Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Près de l’endroit où la voie Appienne se bifurque et donne naissance, à gauche, à la voie latine se trouve une église, élevée sur l’emplacement où S. Jean fut plongé, par ordre de Domitien, dans une chaudière d’huile bouillante. C’est là que : se faisait en ce jour la Station. En ce saint Temps de la Passion ce Saint, qui se trouva aussi au pied de la croix, nous dit que nous devons savoir tout souffrir pour Jésus-Christ et que nous devons unir nos sacrifices au sien. C’est la raison pour laquelle l’Église a choisi le sanctuaire d’un martyr pour chacun des jours de cette semaine.
L’Introït, l’Offertoire et la communion sont repris de la veille : en effet, ce jour était aliturgique.
Ant. ad Introitum. Ps. 30, 10,16 et 18. | Introït |
Miserére mihi, Dómine, quóniam tríbulor : libera me, et éripe me de mánibus inimicórum meórum et a persequéntibus me : Dómine, non confúndar, quóniam invocávi te. | Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis très affligé, délivrez-moi et arrachez-moi de la main de mes ennemis et de mes persécuteurs. Seigneur, que je ne sois pas confondu, car je vous ai invoqué. |
Ps. ibid., 2. | |
In te, Dómine, sperávi, non confúndar in ætérnum : in iustítia tua líbera me. Miserére mihi. | J’ai espéré en vous, Seigneur, que je ne sois jamais confondu ; dans votre justice, délivrez-moi. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Profíciat, quǽsumus, Dómine, plebs tibi dicáta piæ devotiónis afféctu : ut sacris actiónibus erudíta, quanto maiestáti tuæ fit grátior, tanto donis potióribus augeátur. Per Dóminum. | Faites, nous vous en prions. Seigneur, que le peuple qui vous est consacré, progresse dans la ferveur d’une pieuse dévotion, en sorte que, trouvant une instruction dans les actions saintes, il soit d’autant plus enrichi de vos dons les meilleurs, qu’il se rendra plus agréable à votre majesté. Par Notre-Seigneur. |
Léctio Ieremíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Jérémie. |
Ier. 18, 18-23. | |
In diébus illis : Dixérunt ímpii Iudǽi ad ínvicem : Veníte, et cogitémus contra iustum cogitatiónes : non enim períbit lex a sacerdóte, neque consílium a sapiénte, nec sermo a prophéta : veníte, et percutiámus eum lingua, et non attendámus ad univérsos sermónes eius. Atténde, Dómine, ad me, et audi vocem adversariórum meórum. Numquid rédditur pro bono malum, quia fodérunt fóveam ánimæ meæ ? Recordáre, quod stéterim in conspéctu tuo, ut lóquerer pro eis bonum, et avérterem indignatiónem tuam ab eis. Proptérea da fílios eórum in famem, et deduc eos in manus gládii : fiant uxóres eórum absque líberis, et víduæ : et viri eárum interficiántur morte : iúvenes eórum confodiántur gládio in prǽlio. Audiátur clamor de dómibus eórum : addúces enim super eos latrónem repénte : quia fodérunt foveam, ut cáperent me, et láqueos abscondérunt pédibus meis. Tu autem, Dómine, scis omne consílium eórum advérsum me in mortem : ne propitiéris iniquitáti eórum, et peccátum eórum a fácie tua non deleátur. Fiant corruéntes in conspéctu tuo, in témpore furóris tui ab útere eis, Dómine, Deus noster. | En ces jours-là, les Juifs impies se dirent entre eux : Venez, et formons des desseins contre le juste ; car la loi ne périra pas faute de prêtre, ni le conseil faute de sage, ni la parole faute de prophète ; venez, frappons-le avec la langue, et ne prenons pas garde à tous ses discours. Jetez les yeux sur moi, Seigneur, et écoutez la voix de mes adversaires. Est-ce qu’on rend le mal pour le bien, puisqu’ils creusent une fosse pour m’ôter la vie ? Souvenez-vous que je me suis tenu devant vous, pour vous parler en leur faveur, et pour détourner d’eux votre indignation. C’est pourquoi livrez leurs enfants à la famine, et faites-les passer au fil de l’épée ; que leurs femmes perdent leurs enfants et deviennent veuves, et que leurs maris soient mis à mort ; que leurs jeunes gens soient percés par le glaive dans le combat ; qu’on entende des cris sortir de leurs maisons ; car vous ferez fondre soudain sur eux le brigand, parce qu’ils ont creusé une fosse pour me prendre, et qu’ils ont caché des filets sous mes pieds. Mais vous, Seigneur, vous connaissez tous leurs desseins de mort contre moi ; ne leur pardonnez pas leur iniquité, et que leur péché ne s’efface pas de devant vous ; qu’ils tombent en votre présence ; au temps de votre fureur traitez-les sévèrement, ô Seigneur notre Dieu. |
Graduale. Ps. 34, 20 et 22. | Graduel |
Pacífice loquebántur mihi inimíci mei : et in ira molésti erant mihi. | Mes ennemis, en m’adressant des paroles de paix, dans leur colère, méditaient de perfides desseins. |
V/. Vidísti, Dómine, ne síleas : ne discédas a me. | Vous l’avez vu, Seigneur, ne vous éloignez pas de moi. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 12, 10-36. | |
In illo témpore : Cogitavérunt príncipes sacerdótum, ut et Lázarum interfícerent : quia multi propter illum abíbant ex Iudǽis, et credébant in Iesum. In crastínum autem turba multa, quæ vénerat ad diem festum, cum audíssent, quia venit Iesus Ierosólymam, accepérunt ramos palmárum, et processérunt óbviam ei, et clamábant : Hosánna, benedíctus, qui venit in nómine Dómini, Rex Israël. Et invénit Iesus aséllum, et sedit super eum, sicut scriptum est : Noli timére, fília Sion : ecce, Rex tuus venit sedens super pullum ásinæ. Hæc non cognovérunt discípuli eius primum : sed quando glorificátus est Iesus, tunc recordáti sunt, quia hæc erant scripta de eo : et hæc fecérunt ei. Testimónium ergo perhibébat turba, quæ erat cum eo, quando Lázarum vocávit de monuménto, et suscitávit eum a mórtuis. Proptérea et óbviam venit ei turba : quia audiérunt eum fecísse hoc signum. Pharisǽi ergo dixérunt ad semetípsos : Vidétis, quia nihil profícimus ? Ecce, mundus totus post eum ábiit. Erant autem quidam gentíles ex his, qui ascénderant, ut adorárent in die festo. Hi ergo accessérunt ad Philíppum, qui erat a Bethsáida Galilǽæ : et rogábant eum, dicéntes : Dómine, vólumus Iesum vidére. Venit Philíppus, et dicit Andréæ : Andréas rursum et Philíppus dixérunt Iesu. Iesus autem respóndit eis, dicens : Venit hora, ut clarificétur Fílius hóminis. Amen, amen, dico vobis, nisi granum fruménti cadens in terram mórtuum fúerit, ipsum solum manet : si autem mórtuum fúerit, multum fructum affert. Qui amat ánimam suam, perdet eam : et qui odit ánimam suam in hoc mundo, in vitam ætérnam custódit eam. Si quis mihi minístrat, me sequátur : et ubi sum ego, illic et miníster meus erit. Si quis mihi ministráverit, honorificábit eum Pater meus. Nunc anima mea turbáta est. Et quid dicam ? Pater, salvífica me ex