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Messe du Mariage

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum: la bénédiction nuptiale  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum: la messe nuptiale  

On trouvera le rituel romain du mariage, qui peut se célébrer en dehors de la messe, ici, en notant bien que ce rituel n’a jamais été imposé à l’ensemble de l’Église et que nombre de diocèse conservent des coutumes particulières.

Normalement, dans le rite romain, l’échange des consentements s’effectue avant la messe. Néanmoins, l’évolution des rites tend à le faire maintenant après l’évangile et le sermon sacerdotal.

Textes de la Messe

MISSA PRO SPONSIS
MESSE POUR LES ÉPOUX
ante CR 1960 :
avant 1960
Missa pro Sponso et Sponsa
Messe pour l’Époux et l’Épouse
Si solemnis benedictio nuptiarum, intra Missam, facienda sit die dominico vel die I classis, dicitur Missa de Officio occurrente, cum commemoratione sequentis Missae pro sponsis, sub unica conclusione, etiam diebus in quibus commemoratio Missae votivae impeditae prohibetur ; et in ea datur benedictio nuptialis more solito.Si la bénédiction solennelle des noces doit être faite pendant la Messe un dimanche ou un jour de 1ère classe, on dit la messe de l’Office courant, avec mémoire de la Messe pour les époux qui suit, sous la même conclusion, même les jours où il est interdit de faire mémoire d’une messe votive empêchée ; et à cette Messe, on donne la bénédiction nuptiale de la manière habituelle.
Si autem solemnis benedictio nuptiarum, intra Missam, facienda sit aliis diebus, dicitur sequens Missa votiva pro sponsis.Cependant, si la bénédiction solennelle des noces doit être faite un autre jour, on dit la Messe votive pour les époux qui suit.
In Commemoratione omnium Fidelium defunctorum et Triduo sacro prohibetur sive Missa votiva, sive eius commemoratio in Missa diei, sive benedictio nuptialis infra Missam.Le jour de la Commémoraison de tous les Fidèles défunts, et pendant le Triduum sacré, la Messe votive, sa commémoraison à la Messe du jour, et la bénédiction nuptiale pendant la Messe sont interdites.
Cum vero tam Missa pro sponsis quam benedictio nuptialis prohibetur, Missa una cum benedictione transferri potest in opportuniorem diem non impeditum, post celebratum matrimonium.Quand la Messe pour les Époux et la bénédiction nuptiale sont interdites, la Messe avec la bénédiction peuvent être transférées un jour plus opportun non empêché, après la célébration du mariage.
Ante 1960Rubriques Avant 1960
Si sollemnis benedictio Nuptiarum, intra Missam, facienda sit die Dominica, vel alio die Festo, sive de præcepto, licet suppresso, sive Duplici I vel II classis, aut in Octavis Epiphaniæ, Paschatis, Pentecostes aut Corporis Christi, vel in Feriis ac Vigiliis privilegiatis, dicatur Missa de Officio occurrenti, cum Glória in excélsis et Credo, si illa Missa id requirat, et cum Commemoratione sequentis Missæ pro Sponso et Sponsa, et reliquis, quæ pro Communione, et complemento benedictiónis in ea habentur.Si la bénédiction solennelle des noces doit être faite pendant la Messe un dimanche ou un autre jour de fête, soit de précepte, même supprimé, soit double de 1ère classe ou de 2nde classe, soit pendant les Octaves de l’Épiphanie, de Pâques, de la Pentecôte, ou de la Fête Dieu, ou bien un jour de Férie ou de Vigile privilégiée, on dit la messe de l’Office courant, avec Glória et Credo si cette Messe le demande et avec mémoire de la Messe pour l’Époux et l’Épouse qui suit, et on fait le reste qui, pour la communion et le complément de la bénédiction, y est indiqué.
Si autem sollemnis benedíctio Nuptiarum, intra Missam, facienda sit aliis diebus, etiamsi in iis occurrat Festum duplex maius vel minus, dicatur sequens Missa votiva pro Sponso et Sponsa, præterquam in Commemoratione Omnium Fidelium Defunctorum, in qua et Missa votiva et sollemnis benedíctio nuptialis prohibentur.Cependant, si la bénédiction solennelle des noces doit être faite un autre jour, même si ce jour est un jour de Fête double majeur ou mineur, on dit la Messe votive pour l’Époux et l’Épouse, sauf le jour de la Commémoraison de tous les Fidèles défunts où la Messe et la bénédiction nuptiale solennelles sont interdits.
Ant. ad Introitum. Tob. 7, 15 ; 8, 19.Introït
Deus Israël coniúngat vos : et ipse sit vobíscum, qui misértus est duóbus únicis : et nunc, Dómine, fac eos plénius benedícere te. (T.P. Allelúia, allelúia.)Que le Dieu d’Israël vous unisse : et que lui-même soit avec vous, lui qui a eu pitié de deux enfants uniques : et maintenant, faites, Seigneur, qu’ils vous bénissent de plus en plus. (T.P. Alléluia, alléluia.)
Ps. 127, 1.
Beáti omnes, qui timent Dóminum : qui ámbulant in viis eius.Heureux ceux qui craignent le seigneur : et marchent dans ses voies.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Exáudi nos, omnípotens et misericors Deus : ut, quod nostro ministrate officio, tua benedictióne potius impleatur. Per Dóminum.Exaucez nous, Dieu tout puissant et miséricordieux : que le rite accompli par notre ministère reçoive son parfait accomplissement par votre bénédiction.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Ephésios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Éphésiens.
Ephes. 5, 22-33.
Fratres : Mulíeres viris suis súbditae sint, sicut Dómino ; quóniam vir caput est mulíeris, sicut Christus caput est Ecclésiæ : Ipse, salvátor córporis eius. Sed sicut Ecclésia subiécta est Christo, ita et mulíeres viris suis in ómnibus. Viri, dilígite uxóres vestras, sicut et Christus diléxit Ecclésiam, et seípsum trádidit pro ea, ut illam sanctificáret, mundans lavácro aquæ in verbo vitæ, ut exhibéret ipse sibi gloriósam Ecclésiam, non habéntem máculam, aut rugam, aut áliquid huiúsmodi, sed ut sit sancta et immaculáta. Ita et viri debent dilígere uxóres suas, ut córpora sua. Qui suam uxórem díligit, seípsum díligit. Nemo enim umquam carnem suam ódio hábuit, sed nutrit, et fovet eam, sicut et Christus Ecclésiam : quia membra sumus córporis eius, de carne eius et de óssibus eius. Propter hoc relínquet homo patrem et matrem suam, et adhærébit uxóri suæ : et erunt duo in carne una. Sacraméntum hoc magnum est, ego autem dico in Christo, et in Ecclésia. Verúmtamen et vos sínguli, unusquísque uxórem suam, sicut seípsum díligat : uxor autem tímeat virum suum.Frères [1] : que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur, car le mari est la tête de la femme comme le Christ est la tête de l’Église, lui qui est le sauveur du Corps. Ainsi, de même que l’Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leur mari. Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau, dans la parole de vie, pour faire paraître devant lui une Église resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée. De même, les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps. Aimer sa femme, c’est s’aimer soi-même. Aucun homme n’a jamais haï sa propre chair ; au contraire, il la nourrit et il la soigne, comme fait le Christ pour l’Église ; car nous sommes membres de son corps, nous sommes de sa chair et de ses os. Voilà pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et il s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand, je l’affirme, par rapport au Christ et à l’Église. Et en ce qui vous concerne, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Graduale. Ps. 127, 3.Graduel
Uxor tua sicut vitis abúndans in latéribus domus tuæ.Votre femme sera comme une vigne féconde dans l’intérieur de votre maison.
V/. Fílii tui sicut novéllæ olivárum in circúitu mensæ tuæ.V/. Vos enfants seront comme de jeunes plants d’olivier à l’entour de votre table.
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 19, 3. Mittat vobis Dóminus auxílium de sancto : et de Sion tueátur vos. Allelúia.Alléluia, alléluia. V/. Que le seigneur vous envoie son secours de son sanctuaire : et que de Sion il vous protège. Alléluia.
Post Septuagesimam, ommissis Allelúia et versu sequenti, diciturAprès la Septuagésime, on omet l’Alléluia et son verset et on dit
Tractus. Ps. 127, 4-6.Trait
Ecce, sic benedicétur omnis homo, qui timet Dóminum.Voici, c’est ainsi que sera béni tout homme qui craint le Seigneur.
V/. Benedícat tibi Dóminus ex Sion : et vídeas bona Ierúsalem ómnibus diébus vitae tuæ.V/. Que le Seigneur te bénisse de Sion : et puisses-tu voir la prospérité de Jérusalem tous les jours de ta vie.
V/. Et vídeas fílios filiórum tuórum : pax super Israël.V/. Et puisses-tu voir les enfants de tes enfants : Paix sur Israël !
Tempore autem paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur :Pendant le temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit :
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 19, 3. Mittat vobis Dóminus auxílium de sancto : et de Sion tueátur vos.Allelúia, allelúia. V/. Que le seigneur vous envoie son secours de son sanctuaire : et que de Sion il vous protège.
Allelúia. V/. Ps. 133, 3. Benedícat vobis Dóminus ex Sion : qui fecit coelum et terram. Allelúia.Allelúia. V/. Que le Seigneur vous bénisse de Sion : lui qui a fait le ciel et la terre. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu.
19, 3-6.
In illo témpore : Accessérunt ad Iesum pharisǽi, tentántes eum et dicéntes : Si licet hómini dimíttere uxórem suam quacúmque ex causa ? Qui respóndens, ait eis : Non legístis, quia qui fecit hóminem ab inítio, másculum et féminam fecit eos ? et dixit : Propter hoc dimíttet homo patrem et matrem, et adhærébit uxóri suæ, et erunt duo in carne una. Itaque iam non sunt duo, sed una caro. Quod ergo Deus coniúnxit, homo non séparet.En ce temps-là : Des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve, et ils lui dirent : « Est-il permis de répudier sa femme en toute espèce de cas ? ». Il répondit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit homme et femme, et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et il s’attachera à sa femme ; et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Ant. ad Offertorium. Ps. 30, 15-16.Offertoire
In te sperávi, Dómine : dixi : Tu es Deus meus : in mánibus tuis témpora mea. (T.P. Allelúia.)J’ai espéré en vous, seigneur : je vous ai dit : Vous êtes mon Dieu : mon sort est entre vos mains. (T.P. Alléluia.)
SecretaSecrète
Suscipe, quǽsumus, Dómine, pro sacra conúbii lege munus oblátum : et, cuius largítor es óperis, esto dispósitor. Per Dóminum.Recevez nous, vous en prions, Seigneur, le don que nous vous offrons pour consacrer le lien du mariage : et comme vous en êtes l’auteur, soyez-en aussi le gardien.
Præfatio Communis vel de Tempore.On dit la Préface Commune ou celle du temps liturgique.
Dicto Pater noster, Sacerdos antequam dicat Libera nos, quǽsumus, Dómine, stans in latere Epistolæ versus sponsos ante Altare genuflexos, dicit super eos sequentes Orationes :Après avoir dit le Pater noster, et avant de dire le Libera nos, quǽsumus, Dómine, le Prêtre, debout du côté de l’Épître, tourné vers les époux agenouillés devant l’Autel, dit sur eux les oraisons suivantes :
Orémus. Oratio.Prions. Prière.
Propitiáre, Dómine, supplicatiónibus nostris, et institútis tuis, quibus propagatiónem humáni géneris ordinásti, benígnus assíste : ut, quod te auctóre iúngitur, te auxiliánte servétur. Per Dóminum nostrum.Seigneur, montrez-vous favorable à nos supplications et, dans votre bonté, accompagnez de votre grâce l’institution que vous avez ordonnée pour la propagation du genre humain : que votre secours conserve ce que votre autorité a uni.
Orémus. Oratio.Prions. Prière.
Deus, qui potestáte virtútis tuæ de níhilo cuncta fecísti : qui dispósitis universitátis exórdiis, hómini, ad imáginem Dei facto, ídeo inseparábile mulíeris adiutórium condidísti, ut femíneo córpori de viríli dares carne princípium, docens, quod ex uno placuísset instítui, numquam licére disiúngi :Dieu, par la force de votre puissance, vous avez tout tiré du néant ; après avoir disposé les premiers éléments du monde, et créé l’homme à votre image, vous avez formé la femme pour être son aide tellement inséparable que vous avez donné naissance au corps de la femme en le tirant de la chair de l’homme, nous enseignant ainsi qu’il ne serait jamais permis de séparer ce qu’il vous a plu d’unir ;
Deus, qui tam excellénti mystério coniugálem cópulam consecrásti, ut Christi et Ecclésiæ sacraméntum præsignáres in fœdere nuptiárum :Dieu, vous avez consacré le lien conjugal par un mystère si excellent que l’alliance nuptiale figurait par avance l’union sacrée du Christ et de son Église ;
