Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Ant. ad Introitum. Phil. 4, 4-6 | Introït |
Gaudéte in Dómino semper : íterum dico, gaudéte. Modéstia vestra nota sit ómnibus homínibus : Dóminus enim prope est. Nihil sollíciti sitis : sed in omni oratióne petitiónes vestræ innotéscant apud Deum. | Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. Votre sérénité dans la vie doit frapper tous les regards, car le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais dans toutes vos prières exposez à Dieu vos besoins. |
Ps. 84, 2 | |
Benedixísti, Dómine, terram tuam : avertísti captivitátem Iacob. | Seigneur, vous avez béni votre domaine, vous avez délivré Jacob de la captivité. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Aurem tuam, quǽsumus, Dómine, précibus nostris accómmoda : et mentis nostræ ténebras, grátia tuæ visitatiónis illústra : Qui vivis. | Seigneur, prêtez l’oreille à nos prières : et quand vous nous ferez la grâce de venir parmi nous, apportez votre lumière dans l’obscurité de nos âmes. |
Lectio Epístolæ beáti Páuli Apóstoli ad Philippénses | Lecture de l’Epitre de Saint Paul aux Philippiens. |
Philipp. 4, 4–7 | |
Fratres : Gaudéte in Dómino semper : íterum dico, gaudéte. Modéstia vestra nota sit ómnibus homínibus : Dóminus prope est. Nihil sollíciti sitis : sed in omni oratióne et obsecratióne, cum gratiárum actióne, petitiónes vestræ innotéscant apud Deum. Et pax Dei, quæ exsúperat omnem sensum, custódiat corda vestra et intellegéntias vestras, in Christo Iesu, Dómino nostro. | Mes Frères : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute circonstance faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. |
Graduale. Ps. 79, 2, 3 et 2 | Graduel |
Qui sedes, Dómine, super Chérubim, éxcita poténtiam tuam, et veni. | Vous, Seigneur, dont le trône est porté par les Chérubins, réveillez votre puissance et venez. |
V/. Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph. | Ecoutez-nous, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. |
Allelúia, allelúia. V/. Excita, Dómine, potentiam tuam, et veni, ut salvos fácias nos. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Réveillez votre puissance Seigneur, et venez pour nous sauver. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Suite du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann, I, 19–28 | |
In illo tempore : Misérunt Iudǽi ab Ierosólymis sacerdótes et levítas ad Ioánnem, ut interrogárent eum : Tu quis es ? Et conféssus est, et non negávit : et conféssus est : Quia non sum ego Christus. Et interrogavérunt eum : Quid ergo ? Elías es tu ? Et dixit : Non sum. Prophéta es tu ? Et respondit : Non. Dixérunt ergo ei : Quis es, ut respónsum demus his, qui misérunt nos ? Quid dicis de te ipso ? Ait : Ego vox clamántis in desérto : Dirígite viam Dómini, sicut dixit Isaías Prophéta. Et qui missi fúerant, erant ex pharisǽis. Et interrogavérunt eum, et dixérunt ei : Quid ergo baptízas, si tu non es Christus, neque Elías, neque Prophéta ? Respóndit eis Ioánnes, dicens : Ego baptízo in aqua : médius autem vestrum stetit, quem vos nescítis. Ipse est, qui post me ventúrus est, qui ante me factus est : cuius ego non sum dignus ut solvam eius corrígiam calceaménti. Hæc in Bethánia facta sunt trans Iordánem, ubi erat Ioánnes baptízans. | En ce temps-là : Les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites vers Jean pour demander : « Qui êtes-vous ? » Il déclara, et ne le nia point ; il déclara : " »Je ne suis point le Christ. » Et ils lui demandèrent : « Quoi donc ! Etes-vous Elie ? » Il dit « Je ne le suis point » « Etes-vous le prophète ? » Il répondit « Non » « Qui êtes-vous donc », lui dirent-ils, « afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés ». « Que dites-vous de vous-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplaniss"ez le chemin du Seigneur, comme l’a dit le prophète Isaïe. » Or ceux qu’on lui avait envoyés étaient des Pharisiens. Et ils l’interrogèrent, et lui dirent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Elie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi je baptise dans l’eau ; mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, C’est celui qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. » Cela se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 84, 2. | Offertoire |
Benedixísti, Dómine, terram tuam : avertísti captivitátem Iacob : remisísti iniquitatem plebis tuæ. | Seigneur, vous avez béni votre domaine, vous avez délivré Jacob de la captivité. Vous avez pardonné les fautes de votre peuple. |
Secreta. | Secrète |
Devotiónis nostræ tibi, quǽsumus, Dómine, hóstia iúgiter immolétur : quæ et sacri péragat institúta mystérii, et salutáre tuum in nobis mirabíliter operétur. Per Dóminum. | Faites, Seigneur, que sans cesse vous soit offerte la victime de notre sacrifice, pour que s’accomplisse le mystère divin que vous avez institué, et que s’opère en nous l’œuvre merveilleuse de notre salut. |
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
Ant. ad Communionem. Is. 35, 4. | Communion |
Dícite : pusillánimes, confortámini et nolíte timére : ecce, Deus noster véniet et salvábit nos. | Dites à ceux dont le cœur défaille : « Courage ! n’ayez plus peur !Voici notre Dieu qui vient : il va nous sauver. » |
Postcommunio. | Postcommunion |
Implorámus, Dómine, cleméntiam tuam : ut hæc divína subsídia, a vítiis expiátos, ad festa ventúra nos prǽparent. Per Dóminum. | Nous implorons Votre clémence, Seigneur : que cette nourriture divine nous purifie de nos fautes et nous prépare ainsi aux fêtes qui approchent. |
AUX PREMIÈRES VÊPRES.
Ant. 1 Le Seigneur viendra * et il ne tardera pas, et il illuminera ce qui est caché dans les ténèbres, et il se manifestera à toutes les Nations, alléluia. [1]
Ant. 2 Jérusalem, réjouis-toi * d’une grande joie, parce qu’un Sauveur viendra à toi, alléluia. [2]
Ant. 3 J’établirai dans Sion * le salut, et dans Jérusalem ma gloire, alléluia. [3]
Ant. 4 Les montagnes et toutes les collines * seront abaissées ; les chemins tortueux seront redressés, et les raboteux deviendront des voies aplanies : venez, Seigneur, et ne tardez pas, alléluia. [4]
Ant. 5 Vivons justement et pieusement, * attendant la bienheureuse espérance et l’avènement du Seigneur. [5]
Capitule. Philipp. 4, 4-5.Mes Frères : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche.
Hymnus | Hymne |
Creátor alme síderum,
Ætérna lux credéntium, Iesu, Redémptor ómnium, Inténde votis súpplicum. | Bienfaisant Créateur des Cieux,
lumière éternelle des croyants, Rédempteur de tous les hommes, ô Jésus, écoutez les vœux de ceux qui vous prient. |
Qui dǽmonis ne fráudibus
Períret orbis, ímpetu Amóris actus, lánguidi Mundi medéla factus es. | Afin d’empêcher la terre
de périr par les pièges du démon, dans l’élan de votre amour, vous vous êtes fait le remède des maux de ce monde coupable. |
Commúne qui mundi nefas
Ut expiáres, ad crucem E Vírginis sacrário Intácta prodis víctima. | Pour expier, sur la croix,
le crime commun des hommes, ô victime innocente, vous sortez de l’auguste sein de la Vierge. |
Cuius potéstas glóriæ,
Noménque cum primum sonat, Et cǽlites et ínferi Treménte curvántur genu. | A la vue de votre gloire et de votre puissance,
et dès que votre nom se fait entendre, au Ciel et dans les enfers tout fléchit le genou avec crainte. |
Te deprecámur últimæ
Magnum diéi Iúdicem, Armis supérnæ grátiæ Defénde nos ab hóstibus. | Juge souverain du dernier jour,
nous vous en supplions, daignez nous défendre de nos ennemis, par les armes de la grâce céleste. |
Virtus, honor, laus, glória
Deo Patri cum Fílio, Sancto simul Paráclito, In sæculórum sǽcula. | Puissance, honneur, louange et gloire
à Dieu le Père et à son Fils, ainsi qu’au saint Consolateur dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. |
V/. Cieux, répandez la rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.
