Psaume 22

Psalmus 22 Psaume 22 [1]
Dóminus regit me, et nihil mihi déerit : * in loco páscuæ ibi me collocávit.C’est le Seigneur qui me conduit [2], et rien ne me manquera : * Il m’a établi dans un lieu de pâturages.
Super aquam refectiónis educávit me : * ánimam meam convértit.Il m’a amené [3] près d’une eau fortifiante [4] : * Il a fait revenir mon âme.
Dedúxit me super sémitas iustítiæ : * propter nomen suum.Il m’a conduit par les sentiers de la justice [5] : * à cause de son nom.
Nam, et si ambulávero in médio umbræ mortis, non timébo mala : * quóniam tu mecum es.Aussi, quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort [6], je ne craindrais aucun mal : * car vous êtes avec moi.
Virga tua, et báculus tuus : * ipsa me consoláta sunt.Votre verge et votre bâton [7] : * eux m’ont consolé.
Parásti in conspéctu meo mensam, * advérsus eos, qui tríbulant me.Vous avez préparé devant moi une table [8], * en face de ceux qui me persécutent.
Impinguásti in óleo caput meum : * et calix meus inébrians quam præclárus est !Vous avez oint ma tête d’huile [9] : * et que mon calice enivrant est admirable !
Et misericórdia tua subsequétur me * ómnibus diébus vitæ meæ.Et votre miséricorde me suivra [10] * tous les jours de ma vie.
Et ut inhábitem in domo Dómini, * in longitúdinem diérum.Pour que j’habite [11] dans la maison du Seigneur, * durant la longue suite des jours [12].
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Applications liturgiques. La plus riche application que l’Église fasse de ce psaume, c’est à l’Office de la Fête-Dieu 2e Noct. L’antienne est prise du v. 5. A l’Office des morts, au 2e Noct., l’âme fidèle, libre des biens de la mortalité, mais non affranchie encore de ceux du péché, prie dans la confiance d’être conduite par Dieu lui-même son pasteur au lieu du repos éternel, au souper, v. 5, des noces de l’Agneau, à la maison de Dieu pour l’éternité, v. 6. (Le P. Emmanuel).

[2] Cette image, fréquente dans la sainte Écriture, aura sa parfaite réalisation dans la personne de celui qui dira un jour : Je suis le bon Pasteur. (Lesêtre).

[3] Certaines traductions rendent educavit par élevé, d’autres par amené. L’expression est susceptible des deux sens, et il est bien juste de dire des eaux de la grâce que le Seigneur nous a amenés et élevés près d’elles.

[4] Selon l’hébreu, un pâturage d’herbe tendre, une eau tranquille] (c’est-à- dire limpide et non trouble comme celle des torrents) ou encore des eaux qui reposent. Quelle impression se dégage de ce tableau ! Trouver l’eau est le grand souci et la suprême joie du pasteur en Palestine. (Lesêtre). Au sens spirituel, cette eau fortifiante, c’est l’eau du baptême, où nous sommes régénérés ; c’est l’eau de la grâce qui nous purifie et nous donne de nouvelles forces, c’est l’eau de la sagesse qui abreuve et rafraîchit notre âme. « Celui qui en boira n’aura jamais soif. » (Jean, IV).

[5] Les sentiers sont littéralement une voie plus étroite que les routes ordinaires, et il faut entendre par ces sentiers de la justice la pratique des conseils aussi bien que des commandements. (Péronne).

[6] Au milieu de l’ombre de la mort. c’est-à-dire « parmi des ténèbres aussi épaisses que celles du tombeau ». Beaucoup de périls se rencontrent dans les lieux très obscurs, niais elle est indicible, la sécurité de celui qui aime Dieu, quand il se souvient qu’il est avec celui auquel rien ne résiste (Bx. Bellarmin).

[7] Votre verge et votre bâton. La verge châtie, le bâton soutient. L’une et l’autre apportent de la consolation, car l’âme se réjouit de voir que Dieu prend soin d’elle. (Bx. Bellarmin). Au lieu de verge, le texte hébreu porte houlette. La houlette du pasteur sert à diriger les brebis, son bâton les défend contre les loups, mais l’une et l’autre dans l’intérêt des élus. (Saint Bernard).

[8] L’âme s’use tous les jours encore plus que le corps au milieu des combats de la vie, mais Dieu lui a donné dans la sainte Eucharistie une nourriture solide et substantielle. En quittant la table sainte elle continue sa route en chantant avec le Prophète : « Le Seigneur me conduit etc... il a servi devant moi une table royale pour me fortifier dans mes défaillances. » (Mgr Landriot, Eucharistie. 3e Conf).

[9] Allusion à la confirmation. (Saint Athanase).

[10] Votre miséricorde me suivra. Selon le texte hébreu : Le bonheur et la bonté me poursuivront tous les jours de ma vie, c’est-à-dire tant que je suis en cette vie mortelle qui n’est pas votre vie mais la mienne.

[11] Pour que j’habite, etc. Elle ne me suivra pas seulement ici-bas, mais elle me donnera la maison du Seigneur pour y vivre éternellement. (S. Augustin).

[12] C’est le dernier fruit et le plus précieux de l’Eucharistie ; elle nous conduit à cette céleste Jérusalem, où il n’y a que des joies, où il n’y aura plus de nuit, ni douleurs, ni deuil, ni larmes, ni périls, ni combats. (Péronne).