Nota bene : A l’époque de Dom Guéranger, la fête du Saint Nom de Jésus était fixée au 2nd Dimanche après l’Épiphanie, c’est la réforme de St Pie X qui fixa cette fête au dimanche qui tombe entre le 2 et le 5 janvier, où celui-ci manquant au 2 janvier ; c’est pourquoi Dom Guéranger ne commente que brièvement la messe du 2nd Dimanche après l’Épiphanie
Le troisième Mystère de l’Épiphanie nous montre la consommation des plans de la divine miséricorde sur le monde, en même temps qu’il nous manifeste une troisième fois la gloire de l’Emmanuel. L’Etoile a conduit l’âme à la foi, l’Eau sanctifiée du Jourdain lui a conféré la pureté, le Festin Nuptial l’unit à son Dieu. Nous avons chanté l’Époux sortant radieux au-devant de l’Épouse ; nous l’avons entendu l’appeler des sommets du Liban ; maintenant qu’il l’a éclairée et purifiée, il veut l’enivrer du vin de son amour.
Un festin est préparé, un festin nuptial ; la Mère de Jésus y assiste ; car, après avoir coopéré au mystère de l’Incarnation du Verbe, il convient qu’elle soit associée à toutes les œuvres de son Fils, à toutes les faveurs qu’il prodigue à ses élus. Mais, au milieu de ce festin, le vin vient à manquer. Jusqu’alors la Gentilité n’avait point connu le doux vin de la Charité ; la Synagogue n’avait produit que des raisins sauvages. Le Christ est la vraie Vigne, comme il le dit lui-même. Lui seul pouvait donner ce vin qui réjouit le cœur de l’homme [1], et nous présenter à boire de ce calice enivrant qu’avait chanté David. [2].
Marie dit au Sauveur : « Ils n’ont point de vin. » C’est à la Mère de Dieu de lui représenter les besoins des hommes, dont elle est aussi la mère. Cependant, Jésus lui répond avec une apparente sécheresse : « Femme, qu’importe à moi et à vous ? Mon heure n’est pas encore venue. » C’est que, dans ce grand Mystère, il allait agir, non plus comme Fils de Marie, mais comme Fils de Dieu. Plus tard, à une heure qui doit venir, il apparaîtra aux yeux de cette même Mère, expirant sur la croix, selon cette humanité qu’il avait reçue d’elle. Marie a compris tout d’abord l’intention divine de son Fils, et elle profère ces paroles qu’elle répète sans cesse à tous ses enfants : Faites ce qu’il vous dira.
Or, il y avait là six grands vases de pierre, et ils étaient vides. Le monde, en effet, était parvenu à son sixième âge, comme l’enseignent saint Augustin et les autres docteurs après lui. Durant ces six âges, la terre attendait son Sauveur, qui devait l’instruire et la sauver. Jésus commande de remplir d’eau ces vases ; mais l’eau ne convient pas pour le festin de l’Epoux. Les figures, les prophéties de l’ancien monde étaient cette eau ; et nul homme, jusqu’à l’ouverture du septième âge, où le Christ, qui est la Vigne, devait se communiquer, n’avait contracté l’alliance avec le Verbe divin.
Mais lorsque l’Emmanuel est venu, il n’a qu’une parole à dire : « Puisez maintenant. » Le vin de la nouvelle Alliance, ce vin qui avait été réservé pour la fin, remplit seul maintenant les vases. En prenant notre nature humaine, nature faible comme l’eau, il en a ménagé la transformation ; il l’a élevée jusqu’à lui, nous rendant participants de la nature divine [3] ; il nous a rendus capables de contracter l’union avec lui, de former ce seul corps dont il est le Chef, cette Église dont il est l’Époux, et qu’il aimait de toute éternité d’un si ardent amour, qu’il est descendu du ciel pour célébrer ces noces avec elle.
O sort admirable que le nôtre ! Dieu a daigné, comme dit l’Apôtre, montrer les richesses de sa gloire sur des vases de miséricorde » [4]. Les urnes de Cana, figures de nos âmes, étaient insensibles, et nullement destinées à tant d’honneur. Jésus ordonne à ses ministres d’y verser l’eau ; et déjà, par cette eau, il les purifie ; mais il pense n’avoir rien fait encore tant qu’il ne les a pas remplies jusqu’au haut de ce vin céleste et nouveau, qui ne devait se boire qu’au royaume de son Père. Ainsi la divine charité, qui réside dans le Sacrement d’amour, nous est-elle communiquée ; et pour ne pas déroger à sa gloire, l’Emmanuel, qui veut épouser nos âmes, les élève jusqu’à lui. Préparons-les donc pour cette union ; et, selon le conseil de l’Apôtre, rendons-les semblables à cette Vierge pure qui est destinée à un Époux sans tache [5].
Saint Matthieu, Évangéliste de l’humanité du Sauveur, a reçu de l’Esprit-Saint la charge de nous annoncer le mystère de la foi par l’Etoile ; saint Luc, Évangéliste du Sacerdoce, a été choisi pour nous instruire du mystère delà Purification par les Eaux ; il appartenait au Disciple bien-aimé de nous révéler le mystère des Noces divines. C’est pourquoi, suggérant à la sainte Église l’intention de ce troisième mystère, il se sert de cette expression : Ce fut le premier des miracles de Jésus, et il y MANIFESTA sa gloire. A Bethlehem, l’Or et l’Encens des Mages prophétisèrent la divinité et la royauté cachées de l’Enfant ; sur le Jourdain, la descente de l’Esprit-Saint, la voix du Père, proclamèrent Fils de Dieu l’artisan de Nazareth ; à Cana, Jésus agit lui-même et il agit en Dieu : « car, dit saint Augustin, Celui qui transforma l’eau en vin dans les vases ne pouvait être que Celui-là même qui, chaque année, opère un prodige semblable dans la vigne. » Aussi, de ce moment, comme le remarque saint Jean, « ses Disciples crurent en lui », et le collège apostolique commença à se former.
