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Octave de St Etienne (2 janvier, avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Cette Octave fut supprimée en 1955 (voir décret § 14), on dit normalement la Messe des Féries du 2 au 5 janvier, sauf le Dimanche qui est la Fête du Saint Nom de Jésus.

Textes de la Messe

ante 1955
avant 1955
die 2 ianuarii
le 2 janvier
In Octava S. Stephani
Octave de St Etienne
Protomartyris
Protomartyr
simplex
simple
Missa Sedérunt, ut in Festo, præter Orationem Omnípotens ; omittitur tamen Commemoratio de Nativitáte, de qua sumitur tantum Præfatio, ratione Temporis ; et non dicitur Credo.Messe Sedérunt, comme le jour de la fête, sauf l’oraison Omnípotens ; on omet la commémoraison de la Nativité, de laquelle on prend seulement la préface en raison du Temps, et on ne dit pas le Credo.
Ant. ad Introitum. Ps. 118,23,86 et 23.Introït
Sedérunt príncipes, et advérsum me loquebántur : et iníqui persecúti sunt me : ádiuva me, Dómine, Deus meus, quia servus tuus exercebátur in tuis iustificatiónibus.Les chefs du peuple se sont assemblés ; ils m’ont accusé et m’ont persécuté injustement. Viens à mon aide, Seigneur mon Dieu, car ton serviteur s’est appliqué à observer tes commandements.
Ps. ibid., 1.
Beati immaculáti in via, qui ámbulant in lege Dómini.Heureux ceux dont la route est droite et qui suivent la loi d Seigneur.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Omnípotens sempitérne Deus, qui primítias Mártyrum in beati Levítæ Stephani sánguine dedicásti : tríbue, quǽsumus ; ut pro nobis intercéssor exsístat, qui pro suis étiam persecutóribus exorávit Dóminum nostrum Iesum Christum, Fílium tuum : Qui tecum.O Dieu éternel et tout-puissant, qui avez dédié les prémices de vos martyrs dans le sang du bienheureux lévite Étienne, faites qu’il intercède pour nous aussi, lui qui, même en faveur de ses persécuteurs, supplia notre Seigneur Jésus-Christ.
Lectio Actuum Apostolorum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 6, 8-10 ; 7, 54-59.
In diebus illis : Stéphanus plenus grátia et fortitúdine, faciébat prodígia et signa magna in pópulo. Surrexérunt autem quidam de synagóga, quæ appellátur Libertinórum, et Cyrenénsium, et Alexandrinórum, et eórum, qui erant a Cilícia et Asia, disputántes cum Stéphano : et non póterant resístere sapiéntiæ et Spirítui, qui loquebátur. Audiéntes autem hæc, dissecabántur córdibus suis, et stridébant déntibus in eum. Cum autem esset Stéphanus plenus Spíritu Sancto, inténdens in cœlum, vidit glóriam Dei, et Iesum stantem a dextris Dei. Et ait : Ecce, vídeo cœlos apértos, et Fílium hóminis stantem a dextris Dei. Exclamántes autem voce magna continuérunt aures suas, et ímpetum fecerunt unanímiter in eum. Et eiciéntes eum extra civitatem, lapidábant : et testes deposuérunt vestiménta sua secus pedes adolescéntis, qui vocabátur Saulus. Et lapidábant Stéphanum invocántem et dicéntem : Dómine Iesu, súscipe spíritum meum. Pósitis autem génibus, clamávit voce magna, dicens : Dómine, ne státuas illis hoc peccátum. Et cum hoc dixísset, obdormívit in Dómino.En ces jours là : Etienne, plein de grâce et de force, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Mais il se leva des gens de la synagogue dite des Affranchis, et des Cyrénéens, et des Alexandrins, et de ceux de Cilicie et d’Asie, qui disputèrent avec Etienne ; et ils ne pouvaient résister à sa sagesse ni à l’Esprit par lequel il parlait. En l’entendant paroles, ils avaient le cœur exaspéré, et ils grinçaient des dents contre lui. Mais (Etienne), qui était rempli de l’Esprit-Saint, ayant fixé les yeux au ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu, et il dit : "Voici que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu." Ils poussèrent de grands cris, se bouchèrent les oreilles et se jetèrent tous ensemble sur lui ; et après l’avoir entraîné hors de la ville, ils le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Pendant qu’ils lapidaient Etienne, il priait disant : "Seigneur Jésus, recevez mon esprit !" S’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : "Seigneur, ne leur imputez pas ce péché !" Et, cela dit, il mourut.
