Instruction « Pontificales ritus » sur la simplification des rites et des insignes pontificaux, 21 juin 1968
Sacrée Congrégation des Rites - Consilium
Au cours des siècles, on eut coutume d’estimer hautement les rites pontificaux et par suite d’y veiller avec un zèle attentif : non pas seulement parce qu’ils sont des signes de cet honneur par lequel on doit vénérer dans l’Église la dignité sacrée des évêques, mais aussi parce qu’ils découvrent aux yeux des fidèles le mystère de l’Église elle-même.
Avec quelle sollicitude, même à une époque récente, l’Église s’est attachée aux rites que les évêques doivent accomplir, on peut le voir par le Cæremoniale Episcoporum dans lequel, par l’autorité des Souverains Pontifes, ont été rassemblées les normes nécessaires à la direction des célébrations pontificales.
Toutefois ce livre, qui conserve les vénérables traditions des célébrations antiques dans lesquelles, sous la présidence de l’évêque, les prêtres, les diacres et les ministres accomplissent leur ministère en présence du peuple rassemblé, contient souvent des détails qui sont à la fois désuets et peu accordés à notre époque.
C’est pourquoi, maintenant qu’est commencée la rénovation liturgique par laquelle les rites sacrés sont ramenés à une noble simplicité et à la vérité de leur signification, de nombreux évêques ont demandé avec instance la simplification des célébrations pontificales et des insignes pontificaux.
Après avoir attentivement examiné cette question, bien que Cæremoniale Episcoporum ne puisse être entièrement révisé avant que soit achevée la rénovation définitive de l’organisation de la Messe, de l’Office divin et de l’année liturgique, il a paru opportun de fixer dès maintenant quelques points sur lesquels les rites pontificaux, tout en gardant leur dignité, pourraient manifester aussi une plus grande simplicité. C’est pourquoi il est prescrit de changer ou de rénover dès maintenant ce qui suit.
a) Prêtres et ministres à la Messe concélébrée
1. Pour mieux mettre en lumière cette manifestation privilégiée de l’Église qui s’exprime si clairement dans l’Eucharistie lorsque l’évêque préside, entouré de son presbyterium et des ministres, et que le peuple y participe activement, il convient tout à fait que, dans la concélébration rénovée, des prêtres assistent l’évêque qui célèbre solennellement, en concélébrant avec lui, selon la vénérable tradition de l’Église.
Pour qu’il soit plus facile aux prêtres les plus élevés en dignité de concélébrer la Messe avec l’évêque : a) un des prêtres concélébrants exerce la fonction de prêtre assistant ; b) à défaut de diacres, deux des concélébrants peuvent prendre la place des diacres assistants [1].
b) Prêtre et diacres assistants
2. Il revient au prêtre assistant de se tenir à côté de l’évêque lorsque celui-ci lit un texte. Toutefois, hors de l’autel, c’est un ministre qui tiendra le livre devant l’évêque.
3. Habituellement, ce sont les prêtres les plus élevés en dignité qui assistent l’évêque à la cathèdre. Il est cependant permis à un diacre ou bien, en cas de nécessité, même au diacre et au sous-diacre de la Messe d’assister l’évêque à la cathèdre et d’accomplir les ministères des diacres assistants.
c) Diacres et sous-diacres
4. Pour que la vérité des ordres et des ministères soit clairement manifestée dans la célébration de l’Eucharistie présidée par l’évêque, il est bon si des diacres et des sous-diacres véritables sont présents, de ne pas les exclure de la fonction de diacre à l’autel et de sous-diacre de la Messe.
5. Rien n’empêche, s’il y a là plusieurs diacres, que, portant les vêtements de leur ordre, ils exercent divers ministères répartis entre eux.
6. Lorsque l’évêque célèbre la Messe non chantée, il convient qu’un diacre au moins l’assiste ; il portera l’amict, l’aube, le cordon et l’étole ; il lira l’évangile et fera le service de l’autel [2].