Selon l’usage romain primitif, conservé dans les antiques lectionnaires, les dimanches qui suivent, jusqu’au Carême, se comptaient depuis Noël ou la Théophanie, et le capitulaire de Würzbourg en énumère jusqu’à dix. Cela veut dire que cette série dominicale ne connaissait pas encore les trois dimanches de préparation au Carême institués vraisemblablement par saint Gregoire le Grand.
Tandis que les simples dimanches de l’année ne sont point favorisés d’une solennité stationnale, celui-ci, par exception, en comportait une, et cette station était fixée primitivement à la basilique de Saint-Eusèbe, près du cimetière de la voie Merulana, là où Eusèbe était mort misérablement pour la confession de la foi de Nicée, au temps de Constance. Le dominicum Eusebii est déjà mentionné dans une épigraphe du ive siècle, aussi est-il probable que la transformation de la maison en Titre suivit immédiatement la mort du martyr, au temps du pape Libère.
Nous ignorons les motifs qui déterminèrent le choix de la station pour ce jour. Cependant, quelques sources indiquant la station à Saint-Eusèbe, au lieu de ce dimanche, le 22 janvier jour où l’on célèbre le Natale du martyr Vincent de Saragosse, le Bienheureux Tommasi a supposé que ce choix était inspiré par l’homonymie existant entre le diacre espagnol et un autre martyr Vincent, diacre de Sixte II, qui reposait précisément dans la basilique de Saint-Eusèbe. D’autres seraient plutôt enclins à reconnaître en cette station le dernier souvenir d’aine antique commémoration des défunts, célébrée au cimetière de l’Esquilin, rite qui a laissé ça et là diverses traces dans les liturgies. Peut-être la raison est-elle beaucoup plus simple.
Généralement, les dimanches de l’année n’avaient aucune station fixe. Cependant comme il y avait, après l’Épiphanie, deux ou trois jours de fête, avec une station au titre de Pammachius et une autre au titre d’Eusèbe, quand ces processions en des jours ouvrables tombèrent en désuétude, pour ne pas les ensevelir dans l’oubli, elles furent renvoyées au dimanche.
L’introït tire son antienne du psaume 65, qui invite toute la terre à adorer le Seigneur, et à chanter des psaumes à son nom.
La collecte supplie celui qui dirige le cours des cieux et de la terre, d’accueillir les prières de son peuple et de lui accorder des jours tranquilles.
Après la collecte vient la lecture de la lettre aux Romains (XII, 6-16) et l’on y apprend comment l’on doit user des divers charismes du Saint-Esprit pour l’édification commune. La distribution différente de ces grâces doit nous inspirer le plus grand respect pour la vocation d’autrui, sans prétendre à ce que notre spiritualité individuelle détermine les conditions de la vie surnaturelle de l’Esprit Saint dans l’âme des autres. Chacun a sa propre place et son propre don, mais l’un et l’autre sont ordonnés à l’avantage commun, qui est d’édifier le corps mystique du Christ.
Le graduel provient du psaume 106. Le Seigneur a envoyé son Verbe pour guérir le monde, c’est pourquoi un cantique de gratitude s’échappe de tous les cœurs.
Dans le verset alléluiatique — qui était probablement à l’origine une simple acclamation suivant la lecture de l’Évangile — les anges et les vertus sont invités à louer Dieu (Ps. 148). Dans la liste des évangiles de Würzbourg, la lecture du miracle de Cana se trouve déjà assignée à la messe de ce jour ; mais rien n’empêche de penser que les trois passages évangéliques de l’adoration des Mages, du baptême et du changement de l’eau en vin, qui aujourd’hui se lisent le jour de l’Épiphanie, le jour de l’Octave et le dimanche suivant, représentent justement les lectures du triduum stationnal primitif, que comportait à Rome la fête de la Théophanie, quand on n’en célébrait pas encore l’octave.
Toute la scène décrite dans l’Évangile de ce jour, outre le premier miracle de Jésus, cache une signification profonde, que l’esprit humain peut difficilement pénétrer. Pour les dévots de la Vierge Marie, combien il est suave et réconfortant de savoir que Jésus, grâce à elle, devance l’heure de sa manifestation au monde ! Quid mihi et tibi est mulier ? nondum venit hora mea. Quelque explication que l’on veuille donner à ces paroles, par lesquelles le Sauveur oppose sa transcendance divine à la vérité de sa nature humaine qui le rendait fils respectueux de sa Mère, il est certain qu’il faut les entendre dans un sens affirmatif de grâce, comme les entendit précisément la très sainte Vierge. Nondum venit hora mea. Mais en réalité Jésus devança-t-il à cette occasion son heure, et altéra-t-il le plan merveilleux de sa manifestation aux hommes ? Il nous semble que le sens de la demande de Marie était beaucoup plus complexe qu’il ne paraît à première vue. Elle demandait du vin, non pas exclusivement celui qu’il fallait pour le repas des noces, mais cet autre aussi, dont le breuvage miraculeux de Cana était le symbole : la divine Eucharistie. Ce symbole devait précéder de trois ans au moins sa réalisation, en sorte que Jésus, accueillant pleinement la prière de sa Mère bénie, convertit l’eau en vin, et, pour ce qui est de l’Eucharistie, il annonça que l’heure de son institution n’avait pas encore sonné.