hac hora. Sed proptérea veni in horam hanc. Pater, clarífica nomen tuum. Venit ergo vox de cælo : Et clarificávi, et íterum clarificábo. Turba ergo, quæ stabat et audíerat, dicebat tonítruum esse factum. Alii dicébant : Angelus ei locútus est. Respóndit Iesus et dixit : Non propter me hæc vox venit, sed propter vos. Nunc iudícium est mundi, nunc princeps huius mundi eiiciétur foras. Et ego si exaltátus fúero a terra, ómnia traham ad meípsum. (Hoc autem dicebat, signíficans, qua morte esset moritúrus.) Respóndit ei turba : Nos audívimus ex lege, quia Christus manet in ætérnum, et quómodo tu dicis : Oportet exaltári Fílium hominis ? Quis est iste Fílius hominis ? Dixit ergo eis Iesus : Adhuc módicum lumen in vobis est. Ambuláte, dum lucem habétis, ut non vos ténebræ comprehéndant : et qui ámbulat in ténebris, nescit, quo vadat. Dum lucem habétis, crédite in lucem : ut fílii lucis sitis. Hæc locútus est Iesus : et ábiit, et abscóndit se ab eis. | En ce temps-là, les princes des prêtres pensèrent à faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus. Le lendemain, une foule nombreuse, qui était venue pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier, et alla au-devant de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, ainsi qu’il est écrit : Ne crains point, fille de Sion ; voici ton roi, qui vient assis sur le petit d’une ânesse. Les disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais, après que Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent alors qu’elles avaient été écrites à son sujet, et qu’ils les lui avaient faites. La foule qui était avec lui lorsqu’il avait appelé Lazare du tombeau, et l’avait ressuscité d’entre les morts, lui rendait témoignage. C’est pour cela aussi que la foule vint au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle. Les pharisiens dirent donc entre eux : Voyez-vous que nous ne gagnons rien ? voilà que tout le monde va après lui. Or il y avait là quelques Gentils, de ceux qui étaient montés pour adorer au jour de la fête. Ils s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée ; et ils le priaient, en disant : Seigneur, nous voulons voir Jésus. Philippe vint, et le dit à André : puis André et Philippe le dirent à Jésus. Jésus leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment qui tombe en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde, la conserve pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où je suis, mon serviteur sera aussi. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant, mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure. Père, glorifiez votre nom. Alors vint une voix du ciel : Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore. La foule, qui était présente, et qui avait entendu, disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : C’est un ange qui lui a parlé. Jésus répondit, et dit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous. C’est maintenant le jugement du monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. Il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir. La foule lui répondit : Nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement ; comment donc dites-vous : II faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Quel est ce Fils de l’homme ? Jésus leur dit : La lumière est encore pour un temps parmi vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha d’eux. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 118, 12, 121 et 42. | Offertoire |
Benedíctus es, Dómine, doce me iustificatiónes tuas : et non tradas calumniántibus me supérbis : et respondébo exprobrántibus mihi verbum. | Vous êtes béni, Seigneur : enseignez-moi vos commandements ; ne me livrez pas aux superbes qui me calomnient : et je pourrai répondre à ceux qui m’insultent. |
Secreta. | Secrète |
A cunctis nos, quǽsumus, Dómine, reátibus et perículis propitiátus absólve : quos tanti mystérii tríbuis esse consórtes. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, soyez-nous propice : préservez de toute culpabilité et de tout péril ceux que vous faites participer à un si grand mystère. Par N.-S. |
Præfatio de sancta Cruce. | Préface de la sainte Croix . |
Ant. ad Communionem. Ps. 26, 12. | Communion |
Ne tradíderis me, Dómine, in ánimas persequéntium me : quóniam insurrexérunt in me testes iníqui, et mentíta est iníquitas sibi. | Ne me livrez pas ; Seigneur, à la merci de ceux qui me persécutent : des témoins iniques se sont élevés contre moi et l’iniquité a menti contre elle-même. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Divíni múneris largitáte satiáti, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut huius semper participatióne vivámus. Per Dóminum. | L’âme rassasiée par la grandeur du don divin, nous vous demandons instamment, Seigneur notre Dieu, de faire que nous vivions toujours de la participation à ce mystère. Par Notre-Seigneur. |
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo. | Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu. |
Oratio. | Prière |
Tueátur, quǽsumus, Dómine, déxtera tua pópulum deprecántem : et purificátum dignánter erúdiat ; ut, consolatióne præsénti, ad futúra bona profíciat. Per Dóminum. | Nous vous en supplions, Seigneur, que votre droite protège le peuple qui vous prie et qu’après l’avoir purifié elle l’instruise avec bonté, en sorte qu’au moyen d’une consolation présente, il avance vers les biens futurs. Par N.-S. |
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Hódie, si vocem Dómini audiéritis, * Nolíte obduráre corda vestra. | Aujourd’hui si vous entendez la voix du Seigneur, * N’endurcissez pas vos cœurs. |
Pange, Lingua, gloriósi (matines de la Passion)
Lectio i | 1ère leçon |
Léctio sancti Evangélii secúndum Ioánnem | Lecture du saint Évangile selon saint Jean |
Cap. 12, 10-36 | |
In illo témpore : Cogitavérunt príncipes sacerdótum ut et Lázarum interfícerent : quia multi propter illum abíbant ex Iudæis, et credébant in Iesum. Et réliqua. | En ce temps-là, les princes des prêtres pensèrent à faire mourir aussi Lazare, parce que beaucoup d’entre les Juifs se retiraient d’eux à cause de lui, et croyaient en Jésus. Et le reste. [1] |
Homilía sancti Augustíni Episcopi | Homélie de saint Augustin, Évêque |
Tract. 50 in Ioannem, in fine | |
