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Matines de la semaine de la Quinquagésime (leçons et répons) : avant les cendres

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Ne sont repris ici que les leçons et répons de l’office de Matines de la semaine de la Quinquagésime. Les textes sont ceux du bréviaire d’avant la réforme de Jean XXIII (dimanche à 3 nocturnes).

On trouvera un commentaire du temps ici

Sommaire

  Dimanche de la Quinquagésime  
  Lundi  
  Mardi  

Dimanche de la Quinquagésime

In I Nocturno
1er Nocturne
Lectio i1ère leçon
De libro GénesisDu livre de la Genèse
Cap. 12, 1-6
Dixit autem Dóminus ad Abram : Egrédere de terra tua, et de cognatióne tua, et de domo patris tui, et veni in terram quam monstrábo tibi. Faciámque te in gentem magnam, et benedícam tibi, et magnificábo nomen tuum, erísque benedíctus. Benedícam benedicéntibus tibi, et maledícam maledicéntibus tibi, atque in te benedicéntur univérsæ cognatiónes terræ. Egréssus est ítaque Abram sicut præcéperat ei Dóminus, et ivit cum eo Lot. Septuagínta quinque annórum erat Abram, cum egrederétur de Haran. Tulitque Sárai uxórem suam, et Lot fílium fratris sui, universámque substántiam quam posséderant, et ánimas quas fécerant in Haran : et egréssi sunt ut irent in terram Chánaan. Cumque veníssent in eam, pertransívit Abram terram usque ad locum Sichem, usque ad convállem illústrem : Chananǽus autem tunc erat in terra.Mais le Seigneur dit à Abram : Sors de ton pays et de ta parenté et de la maison de ton père, et viens dans la terre que je te montrerai. Et je te ferai père d’une grande nation ; je te bénirai, je rendrai ton nom célèbre, et tu seras béni. Je bénirai ceux qui te béniront et maudirai ceux qui te maudiront et en toi seront bénies toutes les nations de la terre. Abram donc sortit, comme lui avait ordonné le Seigneur, et Lot alla avec lui ; or Abram avait soixante-quinze ans, lorsqu’il sortit de Haran. Ainsi il prit Saraï, sa femme, et Lot fils de son frère, tout le bien qu’ils possédaient, et les âmes [1] qu’ils avaient acquises à Haran et ils sortirent pour aller dans la terre de Chanaan. Lorsqu’ils y furent arrivés. Abram traversa le pays jusqu’au lieu de Sichem, jusqu’à la vallée illustre. Les Chananéens étaient alors dans ce pays.
R/. Locútus est Dóminus ad Abram, dicens : Egrédere de terra tua, et de cognatióne tua, et veni in terram quam monstrávero tibi : * Et fáciam te in gentem magnam.R/. Le Seigneur parla à Abram et lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté, et viens dans la terre que je te montrerai * Et je te ferai père d’une grande nation.
V/. Benedícens benedícam tibi, et magnificábo nomen tuum, erísque benedíctus.V/. Bénissant, je te bénirai, je rendrai ton nom célèbre, et tu seras béni.
R/. Et fáciam te in gentem magnam.R/. Et je te ferai père d’une grande nation.
Lectio ii Cap. 12, 7-132e leçon
Appáruit autem Dóminus Abram, et dixit ei : Sémini tuo dabo terram hanc. Qui ædificávit ibi altáre Dómino, qui apparúerat ei. Et inde transgrédiens ad montem, qui erat contra Oriéntem Bethel, teténdit ibi tabernáculum suum, ab Occidénte habens Bethel, et ab Oriénte Haï : ædificávit quoque ibi altáre Dómino, et invocávit nomen eius. Perrexítque Abram vadens, et ultra progrédiens ad merídiem. Facta est autem fames in terra : descendítque Abram in Ægyptum, ut peregrinarétur ibi : prævalúerat enim fames in terra. Cumque prope esset ut ingrederétur Ægyptum, dixit Sárai uxóri suæ : Novi quod pulchra sis múlier, et quod cum víderint te Ægyptii, dictúri sunt : Uxor ipsíus est : et interficient me, et te reservábunt. Dic ergo, óbsecro te, quod soror mea sis : ut bene sit mihi propter te, et vivat ánima mea ob grátiam tui.Or le Seigneur apparut à Abram et lui dit : C’est à ta