : ut per hoc dulcedo tua nos foveat. | V/. Accordez-nous de célébrer en paix ces jours de votre Passion. Dans ce saint temps, que votre bonté nous protège. |
R/. Et exaudi. | R/. Exaucez-nous. |
V/. Pro quibus passus es Crucem, non permittas perire ; sed per Crucem duc ad vitam perpetuam. | V/. Ne laissez pas périr ceux pour qui vous avez souffert la Croix ; mais, par la Croix, conduisez-les à la vie éternelle. |
R/. Et exaudi. | R/. Exaucez-nous. |
Saluons la sainte Croix, en empruntant la voix de l’Église Grecque, dans son Triodion.
Feria IV. mediæ Septimanæ.
En changeant la disposition de ses bras, pour répandre la bénédiction sur ses petits-fils, Jacob, l’illustre patriarche, marquait la figure de la Croix ; il présageait la bénédiction de salut qui, par la Croix, est descendue sur nous tous.
O Croix digne d’honneur, nous t’embrassons comme l’armure de salut, l’invincible trophée, le signe d’allégresse, l’instrument par lequel la mort a succombé ; nous qui participons à la gloire de celui qui fut attaché à tes bras.
Les hiérarchies angéliques assistent saisies de terreur, en présence du bois qui donne la vie. Car sur ce bois le Christ a versé son sang, et il a offert, pour éloigner des hommes la ruine qui les menaçait, le prix de la rédemption qui détruit tous les droits que le péché avait donnés aux démons.
O Verbe, j’ai été blessé par le glaive de l’ennemi ; guérissez-moi par votre sang ; hâtez-vous de déchirer par la lance de votre Passion la cédule de mes péchés, et inscrivez-moi au livre de vie.
O Croix digne d’hommages, lorsque tu fus plantée en terre, les demeures infernales en furent ébranlées ; mais tu es devenue pour les fidèles l’appui solide, la protection qui ne manque jamais.
Rendus fertiles en vertus, cueillons sur ce bois divin les fruits vivifiants que nous présente Jésus, la vigne féconde, étendue sur ce bois.
Nous louons, ô Jésus, votre immense bonté, en adorant la Croix, la lance et le roseau avec lesquels vous avez renversé, dans votre miséricorde, le mur de séparation qui nous faisait ennemis de Dieu.
Le titulus de Pallacines, érigé dans les premières années de la paix par le pape Marc, est déjà connu des lecteurs. Celui de Marcel s’élève sur la via Lata, au lieu où aurait existé autrefois la maison d’une matrone du nom de Lucine, qui l’aurait convertie en paroisse. Des découvertes récentes, faites en ce lieu, confirment les données des Actes de saint Marcel, en sorte que nous pouvons conclure que l’église s’éleva vraiment sous le pontificat du martyr qui y trouva par la suite une honorable sépulture.
Le verset pour l’introït est pris au psaume 17 ; c’est un hymne d’action de grâces, pour le salut donné au juste : « Celui qui m’a délivré d’un peuple violent m’élève au-dessus de mes agresseurs et me soustrait à la colère de l’ennemi. » De quelle façon le Père correspondit-Il à cette énergique espérance de son Fils mourant ? Il le délivra des liens de la mort, l’établit juge dont on ne peut appeler, sur l’humanité tout entière, y compris ceux qui, assis naguère au lithostrotos ou dans l’hémicycle du sanhédrin, avaient crié : reus est mortis ; enfin il le fit sortir du scheol et le constitua premier-né de tous les morts qui devront renaître, et principe et source d’indéfectible vie. Désormais le jeûne quadragésimal approche de son terme, aussi prions-nous le Seigneur afin que, l’abstinence matérielle de nourriture étant déjà sanctifiée grâce à la mortification de tous les autres appétits déréglés, les âmes des fidèles soient de plus en plus éclairées. Et parce que c’est Lui-même qui nous met ces vœux sur les lèvres, qu’il les accueille avec bienveillance et les couronne d’un effet abondant.