L’offertoire de ce jour est lui aussi un iubilus tiré du psaume 65. Le prophète invite l’univers à louer Dieu et veut que tous les hommes connaissent les bienfaits qu’il en a reçus.
Dans la collecte sur les oblations nous prions Dieu de les sanctifier et de nous purifier des taches du péché.
L’antienne de la Communion, avec le miraculeux changement de l’eau en vin et l’admiration du chef du banquet, nous donne dans sa plénitude le sens du prodige, en le rapprochant de la sainte Eucharistie. Le Seigneur a réservé bonum vinum usque adhuc, parce que, en ce dernier âge du monde seulement, qui est l’époque messianique comme le dit saint Jean, il a accordé aux hommes le bon vin de son sang au saint Sacrement ; de plus, la douceur du saint amour de Dieu est un breuvage enivrant, qu’H réserve seulement pour la fin à ses fidèles serviteurs.
Dans l’Eucharistia après les divins Mystères, nous supplions Dieu de rendre sans cesse en nous sa grâce plus efficace, afin que, restaurés par son Sacrement, nous puissions aussi nous disposer à obtenir ce qu’ils nous engagent à espérer.
Le bilan du monde est vite fait : Vinum non habent. De plus : omnis homo, c’est-à-dire l’esprit mondain, a l’habitude d’offrir à ses victimes le bon vin au commencement de ses orgies ; aussi, quand la passion aura pris le dessus, et que l’âme sera comme enivrée par les vanités clé la chair, cum inebriati fuerint, id quod deterius est, alors on présente le mauvais vin, c’est-à-dire la lie amère de ce calice dont parle le psalmiste : bibent omnes peccatores terrae.
Le Roi invite au festin nuptial.
Dans le premier miracle de Notre Seigneur, aux noces de Cana, l’Église veut mettre encore en lumière devant le monde son « Épiphanie ». « Il manifesta sa gloire », lit-on à la fin du récit, c’est-à-dire il manifesta sa divinité, par son miracle. Cet Évangile est plein d’édification. Quelle charmante image du Sauveur il nous présente ! Le Christ est ami de la joie, il prend part aux fêtes de famille et les sanctifie ; son premier miracle est fait pendant les noces. Et dans Marie nous voyons la plus noble image de la femme et de la mère, partout secourable, prévoyante, serviable, modeste, ne montrant pas de susceptibilité quand on n’accorde pas ce qu’elle demande ; ce que dit saint Paul dans son beau cantique de la charité s’applique parfaitement à elle : la charité est patiente, bienveillante, ne connaît pas l’aigreur. Marie par son intercession a obtenu le premier miracle. L’Évangile contient encore de profondes pensées mystiques. Nous nous rappelons la merveilleuse antienne de Benedictus le jour de l’Épiphanie : « Aujourd’hui l’Église est unie au céleste Époux... » Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, nous rencontrons fréquemment l’image des noces et de l’Épouse. Le Christ est l’Époux et l’Église est l’Épouse. Chaque messe est comme une noce, la table nuptiale y est dressée.
1. Les noces de Cana et nous. — Maintenant qu’après le temps de fêtes les passages évangéliques reprennent, dans la liturgie, une plus grande importance, demandons-nous quelle est l’intention de l’Église, en nous présentant un épisode de la vie de Notre Seigneur, par exemple : aujourd’hui le miracle des noces Cana. Le miracle est un événement historique et l’Église cherche certainement à nous édifier par les actions de Notre Seigneur et de la Sainte Vierge. Cependant ce n’est pas là son but principal. L’Église raconte le passé mais elle pense au présent. Elle veut nous dire : ce qui s’est passé, il y a 1900 ans, s’accomplit encore mystiquement en nous et particulièrement, actuellement, à la messe. Le Christ ne se contente pas d’avoir changé, il y a 1900 ans, de l’eau en vin, il veut faire aujourd’hui quelque chose de semblable et d’une réalité plus élevée. Nous pouvons même aller plus loin. Le miracle que Notre Seigneur fit alors, il le fit moins pour le miracle lui-même qu’en considération de l’avenir. Tous les miracles de Jésus, toute sa vie, ne sont qu’une image de son action dans son Église, car le but de toutes ses œuvres terrestres était le salut des hommes. Nous pouvons donc dire que le premier miracle du Christ, à Cana, est un symbole de ce que le Christ accomplit dans son Église, de ce qu’il veut accomplir aujourd’hui, à la messe. Nous comprenons maintenant quelle importance a pour nous la vie du Christ. Nous apprenons par là ce que le Christ veut faire parmi nous. Les circonstances historiques nous apprennent quelle attitude nous devons avoir devant cette action du Christ. Il s’ensuit que nous devons vivre cet épisode évangélique et, pour ainsi dire, jouer notre rôle dans cette scène. Représentons-nous comme les hôtes ou même l’époux ou l’épouse. Le Christ et sa Mère sont au milieu de nous. Cela n’est que fiction dira-t-on ; mais il y a une réalité, c’est le don de la grâce, c’est le salut qui nous est accordé aujourd’hui.