postérité que je donnerai ce pays. Et Abram bâtit là un autel au Seigneur qui lui était apparu. Et de là passant jusqu’à la montagne qui était à l’Orient de Béthel il y dressa ses tentes, ayant Béthel à l’occident et Haï à l’orient ; il bâtit là aussi un autel au Seigneur, et il invoqua son nom. Puis Abram s’en alla, cheminant et s’avançant vers le midi. Mais il survint une famine en ce pays, et Abram descendit en Egypte pour y habiter, car la famine régnait dans le pays. Lorsqu’il était près d’entrer en Egypte, il dit à Saraï sa femme : Je sais que tu es une belle femme ; et que quand les Égyptiens te verront, ils diront : C’est sa femme ; et ils me tueront, et ils te conserveront. Dis donc, je te conjure, que tu es ma sœur [2], afin que bien m’arrive à cause de toi, et que mon âme vive grâce à toi [3].
R/. Dum staret Abraham ad ílicem Mambre, vidit tres viros ascendéntes per viam : * Tres vidit, et unum adorávit.R/. Tandis qu’Abram se tenait auprès d’un chêne [dans la vallée] de Mambré, il vit trois hommes qui venaient par le chemin * II en vit trois, et il adora un seul [4].
V/. Ecce Sara uxor tua páriet tibi fílium, et vocábis nomen eius Isaac.V/. Voici que Sara ta femme enfantera un fils, et tu l’appelleras Isaac.
R/. Tres vidit, et unum adorávit.R/. II en vit trois, et il adora un seul.
Lectio iii Cap. 12, 14-193e leçon
Cum ítaque ingréssus esset Abram Ægyptum, vidérunt Ægýptii mulíerem quod esset pulchra nimis. Et nuntiavérunt príncipes Pharaóni, et laudavérunt eam apud illum : et subláta est múlier in domum pharaónis. Abram vero bene usi sunt propter illam : fuerúntque ei oves et boves et ásini, et servi et fámulæ, et ásinæ et caméli. Flagellávit autem Dóminus pharaónem plagis máximis, et domum eius propter Sárai uxórem Abram. Vocavítque phárao Abram, et dixit ei : Quidnam est quod fecísti mihi ? quare non indicásti quod uxor tua esset ? Quam ob causam dixísti esse sorórem tuam, ut tóllerem eam mihi in uxórem ? Nunc ígitur ecce coniux tua, áccipe eam, et vade.Lors donc qu’Abram fut entré en Egypte, les Égyptiens virent que cette femme était extrêmement belle. Et les princes en informèrent Pharaon, et la vantèrent devant lui ; et elle fut enlevée pour la maison de Pharaon. Pou Abram, ils en usèrent bien à son égard, à cause d’elle ; il reçut même des brebis, de bœufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, de ânesses et des chameaux. Mais le Seigneur frappa Pharaon de très grandes plaies et sa maison, à cause de Saraï, femme d’Abram. Alors Pharaon appela Abram et lui dit : Qu’est-ce que tu m’as fait ? Que ne m’as-tu averti que c’était ta femme ? Pour quel motif as-tu dit que c’était ta sœur, afin que je la prisse pour ma femme ? Maintenant donc voilà ta femme ; prends-la et pars.
R/. Tentávit Dóminus Abraham, et dixit ad eum : * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi.R/. Dieu éprouva Abram et lui dit * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai.
V/. Vocátus quoque a Dómino, respóndit, Adsum : et ait ei Dóminus.V/. Appelé par le Seigneur, Abram répondit : Me voici et le Seigneur lui dit :
* Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi. Glória Patri. * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi. * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai. Gloire au Père. * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai.
In II Nocturno
2e Nocturne
Lectio iv4e leçon
Ex libro sancti Ambrósii Epíscopi de Abraham PatriárchaDu livre de saint Ambroise, évêque, sur le Patriarche Abraham
Liber 1, cap. 2
