Accueil - Bréviaire - Temporal - Temps du Carême - Carême proprement dit

Matines de la semaine de la Quinquagésime (leçons et répons) : après les cendres

Version imprimable de cet article Version imprimable Partager


Ne sont repris ici que les leçons et répons de l’office de Matines de la semaine de la Quinquagésime (du mercredi au samedi : début du temps du Carême).

Lien vers les Matines de la semaine de la Quinquagésime avant les Cendres

Sommaire

  Mercredi des Cendres  
  Jeudi après les Cendres  
  Vendredi après les Cendres  
  Samedi après les Cendres  

Mercredi des Cendres

textes de la messe

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu
Cap. 6, 16-21
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : cum ieiunátis, nolíte fíeri sicut hypócritæ, tristes. Et réliqua.En ce temps-là Jésus dit à ses disciples : Lorsque vous jeûnez, ne vous montrez pas tristes comme les hypocrites. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni EpiscopiHomélie de saint Augustin, Évêque.
Liber 2 de Sermóne Dómini in monte, cap. 12 tom. 4
Maniféstum est, his præcéptis omnem nostram intentiónem in interióra gáudia dírigi : ne foris quæréntes mercédem, huic sǽculo conformémur, et amittámus promissiónem tanto solidióris atque firmióris, quanto interióris beatitúdinis, qua nos elégit Deus confórmes fíeri imáginis Fílii sui. In hoc autem capítulo máxime adverténdum est, non in solo rerum corporeárum nitóre atque pompa, sed étiam in ipsis sórdibus luctuósis esse posse iactántiam ; et eo periculosiórem, quo sub nómine servitútis Dei décipit.Il est manifeste que ces préceptes tendent à diriger toute notre intention vers les joies intérieures de peur qu’en cherchant au dehors notre récompense, nous ne prenions modèle sur le monde présent et ne perdions la promesse d’un bonheur d’autant plus solide et plus ferme qu’il est plus intérieur. Par cette promesse, « Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils » (Rm 8, 29). Mais en ce chapitre de l’évangile, il faut surtout remarquer que ce n’est pas seulement dans l’éclat et le luxe des choses corporelles mais jusque dans le négligé d’une tenue de deuil qu’il peut y avoir jactance et avec d’autant plus de danger qu’elle trompe sous l’étiquette du service de Dieu.
R/. Veni hódie ad fontem aquæ, et orávi Dóminum, dicens : * Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Je suis venu aujourd’hui près de la source d’eau, et j’ai prié le Seigneur en disant : * Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
V/. Igitur puélla, cui dixero, Da mihi aquam de hýdria tua, ut bibam : et illa díxerit, Bibe, dómine, et camélis tuis potum tríbuam : ipsa est, quam præparávit Dóminus fílio dómini mei.V/. La jeune fille donc à qui je dirai : Donne-moi de l’eau de ta cruche, pour que je boive, et qui me dira : Buvez, seigneur, et je puiserai de l’eau pour vos chameaux ; c’est celle-là que le Seigneur a préparée au fils de mon maître.
R/. Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
Lectio ii2e leçon
