Psaume 15

Psalmus 15 Psaume 15 [1]
Consérva me, Dómine, quóniam sperávi in te. *Dixi Dómino : Deus meus es tu, quóniam bonórum meórum non eges.Conservez-moi, Seigneur, car j’ai espéré en vous [2]. * J’ai dit au Seigneur : Vous êtes mon Dieu, vous n’avez pas besoin de mes biens [3].
Sanctis, qui sunt in terra eius, * mirificávit omnes voluntátes meas in eis.Aux saints qui sont sur sa terre, * il a manifesté d’une manière admirable mes volontés pour eux [4].
Multiplicátæ sunt infirmitátes eórum : * póstea acceleravérunt.Leurs infirmités se sont multipliées : * ensuite ils ont accéléré leur course [5].
Non congregábo conventícula eórum de sanguínibus, * nec memor ero nóminum eórum per lábia mea.Je ne réunirai point leurs assemblées pour offrir des victimes sanglantes, * je ne rappellerai même pas leurs noms sur mes lèvres.
Dóminus, pars hereditátis meæ et cálicis mei : * tu es, qui restítues hereditátem meam mihi.Le Seigneur est la part de mon héritage et de mon calice [6] : * c’est vous qui me rendrez mon héritage.
Funes cecidérunt mihi in præcláris : * étenim heréditas mea præclára est mihi.Le cordeau [7] est tombé pour moi sur des biens magnifiques : * car mon héritage est excellent pour moi.
Benedícam Dóminum, qui tríbuit mihi intelléctum : * ínsuper et usque ad noctem increpuérunt me renes mei.Je bénirai le Seigneur qui m’a donné l’intelligence : * et de plus jusque dans la nuit même mes reins [8] m’y ont excité.
Providébam Dóminum in conspéctu meo semper : * quóniam a dextris est mihi, ne commóvear.Je voyais [9] toujours le Seigneur en ma présence [10] : * parce qu’il est à la droite, afin que je ne sois pas ébranlé.
Propter hoc lætátum est cor meum, et exultávit lingua mea : * ínsuper et caro mea requiéscet in spe.C’est pourquoi mon cœur s’est réjoui et ma langue a exulté : * et même ma chair reposera dans l’espérance.
Quóniam non derelínques ánimam meam in inférno : * non dabis sanctum tuum vidére corruptiónem.Car vous n’abandonnerez point mon âme dans l’enfer : * et vous ne laisserez point votre saint voir la corruption. [11]
Notas mihi fecísti vias vitæ, adimplébis me lætítia cum vultu tuo : * delectatiónes in déxtera tua usque in finem.Vous m’avez fait connaître les voies de la vie [12], vous me remplirez de joie par votre visage : [13] * il y a des délices à votre droite pour toujours.
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts :
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto.Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit.
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen.Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

[1] Applications liturgiques. Ce psaume est chanté au 1er Noct. des Matines du Samedi-Saint, avec l’antienne : ma chair reposera dans l’espérance. La mention du calice, v. 5, et des sacrifices du sang, v. 4, ont rappelé au Docteur Angélique le calice de l’alliance éternelle, le sang du testament nouveau, et ce psaume a été choisi pour l’office de la Fête-Dieu, au 1er Noct. Tous les saints étant attachés au Sauveur partagent la gloire de sa résurrection ; c’est pourquoi nous retrouvons ce psaume à l’office de plusieurs Martyrs, l’antienne au 1er Nocturne est prise du v. 3. (Le P. Emmanuel)

[2] Le fond de ce Psaume est une prière du Christ à son Père, prière qui peut devenir propre à tous ses membres en général comme à chacun en particulier. (Bx. Bellarmin).

[3] Mes hommages n’ajoutent rien à votre gloire essentielle, c’est pour mon bonheur que vous les réclamez, mais moi j’ai besoin de vous qui êtes mon souverain bien.

[4] A propos de ce verset, saint Augustin met sur les lèvres du Christ les paroles suivantes : « A ces saints le Seigneur a fait comprendre mes desseins pour leur progrès, et ils ont alors compris l’avantage que leur procure ce mystère d’un Dieu qui est homme pour mourir et d’un homme qui est Dieu pour ressusciter. »

[5] Les saints, les serviteurs de Dieu, ont été accablés de maux et de persécutions, mais cela n’a fait qu’augmenter leur sainte ardeur. (Glaire).

[6] Mes frères posséderont avec moi cet héritage qui est Dieu ; où est la tête, là aussi est le corps. (S. Augustin).

[7] Le cordeau On mesurait les héritages avec un cordeau ; ici ce mot est employé par figure. Ces biens magnifiques désignent Dieu même.

[8] Les reins désignent ici les affections. Son cœur l’a pressé de souffrir avec patience et d’espérer en Dieu. (Bellarmin). Le Sauveur a béni son Père de ce qu’il pouvait le louer en notre nom avec une intelligence humaine et un cœur humain.

[9] Ce verset et toute la fin du psaume ont été appliqués par saint Pierre au Sauveur, (voir Actes 2, 25.)

[10] Le Fils a toujours devant les yeux le Père, et l’Église a devant les yeux le Christ. (S. Jérôme).

[11] Ce verset a été expliqué par les apôtres Pierre et Paul (Actes 2, et 13) et quoiqu’il ne convienne rigoureusement qu’au Christ dont l’âme n’est pas restée aux enfers, c’est-à-dire aux limbes des Patriarches, et dont la chair n’a connu au sépulcre aucune corruption, cependant nous le pouvons tous répéter, soit parce que nous sommes les membres du Christ et que Dieu nous a ressuscités en lui (Ephes., 2), soit parce qu’il n’abandonnera pas notre âme à l’enfer et que notre chair ne verra point à jamais la corruption. (Bellarmin).

[12] C’est par moi que vous avez enseigné la voie de l’humilité, afin que les hommes reviennent à la vie, qu’ils avaient perdue par l’orgueil, et comme je suis en eux, c’est à moi que vous l’avez fait connaître. (S. Augustin).

[13] « Quand ils vous verront face à face, leur joie sera telle qu’ils n’auront plus aucun désir : et comme je suis en eux, c’est moi que vous remplirez de joie. » (Saint Augustin).