Demandons-nous maintenant comment s’y prend la liturgie pour nous conduire aux noces de Cana ? Elle emploie un double moyen. a) Elle nous fait célébrer, à la messe, les noces de Cana d’une manière vivante ; b) dans la Prière des Heures, elle fait revivre ces noces pendant toute la journée. a) Où est-il question à la messe des noces de Cana ? En deux endroits : à l’Évangile et à la Communion. Que signifie cela ? Par l’annonce liturgique de l’Évangile, l’Église ne se contente pas de nous raconter un événement de la vie du Christ, mais elle met symboliquement le Christ et cet événement devant nous. Car ce n’est pas en vain que l’Église entoure la lecture de l’Évangile des plus grandes marques d’honneur qui ne peuvent s’adresser qu’au Christ regardé comme présent (les cierges, l’encens, le baiser, l’attitude debout, les signes de croix, l’ambon). Ainsi donc, dans l’Évangile, l’Église nous représente aujourd’hui le premier miracle. Ce miracle se reproduit d’une manière plus élevée encore dans l’Eucharistie. D’où vient que l’Église fait chanter, pendant le banquet eucharistique, quelques phrases de l’Évangile (et autrefois, quand le chant de la Communion avait toute son étendue, elle les faisait répéter sans cesse, peut-être jusqu’à dix fois) ? Pourquoi cela au moment le plus sacré, quand Notre Seigneur s’unit à notre âme et devient un avec elle ? N’y a-t-il pas là une déviation ? Non, l’Église dit : Voyez, c’est maintenant la vérité, le Seigneur a gardé jusqu’à maintenant le meilleur vin de l’Eucharistie, le miracle se réalise d’une manière plus haute au Saint-Sacrifice et dans la Communion.
b) Dans la prière des Heures aussi, la liturgie nous fait revivre les noces de Cana. La prière des Heures doit sanctifier chaque jour, l’accompagner de ses bénédictions, mais elle doit aussi développer les idées et les sentiments du jour. Le jour commence avec le lever du soleil et se termine avec son coucher. Ces deux moments sont pour la liturgie les plus saints. Car dans le soleil elle voit le symbole du Christ, le divin Soleil de justice, qui se lève pour nous le matin et se couche le soir. Ces deux moments sont comme les foyers d’une ellipse où se concentrent tous les rayons, c’est là que l’Église rassemble ses pensées les plus sublimes du jour. C’est alors qu’elle célèbre ses deux Heures solennelles : Laudes (la prière du matin) et. Vêpres (la prière du soir). Dans chacune de ces Heures, il y a un point culminant : le Benedictus (le salut au Soleil qui se lève sur les hauteurs) et le Magnificat (l’action de grâces pour la Rédemption). Comment ce divin soleil se lève et se couche chaque jour, le refrain de ces deux chants, l’antienne, nous l’apprend. Prenons celles d’aujourd’hui. L’antienne de Benedictus nous dit : « A Cana, il y eut des noces et Jésus s’y trouva ainsi que Marie sa Mère. » Que veut nous enseigner par là l’Église ? D’une manière simple et sobre, elle nous présente l’événement du jour. Maintenant, nous, dit-elle, vivez ce mystère, vous êtes assis aux noces avec Jésus et Marie. Toute la journée appartient à cette pensée. Que nous chantions ensuite le Benedictus, cela signifie que le Christ, le divin Soleil qui se lève, sera pour nous aujourd’hui le divin thaumaturge de Cana et qu’il nous apportera les grâces de Rédemption qui sont mystique ment contenues dans ce premier miracle. Le soir quand le soleil se couche, l’Église chante : « Quand le vin fit défaut, Jésus fit remplir les cruches d’eau et l’eau fut changée en vin, A1leluia. »
Ces paroles expriment brièvement l’accomplissement du miracle, et dans son chant, l’Église veut nous dire : aujourd’hui vous avez reçu une grâce semblable mais plus belle encore que le bienfait de ce miracle : l’eau de votre esprit terrestre et pécheur a été changée en vin précieux de la vie divine qui est le Christ lui-même. En un mot, le miracle de Cana se renouvelle. aujourd’hui, d’une manière plus élevée, dans le mystère eucharistique, et je dois en vivre, toute la journée du lever au coucher du soleil.
2. La messe (Omnis terra). — Les autres parties de la messe nous présentent maintes fois les pensées de Pâques et de l’Épiphanie. L’Introït est un chant d’adoration et d’hommage au Dieu qui est apparu. Le psaume 65, qui est aujourd’hui le cantique dominant de la messe (Intr. Offert. Comm. dans son extension complète), est à proprement parler un cantique pascal.
L’Oraison est une prière pour la paix, elle n’a par conséquent aucun rapport avec l’action d’ensemble de la messe (cette oraison provient sans doute des temps troublés, des invasions des barbares).
Dans l’Épître, l’Église parle (par la bouche de saint Paul) des fonctions ecclésiastiques. Chacun doit exercer le mieux possible la fonction où il a été appelé, sans désirer en exercer d’autres. L’accomplissement de sa vocation, la sagesse qui fait rester dans les limites de cette vocation, voilà le secret de la véritable grandeur chrétienne. Dans la seconde partie de l’Épître, quelques phrases, mais très suggestives, nous décrivent le vaste domaine de la charité envers le prochain. L’Épître nous donne donc d’importantes leçons pour l’organisation de la vie commune des chrétiens. C’est une pensée qui se trouve aussi dans le miracle des noces. Le graduel unit Noël et Pâques : Dieu a envoyé sa « Parole » (le Christ) et nous a arrachés à la ruine (par la Rédemption). Cette pensée fournit un motif à l’allégresse pascale de l’Alléluia.
A l’Offertoire on continue d’entendre un accent pascal (Psaume 65). Ainsi cette messe est une vraie solennité nuptiale, un festin nuptial ; l’impression générale est joyeuse.