Qui ergo immoderáto cultu córporis atque vestítu, vel ceterárum rerum nitóre præfúlget, fácile convíncitur rebus ipsis, pompárum sǽculi esse sectátor, nec quemquam fallit dolósa imágine sanctitátis. Qui autem in professióne christianitátis, inusitáto squalóre ac sórdibus inténtos in se óculos hóminum facit, cum id voluntáte fáciat, non necessitáte patiátur : ex céteris eius opéribus potest cónici, utrum hoc contémptu supérflui cultus, an ambitióne aliqua fáciat : quia et sub ovína pelle cavéndos lupos Dóminus præcépit : Sed ex frúctibus, inquit, eórum cognoscétis eos.Celui-là donc qui éblouit par un culte immodéré du corps et du vêtement et par le clinquant d’autres objets est du fait même facilement convaincu d’être un adepte des pompes du siècle. Personne ne se laissera prendre à ses simagrées de sainteté. Que dire de celui qui dans sa profession de christianisme attire sur lui les regards des hommes par une malpropreté hors de mise et cela volontairement sans y être réduit par la nécessité ? L’ensemble de sa conduite prouvera s’il agit de la sorte par mépris d’un luxe superflu ou par une certaine ostentation. Le Seigneur en effet nous recommande de nous garder des loups qui viennent à nous déguisés en brebis. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » [1], dit-il.
R/. Factus est sermo Dómini ad Abram, dicens : * Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. La parole du Seigneur se fit entendre à Abram, disant : * Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
V/. Ego enim sum Dóminus Deus tuus, qui edúxi te de Ur Chaldæórum.V/. Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens.
R/. Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
Lectio iii3e leçon
Cum enim cœperint aliquibus tentatiónibus ea ipsa scílicet illis súbtrahi, vel negári, quæ isto velámine vel consecúti sunt, vel cónsequi cúpiunt : tunc necésse est ut appáreat, utrum lupus in ovína pelle sit, an ovis in sua. Non tamen proptérea ornátu supérfluo debet aspéctus hóminum mulcére Christiánus, quia illum parcum hábitum ac necessárium étiam simulatóres sǽpius usúrpant, ut incáutos decípiant : quia et illæ oves non debent pelles suas depónere, si aliquándo eis lupi se cóntegant.Lorsque, par suite de quelques épreuves, ils commenceront à se voir dépouillés et privés des avantages que, sous couvert d’austérité, ils avaient obtenus ou désiraient obtenir, alors apparaîtra nécessairement s’il y avait un loup dans la peau de la brebis ou une brebis dans la sienne ! Mais il ne faut pas pour cela qu’un chrétien cherche à flatter les regards des hommes par les ornements superflus, sous prétexte que les hypocrites aussi usurpent trop souvent cet extérieur austère et contraint afin de tromper les naïfs, car les brebis ne doivent pas se dépouiller de leur peau si parfois les loups s’en revêtent.
R/. Movens Abram tabernáculum suum, venit et habitávit iuxta convállem Mambre : * Ædificavítque ibi altáre Dómino.R/. Levant sa tente, Abram vint et habita près de la vallée de Mambré, * Et il bâtit là un autel au Seigneur.
V/. Dixit autem Dóminus ad eum : Leva óculos tuos, et vide : omnem terram, quam cónspicis tibi dabo, et sémini tuo in sempitérnum.V/. Or le Seigneur lui dit : Lève les yeux et vois ; tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours.
* Ædificavítque ibi altáre Dómino. Glória Patri. * Ædificavítque ibi altáre Dómino.* Et il bâtit là un autel au Seigneur. Gloire au Père. * Et il bâtit là un autel au Seigneur.