Viso Lázaro resuscitáto, quia tantum miráculum Dómini tanta erat evidéntia diffamátum, tanta manifestatióne declarátum, ut non possent vel occúltare quod factum est, vel negáre : quid invenérunt, vidéte. Cogitavérunt autem príncipes sacerdótum ut et Lázarum interfícerent. O stulta cogitátio, et cæca sævítia ! Dóminus Christus, qui suscitáre pótuit mórtuum, non posset occísum ! Quando Lázaro inferebátis necem, numquid auferebátis Dómino potestátem ? Si áliud vobis vidétur mórtuus, áliud occísus : ecce Dóminus utrúmque fecit, et Lázarum mórtuum, et seípsum suscitávit occísum. | Les Juifs virent Lazare ressuscité, et comme ce grand miracle du Seigneur avait été publié avec une telle évidence, manifesté si notoirement que ses ennemis ne pouvaient ni dissimuler le fait ni le nier, voyez l’expédient qu’ils trouvèrent. « Les princes des prétres songèrent à faire mourir Lazare lui-même. » O projet stupide et aveugle cruauté ! Le Seigneur Jésus-Christ, qui a pu ressusciter cet homme mort par suite d’une maladie, ne pourrait-il pas lui rendre la vie s’il était tué ? En donnant la mort à Lazare, ôteriez-vous au Seigneur sa puissance ? S’il vous semble qu’autre chose est de ressusciter un homme décédé, autre chose de ressusciter un homme tué, sachez que le Seigneur a fait l’un et l’autre miracle. Il a ressuscité Lazare, victime d’une mort naturelle, et il s’est ressuscité lui-même après que vous l’avez tait mourir de mort violente. |
R/. Tota die contristátus ingrediébar, Dómine : quóniam ánima mea compléta est illusiónibus : * Et vim faciébant, qui quærébant ánimam meam. | R/. Tout le jour [2] je marchais contristé, Seigneur, parce que mon âme est remplie d’illusions, * |
V/. Amíci mei et próximi mei advérsum me appropinquavérunt et stetérunt : et qui iuxta me erant, de longe stetérunt. | V/. Mes amis et mes proches se sont approchés vis-à-vis de moi, et ils se sont arrêtés ; et ceux qui étaient près de moi, s’en sont tenus éloignés. |
R/. Et vim faciébant, qui quærébant ánimam meam. | R/. Et ceux qui cherchaient mon âme usaient de violence. |
Lectio ii | 2e leçon |
In crástinum autem turba multa, quæ vénerat ad diem festum, cum audíssent quia venit Iesus Ierosólymam : accepérunt ramos palmárum, et processérunt óbviam ei, et clamábant : Hosánna, benedíctus qui venit in nómine Dómini, Rex Israël. Rami palmárum laudes sunt, significántes victóriam : quia erat Dóminus mortem moriéndo superatúrus, et trophǽo crucis de diábolo mortis príncipe triumphatúrus. Vox autem obsecrántis est Hosánna, sicut nonnúlli dicunt, qui Hebrǽam linguam novérunt, magis afféctum índicans, quam rem áliquam signíficans, sicut sunt in lingua Latína, quas interiectiónes vocant : velut cum doléntes dícimus, heu ; vel cum deléctamur, vah dícimus. | « Le Lendemain, une foule nombreuse qui était venue pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, prit des rameaux de palmiers, et alla au-devant de lui, criant : Hosanna, béni celui qui vient au nom du Seigneur, comme roi d’Israël. » Les rameaux de palmiers sont les louanges et l’emblème de la victoire : le Seigneur devait en effet vaincre la mort en mourant lui-même, et triompher par le trophée de la croix, du démon, prince de la mort. Selon quelques interprètes qui connaissent la langue hébraïque, Hosanna est une parole de supplication qui exprime plutôt un sentiment du cœur qu’une pensée déterminée ; tels sont les mots qu’on appelle interjections dans la langue latine ; ainsi dans la douleur nous nous écrions : hélas ! ou dans la joie : ah ! |
R/. Ne avértas fáciem tuam a púero tuo, Dómine : * Quóniam tríbulor, velóciter exáudi me. | R/. Seigneur [3], ne détournez pas votre face de votre serviteur : * Parce que je suis tourmenté, exaucez-moi promptement. |
V/. Inténde ánimæ meæ, et líbera eam : propter inimícos meos éripe me. | V/. Soyez [4] attentif à mon âme et délivrez-la à cause de mes ennemis [5] ; sauvez-moi. |
R/. Quóniam tríbulor, velóciter exáudi me. | R/. Parce que je suis tourmenté, exaucez-moi promptement. |
Lectio iii | 3e leçon |
Has ei laudes turba dicébat : Hosánna, benedíctus, qui venit in nómine Dómini, Rex Israël. Quam crucem mentis invidéntia príncipum Iudæórum pérpeti potúerat, quando Regem suum Christum tanta multitúdo clamábat ? Sed quid fuit Dómino Regem esse Israël ? Quid magnum fuit Regi sæculórum, Regem fíeri hóminum ? Non enim Rex Israël Christus ad exigéndum tribútum, vel exércitum ferro armándum, hostésque visibíliter debellándos : sed Rex Israël, quod mentes regat, quod in ætérnum cónsulat, quod in regnum cælórum credéntes, sperántes, amantésque perdúcat. | La foule le saluait donc par ces acclamations : « Hosanna ! béni celui qui vient au nom du Seigneur comme roi d’Israël. » Quelle torture l’esprit envieux des princes des Juifs ne devait-il pas souffrir lorsqu’une si grande multitude acclamait le Christ comme son roi ? Mais qu’était-ce pour le Seigneur que d’être roi d’Israël ? Était-ce quelque chose de grand pour le roi des siècles, de devenir roi des hommes ? Le Christ ne fut pas roi d’Israël pour exiger des tributs, armer de fer des bataillons et dompter visiblement ses ennemis, mais il est roi d’Israël parce qu’il gouverne les âmes, parce qu’il veille sur elles pour l’éternité, parce qu’il conduit au royaume des Cieux ceux qui croient en lui, qui espèrent en lui et qui l’aiment. |
R/. Quis dabit cápiti meo aquam, et óculis meis fontem lacrimárum, et plorábo die ac nocte ? quia frater propínquus supplantávit me, * Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. | R/. Qui donnera [6] à ma tête de l’eau, et à mes yeux une fontaine de larmes, et je pleurerai jour et nuit ? parce que [7] mon frère, mon proche parent m’a supplanté, * Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. |
V/. Fiant viæ eórum ténebræ et lúbricum : et Angelus Dómini pérsequens eos. | V/. Que leurs voies [8] deviennent ténébreuses et glissantes, et qu’un Ange du Seigneur les poursuive. |
R/. Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. R/. Quis dabit cápiti meo aquam, et óculis meis fontem lacrimárum, et plorábo die ac nocte ? quia frater propínquus supplantávit me, Et omnis amícus fraudulénter incessit in me. | R/. Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. R/. Qui donnera à ma tête de l’eau, et à mes yeux une fontaine de larmes, et je pleurerai jour et nuit ? parce que mon frère, mon proche parent m’a supplanté, Et tous mes amis ont usé de fraude envers moi. |
A LAUDES
Lustra sex (laudes de la Passion)
Ad Bened. Ant. Clarífica me, Pater, * apud temetípsum claritáte, quam hábui priúsquam mundus fíeret. | Ant. au Bénédictus Glorifiez-moi, mon Père, * en vous-même, de la gloire que j’ai eue en vous avant que le monde fût. |
Aujourd’hui nous commençons, avec le saint Évangile, à compter d’une manière précise les jours qui doivent s’écouler encore avant l’immolation de notre divin Agneau. Ce Samedi est le sixième jour avant la Pâque, selon la supputation de saint Jean, au Chapitre XII.
