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Vigile des Apôtres : Ego autem

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La suppression des vigiles des Apôtres, lors du décret de simplification des rubriques de 1955, a rendu ce formulaire de messe obsolète : il disparaît donc du missel de 1962.

Textes de la Messe

In vigiliis Apostolorum
Aux Vigiles des Apôtres
Ant. ad Introitum. Ps. 51, 10 et 11.Introït
Ego autem, sicut olíva fructífera in domo Dómini, sperávi in misericórdia Dei mei : et exspectábo nomen tuum, quóniam bonum est ante conspéctum sanctórum tuorum.Moi, je suis comme un olivier fertile dans la maison de Dieu, j’espère en la miséricorde de Dieu ; et j’attendrai votre nom, car il est secourable en présence de vos fidèles.
Ps. Ibid., 3.
Quid gloriáris in malítia : qui potens es in iniquitáte ?Pourquoi te glorifies-tu dans le mal, toi qui es vaillant, à commettre l’iniquité ?
V/.Glória Patri.
Non dicitur Glória in excélsis.On ne dit pas le Glória in excélsis.
Oratio.Collecte
Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beáti N. Apóstoli tui, quam prævenímus, veneránda sollémnitas, et devotiónem nobis áugeat et salútem. Per Dóminum.Accordez-nous, nous vous en prions, ô Dieu tout-puissant, que la solennité vénérable du bienheureux N., votre Apôtre, que nous anticipons, augmente en nous la dévotion et assure notre salut.
Si tamen præcedens Oratio dicta iam fuerit in Missa vel Commemoratione de Communi Confessoris Pontificis, tunc dicatur sequens :Si l’oraison précédente a déjà été dite à la messe ou à la commémoraison du Commun d’un Confesseur Pontife, on dit la suivante :
Oratio.Collecte
Quǽsumus, omnípotens Deus : ut beátus N. Apóstolus, cuius prævenímus festivitátem, tuum pro nobis implóret auxílium ; ut, a nostris reátibus absolúti, a cunctis étiam perículis eruámur. Per Dóminum.Nous vous en prions, Dieu tout-puissant,faites que le bienheureux Apôtre N. dont nous anticipons la fête, implore pour nous votre secours, afin qu’étant purifiés de nos fautes, nous soyons aussi arrachés à tous les périls.
Léctio libri Sapiéntiæ.Lecture du Livre de la Sagesse.
Eccli. 44, 25-27 ; 45, 2-4 et 6-9.
Benedíctio Dómini super caput iusti. Ideo dedit illi Dóminus hereditátem, et divísit illi partem in tríbubus duódecim : et invénit grátiam in conspéctu omnis carnis. Et magnificávit eum in timóre inimicórum, et in verbis suis monstra placávit. Glorificávit illum in conspéctu regum, et iussit illi coram pópulo suo, et osténdit illi glóriam suam. In fide et lenitáte ipsíus sanctum fecit illum, et elégit eum ex omni carne. Et dedit illi coram præcépta, et legem vitæ et disciplínæ, et excélsum fecit illum. Státuit ei testaméntum ætérnum, et circumcínxit eum zona iustítiæ : et índuit eum Dóminus corónam glóriæ.La bénédiction du Seigneur repose sur la tête du juste. C’est pourquoi il lui donna le pays en héritage ; il le partagea entre les douze tribus. Ce juste trouva grâce auprès de toute chair. Le Seigneur l’a rendu grand et redoutable à ses ennemis ; par ses paroles il a fait cesser les prodiges. Il l’a glorifié devant les rois, il lui a donné ses commandements devant son peuple, il lui a fait voir sa gloire. Il l’a sanctifié dans sa foi et dans sa douceur. Il l’a choisi entre tous les mortels. Il lui a donné ses préceptes face à face, et la loi de la vie et de la science. Il l’a élevé. Il a fait avec lui une alliance éternelle, il l’a ceint d’une ceinture de justice et il l’a couvert de la couronne de la gloire.
Graduale. Ps. 91, 13 et 14.Graduel
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini.Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur.
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem.V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du Saint Evangile selon saint Jean.
Ioann. 15. 12-16.
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Hoc est præcéptum meum, ut diligátis ínvicem, sicut diléxi vos. Maiórem hac dilectiónem nemo habet, ut ánimam suam ponat quis pro amícis suis. Vos amíci mei estis, si fecéritis quæ ego præcípio vobis. Iam non dicam vos servos : quia servus nescit, quid fáciat dóminus eius. Vos autem dixi amícos : quia ómnia, quæcúmque audivi a Patre meo, nota feci vobis. Non vos me elegístis : sed ego elégi vos, et posui vos, ut eátis, et fructum afferátis : et fructus vester maneat : ut, quodcúmque petiéritis Patrem in nómine meo, det vobis.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ; afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne.
Ant. ad Offertorium. Ps. 8, 6-7.Offertoire
Glória et honore coronásti eum : et constituísti eum super ópera mánuum tuárum, Dómine.Vous l’avez couronné de gloire et d’honneur et vous l’avez établi sur les ouvrages de vos mains.
Secreta.Secrète
Apostólici reveréntia cúlminis offeréntes tibi sacra mystéria, Dómine, quǽsumus : ut beáti N. Apóstoli tui suffrágiis, cuius natalícia prævenímus ; plebs tua semper et sua vota deprómat, et desideráta percípiat. Per Dóminum nostrum.En vous offrant, Seigneur, ces saints mystères, pour révérer la dignité apostolique, nous vous demandons que, par les suffrages de votre bienheureux Apôtre N. dont nous préparons la fête, votre peuple puisse toujours vous exposer ses vœux et en obtenir l’accomplissement.
Ant. ad Communionem. Ps. 20, 6.Communion
Magna est glória eius in salutári tuo : glóriam et magnum decórem impónes super eum, Dómine.Grande est sa gloire, grâce à votre salut : vous le couvrirez de gloire et d’un honneur immense.
Postcommunio.Postcommunion
Sancti Apóstoli tui N., quǽsumus. Dómine, supplicatióne placátus : et veniam nobis tríbue, et remédia sempitérna concéde. Per Dóminum.Nous vous supplions, Seigneur, qu’apaisé par les supplications de votre saint Apôtre N., vous nous accordiez le pardon et le salut éternel.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

