définition
Les rapports du Pontifical aux autres livres liturgiques
Le Pontifical résulte de la rencontre et de la combinaison d’Ordines non eucharistiques avec les formules correspondantes des Sacramentaires.
SACRAMENTARIA | ╗ | |
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╠ | PONTIFICALE | |
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ORDINES ═ ═ ═ ═ ═ | ╝ |
Préhistoire : la formation du Pontifical
Le développement du Pontifical fut lent et graduel, la combinaison Sacramentaires / Ordines s’est faite de différente manière :
Les Ordines non eucharistiques sont augmentés avec les oraisons correspondantes des Sacramentaires. Cette méthode n’est pas satisfaisante car certains Ordines ont des rites inexistants dans les Sacramentaires et les textes des cérémonies étaient parfois trop pesants et inutiles lors du déroulement-même de la cérémonie. C’était la solution archaïque et la plus médiocre.
Les formules non eucharistiques sont séparées du Sacramentaire et on y ajoute les rubriques correspondantes, c’est cette solution qui prévalut. Les formules non eucharistiques disparaissant du sacramentaire, celui-ci s’oriente vers le Missel.
Il existe des Libelli pour des rites particuliers, ils sont recueillis et mis dans un même livre [1].
Ancêtres du Pontifical
Le Codex 92 de Vérone : début IXè s., série de bénédictions pour l’évêque.
Le Codex 138 de Cologne : début IXè s., semble plus complet, prototype du Pontifical Romano-germanique ?
On lui donne parfois le nom de Pontifical Othonien ou Pontifical de Mayence.
Les sources médiévales le désigne comme :
C’est une véritable fusion des traditions romaine et germanique, source de tous les Pontificaux ultérieurs. Il est le fruit d’un travail de compilation réflechi, et non d’une tentative empirique primitive.
Axé sur la personne de l’évêque, il comprend tout (ou presque tout ) ce dont celui-ci a besoin pour célébrer dans sa cathédrale ou son diocése.
Histoire du Pontifical Romano-germanique
Le Pontifical Romano-germanique est un livre mis au point par la volonté de l’Empereur Othon le Grand ou tout du moins de son fils, Guillaume, archevêque de Mayence de 954 à 968, primat de Germanie et frère d’Othon II. Les Othoniens voulaient, comme les Carolingiens, utiliser la liturgie comme moyen d’unification de leur Empire.
Il fut compilé par une équipe rédactionnelle au monastère de Saint-Alban de Mayence, sa diffusion rapide est due à l’importance de Mayence (18 diocèses suffragants), la charge d’archichancelier de l’archevêque.
Terminus ante quem non : 950
Terminus post quem non : 961
Vogel propose une composition entre 960 et 961-963.
La compilation primitive est perdue, nous ne connaissons le Pontifical Romano-germanique que par des témoins.
Tous les exemplaires du Pontifical Romano-germanique parvenus jusqu’à nous dérivent d’un archétype commun, mais aucun d’entre eux ne saurait être considéré comme cet archétype ou sa transcription fidèle, ni a fortiori, comme l’original sorti des ateliers des copistes de Saint-Alban. [2]
La première impression eut lieu en 1568, par Hittorp, édition actuelle : Vogel.
Contenu
Il s’agit de textes liturgiques romains adaptés à l’usage germain du Xème siècle selon les exigences du lieu et du temps, mais le respect de la tradition romaine est tel qu’il pourra être utilisé à Rome pour les Pontificaux ultérieurs.
On y trouve trois types de textes :
Les Ordines
Entre autres, l’Ordo L, source principale du Pontifical Romano-germanique, des Ordines de la famille A, des Ordines de la Famille B et des Ordines archaïques qui disparaîtront, e.g. per iudicia Dei.
Les éléments didactiques
On y trouve des sermons pour diverses circonstances, des Expositiones missæ, des explications du Pater, du Symbole, de l’office des défunts.
Diffusion du Pontifical Romano-germanique et son implantation à Rome
Le Pontifical Romano-germanique eut une grande influence à cause de ses mérites mais surtout à cause des circonstances politiques (Renovatio Imperii), du programme de réformes de l’Empereur, l’influence s’étendit :
Othon I fit de nombreux voyages en Italie, le livre y passa donc au cours de ces voyages : la cour comprenait de nombreux évêques et abbés, qui emportaient tout ce qui était nécessaire pour les célébrations.
Rome était au Xème siècle en proie à une profonde décadence liturgique : les ordinations papales de 963 et 965 utilisent surement le Pontifical Romano-germanique. Les manuscrits fournis par Reichnau (cf. plus haut) étaient de facture romano-germanique.