7. Le Jeudi saint, à la Messe chrismale, si l’on ne peut avoir tous les diacres et sous-diacres requis par les rubriques, on pourra se contenter d’un nombre inférieur. Si cela même est impossible, les huiles seront portées par quelques-uns des prêtres concélébrants.
d) Chanoines assistant au choeur
8. À la Messe pontificale de l’évêque, les chanoines porteront toujours l’habit de choeur.
e) Ministres inférieurs
9. Les ministres qui servent l’évêque à la cathèdre ne porteront pas la chape.
10. Le siège de l’évêque est appelé du nom ancien et traditionnel de cathèdre.
11. Désormais on ne mettra plus de baldaquin au-dessus de la cathèdre ; cependant, on conservera avec grand soin les oeuvres de valeur léguées par les siècles. D’ailleurs, on n’enlèvera pas les baldaquins existants avant d’avoir consulté la commission de liturgie et d’art sacré.
12. On fixera le nombre des degrés de la cathèdre en tenant compte de la disposition particulière de l’église, en cherchant â ce que l’évêque puisse être bien vu des fidèles et apparaisse effectivement comme celui qui préside à toute leur communauté.
13. Il n’y aura jamais qu’une seule cathèdre épiscopale ; et c’est l’évêque célébrant ou présidant pontificalement une célébration qui s’y assiéra. Pour les autres évêques ou prélats qui pourraient être présents, on préparera un siège à l’endroit qui convient ; mais ce siège ne sera pas érigé de la même manière que la cathèdre.
14. L’évêque qui revêt l’aube, conformément aux rubriques, n’est pas tenu de garder le rochet sous l’aube.
15. L’évêque peut employer à son gré :
a) les bas et les sandales ; b) les gants, qu’il peut, à son gré, porter toujours de couleur blanche ; c) le fermail qu’il doit mettre sur la chape.
16. Sont abolis :
a) la tunique de l’évêque, qu’il devait porter sous la dalmatique ; b) le grémial de soie, mais on gardera l’emploi d’un autre grémial quand il est vraiment utile, par exemple pour faire des onctions ; c) le bougeoir qu’on apporte à l’évêque avec le livre où il doit lire, sauf quand il y a nécessité ;
d) le coussin pour les agenouillements de peu de durée.
17. Conformément à la tradition ancienne, l’évêque gardera la dalmatique pour les célébrations solennelles, et aussi, même à la Messe lue, pour : la consécration d’un évêque, la collation des Ordres, la bénédiction d’un abbé, la bénédiction d’une abbesse, la bénédiction et la consécration des vierges, la consécration d’une église et d’un autel. Cependant, pour un motif justifié, il peut s’abstenir de porter la dalmatique sous la chasuble.
18. Dans toute action liturgique, l’évêque n’emploiera qu’une seule mitre. Selon le genre de la célébration ce sera la mitre simple ou la mitre ornée.
19. Tout évêque qui, avec le consentement de l’évêque du lieu, célèbre pontificalement, peut utiliser le bâton pastoral.
20. En procession on ne portera qu’une seule croix pour souligner la dignité de la Croix et sa vénération ; s’il s’agit d’un archevêque, ce sera la croix archiépiscopale, mais elle devra être portée en tête de la procession, avec l’image du Crucifié sur la partie antérieure. Il est recommandé de dresser près de l’autel la croix portée en procession, afin que ce soit elle qui devienne alors la croix de l’autel. Sinon, on la mettra à l’écart.
a) Habillement et déshabillement
21. Pour toute action liturgique, l’évêque prend les vêtements sacrés ou les quitte au secretarium ; s’il n’y en a pas, à la sacristie, ou même à la cathèdre, ou encore, selon les cas, devant l’autel ; mais on ne posera pas de vêtements ou d’insignes sur l’autel.