Les catéchumènes devront, sous peu, promettre publiquement d’observer la loi divine ; aussi l’Église, avec plus d’insistance que de coutume, revient aujourd’hui au Décalogue (Levit., XIX, 1-2, 11-19 et 25). Mais les dix paroles de la thora se résument toutes, dans le Nouveau Testament, en un seul mot : charité, puisque, comme saint Paul l’a expliqué, le précepte de l’amour n’ayant pas de limites, embrasse Dieu et le prochain et il est la raison intime de tout devoir. Nous devons vouloir le bien de Dieu parce qu’il est notre Père, et du prochain parce qu’il est notre frère. Or, vouloir du bien, c’est aimer ; et c’est pourquoi la charité est la clef de voûte de tout l’édifice chrétien.
Le graduel est tiré du psaume 29 et, comme à l’ordinaire, anticipe, durant le deuil de la Passion, le chant triomphal de Pâques. Ainsi fit Jésus dans la dernière Cène, et la sainte liturgie reste fidèle à son exemple, pour fortifier notre espérance en face du scandale de la Croix : « Je vous exalterai, ô Seigneur, parce que vous m’avez mis à l’abri des ombres du Scheol, et vous n’avez pas permis que mes ennemis, qui, après m’avoir tué, m’avaient placé dans un tombeau muni de leurs sceaux et gardé par les soldats, triomphent de moi. Vous avez tiré mon âme du Scheol, vous m’avez sauvé quand j’étais déjà sur le point de descendre dans la fosse, vous n’avez pas permis que mon corps fût sujet aux lois communes de la nature et tombât en corruption. Au contraire, en entendant mon cri vous l’avez ressuscité de la mort, guérissant ses plaies et les glorifiant par une lumière divine incomparable. »
A Jérusalem l’on célèbre les Encaënia, ainsi qu’appelaient la nouvelle dédicace du temple les juifs hellénistes (Ioan. X, 22-38). Le temps était pluvieux (l’évangéliste, tout en écrivant en grec, pensait en syriaque ; or, dans cette langue, le même mot indique la pluie et le temps hivernal ; mais on voit par le contexte que la première signification convient mieux au récit, tandis que le fait qu’on était en hiver n’a aucun rapport avec la promenade de Jésus sous les portiques) ; aussi le divin Sauveur instruisit-il le peuple en allant et venant sous les portiques dits de Salomon, comme jadis les péripatéticiens et les stoïciens d’Athènes.
Jésus va à la fête des Encaënia et nous enseigne ainsi la régularité avec laquelle il convient d’accourir aux solennités ecclésiastiques, pour qu’elles soient vraiment l’expression sociale et collective de l’unité mystique qui joint tous les fidèles au Rédempteur, dans un seul sentiment de foi, d’espérance et d’amour.
La demande que lui font les Juifs et la perplexité dont ils se disent tourmentés ne sont pas sincères mais feintes ; ils veulent arracher au Seigneur une parole qui puisse le compromettre près du Sanhédrin ; or Jésus n’accorde ni sa confiance ni son intimité à celui qui n’agit pas loyalement avec lui et ne le cherche pas avec une intention droite. Si ses interlocuteurs avaient voulu sincèrement s’instruire du rôle messianique et de la divinité du Rédempteur, ils en auraient trouvé mille preuves dans sa doctrine et dans ses miracles. Mais ce n’est point cela qu’ils cherchaient : ils voulaient une parole qui pût servir de prétexte au Sanhédrin en vue d’un procès religieux contre le divin Maître, et cette parole, Il ne la prononce pas pour le moment, mais Il en appelle à ses œuvres.
Le verset ad offerendum est tiré du psaume 58 : « Sauvez-moi de mes ennemis qui sont prêts à m’assaillir. » Sauvez-moi, ô mon Père, non pas en me soustrayant à la Croix, puisque je suis venu précisément mourir pour les hommes ; mais en ne permettant pas que la mort et le péché triomphent sur moi, c’est-à-dire sur mon corps mystique qui est l’Église.
Dans l’introduction à l’anaphore consécratoire, nous prions Dieu de nous accorder de lui offrir le sacrifice avec la dévotion convenable. Cette grâce de la piété est un des sept dons du Saint-Esprit, et, selon l’Apôtre, elle est utile en toute circonstance de la vie, et donne une saveur surnaturelle à tous nos jugements, à nos paroles, à nos actes. Entendue en ce sens, la piété est un point de vue spécial auquel l’âme se place pour pouvoir ensuite agir sous la lumière de Dieu et avec sa grâce.