Magnus plane vir Abraham, et multárum virtútum clarus insígnibus, quem votis suis philosophía non pótuit æquare. Denique minus est quod illa finxit, quam quod iste gessit : maiorque ambitióso eloquéntiæ mendácio simplex veritátis fides. Itaque cuiusmodi fúerit in eo viro devotio, consideremus. Ea enim virtus ordine prima est, quæ est fundaméntum ceterárum : meritóque hanc ab eo primam exegit Deus, dicens : Exi de terra tua, et de cognatióne tua, et de domo patris tui. Satis fuerat dixísse : De terra tua. Ibi enim erat exíre de cognatióne, exíre de paterna domo.Abraham est un grand homme, en vérité, et décoré des marques insignes de nombreuses vertus. La philosophie a beau élever ses aspirations, elle ne peut égaler sa grandeur. En somme, tout ce qu’elle a jamais pu imaginer est bien inférieur à ce que lui, il a fait et la foi toute simple en la vérité vaut bien mieux que l’enflure mensongère du beau parler. Voyons donc de quelle qualité fut en cet homme la soumission à Dieu. Cette vertu vient la première en ordre d’importance, car elle est le fondement de toutes les autres et c’est à bon droit que Dieu l’a exigée tout d’abord en disant : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père. » Il suffisait de dire « pays », car cela implique le fait de quitter la parenté et la maison paternelle.
R/. Angelus Dómini vocávit Abraham, dicens : * Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham, disant : * N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
V/. Cumque extendísset manum ut immoláret fílium, ecce Angelus Dómini de cælo clamávit, dicens.V/. Comme il étendait la main pour immoler son fils, voilà que l’Ange du Seigneur cria du ciel, disant :
R/. Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
Lectio v5e leçon
Sed ídeo áddidit síngula, ut eius afféctum probaret : ne forte aut imprudenter cœpísse viderétur, aut fraus áliqua mandátis cæléstibus pararétur. Sed sicut coacervanda fuérunt præcépta, ne quid latéret : ita étiam proponenda præmia, ne forte desperáret. Tentátur ut fortis, incitátur ut fidélis, provocátur ut iustus : meritoque exívit, quemádmodum locútus est illi Dóminus. Et exívit cum eo Lot. Hoc autem, quod pro magno inter septem sapiéntum dicta celebrátur : Séquere Deum ; perfécit Abraham, factoque sapiéntum dicta prævénit, et secutus Deum exívit de terra sua.Toutefois, le Seigneur détaille son ordre pour éprouver le cœur d’Abraham ; ainsi, ce dernier ne paraîtra pas s’être engagé à la légère, ou avoir médité quelque fraude dans l’exécution des ordres célestes. Comme il convenait d’accumuler les préceptes pour que rien n’en échappe, ainsi fallait-il présenter les récompenses pour prévenir le désespoir. La tentation d’Abraham est mesurée à sa vaillance, l’ordre à sa foi, l’appel à sa justice. Et il a raison de partir comme le Seigneur le lui a enjoint. « Et Lot partit avec lui. » Voilà donc, ce précepte qu’on tient en honneur parmi les sentences des sept Sages : « suivre Dieu. » Abraham l’a observé et, par son acte, il a devancé la parole des Sages : il a suivi Dieu, il a quitté sa terre.
R/. Vocávit Angelus Dómini Abraham de cælo, secúndo, dicens : Benedícam tibi, * Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois du ciel, disant : Je te bénirai, * Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
V/. Possidébit semen tuum portas inimicórum tuórum, et benedicéntur in sémine tuo omnes tribus terræ.V/. Ta postérité possédera les portes de ses ennemis, et seront bénies en ta postérité toutes les nations de la terre.
R/. Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
Lectio vi6e leçon
