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Octave de la Nativité (1er janvier, Circoncision du Seigneur)

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  IN OCTAVA NATIVITATIS  
  OCTAVE DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

La réforme de 1960 a changé le degré de l’Octave (de 2ème classe à 1ère classe) et le nom de la fête devenu ‘Octave de la Nativité du Seigneur’ au lieu de ‘Circoncision du Seigneur et Octave de la Nativité’. La fête de la circoncision, déjà célébrée au VIe siècle en Gaule (Concile de Tours de 567) ne rentre dans le calendrier romain qu’à partir du XIe siècles.

Textes de la Messe

Die 1 Ianuarii
Le 1er Janvier

IN OCTAVA NATIVITATIS

OCTAVE DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR

ante CR 1960 : IN CIRCUMCISIONE DOMINI ET OCTAVA NATIVITATIS
avant 1960 : CIRCONCISION DU SEIGNEUR ET OCTAVE DE LA NATIVITÉ
I classis (ante CR 1960 : duplex II classis)
Ière classe (avant 1960 : double de IIème classe)
Statio ad S. Mariam trans Tiberim
Station à Ste-Marie in Trastevere
Ant. ad Introitum. Is. 9, 6.Introït
Puer natus est nobis, et fílius datus est nobis : cuius impérium super húmerum eius : et vocábitur nomen eius magni consílii Angelus.Un enfant nous est né, un fils nous est donné : la souveraineté repose sur son épaule et on l’appellera le Messager d’en haut.
97, 1.
Cantáte Dómino cánticum novum : quia mirabília fecit.Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui salútis ætérnæ, beátæ Maríæ virginitáte fecúnda, humáno géneri prǽmia præstitísti : tríbue, quǽsumus ; ut ipsam pro nobis intercédere sentiámus, per quam merúimus auctórem vitæ suscípere, Dóminum nostrum Iesum Christum, Fílium tuum : Qui tecum vivit.O Dieu, qui, en rendant féconde la virginité de la bienheureuse Marie, avez procuré à l’humanité le salut éternel, accordez-nous, nous vous en supplions, de ressentir la puissante intercession de celle par laquelle nous avons reçu l’auteur de la vie Notre-Seigneur Jésus-Christ, votre Fils.
Léctio Epístolæ beati Páuli Apóstoli ad Titum.Lecture de l’Epître de Saint Paul à Tite.
Tit. 2, 11-15.
Caríssime : Appáruit grátia Dei Salvatóris nostri ómnibus homínibus, erúdiens nos, ut, abnegántes impietátem et sæculária desidéria, sóbrie et iuste et pie vivámus in hoc sǽculo, exspectántes beátam spem et advéntum glóriæ magni Dei et Salvatóris nostri Iesu Christi : qui dedit semetípsum pro nobis : ut nos redímeret ab omni iniquitáte, et mundáret sibi pópulum acceptábilem, sectatórem bonórum óperum. Hæc lóquere et exhortáre : in Christo Iesu, Dómino nostro.Très cher ami : elle s’est manifestée la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes ; elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent avec tempérance, justice et piété, en attendant la bienheureuse espérance et l’apparition glorieuse de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se faire, en nous purifiant, un peuple qui lui appartienne, et qui soit zélé pour les bonnes oeuvres. Voilà ce que tu dois prêcher, recommander et revendiquer avec une pleine autorité dans le Christ Notre Seigneur.
Graduale. Ps. 97, 3 et 2.Graduel
Vidérunt omnes fines terræ salutare Dei nostri : iubiláte Deo, omnis terra.Les extrêmités de la terre ont vu le Sauveur envoyé par notre Dieu, Terre entière, chante à Dieu ta joie.
V/.Notum fecit Dominus salutare suum : ante conspéctum géntium revelávit iustitiam suam.Le Seigneur a fait connaître son œuvre de salut : devant tous les peuples il a montré sa justice.
Allelúia, allelúia. V/.Hebr. 1, 1-2. Multifárie olim Deus loquens pátribus in Prophétis, novíssime diébus istis locútus est nobis in Fílio. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à nos pères par les Prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam.Lecture du Saint Evangile selon saint Luc.
Luc. 2, 21.
In illo témpore : Postquam consummáti sunt dies octo, ut circumciderétur Puer : vocátum est nomen eius Iesus, quod vocátum est ab Angelo, priúsquam in útero conciperétur.En ce temps là, le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus, que l’ange avait indiqué avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 12 et 15.Offertoire
Tui sunt cœli et tua est terra : orbem terrárum et plenitúdinem eius tu fundásti : iustítia et iudícium præparátio sedis tuæ.A toi sont les cieux, à toi la terre. C’est toi qui as posé les fondations de l’univers, et créé ce qu’il renferme. Ton trône repose sur le droit et la justice.
Secreta.Secrète
Munéribus nostris, quǽsumus, Dómine, precibúsque suscéptis : et cæléstibus nos munda mystériis, et cleménter exáudi. Per Dóminum.Nous vous en supplions, Seigneur, ayant reçu nos dons et nos prières, purifiez-nous en vos divins mystères et exaucez-nous avec clémence.
Præfatio de Nativitate Domini. Préface de la Nativité .
Infra actionem : Communicántes et diem sacratíssimum celebrántes.Pendant le canon : Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint [*].
Ant. ad Communionem. Ps. 97, 3.Communion
Vidérunt omnes fines terræ salutáre Dei nostri.Les extrêmités de la terre ont vu le Sauveur envoyé par notre Dieu.
Postcommunio.Postcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáta Vírgine Dei Genetríce María, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per eúndem Dóminum.Seigneur, que cette communion nous purifie de tout péché, et que, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, elle nous fasse participer aux fruits du remède céleste.

Office

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Ant. 1 O commerce admirable *. Le Créateur du genre humain prenant un corps et une âme, a daigné naître de la Vierge, et, devenu homme sans le concours de l’homme, il nous a fait part de sa divinité.
Ant. 2 Quand vous naquîtes * ineffablement d’une Vierge, alors s’accomplirent les Écritures. Comme la rosée sur la toison, vous descendîtes pour sauver le genre humain. Nous vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 3 En ce buisson que vit Moïse * et qui brûlait sans se consumer, nous voyons l’image de votre glorieuse virginité : Mère de Dieu, intercédez pour nous.
Ant. 4 La tige de Jessé a fleuri ; * l’étoile est sortie de Jacob ; la Vierge a enfanté le Sauveur. Nous vous louons, ô notre Dieu !
Ant. 5 Voici que Marie nous a enfanté * le Sauveur, à la vue duquel Jean s’est écrié : Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, alléluia.
Capitule. Tit. 2, 11-12. La grâce de Dieu notre Sauveur est apparue à tous les hommes, nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux désirs du siècle, et à vivre sobrement, justement et pieusement dans ce monde.

HymnusHymne
Iesu, Redémptor ómnium,
Quem lucis ante oríginem
Parem patérnæ glóriæ
Pater suprémus édidit.
O Jésus, Rédempteur de tous les hommes,
vous qu’avant la première aurore,
en sa Paternité suprême,
le Père engendra semblable à sa gloire.
Tu lumen, et splendor Patris,
Tu spes perénnis ómnium,
Inténde quas fundunt preces
Tui per orbem sérvuli.
Vous, lumière et splendeur du Père,
vous, l’éternelle espérance de tous,
écoutez ces prières que vos serviteurs
vous adressent par toute la terre.
Meménto, rerum Cónditor,
Nostri quod olim córporis,
Sacráta ab alvo Vírginis
Nascéndo, formam súmpseris.
Souvenez-vous, ô Créateur du monde,
que vous avez un jour,
en naissant d’une Vierge toute pure,
pris un corps semblable au nôtre.
Testátur hoc præsens dies,
Currens per anni círculum,
Quod solus e sinu Patris
Mundi salus advéneris.
Le jour présent, ce jour
que ramène l’année dans son cours,
atteste que, seul descendu du sein du Père,
vous êtes venu sauver le monde.
Hunc astra, tellus, æquora,
Hunc omne, quod cælo subest,
Salútis auctórem novæ
Novo salútat cántico.
Le ciel, la terre, la mer
et tout ce qu’ils renferment,
saluent par un nouveau cantique
l’avènement de l’Auteur d’un salut nouveau.
Et nos, beáta quos sacri
Rigávit unda sánguinis,
Natális ob diem tui
Hymni tribútum sólvimus.
Et nous, qui avons été lavés
par l’effusion de votre sang divin,
nous vous offrons, ô Christ, le tribut
de cette hymne à la gloire de votre jour natal.
Iesu, tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Gloire soit à vous, ô Jésus !
qui êtes né de la Vierge :
gloire au Père et à l’Esprit-Saint,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il

V/..Le Verbe s’est fait chair, alléluia.
R/. Et il a habité parmi nous, alléluia.
Ant.au Magnificat Par le grand * amour dont Dieu nous a aimés, il a envoyé son Fils dans une chair semblable à celle du péché, alléluia.

