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Octave des Sts Innocents (4 janvier, avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  In Octava Ss. Innocentíum  
  Octave des Saints Innocents  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Cette Octave fut supprimée en 1955 (voir décret § 14), on dit normalement la Messe des Féries du 2 au 5 janvier, sauf le Dimanche qui est la Fête du Saint Nom de Jésus.

Textes de la Messe

ante 1955
avant 1955
Die 4 ianuarii
Le 4 janvier

In Octava Ss. Innocentíum

Octave des Saints Innocents

Martyrum
Martyrs
simplex
simple
Missa Ex ore infántium, ut in Festo ; sed in ea dicitur Glória in excélsis, Allelúia cum suo Versu post Graduale, et Ite, Missa est, in fine Missæ ; omittitur autem Commemoratio de Nativitate, de qua sumitur tantum Præfatio, ratione Temporis ; et non diciturCredo.Messe Ex ore infántium, comme à la Fête ; mais on y dit Glória in excélsis, Allelúia avec son Verset après le Graduel, et Ite, Missa est, à la fin de la Messe ; on omet cependant la Comméroraison de la Nativité, de laquelle on prend seulement la préface, en raison du Temps, et on ne dit pas le Credo.
Ant. ad Introitum. Ps. 8, 3.Introït
Ex ore infántium, Deus, et lacténtium perfecísti laudem propter inimicos tuos.De la bouche des enfants et de ceux qui sont encore allaités, vous avez tiré une louange parfaite contre vos adversaires.
Ps. ib., 2.
Dómine, Dóminus noster : quam admirábile est nomen tuum in univérsa terra !Seigneur, notre Maître, que votre nom est admirable dans toute la terre.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, cuius hodierna die præcónium Innocéntes Mártyres non loquéndo, sed moriéndo conféssi sunt : ómnia in nobis vitiórum mala mortífica ; ut fidem tuam, quam lingua nostra lóquitur, étiam móribus vita fateátur. Per Dóminum.Dieu, dont en ce jour les Innocents Martyrs ont confessé la gloire, non en parlant mais en mourant, faites mourir en nous tous les penchants au vice, afin que votre foi, que notre langue proclame, notre vie en témoigne aussi dans notre conduite.
Léctio libri Apocalýpsis beáti Ioánnis Apóstoli.Lecture du Livre de l’Apocalypse selon Saint Jean.
Apoc. 14, 1-5.
In diébus illis : Vidi supra montem Sion Agnum stantem, et cum eo centum quadragínta quatuor mília, habéntes nomen eius, et nomen Patris eius scriptum in fróntibus suis. Et audívi vocem de cœlo, tamquam vocem aquárum multárum, et tamquam vocem tonítrui magni : et vocem, quam audívi, sicut citharœrórum citharizántium in cítharis suis. Et cantábant quasi cánticum novum ante sedem, et ante quátuor animália, et senióres : et nemo póterat dícere cánticum, nisi illa centum quadragínta quátuor mília, qui empti sunt de terra. Hi sunt, qui cum muliéribus non sunt coinquináti : vírgines enim sunt. Hi sequúntur Agnum, quocúmque íerit. Hi empti sunt ex homínibus primítiæ Deo, et Agno : et in ore eórum non est invéntum mendácium : sine mácula enim sunt ante thronum Dei.En ces jours là : Je vis l’Agneau qui se tenait sur la montagne de Sion, et avec lui cent quarante-quatre mille personnes, qui avaient son nom et le nom de son Pére écrits sur le front. Et j’entendis un son qui venait du ciel, pareil au bruit de grandes eaux et à la vois d’un puissant tonnerre ; et le son que j’entendis ressemblait à un concert de harpistes jouant de leurs instruments. Et ils chantaient comme un cantique nouveau devant le trône, et devant les quatre animaux et les vieillards ; et nul ne pouvait apprendre ce cantique, si ce n’est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui accompagnent l’Agneau partout où il va. Ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l’Agneau ; et il ne s’est point trouvé de mensonge dans leur bouche, car ils sont irréprochables.