Deus, per quem múlier iúngitur viro, et socíetas principáliter ordináta ea benedictióne donátur, quæ sola nec per originális peccáti pœnam nec per dilúvii est abláta senténtiam :Dieu, par vous la femme est unie à l’homme, et vous avez posé ainsi la base de la société, par la seule bénédiction dont nous n’ayons pas été dépouillés, ni par la punition du péché originel, ni par la sentence du déluge ;
réspice propítius super hanc fámulam tuam, quæ, maritáli iungénda consórtio, tua se éxpetit protectióne muníri : Regardez avec bonté votre servante ici présente, qui au moment de lier son sort à celui de son époux, implore le secours de votre protection ;
sit in ea iugum dilectiónis et pacis : fidélis et casta nubat in Christo, imitatríxque sanctárum permáneat feminárum : sit amábilis viro suo, ut Rachel : sápiens, ut Rebécca : longǽva et fidélis, ut Sara :Que ce lien soit un joug d’amour et de paix : qu’elle soit dans le Christ une épouse fidèle et chaste et suive toujours l’exemple des saintes femmes : qu’elle mérite l’amour de son mari comme Rachel ; qu’elle soit avisée comme Rebecca ; qu’elle vive longtemps et soit fidèle comme Sara ;
nihil in ea ex áctibus suis ille auctor prævaricatiónis usúrpet : nexa fídei mandatísque permáneat : uni thoro iuncta, contáctus illícitos fúgiat : múniat infirmitátem suam robóre disciplínæ : sit verecúndia gravis, pudóre venerábilis, doctrínis cœléstibus erudíta : sit fecúnda in sóbole, sit probáta et ínnocens :Que le démon, l’auteur du péché, ne trouve rien à s’attribuer en elle ou dans ses actes ; qu’elle demeure attachée à la foi et aux commandements ; unie à son seul époux, qu’elle évite toute relation mauvaise ; qu’elle appuie sa faiblesse sur une forte règle de vie ; que sa réserve lui mérite l’estime, que sa pudeur inspire le respect, qu’elle soit instruite des enseignements divins : qu’elle ait une heureuse fécondité, qu’elle soit intègre et innocente ;
et ad Beatórum réquiem atque ad cœléstia regna pervéniat : et vídeant ambo fílios filiórum suórum, usque in tértiam et quartam generatiónem, et ad optátam pervéniant senectútem. Per eúndem Dóminum nostrum.Et qu’elle parvienne au repos des bienheureux et au royaume du ciel. Qu’ils voient tous deux les enfants de leurs enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération, et qu’ils arrivent à une heureuse vieillesse. Par le même Christ notre Seigneur.
Tunc Sacerdos reversus ad medium Altaris dicat Libera nos, quǽsumus, Dómine, et reliqua more solito ; et postquam sumpserit Sanguinem, communicet sponsos : et prosequatur Missam.Ensuite, le Prêtre, revenu au milieu de l’Autel, dit le Libera nos, quǽsumus, Dómine, et le reste de la manière habituelle, et après avoir communié au Sang, il communie les époux : et il poursuit la Messe.
Ant. ad Communionem. Ps. 127, 4 et 6.Communion
Ecce, sic benedicétur omnis homo, qui timet Dóminum : et vídeas fílios filiórum tuórum : pax super Israël. (T.P. Allelúia.)Ainsi sera béni l’homme qui craint le Seigneur : puissiez-vous voir les enfants de vos enfants : Que la paix soit sur Israël. (T.P. Alléluia.)
PostcommunioPostcommunion
Quǽsumus,omnípotens Deus : institúta providéntiæ tuæ pio favóre comitáre ; ut, quos legítima societáte conéctis, longǽva pace custódias. Per Dóminum.Nous vous en prions, Seigneur tout-puissant : entourez des faveurs de votre bonté l’institution de votre providence et conservez dans une longue paix ceux que vous avez unis par un lien légitime.
Dicto (Benedicámus Dómino, vel, si Missæ illius diei conveniat,) Ite, Missa est, Sacerdos antequam populo benedícat, conversus ad sponsos, dicat :Ayant dit (le Benedicámus Dómino, où si la messe du jour convient, l’) [2] Ite, Missa est, le Prêtre, avant de bénir le peuple, tourné vers les époux, dit :
Deus Abraham, Deus Isaac et Deus Iacob sit vobíscum : et ipse adímpleat benedictiónem suam in vobis : ut videátis fílios filiórum vestrórum usque ad tértiam et quartam generatiónem, et póstea vitam ætérnam habeátis sine fine : adiuvánte Dómino nostro Iesu Christo, qui cum Patre et Spíritu Sancto vivit et regnat Deus. per ómnia sǽcula sæculórum.Que le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob soit avec vous. Que lui-même vous comble de sa bénédiction, afin que vous puissiez voir les enfants de vos enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération, et qu’ensuite vous possédiez pour toujours la vie éternelle, avec l’aide de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, étant Dieu, vit avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles.
R/. Amen.R/. Ainsi soit-il.
Moneat eos sacerdos gravi sermone, ut, in Dei timore manentes et alterutrum diligentes, mutuam fidem et coniugalem castitatem servent, atque prolem in catholica religione sedulo instituant. Postea eos aspergat aqua benedicta, et, dicto Placeat tibi, sancta Trinitas, det benedictionem ; et legat, ut solitum est, initium Evangelii secundum Ioannem.Que le prêtre les avertisse par un sermon solennel que, demeurant dans la crainte de Dieu et s’aimant l’un et l’autre, ils gardent une foi commune et la chasteté conjugale, et qu’ils élèvent avec soin leurs enfants dans la religion catholique. Ensuite il les asperge d’eau bénite, et, ayant dit le Placeat tibi, sancta Trinitas, il donne la bénédiction et lit, selon l’usage, le début de l’Évangile selon Jean.
Ante 1960Rubrique Avant 1960
Moneat eos Sacerdos sermone gravi, ut sibi invicem servent fidem : orationis tempore, et præsertim ieiuniorum ac sollemnitatum, casti maneant : et vir uxorem, atque uxor virum diligat : et in timore Dei permaneant. Postea eos aspergat aqua benedicta, et dicto Placeat tibi, sancta Trinitas, det benedictionem : et legat, ut solitum est, Evangelium S. Ioannis In princípio erat Verbum, vel aliud, iuxta Rubricas.Que le prêtre les avertisse par un sermon solennel de garder l’un et l’autre la foi : de demeurer chastes dans les temps de prières, et surtout de jeûnes et de solennités : et que l’homme aime la femme et la femme l’homme, et qu’ils demeurent dans la crainte de Dieu. Ensuite il les asperge d’eau bénite, et, ayant dit le Placeat tibi, sancta Trinitas, il donne la bénédiction et lit, selon l’usage, l’Évangile de St Jean In princípio erat Verbum, ou un autre selon les Rubriques.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum: la bénédiction nuptiale