Graduale. Ps. 118, 23 et 86.Graduel
Sedérunt príncipes, et advérsum me loquebántur : et iníqui persecúti sunt me.Les chefs du peuple se sont assemblés ; ils m’ont accusé et m’ont persécuté injustement.
V/.Ps. 6, 5.Adiuva me, Dómine, Deus meus : salvum me fac propter misericórdiam tuam.Viens à mon aide, Seigneur mon Dieu,. Dauve-moi dans ta grande miséricorde.
Allelúia, allelúia. V/.Act. 7, 56. Vídeo cœlos apértos, et Iesum stantem a dextris virtútis Dei. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Je vois les cieux ouverts et Jésus debout à la droite du Dieu tout puissant. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 23, 34-39.
In illo témpore : Dicébat Iesus scribis et pharis.is : Ecce, ego mitto ad vos prophétas, et sapiéntes, et scribas, et ex illis occidétis et crucifigétis, et ex eis flagellábitis in synagógis vestris, et persequémini de civitáte in civitátem : ut véniat super vos omnis sanguis iustus, qui effúsus est super terram, a sánguine Abel iusti usque ad sánguinem Zacharíæ, filii Barachíæ, quem occidístis inter templum et altáre. Amen, dico vobis, vénient hæc ómnia super generatiónem istam. Ierúsalem, Ierúsalem, quæ occídis prophétas, et lápidas eos, qui ad te missi sunt, quóties vólui congregáre fílios tuos, quemádmodum gallína cóngregat pullos suos sub alas, et noluísti ? Ecce, relinquétur vobis domus vestra desérta. Dico enim vobis, non me vidébitis ámodo, donec dicátis : Benedíctus, qui venit in nómine Dómini.En ce temps là : Jésus disait aux Scribes et aux Pharisiens : Voici que moi-même je vous envoie des Prophètes, des sages et des Docteurs : et vous tuerez les uns, et vous crucifierez les autres, vous en flagellerez dans vos synagogues, vous en persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le sanctuaire et l’autel. En vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! Voici que votre maison va vous être laissée déserte. Car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais que vous n’ayez dit :"Béni celui qui vient au nom du Seigneur !".
Ant. ad Offertorium. Act. 6, 5 et 7, 59.Offertoire
Elegérunt Apóstoli Stéphanum Levítam, plenum fide et Spíritu Sancto : quem lapidavérunt Iudǽi orántem, et dicéntem : Dómine Iesu, áccipe spíritum meum, allelúia.Les Apôtres chosirent Etienne comme diacre pour sa grande foi, et parce que le Saint-Esprit l’animait : et tandis que les juifs le lapidaient, il faisait cette prière : Seigneur Jésus, accueille mon âme. Alléluia.
Secreta.Secrète
Súscipe, Dómine, múnera pro tuórum commemoratióne Sanctórum : ut, sicut illos pássio gloriósos effécit ; ita nos devótio reddat innócuos. Per Dóminum.Seigneur, acceptez ces offrandes en mémoire de vos saints. Comme lemartyre leur a mérité la gloire, que ce sacrifice nous fasse retrouver l’innocence.
Præfatio de Nativitate Domini. Préface de la Nativité .
Ant. ad Communionem. Act. 7, 55, 58 et 59.Communion
Vídeo cœlos apértos, et Iesum stantem a dextris virtútis Dei : Dómine Iesu, accipe spíritum meum, et ne státuas illis hoc peccátum.vois les cieux ouverts et Jésus debout à la droite du Dieu tout puissant : Seigneur Jésus, accueille mon âme et ne leur tient pas rigueur de ce péché.
Postcommunio.Postcommunion
Auxiliéntur nobis, Dómine, sumpta mystéria : et, intercedénte beáto Stéphano mártyre tuo, sempitérna protectióne confírment. Per Dóminum nostrum.Nous avons reçu votre sacrement, Seineur. Puisse-t-il nous apporter votre secours, et, grâce à la prière de saint Etienne, Martyr, nous faire bénéficier toujours de votre protection.