Graduale. Ps. 123, 7-8.Graduel
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium.Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs.
V/.Láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus : adiutórium nostrum in nómine Dómini, qui fecit cœlum et terram.Le filet a été brisé et nous avons été délivrés ; notre secours est dans le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 112, 1. Laudáte, púeri, Dóminum, laudáte nomen Dómini. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Louez le Seigneur, vous ses serviteurs, louez le nom du Seigneur. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 2, 13-18.
In illo témpore : Angelus Dómini appáruit in somnis Ioseph, dicens : Surge, et áccipe Púerum et Matrem eius, et fuge in Ægýptum, et esto ibi, usque dum dicam tibi. Futúrum est enim, ut Heródes quærat Púerum ad perdéndum eum. Qui consúrgens accépit Púerum et Matrem eius nocte, et secéssit in Ægýptum : et erat ibi usque ad óbitum Heródis : ut adimplerétur quod dictum est a Dómino per Prophétam dicéntem : Ex Ægýpto vocávi Fílium meum. Tunc Heródes videns, quóniam illúsus esset a Magis, irátus est valde, et mittens occídit omnes púeros, qui erant in Béthlehem et in ómnibus fínibus eius, a bimátu et infra, secúndum tempus, quod exquisíerat a Magis. Tunc adimplétum est, quod dictum est per Ieremíam Prophetam dicéntem : Vox in Rama audíta est, plorátus et ululátus multus : Rachel plorans fílios suos, et nóluit consolári, quia non sunt.En ce temps là : voici qu’un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : "Lève toi, prends l’enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse ; car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr." Et lui se leva, prit l’enfant et sa mère de nuit et se retira en Egypte. Et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce qu’avait dit le Seigneur par le prophète : J’ai rappelé mon fils d’Egypte. Alors Hérode, voyant que les mages s’étaient joués de lui, entra dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après le temps qu’il connaissait exactement par les mages. Alors fut accompli l’oracle du prophète Jérémie disant : Une voix a été entendue en Rama, des plaintes et des cris lamentables : Rachel pleure ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.
Ant. ad Offertorium. Ps. 123, 7.Offertoire
Anima nostra, sicut passer, erépta est de láqueo venántium : láqueus contrítus est, et nos liberáti sumus.Notre âme s’est échappée comme un passereau du filet des chasseurs. Le filet a été brisé et nous avons été délivrés.
Secreta.Secrète
Sanctórum tuórum, Dómine, nobis pia non desit orátio : quæ et múnera nostra concíliet, et tuam nobis indulgéntiam semper obtíneat. Per Dóminum.Seigneur, que la pieuse intercession de vos Saints ne nous fasse point défaut, qu’elle vous rende nos dons agréables et qu’elle nous obtienne sans cesse votre miséricorde.
Præfatio de Nativitate Domini. Préface de la Nativité .
Ant. ad Communionem. Matth. 2, 18.Communion
Vox in Rama audíta est, plorátus, et ululátus : Rachel plorans fílios suos, et nóluit consolári, quia non sunt.Une voix a été entendue en Rama, des plaintes et des cris lamentables : Rachel pleure ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.
Postcommunio.Postcommunion
Votíva, Dómine, dona percépimus : quæ Sanctórum nobis précibus, et præséntis, quǽsumus, vitæ páriter et ætérnæ tríbue conférre subsídium. Per Dóminum.Nous avons reçu, Seigneur, les dons que vous nous avions présentés ; nous vous en supplions, daignez nous accorder, grâce aux prières de vos saints, votre assistance pour la vie présente ainsi que pour la vie éternelle.