3. Lecture d’Écriture (II. Cor. I, 1-11). — Pendant la semaine qui commence, l’Église nous fait lire la seconde Épître aux Corinthiens. C’est une magistrale apologie de l’Apôtre en face de ses adversaires qui voulaient lui aliéner les cœurs des fidèles de l’Église de Corinthe. La lettre est, sans doute, assez difficile à comprendre, mais elle est riche de belles pensées et de vues sublimes. Il est à recommander au lecteur peu familier avec la Bible, de se préoccuper moins de la suite des idées e des beaux passages qu’il pourra remarquer et méditer. — Le passage que nous lisons aujourd’hui est l’introduction et contient quelques lignes profondes sur la communauté de souffrance et de consolation (ce passage est utilisé comme Épître au commun des Martyrs).
« Loué soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. Il nous console dans toutes nos afflictions, afin que nous puissions nous aussi apporter de la consolation à d’autres qui se trouvent dans toute sorte d’affliction. Car à mesure que nous participons abondamment aux souffrances du Christ, nous recevons par lui une grande consolation. Or, si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et votre salut, si nous sommes consolés, c’est également pour votre consolation. Par là, vous êtes en état de supporter patiemment les mêmes souffrances que nous supportons. Et c’est ce qui nous donne une ferme confiance pour vous, car nous savons que, comme vous avez part aux souffrances, vous aurez aussi part aux consolations. »
4. Prière des Heures. — Saint Jean Chrysostome, le grand patriarche de Constantinople, qui fut un admirateur passionné de saint Paul, nous recommande aujourd’hui la lecture attentive des Épîtres : « Toutes les fois que j’entends lire les Épîtres de saint Paul, comme cela arrive deux fois par semaine — souvent trois ou quatre fois, toutes les fois que nous célébrons la mémoire des saints martyrs — j’éprouve, en entendant les accents de cette trompette spirituelle, une grande joie ; je me sens excité et rempli de désirs enflammés. Je reconnais, dans ces paroles, la voix d’un ami et il me semble que je le vois debout devant moi et que j’entends la prédication qui jaillit de ses lèvres. Mais, en même temps, j’éprouve du chagrin et du souci à la pensée que tous les chrétiens ne connaissent pas suffisamment ce saint, que quelques-uns le connaissent même si peu, qu’ils ne savent même pas, d’une manière précise, le nombre de ses Épîtres. Cela ne vient pas d’une ignorance naturelle, mais de ce fait, qu’ils ne veulent pas avoir ces écrits continuellement dans les mains. Quant à nous, nous devons avouer : toute notre science, si nous savons quelque chose, nous ne la devons pas à la bonté et à la pénétration de notre esprit, mais à ce saint homme. Nous lui avons voué un ardent amour et nous ne cessons jamais de lire ses écrits. Il en est de nous comme de ceux qui aiment ; ils connaissent les faits et gestes de ceux qu’ils aiment mieux que tous les autres, car ils ne cessent de s’en préoccuper. Cela l’Apôtre nous le montre lui-même dans son Épître aux Philippiens : « Comme il convient de penser ainsi à vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, dans mes liens, dans l’affermissement et la défense de l’Évangile. ») C’est pourquoi, si vous suivez la lecture de l’Apôtre avec une attention affectueuse, vous n’avez pas à chercher autre chose, car la parole du Christ reste vraie : « Cherchez et vous trouverez, frappez et on vous ouvrira. » Mais comme plusieurs de ceux qui sont ici rassemblés sont absorbés par l’éducation des enfants, les soins pour leur femme et leur maison, et ne peuvent pas, par conséquent, se livrer à un tel travail, décidez-vous, tout au moins, à recevoir les pensées que d’autres ont rassemblées. Mettez, à les écouter, au moins autant d’attention que vous en mettez à la recherche des biens temporels. C’est presque une honte de ne vous demander que cela. Cependant il est désirable que vous apportiez au moins cette attention-là »
5. Le grand mystère. — Quand les chrétiens comprendront-ils la grande importance des sacrements ? Quand les recevront-ils comme il faut et apprendront-ils à en vivre ? En ce jour, l’Église célèbre une fête de noces ; en ce jour, le Christ a sanctifié le mariage par sa présence à des noces et par le miracle du vin. Aujourd’hui, tous les chrétiens mariés ou célibataires doivent examiner leur relation avec ce sacrement. Hélas, le mariage, même aux yeux des chrétiens, est devenu une chose purement mondaine. Le serment de fidélité juré devant l’autel est violé avec une telle légèreté ! Les époux se donnent aujourd’hui la main et demain se séparent. Tous les pasteurs des âmes savent par expérience que c’est justement à l’occasion de la réception de ce sacrement que se manifeste l’ignorance religieuse la plus crasse. A la campagne, la situation est sans doute meilleure, mais, à la ville, sur cinquante couples, peut-on dire d’un seul : Ils savent de quoi il s’agit ? Saint Paul a prononcé, sur le mariage, une parole profonde que les époux devraient méditer toute leur vie : « (Le mariage) est un véritable mystère ; mais je l’entends par rapport au Christ et à l’Église. »
Le mariage est donc un sublime mystère. Non ce n’est pas la vraie traduction. Peut-être faudrait-il dire : c’est un symbole mystérieux, plein d’efficacité, de l’union sacrée entre le Christ et son Église. Il y a pour le mariage une grande et sublime image dans la surnature : l’union conjugale entre le Christ et l’Église. Saint Paul expose les points de comparaison : « L’homme est le chef de sa femme comme le Christ est le chef de l’Église, car il est le Sauveur de son corps. » -Rappelons-nous l’idée fondamentale de la liturgie : le corps mystique. Le Christ est la tête ; son corps qui est l’Église reçoit de lui toute force, toute vie, toute grâce de Rédemption. « De même que l’Église est soumise au Christ, que les femmes aussi soient soumises à leurs maris en tout. » Saint Paul tire cette conclusion de la comparaison. Cependant la femme pourrait se plaindre et dire que la conclusion est purement en faveur de l’homme. Mais saint Paul continue la comparaison et cette fois en faveur de la femme : « Vous, maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé son Église et s’est livré pour elle, afin de la purifier dans l’eau du baptême et de la sanctifier. Il voulait se procurer une Église magnifique, sans tache, sans ride et rien de tel ; il voulait qu’elle soit toute sainte et sans souillure. Ainsi il faut que les hommes aiment leurs femmes comme leur propre corps. » Saint Paul a raison ; l’homme et la femme ont, dans le mariage, des devoirs également graves. La femme doit l’obéissance, le mari l’amour. La pensée de cette sublime comparaison seule devrait donner aux époux la force de surmonter bien des difficultés dans le mariage. Cependant jusqu’ici nous en sommes restés aux considérations d’ordre naturel.