Office

A MATINES. avant 1955

Invitatoire. Le Christ-né a couronné aujourd’hui le bienheureux Étienne, * Venez, adorons-le.

Au nocturne.

De l’Épître aux Romains. Cap. 5, 1-9 (1-12)

Première leçon. Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par Jésus-Christ, notre Seigneur, par qui aussi nous avons accès par la foi à cette grâce en laquelle nous sommes établis, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des enfants de Dieu. Mais outre cela, nous nous glorifions encore dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience ; la patience, l’épreuve ; et l’épreuve, l’espérance ; or l’espérance ne confond point, parce que la charité de Dieu est répandue en nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.
R/. Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde, voici celui de qui je disais : Celui qui vient après moi, a été fait avant moi : * Je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure. V/. Celui qui est de la terre, parle de la terre ; celui qui vient du Ciel, est au-dessus de tous. * Je.

Deuxième leçon. En effet, pourquoi le Christ, lorsque nous étions encore infirmes, est-il mort, au temps marqué, pour des impies ? Certes, à peine quelqu’un mourrait-il pour un juste ; peut-être cependant que quelqu’un aurait le courage de mourir pour un homme de bien. Ainsi, Dieu témoigne son amour pour nous, en ce que dans le temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. Maintenant donc, justifiés par son sang, nous serons, à plus forte raison, délivrés par lui de la colère.
R/. Un jour sanctifié luit pour nous : venez, Nations, et adorez le Seigneur. * Parce qu’une grande lumière est descendue aujourd’hui sur la terre. V/. oici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Parce que.

Si l’office est de 9 leçons, on dit la troisième suivante, sinon on dit la leçon de St Augustin plus bas. Troisième leçon. Car si, lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils ; à plus forte raison, réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. Mais outre cela, nous nous glorifions en Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui maintenant nous avons obtenu la réconciliation. C’est pourquoi, comme le péché est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, ainsi la mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché.
R/. Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! Le Seigneur est Dieu et il a fait luire sa lumière sur nous : * Alléluia. Alléluia. V/. Voici le jour qu’a fait le Seigneur ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse en ce jour. * Alléluia, alléluia. Gloire au Père. * Alléluia, alléluia.

Sermon de saint Augustin, Évêque

Troisième leçon. Le Christ, chef des Martyrs, a souffert le premier pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces. Le bienheureux Etienne a suivi les traces de la passion du Christ, il a été lapidé par les Juifs en confessant le Christ, et il a mérité la couronne qui semble annoncée par son nom ; car le nom grec Stephanos se traduit en latin par corona (couronne). Son nom signifiait couronne, et ainsi portait-il déjà d’avance, dans ce nom, un présage de la palme du martyre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Nous avons achevé hier l’Octave de la Naissance du Sauveur ; nous finirons aujourd’hui l’Octave de saint Étienne ; mais nous ne perdrons pas de vue, un seul instant, le divin Enfant dont Étienne, Jean le Bien-Aimé et les Innocents forment la cour. Dans cinq jours, nous verrons arriver les Mages au berceau du Roi nouveau-né ; ils sont en marche, et l’étoile commence à approcher de Bethléhem. Durant ces heures d’attente, glorifions l’Emmanuel, en proclamant les grandeurs de ceux qu’il a choisis pour ses favoris les plus chers, et admirons encore une fois Étienne dans ce dernier jour de l’Octave que l’Église lui a dédiée. Sur une autre partie du Cycle, nous le retrouverons avec allégresse ; sous les feux d’Août, il apparaîtra réjouissant l’Église par la miraculeuse Invention de ses Reliques, et répandra sur nous de nouvelles faveurs.