Office

A MATINES. avant 1955

Au nocturne.

De l’Épître aux Romains. Cap. 7, 1-6 (1-9

Première leçon. Ignorez-vous, mes frères (je parle à ceux qui connaissent la loi), que la loi ne domine sur l’homme que pendant le temps qu’il vit ? Car la femme, qui est soumise à un mari, le mari vivant, est liée par la loi ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari. Donc, son mari vivant, elle sera appelée adultère, si elle s’unit à un autre homme ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari, de sorte qu’elle n’est point adultère si elle s’unit à un autre homme.
R/. Sainte et immaculée Virginité, je ne sais par quelles louanges vous exalter : * Car vous avez renfermé dans votre sein celui que les cieux ne peuvent contenir. V/. Bénie êtes-vous entre les femmes, et béni est le fruit de votre sein. * Car.

Deuxième leçon. Ainsi, mes frères, vous aussi vous êtes morts à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. Car, lorsque nous étions dans la chair, les passions du péché qui étaient occasionnées par la loi agissaient dans nos membres, en sorte qu’elles leur faisaient produire des fruits pour la mort ; mais maintenant nous sommes affranchis de la loi de mort dans laquelle nous étions retenus, afin que nous servions dans la nouveauté de l’esprit ’, et non dans la vétusté de la lettre.
R/. Une vierge-mère a enfanté sans douleur. * Le Sauveur des siècles, le Roi des Anges ; et seule la Vierge l’allaitait de sa mamelle que le ciel remplissait. V/. La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge, toujours intacte et pure, conçoit un Fils à la parole de l’Ange. * Le. Gloire au Père. * Le.

Si l’office est de 9 leçons, on dit la troisième suivante, sinon on dit la leçon de ST Augustin plus bas. Troisième leçon. Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Point du tout. Mais je n’ai connu le péché que par la loi ; car je ne connaîtrais pas la concupiscence, si la loi n’eût dit : Tu ne convoiteras point. Or, prenant occasion du commandement, le péché a opéré en moi toute concupiscence. Car sans la loi, le péché était mort. Et moi, je vivais autrefois sans loi. Mais quand est venu le commandement, le péché a revécu.
R/. Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Le Seigneur est Dieu et il a fait luire sa lumière sur nous : * Alléluia. Alléluia. V/. Voici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia.

Sermon de saint Augustin, Évêque.

Troisième leçon. A peine le Seigneur est-il né, qu’un deuil commence, non au ciel, mais sur la terre. Les mères se lamentent, les Anges triomphent, des enfants sont enlevés. Un Dieu est né : il faut des victimes innocentes à celui qui vient condamner la malice du monde. Il faut immoler de petits agneaux, puisque l’Agneau qui ôte les péchés du monde doit être crucifié. Mais les brebis, leurs mères, poussent des gémissements : car elles perdent leurs agneaux, avant qu’ils puissent se faire comprendre autrement que par des cris. Cruel martyre ! Cruel spectacle ! Le glaive est tiré, et sans motif ; la jalousie seule est en fureur, car celui qui est né ne fait violence à personne. Mais, considérons les mères se lamentant sur leurs agneaux. « Une voix a retenti dans Rama, des pleurs et des hurlements, » c’est qu’on leur enlève un dépôt qu’elles n’ont pas seulement reçu, mais enfanté.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Nous terminons aujourd’hui les huit jours consacrés à honorer la mémoire des bienheureux Enfants de Bethléhem. Grâces soient rendues à Dieu, qui nous les a donnés pour intercesseurs et pour modèles ! Leur nom ne paraîtra plus sur le Cycle, jusqu’au retour des solennités de la Naissance de l’Emmanuel : rendons-leur donc aujourd’hui un dernier hommage.