R/. Que la terre s’ouvre et germe le Sauveur. [6]
Ant.au Magnificat Avant moi, * il n’y a pas eu de Dieu formé, et après moi, il n’y en- aura pas [7] ; et pour cela, tout genou fléchira devant moi et toute langue confessera [mon nom]. [8]
A MATINES. avant 1960
Invitatoire. Le Seigneur est déjà proche, * venez, adorons-le.
Hymnus | Hymne |
Verbum supérnum, pródiens
E Patris ætérni sinu, Qui natus orbi súbvenis, Labénte cursu témporis : | Verbe suprême
qui sortez du sein éternel du Père, et qui, né dans le temps, venez au secours de l’uni vers. |
Illúmina nunc péctora,
Tuóque amóre cóncrema ; Ut cor cadúca déserens Cæli volúptas ímpleat. | Illuminez en ce moment nos cœurs ;
embrasez-les de votre amour ; pour que, détachés des biens périssables, ils soient remplis d’une joie céleste ; |
Ut, cum tribúnal Iúdicis
Damnábit igni nóxios, Et vox amíca débitum Vocábit ad cælum pios ; | Afin, qu’au jour où le Juge,
du haut de son tribunal, condamnera les coupables aux flammes ; et, d’une voix amie, conviera les bons au ciel, |
Non esca flammárum nigros
Volvámur inter túrbines, Vultu Dei sed cómpotes Cæli fruámur gáudiis. | Nous ne soyons pas du nombre de ceux qui,
voués à des feux éternels, seront lancés dans un noir tourbillon ; mais que, favorisés de la vue de Dieu, nous goûtions les délices du Paradis. |
Patri, simulque Fílio,
Tibíque, Sancte Spíritus, Sicut fuit, sit iúgiter Sæclum per omne glória. Amen. | Au Père, au Fils
et à vous, Esprit-Saint, soient à jamais dans tous les siècles, comme il fut toujours, la gloire. Ainsi soit-il. |
Au premier nocturne.
Ant. 1 Voici que viendra le Roi, le Très-haut, avec une grande puissance, pour sauver les nations, alléluia. Ps. 1.
Ant. 2 Fortifiez les mains languissantes, prenez courage et dites : Voici notre Dieu viendra et il nous sauvera, alléluia. [9] Ps. 2.
Ant. 3 Réjouissez-vous tos et livrez-vous à la joie, car voici que le Seigneur de la vengeance viendra, il amènera la rétribution, il viendra lui-même et nous sauvera. [10] Ps. 3.
V/. C’est de Sion que vient l’éclat de sa splendeur. [11]
R/. Notre Dieu viendra manifestement.
Du Prophète Isaïe. Cap. 26, 1-14.
Première leçon. En ce jour-là, sera chanté ce cantique dans la terre de Juda : Notre ville forte est Sion ; le Sauveur y sera mis comme mur et avant-mur [12]. Ouvrez les portes, et qu’il entre une nation juste, observant la vérité [13]. L’ancienne erreur a disparu ; vous nous conserverez la paix : la paix, parce que nous avons espéré en vous. Vous avez espéré dans le Seigneur durant les siècles éternels [14], dans le Seigneur Dieu puissant à jamais. Parce qu’il abaissera ceux qui habitent dans les hauteurs, il humiliera la cité élevée [15]. Il l’humiliera jusqu’à terre, et il la renversera jusque dans la poussière. Le pied la foulera, les pieds du pauvre, le pas des indigents [16].
R/. Voici que le Seigneur apparaîtra sur une nuée blanche. [17] * Et avec lui des milliers de Saints ; et il portera écrit sur son vêtement et sur sa cuisse : Roi des rois, et Seigneur des seigneur. [18] V/. Il paraîtra à la fin et il ne trompera pas ; s’il met un délai, s’il tarde, attends-le, car venant, il viendra. [19] * Et avec lui.
Deuxième leçon. Le sentier du juste est droit, droit est le chemin où le juste doit marcher. Et dans le sentier de vos jugements, Seigneur, nous vous avons attendu patiemment ; votre nom et votre souvenir sont dans le désir de l’âme. Mon âme vous a désiré dans la nuit ; mais, et par mon esprit [et] dans mon cœur, dès le matin je veillerai pour vous. Lorsque vous aurez exercé vos jugements sur la terre, les habitants du globe apprendront la justice. Ayons pitié de l’impie, mais il n’apprendra pas la justice ; dans la terre des Saints, il a fait des choses iniques, et il ne verra pas la gloire du Seigneur.
R/. Bethléhem, ville du Dieu très haut, de toi sortira le Dominateur d’Israël et sa génération est du commencement des jours de l’éternité ; et il sera glorifié au milieu du monde : [20] * Et la paix sera dans notre terre, quand il sera venu. V/. Il publiera la paix aux Nations, et sa puissance depuis une mer jusqu’à l’autre mer. [21] * Et la paix.
Troisième leçon. Seigneur, que votre main s’élève et qu’ils ne voient pas ; qu’ils voient, et qu’ils soient confondus, ceux qui sont jaloux [de votre] peuple, et qu’un feu dévore vos ennemis. Seigneur, vous nous donnerez la paix ; car vous avez opéré toutes nos œuvres pour nous. Seigneur, notre Dieu, des maîtres étrangers nous ont possédés sans vous ; que seulement par vous, nous nous souvenions de votre nom. Que les morts ne revivent point, que les géants ne ressuscitent point [22] ; à cause de cela, vous les avez visités et brisés et vous avez anéanti toute leur mémoire.
R/. Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera point, et il n’y aura plus de crainte sur nos frontières : [23] * Parce que lui-même est notre Sauveur. V/. Il laissera de côté nos iniquités, et il jettera dans le profond de la mer tous nos péchés. [24] * Parce que lui-même. Gloire au Père. * Parce que lui-même.
Au deuxième nocturne.
Ant. 1 Réjouis-toi et livre-toi à la joie, fille de Jérusalem ; voici que ton Roi vient à toi ; Sion, ne crains pas, car ton salut viendra bientôt. [25] Ps. 8.
Ant. 2 Notre Roi, le Christ, viendra, lui que Jean a prédit être l’Agneau qui doit venir. Ps. 9 i.
Ant. 3 Voici que je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, dit le Seigneur ; c’est de donner à chacun selon ses œuvres. [26] Ps. 9 ii.
V/. Envoyez, Seigneur, l’Agneau dominateur de la terre. [27]
R/. De la pierre du désert à la montagne de la fille de Sion.
Sermon de saint Léon, Pape.