Sed quia ante terra ei fuerat alia, hoc est, regio Chaldæórum, de qua exívit Thare pater Abrahæ, et in Charran demigrávit : et quia secum edúxit nepótem suum, cui dictum fúerat, Exi de cognatióne tua : consideremus, ne forte hoc sit exíre de terra sua, de huius terræ, hoc est, de córporis nostri quadam commemoratióne égredi, de qua exívit Paulus, qui dixit : Nostra autem conversátio in cælis est.Mais auparavant, Abraham avait vécu dans un autre pays, la terre des Chaldéens, d’où était parti Térah, son père, pour s’établir à Haran, et lui-même, qui avait reçu cet ordre : « Quitte ta parenté », avait emmené avec lui son neveu. Voyons donc si « quitter son pays » ne signifie pas, en quelque sorte, quitter la demeure de cette terre, c’est-à-dire, de notre corps, comme l’a fait Paul qui a dit : « Mais nous, nous sommes citoyens des cieux. » [5]
R/. Deus dómini mei Abraham, dírige viam meam : * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei.R/. O Dieu d’Abraham, mon maître, dirigez ma voie, * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.
V/. Obsecro, Dómine, fac misericórdiam cum servo tuo.V/. Je vous supplie, Seigneur, de faire miséricorde à votre serviteur.
* Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. Glória Patri. * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître. Gloire au Père. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.
In III Nocturno
3e Nocturne
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc
Cap. 18, 31-43
In illo témpore : Assúmpsit Iesus duódecim, et ait illis : Ecce ascéndimus Ierosólymam, et consummabúntur ómnia, quæ scripta sunt per Prophétas de Fílio hóminis. Et réliqua.En ce temps-là Jésus prit à part les douze, et leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem, et que s’accomplira tout ce qui a été écrit par les Prophètes touchant le Fils de l’homme. Et le reste.
Homilía sancti Gregórii PapæHomélie de saint Grégoire, pape
Homilía 2 in Evangelia
Redémptor noster, prǽvidens ex passióne sua discipulórum animos perturbándos, eis longe ante et eiúsdem passiónis pœnam, et resurrectiónis suæ glóriam prædíxit : ut cum eum moriéntem, sicut prædíctum est, cérnerent ; étiam resurrectúrum non dubitárent. Sed quia carnáles adhuc discípuli nullo modo valébant cápere verba mystérii, venítur ad miráculum. Ante eórum óculos cæcus lumen recépit : ut qui cæléstis mystérii verba non cáperent, eos ad fidem cæléstia facta solidarent.Notre Rédempteur, prévoyant que sa Passion jetterait le trouble dans l’âme de ses apôtres, leur prédit bien à l’avance, et les souffrances de cette Passion, et la gloire de sa Résurrection. Ainsi, en le voyant mourir comme il le leur avait annoncé, ils ne douteraient pas qu’il dût également ressusciter. Mais parce que ses disciples encore charnels ne pouvaient rien comprendre au mystère dont il leur parlait, il eut recours à un miracle. Sous leurs yeux, un aveugle s’ouvre à la lumière, en sorte qu’une action céleste affermisse dans la foi ceux qui ne comprenaient pas les paroles du mystère céleste.
R/. Veni hódie ad fontem aquæ, et orávi Dóminum, dicens : * Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Je suis venu aujourd’hui près de la source d’eau, et j’ai prié le Seigneur en disant : * Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
V/. Igitur puélla, cui dixero, Da mihi aquam de hýdria tua, ut bibam : et illa díxerit, Bibe, dómine, et camélis tuis potum tríbuam : ipsa est, quam præparávit Dóminus fílio dómini mei.V/. La jeune fille donc à qui je dirai : Donne-moi de l’eau de ta cruche, pour que je boive, et qui me dira : Buvez, seigneur, et je puiserai de l’eau pour vos chameaux ; c’est celle-là que le Seigneur a préparée au fils de mon maître.
R/. Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
Lectio viii8e leçon