La sainte Église, qui, au jour de leur fête, a revêtu dans ses habits sacrés une couleur de deuil, par égard pour les douleurs de Rachel, reprend, dans ce jour de l’Octave, la pourpre des Martyrs, dont elle veut honorer ceux qui ont la gloire d’en être comme les prémices. Mais l’Église ne cesse pas pour cela de s’attendrir sur la désolation des mères qui ont vu égorger entre leurs bras les enfants qu’elles allaitaient. A l’Office des Matines, elle lit ce passage si dramatique d’un ancien Sermon attribué autrefois à saint Augustin : « A peine le Seigneur est-il né, qu’un deuil commence, non au ciel, mais sur la terre. Les mères se lamentent, les Anges triomphent, les enfants sont enlevés. Un Dieu est né : il faut des victimes innocentes à Celui qui vient condamner la malice du monde. Il faut immoler des agneaux, puisque l’Agneau est venu qui ôte le péché et qui doit être crucifié. Mais les brebis, leurs mères, poussent de grands cris ; car elles perdent leurs agneaux, avant même qu’ils puissent faire entendre le bêlement. Cruel martyre ! le glaive est tiré, et sans motif ; la jalousie seule est en fureur, et Celui qui est né ne fait violence à personne.
« Mais considérons les mères se lamentant sur leurs agneaux. Une voix a retenti dans Rama, des pleurs et des hurlements : c’est qu’on leur enlève un dépôt qu’elles n’ont pas seulement reçu, mais enfanté. La nature, qui se refusait à leur martyre, en face même du tyran, attestait assez sa puissance. La mère souillait et arrachait les cheveux de sa tête, parce qu’elle en avait perdu l’ornement dans son fils ! Que d’efforts pour cacher cet enfant ! et l’enfant lui-même se trahissait. N’ayant pas encore appris à craindre, il ne savait pas retenir sa voix. La mère et le bourreau luttaient ensemble : celui-ci ci arrachait l’enfant, celle-là le retenait. La mère criait au bourreau : Pourquoi sépares-tu de moi celui qui est sorti de moi ? Mon sein l’a enfanté : aura-t-il donc en vain sucé mon lait ? Je le portais avec tant de précautions, celui que ta main cruelle enlève avec tant de violence ! A peine mes entrailles l’ont-elles produit, que tu l’écrases contre terre. »
« Une autre mère s’écriait, parce que le soldat se refusait à l’immoler avec son fils : Pourquoi me laisses-tu privée de mon enfant ? Si un crime a été commis, c’est moi qui en suis coupable : fais-moi mourir aussi, et délivre une pauvre mère. » Une autre disait : « Qui cherchez-vous ? Vous n’en voulez qu’à un seul, et vous en tuez un grand nombre, sans pouvoir atteindre le seul que vous cherchez. » Une autre s’écriait : « Venez, oh ! venez, Sauveur du monde : jusqu’à quand vous laisserez-vous chercher ? Vous ne craignez personne : que le soldat vous voie, et qu’il laisse la vie à nos enfants. « Ainsi se mêlaient les lamentations des mères ; et le sacrifice des enfants montait jusqu’au ciel. »

Parmi les enfants si cruellement immolés depuis l’âge de deux ans et au-dessous, quelques-uns durent appartenir aux bergers de Bethléhem qui étaient venus, à la voix de l’Ange, reconnaître et adorer le nouveau-né dans la crèche. Ces premiers adorateurs du Verbe incarné, après Marie et Joseph, offrirent ainsi le sacrifice de ce qu’ils avaient de plus cher au Seigneur qui les avait choisis. Ils savaient à quel Enfant leurs enfants étaient sacrifiés, et ils étaient saintement fiers de cette nouvelle distinction qui venait les chercher au milieu de leur peuple.

Cependant, Hérode, comme tous les politiques qui font la guerre au Christ et à son Église, était déçu dans ses projets. Son édit d,e carnage embrassait Bethléhem et tous ses alentours ; il enveloppait tous les enfants de cette contrée, depuis la naissance jusqu’à l’âge de deux ans ; et malgré cette atroce précaution, l’Enfant tant recherché échappait au glaive et fuyait en Égypte. Le coup était donc manqué comme toujours ; et de plus, contre le gré du tyran, l’Église du ciel ne tarderait pas à recevoir avec triomphe de nouveaux protecteurs pour celle delà terre. Ce Roi des Juifs nouveau-né, que la jalousie d’Hérode poursuivait, n’était qu’un Enfant sans armées et sans soldats ; Hérode cependant tremblait devant lui. Un secret instinct lui révélait, comme à tous les tyrans de l’Église, que cette faiblesse apparente cachait une force victorieuse ; mais il se trompait, comme tous ses successeurs, en essayant de lutter avec le glaive contre la puissance de l’Esprit. L’Enfant de Bethléhem n’est pas encore arrivé au terme de son apparente faiblesse : il fuit devant la face d’un tyran ; plus tard, quand il sera un homme, il restera sous les coups de ses ennemis : on l’attachera à une croix infâme, entre deux larrons ; mais c’est précisément ce jour-là qu’un gouverneur romain proclamera, dans une inscription écrite de sa propre main : Celui-ci est le Roi des Juifs. Pilate donnera au Christ, d’une manière officielle, ce titre qui fait pâlir Hérode ; et malgré les sollicitations des ennemis du Sauveur, il s’écriera : Ce que j’ai écrit est écrit. Jésus, sur l’arbre de la croix, associera à son propre triomphe un des compagnons de son supplice ; aujourd’hui, dans son berceau, il appelle des enfants à partager sa gloire.