A MATINES.

Invitatoire. Le Christ nous est né, * Venez, adorons-le.

Au premier nocturne.

Ant. 1 Le Seigneur m’a dit : * Vous êtes mon Fils, c’est moi qui aujourd’hui vous ai engendré.
Ant. 2 Dans le soleil [1], il a placé * sa tente, et lui-même est comme un époux qui sort de son lit nuptial.
Ant. 3 Élevez-vous, * portes éternelles, et le Roi de la gloire entrera.
V/. Le Seigneur vient.
R/. Comme un époux qui sort de son lit nuptial.

De l’Épître aux Romains. Cap. 4, 1-17.

Première leçon. Quel avantage dirons- nous donc qu’Abraham, notre père, a eu selon la chair ? Car si Abraham a été justifié par les œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non devant Dieu. En effet, que dit l’Écriture ? Abraham crut à Dieu, et ce lui fut imputé à justice. Or à celui qui travaille, le salaire n’est point imputé comme une grâce, mais comme une dette. Au fait pas les œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi est imputée à justice, selon le décret de la grâce de Dieu. C’est ainsi que David appelle heureux l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres : Bienheureux ceux dont les iniquités ont été remises, et dont les péchés ont été couverts. Bienheureux l’homme à qui le Seigneur n’a pas imputé de péché.
R/. Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, voici celui de qui je disais : Celui qui vient après moi, a été fait avant moi : * Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. V/. Celui qui est de la terre, parle de la terre ; celui qui vient du Ciel, est au-dessus de tous. * Je.

Deuxième leçon. Or cette béatitude est-elle seulement pour les circoncis ? N’est-elle pas aussi pour les incirconcis ? Car nous venons de dire que la foi d’Abraham lui a été imputée à justice. Quand donc lui a-t-elle été imputée ? Est-ce après la circoncision, ou avant la circoncision ? Ce n’est point après la circoncision, mais avant la circoncision. Et il ne reçut la marque de la circoncision que comme sceau de la justice qu’il avait déjà acquise par la foi, étant encore incirconcis, et pour être Je père de tous les croyants incirconcis, afin que la foi leur fut aussi imputée à justice, et pour être père de la circoncision, non seulement des circoncis mais aussi de ceux qui suivent les traces de la foi qui était en notre père Abraham, encore incirconcis.
R/. Un jour sanctifié luit pour nous : venez, Nations, et adorez le Seigneur. * Parce qu’une grande lumière est descendue aujourd’hui sur la terre. V/. oici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Parce que.

Troisième leçon. Car ce n’est pas en vertu de la loi qu’a été faite à Abraham ou à sa postérité la promesse d’avoir le monde pour héritage, mais c’est en vertu de la justice de la foi. Et si ceux qui ont reçu la loi sont héritiers, la loi devient vaine, et la promesse est abolie ; attendu que la loi opère la colère ; car où il n’y a point de loi, il n’y a point de prévarication. Ainsi c’est à la foi qu’est attachée la promesse, afin qu’elle soit gratuite et assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui a reçu la loi mais encore à celle qui suit la foi d’Abraham, qui est le père de nous tous, (selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père d’une multitude de nations) devant Dieu à qui il a cru, qui vivifie les morts, et appelle les choses qui ne sont pas, comme celles qui sont.
R/. Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Le Seigneur est Dieu et il a fait luire sa lumière sur nous : * Alléluia. Alléluia. V/. Voici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia.

Au deuxième nocturne.

Ant. 1 Vous êtes plus brillant de beauté * que les enfants des hommes, la grâce est répandue sur vos lèvres.
Ant. 2 Un homme est né * en elle, et lui-même, le Très- Haut, l’a fondée [2].
Ant. 3 Ils exulteront, tous les arbres * des forêts devant la face du Seigneur, parce qu’il vient [3].
V/. Vous êtes plus brillant de beauté que les enfants des hommes.
R/. La grâce est répandue sur vos lèvres.

Sermon de saint Léon, Pape.

Quatrième leçon. Le mystère de la fête de ce jour, mes bien-aimés, nul ne l’honore en vérité et ne le célèbre avec piété, s’il ne se garde de toute erreur quant à l’incarnation du Seigneur, et de toute pensée indigne de la Divinité. On commet la même faute, on s’expose au même péril, en niant que le Christ ait une nature semblable à la nôtre et en ne lui reconnaissant pas une gloire égale à celle de son Père. Lorsque nous cherchons à obtenir l’intelligence du mystère de la nativité du Christ, venant à nous du sein d’une mère vierge, écartons donc bien au loin les ténèbres des raisonnements terrestres, et que la fumée de la sagesse mondaine se retire de l’œil illuminé par la foi.
R/. Félicitez-moi, vous tous qui aimez le Seigneur : * Parce que, tandis que j’étais petite, j’ai plu au Très-Haut, et de mon sein j’ai engendré un Homme-Dieu. V/. Toutes les nations m’appelleront bienheureuse, parce que Dieu a regardé son humble servante. * Parce que.

Cinquième leçon. Car c’est sur l’autorité divine qu’est appuyée notre foi, et c’est une doctrine divine que professons. Soit que nous prêtions l’oreille de notre âme au témoignage de la loi, ou aux oracles des Prophètes, ou à l’éclatante prédication de l’Évangile, elles restent vraies, ces paroles que Jean, rempli du Saint-Esprit, a fait retentir : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. C’est lui qui au commencement était en Dieu. Toutes choses ont été faites par lui ; et sans lui rien n’a été fait de ce qui a été fait. » Et ce que le même prédicateur ajoute est également vrai : « Le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, comme la gloire du Fils unique du Père. »
R/. Le cœur de la Vierge a été fortifié ; à la parole de l’Ange elle a conçu les mystères divins ; alors, dans ses chastes entrailles, elle a reçu le plus beau des enfants des hommes * Et, bénie à jamais, elle nous a donné celui qui est Dieu et homme. V/. La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge, intacte et pure, conçoit un Fils à la parole de l’Ange. * Et.

Sixième leçon. Dans l’une et l’autre nature, le Fils de Dieu est donc le même ; prenant ce qui est de nous, sans rien perdre de ce qui lui est propre ; renouvelant l’homme dans l’homme, et restant en lui-même immuable. La divinité qui lui est commune avec le Père ne perd rien de sa toute-puissance, et la nature du serviteur ne déshonore pas en lui la nature de Dieu ; parce que l’Essence souveraine et éternelle, qui s’est inclinée pour le salut du genre humain, nous a élevés à la participation de sa gloire : mais elle n’a pas cessé d’être ce qu’elle était. C’est pourquoi, lorsque le Fils unique de Dieu confesse qu’il est inférieur à son père, auquel il se dit égal, il montre qu’il a véritablement en lui l’une et l’autre nature, car par l’inégalité dont il parle, il prouve qu’il a la nature humaine ; et par l’égalité qu’il affirme, ii déclare posséder la nature divine.
R/. Vous êtes bénie et digne de tout respect, Vierge Marie, qui, sans rien perdre de votre pureté, vous êtes trouvée ta Mère du Sauveur : * Il était couché dans la crèche, et il brillait dans le Ciel. V/. Seigneur, j’ai entendu votre parole et j’ai craint ; j’ai considéré vos œuvres et j’ai été saisi de frayeur : entre deux animaux. * Il était couché. Gloire au Père. * Il était couché.

Au troisième nocturne.