Quatrième leçon. Nous vous avertissons publiquement, mes très chers frères, et avec une sollicitude pastorale d’observer le jeûne du dixième mois. Le temps où nous sommes et la coutume de notre dévotion nous y engagent. Par ce jeûne, qu’on célèbre lorsque la récolte de tous les fruits de la terre est terminée, on offre à Dieu, qui nous a donné ces fruits, un très juste sacrifice de continence. En effet, que peut-il y avoir de plus utile que le jeûne ? Par son observance, nous nous approchons de Dieu, et, résistant au démon, nous surmontons les attraits des vices.
R/. Égypte, ne pleure pas, car ton Dominateur, en présence duquel les abîmes seront ébranlés, viendra à toi * Pour délivrer son peuple de la main et du pouvoir [de ses ennemis]. V/. Voici que viendra le Seigneur des armées, ton Dieu viendra avec une grande puissance. [28] * Pour délivrer son peuple.
Cinquième leçon. Le jeûne a toujours été un aliment pour la vertu. L’abstinence produit les pensées chastes, les résolutions sages, les conseils salutaires ; et, par les mortifications volontaires, la chair meurt à ses convoitises, tandis que l’esprit reçoit une nouvelle vigueur pour pratiquer les vertus. Mais, parce que le salut de nos âmes ne s’acquiert pas uniquement par le jeûne, ajoutons au jeûne, des œuvres de miséricorde envers les pauvres. Faisons servir à la vertu ce que nous retranchons à la sensualité, et que l’abstinence de celui qui jeûne devienne le repas du pauvre.
R/. Près de venir est son temps, et ses jours ne seront pas différés : [29] * Car le Seigneur aura pitié de Jacob, et Israël sera sauvé. V/. Retourne, vierge d’Israël, retourne vers ces cités tiennes. [30] * Car le Seigneur aura pitié.
Sixième leçon. Appliquons-nous à la défense des veuves, à l’assistance des orphelins, à la consolation de ceux qui pleurent : occupons-nous de pacifier ceux qui se querellent. Que l’étranger reçoive l’hospitalité ; secourons l’opprimé, donnons des vêtements à ceux qui sont nus ; environnons le malade de nos soins et de nos sollicitudes ; pour que tous ceux d’entre nous qui, par ces bonnes œuvres, auront offert à Dieu, l’auteur de tous les biens, un sacrifice de piété, méritent de recevoir de lui, en récompense, le royaume des cieux. Jeûnons donc mercredi et vendredi prochains ; et samedi, veillons ensemble dans l’église du bienheureux Apôtre saint Pierre, afin qu’aidés du suffrage de ses mérites, nous puissions obtenir ce que nous demandons, par notre Seigneur Jésus-Christ, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
R/. Le Seigneur descendra comme la pluie sur une toison : [31] * Dans ses jours s’élèvera la justice et une abondance de paix. [32] V/. Et tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations le serviront. [33] * Dans ses jours. Gloire au Père. * Dans ses jours.
Au troisième nocturne.
Ant. 1 L’Ange Gabriel parla à Marie, disant : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. [34] Ps. 9 iii.
Ant. 2 Marie dit : Quelle pensez-vous que soit cette salutation ? Parce que mon âme a été troublée, et que je dois enfanter un Roi qui ne violera pas ma virginité. Ps. 9 iv.
Ant. 3 En l’avènement du souverain Roi, que les cœurs des hommes soient purifiés afin que nous marchions à sa rencontre d’une manière digne : car voici qu’Il vient et Il ne tardera pas. Ps. 10.
V/. Le Seigneur sortira de son lieu saint. [35]
R/. Il viendra pour sauver son peuple.
Lecture du saint Évangile selon saint Jean. Cap. 1, 19-28.
En ce temps-là : es Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites à Jean pour lui demander : Qui êtes-vous ?. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.
Septième leçon. Les paroles qu’on vient de nous lire, mes très chers frères, portent notre attention sur l’humilité de saint Jean. Lui, dont la vertu était si grande qu’on avait pu croire qu’il était le Christ, il préféra demeurer simplement et inébranlablement en son propre rôle et ne pas être vainement élevé dans l’opinion des hommes au-dessus de lui-même. Car il le déclara et ne le nia point ; il le proclama : « Je ne suis pas, moi, le Christ. » En disant : « Je ne le suis pas », il a clairement nié qu’il fût ce qu’il n’était pas ; mais il n’a pas nié être ce qu’il était, afin que, parlant selon la vérité, il devînt membre de celui dont il ne voulait pas usurper fallacieusement le nom. Parce qu’il ne veut pas chercher à prendre le nom de Christ, il est fait membre du Christ. Tandis qu’il s’étudie à reconnaître humblement sa propre faiblesse, il mérite de participer véritablement à la grandeur du Christ.
R/. Venez, Seigneur, et ne tardez pas ; remettez ses péchés à votre peuple. * Et rappelez dans leur terre, ceux qui ont été dispersés. V/. Excitez, Seigneur, votre puissance, et venez, afin que vous nous sauviez. [36] * Et.
Huitième leçon. Mais, quand revient à l’esprit une autre parole de notre Rédempteur, les expressions que nous venons de lire soulèvent une question très compliquée. En effet, dans un autre endroit, le Seigneur, interrogé par ses disciples au sujet de l’avènement d’Élie, répondit : « Élie est déjà venu, et ils ne l’ont pas connu ; mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu : et, si vous voulez le savoir, Jean lui-même est Élie. » — Jean, cependant, étant interrogé, dit : « Je ne suis point Élie. » Comment se fait-il, mes frères, que la Vérité affirme une chose et que le Prophète de la Vérité la nie ? Car il y a opposition complète entre ces expressions : « Il est », et, « Je ne suis pas. » Comment donc est-il le Prophète de la Vérité, fil n’est pas d’accord avec les paroles de cette même Vérité ?
R/. Voici que le rejeton de Jessé descendra pour le salut des peuples ; c’est lui à -qui les Nations adresseront leurs prières : [37] * Et son nom sera glorieux. V/. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; et il régnera éternellement sur la maison de Jacob. [38] * Et.
Neuvième leçon. Mais si l’on cherche à approfondir la vérité, on découvre comment ce qui paraît contradictoire ne l’est point. Car l’Ange, parlant de Jean, dit à Zacharie : « Il marchera devant Lui, dans l’esprit et la vertu d’Élie, » L’Ange parla de Jean, comme devant venir dans l’esprit et la vertu d’Élie, parce que, de même qu’Élie préviendra le second avènement du Seigneur, Jean a prévenu le premier ; et, comme celui-là sera le précurseur du Juge, celui-ci a été le précurseur du Rédempteur. Jean était donc Élie en esprit ; il ne l’était pas en personne. Ainsi ce que le Seigneur affirme de l’esprit, Jean le nie de la personne.
R/. Le Seigneur nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers. [39] * Parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem. V/. Venez, montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob. * Parce que de Sion. Gloire au Père. * Parce que de Sion.
A LAUDES.
Ant. 1 Le Seigneur viendra * et il ne tardera pas, et il illuminera ce qui est caché dans les ténèbres, et il se manifestera à toutes les Nations, alléluia. [40]
Ant. 2 Jérusalem, réjouis-toi * d’une grande joie, parce qu’un Sauveur viendra à toi, alléluia. [41]
Ant. 3 J’établirai dans Sion * le salut, et dans Jérusalem ma gloire, alléluia. [42]
Ant. 4 Les montagnes et toutes les collines * seront abaissées ; les chemins tortueux seront redressés, et les raboteux deviendront des voies aplanies : venez, Seigneur, et ne tardez pas, alléluia. [43]
Ant. 5 Vivons justement et pieusement, * attendant la bienheureuse espérance et l’avènement du Seigneur. [44]
Capitule. Philipp. 4, 4-5.Mes Frères : Réjouissez-vous dans le Seigneur en tout temps ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre modération soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche.