Jésus est à Béthanie ; on donne un festin en son honneur. Lazare ressuscite assiste à ce repas qui a lieu chez Simon le Lépreux. Marthe s’occupe des soins du ménage ; sa sœur, Marie-Madeleine, à qui l’Esprit-Saint fait pressentir que la mort et la sépulture de son bien-aimé maître approchent, a préparé un parfum qu’elle vient répandre sur lui. Le saint Évangile, qui observe toujours une discrétion pleine de mystères sur la Mère de Jésus, ne nous dit point qu’elle était, en ce moment, à Béthanie ; mais il est impossible d’en douter. Les Apôtres s’y trouvaient aussi, et prirent part au repas. Pendant que les amis du Sauveur se serraient ainsi autour de lui, dans ce village de Béthanie, situé à deux mille pas de Jérusalem, le ciel devenait plus sombre au-dessus de la ville infidèle. Jésus doit cependant demain y faire une apparition ; mais ses disciples l’ignorent encore. Le cœur de Marie est en proie à toutes les tristesses ; Madeleine est absorbée dans des pensées de deuil ; tout annonce que le fatal dénouement est près d’éclater.
L’Église a cependant réservé le passage de l’Évangile de saint Jean qui raconte les faits de cette journée pour la Messe de Lundi prochain. La raison de cette particularité est que, jusqu’au XIIe siècle, il n’y avait pas aujourd’hui de Station à Rome. Le Pape préludait par une journée de vacation aux fatigues de la grande Semaine, dont les solennelles fonctions doivent commencer dès demain. Mais s’il ne présidait pas l’assemblée des fidèles, il ne laissait pas d’accomplir en ce jour deux prescriptions traditionnelles qui avaient leur importance dans les usages liturgiques de l’Église romaine.
Dans le cours de l’année, le Pape avait coutume d’envoyer, chaque dimanche, une portion de la sainte Eucharistie consacrée par lui à chacun des prêtres qui desservaient les Titres presbytéraux, ou églises paroissiales de la ville. Cet envoi, ou plutôt cette distribution, avait lieu dès aujourd’hui pour toute la Semaine sainte, peut-être parce que la fonction de demain n’aurait pas permis de l’effectuer aisément. Les anciens monuments liturgiques de Rome nous apprennent que la remise du pain sacré se faisait, en ce jour, dans le Consistoire de Latran ; le bienheureux Cardinal Tommasi et Benoît XIV inclinent à croire que les évêques des Églises suburbicaires y avaient part. On a d’autres preuves par l’antiquité que les Évêques s’envoyaient quelquefois mutuellement la sainte Eucharistie, en signe de la communion qui les unissait. Quant aux prêtres préposés aux Titres presbytéraux de la ville, auxquels était remise chaque semaine une portion de l’Eucharistie consacrée par le Pape, ils s’en servaient à l’autel, en mettant une parcelle de ce pain sacré dans le calice, avant de communier.
L’autre usage de ce jour consistait en une aumône générale à laquelle le Pape présidait, et qui sans doute était destinée par son abondance à suppléer à celle qui ne pouvait avoir lieu dans la Semaine sainte, trop remplie par les offices divins et les autres cérémonies. Les liturgistes du moyen âge montrent avec une pieuse complaisance la touchante relation qui existe entre le Pontife Romain exerçant en personne les œuvres de miséricorde envers les pauvres, et Marie-Madeleine embaumant de ses parfums, aujourd’hui même, les pieds du Sauveur.
Postérieurement au XIIe siècle, on a établi une Station en ce jour ; elle a lieu dans l’Église Saint-Jean devant la Porte Latine. Cette antique basilique s’élève près du lieu où le Disciple bien-aimé fut, par ordre de Domitien, plongé dans une chaudière d’huile bouillante.
ÉPÎTRE.
On ne lit pas sans frémir ces effrayants anathèmes que Jérémie, ligure de Jésus-Christ, adresse aux Juifs, ses persécuteurs. Cette prédiction, qui s’accomplit à la lettre lors de la première ruine de Jérusalem par les Assyriens, reçut une confirmation plus terrible encore, à la seconde visite de la colère de Dieu sur cette ville maudite. Ce n’était plus seulement Jérémie, un prophète, que les Juifs avaient poursuivi de leur haine et de leurs indignes traitements ; c’était le Fils même de Dieu qu’ils avaient rejeté et crucifié. C’est à leur Messie tant attendu qu’ils avaient « rendu le mal pour le bien ». Ce n’était pas seulement Jérémie « qui avait prié le Seigneur de leur faire grâce et de détourner de dessus eux son indignation » ; l’Homme-Dieu lui-même avait intercédé constamment en leur faveur ; et si enfin il les abandonnait à la justice divine, c’était après avoir épuisé toutes les voies de la miséricorde et du pardon. Mais tant d’amour avait été stérile ; et ce peuple ingrat, toujours plus irrité contre son bienfaiteur, s’écriait dans les transports de sa haine : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » Quel affreux arrêt Juda portait contre lui-même, en formant son épouvantable souhait ! Dieu l’entendit et s’en souvint. Le pécheur, hélas ! qui connaît Jésus-Christ et le prix de son sang, et qui répand de nouveau à plaisir ce sang précieux, ne s’expose-t-il pas aux rigueurs de cette même justice qui se montra si terrible envers Juda ? Tremblons et prions ; implorons la miséricorde divine en faveur de tant d’aveugles volontaires, de cœurs endurcis, qui courent à leur perte ; et par nos instances adressées au Cœur miséricordieux de notre commun Rédempteur, obtenons que l’arrêt qu’ils ont mérité soit révoqué et se change en une sentence de pardon.
ÉVANGILE.
Les ennemis du Sauveur sont arrivés à ce degré de fureur qui fait perdre le sens. Lazare ressuscité est devant leurs yeux ; et au lieu de reconnaître en lui la preuve incontestable de la mission divine de Jésus, et de se rendre enfin à l’évidence, ils songent à faire périr ce témoin irrécusable, comme si Jésus, qui l’a ressuscité une fois, ne pouvait pas de nouveau lui rendre la vie. La réception triomphale que le peuple fait au Sauveur dans Jérusalem, et dont la commémoration fera l’objet de la solennité de demain, vient encore accroître leur dépit et leur haine. « Nous n’y gagnons rien, disent-ils ; tout le monde va après lui. » Hélas ! Cette ovation d’un moment sera promptement suivie d’un de ces retours auxquels le peuple n’est que trop sujet. En attendant, voici jusqu’à des Gentils qui se présentent pour voir Jésus. C’est l’annonce du prochain accomplissement de la prophétie du Sauveur : « Le royaume des cieux vous sera enlevé, pour être donné à un peuple qui en produira les fruits [9] ». C’est alors que « le Fils de l’homme sera glorifié », que toutes les nations protesteront par leur humble hommage au Crucifié, contre l’affreux aveuglement des Juifs. Mais auparavant il faut que le divin « Froment soit jeté en terre, qu’il y meure » ; puis viendra le temps de la récolte, et l’humble grain rendra cent pour un.