Un antique Sermon attribué longtemps à saint Augustin nous apprend que saint Étienne était dans la fleur d’une brillante jeunesse, lorsqu’il fut appelé par les Apôtres à recevoir, dans l’imposition des mains, le caractère sacré du Diaconat. Six compagnons lui furent donnés ; et cet auguste septénaire, chargé de veiller autour de l’autel de la terre, représentait les sept Anges que saint Jean a vus assistant près de l’Autel sublime du ciel. Mais Étienne était le chef de cette compagnie sacrée ; et le titre d’Archidiacre lui est donné par saint Irénée, dès le second siècle.

Or, la vertu du Diacre est la fidélité ; et c’est pour cette raison que les trésors de l’Église lui sont confiés ; trésors qui ne consistent pas seulement dans les deniers destinés au soulagement des pauvres, mais dans ce qu’il y a de plus précieux au ciel et sur la terre : le Corps même du Rédempteur, dont le Diacre, par l’Ordre qu’il a reçu, est le dispensateur. Aussi l’Apôtre, dans sa première Épître à Timothée, recommande-t-il aux Diacres de garder le Mystère de la Foi dans une conscience pure.

Le Diaconat étant donc un ministère de fidélité, il convenait que le premier Martyr appartînt à l’ordre des Diacres, puisque le martyre est une épreuve de fidélité ; et cette merveille est déclarée dans toute l’Église par la glorieuse Passion de ces trois magnifiques athlètes du Christ qui, couverts de la dalmatique triomphale, éclatent à la tête de l’armée des Martyrs : Étienne, la gloire de Jérusalem ; Laurent, les délices de Rome ; Vincent, l’honneur du royaume Catholique. Dans cet heureux Temps de Noël, le 22 Janvier, nous célébrerons Vincent, associé à Étienne pour la garde du berceau du Sauveur. Août nous donnera à la fois Étienne dans l’Invention de ses reliques, et Laurent avec sa palme victorieuse.

Afin d’honorer le Diaconat dans son premier représentant, l’usage d’un grand nombre d’Églises est de faire remplir aux Diacres, dans la fête de saint Étienne, tous les offices qui ne sont point incompatibles avec leur caractère. Ainsi, dans plus d’une Cathédrale, le Chantre cède à un Diacre son bâton cantoral, d’autres Diacres assistent comme choristes sous leurs dalmatiques ; l’Épître même de la Messe est chantée par un Diacre, parce qu’elle contient le récit du martyre de saint Étienne.

L’établissement de la fête du premier des Martyrs, et son assignation au lendemain de la Naissance du Sauveur, se perd dans la plus sacrée et la plus haute antiquité. Les Constitutions Apostoliques, recueil compilé au plus tard à la fin du IIIe siècle, nous la montrent déjà établie, et fixée au lendemain de Noël. Saint Grégoire de Nysse et saint Astère d’Amasée, antérieurs l’un et l’autre à l’époque où les reliques du grand Diacre furent révélées au milieu de tant de prodiges, célèbrent sa solennité dans des Homélies spéciales, et la relèvent entre autres par cette circonstance qu’elle a l’honneur d’être fêtée le jour même qui suit la Naissance du Christ. Quant à son Octave, elle est moins ancienne ; toutefois, on ne saurait donner la date de son institution. Amalaire, au IXe siècle, en parle comme déjà établie, et le Martyrologe de Notker, au Xe siècle, la porte expressément.