A partir de 1046, ce sont des évêques germaniques qui deviennent papes, cf. Saint Léon IX (1048-1054), évêque de Toul [3] en Lorraine puis de Rome, Etienne IX (Frédéric de Lorraine, 1057)...
En 1150, un document du Latran cite le Pontifical Romano-germanique comme Ordo Romanus : le Pontifical Romano-germanique est devenu Romain.
A Rome même, le Pontifical Romano-germanique va devenir la source immédiate des Pontificaux romains. C’est par leur intermédiaire que le Pontifical Romano-germanique fornira la substance du Pontifical officiel de l’Eglise latine.
Histoire
A partir de saint Grégoire VII, on trouve à Rome différents Pontificaux, des compilations diverses, d’usages contemporains. Rome reprend une certaine initiative liturgique. S. Grégoire travaille pour une réforme ecclésiale en voulant purifier la liturgie romaine de ses éléments germaniques. Mais l’influence germanique est déjà trop enracinée.
Les Pontificaux romains du XIIè s. ont les caractériques suivantes :
Contenu
Les pontificaux Romains du XIIème sicèle témoignent d’un allègement du Pontifical Romano-germanique :
On adapte le Pontifical Romano-germanique aux stations romaines.
Influence
L’influence fut grande à Rome et dans les Eglises suburbicaires.
L’extension se fait aussi à toute l’Eglise latine par la volonté des papes (Concile Latran Ier, 1123, volonté d’appliquer les décrets romains à tout l’Occident), ou par les circonstances historiques : les exils successifs de la papauté en Italie et en France font connaître les nouvelles compilations.
Mais cette influence sera limitée par la réforme d’Innocent III.
L’existence de nombreux témoins permet de conclure à un archétype commun : les cérémoniaires du Latran, sous Innocent III (1198-1216), cherchent à adapter le Pontifical aux exigences de la cour.
On le connaît par trois recensions (appelées a, b, et g par Andrieu). la troisième domine à partir du XIVème siècle et c’est elle qui est apportée par les papes à Avignon.
Après l’établissement de la papauté à Avignon, le Pontifical de la Curie Romaine se répand dans le midi de la France.
La genèse
A avignon, on assiste à la coexistence de deux Pontificaux : Le Pontifical de la Curie Romaine et le Pontifical dit de Guillaume Durand (né en 1230, évêque de mende en 1285, mort en 1296 à Rome). Il s’agit d’un livre épiscopal en trois partie compilé par l’évêque de mende pour son diocèse vers 1292-1293
Le combat fut remporté par le livre le plus claire et le plus pratique.
Il utilise comme sources : | |
le Pontifical Romano-germanique | |
les Pontificaux Romains du XIIème siècle | |
le Pontifical de la Curie Romaine | |
des usages locaux de Mende |
Contenu
Il est divisé en trois parties qui demeureront jusqu’au XXè s. :
Il exclue tout ce qui peut se faire par un simple prêtre : c’est le premier Pontifical au sens strict.
Influence
Dominant par sa clarté, il va devenir le fondement du Pontifical Romain.
Le Grand Schisme va contribuer à son succès car il sera répandu par les papes d’Avignon (Clément VII et Benoît XIII surtout) dans leur zone d’obédience.
La première édition imprimée du Pontifical en 1485 est l’œuvre d’Augustin Piccolomini et de Jean Burckhard [4], cérémonaire de Sixte IV, Innocent VIII et Alexandre VI.
C’est une édition corrigée du Pontifical de Guillaume Durand ; on y a apporté les changements suivants :
Le Pontifical de 1485 connut des rééditions, c’est l’édition de 1520, par Castellani qui a été reproduite presqu’intégralement dans le Pontifical officiel de 1595. Certains éléments du troisième livre furent tranférés dans le Cérémonial des Evêques.
La réforme de Vatican II a vu les différents rites pontificaux être édités sous forme de fascicules séparés [5]. Il n’existe pas encore de Pontifical global.
[1] Cf. le développement dans PALAZZO, o.c., pp. 205-208 : “La réunion de Libelli d’Ordines épiscopaux”
[2] Cf. VOGEL, o.c., p. 197.
[3] Au moins à l’époque les évêques de Toul ( et de Nancy ) avaient du caractère, que leurs successeurs, Dei gratia et auctoritate Sanctæ Sedis Apostolicæ Episcopi Nanceiensis et Tullensis, Lotharingiæ Primates, en prennent de la graine...per intercessionem sancti Leonis, Dominum deprecemur.
[4] Prévôt de s. Florent de Haslach (sancte Florenti, ora pro nobis !), auteur du Ritus servandus du Missel de 1570.
[5] des Libelli, symptôme de l’archéologisme excessif dénoncé par Pie XII ? Non, je plaisante