Glorifions une dernière fois cette troupe innocente, en réunissant encore les chants que la Liturgie a consacrés à leur louange.

Les deux Oraisons qui suivent sont empruntées au Sacramentaire Léonien :

ORAISON.

O Dieu, grand dans les grandes choses, mais qui opérez cependant, avec plus de gloire, vos merveilles dans les petites ; accordez-nous, s’il vous plaît, de nous réjouir dans la solennité de ceux qui, même sans parler, ont rendu témoignage à votre Fils, notre Seigneur.

ORAISON.

Faites, Seigneur, que vos fidèles, selon la parole de l’Apôtre, ne deviennent pas enfants par l’intelligence, mais qu’ils deviennent innocents en fait de malice, comme des enfants ; en sorte qu’ils imitent, par la simplicité de l’âme, les martyrs de la présente solennité, s’ils ne peuvent les égaler en mérites. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

L’Église Gothique nous donne cette belle prière que nous empruntons au Bréviaire Mozarabe :

CAPITULA.

O Christ, ineffable lumière du monde, qui, encore dans le berceau, n’étant pas encore martyr, avez consacré, par la palme du martyre, la troupe des Innocents ; qui, lorsqu’ils ne parlaient pas encore, leur avez fait pousser des gémissements sous le glaive des soldats ; et qui, au moment de votre mort volontaire pour nous, avez retiré avec joie leurs âmes des profondeurs secrètes de la terre : inspirez-leur de prier sans relâche pour nous qui sommes faibles et petits, afin que nous, dont les prières ne sauraient nous purifier de nos péchés, nous en soyons lavés présentement et à jamais, par les supplications de ceux qui vous accompagnent de leurs hymnes et de leurs cantiques, partout où vous allez.

La même Église, nous offre cette autre prière dans son Missel,

ORAISON.

O Dieu ! dont la miséricorde s’adresse, avec empressement, à tout sexe et à tout âge, vous avez daigné montrer une affection et une tendresse paternelle aux Innocents, en ne permettant pas que la captivité de l’Égypte retînt ces enfants, ni que l’Évangile leur fût celé, leur faisant éviter les souillures du monde, comme à leurs pères, au moyen de la Loi, et les appelant par grâce dans votre royaume, avec les parfaits : afin que leur innocence, exempte de tout mal, devînt un exemple solennel ; accordez à nous, qui sommes vos serviteurs, que, purgés du virus du péché, affaiblis dans la concupiscence de la chair, nous conservions une volonté docile à vos enseignements. Que notre esprit ne soit ni rigide ni superbe ; qu’il soit doux sans mollesse, innocent et prudent ; qu’il soit humble sans être faible ; afin que, par la maturité d’un jugement discret, il sache discerner ce qui vous plaît, et qu’il ne sache pas entreprendre ce qui vous offense. Enfin qu’il sache employer une salutaire tempérance, un conseil discret, au moyen desquels il puisse imiter la simplicité des enfants, revendiquer le courage des combattants. Amen.

Le chantre des Mystères et des Martyrs, Prudence, à qui l’Église a emprunté les gracieuses strophes Salvete, flores Martyrum, célèbre l’immolation des enfants de Bethlehem, dans sa belle Hymne de l’Épiphanie, à laquelle la Liturgie Romaine a emprunté encore plusieurs de ses chants.