Jésus cependant éprouve dans son humanité un moment de trouble à la pensée de cette mort. Ce n’est pas encore l’agonie du jardin ; mais un frisson l’a saisi. Écoutons ce cri : « Père ! sauvez-moi de cette heure. » Chrétiens, c’est notre Dieu qui s’émeut de crainte, en prévoyant ce qu’il aura bientôt à souffrir pour nous. Il demande d’échapper à cette destinée qu’il a prévue, qu’il a voulue. « Mais, ajoute-t-il, c’est pour cela que je suis venu ; ô Père, glorifiez votre nom. » Son cœur est calme maintenant ; il accepte de nouveau les dures conditions de notre salut. Entendez aussi cette parole de triomphe. Par la vertu du sacrifice qui va s’offrir, Satan sera détrôné ; « ce prince du monde va être jeté dehors. » Mais la défaite de Satan n’est pas l’unique fruit de l’immolation de notre Sauveur ; l’homme, cet être terrestre et dépravé, va quitter la terre et s’élever jusqu’au ciel. Le Fils de Dieu, comme un aimant céleste, l’attirera désormais à soi. « Quand je serai élevé de terre, dit-il, quand je serai attaché à ma croix, j’attirerai tout à moi. » Il ne pense plus à ses souffrances, à cette mort terrible qui tout à l’heure l’effrayait ; il ne voit plus que la ruine de notre implacable ennemi, que notre salut et notre glorification par sa croix. Nous avons dans ces paroles le cœur tout entier de notre Rédempteur ; si nous les méditons, elles suffisent à elles seules pour disposer nos âmes à goûter les mystères ineffables dont est remplie la grande Semaine qui s’ouvre demain.
Implorons le Sauveur de nos âmes, en récitant cette solennelle supplication que nous offre la Liturgie Gothique d’Espagne.
Feria VI. Dominicæ V. | |
V/. Miserere, et parce, clementissime Domine, populo tuo. | V/. Ayez pitié. Seigneur très clément, et pardonnez à votre peuple. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. De crucis throno aspice nos miseros, et passionum compeditos vinculis, nostris absolve, Redemptor, suppliciis. | V/. Du haut du trône de votre croix, jetez un regard sur nous, misérables et captifs dans les liens de nos passions ; ô Rédempteur ! Délivrez-nous des supplices que nous avons mérités. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Passus flagella, et crucis injuriam, persecutorum sustinens convicia, dona delictis nostris pœnitentiam. | V/. Vous qui avez souffert les fouets et l’ignominie de la croix, et supporté les outrages de vos persécuteurs, accordez-nous la pénitence de nos péchés. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Qui justus judex, male judicatus es , et pœnas crucis suscepisti innocens ; tu nos a pœnis nostris salva redimens. | V/. Juste juge, vous avez été jugé avec injustice, et quoique innocent vous avez souffert le supplice de la croix ; par votre Rédemption, sauvez-nous des peines qui nous sont dues. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
V/. Vox tua Patrem pro nobis expostulet, quæ silens fuit olim ante judicem, ut te regnante perfruamur Domino. | V/. Que votre voix, cette voix qui resta muette devant le juge, supplie pour nous le Père, afin que nous soyons admis à jouir du royaume dont vous êtes le Seigneur. |
R/. Quia peccavimus tibi. | R/. Car nous avons péché contre vous. |
En ce jour du Samedi, lisons à la louange de Marie affligée cette touchante Séquence que l’on trouve dans les livres d’Heures du XVIe siècle, et dans laquelle l’hommage rendu à la sainte Croix s’unit à celui que le chrétien rend à la Mère des douleurs.
SÉQUENCE. | |
LIGNUM vitæ quærimus,
Qui vitam amisimus Fructu ligni vetiti. | Nous cherchons l’arbre de vie,
nous qui avons perdu la vie en mangeant le fruit défendu. |
Nec inventum noverit
Qui fructum non viderit Adhærentem stipiti. | Celui dont l’œil n’a pas vu
le fruit adhérent à l’Arbre n’a pas vu l’Arbre lui-même. |
Fructus per quem vivitur
Pendet, sicut creditur, Virginis ad ubera. | Le fruit qui donne la vie
est suspendu au sein de la Vierge-Mère : ainsi l’enseigne la foi. |
Et ad Crucem iterum,
Inter viros scelerum, Passus quinque vulnera. | On le voit suspendu aussi
à l’Arbre de la Croix, entre les larrons, traversé de cinq blessures. |
HicVirgo puerpera,
Hic Crux salutifera : Ambo ligna mystica. | La Vierge-Mère,
la Croix qui nous sauve, sont les deux arbres mystiques : |
Hæc hyssopus humilis,
Illa cedrus nobilis : Utraque vivifica. | L’une humble comme l’hysope,
l’autre imposante comme le cèdre : toutes deux donnant la vie. |
Positus in medio,
Quo me vertam nescio. | Placé entre l’une et l’autre,
laquelle attirera mes regards ? |
In hoc dulci dubio,
Dulcis est collatio. | Dans cet embarras plein de charmes,
je me livre à la comparaison. |
Hic complexus brachiis,
Modis vagit variis. | Retenu par les bras maternels,
c’est un enfant qui pousse des vagissements. |
Hic extendit brachia,
Complexurus omnia. | Sur la Croix, il étend les bras
vers les hommes pour les embrasser tous. |
Charum Mater tenere
Novit hic tenere. | Ici c’est sa Mère pleine de tendresse
qui le retient sur son cœur. |
Charitas sub latere,
Nescit hic latere. | Là c’est l’amour lui-même, qui ne consent pas
à demeurer caché dans sa poitrine. |
Hic adhærens pectori,
Pascitur ab ubere. | Ici il s’attache à la mamelle,
pour en être nourri. |
Hic affixus arbori,
Pascit nos ex vulnere. | Là il est cloué au bois ;
et le sang de ses blessures est notre breuvage. |
Crux ministrat pabula,
Fructu nos reficiens. | C’est la Croix qui nous nourrit
par le Fruit qu’elle a porté. |
Mater est præambula,
Fructum nobis nutriens. | La Mère a tout préparé,
nourrissant d’abord le Fruit. |
Tandem ad hoc trahitur
Finalis sententia : Quod nemo consequitur Unam sinc alia. | J’arrive donc
à cette conclusion, que nul ne saurait jouir de l’une, sans jouir en même temps de l’autre. |
Qui Crucem elegent,
Nec sic Matrem deserit : Cum ad Crucem venerit, Matrem ibi poterit Stantem invenire. | Celui qui choisit la Croix
ne quitte pas pour cela la Mère : dès qu’il arrive à la Croix, la Mère s’offre à ses regards, debout au pied de cet Arbre. |
Nec qui Matrem elegit,
Crucem prorsus abigit : Si modum intelligit Quo per Matrem contigit Gladium transire. | Celui qui choisit la Mère
ne s’éloigne pas non plus de la Croix ; car c’est au pied de la Croix que le glaive a transpercé le cœur de la Mère. |
Fili Matris unice,
Matris crucifixæ, Nos de Cruce respice, Fili crucifixe. | Fils unique d’une Mère crucifiée,
Fils vous-même crucifié, du haut de la Croix, regardez-nous. |
Fructus o vivifice,
Fructus ligni vitæ, Nos teipso refice, Nobis da frui te. Amen. | Fruit vivifiant,
fruit de l’Arbre de vie, nourrissez-nous et donnez-nous de jouir enfin de vous. Amen. |
Dans le haut moyen âge, ce samedi précédant la semaine pascale, où commençaient les grandes fonctions, était aliturgique : sabbatum vacat ; cela en faveur du peuple, afin de lui accorder un bref repos, tandis que le Pape lui-même, dans le consistorium Vatican ou dans le triclinium du Latran, ayant déjà distribué aux pauvres les aumônes de Pâques, remettait les Espèces consacrées aux prêtres titulaires. Ce dernier rite voulait signifier leur union intime avec le Siège apostolique. Durant la semaine suivante, sans qu’ils dussent attendre chaque jour l’envoi de l’acolyte habituel leur portant, de la part du Pape, la parcelle consacrée à déposer dans leur propre calice, ils pouvaient commencer librement la messe à l’heure qu’ils jugeaient la plus opportune, pourvu qu’après la fraction rituelle des saintes Espèces, ils déposassent dans le calice une parcelle de l’oblation eucharistique reçue aujourd’hui du Pontife.