En souvenir probablement des arbres plantés dans l’atrium des antiques basiliques (nommé paradis), nous nous tenons à l’entrée de la maison de Dieu comme “l’olivier chargé de fruits” (le juste est volontiers comparé à un arbre couvert de fruits ; olivier — oint, le Christ et nous). “Nous espérons en la miséricorde de Dieu”, c’est-à-dire le sacrifice eucharistique, et nous “attendons” en même temps le retour du Christ (la prière nocturne est consacrée à l’attente de la parousie). Nous sommes, ainsi, heureux de demeurer dans la compagnie des Apôtres (Intr.). Nous ne pouvons pas attendre la célébration de la fête ; c’est pourquoi nous la devançons par la célébration de la vigile. Que le résultat soit double : l’augmentation de la dévotion et des grâces du salut, c’est-à-dire le complet abandon de notre côté, et la grâce du salut du côté de Dieu (Or.). Dans l’Épître, l’Église décrit l’élection et la dignité de l’Apôtre : “La bénédiction de Dieu” (le Christ l’a consacré lui-même prêtre) lui a donné part aux douze tribus, c’est-à-dire le pouvoir universel. Le Christ a fait de lui la terreur de l’esprit malin ; Dieu fait cesser par lui les maux (péché et punition). Il le glorifie devant les rois. La fidélité et la patience de l’Apôtre sont louées ; le Christ lui-même lui a donné des commandements (l’Évangile nous indiquera le plus important), et maintenant Dieu le ceint de la couronne de gloire. L’Épître a ainsi peint sous des images empruntées à l’Ancien Testament la dignité de l’Apôtre. Dans le Graduel, nous voyons de nouveau l’arbre ; c’est maintenant le palmier, symbole du martyre, et le cèdre, image de la haute croissance. L’Apôtre “fleurit comme le palmier et s’élève comne le cèdre” en nous qui nous unissons mystiquement à lui au Saint-Sacrifice, “dans la maison du Seigneur”. Maintenant, “nous proclamons dans la nuit” (la vigile) combien le Seigneur a été fidèle et à lui et à nous ; mais, au matin, nous proclamons au Saint-Sacrifice “sa miséricorde”. l’Évangile nous donne une leçon du Maître à ses disciples. Il parle du commandement de l’amour ; la mesure de l’amour est “son amour qui va jusqu’à la mort” (maintenant, à la messe, nous rappelons cette mort, la sienne) ; l’Apôtre a appris du Maître cet amour, il l’a traduit en acte dans son martyre. Les Apôtres sont les amis du Christ (une pensée capitale du commun des Apôtres). A l’Offertoire et à la Communion, nous chantons la glorification de l’Apôtre, qui a été réalisée dans sa mort et à laquelle nous prenons part au Saint-Sacrifice.