Le verset pour la communion est emprunté au psaume 25 et se rapporte délicatement à la pureté avec laquelle il convient de s’approcher de l’autel eucharistique de Dieu. On n’exige pas toutefois une innocence absolue de toute tache de péché véniel : Dieu est un feu purificateur qui consume et détruit dans les flammes de son saint amour toute la paille et ce qui ne résiste pas à l’action du feu divin. Il est expédient toutefois que l’âme n’ait pas d’attache au péché et consente à se laisser envahir par les flammes de la déifique charité.
La collecte d’action de grâces est la même qu’au jeudi de quinquagésime. On y implore de Dieu que, comme les espèces sacramentelles sont le signe visible de la res sacra, c’est-à-dire du Corps du Christ, à son tour la communion à ce Corps soit le symbole de notre union avec Lui, cause et principe de tout notre salut.
Jésus a opéré devant les Juifs un grand nombre de prodiges en confirmation de sa mission messianique et de sa divinité ; néanmoins, ils trouvent que tout cela n’est pas concluant et ils se lamentent de ce que Jésus les tient dans la perplexité. Ainsi en arrive-t-il toujours avec les incrédules : les vérités divines le plus vigoureusement affirmées dans les Écritures et enseignées par l’Église seront toujours obscurcies par mille nuées d’incertitude, uniquement parce qu’ils se servent de leur intelligence non pour croire mais pour subtiliser et combattre la vérité. Il est inutile de prétendre à pénétrer le dogme ; il faut commencer par croire Dieu qui parle et l’Église qui enseigne, selon la parole d’Isaïe tant répétée par saint Anselme d’Aoste : Nisi credideritis non intelligetis.
Le Bon Pasteur donne la vie, il exige l’obéissance.
Le Bon Pasteur demande à ses brebis de le suivre (accomplissement des commandements) ; en retour, il leur donne la « vie éternelle » et sacrifie pour elles sa propre vie. Voici les antiennes directrices du jour : « Mes brebis entendent ma voix et moi, le Seigneur, je tes connais » (Ant. Bened.). « Je vous ai fait beaucoup de bien ; pour laquelle de mes œuvres voulez-vous me faire mourir ? » Le matin, dans le soleil levant, nous voyons le Bon Pasteur, dont nous voulons écouter la voix ; le crépuscule nous fait pressentir sa mort. Ainsi cette antique messe nous présente une belle alliance du thème du Baptême et du thème de la Passion dans l’image du Bon Pasteur.
1. La messe (Liberator meus). — La communauté chrétienne se rend aujourd’hui, avec les catéchumènes, dans l’église du pape Saint Marcel, dont nous avons célébré la fête le 16 Janvier. L’église est une antique église titulaire du IVe siècle ; actuellement, elle est entièrement transformée. Sous le maître-autel se trouve une urne de basalte vert, qui contient les reliques du saint de station (elles furent transférées là au IXe siècle). Aujourd’hui est encore un grand jour d’examen au sujet des commandements que nous avons reçus il y a quinze jours (faisons nous-mêmes un examen personnel). C’est pourquoi la leçon nous donne un extrait de l’explication biblique des commandements.
L’Introït est une prière du Christ, une prière de Passion, mais aussi une prière de Résurrection. Dieu est celui qui « le délivre de la fureur des Gentils » (songeons au couronnement d’épines), qui le sauve de « l’homme méchant » (Judas) ; la Passion est décrite d’une façon saisissante dans l’image de l’orage (Psaume 17, dans son extension). Pourtant, au milieu des souffrances du Christ, le Père est son amour, son rocher et sa citadelle.
Nous ne savons pas si le Graduel est une prière du Christ ou une prière des catéchumènes. Dans l’un ou l’autre cas, c’est une action de grâces pour la Résurrection à Pâques (thème pascal).
A l’Évangile, nous voyons une autre scène de la Passion ; les Juifs entourent le Seigneur, à la fête de la Dédicace. Ils ne sont pas ses brebis qui entendent sa voix et croient en lui, comme les catéchumènes et les fidèles, auxquels il donne, dans l’Eucharistie, la « vie éternelle ». Ces loups peuvent bien déchirer le Pasteur, il ne leur est pas permis de dérober les brebis. Les Juifs, une fois encore, veulent le lapider.