A cette cérémonie d’une si profonde signification, s’unissait la distribution d’abondantes aumônes aux pauvres ; et cela dans le but d’imiter l’exemple de Jésus qui, à l’occasion de la solennité pascale, avait coutume de charger Judas de distribuer de l’argent aux malheureux.
Par la suite, l’une et l’autre cérémonies tombèrent en désuétude, et l’on institua par contre une nouvelle station à l’église de Saint-Jean en face de la Porte Latine que, le premier, Adon, dans son martyrologe, avait mise en relation avec le martyre souffert à Rome par l’Apôtre sous Domitien. La tradition de la chaudière d’huile bouillante de laquelle aurait été miraculeusement sauvé saint Jean à Rome est très ancienne, puisqu’elle nous est garantie par Tertullien ; que cependant le fait se soit passé devant la Porte Latine, et précisément là où s’élève à présent l’église de Saint-Jean, c’est une conjecture d’Adon sine idoneis tabulis.
En tout cas, ce qu’il importe de faire remarquer ici, c’est la venue de l’apôtre Jean à Rome, quelque dix ans après le martyre des saints Pierre et Paul. Puisque à l’origine la basilique du Latran portait le nom du Sauveur, et qu’à saint Jean n’était dédié qu’un petit oratoire du baptistère érigé par le pape Hilaire, l’église stationnale de Saint-Jean à la Porte Latine représente le monument le plus ancien et le plus vénérable, destiné à rappeler aux fidèles l’apostolat à Rome du disciple de prédilection du Sauveur.
La messe n’a en propre que les collectes et les lectures, parce que, dans le haut moyen âge, on avait tant de respect pour l’antiphonaire de saint Grégoire que personne n’osait y insérer de nouvelles compositions musicales. C’est pourquoi les chants de la messe d’aujourd’hui sont tous empruntés à celle d’hier.
Nous supplions Dieu dans la collecte, afin que le peuple qui lui est consacré développe, par les bonnes œuvres et la vraie dévotion, ce germe de sainteté que le Baptême a déposé en lui. L’école où l’on doit apprendre cette discipline de perfection est l’Église elle-même, ses sacrements, sa liturgie, en sorte que la vie chrétienne devient toute une longue chaîne de grâces dépendantes l’une de l’autre ; une grâce sert de préparation et nous dispose à une grâce ultérieure.
La lecture de Jérémie fait suite à celle d’hier (XVIII, 18-23) et annonce les terribles châtiments qui devaient suivre le déicide. C’est Jésus qui, représenté par le Prophète des Lamentations, les demande au Père ; mais Il ne se met point par là en contradiction avec Lui-même, quand du haut de la Croix il invoque le pardon pour ses bourreaux. Durant la vie présente, tout châtiment de Dieu a principalement un but médicinal, comme Il l’a dit Lui-même dans l’Apocalypse : Ego quos amo, arguo et castigo. Comme la félicité temporelle est pour beaucoup d’hommes une occasion de laisser Dieu de côté, ainsi la douleur et l’infortune ramènent à Lui les âmes déçues par les fallacieuses promesses du monde.
En outre, dans le cas particulier des Juifs, il s’y ajoutait que toute la théocratie hébraïque, telle qu’elle était établie, avait un caractère éminemment prophétique, à titre de préparation au Nouveau Testament qui devait réaliser les symboles et les promesses. Jésus-Christ étant venu et le Nouveau Pacte ayant été inauguré, l’Ancien n’avait plus de raison d’être, et il fut abrogé. Le bien même de l’humanité exigeait ce retranchement, puisque effectivement, tant que l’ancien temple demeura debout comme un palladium du nationalisme israélite, les apôtres rencontrèrent toujours sur leur chemin les obstacles que leur opposait l’intransigeance juive, aidée dans son opposition par le parti assez fort des chrétiens dits judaïsants. Ceux-ci voulaient unir la Loi à l’Évangile, la circoncision au Baptême, les rites légaux au sacrifice du Calvaire, et c’est contre leurs frauduleux agissements que tant de fois saint Paul dut mettre en garde ses fidèles. Toute cette question est discutée en particulier dans les épîtres aux Galates et aux Romains.
La lecture évangélique (Ioan. XII, 10-36) anticipe d’un jour la scène des palmes. Jésus veut offrir au sanhédrin une déclaration claire et explicite de son caractère messianique, et c’est pourquoi il fait son entrée solennelle en Jérusalem, dans les circonstances décrites par les Prophètes. Les Hosannah des foules et des enfants sont la conséquence du dernier miracle opéré à Béthanie en faveur de Lazare ; en sorte que désormais les Juifs ne peuvent plus dire qu’ils sont dans l’angoisse et la perplexité parce que Jésus décline une réponse catégorique relativement à sa divinité. La lumière resplendit dans toute sa plénitude ; aux déclarations répétées du Sauveur, font écho les œuvres messianiques et l’accomplissement des prophéties. Parmi celles-ci, il en est une qui regarde aussi les pauvres gentils, lesquels devaient entrer en participation des privilèges et de la bénédiction d’Abraham. Cette prophétie commence enfin à se réaliser, et les deux prosélytes qui s’adressent à Philippe pour voir Jésus sont les prémices du monde grec et romain que, bientôt, le divin Sauveur attirera à Lui.
