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IV - Le Missel

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LE MISSEL

les sources du missel plenier

Terminologie

La terminologie reste fluide :

Le Missel résulte de la fusion du Sacramentaire, du Lectionnaire et de l’Antiphonaire [1].

Sacramentaire

L’ancêtre du Missel est le Sacramentarium mixtum ou Grégorien gélasianisé.

Hadrianum cum supplemento ═ ═ ═ ═ ═ ═ ═ ═
Gelasianum Antiquum Missale
Gregorianum II
Gélasien franc
Sacramentaires Gallicans
éléments monastiques

Ce type de Sacramentaire devient la norme à Rome au Xè s.

Lectionnaire

C’est le troisième type de lectionnaire ( type Gélasien franc, cf. le comes de Murbach ) qui est utilisé. Le cycle des lectures est pleinement développé pour tous les dimanches, mercredi et vendredis de l’année ainsi que pour toutes les féries de Carême et du Temps Pascal. Il est organisé selon le Gélasien franc, donc comprend des éléments et romains et francs.

Antiphonaire

Cf. Le Graduel Romain par les moines de Solesmes et l’Antiphonale sextuplex de Hesbert pour l’indication de toutes les sources.

L’Antiphonaire utilisé est celui du IXè s. donc conforme au Gélasien franc.

developpement du missel plenier

Indications historiques

Diverses indications historiques nous tracent le chemin parcouru.

Attention ! le processus est graduel et non linéaire, c’est-à-dire que les divers types coexistent souvent et cela dès le IXè s.

- 1ère étape : notes marginales dans les Sacramentaires qui indiquent le début des chants.

- 2ème étape : Existence de libelli missarum ( du deuxième type ).

Ils sont très importants pour cette période de l’histoire du Missel. Il s’agit d’un cahier contenant les textes pour une fête ou une messe votive, provenant en général des milieux monastiques :


- 3ème étape  : Livres juxtaposés : un Sacramentaire et un Antiphonaire sont reliés ensemble sous une même couverture. 3 des Antiphonaires édités par Hesbert sont des éléments de tels livres. Ce type ne dure pas car il est peu maniable.

- 4ème étape : le changement décisif se situe au XIè s.

Théories communes

Il existe trois théories communes sur les causes de la formation du Missel : - la multiplication des Messes privées - l’obligation pour le prêtre de tout réciter - l’utilité pratique du Missel face à plusieurs livres

-  La Messe privée

Selon l’évidence historique, les Messes privées ou votives ne sont pas la cause de l’appariton du Missel car elles existent dès le VIè s., donc bien avant le Missel plénier.

Il y a sans doute un lien, mais ce n’est pas la cause première.

-  Concentration de l’actio liturgica

L’obligation pour le prêtre de réciter toutes les parties de la Messe même celles lues par un ministre ou chantées par la schola.

On trouve trois types communs d’explication :

  1. ( Palazzo ) : C’est un motif ecclésiologique qui est la cause du Missel, l’accent porté sur le prêtre est nouveau à partir du IXè s.

    “une certaine évolution de l’ecclésiologie, postérieure à l’époque carolingienne, a notamment eu pour conséquence la concentration théorique de l’action liturgique entre les mains du Célébrant sans pour autant supprimer les autres acteurs de la cérémonie.” [2]

  2. ( Nocent ) : On assiste à une perte progressive du sens de la célébration liturgique qui devient un acte du prêtre seul.

    “Il ne faut pas cacher que l’appartion du Missel et sa diffusion sont l’expression concrète et matérialisée de la perte progressive du sens de la célébration liturgique...en pratique, le Célébrant se sent acteur unique de la célébration.” [3]

  3. ( Vogel )  : Une nouvelle conception de la Messe naît : c’est l’actio liturgica d’un seul : le prêtre.

    “ Le Missel plénier est la conséquence d’une nouvelle manière de concevoir la Messe : celle-ci cesse d’être une actio où célébrant, ministres, chantres et peuple collaborent et ont un rôle actif à remplir. Le célébrant prêtre, désormais seul agent du processus eucharistique, sera doté d’un livre nouveau.” [4]

Pour Folsom, la réalité est plus complexe, il faut mettre des nuances [5] :

Ita ad communionem antephona, psalmum, adiungentes semper Gloria Patri quod est laus sanctæ Trinitatis. Sic est tenendum et super omnia gratia Dei complendum...

