EPÎTRE.
La sainte Église ne cesse d’exhorter les fidèles, par la bouche de l’Apôtre, à pratiquer la charité les uns à l’égard des autres, dans ce temps où le Fils même de Dieu donne une si grande preuve de son amour aux hommes dont il a daigné prendre la nature. L’Emmanuel vient à nous comme législateur : or, il a résumé toute sa loi dans l’amour ; il est venu pour unir ce que le péché avait divisé. Entrons dans ses intentions, et accomplissons de bon cœur la loi qui nous est imposée.
EVANGILE.
Adorons la puissance de l’Emmanuel qui est venu calmer la tempête au sein de laquelle le genre humain allait périr. Dans leur détresse, toutes les générations l’avaient appelé, et criaient : Seigneur ! sauvez-nous ; nous périssons. Quand la plénitude des temps a été venue, il est sorti de son repos, et il n’a eu qu’à commander, pour briser la force de nos ennemis. La malice des démons, les ténèbres de l’idolâtrie, la corruption païenne, tout a cédé devant lui. Les peuples se sont convertis à lui les uns après les autres ; du sein de leur aveuglement et de leur misère, ils ont dit : Quel est celui-ci devant lequel aucune force ne résiste ? Et ils ont embrassé sa loi. Cette force de l’Emmanuel à briser les obstacles, au moment même où les hommes s’inquiètent de son repos apparent, se montre souvent dans les annales de son Eglise. Que de fois il a choisi, pour sauver tout, l’instant où les hommes croyaient tout perdu ! Il en est de même dans la vie du fidèle. Souvent les tentations nous agitent, leurs flots semblent nous submerger, et cependant notre volonté demeure fortement attachée à Dieu. C’est que Jésus dort au fond de la barque, et nous protège par ce sommeil. Si bientôt nos instances le réveillent, c’est plutôt pour proclamer son triomphe et le nôtre ; car il a déjà vaincu, et nous avec lui.
Les messes dominicales qui suivent, jusqu’à la septuagésime, n’ont pas de chants spéciaux, mais reprennent ceux du IIIe dimanche. C’est une anomalie qui s’explique par le fait de l’incertitude même qui domine cette dernière partie du cycle après l’Épiphanie. Tout dépendait du commencement du jeûne quadragésimal ; or, dans plusieurs lectionnaires romains, ce cycle comprenait jusqu’à dix semaines, tandis que d’autres en émanèrent à peine trois. Les derniers dimanches après la Pentecôte se trouvent dans des conditions identiques ; aussi tout donne à penser que, vu l’absence de chants spéciaux pour ces dimanches supplémentaires, la rédaction grégorienne de l’antiphonaire représente vraiment l’usage du VIIe siècle.
La collecte révèle les jours de saint Grégoire le Grand, époque où les Lombards menaçaient la capitale du monde elle-même. Durant tout le Ve et le VIe siècle, la Ville éternelle fut plusieurs fois prise, saccagée, humiliée et la prière de l’Église fait précisément allusion à cet état de choses. « O Dieu, qui savez bien que la faiblesse même de notre nature nous expose à succomber aux maux si nombreux qui nous accablent, donnez-nous le salut du corps et de l’âme, afin que nous surmontions, par votre grâce, ces maux que nous souffrons à cause de nos péchés. »
Vient ensuite un passage de la lettre aux Romains (XIII, 8-10) où l’Apôtre démontre que l’amour du prochain est la synthèse de tous les autres devoirs sociaux ; bien plus, l’âme de toute la loi et la conséquence immédiate du précepte de l’amour de Dieu.
La lecture évangélique, avec le récit du miracle de Jésus calmant la tempête, est tirée de saint Matthieu (VIII, 23-27). Combien suave est la figure de Jésus qui, fatigué, s’abandonne simplement au sommeil au fond d’une pauvre barque de pêche ! Ainsi nous prêche-t-il l’esprit de mortification, d’humilité et de simplicité dans l’exercice du saint ministère. Il dort, mais son cœur continue à battre pour nous. En effet, si les ondes de la tempête n’emportent pas la barque, c’est lui qui la soutient, pour s’éveiller ensuite et venir au secours des Apôtres, juste au moment où toute autre espérance humaine de salut est perdue.