Hymnus | Hymne |
En clara vox redárguit
Obscúra quæque, pérsonans : Procul fugéntur sómnia : Ab alto Iesus prómicat. | La voix puissante prêche ;
elle retentit au sein des obscurités ; que les songes fuient loin de nous : des hauteurs célestes, Jésus vient. |
Mens iam resúrgat, tórpida
Non ámplius iacens humi : Sidus refúlget iam novum, Ut tollat omne nóxium. | Que l’âme engourdie se réveille enfin,
qu’elle ne gise plus sur le sol : un astre nouveau déjà resplendit, pour faire disparaître tout ce qui nuit à notre bien. |
En Agnus ad nos míttitur
Laxáre gratis débitum : Omnes simul cum lácrimis Precémur indulgéntiam ; | Voici qu’un Agneau nous est envoyé
pour remettre gratuitement la dette ; joignons, tous, nos prières et nos larmes pour obtenir le pardon ; |
Ut, cum secúndo fúlserit,
Metúque mundum cínxerit, Non pro reátu púniat, Sed nos pius tunc prótegat. | Afin qu’au jour où, brillant à nos yeux pour la seconde fois,
il remplira le monde de crainte, le Seigneur n’ait point à nous punir de nos crimes ; mais plutôt à nous protéger dans sa miséricorde. |
Virtus, honor, laus, glória
Deo Patri cum Fílio, Sancto simul Paráclito, In sæculórum sǽcula. Amen. | Puissance, honneur, louange et gloire
à Dieu le Père et à son Fils, ainsi qu’au saint Consolateur, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. |
Ant. au Bénédictus Sur le trône * de David, et sur son royaume, il s’assiéra pour l’éternité, alléluia. [45]
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Les Antiennes & le Capitule de Laudes.
Hymnus | Hymne |
Creátor alme síderum,
Ætérna lux credéntium, Iesu, Redémptor ómnium, Inténde votis súpplicum. | Bienfaisant Créateur des Cieux,
lumière éternelle des croyants, Rédempteur de tous les hommes, ô Jésus, écoutez les vœux de ceux qui vous prient. |
Qui dǽmonis ne fráudibus
Períret orbis, ímpetu Amóris actus, lánguidi Mundi medéla factus es. | Afin d’empêcher la terre
de périr par les pièges du démon, dans l’élan de votre amour, vous vous êtes fait le remède des maux de ce monde coupable. |
Commúne qui mundi nefas
Ut expiáres, ad crucem E Vírginis sacrário Intácta prodis víctima. | Pour expier, sur la croix,
le crime commun des hommes, ô victime innocente, vous sortez de l’auguste sein de la Vierge. |
Cuius potéstas glóriæ,
Noménque cum primum sonat, Et cǽlites et ínferi Treménte curvántur genu. | A la vue de votre gloire et de votre puissance,
et dès que votre nom se fait entendre, au Ciel et dans les enfers tout fléchit le genou avec crainte. |
Te deprecámur últimæ
Magnum diéi Iúdicem, Armis supérnæ grátiæ Defénde nos ab hóstibus. | Juge souverain du dernier jour,
nous vous en supplions, daignez nous défendre de nos ennemis, par les armes de la grâce céleste. |
Virtus, honor, laus, glória
Deo Patri cum Fílio, Sancto simul Paráclito, In sæculórum sǽcula. | Puissance, honneur, louange et gloire
à Dieu le Père et à son Fils, ainsi qu’au saint Consolateur dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. |
V/. Cieux, répandez la rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste.
R/. Que la terre s’ouvre et germe le Sauveur.
Ant. au Magnificat Vous êtes bienheureuse, Marie, * vous qui avez cru au Seigneur : car ce qui vous a été dit par le Seigneur s’accomplira en vous, alléluia. [46]
Si le 3ème dimanche tombe le 17 décembre, on dit la 1ère Antienne O [47]
Le 17 Décembre. Ant. au Magnificat
O Sapiéntia, * quæ ex ore Altíssimi prodiísti, attíngens a fine usque ad finem, fórtiter suavitérque dispónens ómnia : veni ad docéndum nos viam prudéntiæ. Pour écouter l’antienne, cliquer sur l’image O Sagesse, * qui êtes sortie de la bouche du Très-Haut [48], atteignant d’une extrémité à une autre extrémité, et disposant toutes choses avec force et douceur [49] : venez pour nous enseigner la voie de la prudence. [50] Antienne chantée par Scott Turkington, source NLM
Introduction générale aux Antiennes O, voir ici
La joie de l’Église s’accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu’il approche, et elle croit pouvoir tempérer l’austérité de cette carrière de pénitence par l’innocente allégresse des pompes religieuses. D’abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l’orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l’Évêque assiste, paré de la mitre précieuse. Admirable condescendance de l’Église, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd’hui, à cause de l’approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu’il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore.
La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l’asile universel du peuple chrétien ; il convient qu’il soit témoin des joies comme des tristesses de l’Église. L’Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l’Église ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d’allégresse ; tous les jours, jusqu’à la Vigile de Noël, elle ouvre les Nocturnes par ces grandes paroles :
Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. | Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le. |
Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Église :
Du Prophète Isaïe. CHAP. XXVI. (Voir leçons des Matines plus haut)
O sainte Église Romaine, Cité de notre force ! Nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t’éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c’est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d’enceinte ; car c’est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c’est par lui que les puissances de l’enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s’oppose à la foi finir bientôt, et la paix s’étendre sur tout le troupeau ! O sainte Église Romaine ! Tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d’orgueil. Où sont les Césars qui crurent t’avoir noyée dans ton propre sang ? Où sont les Empereurs qui voulurent forcer l’inviolable virginité de ta foi ? Où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s’attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? Où sont les princes ingrats qui tentèrent de t’asservir, toi qui les avais faits ce qu’ils étaient ? Où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l’orgueil de ses conquêtes ? Où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? Où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n’étais plus qu’un fantôme impuissant et vermoulu ? Où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l’Église, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Église Romaine, assise sur la pierre inébranlable. Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n’as cessé de l’être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n’éclaire que les variations de l’humanité. D’où te vient cette solidité, si ce n’est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t’apporte de nouveaux dons, pour t’aider à achever le pèlerinage ; et jusqu’à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l’objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l’Époux. Nous prions avec toi, ô notre Mère ! et nous disons : Venez, Seigneur Jésus ! « Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous réveillons pour songer à vous. »
A LA MESSE.
Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l’Apôtre : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications. »
L’Église demande, dans la Collecte, la grâce de cette visite qui apporte la lumière et dissipe les ténèbres. Les ténèbres causent la terreur à l’âme ; la lumière, au contraire, réjouit et raffermit le cœur.
ÉPÎTRE.
Nous devons, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l’Apôtre s’accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l’un et l’autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche ; il est proche de son Église ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d’un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l’Apôtre. Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Église, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d’abord avec elle : « Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez. V/. Écoutez-nous, ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis. Alléluia, alléluia. V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alléluia. »
ÉVANGILE.
Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas, dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n’être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l’Église et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l’arrivée de l’Époux ; mais il est entouré d’hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s’il n’était pas. Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l’Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l’arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l’aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? les collines songent-elles à s’abaisser ? la cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l’attente du divin Enfant, nous les conjurerions d’ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d’une visite qui sera pour eux, dans le temps, l’objet d’une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. O Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d’abondance encore ; forcez-les d’entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas.
Pendant l’oblation, on doit s’unir au vœu de l’Église, et demander avec elle la fin de la captivité dans laquelle nos péchés nous retiennent, et l’arrivée du Libérateur.
Pendant la Communion, les paroles que l’Église chante sont empruntées du Prophète Isaïe ; elles ont pour but de rassurer le cœur de l’homme faible et pécheur. Ne craignez point, ô chrétiens ! C’est Dieu qui vient ; mais il vient pour sauver, pour se donner à sa créature.
La sainte Église, dans la postcommunion, demande que la visite secrète qu’elle vient de recevoir de son Époux la dispose à la solennelle visite qu’il s’apprête à lui faire dans la solennité de Noël.
Si le troisième dimanche de l’Avent tombe le 17 Décembre, en place de l’antienne prévue, on dit la première des Grandes Antiennes (O Sapientia).
Comme le quatrième dimanche de l’Avent ne comportait aucune station à Rome, en raison des grandes ordinations de prêtres et de diacres mense decembri, accomplies la nuit précédente, cette troisième station préparatoire à Noël était célébrée à Saint-Pierre, avec une splendeur insolite de rites et de processions, qui, dans l’esprit de l’Église, devaient comme inaugurer les saintes joies du cycle de la Nativité.
Voici en effet la semaine des grands scrutins et des jeûnes solennels qui précèdent les ordinations sacrées. C’est pourquoi les fidèles se groupent encore aujourd’hui autour de la tombe du Prince des apôtres, comme pour s’assurer de sa protection céleste et pour faire part au Pastor Ecclesiae de la joie qui inonde l’âme du troupeau à l’heureuse annonce de la parousie prochaine : Prope est iam Dominus.
Autrefois le Pape se rendait à la basilique Vaticane le soir du samedi et, assistant aux vêpres, il entonnait la première et la dernière antienne que lui indiquait un chanoine. Les Ordines Romani notent que, pour ce service, le Pontife avait coutume de déposer dans la bouche de l’ecclésiastique une pièce d’or.
Au chapitre Vatican incombait l’obligation de fournir au Pape et aux cardinaux le souper et le gîte pour la première partie de la nuit ; celle-ci d’ailleurs n’était pas longue, car l’office de la vigile devait commencer peu après minuit. Le Pape, précédé par les acolytes avec flambeaux et torches, allait d’abord encenser les autels des saints Léon Ier, Grégoire le Grand, Sébastien, Tiburce, des apôtres Simon et Jude, de la sainte Face, de la sainte Vierge et de saint Pastor. Cela fait, il descendait dans l’hypogée de la Confession de Saint-Pierre, et, après avoir offert l’encens sur la tombe de l’apôtre, il commençait le premier office de la vigile. Le clergé chantait trois psaumes et trois lectures scripturaires ; puis le primicier entonnait le Te Deum, le Pape récitait la collecte et ainsi s’achevait la première partie de la psalmodie nocturne ad corpus.
Alors, dans le même ordre où il était venu, le cortège remontait dans la basilique supérieure, et, après l’encensement de l’autel sous lequel reposait saint Pierre, on commençait l’office des matines proprement dit. Le rite se déroulait sans particularités spéciales. Les chanoines du Vatican chantaient les leçons du Ier nocturne ; les deux premières du IIe, extraites de la lettre de saint Léon Ier au patriarche Flavien, étaient réservées aux évêques ; la troisième du IIe et la première du IIIe nocturne à deux cardinaux, l’avant-dernière au chef du chapitre Vatican et la dernière au Pape. L’office de l’aurore venait ensuite ; le Pontife y entonnait l’antienne précédant le cantique de Zacharie et récitait la collecte finale.
La messe stationnale de ce jour, précédant immédiatement le cycle de la Nativité, avait, jadis, un caractère manifestement joyeux. — On sait que les neuvaines et triduum de préparation aux grandes fêtes sont d’origine postérieure ; à l’âge d’or de la liturgie, ces périodes précédant Pâques et Noël, ces messes de vigile et ces synaxes stationnales aux basiliques les plus vénérées de la Ville éternelle, avaient précisément pour but de préparer l’âme des fidèles et de leur obtenir du Ciel la grâce de parcourir avec fruit les diverses solennités du cycle liturgique.
A la messe, le Pape entonnait l’hymne angélique, que tout le clergé chantait. Après la collecte, les chantres, sous la direction des cardinaux diacres, des sous-diacres apostoliques et des notaires, récitaient des acclamations ou « Laudes » en l’honneur du Pontife, du clergé et du peuple romain. Ce rite est encore conservé lors du couronnement des Souverains Pontifes. Le saint Sacrifice achevé, les diacres couronnaient le Pape de la tiare et, tous remontant en selle, faisaient la solennelle cavalcade au Latran, où avait lieu le banquet.
Le cérémonial actuel a conservé bien peu de chose de tout ce rituel, de tout ce splendide apparat. — La joie n’est vraiment pas la note dominante de la société moderne. — A la messe, au lieu des habituels ornements violets, les ministres sacrés en revêtent de couleur rosé et l’orgue remplit de ses harmonies les nefs du temple. L’office divin n’a d’ailleurs pas subi d’altérations et conserve intact son caractère primitif de fête, plein d’enthousiasme en raison de la prochaine venue du Sauveur.
L’introït provient de l’épître de saint Paul aux Philippiens (IV, 4) et s’adapte très bien à la circonstance. Le Seigneur est désormais proche, et cette annonce inonde le cœur de joie : joie, d’ailleurs, bien différente de celle à laquelle s’abandonne lé monde, puisqu’elle est le fruit de la paix intérieure que le Saint-Esprit communique à l’âme, quand celle-ci se maintient fidèle à la sainte volonté de Dieu. Cette fidélité, c’est-à-dire l’accomplissement exact des devoirs d’état, est appelée modestie par saint Paul, comme le mode et la mesure exacte de toutes les vertus. La paix intérieure pourrait trouver un obstacle, il est vrai, dans les douleurs et dans les inquiétudes de la vie extérieure ; mais saint Paul veut que nous écartions de notre cœur toutes les sollicitudes désordonnées. Recourons à Dieu dans la prière avec une humble confiance et présentons nos besoins à Celui qui est appelé Père des miséricordes et Dieu de toute consolation. Le psaume qui suit l’antienne d’introït est le 84e, qui est proprement le cantique de la libération.
Dans la collecte, nous prions Dieu de prêter l’oreille à nos gémissements et de dissiper bien vite les ténèbres du péché par la splendeur de sa venue.
La lecture est tirée du même passage de l’épître aux Philippiens que l’introït (IV, 4-7). L’Apôtre termine en souhaitant à ses fidèles que la paix ineffable de l’Esprit Saint les garde dans l’amour du Christ. Cette paix surnaturelle, qui est un des fruits du Paraclet, est la stabilité inébranlable de l’âme dans le service divin.
Le répons-graduel est tiré du psaume 79, que nous avons déjà vu à l’introït du dimanche précédent. Celui qui trône, immuable, sur les Chérubins de la gloire, et dirige le sort des hommes, va venir avec toute sa puissance pour combattre l’antique adversaire. Le verset alléluiatique appartient au même psaume.