Le tyran soucieux a ouï dire que le Roi des rois vient de naître, celui qui doit régir Israël et occuper le trône de David.
A cette nouvelle, il s’écrie avec transport : « Un compétiteur nous presse ; on nous détrône ; allez, soldats, prenez le fer, inondez de sang les berceaux.
« Tuez tout enfant mâle, cherchez jusque dans le sein des nourrices ; que l’épée égorge le fils sur la poitrine même de la mère.
« Je soupçonne quelque fraude de la part des mères de Bethlehem ; je crains que quelqu’une ne soustraie son enfant du sexe mâle. »
Un bourreau, dans sa fureur, transperce du glaive ces petits Corps à peine nés a la vie ; il poursuit une vie toute nouvelle en eux.
Sur ces faibles membres, à peine le meurtrier trouve-t-il place aux blessures ; son épée dépasse en largeur la gorge même de ses victimes.
O spectacle barbare ! la tête des enfants, brisée contre la pierre, répand la cervelle blanche comme le lait, et les yeux sortent par l’horrible blessure.
Ailleurs l’enfant palpitant est précipité dans un gouffre profond ; son faible gosier dispute cruellement le passage à l’eau.
A quoi aura servi un tel forfait ? quelle utilité apporte ce crime à Hérode ? Seul le Christ échappe au massacre général.
Au milieu des flots du sang des enfants d’un même âge, le fruit de la Vierge évite seul les atteintes du fer qui désolait les mères.
Ainsi fut soustrait à l’édit insensé de l’impie Pharaon, Moïse, libérateur de son peuple et figure du Christ.

Nous terminerons par cette antique Prose de Notker, empruntée au recueil de Saint-Gall :

SÉQUENCE.
Louange à vous, ô Christ ! Fils du Père très bon, Dieu de toute-puissance :
Vous que le brillant concert de ce peuple qui habite au delà des astres, célèbre avec joie dans les cieux ;
Vous que des troupes d’enfants chantent sur les sommets du firmament, dans des hymnes retentissantes.
Ce sont ceux qu’un impie, en haine de votre Nom, immola par une cruelle blessure :
Maintenant, dans les cieux, vous payez, ô Christ, leurs peines par la gloire, dans votre bonté ;
Usant de votre grâce, par laquelle toujours vous décorez les vôtres de splendides couronnes.
Par leurs prières sacrées, daignez, nous vous en prions, effacer les crimes de notre vie.
Et comme vous les associez à votre gloire, faites-les aussi participer pour nous à votre clémence.
Vous leur donnez la lumière de gloire éternelle : donnez-nous de triompher des choses terrestres ;
Qu’il nous soit donné d’obtenir pleinement, par des actions pures, l’effusion de votre grâce.
De tous ceux qui s’empressent à la louange des Innocents, que nul ne devienne compagnon d’Hérode ;
Mais que tous soient éternellement mêlés à leur troupe glorieuse, en votre présence, Seigneur ! Amen.

Nous vous quittons aujourd’hui, ô fleurs des Martyrs ! Mais votre protection demeure sur nous. Dans tout le cours de cette année de la sainte Liturgie, vous veillerez sur nous, vous parlerez pour nous à l’Agneau dont vous êtes les fidèles amis. Nous plaçons sous votre garde les fruits que nos âmes ont produits pendant ces jours de grâce. Nous sommes devenus enfants avec Jésus ; nous recommençons avec lui notre vie : priez, afin que nous croissions comme lui en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes. Par votre suffrage, assurez notre persévérance ; et pour cela, maintenez en nous la simplicité chrétienne, qui est la vertu des enfants du Christ. Vous êtes innocents, et nous sommes coupables ; aimez-nous cependant d’un amour de frères. Vous fûtes moissonnés à l’aurore de la Loi de Grâce ; nous sommes les fils de ces derniers temps dans lesquels le monde envieilli a laissé refroidir la Charité. Tendez vers nous vos palmes victorieuses, souriez à nos combats ; demandez que bientôt notre repentir obtienne cette couronne qui vous fut octroyée par une si divine largesse.