Dans la secrète sur les oblations nous demandons la grâce d’être purifiés de toute faute par l’offrande du divin Sacrifice, et d’être fortifiés, nous qui sommes si faibles.
La collecte eucharistique implore de Dieu que ses Mystères nous détachent des plaisirs terrestres et nous réconfortent sans cesse par le céleste aliment de la grâce.
Pourquoi, ô mon âme, trembles-tu dans les adversités ? C’est comme une bourrasque qui a surgi dans l’océan borné et sinueux de ton cœur, mais les flots et les vents obéissent à la voix de Dieu.
Le Roi vient en vainqueur dans sa ville.
Le troisième dimanche, le Christ se manifestait comme Sauveur des pécheurs et des Gentils. Le quatrième dimanche, il apparaît en vainqueur dans le tableau de la tempête sur la mer. 1. La tempête sur la mer : Demandons-nous, d’abord, ce que cet Évangile signifie. Qu’est-ce qui a déterminé l’antique liturgie à choisir ce passage pour le dimanche que nous célébrons aujourd’hui ?
a) y a-t-il dans l’apaisement de la tempête une « manifestation » du Seigneur ? Si, l’avant dernier dimanche, l’Église nous a présenté le miracle des noces pour nous montrer la gloire du Christ, c’est-à-dire sa divinité, le miracle d’aujourd’hui n’est pas moins propre à cette fin. Représentons-le nous. C’est la nuit. Les douze hommes rament. Soudain s’élève une tempête furieuse. Ces marins expérimentés connaissent sans doute la perfidie de la mer, mais cette fois, ils sont désemparés. Ils réveillent le Maître endormi. Jésus se lève, avec majesté et calme, il commande aux éléments en fureur et ceux-ci lui obéissent comme des chiens qui se couchent aux pieds de leur maître. Cette vision du Seigneur commandant avec puissance, les disciples ne l’oublieront de leur vie. C’était donc bien une » manifestation » du Seigneur. — Mais était-ce bien l’intention de l’Église de nous montrer cette manifestation ?
b) Ou bien l’Église voulait-elle représenter dans cette tempête les persécutions et les combats auxquels elle est elle-même en butte ? La barque de Pierre a toujours été considérée comme une image de l’Église du Christ. Comme le petit bateau, l’Église est de tout temps ballottée par la tempête, mais « les portes de l’enfer n’ont pas prévalu contre elle ». On a sans cesse vu, au cours des siècles, le Seigneur, qui semblait endormi, se lever, commander aux vagues et à la tempête et faire apparaître le calme et la paix.
c) Ou bien pensons-nous à l’âme chrétienne en particulier ? Elle aussi est un petit bateau exposé à la rage du vent et des flots. Quel cœur chrétien est à l’abri des combats extérieurs et intérieurs ? Ce sont des afflictions de toutes sortes, des tentations, des souffrances, des persécutions. L’enfer conspire sans cesse contre le royaume de Dieu dans l’âme. L’Église pense-t-elle à ces tempêtes ? L’oraison du jour pourrait nous le faire croire, c’est une explication de l’Évangile.
L’ermite saint Antoine avait été violemment tenté par le démon, mais avait résisté courageusement. Il vit enfin briller une lumière et demanda : « ( Où étais-tu, Seigneur ? » Une voix lui répondit : « J’étais là, Antoine, mais j’attendais pour voir ton combat ; puisque tu as courageusement résisté, je serai toujours ton aide. » Que cela soit une consolation pour nous, combattons vaillamment et, en temps voulu, le Christ viendra et commandera à la tempête.
d) Pourtant l’Église a peut-être voulu nous faire entendre les premiers accents du drame de la Passion. La pensée fondamentale du cycle de Noël était celle-ci : Le Christ a fondé sur la terre le royaume de lumière. Maintenant l’Église nous prépare au cycle pascal, dans lequel nous verrons d’abord la lumière combattue par les ténèbres. Cet accent de la Passion se fait déjà entendre légèrement à travers le temps de Noël, aujourd’hui il retentit dans le mugissement des flots en fureur. Nous ne tarderons plus guère à voir le Sauveur environné des flots de la douleur, il sera englouti par eux, mais il sortira vainqueur.
