Moto Proprio "Sacram liturgiam" ordonnant l’entrée en vigueur de certaines prescriptions de la Constitution sur la liturgie | SACRAM LITURGIAM LITTERÆ APOSTOLICÆ MOTU PROPRIO DATÆ [1] |
Decernitur ut præscripta quædam Constitutionis de Sacra Liturgia a Concilio Œcumenico Vaticano II probatæ vigere incipient. | |
Les nombreux documents, que personne n’ignore, puis la Constitution sur la sainte liturgie, que le IIe Concile du Vatican a approuvée à une très forte majorité au cours de la séance solennelle du 4 décembre 1963, et que Nous avons ordonné de promulguer, nous disent combien les Souverains Pontifes qui Nous ont précédé, combien Nous-même et les Pasteurs de l’Eglise ont toujours eu le souci que la sainte liturgie soit attentivement observée, cultivée, et, s’il le faut, restaurée. | Sacram liturgiam diligenter servari, excoli et, pro necessitate, instaurari quantæ curæ semper fuerit Summis Pontificibus Decessoribus Nostris, Nobismetipsis, et sacris Ecclesiæ Pastoribus, tum plurima acta in lucem edita confirmant, quæ nemo cognita non habet, tum vero Constitutio de hac re agens, quam Concilium Œcumenicum Vaticanum II, in sollemni sessione, die IV Decembris superioris anni MDCCCCLXIII habita, summa assensione approbavit, et Nos promulgari iussimus. |
S’il en est ainsi, c’est que "dans la liturgie terrestre, nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la sainte cité de Jérusalem, à laquelle nous tendons comme des voyageurs, où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle ; avec toute l’armée de la milice céleste, nous chantons au Seigneur l’hymne de gloire ; en vénérant la mémoire des saints, nous espérons partager leur société ; nous attendons comme Sauveur Notre-Seigneur Jésus-Christ, jusqu’à ce que lui-même se manifeste, lui qui est notre vie, et alors nous serons manifestés avec lui dans la gloire". [2] | Quod profecto ex eo consequitur, quod in terrena Liturgia cælestent illam prægustando participamus, quæ in sancta civitate Ierusalem, ad quant peregrini tendimus, celebratur, ubi Christus est in dextera Dei sedens, sanctorum minister et tabernaculi veri ; cum omni militia cælestis exercitus hymnum gloriati Domino canimus ; memoriam sanctorum venerantes partem aliquam et societatem cum iis speramus ; Salvatorem exspectamus Dominum nostrum Iesum Christum, donec ipse apparebit vita nostra, et nos apparebimus cum ipso in gloria [2]. |
De sorte que les âmes des fidèles en adorant de cette façon Dieu, qui est le principe et le modèle de toute sainteté, sont invitées et comme entraînées à acquérir celle-ci et dans leur pèlerinage terrestre "rivalisent avec la sainte Sion". [3] | Quo fit ut christifidelium animi, ita Deum colentes, omnis sanctitatis principium et rationem, ad hanc adipiscendam alliciantur ac veluti impellantur, evadantque, in terrestri hac peregrinatione, almæ Sionis æmuli [3]. |
Chacun comprend donc facilement que sur ce point, Nous ayons particulièrement à cœur que les fidèles, et surtout les prêtres, étudient attentivement cette Constitution et se disposent intérieurement à en observer les prescriptions avec une entière fidélité dès qu’elles entreront en vigueur. C’est pourquoi, la nature du sujet exigeant que soit appliqué sans retard tout ce qui a trait à la connaissance et à la divulgation des lois liturgiques, Nous exhortons vivement les évêques des diocèses à travailler sans attendre, avec l’aide des ministres sacrés "intendants des mystères de Dieu" [4], à ce que les fidèles qui leur sont confiés comprennent, chacun selon son âge, ses conditions de vie et sa culture, l’efficacité et la portée profonde de la liturgie, et participent saintement, corps et âme, aux rites de l’Eglise [5]. | Has ob causas facile quivis intellegit, in hac rerum provincia, nihil Nos habere antiquius, quam ut sive christifideles, sive præcipue sacerdotes, primum se penitus studio dent Constitutionis, de qua dicimus, deinde animos sucs iam nunc componant ad præcepta eiusdem integra fide facienda, cum vigere ea incipient. Quam ob causam, cum ex ipsa rei natura, quæ ad cognitionem et vulgationem legum liturgicarum pertinent, statim vigere necesse sit, plane plurimum diœcesium Præsules hortamur ut, sacris administris, dispensatoribus mysteriorum Dei [4], adiuvantibus, in eo elaborare ne morentur, ut sibi concrediti fideles, pro sua quisque ætate, vitæ condicione, ingenfque cultu, simul sacræ liturgiæ vira virtutemque intimam mente concipiant, simul animo et corpore Ecclesiæ ritus religiosissime participent [5]. |