Ant. 1 Au commencement * et avant les siècles le Verbe était Dieu, et lui-même est né aujourd’hui pour être le Sauveur du monde.
Ant. 2 Engendré avant l’aurore * et avant les siècles, le Seigneur notre Sauveur a daigné naître aujourd’hui.
Ant. 3 Le Seigneur étant né. * le chœur des Anges chantait, disant : Salut à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau.
V/. Le Seigneur a fait connaître, alléluia
R/. Son salut, alléluia.

Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Luc, 2, 21.
En ce temps-là : le huitième jour, auquel l’enfant devait être circoncis, étant arrivé, on lui donna le nom de Jésus. Et le reste.

Homélie de saint Ambroise, Évêque.

Septième leçon. L’enfant est donc circoncis Quel est cet enfant, sinon celui dont il a été dit : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ? » Il s’est assujetti à la loi, pour gagner ceux qui étaient sous la loi. « (Ils le portèrent à Jérusalem) pour le présenter au Seigneur. » Je dirais ici ce que c’est qu’être présenté au Seigneur dans Jérusalem, si je ne l’avais déjà expliqué dans mes Commentaires sur Isaïe. Celui qui est circoncis spirituellement par le retranchement de ses vices, est jugé digne du regard du Seigneur ; parce que « les yeux du Seigneur sont fixés sur les justes. » Vous voyez que toute la suite de la loi ancienne a été l’image de l’avenir ; car la circoncision signifie l’expiation des péchés.
R/. Sainte et immaculée Virginité, je ne sais par quelles louanges vous exalter : * Car vous avez renfermé dans votre sein celui que les cieux ne peuvent contenir. V/. Bénie êtes-vous entre les femmes, et béni est le fruit de votre sein. * Car.

Huitième leçon. Mais parce que la fragilité de la chair et de l’esprit de l’homme l’emporte, par une pente naturelle de cupidité, vers le mal, et l’embarrasse ici-bas dans des vices inextricables, le huitième jour de la circoncision est la figure du temps de la résurrection, et de notre future délivrance de tout péché. C’est en effet le sens des paroles suivantes : « Tout mâle premier-né sera appelé, consacré au Seigneur. » Les termes de la loi expriment la promesse du fruit de la Vierge, fruit vraiment saint, car il est immaculé. Que ce soit là le fruit désigné par la loi, les paroles de l’Ange nous l’assurent : « La chose sainte, dit-il, qui naîtra de vous, sera appelée le Fils de Dieu. »
R/. Une vierge-mère a enfanté sans douleur. * Le Sauveur des siècles, le Roi des Anges ; et seule la Vierge l’allaitait de sa mamelle que le ciel remplissait. V/. La demeure d’un sein pudique devient soudain le temple de Dieu ; la Vierge, toujours intacte et pure, conçoit un Fils à la parole de l’Ange. * Le. Gloire au Père. * Le.

Neuvième leçon. Car parmi il tous ceux qui sont nés de la femme, seul, le Seigneur Jésus est absolument saint ; lui qui, par la nouveauté d’un enfantement immaculé, n’a pas ressenti la contagion de la corruption terrestre, et l’a éloignée de lui par sa majesté céleste. Si nous nous en tenions à la lettre, comment tout enfant mâle serait-il saint ; puisqu’il est manifeste qu’il y en a eu beaucoup de très criminels ? Achab aurait-il été saint ? Seraient-ils saints ces faux prophètes que le feu, vengeur de l’injure faite au ciel, consuma à la prière d’Élie ? Mais il est saint celui que les pieux préceptes de la loi divine nous représentaient dans les figures du mystère à venir ; et c’est par lui seul que l’Église, qui est sainte et vierge, a le secret d’engendrer, dans son immaculée fécondité, les peuples Je Dieu.

A LAUDES

Antiennes comme aux 1ères Vêpres

HymnusHymne
A solis ortus cárdine
Ad usque terræ límitem,
Christum canámus Príncipem,
Natum María Vírgine.
Du point où le soleil se lève
jusqu’aux limites de ta terre,
chantons le Christ Roi,
né de la Vierge Marie.
Beátus auctor sǽculi
Servíle corpus índuit :
Ut carne carnem líberans,
Ne pérderet quos cóndidit.
Le bienheureux Auteur du monde
revêt un corps d’esclave,
afin que, délivrant la chair par la chair,
il sauve de leur perte, ceux qu’il a créés.
Castæ Paréntis víscera
Cæléstis intrat grátia :
Venter Puéllæ báiulat
Secréta, quæ non nóverat.
Au sein d’une chaste Mère
descend la grâce céleste,
les flancs d’une Vierge portent
un mystère qu’elle ne connaissait pas.
Domus pudíci péctoris
Templum repénte fit Dei :
Intácta nésciens virum,
Concépit alvo Fílium.
La demeure d’un sein pudique
devient soudain le temple de Dieu ;
la Vierge, intacte et toujours pure,
conçoit un Fils dans ses entrailles.
Enítitur puérpera,
Quem Gábriel prædíxerat,
Quem ventre Matris géstiens,
Baptísta clausum sénserat.
Cette jeune mère enfante
celui qu’annonça Gabriel ;
celui dont Jean, captif encore au sein maternel,
reconnut la présence.
Fœno iacére pértulit :
Præsépe non abhórruit :
Et lacte módico pastus est,
Per quem nec ales ésurit.
Il a souffert de reposer sur du foin ;
il n’a pas eu horreur de la crèche ;
il s’est nourri d’un peu de lait,
lui qui rassasie jusqu’au petit oiseau.
Gaudet chorus cæléstium,
Et Angeli canunt Deo ;
Palámque fit pastóribus
Pastor, Creátor ómnium.
Le chœur des Esprits célestes se réjouit,
et les Anges chantent à Dieu ;
il se manifeste aux bergers,
le Pasteur, le Créateur de tous.
Iesu tibi sit glória,
Qui natus es de Vírgine,
Cum Patre et almo Spíritu,
In sempitérna sǽcula. Amen.
Gloire soit à vous, ô Jésus !
qui êtes né de la Vierge :
gloire au Père et à l’Esprit-Saint,
dans les siècles éternels. Ainsi soit-il

V/..Le Verbe s’est fait chair, alléluia.
R/. Et il a habité parmi nous, alléluia.

Ant. au Bénédictus Un mystère admirable * se manifeste aujourd’hui : les deux natures s’unissent dans un prodige nouveau : Dieu se fait homme ; il reste ce qu’il était, il prend ce qu’il n’était pas, sans souffrir ni mélange ni division.

AUX DEUXIÈMES VÊPRES.

Tout aux 1ères Vêpres, sauf :

V/. Le Seigneur a fait connaître, alléluia
R/. Son salut, alléluia.

Ant. au Magnificat O grand * mystère de l’hérédité divine ! Le sein d’une vierge est devenu le temple de Dieu ; celui qui d’elle a pris chair n’a contracté aucune souillure ; toutes les nations viendront et diront : Gloire A vous, Seigneur.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Le huitième jour de la Naissance du Sauveur est arrivé ; l’étoile qui conduit les Mages approche de BethlChem ; encore cinq jours, et elle s’arrêtera sur le lieu où repose l’Enfant divin. Aujourd’hui, ce Fils de l’Homme doit être circoncis, et marquer, par ce premier sacrifice de sa chair innocente, le huitième jour de sa vie mortelle. Aujourd’hui, un nom va lui être donné ; et ce nom sera celui de Jésus, qui veut dire Sauveur. Les mystères se pressent dans cette grande journée ; recueillons-les tous, et honorons-les dans toute la religion et toute la tendresse de nos cœurs.

Mais ce jour n’est pas seulement consacré à honorer la Circoncision de Jésus ; le mystère de cette Circoncision fait partie d’un plus grand encore, celui de l’Incarnation et de l’Enfance du Sauveur ; mystère qui ne cesse d’occuper l’Église, non seulement durant cette Octave, mais pendant les quarante jours du Temps de Noël. D’autre part, l’imposition du nom de Jésus doit être glorifiée par une solennité particulière, que nous célébrerons demain (ou le dimanche entre le 2 et le 5 janvier). Cette grande journée offre place encore à un autre objet digne d’émouvoir la piété des fidèles. Cet objet est Marie, Mère de Dieu. Aujourd’hui, l’Église célèbre spécialement l’auguste prérogative de cette divine Maternité, conférée à une simple créature, coopératrice du grand ouvrage du salut des hommes.