L’union surnaturelle du Christ et de son Église n’est pas seulement une image et un symbole du mariage. Saint Paul parle d’un grand mystère. Nous avons traduit par symbole mystérieux et plein de réalité. Il s’agit donc plutôt d’une figure que d’une simple comparaison. Dans le mariage, il y a quelque chose du modèle dont il est l’image. L’homme possède quelque chose de l’essence et de la présence du Christ. La femme n’a donc pas à obéir à l’homme qui peut avoir ses défauts et ses caprices, mais au Christ qui se cache en lui. L’homme, à son tour, n’aime pas telle personne ; son amour doit être surnaturel, devenir l’amour du Christ pour son Église. D’où vient cette réalité plus haute ? Du sacrement de mariage. Les chrétiens d’aujourd’hui ont de la peine à comprendre cela et à y croire. C’est la preuve frappante que nous sommes loin de la piété liturgique (objective). Or c’est précisément l’efficacité des sacrements qui place les hommes dans un mode d’être plus élevé. L’homme et la femme deviennent autres par le mariage. Ils sont, tout au moins dans leurs relations mutuelles, des êtres surnaturellement élevés et participent au Christ et à l’Église. Nous avons ici un exemple classique des deux mondes religieux qui s’opposent actuellement. La piété vue du côté de l’homme (subjective) s’arrête à la simple figure et en tire la morale. La piété liturgique (objective) aperçoit ou du moins pressent Il le grand mystère », l’être nouveau, « la nouvelle créature ». Il en est ainsi de tous les sacrements et même de tout le christianisme.
Leçons des Matines avant 1960
Au premier nocturne.
Commencement de la seconde Épître de l’apôtre saint Paul aux Corinthiens.
Première leçon. Cap. 1, 1-5 Paul, apôtre du Christ Jésus de par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, à l’Église de Dieu établie à Corinthe, ainsi qu’à tous les saints qui se trouvent dans l’Achaïe entière ; à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père et le Seigneur Jésus Christ ! Béni soit Dieu, le Père de Jésus Christ notre Seigneur, le Père des miséricordes et le Dieu de tout réconfort, qui nous réconforte dans toutes nos épreuves afin que, réconfortés par Dieu ; nous puissions nous-mêmes réconforter ceux qui subissent toutes sortes d’épreuves. De même que les souffrances du Christ abondent pour nous, de même, par le Christ, abonde aussi notre réconfort.
Deuxième leçon. Cap. 1, 6-7 Si nous sommes éprouvés, c’est pour votre réconfort et votre salut : si nous sommes réconfortés, c’est pour votre réconfort, qui vous permet de porter avec constance les mêmes souffrances que nous endurons nous aussi. Et nous avons pour vous une ferme espérance : nous savons que, partageant nos souffrances, vous partagerez aussi notre réconfort.
Troisième leçon. Cap. 1, 8-11 Car nous ne voulons pas, frères, vous le laisser ignorer : la tribulation qui nous est survenue en Asie nous a accablé à l’extrême, au-delà de nos forces, à tel point que nous désespérions même de conserver la vie. Vraiment nous avons porté en nous-mêmes notre arrêt de mort, afin d’apprendre à ne pas mettre notre confiance en nous-même mais en Dieu, qui ressuscite les morts. C’est lui qui d’une telle mort nous a délivré et nous délivrera ; oui, nous avons en lui cette espérance qu’il nous délivrera encore. Vous-mêmes nous aiderez par la prière ; et ainsi ce bienfait, qu’un grand nombre de personnes nous auront obtenu, sera pour un grand nombre motif d’action de grâces à notre sujet.
Au deuxième nocturne.
Sermon de saint Jean Chrysostome.
Quatrième leçon. Lorsque j’écoute assidûment la lecture des Épîtres de saint Paul, – et cela souvent deux, trois et même quatre fois par semaine, chaque fois que nous célébrons les mémoires des saints martyrs –, j’exulte de joie, je jouis de cette trompette spirituelle, je suis transporté et enflammé de désir en reconnaissant cette voix qui m’est chère ; il me semble presque voir le saint présent et l’entendre parler ! Et pourtant je m’afflige et je supporte avec peine que tous ne connaissent pas ce grand homme comme il mérite de l’être ; bien plus, certains – et ils sont nombreux – l’ignorent au point de ne pas même savoir exactement le nombre de ses Épîtres. Or, cela provient non de leur incapacité, mais de ce qu’ils ne veulent pas avoir assidûment entre les mains les écrits de cet homme bienheureux.