Dans la lecture évangélique (Johan., I, 19-28), Jean-Baptiste continue sa mission de préparer les voies des cœurs à Jésus, afin qu’ils accueillent de façon fructueuse la semence sacrée. Le monde semble las de sa longue attente et, par la voix de ses représentants les plus autorisés, il interroge Jean pour savoir si c’est enfin lui, ce Prophète promis par Moïse, et qui, depuis si longtemps déjà, devait venir. Mais l’Ami de l’Époux n’en usurpe pas les droits ; bien plus, il s’abîme dans son humilité pour proclamer la dignité messianique de Jésus et son éternelle préexistence. Quant à lui-même, il n’est qu’un écho, une ombre, indigne même de rendre à Jésus ces humbles services que les esclaves d’alors avaient coutume de rendre à leurs maîtres. Une telle humilité est vraiment égale à l’excellence du Précurseur, dont le Verbe Lui-même a dit que personne n’est plus grand que lui. Dans les premiers temps de la prédication apostolique, le témoignage que Jean avait rendu à la divinité de Jésus facilita beaucoup la diffusion de la foi parmi les prêtres et parmi les disciples et admirateurs de l’austère prédicateur des rives du Jourdain. A Éphèse, saint Paul trouva même des groupes entiers de croyants qui avaient seulement reçu le baptême du Précurseur.
L’offertoire est emprunté, comme l’introït, au psaume 84. La venue de Jésus sur la terre est la bénédiction promise par Yahweh à Abraham ; c’est la libération de l’esclavage, c’est la rémission du péché.
Dans la collecte sur les oblations, on demande à Dieu la grâce de renouveler le sacrifice non sanglant avec une dévotion persévérante. Que le mystère eucharistique, qui est sur le point de s’accomplir, nous soit le gage du salut éternel.
Durant la Communion, retentit une dernière invitation aux pusillanimes. Ne craignez pas, ce n’est plus un prophète, un légiste, un scribe, comme jadis dans l’Ancien Testament, mais Dieu lui-même qui vient pour vous sauver (Is., XXXV, 4).
Dans la collecte d’action de grâces — « Eucharistia » — nous demandons que le Don sacré nous purifie, afin de nous préparer dignement à la solennité prochaine. Tant il importe de bien se disposer aux grâces divines, de se préparer convenablement avant de s’approcher des sacrements, en vaquant à la prière et à la méditation. Si Jérusalem renia le Messie, ce fut précisément par manque de préparation à la grâce messianique. Plongée dans la vanité et dans le sensualisme, Jérusalem était tout à fait mal disposée à reconnaître le Roi de gloire dans l’Homme des douleurs. Le ritualisme et les pratiques extérieures de dévotion sont louables et nécessaires, mais la préparation au bon usage de la grâce est beaucoup plus intime et importante.
Troisième semaine de l’Avent
Nous entrons dans la seconde moitié de l’Avent ; jusqu’ici, nous commencions notre prière nocturne par cet invitatoire : Le Roi va venir, venez, adorons-le. Aujourd’hui notre prière commence ainsi : Le Seigneur est déjà proche, venez, adorons-le.
La semaine qui commence est d’une grande richesse liturgique, elle compte parmi les parties les plus belles et les plus impressionnantes de l’année ecclésiastique. C’est d’abord la joie annonciatrice de : Noël, le dimanche rose, puis ce sont les Quatre-Temps entièrement consacrés à la préparation de Noël et spécialement la « Messe d’or » le mercredi. Enfin c’est, d’ordinaire, dans cette semaine que commencent les antiennes O avec leur ardente supplication vers le Rédempteur. Cette semaine constitue une gradation ascendante et rapide vers la fête de Noël.
La joie. — Nous autres chrétiens, nous devons nous réjouir, nous avons même toutes sortes de raisons d’être joyeux : tel est le consolant message de l’Église au troisième dimanche de l’Avent. Jusqu’ici, on a toujours cru que la joie et la gaieté étaient le lot des gens dépourvus de piété, des mauvais sujets qui font volontiers. La colombe de la vie éternelle est posée sur le toit du ciel, le passereau de la pauvre vie terrestre est dans votre main. Or la foi consiste à laisser ce passereau s’enfuir de votre main pour aller retrouver la colombe sur le toit. Seul le christianisme vivant, celui qui a conscience de la vie divine, qui a assez de foi pour abandonner le bien-être terrestre et l’échanger contre la vie éternelle, seul ce vrai et authentique christianisme peut parvenir à un véritable état de joie. C’est à cette joie chrétienne et à cette foi chrétienne que nous appelle aujourd’hui notre Mère l’Église : Réjouissez-vous sans cesse, je vous le dis encore une fois : Réjouissez-vous.
Une remarque technique pour le lecteur. — Dans l’utilisation du calendrier perpétuel, il se présente une difficulté durant ces deux semaines. Certains chants de l’Avent sont désormais rattachés à la date du mois, par exemple : les antiennes O.
Troisième Dimanche de l’Avent
Samedi soir. — Le soir, en récitant les Vêpres, nous inaugurons déjà à l’office du dimanche. Au dimanche joyeux correspondent les antiennes dont l’accent respire la certitude : « Le Seigneur va venir et il ne tardera pas, il éclairera les coins cachés des ténèbres — et se manifestera à toutes les nations, Alléluia. » Jérusalem est invitée à manifester sa joie : « Réjouis-toi, Jérusalem, avec une grande joie, car le Sauveur va venir vers toi, Alléluia. » Ensuite le Sauveur lui-même prend la parole. « J’apporterai dans Sion le salut et dans Jérusalem ma gloire, Alléluia. » Ensuite nous crions pleins d’ardeur vers le Sauveur qui va venir : « Les montagnes et les collines s’abaisseront, les sentiers tortueux deviendront droits et les aspérités s’aplaniront : venez, Seigneur, ne tardez pas. » Et nous terminons par une antienne qui est encore un chant de parousie : « Vivons avec justice et piété ; attendons l’espérance bienheureuse et la venue du Sauveur. » Dans l’antienne que nous chantons au coucher du soleil, nous entendons le Seigneur lui-même parler : « Avant moi il n’y a pas de Dieu et il n’yen aura pas après moi, car devant moi se courbera tout genou et toute langue me louera. » Cette antienne s’accorde merveilleusement avec le Magnificat : Mon âme exalte le Seigneur.
Le dimanche rose. — C’est un dimanche de joie pendant l’Avent. Comme des enfants qui attendent impatiemment l’Enfant-Jésus, nous ne pouvons plus maîtriser la joie que nous cause la venue du Seigneur ; ce sentiment de joie nous domine. Cette joie est comme une joie de Noël anticipée. La couleur liturgique est au lieu de violet, le rose. Le rose est une atténuation du violet, il tient par conséquent le milieu entre la couleur de la pénitence et celle de la joie ; il signifie une joie modérée, une joie anticipée. On peut, aujourd’hui, à la différence des autres dimanches de l’Avent, orner l’autel de fleurs et les orgues se font entendre. A la grand’messe, le diacre et le sous-diacre portent la dalmatique et la tunique.
Ces jours exceptionnels doivent être fêtés d’une manière particulière par les amis de la liturgie qui s’efforceront d’en pénétrer tout le sens. Il est à désirer qu’à l’église (vêtements liturgiques, parure de l’autel) et même à la maison (fleurs sur la table) la couleur rose domine ; les pasteurs devraient faire de la décoration de leur église, en ce jour, une prédication muette, une leçon de choses. Très peu de dimanches ont un caractère sentimental aussi marqué.