Sed miracula Dómini et Salvatóris nostri sic accipiénda sunt, fratres caríssimi, ut et in veritáte credántur facta, et tamen per significatiónem nobis áliquid innuant. Opera quippe eius et per poténtiam áliud osténdunt, et per mystérium áliud loquúntur. Ecce enim, quis iuxta historiam cæcus iste fúerit, ignorámus : sed tamen quid per mystérium signíficet, nóvimus. Cæcum quippe est genus humánum, quod in parénte primo a paradísi gaudiis expúlsum, claritátem supérnæ lucis ignorans, damnatiónis suæ ténebras pátitur. Sed tamen per Redemptóris sui præséntiam illuminátur : ut intérnæ lucis gaudia iam per desidérium videat, atque in via vitæ boni óperis gressus ponat.Or il faut, frères très chers, reconnaître dans les miracles du Seigneur, notre Sauveur, des faits dont on doit croire qu’ils se sont véritablement accomplis, mais qui cependant, en tant que signes, nous instruisent de quelque chose. Car tout en témoignant par leur puissance de certaines vérités, les œuvres du Seigneur nous en affirment d’autres par leur mystère. Remarquez-le en effet, à nous en tenir au sens littéral, nous ignorons qui fut l’aveugle dont parle notre évangile, mais nous savons pourtant qui il symbolise dans l’ordre du mystère. L’aveugle, c’est le genre humain : exclu des joies du paradis en la personne de son premier père, privé des clartés de la lumière d’en haut, il subit les ténèbres de sa condamnation ; mais retrouvant la lumière grâce à la présence de son Rédempteur, il en vient à apercevoir, en les désirant, les joies de la lumière intérieure, et il pose le pas de ses bonnes œuvres sur le chemin de la vie.
R/. Factus est sermo Dómini ad Abram, dicens : * Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. La parole du Seigneur se fit entendre à Abram, disant : * Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
V/. Ego enim sum Dóminus Deus tuus, qui edúxi te de Ur Chaldæórum.V/. Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens.
R/. Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
Lectio ix9e leçon
Notándum vero est, quod cum Iesus Iericho appropinquáre dícitur, cæcus illuminátur. Iericho quippe luna interpretátur : luna autem in sacro eloquio pro deféctu carnis pónitur : quia dum menstruis moméntis decréscit, deféctum nostræ mortalitátis designat. Dum ígitur Cónditor noster appropínquat Iéricho, cæcus ad lumen redit : quia dum divínitas deféctum nostræ carnis suscépit, humánum genus lumen, quod amíserat, recépit. Unde enim Deus humána pátitur, inde homo ad divina sublevátur. Qui vidélicet cæcus recte et iuxta viam sedére, et mendícans esse descríbitur. Ipsa enim Véritas dicit : Ego sum via.Il faut remarquer que c’est au moment où, selon le récit, Jésus approche de Jéricho que l’aveugle retrouve la lumière. Jéricho signifie « lune », et la lune, dans l’Ecriture Sainte, marque la faiblesse de la chair, car elle connaît en chacun de ses cycles mensuels un déclin, qui symbolise notre faiblesse de mortels. Ainsi, c’est lorsque notre Créateur approche de Jéricho que l’aveugle revient à la lumière, puisque c’est quand Dieu a assumé la faiblesse de notre chair que le genre humain a recouvré la lumière qu’il avait perdue. C’est parce que Dieu subit la condition humaine que l’homme est élevé à la condition divine. C’est avec raison que cet aveugle nous est représenté à la fois assis au bord du chemin et en train de mendier, car la Vérité en personne a dit : « Je suis le Chemin. » [6].
R/. Cæcus sedébat secus viam, transeúnte Dómino, et clamávit ad eum : et ait illi Dóminus : * Quid vis ut fáciam tibi ? * Dómine, ut vídeam lumen.R/. Un aveugle était assis le long du chemin, tandis que le Seigneur passait ; et il cria vers lui, et le Seigneur lui dit : * Que veux-tu que je te fasse ? * Seigneur, que je voie la lumière.
V/. Stans autem Iesus, iussit illum duci ad se, et cum appropinquásset, interrogávit eum, dicens.V/. Or Jésus, s’arrêtant, ordonna qu’on le lui amenât, et il l’interrogea, disant :
* Quid vis ut fáciam tibi ? Glória Patri. * Dómine, ut vídeam lumen. * Que veux-tu que je te fasse ? Gloire au Père. * Seigneur, que je voie la lumière.