Cinquième leçon. Nous-même, en effet, ce que nous en savons, – si tant est que nous en sachions quelque chose –, nous ne le devons pas à l’excellence ou à la pénétration de notre esprit, mais parce que nous éprouvons beaucoup d’affection pour ce grand homme, nous ne nous arrêtons jamais de le lire. En effet, ceux qui aiment, connaissent mieux que tous les autres les faits et gestes de ceux qu’ils aiment, parce qu’ils se préoccupent d’eux. Cela, le bienheureux nous le montre en quelque sorte lorsqu’il écrit aux Philippiens : « Il est juste que j’aie ces sentiments envers vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, aussi bien dans mes chaînes que dans la défense et l’affermissement de l’Évangile. »
Sixième leçon. C’est pourquoi, si vous aussi vous voulez vous appliquer diligemment à cette lecture, il ne vous faudra point chercher autre chose. Elle est vraie, en effet, la parole du Christ : « Cherchez, et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. ». Par ailleurs, un grand nombre de ceux qui sont rassemblés ici avec nous, chargés de l’éducation d’enfants, du soin d’une épouse, de l’entretien d’une famille, ne peuvent s’adonner tout entiers à ce travail. Mais excitez-vous à profiter au moins de ce que d’autres ont recueilli ; dépensez autant d’effort pour écouter ce qui est dit, que pour gagner de l’argent, car il est honteux de ne pas exiger de vous plus d’empressement mais il sera déjà souhaitable que vous en accordiez au moins autant !
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
En ce temps-là : Il se fit des noces à Cana en Galilée ; et la mère de Jésus y était. Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, évêque.
Septième leçon. Invité, le Seigneur vient aux noces. En dehors même de toute signification mystique, il a voulu par là confirmer qu’il est lui-même l’auteur des noces. Il s’en trouvera plus tard pour interdire le mariage, – l’Apôtre les mentionne –, ils diront que les noces sont un mal, que le diable en est l’auteur. Tout au contraire, dans l’Évangile, le Seigneur, tandis qu’on l’interroge pour savoir s’il est permis de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif, affirme que c’est illicite, hormis le cas de fornication. Et dans sa réponse, si vous vous en souvenez, il dit ceci : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare point. »
Huitième leçon. Ceux qui sont bien instruits dans la foi catholique savent que Dieu est l’auteur des noces. Et comme l’union provient de Dieu, ainsi le divorce provient du diable. Mais s’il est permis de renvoyer sa femme en cas de fornication c’est parce que, la première, elle refuse d’être épouse, celle qui ne garde pas la foi conjugale envers son mari. Celles-là mêmes qui vouent à Dieu leur virginité tiennent sans doute dans l’Église un rang plus élevé d’honneur et de sainteté, elles ne sont pourtant pas sans noces, car elles participent aux noces avec l’Église entière et dans ces noces, l’Époux, c’est le Christ.
Neuvième leçon. Ainsi donc, invité, le Seigneur vient aux noces. C’est afin d’affermir la chasteté conjugale, mais c’est aussi pour manifester le mystère des noces. Car l’époux de ces noces figurait la personne du Seigneur. C’est à lui qu’il est dit : « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Le Christ, en effet, a gardé jusqu’à maintenant le bon vin, c’est-à-dire son Évangile.
Ant. du Benedictus à Laudes A Cana, il y eut des noces * et Jésus s’y trouva ainsi que Marie sa Mère.
Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Le vin venant à manquer, * Jésus ordonna qu’on emplît d’eau les vases, et cette eau fut changée en vin. Alléluia.
Dominica Secunda post Epiphaniam |
2nd Dimanche après l’Epiphanie |
Ant. ad Introitum. Ps. 65, 4. | Introït |
Omnis terra adóret te, Deus, et psallat tibi : psalmum dicat nómini tuo, Altíssime. | Que la terre vous adore, ô Dieu, et chante en votre honneur, qu’elle dise un hymne à votre nom, ô Très-Haut. |
Ps. ibid., 1-2. | |
Iubiláte Deo, omnis terra, psalmum dícite nómini eius : date glóriam laudi eius. | Poussez vers Dieu des cris de joie, ô terre entière ; chantez un hymne à son nom ; rendez glorieuse sa louange. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui cœléstia simul et terréna moderáris : supplicatiónes pópuli tui cleménter exáudi ; et pacem tuam nostris concéde tempóribus. Per Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel qui régissez tout à la foi le ciel et la terre : écoutez avec clémence les prières de votre peuple, et accordez votre paix à nos temps. |
Léctio Epístolæ beáti Páuli Apóstoli ad Romános. | Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains. |
Rom. 12, 6-16. | |
Fratres : Habéntes donatiónes secúndum grátiam, quæ data est nobis, differéntes : sive prophétiam secúndum ratiónem fídei, sive ministérium in ministrándo, sive qui docet in doctrína, qui exhortátur in exhortándo, qui tríbuit in simplicitáte, qui præest in sollicitúdine, qui miserétur in hilaritáte. Diléctio sine simulatióne. Odiéntes malum, adhæréntes bono : Caritáte fraternitátis ínvicem diligéntes : Honóre ínvicem præveniéntes : Sollicitúdine non pigri : Spíritu fervéntes : Dómino serviéntes : Spe gaudéntes : In tribulatióne patiéntes : Oratióni instántes : Necessitátibus sanctórum communicántes : Hospitalitátem sectántes. Benedícite persequéntibus vos : benedícite, et nolíte maledícere. Gaudére cum gaudéntibus, flere cum fléntibus : Idípsum ínvicem sentiéntes : Non alta sapiéntes, sed humílibus consentiéntes. | Mes Frères : nous avons des dons différents selon la grâce qui nous a été donnée : soit de prophétie, selon la mesure de