L’Ordo Romanus XV, écrit par un moine franc du VIII è s., nous donne une bonne source pour l’évolution de la pratique.

-  Utilité pratique

Les motifs pastoraux semblent être décisifs : le Missel est surtout un livre paroissial. Dans les paroisses rurales, le cérémonial est simplifié, la Messe pas toujours chantée, et la paroisse pas souvent riche...

Pour Vandijk, la popularité du Missel croît parallélement à l’extension de la cura pastoralis dans les campagnes.

formation

- 1ère étape : origines

Le fondement du Missel Romain est composé de tous les anciens livres liturgiques romains : Sacramentaires, Lectionnaires et Antiphonaires. Les origines du Missel romain sont les origines-mêmes de la Liturgie Romaine.

- 2ème étape : manuscrits intermédiaires

Le Missalis plenarius résulte, du point de vue technique, de deux opérations disctintes et non simultanées :

Nous avons donc des manuscrits qui nous conduisent des Sacramentaires mixtes du IXè s. au Missel de la Curie Romaine :

- 3ème étape : la réforme d’Innocent III

Dans son traité De sacro Altaris Mysterio, Innocent III, décrit encore les rites pontificaux traditionnels, selon les prescriptions des anciens Ordines. Devenu pape, il veut mettre fin à l’arbitraire des rubriques réglant les offices solennels et édite un Pontificale qui, pour l’essentiel, fera loi au Latran jusqu’à la fin du Moyen-Age. C’est cette liturgie qu’adoptent les Franciscains.

- 4ème étape : le Missel de la Curie Romaine du XIVè s.

Deux théories diverses : Andrieu et Vandijk

Aymon de Faversham [6] révise les livres liturgiques franciscains à partir de 1243. Comme toute la faveur de Nicolas III allait vers les franciscains, il introduit leurs livres révisés dans les basiliques romaines.

- 5ème étape : le Missel imprimé de 1474

Editio princeps de 1474 : Ordo Missalis secundum consuetudinem Romane curie, imprimé à Milan. Il est pour la plus grande partie identique au Missel de la Curie du XIIIè s.

Selon Righetti, on a les étapes suivantes :

  1. les franciscains prennent le rit papal
  2. leurs modifications sont approuvées par Clément V
  3. elles sont introduites dans la liturgie papale
  4. on a alors la base du Missel de 1474 [7].

- 6ème étape : le Concile de Trente

Les différences entre le Missel de 1474 et celui de 1570 sont minimes. En 1562, lors de la 25ème session, il y a création d’une commission présidée par l’archevêque Marini, mais divisée. Le projet est renvoyé à Paul IV à la fin du Concile, puis à S. Pie V qui ajoute de nouveaux membres à la commission.

14/8/1570 : promulgation du Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini.

Modifications minimes sous :

surtout rubricales et adjonction de nouveaux formulaires.

- 7ème étape : la dernière réforme

Réforme générale : Sacramentaire, Lectionnaire, Antiphonaire, Calendrier et ordo Missæ. Cf. Bugnini.

Missale Romanum 1970, 1975, 2002

[1] Cf. “Vers le Missel” supra.

[2] PALAZZO, o.c., p. 124.

[3] NOCENT, o.c., p. 169.

[4] VOGEL, o.c., p. 88.

[5] Cf. BORELLA Pietro, Verso il Messale plenario, in Ephemerides Liturgicæ, LXVII, 1953, pp. 338-340. ANDRIEU, o.c., III, p. 120 et 125 : n. 121,155 et 156 de l’Ordo XV.

[6] Cf. VANDIJK, in Ephemerides Liturgicæ, 1948, p. 28-30 ; 1945, p. 177-293 ; 1946, p. 309-366.

[7] Qui ne corrige même pas les livres franciscains : “fratres”, “Missam conventualem”..., cf. CAPELLE, Précis d’histoire de la Messe, in Travaux liturgiques, II, Louvain, 1962, p. 27/