Autrefois la sainte Église Romaine célébrait deux Messes au premier janvier : l’une pour l’Octave de Noël, l’autre en l’honneur de Marie. Depuis, elle les a réunies en une seule, de même qu’elle a mélangé dans le reste de l’Office de ce jour les témoignages de son adoration envers le Fils, aux expression- de son admiration et de sa tendre confiance envers la Mère.

Pour payer son tribut d’hommages à celle qui nous adonné l’Emmanuel, l’Église Grecque n’attend pas le huitième jour de la Naissance de ce Verbe fait chair. Dans son impatience, elle consacre à Marie le propre lendemain de Noël, le 26 décembre, sous le titre de Synaxe de la Mère de Dieu, réunissant ces deux solennités en une seule, en sorte qu’elle n’honore saint Étienne que le 27 décembre.

Pour nous, fils aînés de la sainte Église Romaine, épanchons aujourd’hui tout l’amour de nos cœurs envers la Vierge-Mère, et conjouissons-nous à la félicité qu’elle éprouve d’avoir enfanté son Seigneur et le nôtre. Durant le saint Temps de l’Avent, nous l’avons considérée enceinte du salut du monde ; nous avons proclamé la souveraine dignité de cette Arche de la nouvelle alliance qui offrait dans ses chastes flancs comme un autre ciel à la Majesté du Roi des siècles. Maintenant, elle l’a mis au jour, ce Dieu enfant ; elle l’adore ; mais elle est sa Mère. Elle a le droit de l’appeler son Fils ; et lui, tout Dieu qu’il est, la nomme en toute vérité sa Mère.

Ne nous étonnons donc plus que l’Église exalte avec tant d’enthousiasme Marie et ses grandeurs. Comprenons au contraire que tous les éloges qu’elle peut lui donner, tous les hommages qu’elle peut lui offrir dans son culte, demeurent toujours beaucoup au-dessous de ce qui est dû à la Mère du Dieu incarné. Personne sur la terre n’arrivera jamais à décrire, pas même à comprendre tout ce que cette sublime prérogative renferme de gloire. En effet, la dignité de Marie provenant de ce qu’elle est Mère d’un Dieu, il serait nécessaire, pour la mesurer dans son étendue, de comprendre préalablement la Divinité elle-même. C’est à un Dieu que Marie a donné la nature humaine ; c’est un Dieu qu’elle a eu pour Fils ; c’est un Dieu qui s’est fait gloire de lui être soumis, selon l’humanité ; la valeur d’une si haute dignité dans une simple créature ne peut donc être estimée qu’en la rapprochant de la souveraine perfection du grand Dieu qui daigne ainsi se constituer sous sa dépendance. Anéantissons-nous donc en présence de la Majesté du Seigneur ; et humilions-nous devant la souveraine dignité de celle qu’il s’est choisie pour Mère.

Que si nous considérons maintenant les sentiments qu’une telle situation inspirait à Marie à l’égard de son divin Fils, nous demeurons encore confondus par la sublimité du mystère. Ce Fils, qu’elle allaite, qu’elle tient dans ses bras, qu’elle presse contre son cœur, elle l’aime, parce qu’il est le fruit de ses entrailles ; elle l’aime, parce qu’elle est mère, et que la mère aime son fils comme elle-même et plus qu’elle-même ; mais si elle vient à considérer la majesté infinie de Celui qui se confie ainsi à son amour et à ses caresses, elle tremble et se sent près de défaillir, jusqu’à ce que son cœur de Mère la rassure au souvenir des neuf mois que cet Enfant a passés dans son sein, et du sourire filial avec lequel il lui sourit au moment où elle l’enfanta. Ces deux grands sentiments de la religion et de la maternité se confondent dans ce cœur sur ce seul et divin objet. Se peut-il imaginer quelque chose de plus sublime que cet état de Mère de Dieu ; et n’avions-nous pas raison de dire que, pour le comprendre tel qu’il est en réalité, il nous faudrait comprendre Dieu lui-même, qui seul pouvait le concevoir dans son infinie sagesse, et seul le réaliser dans sa puissance sans bornes ?

Une Mère de Dieu ! Tel est le mystère pour la réalisation duquel le monde était dans l’attente depuis tant de siècles ; l’œuvre qui, aux yeux de Dieu, dépassait à l’infini, comme importance, la création d’un million de mondes. Une création n’est rien pour sa puissance ; il dit, et toutes choses sont faites. Au contraire, pour qu’une créature devienne Mère de Dieu, il a dû non seulement intervertir toutes les lois de la nature en rendant féconde la virginité, mais se placer divinement lui-même dans des relations de dépendance, dans des relations filiales, à l’égard de l’heureuse créature qu’il a choisie. Il a dû lui conférer des droits sur lui-même, accepter des devoirs envers elle ; en un mot, en faire sa Mère et être son Fils.

Il suit de là que les bienfaits de cette Incarnation que nous devons à l’amour du Verbe divin, nous pourrons et nous devrons, avec justice, les rapporter dans un sens véritable, quoique inférieur, à Marie elle-même. Si elle est Mère de Dieu, c’est qu’elle a consenti à l’être. Dieu a daigné non seulement attendre ce consentement, mais en faire dépendre la venue de son Fils dans la chair. Comme ce Verbe éternel prononça sur le chaos ce mot FIAT, et la création sortit du néant pour lui répondre ; ainsi, Dieu étant attentif, Marie prononça aussi ce mot FIAT, qu’il me soit fait selon votre parole, et le propre Fils de Dieu descendit dans son chaste sein. Nous devons donc notre Emmanuel, après Dieu, à Marie, sa glorieuse Mère.

Cette nécessité indispensable d’une Mère de Dieu, dans le plan sublime du salut du monde, devait déconcerter les artifices de l’hérésie qui avait résolu de ravir la gloire du Fils de Dieu. Selon Nestorius, Jésus n’eût été qu’un homme ; sa Mère n’était donc que la mère d’un homme : le mystère de l’Incarnation était anéanti. De là, l’antipathie de la société chrétienne contre un si odieux système. D’une seule voix, l’Orient et l’Occident proclamèrent le Verbe fait chair, en unité de personne, et Marie véritablement Mère de Dieu, Deipara, Theotocos, puisqu’elle a enfanté Jésus-Christ. Il était donc bien juste qu’en mémoire de cette grande victoire remportée au concile d’Ephèse, et pour témoigner de la tendre vénération des chrétiens envers la Mère de Dieu, des monuments solennels s’élevassent qui attesteraient aux siècles futurs cette suprême manifestation. Ce fut alors que commença dans les Églises grecque et latine le pieux usage de joindre, dans la solennité de Noël, la mémoire de la Mère au culte du Fils. Les jours assignés à cette commémoration furent différents ; mais la pensée de religion était la même.

A Rome, le saint Pape Sixte III fit décorer l’arc triomphal de l’Église de Sainte-Marie ad Praesepe, de l’admirable Basilique de Sainte-Marie-Majeure, par une immense mosaïque à la gloire de la Mère de Dieu. Ce précieux témoignage delà foi du cinquième siècle est arrivé jusqu’à nous ; et au milieu du vaste ensemble sur lequel figurent, dans leur mystérieuse naïveté, les événements racontés par les saintes Écritures et les plus vénérables symboles, on peut lire encore la noble inscription par laquelle le saint Pontife dédiait ce témoignage de sa vénération envers Marie, Mère de Dieu, au peuple fidèle : XISTUS EPISCOPUS PLEBI DEI.

Des chants spéciaux furent composés aussi à Rome pour célébrer le grand mystère du Verbe fait homme par Marie. De sublimes Répons, de magnifiques Antiennes, ornés d’un chant grave et mélodieux, vinrent servir d’expression à la piété de l’Église et des peuples, et ils ont porté cette expression à travers tous les siècles. Entre ces pièces liturgiques, il est des Antiennes que l’Église Grecque chante avec nous, dans sa langue, en ces mêmes jours, et qui attestent l’unité de la foi en même temps que la communauté des sentiments, en présence du grand mystère du Verbe incarné.