e) C’est peut-être cette dernière pensée qui nous rapproche le plus de l’intention de la liturgie. L’Évangile est une image du combat et de la victoire pascale du Christ. Chaque dimanche est un dimanche de Pâques. Chaque dimanche nous célébrons la mort et la résurrection du Christ en nous-mêmes. Alors même que, pendant la semaine, nous aurions été ballottés par la tempête et les flots, à la messe du dimanche le Seigneur monte à bord de la nacelle, il commande à la tempête et achève la victoire de sa Résurrection. Chaque dimanche notre âme s’approprie quelque chose de cette victoire pascale. Ainsi chaque dimanche est un anneau de la grande chaîne qui va du Baptême jusqu’au dernier combat et à la victoire finale.
2. La messe (Adorate Deum). — Les chants alternés sont les mêmes que le dimanche précédent. Nous voyons encore, à l’Introït, le sublime tableau d’adoration : les anges adorent le Roi du ciel, nous sommes dans l’allégresse avec eux. L’Oraison se rattache à l’Évangile. Dans notre vie, se renouvelle la tempête de la mer, des dangers menacent notre âme de toutes parts, il importe de crier du fond du cœur : Seigneur sauve-nous ! A l’extérieur le combat, à l’intérieur la charité, voilà la vraie vie chrétienne. L’Épître nous fait encore entendre de précieuses paroles sur l’amour du prochain : « L’amour est l’accomplissement de la loi ». Le chant de l’Offertoire peut être considéré aujourd’hui comme un reflet de l’Évangile : la puissante main du Christ qui apaisa la tempête nous a tirés des flots de l’enfer et nous maintient debout. Le chant de la Communion peut être considéré, lui aussi, comme un écho de l’Évangile.
3. Lecture d’Écriture (Phil. chap. 1). — L’Épître aux Philippiens est un des écrits que saint Paul composa pendant sa première captivité romaine. Cette lettre est la plus personnelle et la plus aimable de toutes. Philippes était l’Église préférée de l’Apôtre, la première qu’il ait fondée sur le continent européen, elle lui resta toujours fidèle et attachée. L’Apôtre remercie l’Église de ses cadeaux, l’entretient de sa situation et en même temps lui donne des conseils pour sa vie chrétienne (l, 1-18). Nous ne disposons que de deux jours pour la lecture de cette belle Épître. (Peut-être, quelques lecteurs se décideront-ils à la lire dans son entier). Saint Paul commence par remercier Dieu pour le zèle des Philippiens dans la foi : « Je remercie Dieu chaque fois que je pense à vous. Continuellement, dans toutes mes prières, je prie pour vous tous, avec joie, parce que vous avez eu part à l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant. Et j’ai la ferme confiance que ", Celui qui a commencé cette bonne œuvre en vous, l’achèvera jusqu’au jour du Christ Jésus. Et il est juste que j’aie ces sentiments à votre égard, car je vous porte dans mon cœur, vous tous qui avez part avec moi à la grâce, dans mes liens et dans la défense et l’affermissement de l’Évangile. Dieu m’est témoin que je vous désire tous dans le cœur du Christ Jésus. » Ensuite saint Paul raconte comment sa captivité n’a pas nui à l’Évangile ; au contraire, elle a servi à la cause du Christ. Pour ce qui concerne l’issue du procès, il s’en remet entièrement à la volonté de Dieu. « Mon désir et mon espérance sont que je ne sois pas confondu, mais que plutôt maintenant comme toujours, librement et ouvertement, le Christ soit glorifié dans mon corps, soit dans la vie, soit dans la mort. Car ma vie c’est le Christ et la mort m’est un gain. Si la vie dans la chair m’est destinée, cela signifie pour moi un labeur fécond, ainsi il m’est difficile de choisir et je suis entraîné dans. les deux sens. Je voudrais être dissous pour être avec le Christ, ce serait pour moi de beaucoup le meilleur, cependant rester encore dans la chair à cause de vous est. plus nécessaire. Et, dans cette espérance, je sais que je resterai encore et que je demeurerai avec vous tous, pour votre progrès et la joie de votre foi » (1, 20-25). Ensuite il s’adresse à son Église et l’exhorte à marcher sur les traces du Christ : « Ayez en vous les sentiments qui sont dans le Christ Jésus. Bien qu’il fût dans la forme de Dieu, il ne s’attacha pas avidement à son égalité avec Dieu, mais il s’anéantit lui-même, il prit la forme de l’esclave, devint semblable à un homme et fut trouvé extérieurement comme un homme. Il s’humilia lui-même et se fit obéissant. jusqu’à la mort, jusqu’à la mort de la Croix. C’est. pourquoi aussi Dieu l’a exalté et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom. Au nom de Jésus tout. genou doit fléchir, au ciel, sur la terre et dans les enfers. Et toutes les langues doivent confesser pour la gloire de Dieu le Père : Jésus-Christ est le Seigneur » (II, 5-11).