On ne doit pas s’étonner que cette fête d’un simple Diacre ait reçu tant d’honneurs, tandis que la plupart de celles des Apôtres demeurent privées d’une Octave. La règle de l’Église, dans la Liturgie, est d’affecter les distinctions de son culte dans la proportion des services qu’elle a reçus des Saints. Ainsi honore-t-elle saint Jérôme, simple prêtre, d’un culte supérieur à celui qu’elle défère à un grand nombre de saints Pontifes. La place et le degré d’élévation qu’elle accorde sur le Cycle, sont en rapport avec sa gratitude envers les amis de Dieu qu’elle y admet ; c’est ainsi qu’elle dirige les affections du peuple fidèle envers les célestes bienfaiteurs qu’il devra vénérer dans les rangs de l’Église triomphante. Étienne, en frayant la voie aux Martyrs, a donné le signal de ce sublime témoignage du sang qui fait la force de l’Église, et ratifie les vérités dont elle est dépositaire et les espérances éternelles qui reposent sur ces vérités. A Étienne donc gloire et honneur jusqu’à la consommation des siècles, sur cette terre fécondée de son sang qu’il a mêlé à celui du Christ ! Nous avons relevé le caractère de ce premier des Martyrs, pardonnant à ses bourreaux, à l’exemple du Christ ; et nous avons vu la sainte Église puiser dans ce grand fait la matière de son principal éloge envers saint Étienne. Nous appuierons aujourd’hui sur une circonstance du drame si émouvant qui s’accomplit sous les murs de Jérusalem. Parmi les complices de la mort sanglante d’Étienne, était un jeune homme nommé Saul. Fougueux et plein de menaces, il gardait les vêtements de ceux qui lapidaient le saint Diacre ; et comme disent les Pères, il le lapidait par les mains de tous. Un peu après, ce même Saul était renversé par une force divine sur le chemin de Damas, et il se relevait disciple de ce Jésus que la voix éclatante d’Étienne avait proclamé Fils du Père céleste, jusque sous les coups de ses bourreaux. La prière d’Étienne n’avait pas été stérile ; et une telle conquête n’annonçait rien moins que celle de la gentilité, dont le sang d’Étienne enfanta l’Apôtre. « Sublime tableau ! s’écrie saint Augustin. Vous y voyez Étienne qu’on lapide ; vous y voyez Saul gardant les vêtements de ceux qui le lapident. Or, voici que Saul devient Apôtre de Jésus-Christ, tandis qu’Étienne est serviteur de Jésus-Christ. Tu as été renversé, ô Saul ! tu t’es relevé prédicateur de Celui que tu poursuivais. En tous lieux, on lit tes Épîtres ; en tous lieux, tu convertis au Christ les cœurs rebelles ; en tous lieux, devenu bon Pasteur, tu formes de grands troupeaux. Avec le Christ tu règnes, en la compagnie de celui que tu as lapidé. Tous deux vous nous voyez ; tous deux vous entendez ce que nous disons ; tous deux vous priez pour nous. Celui-là vous exaucera, qui tous deux vous a couronnés. D’abord, l’un était un agneau et l’autre un loup ; maintenant tous deux sont agneaux. Qu’ils nous protègent donc de leurs regards ; qu’ils nous recommandent dans leurs prières ! qu’ils obtiennent une vie paisible et tranquille à l’Église de leur Maître. » Le temps de Noël ne se terminera pas non plus sans que nous ayons réuni dans notre culte Étienne et Paul ; le 25 janvier, nous célébrerons la Conversion de l’Apôtre des Gentils ; il appartenait à sa glorieuse victime de le présenter au berceau de leur commun Sauveur.

Enfin, la piété catholique, émue par cette mort du premier des Martyrs, cette mort que l’écrivain sacré appelle un sommeil, et qui foi m : un si frappant contraste avec la rigueur du supplice qui l’occasionne, la piété catholique, disons-nous, a désigné saint Étienne comme un de nos intercesseurs pour la grâce d’une heureuse mort. Implorons donc le secours du saint Diacre, pour l’heure où nous aurons à rendre à notre Créateur cette âme qu’il nous a confiée ; et disposons dès maintenant notre cœur à offrir, lorsque le Seigneur le demandera, le sacrifice entier de cette vie fragile qui nous est donnée comme un dépôt, que nous devons être prêts à représenter au moment où il nous sera réclamé.

L’Église de Milan consacre, dans son Missel Ambrosien, cette Préface à la louange du Prince des Martyrs.

PRÉFACE.

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces, ô Dieu éternel, qui avez appelé Étienne à devenir le premier des Lévites. C’est lui qui, le premier, a consacré pour vous le nom de Martyr ; qui, le premier, a pour vous répandu son sang ; qui a mérité de voir les cieux ouverts et le Fils debout à la droite du Père. Il proclamait cet Homme-Dieu digne d’adoration sur la terre ; il le confessait Fils du Père dans le ciel. Il répétait les paroles de ce Maître ; car, ce que le Christ a dit sur la croix, Étienne l’a dit aussi dans sa mort sanglante. Le Christ, sur la croix, semait le pardon ; Étienne suppliait le Seigneur pour ceux qui le lapidaient.