AUX PREMIÈRES VÊPRES.

Les premières Vêpres de la Circoncision sont rendues plus solennelles par le chant de cinq des vénérables Antiennes dont nous parlions tout à l’heure ; l’Office se compose en outre des Psaumes assignés, pendant toute l’année, aux Vêpres de la sainte Vierge.

Le premier de ces Psaumes, en célébrant la Royauté, le Sacerdoce et la suprême Judicature de l’Emmanuel, révèle en même temps la haute dignité de celle qui l’a enfanté. Le second renferme la louange du Dieu qui élève les humbles et qui rend féconde la stérilité ; il annonce magnifiquement les grandeurs et la fécondité de Marie, Mère de Dieu et Mère des hommes. Les trois derniers Psaumes contiennent l’éloge de Jérusalem, Cité de Dieu et symbole de Marie.

A LA MESSE.

La Station est à Sainte-Marie au delà du Tibre. Il était bien juste de glorifier cette Basilique à jamais vénérable entre celles que la piété catholique a consacrées à Marie. La plus ancienne des Églises de Rome dédiées à la sainte Vierge, elle lui fut consacrée par saint Calliste, dès le troisième siècle, dans l’ancienne Taberna Meritoria, lieu célèbre chez les auteurs païens eux-mêmes par cette fontaine d’huile qui en sortit, sous le règne d’Auguste, et coula jusqu’au Tibre. La piété des peuples s’est plu à voir, dans cet événement, un symbole du Christ (unctus) qui devait bientôt naître ; et la Basilique porte encore aujourd’hui le titre de Fons olei.

L’Introït, comme la plupart des autres pièces chantées de cette Messe, est celui de Noël, à la Messe du Jour. Il célèbre la Naissance de l’Enfant qui nous est né, et qui compte aujourd’hui son huitième jour.

Dans la Collecte, l’Église célèbre la virginité féconde de la Mère de Dieu, et nous montre Marie comme la source dont Dieu s’est servi pour répandre le bienfait de l’Incarnation sur le genre humain. Elle représente à Dieu lui-même les espérances que nous fondons sur l’intercession de cette créature privilégiée.

ÉPÎTRE.

En ce jour où nous plaçons maintenant le renouvellement de notre année civile, les conseils du grand Apôtre viennent à propos pour avertir les fidèles de l’obligation où ils sont de sanctifier le temps qui leur est donné. Renonçons donc aux désirs du siècle ; vivons avec sobriété, justice et piété ; et que rien ne nous distraie de l’attente de cette béatitude que nous espérons. Le grand Dieu et sauveur Jésus-Christ, qui apparaît en ces jours dans sa miséricorde, pour nous enseigner, reviendra dans sa gloire, pour nous récompenser. Le mouvement du temps nous avertit que ce jour approche ; purifions-nous, et devenons un peuple agréable aux yeux du Rédempteur, un peuple appliqué aux bonnes œuvres.

Le Graduel chante la venue du divin Enfant, et invite toutes les nations à le glorifier, lui et son Père qui l’avait promis et qui nous l’envoie.

ÉVANGILE.

L’enfant est circoncis ; il n’appartient plus seulement à la nature humaine ; il devient, par ce symbole, membre du peuple choisi et voué au service de Dieu. Il se soumet à cette cérémonie douloureuse, à ce signe de servitude, pour accomplir toute justice. Il reçoit en retour le nom de Jésus ; et ce nom veut dire Sauveur ; il nous sauvera donc, mais c’est par son sang qu’il nous sauvera. Telle est la volonté divine, acceptée par lui. La présence du Verbe incarné sur la terre a pour but un Sacrifice, et ce Sacrifice commence déjà. Il pourrait être plein et parfait par cette seule effusion du sang d’un Dieu-Homme ; mais l’insensibilité du pécheur, dont l’Emmanuel est venu conquérir l’âme, est si profonde, que ses yeux contempleront trop souvent, sans l’émouvoir, les torrents du sang divin qui a ruisselé sur la croix. Les quelques gouttes du sang de la circoncision auraient suffi à la justice du Père ; elles ne suffisent pas à la misère de l’homme ; et le cœur du divin Enfant veut par-dessus tout guérir cette misère. C’est pour cela qu’il vient ; et il aimera les hommes jusqu’à l’excès ; car il ne veut point porter en vain le nom de Jésus.

L’Offertoire célèbre la puissance de l’Emmanuel. En ce moment où il nous apparaît blessé par le couteau de la circoncision, exaltons d’autant plus sa puissance, sa richesse et son indépendance. Célébrons aussi son amour ; car s’il vient partager nos plaies, c’est pour les guérir.

Pendant la Communion, l’Église se réjouit dans le nom du Sauveur qui vient, et qui remplit toute l’étendue de ce nom, en rachetant tous les habitants de la terre. Elle demande ensuite, par l’entremise de Marie, que le divin remède de la Communion soit, pour nos cœurs, la guérison du péché, afin que nous puissions offrir à Dieu l’hommage de cette circoncision spirituelle dont parle l’Apôtre.

L’Église Grecque, au 26 Décembre, jour consacré par elle à la Mère de Dieu, prodigue de pompeuses louanges à Marie. Nous empruntons à ses Menées les deux seules strophes qui suivent, dont la première est en même temps l’Antienne de Benedictus du jour de la Circoncision, au Bréviaire Romain.

Un mystère admirable se manifeste aujourd’hui : les deux natures s’unissent dans un prodige nouveau ; Dieu se fait homme ; il reste ce qu’il était, il prend ce qu’il n’était pas, sans souffrir ni mélange ni division.

La vigne mystique, après avoir produit sans culture la céleste grappe, la soutenait sur ses bras, comme sur ses rameaux : Tu es mon fruit, disait-elle, tu es ma vie ; je sais de toi-même que je suis encore ce que j’étais, ô mon Dieu ! car le sceau de ma virginité n’a point été brisé : c’est pourquoi je te proclame immuable et Verbe fait chair. Je n’ai point connu l’homme, mais je te reconnais pour le libérateur de la commune perdition ; je suis toujours chaste, même après ta naissance. Tel tu trouvas mon sein, tel tu l’as laissé : c’est pourquoi toute créature me chante et s’écrie : « Réjouis-toi, ô pleine de grâce ! »

Considérons, en ce huitième jour de la Naissance du divin Enfant, le grand mystère de la Circoncision qui s’opère dans sa chair. C’est aujourd’hui que la terre voit couler les prémices du sang qui doit la racheter ; aujourd’hui que le céleste Agneau, qui doit expier nos péchés, commence à souffrir pour nous. Compatissons à notre Emmanuel, qui s’offre avec tant de douceur à l’instrument qui doit lui imprimer une marque de servitude.

Marie, qui a veillé sur lui dans une si tendre sollicitude, a vu venir cette heure des premières souffrances de son Fils, avec un douloureux serrement de son cœur maternel. Elle sent que la justice de Dieu pourrait ne pas exiger ce premier sacrifice, ou encore se contenter du prix infini qu’il renferme pour le salut du monde ; et cependant, il faut que la chair innocente de son Fils soit déjà déchirée, et que son sang coule déjà sur ses membres délicats.