4. Ténèbres et lumière. C’est ainsi qu’on pourrait caractériser brièvement le contenu de cette semaine. Telle est la vie humaine : ténèbres à l’extérieur, lumière à l’intérieur. Elle ressemble, extérieurement, à la traversée nocturne du lac de Génésareth au milieu du vent et de la tempête, intérieurement, à la procession lumineuse de la Chandeleur.
La vie chrétienne est une tempête sur la mer. Comme le bon Dieu traite parfois rudement ses enfants ! C’est qu’il n’est pas comme ces mères déraisonnables dont la tendresse consiste à caresser et à gâter leurs enfants. Il est le premier à appliquer le principe de la Sainte Écriture : Celui qui aime son enfant n’épargne pas la verge. Et c’est pour notre bien. Les enfants de Dieu supportent malles jours heureux ici-bas. L’histoire de l’Église et l’histoire particulière des âmes le prouvent. Comme l’Église était grande au temps des persécutions ! Les chrétiens détestés, persécutés, méprisés extérieurement, étaient, parfaits et saints. Mais, au moyen âge, quand l’Église brilla de son plus grand éclat et que les empereurs et les rois la dotèrent de biens terrestres, la lumière intérieure pâlit de plus en plus. Oui, il est bon pour nous, chrétiens, que notre situation extérieure ne soit pas trop bonne. Il est vrai que nous avons besoin de ce que le Sauveur exigea de ses disciples pendant la tempête sur le lac : une foi forte et une ferme confiance en Dieu. « Pourquoi avez-vous si peu de foi ? » La grande souffrance, les grandes épreuves, la grande misère peuvent être un remède, mais aussi un poison. Certains trouvent dans les souffrances, de nos Jours, le chemin qui mène à Dieu ; mais, pour beaucoup, la crise économique est un poison qui apporte la mort de l’âme. Priez, mes frères, pour tous ceux qui sont éprouvés, afin que leur misère et leur souffrance les purifient et les sanctifient. Aimons à penser surtout et souvent à ceux qui sont, comme nous, membres du corps du Christ et qui sont en butte à la tempête sur la mer. Représentons-nous, par exemple, les chrétiens de Russie. Voyons tel enfant de Dieu en Sibérie ou au Caucase. Il est, à cause de sa foi, condamné aux travaux forcés. Jour après jour, sans dimanche, sans messe, sans communion, il lui faut abattre des arbres ; il est à peine vêtu, mal nourri et, sous le knout des soldats, il s’avance peu à peu vers la mort. Combien de fois ces pauvres gens doivent crier vers le ciel : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons. » Pour ces pauvres, qui sont en même temps des riches, nous devons prier, afin qu’ils demeurent forts, afin qu’ils soient vainqueurs. Car leur souffrance nous profite à tous. Ils accomplissent et achèvent ce qui manque au corps du Christ. Mais ce n’est pas seulement en Russie. Chez nous, dans notre entourage, il y a des « tempêtes sur la mer », il y a la misère et les autres souffrances qui anéantissent. Portons secours là où nous le pouvons. Nous arrivons maintenant au second spectacle de cette semaine. Nous voyons une procession de la Chandeleur. Dehors, c’est la nuit, les enfants du monde dorment encore. Mais les enfants de Dieu s’avancent autour de l’Église, un cierge à la main. Il leur faut se défendre contre le vent qui essaie d’éteindre leur lumière. C’est l’image de la vie intérieure du chrétien. Le Chrétien est un porte-lumière, un porte-Christ. Depuis son baptême, il porte et entretient en lui la divine lumière de la grâce ; bien plus le Christ lui-même est dans son âme, en dépit de la nuit et des tempêtes du dehors. Sans doute, l’ennemi des âmes voudrait bien éteindre cette lumière et il souffle dessus de toutes ses forces. Ce sont là les tempêtes de la vie. Mais l’enfant de Dieu maintient sa lumière et continue de la porter. Dans la maison de Dieu, à l’Évangile et dans la communion, il reçoit un nouvel aliment et une nouvelle force pour entretenir cette lumière. Ainsi il pourra traverser les tempêtes de la vie et porter sa lumière jusqu’au temple de gloire, au ciel.
