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Messes de la Ste Vierge au Samedi I : Avent

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

« Le samedi chrétien a remplacé le sabbat en conservant son nom. Cette relation explique les attitudes très divergentes qu’ont prises les églises à son égard : les unes, soucieuses de ne pas judaïser, n’ont voulu le marquer d’aucune pratique religieuse spéciale ; d’autres, comme l’Eglise romaine, et celle d’Alexandrie, en avaient fait, dès le IIIe siècle, un jour de jeûne, qui était un rappel hebdomadaire du grand jeûne pascal. Par contre, en Orient, le samedi subit l’attraction du dimanche et y devint un jour de fête ; les samedis de Carême sont assimilés aux dimanches : on n’y jeûne pas, on y célèbre l’eucharistie (alors que tous les autres jours sont aliturgiques), on y commémore les natalitia des saints.
A partir du Xe siècle, l’usage se répandit en Occident d’honorer spécialement la Sainte Vierge le samedi. La messe de Sancta Maria in Sabbato, insérée par Alcuin dans son sacramentaire votif, avait déjà pris place au XIIe siècle dans le Missel du Latran. Le Missel romain de saint Pie V a consacré cette dévotion. » [1]

Textes de la Messe

MISSÆ DE S. MARIA IN SABBATO
quæ dici etiam possunt aliis diebus ut votivæ de B. Maria Virgine, iuxta rubricas vel, ex indulto, pro temporum diversitate
MESSES DE LA SAINTE VIERGE AU SAMEDI
qui peuvent être dites aussi les autres jours comme messes votives de la Bse Vierge Marie, selon les rubriques, ou par indult [2], selon les différents temps liturgiques
I
I
TEMPORE ADVENTUS
PENDANT L’AVENT
Ant. ad Introitum. Is. 45, 8.Introït
Roráte, cæli, désuper, et nubes pluant iustum : aperiátur terra, et gérminet Salvatórem.Cieux, répandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le juste : que la terre s’ouvre et germe le Sauveur.
Ps. 84, 2.
Benedixísti, Domine, terram tuam : avertísti captivitátem Iacob.Vous avez béni, Seigneur, votre terre ; vous avez délivré Jacob de la captivité.
V/.Glória Patri.
Et in Sabbato dicitur Glória, in excélsis.Le Samedi, on dit le Glória, in excélsis.
Oratio.Collecte
Deus, qui de beátæ Maríæ Vírginis útero Verbum tuum, Angelo nuntiánte, carnem suscípere voluísti : præsta supplícibus tuis ; ut, qui vere eam Genetrícem Dei crédimus, eius apud te intercessiónibus adiuvémur. Per eúndem Dóminum.O Dieu, qui avez voulu que votre Verbe prît un corps humain à la parole de l’Ange dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie ; accordez à ceux qui vous en supplient que, nous qui la croyons véritablement Mère de Dieu, nous soyons secourus auprès de vous grâce à son intercession.
Léctio Isaíæ Prophétæ.Lecture du Prophète Isaïe.
Is. 7, 10-15.
In diébus illis : Locútus est i Dóminus ad Achaz, dicens : Pete tibi signum a Dómino, Deo tuo, in profúndum inférni, sive in excélsum supra. Et dixit Achaz : Non petam et non tentábo Dóminum. Et dixit : Audíte ergo, domus David : Numquid parum vobis est, moléstos esse homínibus, quia molesti estis et Deo meo ? Propter hoc dabit Dóminus ipse vobis signum. Ecce, Virgo concípiet et páriet fílium, et vocábitur nomen eius Emmánuel. Butýrum et mel cómedet, ut sciat reprobare malum et elígere bonum.En ces jours-là : Le Seigneur parla à Achaz et lui dit : Demande pour toi un signe au Seigneur ton Dieu, soit au fond de la terre, soit au plus haut du ciel. Et Achaz lui répondit : Je ne demanderai rien, et je ne tenterai pas le Seigneur. Et Isaïe dit : Écoutez donc, maison de David. Ne vous suffit-il pas de lasser la patience des hommes, que vous lassiez encore celle de mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Une vierge concevra,et elle enfantera un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel. Il mangera du beurre et du miel, en sorte qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien.
Graduale. Ps. 23, 7.Graduel
Tóllite portas, príncipes, vestras : et elevámini, portæ æternáles : et introívit Rex glóriæ.Levez vos portes, ô princes, et élevez-vous, portes éternelles, et le roi de gloire entrera.