Elle voit avec désolation les apprêts de cette dure cérémonie ; elle ne peut ni fuir, ni considérer son Fils dans les angoisses de cette première douleur. Il faut qu’elle entende ses soupirs, son gémissement plaintif, qu’elle voie des larmes descendre sur ses tendres joues. « Mais lui pleurant, dit saint Bonaventure, crois-tu que sa Mère pût contenir ses larmes ? Elle pleura donc quant et quant elle-même. La voyant ainsi pleurer, son Fils, qui se tenait debout sur le giron d’icelle, mettait sa petite main à la bouche et au visage de sa Mère, comme la priant par signe de ne pas pleurer ; car celle qu’il aimait si tendrement, il la voulait voir cesser de pleurer. Semblablement de son côté, cette douce Mère, de qui les entrailles étaient totalement émues par la douleur et les larmes de son Enfant, le consolait parle geste et les paroles. Et de vrai, comme elle était moult prudente, elle entendait bien la volonté d’icelui, jaçoit qu’il ne parlât encore. Et elle disait : Mon Fils, si vous me voulez voir cesser de pleurer, cessez vous-même ; car je ne puis, vous pleurant, ne point pleurer aussi. Et lors, par compassion pour sa Mère, le petit Fils désistait de sangloter. La Mère lui essuyait alors les yeux, et aussi les siens à elle, et puis elle appliquait son visage sur le visage de son Enfant, l’allaitait et le consolait de toutes les manières qu’elle pouvait [4]. »

Maintenant, que rendrons-nous au Sauveur de nos âmes, pour la Circoncision qu’il a daigné souffrir, afin de nous montrer son amour ? Nous devrons suivre le conseil de l’Apôtre [5], et circoncire notre cœur de toutes ses mauvaises affections, en retrancher le péché et ses convoitises, vivre enfin de cette nouvelle vie dont Jésus enfant nous apporte du ciel le simple et sublime modèle. Travaillons à le consoler de cette première douleur ; et rendons-nous de plus en plus attentifs aux exemples qu’il nous donne.

A la louange du Dieu circoncis, nous chanterons cette belle Séquence empruntée aux anciens Missels de l’Église de Paris.

SÉQUENCE.
Aujourd’hui, est apparue la merveilleuse vertu de la grâce, dans la Circoncision d’un Dieu.
Un Nom céleste, un Nom de salut, le Nom de Jésus lui est donné.
C’est le Nom qui sauve l’homme, le Nom que la bouche du Seigneur a prononcé dès l’éternité.
Dès longtemps, à la Mère de Dieu, dès longtemps, à l’époux de la Vierge, un Ange l’a révélé.
Nom sacré, tu triomphes de la rage de Satan et de l’iniquité du siècle.
Jésus, notre rançon, Jésus, espoir des affligés, guérissez nos âmes malades.
A tout ce qui manque à l’homme suppléez par votre Nom, qui porte avec lui le salut.
Que votre Circoncision épure notre cœur, cautérise ses plaies.
Que votre sang répandu lave nos souillures, rafraîchisse notre aridité, qu’il console nos afflictions.
En ce commencement d’année, pour étrennes fortunées, préparez notre récompense, ô Jésus ! Amen.

Adam de Saint-Victor nous offre, pour louer dignement la Mère de Dieu, cette gracieuse composition liturgique qui a été longtemps un des plus beaux ornements des anciens Missels Romains-Français.

SÉQUENCE.
Salut ! Ô Mère du Sauveur ! Vase élu, vase d’honneur, vase de céleste grâce.
Vase prédestiné éternellement, vase insigne, vase richement ciselé par la main de la Sagesse.
Salut ! Mère sacrée du Verbe, fleur sortie des épines, fleur sans épines ; fleur, la gloire du buisson.
Le buisson, c’est nous ; nous déchirés par les épines du péché ; mais vous, vous n’avez pas connu d’épines.
Porte fermée, fontaine des jardins, trésor des parfums, trésor des aromates,
Vous surpassez en suave odeur la branche du cinnamome, la myrrhe, l’encens et le baume.
Salut ! La gloire des vierges, la Médiatrice des hommes, la mère du salut.
Myrte de tempérance, rose de patience, nard odoriférant.
Vallée d’humilité, terre respectée par le soc, et abondante en moissons.
La fleur des champs, le beau lis des vallons, le Christ est sorti de vous.
Paradis céleste, cèdre que le fer n’a point touché, répandant sa douce vapeur.
En vous est la plénitude de l’éclat et de la beauté, de la douceur et des parfums.
Trône de Salomon, à qui nul trône n’est semblable, pour l’art et la matière.
En ce trône, l’ivoire par sa blancheur figure le mystère de chasteté, et l’or par son éclat signifie la charité.
Votre palme est à vous seule, et vous demeurez sans égale sur la terre et au palais du ciel.
Gloire du genre humain, en vous sont les privilèges des vertus, au-dessus de tous.
Le soleil brille plus que la lune, et la lune plus que les étoiles ; ainsi Marie éclate entre toutes les créatures.
La lumière sans éclipse, c’est la chasteté de la Vierge ; le feu qui jamais ne s’éteint, c’est sa charité immortelle.
Salut ! Mère de miséricorde, et de toute la Trinité l’auguste habitation.
Mais à la majesté du Verbe incarné vous avez offert un sanctuaire spécial.
O Marie ! Étoile de la mer, dans votre dignité suprême, vous dominez sur tous les ordres de la céleste hiérarchie.
Sur votre trône élevé du ciel, recommandez-nous à votre Fils ; obtenez que les terreurs ou les tromperies de nos ennemis ne triomphent pas de notre faiblesse.
Dans la lutte que nous soutenons, défendez-nous par votre appui ; que la violence de notre ennemi plein d’audace et de fourberie cède à votre force souveraine ; sa ruse, à votre prévoyance.
Jésus ! Verbe du Père souverain, gardez les serviteurs de votre Mère ; déliez les pécheurs, sauvez-les par votre grâce, et imprimez sur nous les traits de votre clarté glorieuse. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

OCTAVE DU SEIGNEUR
Sainte-Marie au Transtévère.

Tel était, dans les calendriers romains, le titre primitif de la synaxe de ce jour, jusqu’à ce que, sous l’influence des liturgies gallicanes, on lui ait ajouté celui de la circoncision du Seigneur. D’ailleurs, dans les premiers temps après la paix de l’Église, les fêtes païennes du premier de l’an et les danses désordonnées qui l’accompagnaient avaient dissuadé les Papes de célébrer une station en ce jour ; d’autant plus que toute la quinzaine qui va de Noël à l’Épiphanie était considérée comme la fête ininterrompue de la théophanie du Divin Enfant, et que, d’autre part, l’octave était un privilège spécial de la solennité de Pâques. Mais quand, vers la fin du VIe siècle, on voulut réagir contre les derniers efforts de la religion païenne, qui se débattait désespérément dans son agonie, alors que dans les pays de rit gallican on institua la fête de la circoncision du divin Enfant, à Rome on préféra solenniser le huitième jour de la naissance du Seigneur. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’une octave comme celle de Pâques, et, plus tard, de celle de la Pentecôte, qui se terminaient l’une et l’autre le samedi suivant, et ce jour devint une fête d’un caractère quelque peu vague et tout à fait spécial, qui tombait presque au milieu du cycle de Noël, comme la solennité du mediante die festo, que célébraient les grecs au milieu du temps pascal. Nous ne savons rien de la basilique stationnale primitive ; dans le lectionnaire de Würzbourg est indiquée Sainte-Marie ad Martyres dans le Panthéon d’Agrippa, mais après que Grégoire IV eût érigé, à l’imitation de la Libérienne, une crèche à Sainte-Marie du Transtévère, la station fut transférée en cette basilique, sorte de cathédrale transtévérine.

Au XIVe siècle, la messe papale avait lieu à Saint-Pierre, et le pape se présentait au peuple avec le pluvial blanc et mitre en tête. En cas d’empêchement, il était remplacé par un des cardinaux, et alors la bulle de délégation était suspendue toute la journée à la grille qui entourait la confession de la basilique vaticane.

La messe et l’office de la fête de ce jour révèlent un caractère mixte et sans grande originalité. Au début, il s’agissait d’une simple octave du Seigneur ; puis, en relation avec la basilique mariale où se faisait la station, on y inséra une commémoration particulière de la virginale maternité de Marie. Plus tard, on y ajouta la circoncision et la présentation de Jésus au temple, bien que ce dernier souvenir, certainement par l’influence des Byzantins, dût par la suite être détaché de l’office du 1er janvier, pour être célébré le 2 février.