Le contrat nuptial est religieux de sa nature, étant ordonné à un ensemble de biens qui excèdent la compétence ordinaire du pouvoir civil. Jésus-Christ l’éleva en outre à la dignité de sacrement, et, moyennant le sceau de la grâce, rendit le pacte nuptial plus sacré, plus solide et indissoluble, l’élevant jusqu’à symboliser cette union unique, chaste et perpétuelle, qui existe entre Lui et l’Église. Donc, par le seul fait que chez les chrétiens, le mariage est un sacrement, ses conditions contractuelles, ses rites, sont sous l’exclusive dépendance de l’autorité de l’Église, sans ingérence d’aucun pouvoir civil.

Il faut distinguer le sacrement conjugal, lequel consiste essentiellement dans le seul contrat matrimonial des deux parties, de la bénédiction nuptiale qui l’accompagne régulièrement. Cette bénédiction, d’origine ecclésiastique, ne fut pas toujours en vigueur, et, quoique ayant acquis force de loi, ne devint jamais une condition essentielle de validité. Le contrat, lui, est d’institution divine, et c’est comme un dépôt sacré confié à la fidélité de l’Église, qui en défend et en garantit les droits.

Le plus ancien témoignage relatif à l’intervention du pouvoir épiscopal dans la conclusion du contrat matrimonial se trouve dans la lettre de saint Ignace à Polycarpe : Decet autem ducentes et ductas, cum sententia episcopi unionem facere ; ut sit secundum Deum et non secundum concupiscentiam [3]. De ce texte, nous ne pouvons conclure à l’existence d’un rite euchologique pour la célébration du sacrement nuptial, mais il date au moins du IIe siècle, puisque Tertullien en parle comme d’un rite universel : Unde sufficiamus ad enarrandam felicitatem eius matrimonii, quod ecclesia conciliat, et confirmat oblatio, et obsignat benedictio, angeli renuntiant, Pater rato habet ? [4]. Prenons acte dès maintenant des deux points les plus importants de la déclaration du polémiste de Carthage : Ecclesia conciliat — voilà le mariage contracté publiquement devant l’autorité ecclésiastique ; — et confirmat oblatio —voilà la Messe pro sponso et sponsa, qui scelle par le sacrifice eucharistique la donation réciproque des personnes. Mais Tertullien ne s’en tient pas là.

La bénédiction ecclésiastique et la stipulation du contrat devant l’évêque ne sont pas, en toute rigueur, des conditions essentielles à la légalité du mariage ; celui qui pourtant les omettrait se couvrirait d’infamie, et son union, dans l’esprit public, serait pour un peu considérée comme illégitime : Penes nos occultæ quoque coniunctiones, idest non prius ad ecclesiam professæ, iuxta mœchiam et fornicationem iudicari periclitantur [5]. Pour que cela n’arrive pas, il est nécessaire que cette professio de fidélité conjugale se célèbre : ab episcopo monogamo, presbyteris et diaconis eiusdem sacramenti, ac viduis [6] ; condition qui, du reste, préexistait déjà dans la mentalité romaine, puisque Apuleius nous assure que : impares nuptiæ et præterea in villa sine testibus et patre non consentiente factæ, legitimæ non possunt videri [7].

L’ancien droit romain exigeait en outre que le mariage se fît entre égaux et il punissait par la perte de la dignité patricienne les unions entre nobles et plébéiens. — Voilà les impares nuptiae d’Apuleius. — Il en résultait que beaucoup, fraudant la loi sans en encourir les sanctions, préféraient vivre avec leur femme plébéienne, — concubine, — sans aucun lien civil, inconvénient que fit disparaître le pape Callixte Ier, quand il déclara légitimes devant l’Église ces noces illégales devant le droit romain. C’est là le premier acte par lequel l’Église, pleinement consciente de sa propre autonomie en face de l’État, sur des questions essentiellement religieuses, légifère pour son propre compte d’une manière tout à fait indépendante, et sans faire cas des dispositions civiles, quand les intérêts des âmes sont en jeu.

A la question des impares nuptiae se rattache l’empêchement de la condition servile, qui a survécu pendant de longs siècles dans le droit canonique ; l’Église le retint, non pour dégrader la condition des esclaves, mais pour préserver le conjoint ingenuus de tristes surprises au cas où le manque de liberté de la part du conjoint serf lui aurait été dissimulé.

Saint Augustin atteste que presque jusqu’à son temps, on tolérait communément les mariages entre consanguins, Quia id nec divina prohibuit, et nondum prohibuerat lex humana [8]. Théodose fut le premier qui défendit, sous menace de peines sévères, le mariage entre beaux-frères ; et quand, plus tard, ses fils Arcadius et Honorius confirmèrent les ordonnances paternelles, l’Église introduisit de bon gré celles-ci dans son code canonique, les étendant même, au moyen âge, jusqu’au septième degré. Le mariage des veufs, bien que déclaré par l’Apôtre licite et valide, rencontre pourtant, aujourd’hui encore, dans le sentiment commun des fidèles, une forte aversion. La raison en est que ces secondes noces ne symbolisent pas parfaitement l’indissoluble union de l’Église avec le Christ, et brisent ce lien de fidélité qui, même après la mort de l’un des époux, joint le survivant à la mémoire du défunt. En outre, les anciens auteurs ecclésiastiques découvraient dans les secondes noces un indice d’incontinence, et quand ils n’allaient pas jusqu’à les réprouver, comme le fit Tertullien qui les compare à la bigamie et à la fornication, du moins les déconseillaient-ils, n’épargnant pas le blâme à ceux qui les accomplissaient. Ainsi saint Ambroise : Non prohibemus secundas nuptias, sed non probamus saepe repetitas [9] ; et comme à saint Jérôme on opposait la concession de saint Paul, le docteur de Bethléem répond : Aliud est quod vult Apostolus, aliud quod cogitur velle. Ut concedat secundo, matrimonia meæ est incontinentiæ, non illius voluntatis [10]... De là vient l’usage ecclésiastique en vertu duquel les veufs, en se mariant, ne recevaient pas la bénédiction nuptiale, et étaient privés des pensions de l’Église : Non solum ab officia sacerdotii bigamus excluditur, sed et ab eleemosyna ecclesiæ, dum indigna putatur stipe, quæ ad secundo, coniugia devoluta est [11].