Enfants Martyrs ! Souvenez-vous des jeunes générations qui s’élèvent aujourd’hui sur la terre. Dans cette gloire où vous êtes arrivés avant l’âge d’homme, vous ne sauriez oublier les petits enfants. Ces tendres rejetons de la race humaine dorment aussi dans leur innocence. La grâce du Baptême est entière en eux ; et leurs âmes pures réfléchissent comme un miroir la sainteté du Dieu qui les habite par sa grâce. Hélas ! de terribles périls les attendent, ces nouveau-nés ; beaucoup d’entre eux seront souillés ; leurs robes sans tache perdront bientôt, peut-être, cette blancheur dont elle resplendit. La corruption du cœur et de l’esprit les infectera ; et qui pourra les soustraire à d’affreuses influences ? La voix des mères retentit encore dans Rama ; Rachel chrétienne pleure ses fils immolés ; et rien ne peut la consoler de la perte de leurs âmes. Innocentes victimes du Christ ! priez pour les enfants. Obtenez-leur des temps meilleurs : qu’ils puissent un jour entrer dans la vie, sans avoir à redouter d’y rencontrer la mort dès le premier pas.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

La messe est semblable à celle de la fête, mais on chante l’hymne angélique, l’alléluia, et, selon l’usage romain, les ornements, au lieu d’être violets, sont rouges.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Les enfants innocents furent immolés à cause du Christ, par le roi barbare, les nourrissons furent mis à mort, maintenant ils suivent l’Agneau immaculé et disent sans cesse : gloire à toi, Seigneur ! (Ant. Magn.).

1. La fête. — a) Au jour Octave, l’Église abandonne le deuil de la douleur des mères et honore les Saints Innocents avec la couleur du martyre, de même on chante le Gloria et l’Alléluia. — La messe est encore le même tableau mystérieux, la représentation de l’Office divin au ciel. L’Agneau, comme tué, est couché sur l’autel, entouré des 144 mille âmes pures, les prémices de Dieu. En union avec cette phalange privilégiée nous célébrons aujourd’hui le mystère eucharistique.

b) La prière des Heures. Le bréviaire attribue à saint Augustin le sermon suivant : « A la naissance du Sauveur commence le deuil, non pour le ciel, mais pour la terre. Aux mères est destinée la lamentation, aux anges la joie, aux enfants la mort. C’est Dieu qui est né, c’est pourquoi, il convient que des enfants innocents lui soient offerts en sacrifice, à lui qui est venu pour condamner la méchanceté du monde. Les petits agneaux doivent être immolés parce que l’Agneau qui enlève les péchés du monde est crucifié. Mais les brebis se lamentent parce qu’elles perdent leurs petits agneaux qui peuvent à peine bêler. Un grand martyre, un cruel spectacle. Sans motif, l’épée est tirée parce que l’envie grince des dents. Et pourtant le nouveau-né ne fait violence à personne... » Nous voyons les brebis se plaindre de la perte de leurs agneaux : « On entend des pleurs dans Rama, un grand gémissement. »

Les deux répons chantent la virginité de Marie (ils conviennent tout à fait à l’Office). C’est en fêtant les Saints Innocents que nous comprenons toute l’importance que l’Église attribue à la virginité et à la chasteté. L’antienne principale de la fête est celle-ci : « Voici ceux qui sont restés sans tache, ils sont vierges ; ils suivent l’Agneau partout où il va. » C’est pourquoi aussi on chante sans cesse dans le temps de Noël la « virginité féconde » de la Vierge Marie.

2. Lecture d’Écriture (Rom. VII, 1-25). — Saint Paul est obligé d’en revenir à la loi. La pensée que tout ce qui est arrivé au Christ se reproduit mystique ment dans ses membres, trouve une nouvelle application dans les relations des chrétiens avec la loi. Le chrétien est délivré de la loi parce qu’il est mort avec le corps du Christ et sert maintenant légitimement Dieu (1-7). Dans les versets suivants (8-25) saint Paul parle de l’homme non racheté. En lui deux puissances se disputent la victoire : l’homme intérieur, la raison qui connaît le bien et l’approuve ; la chair où les mauvais désirs et par conséquent le péché prennent racine. La loi n’a pu briser la force de la nature pécheresse. De cette puissance la grâce du Christ peut seule délivrer.

« Je sais qu’en moi ou plutôt dans ma chair, ne réside pas le bien. La volonté est toujours chez moi mais non l’accomplissement du bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, mais j’accomplis le mal que je ne veux pas. Mais je vois en moi une autre loi dans mes membres qui contredit la loi de ma raison et me livre captif à la loi du péché. Ah ! malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ Notre Seigneur.