L’introït est celui de la troisième messe de Noël, mais la collecte est différente : « O Dieu, qui, au moyen de la virginité féconde de la Bienheureuse Marie, avec concédé au genre humain la grâce du salut éternel, accordez-nous d’expérimenter l’efficacité de l’intercession de Celle par qui nous avons mérité de recevoir parmi nous l’auteur même de la vie, Jésus-Christ, votre Fils et notre Seigneur. »

La lecture de l’Apôtre est identique à celle de la nuit de Noël, et aussi le psaume du graduel. Le verset alléluiatique, au contraire, s’accorde avec la lecture de la troisième messe de Noël et il est probablement hors de place : « Dieu parla souvent, et de plusieurs manières, à nos Pères, par l’intermédiaire des prophètes ; en dernier lieu il nous a parlé au moyen de son propre Fils. » La dignité du Nouveau Testament surpasse incomparablement celle de l’Ancien. Dans celui-ci, Dieu, au moyen d’hommes inspirés et par la voie de symboles et de figures typiques, a daigné révéler aux patriarches quelques-unes seulement des vérités relatives à l’œuvre de notre Rédemption ; dans le Nouveau, ce ne sont plus quelques jets de lumière, mais le soleil de justice lui-même qui rayonne sur l’Église, initiée dès lors à la vérité éternelle tout entière, non plus par la voie indirecte des symboles, mais par le Fils de Dieu fait Homme et par le Saint-Esprit, qui continue, accomplit et donne la dernière perfection à l’œuvre de notre salut éternel.

Le passage suivant de saint Luc (II, 21) comprenait autrefois en outre le récit de la présentation de l’Enfant Jésus au temple (22-32) ; c’était avant que Rome n’accueillît la fête byzantine de l’Hypapante du Seigneur. Sous le nom symbolique de Jésus, imposé aujourd’hui au Sauveur par Joseph et par Marie, — chacun pour son compte, celui-là en vertu de la patria potestas qu’il exerçait au nom du Père éternel, celle-ci en raison de ses droits maternels, — un profond mystère est caché. Il signifie tout un programme gratuit de salut universel, et il est le suprême titre de gloire pour le Verbe incarné, à qui Dieu donne nomen quod est super omne nomen. C’est pourquoi le Rédempteur prend, très à propos, ce nom le jour de sa circoncision où, en versant les premières gouttes de- son sang précieux, il commence son sacrifice de Rédemption.

L’antienne de l’offertoire est la même qu’à la troisième messe de Noël, dont ce jour est l’octave.

Dans l’oraison sur les oblations, nous supplions le Seigneur afin que, accueillant nos offrandes et nos prières, il nous purifie au moyen des divins mystères et qu’il accueille nos vœux.

L’antienne durant la Communion est semblable à celle de la troisième messe de Noël.

La splendide collecte eucharistique, si concise et si expressive, mais pourtant si riche de rythme et de proportion, implore, par l’intercession de Marie, la purification du péché et l’obtention de la suprême félicité.

Jésus dans le ciel siège à la droite du Père, au sein des splendeurs essentielles de sa gloire ; mais ici-bas, sur la terre, son trône de grâce et de miséricorde le plus approprié est le sein de la Vierge, qui le soutient, petit Enfant, entre ses bras.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Le Roi offre les prémices de son sang rédempteur.

Aujourd’hui la liturgie commémore la Circoncision du Seigneur.

« Quand huit jours furent passés et que l’Enfant dut être circoncis, on lui donna le nom de Jésus. Ainsi l’avait déjà nommé l’ange avant qu’il fût conçu dans le sein de sa Mère » (Év.).

1. La fête a quatre thèmes principaux : a) la nouvelle année, b) l’Octave de Noël, c) la Circoncision du Seigneur, d) Marie Mère de Dieu.

a) Aujourd’hui est le premier jour de l’année civile. L’Église en tient compte, elle a fait de ce jour une fête d’obligation (dans l’Église universelle). L’Église veut qu’au seuil de l’année civile, nous apportions à Dieu le tribut de nos hommages. Dieu est le Maître du temps. Puissions-nous employer tout le temps précieux de l’année nouvelle selon les vues de la divine Providence, comme une voie qui nous mène à l’éternité.

b) Nous fêtons aussi aujourd’hui l’Octave de la fête de Noël. Dans l’esprit de l’Église, les grandes fêtes ne doivent pas durer un jour seulement, mais se prolonger pendant huit jours. L’Église est psychologue et sait comment est fait notre esprit. Le premier jour, notre âme admire, incapable de pénétrer plus avant dans le sens du mystère ; les jours suivants, elle médite le mystère sous toutes ses faces, avec son intelligence et son cœur, et le huitième jour elle réunit toutes ses impressions dans une vue d’ensemble. Pour la fête de Noël, il n’en est pas entièrement ainsi : l’âme ne peut pas s’attarder tranquillement à la méditation des pensées de Noël, parce que, pendant l’Octave, on célèbre d’autre fêtes. Le jour Octave n’en a que plus d’importance. L’Église nous conduit pour la dernière fois devant l’Enfant divin.

c) Cependant, à côté de ces pensées générales de Noël, il y a dans la liturgie, un progrès : la Circoncision du Seigneur. C’est la pensée spéciale du jour. Huit jours après sa naissance, l’Enfant fut circoncis selon la loi de Moïse et on lui donna le nom de Jésus qui lui avait déjà été attribué par l’ange, avant sa conception. Ce mystère de la fête peut être considéré d’un double point de vue, par rapport au Seigneur et par rapport à nous ; ces deux considérations ont leur fondement dans la liturgie. Le Christ est venu sur la terre pour nous sauver ; il aurait pu accomplir la Rédemption par une parole ou par un acte. Mais il voulut accomplir l’œuvre rédemptrice. par une série d’actes particuliers et les couronner enfin par un grand acte, sa mort et sa résurrection. Ces actes particuliers sont accomplis à cause de nous, pour nous faire reconnaître l’importance et l’efficacité de la Rédemption. A ces phases de l’œuvre rédemptrice appartient la Circoncision. Aujourd’hui coulent les premières gouttelettes du sang rédempteur. C’est le premier sacrifice, le sacrifice du matin que suivra, un jour, le sacrifice du soir (sacrificium vespertinum) sur la Croix ; aujourd’hui une goutte de sang et dans trente-trois ans, tout le sang jusqu’à la dernière goutte. La fête d’aujourd’hui est donc un intermédiaire entre Noël et Pâques, entre la Crèche et la Croix : l’enfant est encore couché dans sa Crèche et déjà il verse son sang pour l’humanité.

Mais la Circoncision a aussi des conséquences pour nous. Nous avons pu dire à Noël : le Christ est né, nous sommes nés avec lui (nous le prions à la Postcommunion comme l’auteur de notre naissance divine) ; de même nous pouvons dire aujourd’hui : le Christ a été circoncis, nous prenons part à sa Circoncision. Telle est la tâche de notre Rédemption, il faut que nos passions mauvaises soient mortifiées. Bien que nous ayons été sanctifiés au Baptême, nous portons toujours notre nature corrompue avec nous, nous avons besoin d’une « circoncision du cœur » continuelle. Cela se fait intérieurement par la participation aux saints mystères, extérieurement par la poursuite personnelle de la perfection.

d) Aujourd’hui est aussi une fête de la Sainte Vierge, peut-être la plus ancienne des fêtes de Marie. L’Église est reconnaissante à Marie à cause de la grande part qu’elle a prise à l’Incarnation de Notre-Seigneur. Comment la liturgie considère-t-elle aujourd’hui Marie ? Comme Mère de Dieu et comme Vierge. Il faut citer en premier lieu les antiennes de Vêpres qui sont tout à fait sur le modèle occidental. Elles sont riches de pensées et parcourent tout l’Ancien Testament pour lui emprunter ses prophéties : Gédéon et la toison, le buisson ardent, la racine de Jessé, l’étoile de Jacob. La liturgie ne s’abandonne pas à des discussions sentimentales, elle ne se demande pas si, au moment de la circoncision, Marie a souffert ou pleuré. Non, Marie est la Vierge-prêtre ; joyeuse et grave, elle offre avec Notre-Seigneur les prémices de son sacrifice. Marie est aussi le modèle de l’Église et nous indique sa part et notre part dans l’œuvre de la Rédemption. Aujourd’hui et dans tous le$ temps, notre Mère virginale, l’Église, est là Elle fait couler par les mains de ses prêtres le sang rédempteur dans le cœur de ses enfants. Mais notre âme aussi peut et doit prendre la place de Marie et faire couler à la messe le sang du Sauveur pour elle-même et pour les âmes de ses frères et de ses sœurs.