A l’Offrande, nous apportons le souvenir de la Passion du Christ et nous prêtons notre voix aux lamentations du Seigneur.
A la Communion, nous allons en procession, comme des agneaux innocents rangés autour du Bon Pasteur (Ps. 25). Comparons encore les deux lectures. Les sévères avertissements que nous donne la leçon deviennent, dans l’Évangile, la charmante image du Bon Pasteur. Les relations avec Dieu ne sont plus les mêmes dans le Nouveau Testament : dans l’Ancien, règne la crainte ; dans le Nouveau, l’amour et la confiance.
2. L’image du Bon Pasteur. — L’Église nous met devant les yeux l’image liturgique du Bon Pasteur et nous dit, de lui, trois choses : « Mes brebis entendent ma voix... je leur donne la vie éternelle et personne ne les arrachera de mes mains. » Tel est le contenu de la messe d’aujourd’hui. a) Les jeunes brebis (les catéchumènes) ont reçu, voilà quinze jours, les commandements ; depuis, elles suivent le Bon Pasteur. Elles doivent, aujourd’hui, subir un examen sur les commandements de Dieu. C’est et ce sera toujours la condition préalable pour appartenir au troupeau du Christ ; c’est vrai aussi pour nous, les fidèles. Nous savons que, pour les chrétiens, les commandements ne sont pas un joug pénible ; ils sont le bâton de berger qui nous guide et nous écarte des mauvais chemins. Il nous est plus facile de « suivre » quand nous savons que le Bon Pasteur marche devant nous dans tous les sentiers rudes et escarpés et que nous n’avons qu’à mettre nos pieds dans l’empreinte de ses pas. Il a toujours fait la volonté de celui qui l’a envoyé et c’est pourquoi il est facile de le suivre. Et quel est le contenu principal de tous ses commandements ? C’est l’amour — l’amour de Dieu et du prochain. « Je t’aimerai, toi qui est ma force. » Faisons aujourd’hui un scrutin (un examen de conscience) au sujet de son « commandement. »
b) Le Bon Pasteur ne se contente pas d’exiger ; lui aussi donne quelque chose : « la vie éternelle ». C’est là le grand don pascal. Le Christ est venu sur la terre, il est mort, il est ressuscité pour nous acquérir la vie éternelle. C’est aussi la vie éternelle que les catéchumènes attendent, que les fidèles renouvellent et développent ; dans le Baptême, on reçoit cette vie éternelle ; dans l’Eucharistie, on la nourrit et on la perfectionne. Les catéchumènes et les fidèles entendent donc le message du Christ dans l’Évangile : « Je leur donne la vie éternelle. »
c) Une troisième chose : Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Aujourd’hui encore, les Juifs hostiles l’entourent et lèvent la main pour le lapider ; mais lui, il déclare sa divinité. Sa Passion et sa Croix étaient le prix avec lequel il devait acquérir pour nous la vie éternelle : « personne ne peut les arracher de mes mains ». — Ces trois pensées se réalisent dans chaque messe ; dans le Saint Sacrifice, le Bon Pasteur rend actuel le don de lui-même pour ses brebis ; dans l’avant-messe, « ses brebis écoutent sa voix » ; dans la communion, « il leur donne la vie éternelle ».
[1] Les Juifs l’entourèrent donc, et lui dirent : Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-le-nous clairement. Jésus leur répondit : Je vous parle, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent elles-mêmes témoignage de moi. Mais vous ne croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses, et personne ne peut le ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous ne sommes qu’un. Alors les Juifs prirent des pierres, pour le lapider. Jésus leur dit : Je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres, venant de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ? Les Juifs lui répondirent : Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème et parce qu’étant homme vous vous faites Dieu. Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Si elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée (et l’Écriture ne peut être détruite), comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, et si vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi dans le Père.
[2] Ps 37, 7.
[3] Ps 68, 17.
[4] Ps 68, 18.
[5] Afin que ma résurrection les confonde ou les convertisse.
[6] Jér 9, 1.
[7] Jér 9, 4.
[8] Ps 34, 6.
[9] I Johan, III, l6.