Il reste, il est vrai, le scandale de la Croix, déconcertant les Hébreux et suscitant le mépris des Gentils ; mais celle-ci, dans les conseils de Dieu, est la condition nécessaire de la Rédemption, non seulement pour Jésus, mais aussi pour nous. Il ne suffit pas que Jésus ait porté la Croix pour nous ; si nous voulons être sauvés, il faut que nous prenions la nôtre sur nos épaules, et que nous la portions pour l’amour de Lui. Comme le grain qui ne peut germer, si d’abord il ne pourrit dans la terre, ainsi l’âme, si elle ne meurt avec Jésus, ne pourra jamais participer à sa vie divine.
Dans la collecte qui précède la préface, nous supplions la divine clémence de daigner soustraire à toute faute et à tout péril — la faute regarde l’âme, les périls touchent la vie temporelle — ses fidèles qui vont être initiés et associés à un si grand mystère. Les grâces de Dieu, en effet, ne sont pas sans ordre ni désunies entre elles. Elles se dessinent toutes sur un unique plan de prédestination, et c’est pour cela que Dieu ne nous accorde pas ses faveurs par intervalles et selon l’occasion qui nous pousse à les demander. Lui, dès le premier instant de notre existence, déroule un plan magnifique que l’amour seul lui a inspiré. Tout vient à l’être en son temps, avec une splendeur, une magnificence, dignes de Dieu et de la noblesse de notre condition de fils de Dieu. Dieu nous traite, il le dit lui-même dans les saintes Écritures, avec un grand respect ; mais, dans le déroulement du programme de notre prédestination, il ne fait rien de superflu, de désordonné, d’étranger. Une harmonie merveilleuse, un rythme ineffable, coordonne toutes les grâces que Dieu nous accorde.
Dans la collecte après la communion, nous prions le Seigneur de vouloir bien nous accorder de participer pour toujours dans le ciel à l’abondance du don divin de laquelle il nous a déjà comblés ; — c’est-à-dire non à quelque grâce particulière, mais à la plénitude même de la grâce ; bien plus, à l’auteur de la grâce, Jésus, devenu notre don. La divine Eucharistie est en effet le gage de la gloire future, et l’union qui s’accomplit dans la communion entre l’âme et Dieu veut être consommée dans la vision béatifique.
Dans la bénédiction de congé sur le peuple, nous supplions Dieu afin que sa droite toute-puissante protège l’armée suppliante des fidèles, la purifie du péché, l’instruise dans les voies spirituelles, et que le secours accordé dans le temps la pousse vers l’éternelle félicité. L’Église demande ici quatre choses : avant tout, le secours particulier de Dieu, afin que l’âme puisse produire les actes de contrition et d’amour qui précèdent sa réconciliation et sa justification ; ensuite vient la purification du péché, moyennant l’infusion de la grâce sanctifiante. Tout cela appartient à ce que l’ascèse appelle voie purgative. La voie illuminative vient ensuite, grâce à l’enseignement intérieur de l’âme par la lumière du Saint-Esprit, par-dessus tout dans l’oraison et dans la méditation. En dernier lieu vient la voie unitive, quand l’âme, encore voyageuse sur cette terre d’exil, expérimente déjà par anticipation, d’une certaine manière, le contact avec Dieu. Le Seigneur se l’unit définitivement, en sorte que la grâce des noces contractées dans le temps aide l’âme à être fidèle à son époux crucifié, qui, du haut de la Croix, l’invite au banquet de l’éternité dans la demeure de son Père céleste. Quel aveu font, dans l’évangile de ce jour, les pharisiens : « Nous n’arrivons à rien, et tout le monde va à Jésus. » Cette vérité, mille fois démontrée par l’histoire, devrait nous réconforter, surtout dans les moments de découragement, quand nous voyons les méchants momentanément enhardis, triompher de l’Église de Dieu. Il l’a dit, et l’on n’efface aucune de ses syllabes. Le Christ vainc, règne, domine, élevé qu’il sera de terre, dans quelques jours, sur l’arbre de la Croix, d’où il attirera tout le monde à lui.
Quand j’aurai été élevé, j’attirerai tout à moi.
La messe d’aujourd’hui a le caractère d’une Vigile du dimanche des Rameaux. Dans l’antiquité, ce jour était dépourvu de liturgie, comme tous les jours qui étaient suivis d’un office nocturne de vigile. C’est pourquoi nous n’avons pas aujourd’hui de chants propres. Les lectures parcourent, par avance, le dimanche des Rameaux, le Vendredi Saint, le Samedi Saint et Pâques.
Les antiennes directrices : « Glorifie-moi, Père, auprès de toi, de la gloire que j’ai eue avant que le monde fût. » (Ant. Bened.). « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais, moi, je te connais parce que tu m’as envoyé. » (Ant. Magn.). Voilà encore deux antiennes qui ne sont pas empruntées à l’Évangile du jour, mais à la prière sacerdotale du Christ ; c’est comme un offertoire pour sa Passion.
1. La messe (Miserere mihi) : Aujourd’hui, le Pape fait son aumône de Carême. — Ce n’est qu’à partir du IXe siècle qu’apparaît l’église de station : Saint-Jean devant la Porte latine ; cette église est dédiée à l’Apôtre saint Jean. C’est là que la légende place le lieu où l’Apôtre, sur l’ordre de Domitien, fut jeté dans une chaudière d’huile bouillante d’où il sortit sain et sauf.
Les lectures et les chants de la messe décrivent de nouveau la Passion du Seigneur. La leçon est une lamentation du Prophète Jérémie, qui est la figure du Christ souffrant : « Souviens-toi que je me suis tenu (et me tiens toujours) devant ta face afin de dire du bien (intercéder) pour eux (nous tous) et détourner d’eux ta colère. » Le Christ est, pour tous les temps, médiateur et intercesseur ; son sacrifice implore continuellement miséricorde. Mais la malédiction qui suit à été changée par le Christ en cette prière : « Pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font. »
L’Évangile nous présente encore un trait de l’histoire de la Passion intérieure. Nous sommes dans les derniers jours qui précèdent la mort du Christ, les princes des prêtres sont tellement aveuglés par leur haine qu’ils veulent faire mourir Lazare, le témoin du grand miracle. Jean décrit ensuite le dimanche des Rameaux et les acclamations du peuple qui va au devant de Jésus avec des palmes. Pendant que le Seigneur enseigne dans te temple, des païens viennent le trouver. Quel contraste ! Les Juifs veulent faire mourir leur Messie, les païens le recherchent. La prière des païens fait naître dans l’âme du Christ des pensées joyeuses et des pensées tristes. Il voit se lever l’aurore du jour de moisson et cette aurore brille au milieu de la nuit de la passion. Des pensées du mont des Oliviers et des pensées du Thabor traversent son Cœur. Il songe à sa mort douloureuse et son âme frissonne ; mais il voit aussi la gloire de Dieu et la rédemption des hommes qui seront les fruits de sa mort, et son âme se rassérène. Il désigne ces fruits par deux images. C’est d’abord la belle image du grain de froment. Il faut que le divin grain de froment meure, soit enfoncé dans le sol ; dans huit jours, ce sera le grand jour de repos du divin grain de froment. Puis lèvera une pousse magnifique qui produira des fruits abondants : le jour de Pâques du Christ et de tous les chrétiens ressuscités. Ce sera la moisson. Voici la seconde image : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. » C’est là une image qui dépasse les temps et nous montre les rachetés de tous les temps, groupés autour de la Croix ; nous aussi, nous avons été attirés par lui. Ainsi l’Évangile parle de toutes les grandes journées de la semaine qui va commencer : du dimanche des Rameaux, du Vendredi Saint (« élevé »), du Samedi-Saint (le grain de froment) et de la splendeur de Pâques.