Lundi

Lectio i1ère leçon
De libro Génesis
Cap. 13, 1-6
Ascéndit ergo Abram de Ægypto, ipse et uxor eius, et ómnia quæ habébat, et Lot cum eo ad austrálem plagam. Erat autem dives valde in possessióne auri et argénti. Reversúsque est per iter, quo vénerat, a Merídie in Bethel usque ad locum ubi prius fíxerat tabernáculum inter Bethel et Haï : in loco altáris quod fécerat prius, et invocávit ibi nomen Dómini. Sed et Lot qui erat cum Abram, fuérunt greges óvium, et arménta, et tabernácula. Nec póterat eos cápere terra, ut habitárent simul : erat quippe substántia eórum multa, et nequíbant habitáre commúniter.Abram monta donc de l’Egypte, lui, sa femme et tout ce qu’il avait, et Lot avec lui, vers la région australe. Or Abram était très riche en possession d’or et d’argent. Il s’en retourna par le même chemin qu’il était venu, du midi à Béthel, jusqu’au lieu où auparavant il avait planté sa tente entre Béthel et Haï ; au lieu où il avait fait d’abord un autel, et il invoqua là le nom du Seigneur. Mais Lot, qui était avec Abram, avait aussi des troupeaux de brebis et de gros bétail, et des tentes. Et ce pays ne leur permettait pas de demeurer ensemble ; car leurs biens étaient nombreux, et ils ne pouvaient habiter en commun.
R/. Movens Abram tabernáculum suum, venit et habitávit iuxta convállem Mambre : * Ædificavítque ibi altáre Dómino.R/. Levant sa tente, Abram vint et habita près de la vallée de Mambré, * Et il bâtit là un autel au Seigneur.
V/. Dixit autem Dóminus ad eum : Leva óculos tuos, et vide : omnem terram, quam cónspicis tibi dabo, et sémini tuo in sempitérnum.V/. Or le Seigneur lui dit : Lève les yeux et vois ; tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours.
R/. Ædificavítque ibi altáre Dómino.R/. Et il bâtit là un autel au Seigneur.
Lectio ii Cap. 13, 7-112e leçon
Unde et facta est rixa inter pastóres gregum Abram et Lot. Eo autem témpore Chananǽus et Pherezǽus habitábant in terra illa. Dixit ergo Abram ad Lot : Ne, quæso, sit iúrgium inter me et te, et inter pastóres meos et pastóres tuos : fratres enim sumus. Ecce univérsa terra coram te est : recéde a me, óbsecro : si ad sinístram íeris, ego déxteram tenébo ; si tu déxteram elégeris, ego ad sinístram pergam. Elevátis ítaque Lot óculis, vidit omnem circa regiónem Iordánis, quæ univérsa irrigabátur, ántequam subvérteret Dóminus Sódomam et Gomórrham, sicut paradísus Dómini, et sicut Ægyptus veniéntibus in Segor. Elegítque sibi Lot regiónem circa Iordánem, et recéssit ab Oriénte.De là il s’éleva une querelle entre les pasteurs des troupeaux d’Abram et de Lot. Or en ce temps-là, les Chananéens et les Phéréséens habitaient en ce pays. Abram dit donc à Lot : Je te prie, qu’il n’y ait pas de débat entre moi et toi, ni entre tes pasteurs et mes pasteurs ; car nous sommes frères. Voici que tout le pays est devant toi : sépare-toi de moi, je te conjure ; si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu choisis la droite, je prendrai la gauche. C’est pourquoi Lot, les yeux levés, vit toute la contrée qui s’étendait le long du Jourdain, et qui, avant que le Seigneur eût détruit Sodome et Gomorrhe, était toute arrosée, comme le paradis du Seigneur, et comme l’Egypte, en venant vers Ségor. Lot choisit pour lui les environs du Jourdain, et s’éloigna de l’orient.
R/. Crédidit Abram Deo, et reputátum est ei ad iustítiam : * Et ídeo amícus Dei factus est.R/. Abram crut à Dieu et ce lui fut imputé à justice * Et c’est pourquoi il devint l’ami de Dieu.
V/. Fuit autem iustus coram Dómino, et ambulávit in viis eius.V/. Abram fut juste devant le Seigneur, et il marcha dans ses voies.
R/. Et ídeo amícus Dei factus est.R/. Et c’est pourquoi il devint l’ami de Dieu.
Lectio iii Cap. 13, 11-163e leçon
Divisíque sunt altérutrum a fratre suo. Abram habitávit in terra Chánaan : Lot vero morátus est in oppidis, quæ erant circa Iordánem, et habitávit in Sódomis. Hómines autem Sodomítæ péssimi erant, et peccatóres coram Dómino nimis. Dixítque Dóminus ad Abram, postquam divísus est ab eo Lot : Leva óculos tuos, et vide a loco, in quo nunc es, ad Aquilónem et Merídiem, ad Oriéntem et Occidéntem. Omnem terram, quam cónspicis, tibi dabo, et sémini tuo usque in sempitérnum. Faciámque semen tuum sicut púlverem terræ. C’est ainsi qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. Abram habita dans la terre de Chanaan, et Lot demeura dans les villes qui étaient aux environs du Jourdain, et il habita dans Sodome. Or les habitants de Sodome étaient très méchants, et très grands pécheurs devant le Seigneur. Et le Seigneur dit à Abram, après que Lot fut séparé de lui : Lève les yeux et regarde du lieu où tu es maintenant, vers l’aquilon et le midi, vers l’orient et l’occident. Tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours. Je ferai ta postérité comme la poussière de la terre.
R/. Tentávit Dóminus Abraham, et dixit ad eum : * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem dixero tibi.R/. Le Seigneur éprouva Abraham et lui dit : * Prends ton fils Isaac que tu chéris, et offre-le en holocauste sur une des montagnes que je t’indiquerai.
V/. Vocátus quoque a Dómino, respóndit, Adsum : et ait ei Dóminus.V/. Appelé par le Seigneur, il répondit : Me voici ; et le Seigneur lui dit.
* Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem dixero tibi. Glória Patri. * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem dixero tibi.* Prends ton fils Isaac que tu chéris, et offre-le en holocauste sur une des montagnes que je t’indiquerai. Gloire au Père. * Prends ton fils Isaac que tu chéris, et offre-le en holocauste sur une des montagnes que je t’indiquerai.