Leçons des Matines avant 1960
Au premier nocturne.
Commencement de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Philippiens.
Première leçon. Cap. 1, 1-7 Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints à Philippes, aux évêques et aux diacres : grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! Je rends grâces à mon Dieu toutes les fois que je me souviens de vous, et dans toutes mes prières pour vous tous, c’est avec joie que je lui adresse ma prière, à cause de votre concours unanime pour le progrès de l’Évangile, depuis le premier jours jusqu’à présent ; et j’ai confiance que celui qui a commencé en vous une œuvre excellente, en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour du Christ. C’est une justice que je vous dois, de penser ainsi de vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, vous tous qui, soit dans mes liens, soit dans la défense et l’affermissement de l’Évangile, avez part à la même grâce que moi.
Deuxième leçon. Cap. 1, 8-14 Car Dieu m’en est témoin, c’est avec tendresse que je vous aime tous dans les entrailles de Jésus-Christ. Et ce que je lui demande, c’est que votre charité abonde de plus en plus en connaissance et en toute intelligence, pour discerner ce qui vaut le mieux, afin que vous soyez purs et irréprochables jusqu’au jour du Christ, remplis des fruits de justice, par Jésus-Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. Frères, je désire que vous sachiez que ce qui m’est arrivé a plutôt tourné au progrès de l’Évangile. En effet, pour ceux du prétoire, et pour tous les autres, il est devenu notoire que c’est pour le Christ que je suis dans les chaînes : et la plupart des frères dans le Seigneur, encouragés par mes liens, on redoublé de hardiesse pour annoncer sans crainte la parole de Dieu.
Troisième leçon. Cap. 1, 15-18 Quelques-uns, il est vrai, prêchent aussi Jésus-Christ par envie et par esprit d’opposition ; mais d’autres le font avec des dispositions bienveillantes. Ceux-ci agissent par charité, sachant que je suis établi pour la défense de l’Évangile ; tandis que les autres, animés d’un esprit de dispute, annoncent le Christ par des motifs qui ne sont pas purs, avec la pensée de me causer un surcroît d’affliction dans mes liens. Mais quoi ? De quelque manière qu’on le fasse, que ce soit avec des arrière-pensées, ou sincèrement, le Christ est annoncé je m’en réjouis, et je m’en réjouirai encore.
Au deuxième nocturne.
Du Livre des Morales de saint Grégoire, pape.
Quatrième leçon. Nous emplissons le corps de nourriture de peur qu’il ne défaille exténué ; nous l’exténuons par l’abstinence de peur que trop bien nourri, il ne nous accable. Nous le stimulons par l’exercice de peur qu’il ne s’ankylose par immobilité, mais bien vite, nous arrêtons pour le reposer en nous couchant de peur que l’exercice même ne le fasse succomber. De peur que le froid ne le tue nous le couvrons au moyen de vêtements ; puis nous rejetons l’aide demandée de peur qu’il ne brûle de chaleur. Ainsi, en obviant à tant d’incommodités différentes que faisons-nous sinon payer tribut à la corruptibilité, pourvu que la multitude même des soins donnés soutiennent un corps qu’alourdit l’inquiétude d’une changeante infirmité ?