Le rite actuel de la bénédiction nuptiale conserve sans doute des éléments très anciens qui peuvent remonter au IIIe siècle, où, en effet, les différentes bénédictions d’huile, de fruits nouveaux, etc., se reliaient à l’anaphore eucharistique infra Missarum solemnia. Toutefois nous manquons de documents suffisants pour tenter une description entière de la solennité. Le Gélasien et les autres sacramentaires nous conservent seulement les collectes de la Messe pro sponso et sponsa, tant pour le jour même du mariage que pour le trentième ou l’anniversaire, auquel jour avait lieu une autre synaxe eucharistique. Les Ordines Romani ne contiennent rien là-dessus ; en sorte que, pour trouver quelque chose de plus étendu, il faut arriver à la fameuse lettre écrite en 866 par Nicolas Ier, en réponse à la consultation des Bulgares. Il en résulte que le mariage, selon le rite romain d’alors, comprenait les actes suivants, les uns précédant et les autres accompagnant le consentement conjugal : avant tout se faisaient les fiançailles, consistant dans la promesse mutuelle de s’épouser que se faisaient les parties, promesse qui pourtant, pour être valide, demandait le consentement des parents. Suivait la subarrhatio ou remise à la fiancée de l’anneau, annulum pronubum, de la part du fiancé. On traitait ensuite de la dot, et on en dressait acte légal, — tabulæ nuptiales, — auquel souvent, comme l’atteste saint Augustin [12], l’évêque apposait sa signature. — Citons un passage du saint Docteur d’Hippone où, de la formule même de ces tabulæ, il tire un argument pour démontrer que la procréation des enfants est la fin première du mariage : Coeterum, qui uxoris carnem amplius appetit, quam præscribit limes ille, liberorum procreandorum causa, contra ipsas tabulas facit quibus eam duxit uxorem. Recitantur tabulæ, et recitantur in conspectu omnium adstantium, et recitantur liberorum procreandorum causa, et vocantur tabulæ matrimoniales [13].

Tout cela précédait la célébration du mariage, et représente la continuation et la persistance des antiques usages romains au sein de la société chrétienne du moyen âge. Mieux que dans les autres sacrements, se révèle dans le mariage tout l’esprit conservateur de l’Église, qui, au lieu de bannir de son Rituel les vieilles formes cultuelles classiques, inspirées de Junon « Pronuba » et des hyménées, se les assimile dans leurs éléments inoffensifs, les rebaptise, leur attribue une signification chrétienne plus élevée, et donne ainsi un caractère de pérennité et d’universalité à la civilisation latine.

Au jour fixé, le mariage avait lieu, in facie ecclesiae [14], c’est-à-dire dans l’atrium du temple et en présence de l’évêque ou du prêtre. Plus tard, la phrase : in facie ecclesiae fut mal comprise, et on lui attribua une signification parfaitement juridique, tandis qu’au commencement, elle n’était rien autre qu’un terme liturgique et était entendue au sens matériel de la façade de l’église ; selon saint Augustin les parents ou un paranymphus, amicus interior, conscius secreti cubicularis [15], présentaient le couple nuptial au prêtre. Les fiancés exprimaient leur consentement en présence de celui-ci et se donnaient la main droite, tandis que le ministre sacré invoquait sur eux les bénédictions divines. Les Pères rappellent souvent cet échange des mains, dont on trouve la première mention dans l’histoire de Tobie. Citons seulement Tertullien dans son livre : De velandis virginibus :Ad desponsationem velantur, quia et corpore et spiritu masculo mixtæ sunt per osculum et dexteras, per quæ primum resignarunt pudorem spiritus [16] z. Le rite du baiser est mentionné plus rarement. Les époux étant introduits dans l’église, la messe était célébrée avec la bénédiction nuptiale, dite dans le Sacramentaire Léonien velatio nuptialis, à cause du voile qu’on étendait durant cette bénédiction sur la tête des époux. Saint Ambroise aussi affirme que le mariage est consacré velamine sacerdotali et benedictione [17], et le pape Sirice dans sa lettre à Hymérius [18] nous atteste la même discipline.

Comme on le voit, c’est la tradition classique qui persiste à travers la liturgie chrétienne. En effet, le voile dont parle Tertullien est le flammeum qui, chez les Romains, couvre la tête de la jeune fille qui va aux noces. Le sacrifice eucharistique tient lieu de la confarreatio latine ou de la mactatio du bœuf ou du porc sur l’autel du temple. Le clergé remplace le vieux collège des aruspices et des prêtres, et le velum conjugale a une signification analogue à la peau de brebis qui recouvre l’époux et l’épouse assis sur deux escabeaux liés ensemble, tandis qu’on offre en leur nom un sacrifice de fruits et de froment.

Les anciens sacramentaires prescrivaient aux époux de recevoir la sainte Communion et qu’au sortir de l’église ils fussent couronnés de fleurs. Cela rappelle l’usage classique des couronnes nuptiales qui, aujourd’hui encore, sont en honneur chez les Orientaux. Nicolas Ier dans sa lettre aux Bulgares veut, lui aussi, que les époux, de ecclesia egressi, coronas in capitibus gestant quae semper in ecclesia ipsa sunt solitae reservari [19] ; prescription qui nous autorise à supposer qu’à Rome comme en Orient, au moyen âge, les époux, quelque temps après le mariage, — probablement le trentième jour, — remettaient leurs couronnes entre les mains du prêtre, pour qu’elles fussent conservées dans l’église, témoignant à l’avenir du contrat matrimonial accompli.

Il est grandement à regretter que dans le bas moyen âge, une bonne partie de ce splendide rituel nuptial, aux lignes classiques si pleines de signification, ait fait naufrage, et que maintenant les modernes célèbrent le mariage avec une impassibilité et un prosaïsme tels que cela nous épouvante. Une telle perte, subie en Occident, doit nous rendre plus chers et plus précieux les rites nuptiaux des Grecs et, en général, des peuples orientaux, chez lesquels l’antique tradition romaine ecclésiastique a subi de moindres altérations. Dans l’euchologe byzantin, le rituel du mariage comprend deux cérémonies distinctes : la bénédiction nuptiale et le couronnement. Les conjoints attendent le prêtre à la porte du temple ; le prêtre les introduit dans l’église, leur met en main un cierge et les encense en forme de croix, tandis que le diacre et le chœur exécutent une litanie : Pro servo Dei N. et ancilla Dei N. sibi nunc invicem desponsatis et salute eorum Dominum precemur. —Kyrie eleison... Ut honoratas nuptias, inviolatumque thalamum Dominus Deus largiatur, Dominum precemur. — Kyrie eleison, etc.

Vient ensuite la remise de l’anneau ; le prêtre en met d’abord un en or au doigt de l’époux et un d’argent au doigt de l’épouse en disant : Subarrhatur servus Dei N. propter ancillam Dei N. in nominePatris, etc., mais aussitôt, l’assistant des noces, le paranymphus, fait l’échange et remet l’anneau d’or à l’épouse.