Mardi

Lectio i1ère leçon
De libro Génesis
Cap. 14, 8-12
Et egressi sunt rex Sodomórum, et rex Gomórrhæ, rexque Adamæ, et rex Séboim, necnon et rex Balæ, quæ est Segor : et direxérunt áciem contra eos in valle Silvestri : scílicet advérsus Chodorláhomor regem Elamitárum, et Thadal regem Géntium, et Amraphel regem Sénnaar, et Arioch regem Ponti : quátuor reges advérsus quinque. Vallis autem Silvéstris habébat púteos multos bitúminis. Itaque rex Sodomórum, et Gomórrhæ, terga vertérunt, ceciderúntque ibi : et qui remánserant, fugérunt ad montem. Tulérunt autem omnem substántiam Sodomórum et Gomórrhæ, et univérsa quæ ad cibum pértinent, et abiérunt : necnon et Lot et substántiam eius, fílium fratris Abram, qui habitábat in Sódomis.Alors partirent le roi de Sodome, le roi de Gomorrhe, le roi d’Adama, le roi de Séboïm, et le roi de Bala, la même que Ségor et ils rangèrent leur armée en bataille contre eux, dans la vallée des Bois ; c’est-à-dire contre Chodorlahomor, roi des Elamites, Thadal, roi des Nations, Amraphel, roi de Sennaar, et Arioch, roi de Pont quatre rois contre cinq. Or la vallée des Bois avait beaucoup de puits de bitume. Aussi les rois de Sodome et de Gomorrhe, ayant pris la fuite, y tombèrent, et ceux qui étaient restés s’enfuirent sur la montagne. Et ils enlevèrent toutes les richesses de Sodome et de Gomorrhe et tous les vivres, et ils s’en allèrent. Ils enlevèrent aussi avec toutes ses richesses Lot, fils du frère d’Abram, qui habitait à Sodome.
R/. Angelus Dómini vocávit Abraham, dicens : * Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham, disant : * N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
V/. Cumque extendísset manum ut immoláret fílium, ecce Angelus Dómini de cælo clamávit, dicens.V/. Comme il étendait la main pour immoler son fils, voilà que l’Ange du Seigneur cria du ciel, disant :
R/. Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
Lectio ii Cap. 14, 13-16 2e leçon
Et ecce unus qui eváserat, nuntiávit Abram Hebrǽo, qui habitábat in conválle Mambre Amorrhǽi, fratres Eschol, et fratris Aner : hi enim pepígerant fœdus cum Abram. Quod cum audísset Abram, captum vidélicet Lot fratrem suum, numerávit expedítos vernáculos suos trecentos decem et octo : et persecútus est usque Dan. Et divísis sóciis, írruit super eos nocte ; percussítque eos, et persecútus est eos usque Hoba, quæ est ad lævam Damásci. Reduxítque omnem substántiam, et Lot fratrem suum cum substántia illíus, mulíeres quoque et pópulum.Et voilà qu’un homme qui s’était sauvé annonça cette nouvelle à Abram, qui habitait dans la vallée de Mambré l’Amorrhéen, frère d’Escol, et frère d’Aner ; car ceux-ci avaient fait alliance avec Abram. Quand Abram eut entendu cela, c’est-à-dire que Lot son frère était captif, il prit les plus agiles de ses serviteurs, nés dans sa maison, au nombre de trois cent dix-huit, et poursuivit les ennemis jusqu’à Dan. Puis, les alliés divisés, il fondit sur eux pendant la nuit, les battit et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à la gauche de Damas. Il reprit toutes les richesses, et Lot son frère avec ses richesses, de même que les femmes et le peuple.