Enfin, la même Liturgie résume en cette manière ses vœux dans la solennité que nous célébrons :

ORAISON.

O Dieu, qui instruisez et dirigez vos ministres, et qui avez honoré le commencement de votre Église par le ministère et le précieux sang du bienheureux Lévite Étienne dans son martyre ; faites, s’il vous plaît, qu’au moment de notre mort, obtenant notre pardon, nous méritions d’être nourris par ses exemples et secourus par son intercession. Par Jésus-Christ, notre Seigneur.

La Liturgie des Églises Gothiques d’Espagne nous fournira cette belle prière à saint Étienne, dans le Bréviaire Mozarabe.

CAPITULE.

Bienheureux Étienne, premier Martyr, on vous donnera un nom nouveau que la bouche du Seigneur a prononcé : pour lui, vous avez souffert la mort ; par lui, vous recevrez la couronne et de nom et d’effet. Vous êtes le premier dans le martyre, le premier dans la récompense ; le premier en ce monde, le premier dans les palais du ciel. Lapidé sur la terre pour le Christ, couronné par lui dans les cieux, vous triomphez. Celui pour qui vous avez subi ici-bas un supplice cruel, vous met en possession de la couronne la plus précieuse. Vous donc, qui avez été les prémices de l’Église, soyez maintenant son protecteur assidu ; et que, par vos prières, nous soit propice le Christ, dont vous avez été le Martyr admirable.

L’Hymne suivante, remarquable par l’onction et la simplicité, se trouve dans la plupart des Bréviaires Romains-Français :

HYMNE.
Saint ami de Dieu, Protomartyr Étienne, qui, richement paré de la vertu de charité, avez prié le Seigneur pour un peuple ennemi.
Vous êtes le premier porte-étendard de la milice céleste, le héraut de la vérité, le premier témoin de la grâce, la pierre fondamentale et vivante, le modèle de patience.
Immolé par les pierres, non par le glaive, vous voyez les membres de votre corps déchirés cruellement par le tranchant des cailloux ; ces pierres, teintes de votre sang, sont l’ornement de votre couronne.
Le premier, vous avez frayé le chemin laborieux du ciel ; le premier, vous avez affronté le glaive déjà émoussé par la mort du Christ ; vous êtes le premier froment foulé dans l’aire du Christ.
Pour vous le premier, les portes du ciel s’ouvrent : vous y découvrez, dans sa puissance, Jésus pour qui vous combattez vaillamment ; debout, dans la majesté de son Père, il vous assiste fidèlement.
Versez vos prières pour cette assemblée qui se voue à votre culte ; et que le Seigneur, touché par votre entremise, daigne nous purifier de nos péchés et nous réunir aux habitants du ciel.
Gloire et honneur à Dieu, qui vous a couronné de roses, et vous a placé sur un trône dans les cieux ; qu’il daigne sauver les pécheurs, en les délivrant de l’aiguillon de la mort. Amen.

Pour terminer par une Séquence, nous emprunterons celle-ci au recueil de Saint-Gall ; elle est de la composition de Notker.

SÉQUENCE.
D’un zèle unanime, célébrons cette solennité.
Recueillons l’exemple de charité que nous donne celui que nous fêtons,
Lorsqu’il prie pour de perfides ennemis.
O Étienne ! Porte-étendard suprême du Roi de bonté, exaucez-nous ;
Vous qui fûtes pleinement exaucé pour vos ennemis.
Par vos prières, ô Étienne !
Paul, d’abord votre persécuteur, a cru dans le Christ ;
Et avec vous il gaudit, au royaume céleste, duquel n’approche aucun persécuteur.
Nous donc, nous suppliants, nous qui crions vers vous, et vous sollicitons de nos instances,
Que votre très sainte prière nous réconcilie toujours à notre Dieu.
Pierre vous établit ministre du Christ ; vous découvrez à Pierre lui-même un nouveau fondement de la foi, en montrant à la droite du Père souverain Celui qu’un peuple a crucifié.
C’est vous que le Christ s’est choisi, ô Étienne ! Vous par qui il fortifie ses fidèles ; vous qu’il vient consoler par sa vue à travers le choc des pierres qui pleuvent sur vous.
Aujourd’hui, au milieu des bataillons empourprés des Martyrs, vous resplendissez couronné. Amen.