2. Les derniers jours de Jésus. L’âme qui aime le Christ voudrait, pendant les jours qui vont venir, suivre, heure par heure, le Seigneur souffrant. Or dans l’esprit de la liturgie, nous participons toujours immédiatement aux événements. Ainsi donc, dans ces jours, nous suivons les pas du Seigneur.
C’est hier (vendredi) que le Christ avec ses disciples a quitté Éphrem, petite ville du désert, pour se rendre à Jéricho. Sur le chemin, le long du Jourdain, nous entendons de sa bouche la troisième prophétie de la Passion. Salomé s’approche de lui avec ses deux fils, Jacques et Jean, et lui demande pour eux une place d’honneur dans le royaume futur du Messie. Le Seigneur répond en donnant aux deux Apôtres une belle leçon d’humilité. Nous assistons à cet entretien et nous écoutons les paroles de Jésus. Le Seigneur entre à Jéricho. Chacun de nous peut se dire : Je suis Zachée, le publicain, le petit homme qui monte sur un arbre pour voir le Sauveur. Le Christ lève les yeux vers moi et m’appelle. Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison. Il demeure, la nuit passée et la nuit prochaine, chez moi, pauvre publicain.
Le Sauveur passe à Jéricho toute la journée du sabbat.
Le dimanche, il se rend, à la tête de la caravane de fête, à Jérusalem. Sur le bord du chemin est assis un mendiant aveugle. C’est encore moi ; je crie moi aussi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi. » Il me rend la vue, je suis « illuminé ». Le dimanche, nous marchons dans la caravane, à travers les gorges escarpées, de Jéricho à Jérusalem. Le soir, Jésus vient à Béthanie ; il est reçu avec joie par Marie et Marthe. Mon âme est-elle une active Marthe ou une Marie recueillie ? C’est peut-être le dimanche soir qu’eut lieu le célèbre repas auquel assistait Lazare et pendant lequel, alors que Marthe servait à table, Marie oignit le Seigneur de baume précieux, par anticipation pour sa sépulture. Alors, Judas se détache entièrement du Maître.
Le lundi, le Seigneur se dirige vers le Mont des Oliviers où il pleure sur la ville de Jérusalem, puis il s’avance vers la ville, y fait son entrée solennelle comme Roi d’Israël et pénètre dans le temple. Nous prenons part à cette procession de fête et nous portons des palmes dans nos mains. Nous accompagnons le Seigneur dans le temple d’où il chasse les vendeurs.
Le mardi, le Seigneur traverse de nouveau le Mont des Oliviers ; il maudit le figuier stérile, image du peuple juif, nous donnant à nous aussi un sérieux avertissement.
Le mardi et le mercredi, nous assistons, dans le temple, aux discussions avec les Juifs. Le mercredi après-midi, le Seigneur prononce les huit « malheur » contre les Pharisiens et le judaïsme, puis il quitte le temple pour toujours ; il se rend ensuite sur le Mont des Oliviers avec ses disciples auxquels il adresse son saisissant discours sur la fin du monde et la destruction de Jérusalem ; nous entendons, nous aussi, ce discours et nous méditons l’avertissement qui le conclut : soyez vigilants !
Le mercredi, Judas quitte le cercle des disciples et va proposer aux princes des prêtres de trahir son Maître.
Le jeudi matin, le Christ envoie Pierre et Jean faire les préparatifs de la Cène. Vers le soir, il prend congé de ses amis, de sa Mère, se rend à Jérusalem et entre au Cénacle. — Nous accompagnerons donc en esprit le Seigneur dans les étapes de sa Passion.
[1] Le lendemain, une foule nombreuse, qui était venue pour la fête, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier, et alla au-devant de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Jésus trouva un ânon, et s’assit dessus, ainsi qu’il est écrit : Ne crains point, fille de Sion ; voici ton roi, qui vient assis sur le petit d’une ânesse. Les disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais, après que Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent alors qu’elles avaient été écrites à son sujet, et qu’ils les lui avaient faites. La foule qui était avec lui lorsqu’il avait appelé Lazare du tombeau, et l’avait ressuscité d’entre les morts, lui rendait témoignage. C’est pour cela aussi que la foule vint au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle. Les pharisiens dirent donc entre eux : Voyez-vous que nous ne gagnons rien ? voilà que tout le monde va après lui. Or il y avait là quelques Gentils, de ceux qui étaient montés pour adorer au jour de la fête. Ils s’approchèrent de Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée ; et ils le priaient, en disant : Seigneur, nous voulons voir Jésus. Philippe vint, et le dit à André : puis André et Philippe le dirent à Jésus. Jésus leur répondit : L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment qui tombe en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie, la perdra ; et celui qui hait sa vie dans ce monde, la conserve pour la vie éternelle. Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où je suis, mon serviteur sera aussi. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant, mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Père, délivrez-moi de cette heure. Mais c’est pour cela que je suis arrivé à cette heure. Père, glorifiez votre nom. Alors vint une voix du ciel : Je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore. La foule, qui était présente, et qui avait entendu, disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : C’est un ange qui lui a parlé. Jésus répondit, et dit : Ce n’est pas pour moi que cette voix est venue, mais pour vous. C’est maintenant le jugement du monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde va être jeté dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. Il disait cela, pour marquer de quelle mort il devait mourir. La foule lui répondit : Nous avons appris de la loi que le Christ demeure éternellement ; comment donc dites-vous : II faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Quel est ce Fils de l’homme ? Jésus leur dit : La lumière est encore pour un temps parmi vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent. Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha d’eux.
[2] Ps 37, 7.
[3] Ps 68, 17.
[4] Ps 68, 18.
[5] Afin que ma résurrection les confonde ou les convertisse.
[6] Jér 9, 1.
[7] Jér 9, 4.
[8] Ps 34, 6.
[9] Matth. XXI. 43.