notre foi, soit de ministère, pour nous exercer dans le ministère ; celui-ci a reçu le don d’enseigner : qu’il enseigne ; celui-là, le don d’exhorter : qu’il exhorte ; un autre distribue : qu’il s’en acquitte avec simplicité ; un autre préside : qu’il le fasse avec zèle ; un autre exerce les œuvres de miséricorde : qu’il s’y livre avec joie. Que votre charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien. Quant à l’amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres, vous prévenant d’honneur les uns les autres ; pour ce qui est du zèle, ne soyez pas nonchalants. Soyez fervents d’esprit ; c’est le Seigneur que vous servez. Soyez pleins de la joie que donne l’espérance, patients dans l’affliction, assidus à la prière, prêts à subvenir aux nécessités des saints, empressés à donner l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent : bénissez et ne maudissez pas. Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie ; pleurez avec ceux qui pleurent. Ayez les mêmes sentiments entre vous ; n’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. |
Graduale. Ps. 106, 20-21. | Graduel |
Misit Dóminus verbum suum, et sanávit eos : et erípuit eos de intéritu eórum. | Le Seigneur envoya sa parole et il les guérit, et les arracha à la mort. |
V/. Confiteántur Dómino misericórdiæ eius : et mirabília eius fíliis hóminum. | Qu’ils louent le Seigneur pour sa miséricorde et pour les merveilles en faveur des enfants des hommes. |
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 148, 2. | |
Laudáte Dóminum, omnes Angeli eius : laudáte eum, omnes virtútes eius. Allelúia. | Louez le Seigneur, vous tous ses Anges ; louez-le, toutes ses puissances. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du Saint Evangile selon saint Jean. |
Ioann. 2, 1-11. | |
In illo témpore : Núptiæ factæ sunt in Cana Galilǽæ : et erat Mater Iesu ibi. Vocátus est autem et Iesus, et discípuli eius ad núptias. Et deficiénte vino, dicit Mater Iesu ad eum : Vinum non habent. Et dicit ei Iesus : Quid mihi et tibi est, mulier ? nondum venit hora mea. Dicit Mater eius minístris : Quodcúmque díxerit vobis, fácite. Erant autem ibi lapídeæ hýdriæ sex pósitæ secúndum purificatiónem Iudæórum, capiéntes síngulæ metrétas binas vel ternas. Dicit eis Iesus : Implete hýdrias aqua. Et implevérunt eas usque ad summum. Et dicit eis Iesus : Hauríte nunc, et ferte architriclíno. Et tulérunt. Ut autem gustávit architriclínus aquam vinum fáctam, et non sciébat unde esset, minístri autem sciébant, qui háuserant aquam : vocat sponsum architriclínus, et dicit ei : Omnis homo primum bonum vinum ponit : et cum inebriáti fúerint, tunc id, quod detérius est. Tu autem servásti bonum vinum usque adhuc. Hoc fecit inítium signórum Iesus in Cana Galilǽæ : et manifestávit glóriam suam, et credidérunt in eum discípuli eius. | En ce temps là : il se fit des noces à Cana en Galilée ; et la mère de Jésus y était. Jésus fut aussi convié aux noces avec ses disciples. Le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : "Ils n’ont plus de vin." Jésus lui répondit : "Femme, qu’est-ce que cela pour moi et pour vous ? Mon heure n’est pas encore venue." Sa mère dit aux serviteurs : "Faites tout ce qu’il vous dira." Or, il y avait là six urnes de pierre destinées aux ablutions des Juifs et contenant chacune deux ou trois mesures. Jésus leur dit : "Remplissez d’eau ces urnes." Et ils les remplirent jusqu’au haut. Et il leur dit : "Puisez maintenant, et portez-en au maître du festin ; et ils en portèrent. Dès que le maître du festin eut goûté l’eau changée en vin (il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient), il interpella l’époux et lui dit : "Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on a bu abondamment, le moins bon ; mais toi, tu as gardé le bon jusqu’à ce moment." Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus, et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 65, 1-2 et 16. | Offertoire |
Iubiláte Deo, univérsa terra : psalmum dícite nómini eius : veníte et audíte, et narrábo vobis, omnes qui timétis Deum, quanta fecit Dóminus ánimæ meæ, allelúia. | Poussez des cris de joie, ô terre entière ; chantez un hymne à son nom. Venez et entendez, vous tous qui craignez Dieu et je vous raconterai tout ce que le Seigneur a fait à mon âme. Alléluia. |
Secreta. | Secrète |
Oblata, Dómine, múnera sanctífica : nosque a peccatórum nostrórum máculis emúnda. Per Dóminum nostrum. | Sanctifiez, Seigneur, les dons qui vous sont offerts, et purifiez-nous des taches de nos péchés. |
Praefatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur praefatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
Ant. ad Communionem. Ioann. 2, 7, 8, 9 et 10-11. | Communion |
Dicit Dóminus : Implete hýdrias aqua et ferte architriclíno. Cum gustásset architriclínus aquam vinum factam, dicit sponso : Servásti bonum vinum usque adhuc. Hoc signum fecit Iesus primum coram discípulis suis. | Le Seigneur dit : Remplissez d’eau ces urnes et portez-en au maître du festin. Dès que le maître du festin eut goûté l’eau changée en vin, il dit à l’époux : tu as gardé le bon jusqu’à ce moment. Tel fut le premier miracle que fit Jésus devant ses disciples |
Postcommunio. | Postcommunion |
Augeátur in nobis, quǽsumus, Dómine, tuæ virtútis operatio : ut divínis vegetáti sacraméntis, ad eórum promíssa capiénda, tuo múnere præparémur. Per Dóminum nostrum. | Qu’elle ait en nous plus d’influence, nous vous en supplions, Seigneur, l’action de votre vertu puissante ; afin que nourris de vos divins sacrements, nous soyons disposés par votre grâce à en recueillir les fruits promis. |