II est bien évident qu’un grand nombre de prescriptions de la Constitution ne peuvent être appliquées à bref délai, car il faut auparavant réviser certains rites et préparer de nouveaux livres liturgiques. Pour que ce travail se fasse avec la sagesse et la prudence voulues, Nous avons créé une Commission spéciale, qui aura pour premier rôle de veiller à ce que les prescriptions de la Constitution sur la liturgie soient saintement appliquées. | Quemadmodum inter omnes constat, plurimæ Constitutionis præceptiones nequeunt intra breve temporis spatium ad effectum adduci ; utpote cum aratea sint ritus quidam recognoscendi et novi liturgici libri apparandi. Quod opus ut ea qua par est sapientia et prudentia peragatur, peculiarem condimus Commissionem, quam appellant, cuius præcipuæ erunt partes, ut ipsius Constitutionis de sacra liturgia præcepta sancte perficienda curet. |
Cependant, certaines règles de la Constitution pouvant être appliquées dès maintenant, Nous voulons qu’elles le soient sans tarder pour ne pas priver plus longtemps les âmes des fidèles des fruits de grâce que l’on en attend. | Attamen, quoniam de Constitutionis normis certæ quædam hinc iam peragi sane possunt, has re vera ut sine cunctatione præstentur volumus, ne diutius christifidelium animi iis gratiæ fructibus careant, qui inde exspectantur. |
C’est pourquoi, en vertu de Notre autorité apostolique, de Notre propre mouvement, Nous ordonnons et prescrivons qu’à partir du premier dimanche de Carême, 16 février 1964, jour où Nous avons fixé que cesserait la vacatio legis, ce qui suit entrera en application : | Quapropter auctoritate Nostra apostolica atque motu proprio præcipimus atque decernimus, ut a proxima Dominica prima Quadragesimæ, hoc est a die XVI mensis Februarii, hoc anno MDCCCCLXIV, cessante scilicet statuta legis vacatione, ea quæ sequuntur vigere incipiant. |
1. En ce qui concerne les prescriptions des articles 15, 16 et 17 relatives à la formation liturgique dans les grands séminaires, les maisons d’études des instituts religieux et les facultés de théologie, Nous voulons que dès maintenant on prépare les programmes des études afin que, dès la prochaine année scolaire, on les applique régulièrement et avec soin. | I) Quod ad ea spectat, quæ de liturgica institutione in sacris Seminariis, in Sodalitatum religiosarum scholis, et in theologicis, quas vocant, Facultatibus tradenda articulis 15, 16, et 17 præscribuntur, ita ibidem studioruin rationes ut iam nunc comparentur volumus, ut a proximo anno scholari ea ordinate et diligenter præstentur. |
2. Nous ordonnons également que, conformément aux prescriptions des articles 45 et 46, il y ait dans chaque diocèse, une Commission chargée, sous l’autorité de l’évêque, de faire toujours mieux connaître et de promouvoir la liturgie. Sur ce point, il sera parfois opportun que plusieurs diocèses aient une Commission commune. En outre, dans chaque diocèse, autant que faire se peut, il y aura deux autres Commissions, l’une pour la musique sacrée, l’autre pour l’art sacré. Il conviendra souvent que, dans chaque diocèse, ces trois Commissions soient réunies en une seule. | II) Decernimus pariter ut, ex præscriptis art. 45 et 46, in singulis diœcesibus Consilium habeatur, cui sit mandatum, ut, Episcopo moderante, res liturgica magis magisque pernoscatur et provehatur. Qua super re opportune aliquando fiet, ut plures diœceses commune habeant Consilium. Præterea in quavis diœcesi, quantum fieri potest, duo alia habeantur Consilia : alterum Musicæ sacræ, alterum Arti sacræ accurandæ. Quæ tria Consilia in singula diœcesi non raro congruet, ut in unum coalescant. |