V/. Ibid., 3-4. Quis ascéndet in montem Dómini ? aut quis stabit in loco sancto eius ? Innocens mánibus et mundo corde.V/. Qui montera sur la montagne du Seigneur ? Et qui se tiendra dans son lieu saint ? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur.
Allelúia, allelúia. V/. Luc. 1, 28. Ave, María, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre toutes les femmes. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 1, 26-38.
In illo témpore : Missus est Angelus Gábriël a Deo in civitátem Galilǽæ, cui nomen Názareth, ad Vírginem desponsátam viro, cui nomen erat Ioseph, de domo David, et nomen Vírginis María. Et ingréssus Angelus ad eam, dixit : Ave, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus. Quæ cum audísset, turbáta est in sermóne eius : et cogitábat, qualis esset ista salutátio. Et ait Angelus ei : Ne tímeas, María, invenísti enim grátiam apud Deum : ecce, concípies in útero et páries fílium, et vocábis nomen eius Iesum. Hic erit magnus, et Fílius Altíssimi vocábitur, et dabit illi Dóminus Deus sedem David, patris eius : et regnábit in domo Iacob in ætérnum, et regni eius non erit finis. Dixit autem María ad Angelum : Quómodo fiet istud, quóniam virum non cognósco ? Et respóndens Angelus, dixit ei : Spíritus Sanctus supervéniet in te, et virtus Altíssimi obumbrábit tibi. Ideóque et quod nascétur ex te Sanctum, vocábitur Fílius Dei. Et ecce, Elísabeth, cognáta tua, et ipsa concépit fílium in senectúte sua : et hic mensis sextus est illi, quæ vocátur stérilis : quia non erit impossíbile apud Deum omne verbum. Dixit autem María : Ecce ancílla Dómini, fiat mihi secúndum verbum tuum.En ce temps-là, l’Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph ; et le nom de la vierge était Marie. L’ange, étant entré auprès d’elle, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes. Elle, l’ayant entendu, fut troublée de ses paroles, et elle se demandait quelle pouvait être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu 1ui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob ; et son règne n’aura pas de fin. Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il ? Car je ne connais point d’homme. L’ange lui répondit : L’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre ; c’est pourquoi le fruit saint qui naîtra de vous sera appelé le Fils de Dieu. Et voici qu’Elisabeth, votre parente, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse, et ce mois est le sixième de celle qui est appelée stérile ; car il n’y a rien d’impossible à Dieu. Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon votre parole.
Ant. ad Offertorium. Luc. 1, 28 et 42.Offertoire
Ave, María, grátia plena ; Dóminus tecum : benedícta tu in muliéribus, et benedíctus fructus ventris tui. Je vous salue, Marie, pleine de grâce : le Seigneur est avec vous : vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni.
Secreta.Secrète
In méntibus nostris, quǽsumus, Dómine, veræ fídei sacraménta confírma : ut, qui concéptum de Vírgine Deum verum et hóminem confitémur ; per eius salutíferæ resurrectiónis poténtiam, ad ætérnam mereámur perveníre lætítiam. Per eúndem Dóminum nostrum.Affermissez en nos âmes, Seigneur, la foi à la vérité de vos mystères, afin que nous qui reconnaissons qu’un Homme-Dieu véritable a été conçu d’une Vierge, nous méritions, par la vertu de sa résurrection salutaire, de parvenir à l’éternelle félicité.
Præfatio de B. Maria Virg. Et te in Veneratióne. Préface de la bienheureuse Vierge Marie Et en cette Vénération.
Ant. ad Communionem. Is. 7, 14.Communion
Ecce, Virgo concípiet et páriet fílium : et vocábitur nomen eius Emmánuel.Une vierge concevra et elle enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel.
Postcommunio.Postcommunion
Grátiam tuam, quǽsumus, Dómine, méntibus nostris infúnde : ut, qui, Angelo nuntiánte, Christi, Fílii tui, incarnatiónem cognóvimus ; per passiónem eius et crucem, ad resurrectiónis glóriam perducámur. Per eúndem Dóminum.Répandez, s’il vous plaît, Seigneur, votre grâce dans nos âmes, afin que nous, qui avons connu l’incarnation du Christ, votre Fils, qui s’est accomplie à la suite d’un message angélique, nous arrivions, par sa passion et sa croix, à la gloire de la résurrection.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