Le couronnement est parfaitement distinct de la subarrhatio et peut être remis à un autre temps. Le prêtre accueille de nouveau les époux à la porte du temple, et les y introduit en chantant le psaume Beati omnes, dans lequel le chœur intercale une antienne après chaque verset. Le diacre entonne l’habituelle prière litanique, après quoi le prêtre ceint les époux d’une couronne : Coronatur Servus Dei N. propter ancillam Dei N. in nomine Patris, etc. Puis on lit un fragment de l’Épître de saint Paul aux Éphésiens, où sont décrits les devoirs des époux. Vient ensuite le passage de l’Évangile de saint Jean, où sont racontées les noces de Cana ; on bénit la coupe commune de laquelle les époux approchent leurs lèvres, puis ils échangent un baiser et, après avoir reçu les souhaits du peuple, ils sont congédiés par le prêtre après une dernière prière. Huit jours plus tard, quand ils déposent les couronnes, le prêtre récite quelques prières spéciales.

Le rite de la coupe commune de vin, que le prêtre présente aux époux, se retrouve aussi dans quelques rituels occidentaux, comme était également en usage, en certains lieux de France, la bénédiction du lit nuptial le soir des noces. Dans la genèse de ce dernier rite, l’influence du livre de Tobie est évidente, ainsi que pour la continence des époux la première nuit du mariage.

Ici une observation est opportune. Les différentes formules de la bénédiction nuptiale chez les Latins se réfèrent de préférence à la femme plutôt qu’au couple en commun. Selon le Sacramentaire léonien, c’est pour elle qu’est offert le divin Sacrifice : hanc igitur oblationem famulae tuae N. quam tibi offerimus pro famula tua N. ; comme aussi la velatio conjugalis avec la bénédiction qui s’y rapporte avant la fraction de l’Hostie, la regarde exclusivement : Sit amabilis ut Rachel viro ; sapiens ut Rebecca ; longaeva et fidelis ut Sara, etc.

Pour qui tient compte de la mentalité des anciens relative à la condition inférieure de la femme, la sagesse de l’Église paraîtra admirable ; elle assume dans ses formules liturgiques la tutelle de la partie faible, la relevant de cette condition dégradante où le paganisme l’avait réduite, l’ennoblissant à ce point que, par la chevalerie chrétienne, elle est devenue presque le symbole d’un culte.

Nous avons retracé ailleurs les rites qui accompagnaient autrefois la consécration religieuse ; nous devons ajouter que la cérémonie de la consecratio Virginis, spécialement celle qui est décrite dans le Pontifical romain actuel, est en étroite relation avec la bénédiction conjugale dont nous venons de traiter. Cela n’est pas sans raison. Déjà saint Paul avait comparé l’état virginal à un mariage spirituel que l’âme contracte avec Jésus-Christ ; et Tertullien, partant de ce concept, avait voulu que les vierges chrétiennes se voilassent la tête à la manière des épouses. Sous l’influence de la liturgie gallicane, ces idées se développèrent d’une façon de plus en plus mystique, si bien qu’au rite primitif de la consecratio Virginis décrit dans les sacramentaires romains, — rite qui comportait une simple prière eucharistique avec la velatio capitis, — se substitua une curieuse combinaison de cérémonies, empruntées à la liturgie nuptiale. On y trouve les matrones, paranymphae, le consentement à la profession virginale, la subarrhatio avec l’anneau, la velatio et la coronatio ; il en résulte un ensemble certainement magnifique, mais peut-être trop débordant de sentiment. On y parle de noces, de bracelets d’or, de vignes parfumées et en fleur, d’anneau précieux, de lait et de miel recueillis de la bouche de l’Époux, de son sang qui empourpre les joues de l’épouse, et même de lit nuptial éthéré, ipsi sum iuncta in cœlis, quem in terris posita tota devotionis dilexi, sans penser au contraire qu’on est sur la terre, et qu’on ne doit que trop garder le trésor de la virginité en de fragiles vases d’argile.

Le moyen âge, essentiellement mystique, intimement religieux, se trouve tout entier dans de telles formules, qui peut-être alors exprimaient une réalité. Aujourd’hui la mentalité est changée, comme l’état même de la société, et il ne faut donc pas s’étonner que les professions religieuses des moniales se déroulent avec un rite plus sobre, et que, sauf peu d’exceptions, la magnifique consecratio Virginis demeure justement dans le Pontifical romain, comme un souvenir d’autres temps, plus naïfs, plus religieux, plus heureux.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum: la messe nuptiale

A vrai dire, l’ancien titre serait : ad sponsas velandas [20], en raison du rite caractéristique du flammeum nuptial que le prêtre étendait sur la tête de la nouvelle épouse durant la bénédiction inaugurale.

Comme nous avons déjà parlé ailleurs de l’antiquité des cérémonies qui accompagnaient la célébration du mariage chrétien1, nous nous bornerons ici à traiter seulement de la messe nuptiale. Celle-ci faisait essentiellement partie du rite matrimonial, et le sacrifice eucharistique offert pour les époux symbolisait pour ainsi dire le sceau divin apposé à leur union conjugale. Souvenons-nous des paroles de Tertullien pour célébrer la félicité de ces noces quod Ecclesia conciliat, et confirmat Oblatio, et obsignatum Angeli renuntiant, Pater ratum habet [21].

L’introït est emprunté au Livre de Tobie (VII, 15 ; VIII, 19) et se rapporte à l’union du jeune Tobie avec Sara, fille de Raguël, laquelle, jusqu’alors, avait été tourmentée par le démon, en sorte que personne autre que le fils de Tobie ne la pût épouser. En effet, tous ceux à qui précédemment elle avait été fiancée par ses parents avaient été trouvés successivement mis à mort par l’ange des ténèbres, la nuit même de leur mariage. Au contraire, le fils de Tobie, averti par l’Archange Raphaël, épousa Sara avec la sainte crainte de Dieu ; et, ayant passé avec elle la première nuit des noces, dans la continence et la prière, il évita les coups du démon envieux, « Que le Dieu d’Israël vous unisse, et lui qui a eu spécialement pitié de vous deux, qu’il vous assiste. Et maintenant, Seigneur, faites qu’ils vous bénissent à leur aise. »

Suit le psaume nuptial 127. « Bienheureux ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies. »

La collecte suivante se trouve dans le Sacramentaire Léonien pour la classique Velatio nuptialis.

Prière. — « Écoutez-nous, ô Dieu tout-puissant et miséricordieux ; afin que ce que nous accomplissons en vertu de notre ministère, obtienne plutôt son efficacité de votre bénédiction. »

Dans les Capitula Lectionum, la première lecture est le passage de l’Épître aux Corinthiens (VI, 15-20) où l’Apôtre partant du principe que le corps d’un chrétien est le temple du Saint-Esprit et un membre du corps mystique du Christ, tonne énergiquement contre le vice de la fornication, si commun dans le monde païen.