3. Nous voulons qu’à partir du jour ci-dessus fixé, entre en vigueur l’obligation de faire une homélie les dimanches et jours de fête de précepte pendant la messe, conformément à l’article 52. | III) Item a die, quem supra statuimus, iussum vigere volumus homiliæ diebus dominicis et festis de præcepto in Missis habendæ, ad normam art. 52. |
4. Nous décrétons qu’entrera aussitôt en vigueur la partie de l’article 71 en vertu de laquelle, selon l’opportunité, le sacrement de confirmation peut être conféré pendant la messe. | IV) Eam art. 71 partem vim suam statim obtinere statuimus, ex qua Sacramentum Confirmationis, pro opportunitate, intra Missam, post lectionem Evangelii et homiliam, conferri potest. |
5. En ce qui concerne l’article 78, le sacrement de mariage doit ordinairement prendre place pendant la messe, après la lecture de l’évangile et l’homélie. Si le mariage se célèbre sans messe, on observera ce qui suit, en attendant que l’ensemble des rites du mariage soit révisé : au début de la cérémonie, après une brève admonition [6] on lira dans la langue du peuple l’épître et l’évangile de la messe Pro sponsis ; et ensuite, on donnera toujours la bénédiction nuptiale, qui se trouve dans l’actuel rituel romain, tit. 8, chap. 3. | V) Quod ad art. 78 attinet, Matrimonii Sacramentum de more intra Missam celebretur, post lectunt Evangelium et habitam homi1iam. Quodsi Matrimonium sine Missa celebretur, quoad totus huius Sacramenti ritus instauratus trit, hæc serventur : initio sacræ huius cærimoniæ, post brevem habitam admonitionem [6], legantur lingua vernacula Epistula et Evangelium e Missa pro Sponsis deprompta ; ac deinde ea benedictio Sponsis semper impertiatur, quæ in Rituali Romano legitur tit. VIII, cap. III. |
6. Bien que l’ensemble de l’Office divin ne soit pas encore révisé et restauré conformément à l’article 89, Nous accordons dès maintenant, lorsque aura cessé la vacatio legis, à ceux qui ne sont pas tenus au chœur la possibilité d’omettre prime et de choisir parmi les autres petites heures celle qui convient le mieux au moment de la journée. En accordant cela, Nous avons confiance que la piété des ministres sacrés ne se relâchera en rien, de sorte que, s’ils exercent diligemment leur ministère sacerdotal pour l’amour de Dieu seul, on puisse estimer qu’ils sont toute la journée unis d’esprit avec lui. | VI) Quamvis divini Officii ordo nondum sit, iuxta art. 89, recognitus et instauratus, tamen iam nupc iis qui chori obligatione non astringuntur facultatem facimus, ut, cessante legis vacatione, Horam Primam omittere possint, et ex ceteris Horis minoribus illam eligere, quæ dici momento magis congruat. Quod dum concedimus, plane concedimus fore ut sacrorum administri adeo de sui animi pietate nihil remittant, ut, si sacerdotalis offιcii sui munera unius Dei amore diligenter obierint, putandi sint mente cum eo coniuncti totum diem traducere. |
7. Au sujet toujours de l’Office divin, dans des cas individuels et pour une juste cause, les Ordinaires peuvent exempter leurs sujets de l’obligation de réciter l’Office en totalité ou en partie, ou de la commuer en une autre obligation [7]. | VII) Quod ad idem Offιcium divinum pertinet, in casibus singularibus et de iusta causa, Ordinarii possunt subditos suos obligatione Officii recitandi ex toto vel ex parte solvere, aut bane cum alia commutare [7]. |
8. A propos de la récitation de l’Office divin, Nous déclarons que les membres de tout institut de perfection qui, en vertu de leurs Constitutions, récitent soit certaines parties de l’Office divin, soit un petit Office composé à la manière de l’Office divin et régulièrement approuvé, soient considérés comme priant publiquement avec l’Eglise [8]. | VIII) De eadem divini Officii recitatione declaramus, cuiusvis Instituti Sodales, religiosam perfectionem profιtentes, qui, propter suas leges, vel aliquas divini Officii partes, vel parvum aliquod Officium, instar divini Officii compositum riteque approbatum, recitent, cos publice cum Ecclesia precari putandos esse [8]. |