La messe Rorate fait partie de l’héritage liturgique du peuple, mais c’est un héritage qu’on ignore souvent. C’est une messe votive en l’honneur de la Mère de Dieu pendant l’Avent. (On la trouve dans le Missel à la fin des messes communes, c’est la première des cinq messes votives en l’honneur de la Sainte Vierge). C’est en réalité une simplification de la messe d’or (missa aurea) du mercredi des Quatre-Temps. C’est donc une des messes qui expriment le plus clairement les pensées de l’Avent. Ici encore Marie se montre comme notre guide à travers l’Avent pour nous conduire jusqu’à Noël. Dans certains pays de langue allemande, cette messe s’accompagne d’usages dont le symbole est très beau. Elle est célébrée avant le lever du soleil, par conséquent en pleine nuit d’hiver. Les fidèles s’en vont, une lanterne à la main, dans les ténèbres glacées, à travers la neige. Les lumières de la maison de Dieu leur apparaissent de loin. Dans l’Église, le prêtre s’avance vers l’autel, vêtu d’ornements blancs. Il y a dans cet usage comme l’image de l’âme non rachetée, qui sort de sa nuit pour s’avancer vers la lumière de Noël.

« Rorate coeli, Cieux répandez votre rosée », ce sont les premiers mots de la messe. Elle en a tiré son nom. Ainsi Isaïe se tient au seuil, interprète du désir de l’humanité qui attend un Sauveur.

Remarquons aussi le Kyrie. Ce Kyrie implorant et suppliant de l’humanité qui a soif de Rédemption est l’Avent journalier. Le « Dominus vobiscum » doit nous faire songer à la parole de l’Ange : « Le Seigneur est avec vous ». En unissant ces deux paroles, nous comprendrons mieux le sens profond de ce salut : Que le Seigneur soit avec vous, comme il était avec Marie. Cette considération nous conduit à une pensée élevée qui nous fait apparaître le culte de la Sainte Vierge pendant l’Avent, dans une lumière nouvelle. Marie est l’idéal de notre union avec le Christ qui demeure en nous. Le chrétien participe à la dignité de la maternité divine. Le Christ doit prendre forme en lui et se manifester au monde le jour de Noël. C’est ce que signifie la parole de l’Épître de dimanche dernier : « Revêtez-vous du Seigneur, Jésus. » C’est pourquoi presque toutes les parties de la messe parlent de la naissance imminente du Christ et du rôle de Marie dans cette naissance. L’Introït annonce déjà que Marie est la terre féconde sur laquelle est tombée la rosée du ciel, la terre qui s’entr’ouvre et fait germer le Sauveur ; elle est la chambre nuptiale du divin Soleil de Justice (ce n’est qu’en lisant tout le psaume qu’on a le sens plein de ce chant). Dans l’Épître, nous entendons la prophétie célèbre de la naissance virginale du Fils de Dieu. L’effet du Graduel est dramatique. Nous nous tenons dans l’attente et le désir devant les portes éternelles qui doivent s’ouvrir au « Roi de gloire ». L’Alléluia, avec les accords de l’Ave, avant l’Évangile, nous annonce par qui seront ouvertes ces portes : par Marie. A l’Évangile, nous sommes témoins de la belle et inoubliable scène qui se déroule dans la petite maison de Nazareth. « Le Verbe se fait chair » en Marie d’abord, puis au Sacrifice de la messe et à la Communion, puis dans l’Église, puis en nous-mêmes. Nous pouvons nous appliquer aussi les paroles de la Communion : « Voici qu’une Vierge concevra... et le nom (de son Fils) sera : Dieu avec nous. » Ne négligeons pas non plus l’Agnus Dei. Une parole du Précurseur a plus d’efficacité pendant l’Avent. Enfin nous pouvons écouter avec plus d’attention le dernier Évangile. Il nous donne chaque jour le résumé de ce qui s’est accompli en nous à la messe. Mais aujourd’hui son sens est plus actuel : « La Lumière brille dans les ténèbres, la véritable Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde... Il nous donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu... Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ».

[1] P. Jounel, Le Dimanche et la Semaine, in Martimot, L’Église en Prière, 1961, p. 689.

[2] Indult concédé aux prêtres mal-voyants ou aveugles