Assurément la joie de l’Avent a un fondement plus profond que nous fait découvrir la liturgie de ce jour. Il importe beaucoup que nous comprenions l’idée essentielle de la liturgie d’aujourd’hui. Que veut nous dire l’Église ? Où réside le progrès dans notre préparation de Noël ? Le premier dimanche, la Rédemption apparaissait encore dans le lointain : « Vous verrez venir le Fils de l’Homme. Élevez vos têtes, car votre rédemption approche. » Le deuxième dimanche, l’Église nous montre le divin médecin qui nous dit de lui-même, en expliquant son programme rédempteur, qu’il vient « faire voir les aveugles... ; ressusciter les morts... ». Aujourd’hui, le Précurseur nous crie : « Il est au milieu de vous. » Il est vrai que « nous ne le connaissons pas encore » comme nous le connaîtrons un jour et que nous devons chercher à le reconnaître, maintenant, dans la foi et le mystère. Ce message joyeux est très semblable au message de Noël. Aussi comprenons-nous qu’au-dessus de ce dimanche plane une joie contenue mais intime et profonde, ainsi qu’une grande impression de respect. La liturgie de ce jour comprend comme deux étapes : les deux causes de notre joie. Nous sommes invités à nous réjouir : 1° parce que le Seigneur est proche, 2° parce qu’il est au milieu de nous.
A proprement parler, il y a ici une contradiction ; comment peut-il être proche et cependant au milieu de nous ? La liturgie seule peut résoudre l’énigme. Par la grâce, il est au milieu de nous, pour la gloire, il est proche. La liturgie est le pont qui conduit de la grâce à la gloire. Considérée du point de vue divin, la liturgie est la voie qui mène à la gloire. Ainsi le Christ est au milieu de nous et en nous parce que nous sommes membres de son corps mystique ; il est également tout proche parce que nous marchons vers sa gloire et sa manifestation. II, est au milieu de nous à la sainte messe, et il est proche, car la vie chrétienne est une révélation continuelle de ce qu’il est, une attente de son retour.
Le Seigneur est proche. — Le prophète Isaïe chante un beau cantique d’Avent et de rédemption (XXVI, 1-14) :
« En ce jour-là, on chantera ce cantique dans la terre de Juda :
Le mur de fortification de notre ville de Sion est le Sauveur,
Il s’en est fait le mur et l’avant-mur.
Ouvrez les portes, laissez entrer le peuple juste qui garde la vérité.
L’antique erreur s’est évanouie, tu donnes la paix,
Oui, la paix ; nous avons confiance en toi.
Ayez confiance dans le Seigneur pour les temps éternels,
Dans le Seigneur, le Dieu fort, pour toujours.
Car il a abaissé ceux qui demeuraient sur les hauteurs,
Il a humilié la ville superbe.
Il l’a abaissée jusqu’à terre,
Il lui a fait toucher la poussière,
Elle a été foulée sous les pieds,
Sous les pieds des humbles,
Sous les pas des malheureux.
Le sentier du juste est droit,
Unie la voie que foule l’homme pieux.
Sur le sentier de tes jugements, Seigneur, nous t’attendons,
Ton nom et tes pensées sont le désir de notre âme.
Mon âme te désire pendant la nuit
Et je veille avec un cœur qui te recherche dès le matin. »
Saint Paul est aujourd’hui le vrai messager de joie. Son Épître est comme le centre de la messe et même de toute la journée : « Mes frères, réjouissez-vous dans le Seigneur sans cesse, je vous le dis de nouveau : réjouissez vous, que votre modestie soit connue de tous les hommes, car le Seigneur est proche. N’ayez pas de soucis anxieux, mais, en toute circonstance, faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et que la paix de Dieu qui surpasse tout sentiment garde vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus notre Seigneur. »
Que veut dire saint Paul ? Il pensait alors, en écrivant ces paroles, au retour du Christ ; mais aujourd’hui l’Église parle par sa bouche du triple avènement du Seigneur : la fête de Noël est proche, pendant laquelle nous célébrerons son premier avènement ; son avènement de grâce est proche, dans la messe d’aujourd’hui, comme du reste dans toute messe et spécialement dans la messe de Noël ; proche enfin est son retour.
Les Matines sont riches en beaux répons. Nous n’en donnons que deux exemples :
Dès l’aurore, l’Église voit dans le soleil qui se lève l’image du Roi : « Sur le trône de David, dans son royaume, il siègera pendant l’éternité, Alléluia. » Le coucher du soleil est consacré à la Mère de Dieu : « Tu es bienheureuse, ô Marie, d’avoir cru au Seigneur, en toi s’accomplira ce qui t’a été dit par le Seigneur, Alléluia. » Cette fois encore, l’antienne convient merveilleusement au Magnificat.
3. Il se tient au milieu de vous. — Dans l’Évangile, saint Jean-Baptiste nous apporte le plus joyeux message du jour. n reçoit une ambassade du grand Conseil et il assure les envoyés et nous-mêmes que le Messie n’est pas seulement proche : « Je baptise dans l’eau, mais il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas. C’est lui qui doit venir après moi, n était avant moi et je ne suis pas digne de délier les courroies de sa chaussure ». C’est là le vrai message chrétien : nous attendons le Seigneur et nous le possédons déjà Mais le Baptiste est notre prédicateur : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur, comme l’a dit le Prophète Isaïe. » Telle est sa vocation, non seulement parmi le peuple juif, mais encore dans l’Église, tant qu’elle erre encore sous l’habit de pèlerin. Tous les ans, pendant les quatre semaines de l’Avent, il crie à la chrétienté : « Voix qui crie dans le désert : Préparez les voies du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Remarquons la progression de ces trois messages. Le premier était plein d’espérance joyeuse (Isaïe), le second respirait l’allégresse causée par la venue prochaine du Seigneur (S.Paul), le troisième nous montre déjà le Seigneur au milieu de nous. Il peut maintenant apparaître réellement, dans le mystère du Saint Sacrifice.
La messe. — Nous célébrons le Saint Sacrifice au tombeau du Prince des Apôtres (la messe ne fait aucune allusion à la station). L’introït remplit réellement son rôle, il nous fait pénétrer dans les sentiments du jour et de la messe : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, je vous le dis de nouveau, réjouissez-vous, car le Seigneur est proche. » Voilà ce que nous annonce la liturgie dès les portes de l’église.