9. L’article 101 de la Constitution autorisant de diverses manières certains de ceux qui sont tenus de réciter l’Office divin à utiliser la langue du peuple au lieu du latin, Nous jugeons opportun de préciser que les différentes traductions populaires doivent être établies et approuvées par l’autorité ecclésiastique ayant compétence sur le territoire, en vertu de l’article 36, §3 et 4 ; mais les actes de cette autorité, en vertu du même article 36, §3, doivent être agréés, c’est-à-dire ratifiés, par le Siège apostolique. Nous ordonnons que cette prescription soit toujours observée chaque fois qu’un texte latin liturgique est traduit en langue du peuple par ladite autorité légitime. | IX) Quoniam vero ex Constit. art. 101, iis, qui divinum Officium recitare obstringuntur, aliter aliis facultas fit, pro latina, usurpandi linguam vernaculam, opportunum ducimus significare, varias huiusmodi populares interpretationes, a competente auctoritate ecclesiastica territoriali conficiendas et approbandas esse, ad normam art. 36, §§ 3 et 4 ; acta vero huius auctoritatis, ad normam eiusdem art. 36, § 3, ab Apostolica Sede esse rite probanda seu confirmanda. Quod ut semper nervetur præscribimus, quoties liturgicus quidam textus latinus a legitima, quam diximus, auctoritate in linguam vernaculam convertetur. |
10. Chaque fois qu’en vertu de cette Constitution [9], le gouvernement en matière liturgique appartient, dans les limites fixées, aux diverses assemblées territoriales d’évêques légitimement constituées, Nous ordonnons que pour le moment celles-ci devront être nationales. Font partie de droit de ces assemblées nationales et y ont droit de suffrage, outre les évêques résidentiels, ceux-là dont il est parlé au canon 292 ; mais on peut y inviter également les évêques coadjuteurs et auxiliaires. Dans ces assemblées, les deux tiers des suffrages, émis secrètement, sont requis pour porter des décrets légitimes. | X) Quandoquidem ex hac Constitutione [9] moderatio rei liturgicæ, intra statutos limites, penes est etiam competentes varii generis territoriales Episcoporum cœtus legitime constitutos, hos interim nationales, ut aiunt, esse debere decernimus. In his vero cœtibus nationalibus, præter Episcopos residentiales, ex iure ii intersunt et suffragium ferunt, de quibus in Can. 292 C.I.C. ; sed ad eosdem etiam Episcopi Coadiutores et Auxiliares vocari possunt. In quibus cœtibus, ad legitima ferenda decreta, duæ ex tribus suffragiorum secretorum partes requiruntur. |
11. Outre ce que Nous avons changé en matière liturgique par cette lettre apostolique ou que Nous avons ordonné d’appliquer avant le temps prescrit, Nous voulons en terminant que l’on prenne bien garde à ceci : la réglementation de la liturgie est du seul ressort de l’Eglise, c’est-à-dire de ce Siège apostolique et, conformément au droit, des évêques. En conséquence, il n’est permis à personne d’autre, fût-il prêtre, d’ajouter, retrancher ou changer quoi que ce soit en matière de liturgie [10]. | XI) Ad extremum, id ut animadvertatur volumus, præter ea quæ Nostris hisce Litteris Apostolicis in re liturgica vel immutavimus, vel ante statutum tempus effici mandavimus, sacræ liturgiæ moderationem penes Ecclesiæ dumtaxat auctoritatem esse : hoc est, penes Apostolicam hanc Sedem, et, ad normam iuris, penes Episcopum, atque idcirco nemini omnino alii, ne sacerdoti quidem, licere quidquam in re liturgica vel addere, vel demere, vel mutare [10]. |
Nous ordonnons que tout ce que Nous avons décrété par ce Motu proprio soit ferme et ratifié, nonobstant toutes choses contraires. | Quæcumque a Nobis hisce Litteris motu proprio datis decreta sunt ea omnia firma ac rata esse iubemus, contrariis quibuslibet non obstantibus. |
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, en la fête de la Conversion de saint Paul, le 25 janvier de l’année 1964, de Notre pontificat la première. | Datum Romæ, apud S. Petrum, die XXV mensis Ianuarii, in festo Conversionis S. Pauli Apostoli, anno MDCCCCLXIV, Pontificatus Nostri I. |
PAULUS PP. VI. | PAULUS PP. VI |
[1] * AAS 56 (1964), pp. 139-144
[2] Constitution sur la liturgie, n° 8.
[3] Hymne de laudes en la fête de la Dédicace d’une église.
[4] cf. I Cor., 4, 1
[5] cf. Const., article 19
[6] cf. Constit., article 35, §3
[7] cf. Constit., article 97
[8] cf. Constit., article 98
[9] article 22 §2
[10] cf. Constit., article 22, §1 et 3