R/. Vocávit Angelus Dómini Abraham de cælo, secúndo, dicens : Benedícam tibi, * Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois du ciel, disant : Je te bénirai, * Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
V/. Possidébit semen tuum portas inimicórum tuórum, et benedicéntur in sémine tuo omnes tribus terræ.V/. Ta postérité possédera les portes de ses ennemis, et seront bénies en ta postérité toutes les nations de la terre.
R/. Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
Lectio iii Cap. 14, 17-20 3e leçon
Egréssus est autem rex Sodomórum in occúrsum eius, postquam revérsus est a cæde Chodorláhomor, et regum qui cum eo erant in valle Save, quæ est vallis regis. At vero Melchísedech, rex Salem, proferens panem et vinum, erat enim sacérdos Dei altíssimi, benedíxit ei, et ait : Benedíctus Abram Deo excélso, qui creávit cælum et terram : et benedíctus Deus excélsus, quo protegénte, hostes in mánibus tuis sunt. Et dedit ei décimas ex ómnibus. Mais le roi de Sodome sortit au-devant de lui, lorsqu’il revenait après la défaite de Chodorlahomor, et des rois qui étaient avec lui dans la vallée de Save, qui est la vallée du roi. Mais Melchisédech, roi de Salem, offrant du pain et du vin, car il était prêtre du Dieu très-haut, le bénit, et dit : Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a créé le ciel et la terre ; et béni le Dieu très-haut, qui, te protégeant, les ennemis ont été livrés entre tes mains ! Et Abram lui donna la dîme de tout [7].
R/. Deus dómini mei Abraham, dírige viam meam : * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei.R/. O Dieu d’Abraham, mon maître, dirigez ma voie, * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.
V/. Obsecro, Dómine, fac misericórdiam cum servo tuo.V/. Je vous supplie, Seigneur, de faire miséricorde à votre serviteur.
* Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. Glória Patri. * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître. Gloire au Père. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.
Matines de la semaine de la Quinquagésime après les Cendres (Carême)

[1] Les âmes, pour les personnes, les individus.

[2] Sara était véritablement sœur d’Abraham, étant fille du même père. D’ailleurs le mot hébreu traduit par sœur, signifie également proche parente.

[3] C’est-à-dire, que je puisse ainsi sauver ma vie.

[4] « Dans les trois Anges, Abraham reconnaît le Seigneur. Nos Pères adoraient le Seigneur dans ses Anges, l’habitant divin dans sa demeure. » (Saint Augustin).

[5] Phil. 3, 20

[6] Jn 14, 6

[7] « Melchisédech offrit en sacrifice à Dieu du pain et du vin, pour le remercier de la victoire accordée à Abraham ; ce sacrifice, qu’il avait coutume d’offrir, était une image de l’Eucharistie. » (Corn. a Lap.). « Abraham, devenu plus humble par le triomphe, s’unit au sacrifice et donna la dîme de tout. Son exemple nous enseigne que le vainqueur ne doit pas s’attribuer la victoire, mais en rapporter l’honneur à Dieu. » (Saint Ambroise).