Cinquième leçon. Paul l’a bien dit : « En effet la création a été soumise à la vanité – non de bon gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise –, avec une espérance pourtant. Car la création, elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption pour accéder à la liberté de la gloire des enfants de Dieu ». En effet, ce n’est pas de bon gré que la création a été soumise à la vanité car l’homme, ayant abandonné de plein gré l’état de stabilité primitive, se trouve justement accablé par le poids de la mortalité et il se voit asservi malgré lui, à sa condition corruptible et changeante. Mais cette créature est arrachée à l’esclavage de la corruption lorsque ressuscitant incorruptible elle est élevée à la gloire des fils de Dieu.
Sixième leçon. Les élus sont donc entravés ici-bas par le malaise car ils endurent encore la corruption. Mais quand nous nous dépouillons de cette chair corruptible, nous sommes libérés des entraves du malaise qui maintenant nous contraignent. Déjà nous aspirons à être mis en présence de Dieu mais nous sommes encore retenus par le lien d’un corps mortel. A juste titre donc, nous nous disons prisonniers car nous n’avons pas encore auprès de Dieu le libre accès que nous désirons. C’est pourquoi Paul, aspirant aux biens éternels et cependant portant encore le fardeau de sa corruption, a raison de dire dans sa captivité : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ ». S’il ne constatait qu’il était captif, il ne chercherait pas à s’en aller.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
En ce temps-là : Jésus monta dans une barque, ses disciples le suivirent. Et voici que la mer devint très agitée, au point que la barque était couverte par les vagues : lui cependant dormait. Et le reste.
Homélie de saint Jérôme, prêtre.
Septième leçon. Ce cinquième miracle, Jésus l’accomplit lorsqu’il monte dans la barque à Capharnaüm et commande aux vents et à la mer. Le sixième, au pays des Géraséniens lorsqu’il donne pouvoir aux démons de s’en aller dans le troupeau de porcs. Le septième, lorsqu’il entre dans sa ville et guérit un second paralytique qui est étendu sur un lit. Le premier paralytique est, en effet, le serviteur du centurion. Huitième leçon. « Lui, cependant, dormait. Mais ils vinrent l’éveiller en disant : ‘Seigneur, sauve nous.’ » Nous lisons dans Jonas une figure de ce miracle : alors que tous les autres sont en danger, lui-même dort, tranquille ; on le réveille ; par son ordre et par le signe symbolique de sa passion, il délivre ceux qui l’ont réveillé. « Alors, se levant, il menaça les vents et la mer. » Ce passage nous donne à comprendre que toutes les créatures reconnaissent le Créateur. On les gronde, on leur commande ; elles reconnaissent le maître non parce que toutes choses sont animées, comme le pensent à tort certains hérétiques, mais parce que la majesté du Créateur lui rend sensibles les choses qui pour nous sont insensibles.
Neuvième leçon. « Or, pris de stupeur, les hommes disaient : ‘Quel est donc celui-ci ? car même les vents et la mer lui obéissent !’ » Ce ne sont pas les disciples que l’étonnement saisit, mais les bateliers et les autres qui se trouvent dans la barque. Pourtant si quelqu’un veut prétendre que ce sont les disciples qui furent saisis d’étonnement, nous lui répondrons qu’ils méritent bien le nom d’hommes ceux qui ne connaissent pas encore la puissance du Sauveur.
Ant. du Benedictus à Laudes Jésus monta * dans une barque. Et voici que la mer devint très agitée ; ses disciples le réveillèrent et lui dirent : "Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !"
Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres "Seigneur, * sauvez-nous, nous périssons ! Commande, Dieu, et il se fera un grand calme"
Dominica Quarta post Epiphaniam |
4ème Dimanche après l’Epiphanie |
Ant. ad Introitum. Ps. 96, 7-8. | Introït |
Adoráte Deum, omnes Angeli eius : audívit, et lætáta est Sion : et exsultavérunt fíliæ Iudæ. | Adorez Dieu, vous tous ses Anges, Sion a entendu et s’est réjouie, et les filles de Juda ont tressailli de joie. |
Ps. ibid., 1 | |
Dóminus regnávit, exsúltet terra : læténtur ínsulæ multæ. | Le Seigneur est roi ; que la terre tressaille de joie, que toutes les îles se réjouissent. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui nos, in tantis perículis constitútos, pro humána scis fragilitáte non posse subsístere : da nobis salútem mentis et córporis ; ut ea, quæ pro peccátis nostris pátimur, te adiuvánte vincámus. Per Dóminum. | O Dieu, qui savez qu’en raison de la fragilité humaine, nous ne pourrions subsister au milieu de tant de périls, donnez-nous la santé de l’âme et du corps, afin que grâce à votre secours, nous puissions surmonter ce que nous souffrons pour nos péchés. |
Léctio Epístolæ beáti Páuli Apóstoli ad Romános. | Lecture de l’Epître de Saint Paul Apôtre aux Romains. |
Rom. 13, 8-10. | |
Fratres : Némini quidquam debeátis, nisi ut ínvicem diligátis : qui enim díligit próximum, legem implévit. Nam : Non adulterábis, Non occídes, Non furáberis, Non falsum testimónium dices, Non concupísces : et si quod est áliud mandátum, in hoc verbo instaurátur : Díliges próximum tuum sicut teípsum. Diléctio próximi malum non operátur. Plenitúdo ergo legis est diléctio. | Mes frères : Ne soyez en dette avec personne, si ce n’est de l’amour mutuel ; car celui qui aime son prochain a accompli la loi. En effet, ces commandements : "Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne convoiteras point," et s’il y a quelque autre commandement, se résument dans cette parole : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." L’amour ne fait point de mal au prochain ; l’amour est donc la plénitude de la loi. |
Graduale. Ps. 101, 16-17. | Graduel |
Timébunt gentes nomen tuum, Dómine, et omnes reges terræ glóriam tuam. | Les nations craignent votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre votre gloire. |
V/. Quóniam ædificávit Dóminus Sion, et vidébitur in maiestáte sua. | Parce que le Seigneur a bâti Sion et qu’il sera vu dans sa majesté. |
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 96,1. | |
Dóminus regnávit, exsúltet terra : læténtur ínsulæ multæ. Allelúia. | Le Seigneur est roi : que la terre tressaille de joie, que toutes les îles se réjouissent. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 8, 23-27. | |
In illo témpore : Ascendénte Iesu in navículam, secúti sunt eum discípuli eius : et ecce, motus magnus factus est in mari, ita ut navícula operirétur flúctibus, ipse vero dormiébat. Et accessérunt ad eum discípuli eius, et suscitavérunt eum, dicéntes : Dómine, salva nos, perímus. Et dicit eis Iesus : Quid tímidi estis, módicæ fídei ? Tunc surgens, imperávit ventis et mari, et facta est tranquíllitas magna. Porro hómines miráti sunt, dicéntes : Qualis est hic, quia venti et mare obédiunt ei ? | En ce temps là : Jésus monta dans une barque, ses disciples le suivirent. Et voici que la mer devint très agitée, au point que la barque était couverte par les vagues : lui cependant dormait. Ses disciples s’approchèrent, le réveillèrent et lui dirent : "Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !" Il leur dit : "Pourquoi êtes-vous peureux, hommes de peu de foi ?" Alors il se dressa et commanda avec force aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. Et les hommes, saisis d’admiration, disaient : "Qui est-il donc, que même les vents et la mer lui obéissent ?" |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 117, 16 et 17. | Offertoire |
Déxtera Dómini fecit virtutem, déxtera Dómini exaltávit me : non móriar, sed vivam, et narrábo ópera Dómini. | La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m’a exalté. Je ne mourrai point, mais je vivrai et je raconterai les œuvres du Seigneur. |
Secreta. | Secrète |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut huius sacrifícii munus oblátum fragilitátem nostram ab omni malo purget semper et múniat. Per Dóminum. | Faites, nous vous en supplions, Dieu tout-puissant, que l’offrande de ce sacrifice nous purifie toujours et garde de tout mal notre fragilité. |
Praefatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur praefatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
Ant. ad Communionem. Luc. 4, 22. | Communion |
Mirabántur omnes de his, quæ procedébant de ore Dei. | Tous admiraient les paroles qui sortaient de la bouche de Dieu. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Múnera tua nos, Deus, a delectatiónibus terrenis expédiant : et cæléstibus semper instáurent aliméntis. Per Dóminum. | |
O Dieu, que vos dons nous détachent des jouissances terrestres et que votre grâce nous fortifie toujours au moyen de cet aliment tout céleste. |