Dans notre Missel actuel, la première lecture est tirée de l’Épître aux Éphésiens (V, 22-33) où saint Paul explique les devoirs du mariage chrétien, dont il trouve le modèle dans l’union sacrée qui lie indissolublement le Christ et son Église.

Le répons-graduel est emprunté au psaume 127, qui dépeint comme en une suave idylle les joies du sacrement de mariage. « Ton épouse, comme une vigne féconde, dans l’intérieur de ta maison. Tes enfants, semblables à des rejetons d’oliviers, autour de ta table. » L’état matrimonial est une sorte de sacerdoce qui, dans la procréation et dans l’éducation chrétienne des enfants, se propose le but très élevé de continuer et de compléter l’Église, afin de remplir les vides laissés dans le ciel par les anges rebelles. Qu’on remarque que le Saint-Esprit, voulant faire l’éloge de la femme forte, nous la montre à la maison, adonnée aux travaux domestiques.

Le verset alléluiatique est tiré du psaume 19. « Que le Seigneur, de son sanctuaire, vous accorde son aide, et, de Sion, vous protège. » Dieu remplit de sa majesté, il est vrai, le ciel et la terre ; mais s’adaptant à notre manière de comprendre — nous qui avons besoin de formes matérielles, même pour exprimer les idées les plus abstraites et les plus spirituelles —il a établi le temple et les édifices consacrés au culte, comme le sanctuaire préféré où il aime à faire resplendir plus ordinairement la magnificence de sa miséricorde.

Après la Septuagésime, on dit le trait suivant, emprunté lui aussi au psaume nuptial 127.« Ainsi sera béni quiconque craint le Seigneur. Qu’ainsi Dieu te bénisse de Sion, afin que tu puisses voir tous les jours de ta vie la félicité de Jérusalem. Et tu verras les enfants de tes enfants. Que la paix soit sur Israël. » La crainte de Dieu est le principe de son saint amour, et au lieu de resserrer et de rapetisser le cœur, elle l’ouvre à une grande confiance et attire, avec la bénédiction du Seigneur, toutes sortes de grâces, même dans l’ordre matériel.

Durant le temps pascal, le second verset alléluiatique est le suivant (Ps. 133) : « Que le Seigneur vous bénisse du mont Sion, lui qui a créé le ciel et la terre. » Il semble que l’Église ne se lasse pas d’appeler les célestes bénédictions sur les nouveaux époux, parce que la famille chrétienne est le premier noyau d’où se déroule la société tout entière. Pour réformer les nations, il faut donc commencer par sanctifier la famille. Elle est la première et la plus légitime des sociétés naturelles ; aussi l’État, en tant qu’il résulte de l’union des nombreuses sociétés domestiques qui le constituent, a-t-il pour but, non de supprimer le bien particulier et les droits essentiels de la famille, comme l’État libéral moderne ne le fait que trop, mais de les protéger et de les seconder, en complétant efficacement leur activité.

La lecture évangélique est tirée de saint Matthieu (XIX, 3-6). Les Pharisiens demandent au Sauveur s’il est permis de répudier sa femme, comme c’était l’usage dans l’Ancien Testament. Jésus répond que maintenant ce n’est plus permis. Dieu lui-même a uni les deux époux, jusqu’à en faire une seule chair. Ce que Dieu a uni, l’homme ne le peut séparer.

Union mystérieuse ! Unité et pluralité comme dans l’Auguste Trinité ; si bien que, les deux époux se complétant réciproquement pour les besoins de la vie, les enfants apparaissent comme les rejetons de cette unité ; et dans cette même unité de l’origine et du sang, ils trouvent le meilleur gage du mutuel et fraternel amour qui lie les cœurs de ceux dont le berceau fut commun.

L’antienne pour la présentation des oblations est celle du XIIIe dimanche après la Pentecôte.

La secrète sur les oblations est belle et profonde. La traduction affaiblit malheureusement la robuste concision de la langue du Latium : « Recevez, Seigneur, l’offrande que nous vous présentons à l’occasion du mariage sanctionné par votre sainte Loi. Et vous qui avez établi ce saint état conjugal, dirigez-le aussi par votre Providence. »

Le Sacramentaire Gélasien prescrit la préface suivante : Vere dignum... Qui fœdera nuptiarum blando concordiæ iugo et insolubili pacis vinculo nexuisti ; ut multiplicandis adoptionum filiis, sanctorum connubiorum fœcunditas pudica serviret. Tua enim, Domine, providentia, tuaque gratia ineffabilibus modis utrumque dispensat ; ut quod generatio ad mundi edidit ornatum, regeneratio ad Ecclesiæ perducat augmentum, per Christum [22].

Après la lecture des diptyques, le Prêtre priait autrefois pour les époux dans les termes suivants : Infra aclionem. Hanc igitur oblationem famulorum (famularum) tuorum N.N. (les parents de l’épouse), quam tibi offerunt pro famula tua N., quæsumus, Domine, placatus accipias ; pro qua maiestatem tuam supplices exoramus, ut sicut eam ad ætatem nuptiis congruentem pervenire tribuisti ; sic eam consortio maritali tuo munere copulatam, desiderata sobole gaudere proficias ; atque ad optatam seriem cum suo coniuge provehas benignus annorum ; diesque nostros etc [23].

Voilà comment, à l’encontre du mépris que le paganisme avait accumulé sur la femme, l’Église, même dans la liturgie, défendait sa dignité, mettant spécialement en relief la grandeur du rôle maternel, et insistant sur l’idée centrale du mariage chrétien, qui a pour but la procréation des enfants afin de compléter le corps mystique du Christ.

A la fin du Canon, lorsque anciennement avaient lieu les diverses bénédictions du chrême, de l’huile pour les malades, des fruits nouveaux, etc. se faisait aussi la velatio nuptialis avec le flammeum et la bénédiction sacerdotale. Elle regardait exclusivement l’épouse et se composait de deux parties. Après une brève collecte servant de prélude, venait une longue prière, du style des préfaces. On y rappelait les origines divines du mariage et l’abondance des bénédictions répandues sur lui à tel point, que le péché d’Adam lui-même, ni le déluge universel, ne purent jamais les amoindrir. Si l’homme est semblable à Dieu, sur lui, en même temps, s’appuie aussi le sexe faible créé à sa ressemblance, car de l’union du fort avec le faible naît le remède contre la brièveté de la vie humaine : c’est-à-dire la procréation des enfants. Que la nouvelle épouse puisse donc se rendre aimable à son mari comme Rachel ; qu’elle se montre sage comme Rébecca ; qu’elle ait une longue vie et soit fidèle comme Sara ; afin qu’elle puisse voir dans sa vieillesse ses enfants et ses petits-enfants et arriver finalement, elle aussi, après trois ou quatre générations, à la vie éternelle qui ne passera pas.