2. La messe (Puer natus) est en grande partie empruntée aux messes de Noël : les chants sont de la troisième, l’Épître est de la première. Une importance particulière s’attache à la phrase : « il s’est livré pour nous, afin de nous sauver. » Les oraisons sont mariales, une preuve que Marie est aujourd’hui au premier plan. L’Évangile seul est propre, c’est le plus court de l’année. L’église de Station est actuellement Sainte-Marie au-delà du Tibre (Santa Maria in Transtevere), mais primitivement c’était la vénérable église de Sainte-Marie des Martyrs, l’antique Panthéon. Ce choix d’une église de la Vierge est très significatif : la première effusion de sang de Jésus fait songer à la dernière effusion sur la Croix. Dans les deux cas, Marie « était là, debout ». — Le sang précieux qui brille sur l’autel dans le calice est le sang que Notre Seigneur versa pour la première fois, c’est le sang de la Vierge Marie.

3. Lecture de l’Écriture (Rom. Chap. IV). Il se trouve aujourd’hui que l’Écriture occurrente concorde avec les pensées de la fête. Le lien c’est la circoncision. Saint Paul a montré que la justification ne se produit que par la foi au Christ. Il doit alors répondre de nouveau à une objection des Juifs : la loi et la circoncision n’ont donc aucune valeur ? Il répond : non, la loi n’est qu’un pédagogue dont le rôle est de nous conduire au Christ, elle nous adresse au Christ. « Supprimons-nous la loi par la foi ? Jamais, mais nous confirmons la loi. » De cela saint Paul donne une double preuve, en s’appuyant d’abord sur l’histoire d’Abraham (IV, 1-12) puis sur les promesses de Dieu à Abraham (13-25). Dans la première partie, saint Paul montre que la foi d’Abraham s’affirma avant sa circoncision. Il est par conséquent le père de tous les Juifs, circoncis comme des païens incirconcis. « Si Abraham a été justifié par les œuvres, il a une raison de se glorifier mais pas devant Dieu. Que dit, en effet, l’Écriture ? Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice... De quelle manière cela lui fut-il imputé ? Quand il était déjà circoncis ou bien avant d’être circoncis ? Ce n’est pas en tant que circoncis mais en tant qu’incirconcis. Il reçut le sceau de la circoncision comme signe de la justification de la foi qu’il avait reçue comme incirconcis, afin qu’il fût le père de tous les croyants qui sont incirconcis, afin aussi que la foi leur soit imputée à justice, et le père des circoncis, de ceux qui sont non seulement circoncis mais encore ont imité notre père Abraham dans la foi qu’il avait comme incirconcis. »

Dans la seconde partie, saint Paul prouve la foi d’Abraham par la promesse que Dieu lui fit qu’il serait le père de beaucoup de peuples. Cette foi est d’autant plus brillante chez lui que cette promesse lui fut faite avant la naissance d’Isaac. « Il est écrit : je l’ai établi père de nombreux peuples, car il a cru à Dieu qui réveille les morts à la vie et appelle à l’existence ceux qui ne sont pas. Contre toute espérance, il a eu une foi pleine d’espérance qu’il serait le père de nombreux peuples d’après la parole : Ainsi sera ta descendance. Et il ne fut pas faible dans la foi en considérant son corps déjà mort — il avait pourtant près de cent ans — et le sein déjà mort de Sara. Aux promesses de Dieu, il n’opposa pas le doute et l’incrédulité, mais il fut fort dans la foi, rendant honneur à Dieu. Il était persuadé que Dieu est assez fort pour accomplir ses promesses. C’est pourquoi cela lui fut imputé à justice. »

4. Les noms du Seigneur. Le Sauveur a plusieurs noms ; comment se distinguent-ils ? Le prophète Isaïe le nomme Emmanuel. Cependant ce n’est pas à proprement parler un nom de Notre Seigneur, on ne l’appelle jamais ainsi. Le Prophète voulait simplement dire que Jésus habiterait parmi nous comme Dieu. Mais Notre Seigneur a encore un autre nom en plus de Jésus, il s’appelle aussi Christ. Christ veut dire : l’oint, le Messie, le Rédempteur. Ce n’était donc pas à l’origine un nom, mais seulement un titre désignant le ministère de Notre Seigneur. C’est pourquoi dans saint Paul le mot Christ est placé le premier : Christus Jesus, c’est-à-dire le Messie Jésus. Cependant peu à peu ce titre est devenu le second nom de Notre Seigneur et nous disons de préférence : Jésus-Christ. Nous employons aussi ces deux noms séparément. Il y a entre les deux une nuance délicate qui, pour nous, les amis de la liturgie, est d’importance. Jésus est le nom personnel de Notre Seigneur, le nom qu’emploie de préférence la piété personnelle et subjective. Par conséquent, quand nous sommes au pied du tabernacle et que nous nous entretenons familièrement avec Notre Seigneur, le nom de Jésus vient naturellement sur nos lèvres. Les trois derniers siècles ont été surtout des siècles de piété subjective, c’est pourquoi on aimait tant à employer le nom de Jésus. La fête d’aujourd’hui en est une preuve. Mais « Christ » est par excellence le nom ministériel de Notre Seigneur, c’est le nom qu’aime employer la liturgie, la piété objective. C’est pourquoi les anciens textes liturgiques emploient plus souvent le nom de Christ que le nom de Jésus ; par exemple : dans le Canon nous trouvons cinq oraisons qui se terminent ainsi : par le Christ Notre Seigneur. Le nom de Jésus se trouve très rarement seul dans la liturgie, il est presque toujours uni à Christ . Nous comprenons maintenant le contenu des deux noms saints. Quand nous disons le « Christ », nous voyons apparaître devant nos regards le divin Grand-Prêtre qui renouvelle son sacrifice sur l’autel ou bien le divin Roi qui est assis sur le trône de Dieu et qui reviendra au dernier jour ; en un mot Dieu fait Homme. Mais quand nous disons : « Jésus », nous voyons l’Homme qui a parcouru les chemins de Judée, nous le voyons avec son Cœur si bon, sa douceur et son amour, nous voyons ses souffrances ; nous avons devant nous toute sa vie, c’est l’Homme-Dieu, Jésus. C’est pourquoi la liturgie nous prescrit d’incliner la tête au nom de Jésus et non à celui de Christ.

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Communicántes, et diem sacratíssimum celebrántes, quo beátæ Maríæ intemeráta Virgínitas huic mundo édidit Salvatórem, sed et memóriam venerántes, in primis eiúsdem gloriósæ semper Vírginis Maríæ, Genitrícis Dei et Dómini nostri Iesu Christi :Unis dans une même communion et célébrant le jour très saint où la bienheureuse Marie gardant sa virginité sans tâche mit au monde le Sauveur, et honorant la mémoire tout d’abord de la glorieuse Marie toujours Vierge, Mère du même Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur...

[1] « Le Seigneur est le Soleil de justice. (Malach., 4, 2). Ce Soleil a inondé de ses clartés l’étoile de la mer, c’est-à-dire Marie, afin qu’elle fût comme le soleil. Il a donc placé sa tente dans le soleil, lorsqu’il a pris un corps dans son sein. » (Saint Jérôme). « Jésus-Christ a aussi établi son tabernacle dans le soleil, en mettant son Église dans l’évidence et au grand jour. » (Saint Augustin).

[2] « Le Seigneur a fondé la ville où il devait naître, quand il a créé celle qui devait être sa mère. » (Saint Augustin).

[3] « Ces bois des forêts sont les païens. Pourquoi seront-ils dans la joie ? Parce qu’ils ont été retranchés de l’olivier sauvage pour être entés sur l’olivier franc (Rom., 11, 17). Les arbres des forêts seront dans la joie, parce qu’on y a coupé de grands arbres, des cèdres, des cyprès, d’autres bois incorruptibles pour les l’aire entrer dans l’édifice de l’Église ; bois des forêts avant d’entrer dans l’édifice, bois des forêts, mais avant de porter l’olive. » (Saint Augustin.)

[4] Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par saint Bonaventure. Tome Ier, page 51.

[5] Coloss. II, 11.