C’est un double avènement que nous attendons dans la joie : l’avènement dans la chair et l’avènement dans la gloire. Dans la messe d’aujourd’hui, cette double attente se trouve exprimée. Comme réponse au message de joie, nous chantons le cantique de délivrance, le psaume 84 et nous le chantons trois fois aujourd’hui : à l’Introït, à l’Offertoire et à la Communion, par conséquent aux trois processions de la messe. A la Collecte, l’Église, s’inspirant du symbole naturel de la nuit et de la lumière, demande à Dieu de nous faire passer de la nuit du péché à la lumière éclatante de la « visite divine ». L’Épître est, dans sa brièveté, d’une plénitude remarquable. Les versets principaux, si impressionnants, ont déjà été chantés à l’Introït. Le Seigneur est proche, proche e t son avènement à Noël ainsi que son avènement de grâce à la messe et son retour au dernier jour. Il est le Sauveur et il nous apporte la joie et la paix de Noël. Le Graduel est un cri de supplication appelant la Rédemption, un « Rorate cæli » de l’humanité non rachetée et de l’humanité rachetée (nous connaissons déjà ce cantique de l’Avent, psaume 79), c’est aussi un « maranatha » un cantique de Parousie. A l’Évangile, nous voyons l’ambassade du sanhédrin venir trouver Jean Baptiste pour éprouver sa dignité de prophète. Le Précurseur nous assure que le Seigneur est proche « Il est même au milieu de nous ». A la différence des Juifs, nous le connaissons et au Saint Sacrifice, sa présence sera une réalité. Là encore, le Baptiste est le précurseur du Christ. A l’Offertoire, nous chantons notre cantique de Rédemption (psaume 84) qui retentit au début du sacrifice comme l’accomplissement du grand espoir de l’Avent. Nous y remarquons la gradation déjà signalée : le Seigneur est proche — il est au milieu de vous — le Sacrifice de la messe le fait apparaître. A la Communion, nous éprouvons une joie frémissante, quand notre Mère l’Église nous assure" : Notre Dieu va venir et il nous sauvera. Et nous chantons encore (pour la troisième fois aujourd’hui) notre cantique de délivrance, le psaume 84 qu’il faudrait lire dans son entier. Et nous demandons que le pain du ciel nous prépare dignement à « la fête qui s’approche » (Postcommunion).
Chrétiens, ce jour est un jour de joie anticipée. Si cette joie est déjà si belle et si grande, que sera donc la joie de Noël ? que sera surtout la joie céleste de l’éternel Noël ?
[1] I Cor. 4, 5.
[2] Is. 52, 9.
[3] Is. 46, 13.
[4] Is. 40, 4
[5] Tit. 2, 12.
[6] Ce Verset, pour être bien compris, doit être rapporté au temps où les justes et les prophètes appelaient le Messie de leurs vœux ; mais nous pouvons aussi l’appliquer à la naissance spirituelle de Jésus-Christ dans nos âmes. « Jésus-Christ est admirablement comparé à la rosée : 1° la source de la rosée est cachée ; ainsi l’incarnation du Verbe est secrète ; 2° la rosée qui n’est autre chose qu’une pure vapeur qui se change en eau, est le symbole de la virginité de la Mère de Dieu ; 3° la rosée est douce et féconde, de même Jésus-Christ vivifie le monde par sa grâce ; 4° la rosée ressemble au diamant, or l’humanité de Jésus-Christ est un diamant divin qui est l’anneau de l’alliance du Verbe avec son Église et avec toute âme fidèle. » (Cornélius a Lapide).
[7] Is. 43, 10.
[8] Is. 45, 24.
[9] Is. 35, 3.
[10] Is. 35, 4.
[11] Ps. 49, 2.
[12] La sainte Église est fondée par celui dont le Père dit : « C’est celui-ci qui a édifié ma cité » (Is., 45, 13) ; et Jésus est lui-même notre ville forte. Il est encore son mur et son avant-mur : le mur par les bonnes œuvres, et l’avant-mur par la vraie foi. Il ne suffit pas, en effet, d’avoir la muraille de la foi, si la foi n’est confirmée par les bonnes œuvres. (Saint Jérôme).
[13] Quelles sont ces portes qu’on ordonne aux Anges d’ouvrir, sinon celles dont le ps. 117e dit : « Ouvrez-moi les portes de la justice, afin que j’y entre et que je rende grâces au Seigneur » ? Comme les portes de la mort sont les péchés, ainsi les portes de la justice sont toutes les œuvres de vertu, et quiconque aura pénétré par là trouvera cette porte unique par où entreront les justes. (Saint Jérôme).
[14] Le Prophète s’adresse maintenant à Juda ; par siècles éternels, il entend dans tous les temps et au milieu de tous les événements de la vie.
[15] Cette cité élevée représente le monde orgueilleux et ennemi de Dieu.
[16] Du pauvre, c’est-à-dire de Jésus-Christ. Des indigents, c’est-à-dire des Apôtres qui, en imitant la pauvreté du divin Maître, obtinrent le privilège de sa force, et qui, repoussés par Jérusalem, secouèrent sur elle la poussière de leurs sandales. Dans le seul sentier du Christ, on trouve toutes les formes de la justice, et c’est pourquoi il l’a tracé et battu de son pied, afin que quiconque y voudra marcher le fasse sans danger d’achoppement. C’est dans cette voie des justices du Seigneur, que les Saints l’ont attendu. (Saint Jérôme).
[17] Apoc. 14, 14.
[18] Apoc. 14, 1 & 19, 16.
[19] Habac. 2, 3.
[20] Mic. 5, 2.
[21] Zach. 19, 13.
[22] Cette imprécation se rapporte aux oppresseurs du peuple de Pieu « Nous pouvons aussi, par morts entendre les statues d’hommes morts qu’on adore, et par géants, les démons, qui se cachent dans ces idoles. » (Saint Jérôme).
[23] Habac. 2, 3.
[24] Mich. 7, 19.
[25] Zach. 9, 9.
[26] Apoc. 22, 12.
[27] Is. 16, 1.
[28] Is. 40, 10.
[29] Is. 14, 1.
[30] Jerem. 31, 21.
[31] Ps. 71, 5.
[32] Ps. 71, 6.
[33] Ps. 71, 10.
[34] Luc. 1, 28.
[35] Is. 26, 1.
[36] Ps. 79, 2.
[37] Is. 11, 10.
[38] Luc. 1, 32.
[39] Is. 2, 3.
[40] I Cor. 4, 5.
[41] Is. 52, 9.
[42] Is. 46, 13.
[43] Is. 40, 4
[44] Tit. 2, 12.
[45] Is. 9, 7.
[46] Luc. 1, 45.
[47] On dit solennellement les Antiennes O. On les dit à Magnificat, parce que c’est Marie qui nous a donné Jésus, et à Vêpres, parce que le Messie était attendu sur le soir du monde. D’après Honorius d’Autun, ces sept Antiennes se rapportent aux sept dons du Saint-Esprit. Dans la première, Jésus est appelé sagesse, parce qu’il est venu dans l’Esprit de sagesse. Dans la seconde, Adonaï, nom que Dieu indiqua à Moïse sur le Sinaï, parce que J.-C. est venu nous racheter par l’Esprit d’intelligence. Dans la troisième, Radix Jesse in signum populorum, c’est-à-dire en signe de la croix, parce qu’il est venu nous délivrer dans l’Esprit de conseil. Dans la quatrième, Clef de David, parce qu’il ouvre le Ciel aux justes et ferme l’enfer, dans l’Esprit de force. Dans la cinquième, Orient, parce qu’il nous éclaire par l’Esprit de science. Dans la sixième, Roi des Gentils et Pierre angulaire, parce qu’il sauve tous les hommes par l’Esprit de piété. Dans la septième, Emmanuel, parce qu’il vient dans l’Esprit de crainte, mais en donnant aussi la loi de l’amour. Ce nombre septénaire signifie encore les sept misères du genre humain, savoir : l’ignorance ; les peines éternelles et la mort ; l’esclavage du démon ; le péché ; les ténèbres ; l’exil de la patrie. Et voilà pourquoi nous avons besoin d’un Docteur, O Sapientia ; d’un Rédempteur O Adonaï ; d’un Libérateur, O Radix Jesse ; d’un Sauveur, O Clavis David ; d’un illuminateur, O Oriens ; d’un Chef et guide pour ramener à la patrie, soit les Gentils (O Rex Gentium), soit les Juifs (O Emmanuel).
[48] Eccli., 24, 3.
[49] Sap. 8, 1.
[50] ou de la justiceIs. 40, 14.