Grâces vous soient rendues, ô glorieux Étienne ! pour le secours que vous nous avez apporté dans la célébration de la Naissance de notre Sauveur. Il vous appartenait de nous initier à ce haut et touchant mystère d’un Homme-Dieu. Le céleste Enfant nous apparaissait dans votre compagnie, et l’Église vous chargeait de le révéler aux fidèles, comme autrefois vous le révélâtes aux Juifs. Votre mission est remplie : nous l’adorons, cet Enfant, comme le Verbe de Dieu ; nous le saluons comme notre Roi ; nous nous offrons à lui pour le servir comme vous, et nous reconnaissons que cet engagement va jusqu’à lui donner notre sang, s’il le demande. Faites donc, ô Diacre fidèle ! que nous lui abandonnions, dès aujourd’hui, notre cœur ; que nous cherchions tous les moyens de lui plaire, et de mettre toute notre vie et toutes nos affections en harmonie avec ses volontés. Par là, nous mériterons de combattre son combat, sinon dans l’arène sanglante, du moins dans la lutte avec nos passions. Nous sommes les fils des Martyrs, et les Martyrs ont vaincu le monde, comme l’Enfant de Bethléhem ; que le monde ne remporte donc plus la victoire sur nous. Obtenez pour notre cœur cette charité fraternelle qui pardonne tout, qui prie pour les ennemis, qui obtient la conversion des âmes les plus rebelles. Veillez sur nous, Martyr de Dieu, à l’heure de notre trépas ; assistez-nous quand notre vie sera au moment de s’éteindre ; montrez-nous alors ce Jésus que vous nous avez fait voir Enfant ; montrez-le-nous glorieux, triomphant, et surtout miséricordieux, tenant en ses mains divines la couronne qui nous est destinée ; et que nos dernières paroles, à cette heure suprême, soient les vôtres : Seigneur Jésus, recevez mon esprit.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’usage de prolonger pendant huit jours la solennité pascale provient de la Synagogue et fut, durant plusieurs siècles, la caractéristique exclusive de la fête de la Résurrection. Mais, vers le VIIIe siècle, on commença, à Rome, à attribuer aussi une octave à Noël et à la Pentecôte, après quoi vint également le tour des saints. Les octaves de saint Étienne, de saint Jean et des Innocents apparaissent déjà dans les statuts de Cluny au XIe siècle, et les Ordines Romani du XIVe siècle les mentionnent explicitement.

La messe de l’octave de saint Étienne est identique à celle de la fête, à l’exception de la collecte, qui, dans les anciennes octaves romaines, en doit régulièrement différer : « O Dieu éternel et tout-puissant, qui avez dédié les prémices de vos martyrs dans le sang du bienheureux lévite Étienne, faites qu’il intercède pour nous aussi, lui qui, même en faveur de ses persécuteurs, supplia notre Seigneur Jésus-Christ. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Les portes du ciel s’ouvrent devant le martyr du Christ, le bienheureux Étienne, lequel, dans le nombre des Martyrs, prend la première place.
C’est pourquoi il est couronné au ciel comme vainqueur.
Il est le premier qui offrit au Seigneur le sacrifice de la mort que le Sauveur a soufferte sur la Croix.

1. La fête. a) Non seulement la fête de Noël, mais encore les trois fêtes adjointes ont une Octave. Cependant l’Octave de celles-ci est simple. Elle consiste en ce que, le huitième jour, la fête est reprise avec une solennité diminuée (simple). Nous trouverons donc encore une fois saint Étienne parmi nous. Le jour de sa fête nous l’avons vu dans la suite du Roi nouveau-né. Aujourd’hui nous pouvons considérer avec plus d’attention sa personne, sa grandeur et sa sainteté. Étudions sa personnalité dans la Sainte-Écriture.