Pour la Communion. « C’est ainsi que sera béni quiconque craint le Seigneur. Puisses-tu voir les enfants de tes enfants. Que la paix soit sur Israël. » La procréation des enfants confère aux époux une dignité éminente, car ils collaborent ainsi d’une certaine manière avec Dieu lui-même, — a quo omnis paternitas in cælo et in terra nominatur — en donnant la vie à un être immortel.

Prière après la Communion. — « Nous vous demandons, Seigneur, d’assister de votre faveur ce que vous-même avez voulu établir ; afin qu’une longue paix conserve ceux qu’aujourd’hui vous unissez par le lien conjugal. »

Après le congé donné au peuple : Ite, missa est, vient une dernière et spéciale bénédiction sur les nouveaux époux dans laquelle on répète les mêmes pensées qui ont déjà été exprimées plus haut lors de la velatio nuplialis. Il s’agit de mériter pour la famille l’assistance divine, et de voir les enfants des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération.

Nous savons, par le Sacramentaire Gélasien, que le trentième jour après les noces, ou le jour de l’anniversaire, on répétait la messe nuptiale. Ceci ne doit pas nous surprendre, car l’une des bases essentielles de la moralité sociale est l’honneur et la sainteté du sacrement de mariage. Quant à cet honneur, il est lui-même le résultat de l’œuvre constante du christianisme, car il n’existait pas avant l’Église catholique, comme il n’existe pas en dehors d’elle. En effet, malgré les grands privilèges dont elle a entouré le célibat et la virginité religieuse, l’Église catholique s’est montrée en tout temps et contre tous le vengeur intrépide de la sainteté de l’état matrimonial. C’est ainsi qu’au XVIe siècle, les Papes ont permis plutôt que l’Angleterre tout entière en vînt à se soustraire à l’obéissance au Saint-Siège, plutôt que d’attenter à la sainteté du mariage chrétien en approuvant le divorce que réclamait avec insistance Henri VIII.

[1] Nous donnons ici le texte de la traduction officielle du Lectionnaire Latin-Français en vue de la proclamation publique des Épîtres et Évangiles des Dimanches et Fêtes autorisée pour tous les diocèses de France, © Association Épiscopale Liturgique, 1956, approuvé par la Suprême Congrégation du Saint-Office le 17 octobre 1956.

[2] Rubrique avant 1960.

[3] « Il convient aux hommes et aux femmes qui se marient de contracter leur union avec l’avis de l’évêque afin que leur mariage se fasse selon le Seigneur et non selon la concupiscence. » St Ignace, Epist. ad Polyc., V.

[4] « Où trouver des paroles pour exprimer toute l’excellence et la félicité d’un mariage chrétien ? L’Église en dresse le contrat, l’oblation divine le confirme, la bénédiction pastorale y met le sceau, les anges qui en sont témoins l’enregistrent, et le Père céleste le ratifie. » Tertullien, Ad Uxor., l. II, IX.

[5] « Voilà pourquoi les alliances clandestines, c’est-à-dire qui n’ont pas été contractées en face de l’Eglise, sont regardées chez nous, presque comme l’adultère et la fornication véritable. » Tertullien, De Pudic., IV.

[6] « à l’évêque qui doit n’avoir été marié qu’une fois ; à des prêtres et à des diacres soumis à la même obligation ; à des veuves » Tertullien, De Monog., XI.

[7] « Des noces dissemblables et en outre faites sans témoins et consentement du père, ne peuvent passer pour légitimes » Apuleius, l. VI.

[8] « Car ces mariages ne sont point défendus par la loi de Dieu, et que celles des hommes ne les avaient pas encore interdites » St Augustin, De Civit. Dei, l. XV, xvi

[9] « Nous n’interdisons pas les secondes noces, mais nous n’en approuvons pas la répétition », St Ambroise, De Viduis, XI.

[10] « Une chose est ce que veut l’Apôtre, l’autre ce que force le vouloir. Comme le concède le second, les noces sont pour mon incontinence, non par volonté », St Jérôme, Epist. ad Ageruchiam, P. L., XXII, col. 1050.

[11] « Non seulement le bigame est exclu de l’office du prêtre, mais aussi des aumônes de l’église, tant que cette racine indigne n’aura pas été extirpée, qui a poussé à accomplir des noces pour la deuxième fois », St Jérôme, Loc. cit.

[12] Serm. 332, n. 4, P. L., XXXVIII, col. 1463.

[13] Serm. 51, P. L., XXXVIII, col. 345.

[14] A la face de l’Église, devant l’Église.

[15] « Un paranymphe (garçon d’honneur), ami intime, connaissant le secret de la chambre à coucher », St Augustin, Serm. 293, n. 7, P. L., XXXVIII, col. 1332.

[16] « Elles doivent être voilées aussitôt après qu’elles sont mariées, parce qu’elles sont mêlées à l’homme et de corps et d’esprit, par le baiser nuptial, par la main qu’elles ont donnée, en témoignage de la pudeur de l’esprit qu’elles résignaient », Tertullien, , XI, P. L., II, Col. 954.

[17] Par le voile sacerdotal et la bénédiction. Epist. 1. XIX, 7, P. L., XVI, col. 1026.

[18] P. L.. XIII, col. 1136.

[19] « Sortis de l’église, ils portent les couronnes sur leur tête, qui d’habitude sont réservées à l’usage à l’intérieur de l’église », Nicolai Pp. I, Ep. XCVII, P. L., CXIX, col. 980.

[20] Pour voiler les épouses.

[21] Tertullien, Ad uxorem, II, IX.

[22] Il est vraiment digne... Vous avez noué l’alliance des noces par le joug séduisant de la concorde et le lien indissoluble de la paix, afin que la fécondité pudique du saint mariage serve à la multiplication de vos fils d’adoption. En effet, votre providence, Seigneur, et votre grâce donne l’une et l’autre d’une manière admirable afin que, comme la génération a donné l’ornement du monde, la régénération donne à l’Église son accroissement.

[23] Recevez favorablement cette offrance que vos serviteurs N. et N. apportent pour votre servante N. ; pour elle, nous prions en suppliant votre majesté : vous lui avez donné de parvenir à l’âge qui convient pour les noces, faites-la profiter de la joie d’une lignée désirée, maintenant qu’elle est unie par votre loi au lien marital ; et conduisez-la avec bonté avec son époux pour qu’elle obtienne la descendance souhaitée.