22. Lorsque l’évêque, avant la Messe, préside au secretarium l’heure de l’Office qui convient à ce moment du jour, il prend la chasuble dès le début de cette heure.
b) Le livre des évangiles
23. Le livre des évangiles, qu’il convient de distinguer du livre des épîtres, est porté par le sous-diacre au début de la Messe. Après que l’évêque célébrant a baisé l’autel et le livre des évangiles, celui-ci est laissé sur l’autel, au milieu de celui-ci. Le diacre le prend après avoir dit le Munda cor meum, avant de demander à l’évêque sa bénédiction pour le chant de l’évangile.
c) La liturgie de la parole à la Messe que l’évêque préside sans la célébrer
24. Lorsque l’évêque, conformément au n. 13, préside la Messe sans la célébrer, il peut accomplir dans la liturgie de la parole tout ce qui revient d’habitude au célébrant.
d) Suppressions diverses
25. Tous saluent l’évêque en faisant non plus la génuflexion, mais l’inclination. De même, les ministres, dans l’accomplissement de leur office, se tiennent debout devant lui, sauf s’il y a un motif pratique d’agir autrement.
26. Lorsque l’évêque se lave les mains, dans les actions liturgiques, ce ne sont plus ses familiers, mais les acolytes ou des clercs qui lui rendent ce service.
27. Sont abolies toutes les prescriptions de Cæremoniale Episcoporum, au sujet des cercles à faire autour de l’évêque, comme au sujet de certaines parties à réciter deux par deux.
28. De même est supprimée la prégustation du pain, du vin et de l’eau, qui était prescrite par Cæremoniale Episcoporum.
29. Si l’évêque préside une heure canoniale avant la Messe, il omet les prières de préparation à la Messe, qui étaient prescrites pendant la psalmodie par Cæremoniale Episcoporum.
30. À la Messe que l’évêque préside sans la célébrer, ce n’est pas l’évêque mais le célébrant qui bénit l’eau qu’on doit verser dans le calice pour l’offertoire.
31. Il est permis à l’évêque de ne pas employer la mitre et le bâton pastoral lorsqu’il se déplace, s’il n’a que peu d’espace à parcourir.
32. L’évêque n’aura pas la mitre, à moins qu’il ne la porte déjà, lorsqu’il se lave les mains ou qu’on l’encense.
e) La bénédiction épiscopale
33. La bénédiction après l’homélie, mentionnée dans le Cæremoniale Episcoporum, est supprimée.
34. Quand l’évêque, conformément au droit, donne la bénédiction papale, cette bénédiction, avec son formulaire, remplace la bénédiction donnée habituellement à la fin de la Messe.
35. Lorsqu’un archevêque donne la bénédiction, on n’apportera pas la croix devant lui.
36. L’évêque recevra le bâton pastoral avant de commencer la formule de bénédiction, pour que celle-ci ne subisse pas d’interruption, et par conséquent il omettra en ce cas l’élévation et l’extension des mains fixée par Ritus servandus, au n. 87.
En outre, l’archevêque prendra la mitre avant la bénédiction proprement dite.
37. Après avoir donné la bénédiction, l’évêque qui va se retirer salue l’autel en gardant la mitre et le bâton pastoral ; s’il a droit au pallium, il le dépose au secretarium et non à l’autel.
38. Tout ce qui est dit dans la présente Instruction sur la simplification de certains vêtements, insignes et rites pontificaux, ainsi que sur certaines suppressions et modifications, vaut aussi, avec les adaptations voulues, pour les prélats ou les clercs ne possédant pas la dignité pontificale qui, en vertu du droit ou par privilège, peuvent arborer certains insignes pontificaux.
39. Les suppressions et les modifications décidées ci-dessus concernent aussi toutes les actions liturgiques célébrées par d’autres clercs.
Cette Instruction, préparée par la S. Congrégation des Rites et par le Conseil pour la mise en oeuvre de la Constitution sur la liturgie, le Souverain Pontife Paul VI a bien voulu, le 10 juin 1968, l’approuver, la confirmer de son autorité et en ordonner la publication ; il a décidé en même temps qu’elle entrerait en vigueur le 8 septembre 1968, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.
Rome, le 21 juin 1968.
BENNO Cardinal GUT,
Préfet de la S. Congrégation des Rites et Président du « Consilium ».
Ferdinand ANTONELLI,
Archevêque titulaire d’Idicra, Secrétaire de la S. Congrégation des Rites
[1] Cf. Ritus servandus in concelebratione Missæ, nn. 18 et 19.
[2] Cf. Ritus servandus in celebratione Missæ (1965), n. 44.