explication détaillée

L’Introït commence par les mots “Ego autem” — “Quant à moi.” Nous pourrions nous demander quel est celui qui débute d’une façon si impertinente, en insistant par ce “quant à”. Si nous feuilletons le Missel, nous constatons que plusieurs Introïts commencent par “moi” ; ou du moins parlent à la première personne. C’est tout à fait dans l’esprit d’une entrée. Je viens du monde avec mon pauvre “Moi”. La prière graduelle s’exprime de la même façon : “Je me présenterai à l’autel de Dieu” ; “Je confesse à Dieu...mes péchés...” Mais ce “Je” devient bientôt un “Nous” : Kyrie eleison : aie pitié de nous ; Gloria : nous te louons, nous te bénissons ; Oremus : prions. Plus nous avançons, plus l’idée de communauté s’affirme pour atteindre son point culminant au Canon. A la Communion, le “Nous” fait volontiers place au “Tu” ; maintenant la grâce de la Rédemption s’incline vers les individus ; le Christ se tient devant chaque âme et lui dit : “Tu.” — Continuons à nous demander qui est ce Moi. C’est en premier lieu l’Apôtre. La liturgie voit présent le saint qu’elle honore ; dès l’Introït, il se tient devant nous ; l’église, surtout quand elle est consacrée au saint, représente ce saint lui-même. Celui-ci célèbre avec nous, nous parle. — Toutefois, ce “Moi”, c’est encore nous, qui sommes unis au saint par une union mystique ; aujourd’hui, par exemple, je suis uni à saint Jacques ; il me prête sa sainteté, son martyre ; je puis, en lui, aller à la rencontre du Seigneur qui revient. Maintenant nous comprenons pourquoi la liturgie place en tête les mots “Quant à moi”. — “Comme un olivier qui porte des fruits dans la maison du Seigneur” : il y avait des arbres à l’entrée du Temple de Jérusalem, il y en avait autrefois aussi à l’entrée des anciennes basiliques, dans ce que l’on appelait l’atrium ou le paradis ; à l’Introït, nous passons justement de l’atrium dans la maison de Dieu ; ainsi la comparaison se précise. La comparaison du juste avec un arbre qui porte des fruits est nettement biblique (psaume 1), nettement évangélique (Matth. VII, 16 et suiv.), nettement liturgique (voir les vieilles mosaïques). La comparaison avec l’olivier convient bien ; l’huile appartient au symbolisme le plus cher à la liturgie ; elle rappelle “l’Oint”, le Christ. Le chrétien baptisé est un “oint”, un autre Christ. — Maintenant l’image de l’Introït empruntée à la littérature de l’Église primitive devient très vivante : le saint Apôtre et moi avec lui, nous sommes dans la maison du Seigneur comme un olivier qui porte des fruits ! Pénétrons bien le symbolisme de cette image ! “J’espère en la miséricorde de mon Dieu”, car l’Eucharistie, c’est pour nous le Christ et l’œuvre de la rédemption (opus redemptionis) ; “et j’attends ton nom.” Le nom signifie ici la personne = je t’attends ! Oui, c’est l’esprit de la primitive Église ; elle “attend” le Seigneur. C’est pourquoi elle se rassemble si volontiers pendant la nuit (Grad.) ; la nuit est l’image de la vie terrestre, de l’exil ; la prière nocturne, la vigile, était dans la primitive Église la prière de la parousie ; les chrétiens aimaient cette prière parce qu’elle était l’expression de leur état d’âme ; ils attendaient, en priant, le matin, le “lever d’en-haut”, de la célébration matinale du sacrifice eucharistique dans laquelle ils voyaient l’anticipation du retour du Christ. Dans l’Eucharistie, le Seigneur vient comme il viendra au jugement dernier. “Car il fait bon ici en présence de tes saints.” “Seigneur, il fait bon ici”, pouvons-nous dire avec Pierre ; c’est l’heure bénie de la transfiguration ; le Seigneur n’est pas seul là, il apparaît avec ses saints. Par l’Eucharistie, les saints sont aussi présents : ce n’est pas pour rien que nous énumérons deux fois au canon tout le chœur des saints et que nous disons “Communicantes et memoriam venerantes”, c’est-à-dire “nous nous unissons et nous honorons le souvenir” ; ce n’est pas une union et un souvenir tout platoniques, c’est une union et une présence sacramentelle. Ainsi, à la messe, le Christ nous apparaît dans la lumière de ses saints ! Nous laissons de côté le verset de l’Introït, il n’entre pas dans le cadre de nos pensées. Ceci prouve bien que le premier verset du psaume n’offre par lui-même aucun sens, mais qu’il suppose justement le psaume tout entier.