Nous sentons, dans les lignes de son histoire, avec quel amour la Sainte-Écriture parle de ce jeune héros, de la jeune Église. Nous lisons le récit de son élection comme diacre, il est nommé le premier avec cette mention : « un homme rempli de foi et du Saint-Esprit ». Nous entendons parler de son activité : « Étienne rempli de grâce et de force faisait des miracles et des grands signes dans le peuple. » Il se manifeste immédiatement comme un combattant hardi. Les Juifs entreprennent une discussion avec lui, mais « ils ne peuvent pas résister à la sagesse et à l’Esprit qui parle par sa bouche ». Puis ; il est victime de la calomnie et il est traduit devant le Sanhédrin, comme blasphémateur et insulteur du temple. Mais même dans les chaînes « son visage était comme celui d’un ange de Dieu ». Nous entendons le discours qu’il fait pour sa défense, dans lequel il montre que le peuple juif a toujours anéanti les plans de Dieu. « Lequel n’ont pas persécuté vos pères ? Ils ont tué ceux qui annonçaient la venue du Juste (du Christ). Vous êtes devenus maintenant ses traîtres et ses meurtriers. » Le courage n’a pas manqué au héros. Le récit de son martyre est saisissant. Sur le lieu d’exécution il a une vision du Fils de Dieu. Et puis il tombe sur les genoux, il recommande son âme à Dieu, il prie pour ses ennemis et meurt.

b) A la messe nous participons aux souffrances d’Étienne (Offertoire) et à sa consolation (Communion). L’Oraison propre est très belle : « Tu as dans le sang du saint lévite Étienne consacré les prémices du martyre. » De même que par les prémices de la moisson, R toute la moisson est consacrée au Seigneur, de même, dans la fête de saint Étienne, tous les martyrs sont consacrés au Fils de Dieu qui vient de naître. A l’Offertoire le saint nous fait participer à son esprit de sacrifice. Quelle belle antienne : « Seigneur Jésus recevez mon âme ! » La Communion nous donne la grâce d’aimer nos ennemis et la force de souffrir, en même temps qu’une participation aux mérites des souffrances et à la gloire de saint Étienne.

c) La prière des Heures. Saint Augustin ne nous dit que quelques paroles, mais combien riches de sens ! « Le Christ, le chef des martyrs, a souffert pour nous, il nous a laissé un exemple afin que nous marchions sur ses traces. Saint Étienne a suivi les traces de ses souffrances. Comme il confessait le Christ, il fut lapidé par les Juifs et il reçut la couronne que présageait déjà son nom. Stéphanus est un mot grec qui veut dire couronne. Il s’appelait le couronné, il portait déjà la palme du martyre dans son nom. »

2. Lecture d’Écriture (Rom. V, 1-9). — Paul devient positif dans ses explications : l’Évangile donne au croyant l’assurance ferme qu’il ne succombera pas au jugement et qu’il obtiendra l’éternelle vie. Ce sont des pensées d’or : « Puisque nous sommes maintenant justifiés par la foi, ayons la paix avec Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ. Par lui nous avons aussi l’accès à la grâce et nous nous vantons de l’espérance de la gloire de Dieu. Ce n’est pas assez, nous nous glorifions dans nos tribulations, car la tribulation produit la patience ; la patience, la persévérance ; la persévérance, l’espérance. L’espérance ne sera pas confondue, car l’amour de Dieu est dans nos cœurs, répandu par le Saint-Esprit qui nous a été donné... Or Dieu a prouvé son amour pour nous par ce fait que le Christ est mort pour nous, quand nous étions encore pécheurs. Combien plus, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. Car puisque, bien que nous fussions des ennemis, nous avons été réconciliés, par sa mort, avec Dieu, combien plus, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ? » Dans la suite, saint Paul établit un parallèle entre Adam et Jésus-Christ, les chefs d’une double série humaine : celle des pécheurs condamnés à la mort, — et celle des rachetés appelés à la vie.