Jeudi après les Cendres

textes de la messe

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Évangile selon saint Matthieu
Cap. 8, 5-13
In illo témpore : Cum introísset Iesus Caphárnaum, accessit ad eum centurio, rogans eum, et dicens : Dómine, puer meus iacet in domo paralyticus, et male torquétur. Et réliqua.En ce temps-là Comme Jésus était entré dans Capharnaüm, un centurion s’approcha de lui, le priant, et disant : Seigneur, mon serviteur gît paralytique dans ma maison, et il souffre violemment. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni EpiscopiHomélie de S.Augustin, Évêque.
Liber 2 de Consensu Evangel. in monte, cap. 20 tom. 4
Videámus, utrum sibi de hoc servo centuriónis Matthǽus Lucásque conséntiant. Matthǽus enim dicit : Accéssit ad eum centúrio, rogans eum, et dicens : Puer meus iacet in domo paralýticus. Cui vidétur repugnáre quod ait Lucas : Et cum audísset de Iesu, misit ad eum senióres Iudæórum, rogans eum ut veníret, et sanáret servum eius. At illi cum veníssent ad Iesum, rogábant eum sollícite, dicéntes ei : Quia dignus est ut hoc illi præstes : díligit enim gentem nostram, et synagógam ipse ædificávit nobis. Iesus autem ibat cum illis : et cum iam non longe esset a domo, misit ad eum centúrio amícos, dicens : Dómine, noli vexári : non enim dignus sum ut sub tectum meum intres.Voyons, si au sujet du serviteur du centurion, Matthieu et Luc sont d’accord. Car Matthieu dit : « Un centurion s’approcha de lui en disant : ‘Mon serviteur est gisant, paralytique en ma maison.’ » A cela semble s’opposer ce que dit Luc : « Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des anciens d’entre les Juifs pour le prier de venir et de guérir son serviteur. Et ceux-ci arrivés à Jésus le priaient avec insistance, lui disant : ‘Il est digne que tu lui accordes cette faveur, car il aime notre nation et il nous a bâti lui-même une synagogue.’ Jésus s’en allait donc avec eux et comme il n’était plus loin de la maison, le centurion lui envoya des amis lui dire : ‘Seigneur, ne vous donnez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit.’ »
R/. Dómine, puer meus iacet paralyticus in domo, et male torquétur : * Amen dico tibi, ego véniam, et curábo eum.R/. Seigneur, mon serviteur gît paralytique dans ma maison, et il souffre violemment. * En vérité, je te le dis, j’irai et le guérirai.
V/. Dómine, non sum dignus ut intres sub tectum meum : sed tantum dic verbo, et sanábitur puer meus.V/. Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri.
R/. Amen dico tibi, ego véniam, et curábo eum.R/. En vérité, je te le dis, j’irai et le guérirai.
Lectio ii2e leçon
Si enim hoc ita gestum est, quómodo erit verum, quod Matthǽus narrat : Accéssit ad eum quidam centúrio, cum ipse non accésserit, sed amícos míserit : nisi diligénter adverténtes intelligámus Matthǽum non omnímodo deseruísse usitátum morem loquéndi ? Non solum enim dícere solémus, accessísse áliquem étiam ántequam pervéniat illuc, quo dícitur accessísse : unde étiam dicimus : Parum accéssit, vel multum accéssit eo, quo áppetit perveníre : verum étiam ipsam perventiónem cuius adipiscéndi causa accéditur, dícimus plerúmque factam, etsi eum, ad quem pérvenit, non vídeat ille qui pérvenit, cum per amícum pérvenit ad áliquem, cuius ei favor est necessárius. Quod ita ténuit consuetúdo, ut iam étiam vulgo perventóres appelléntur, qui poténtium quorúmlibet tamquam inaccessíbiles ánimos, per conveniéntium personárum interpositiónem, ambitiónis arte pertíngunt.Si en effet les choses se sont ainsi passées, comment sera-t-il vrai, le récit de Matthieu disant : « Un centurion s’approcha de lui », alors que le centurion n’est pas venu lui-même, mais a envoyé ses amis ? Il ne le sera que si, avec une attention diligente, nous comprenons que Matthieu ne s’est pas tellement écarté de nos façons habituelles de parler. Car non seulement nous avons coutume de dire que quelqu’un s’approche, avant même qu’il soit arrivé au lieu dont nous disons qu’il s’est approché, puisque nous disons qu’il s’est peu ou beaucoup approché du lieu où il désire arriver, mais nous disons même très souvent qu’on est parvenu jusqu’à celui qu’on voulait atteindre, quand on y arrive par un ami, sans même voir celui qui est touché et dont la faveur nous est nécessaire. Cette manière de dire est d’usage si courant, que le vulgaire donne le nom d’arrivistes à ceux qui, possédant l’art de l’intrigue, atteignent par l’intermédiaire de personnes convenablement choisies, les esprits de certains puissants personnages qui paraissent inaccessibles d’autre façon.
R/. Dum staret Abraham ad ílicem Mambre, vidit tres viros ascendéntes per viam : * Tres vidit, et unum adorávit.R/. Tandis qu’Abram se tenait auprès d’un chêne [dans la vallée] de Mambré, il vit trois hommes qui venaient par le chemin * II en vit trois, et il adora un seul [2].
V/. Ecce Sara uxor tua páriet tibi fílium, et vocábis nomen eius Isaac.V/. Voici que Sara ta femme enfantera un fils, et tu l’appelleras Isaac.
R/. Tres vidit, et unum adorávit.R/. II en vit trois, et il adora un seul.
Lectio iii3e leçon
Non ergo absúrde Matthǽus, étiam quod vulgo possit intélligi, per álios facto accéssu centuriónis ad Dóminum, compéndio dícere vóluit : Accéssit ad eum centúrio. Verúmtamen non negligénter intuénda est étiam sancti Evangelístæ altitúdo mýsticæ locutiónis, secúndum quam scriptum est in Psalmo : Accédite ad eum, et illuminámini. Proínde quia fidem centuriónis, qua vere accéditur ad Iesum, ipse ita laudávit, ut díceret : Non invéni tantam fidem in Israël : ipsum potius accessísse ad Christum dícere vóluit prudens Evangelísta, quam illos, per quos verba sua míserat.Ce n’est donc pas chose inconcevable que, pour dire le fait du centurion abordant Notre-Seigneur par l’intermédiaire de ses amis, Matthieu ait pu dire sous une forme abrégée que le vulgaire peut comprendre : « Un centurion s’approcha de lui. » Bien plus, il ne faut pas considérer négligemment la profondeur de cette locution mystique du saint Évangile, qui rappelle ce qui est écrit dans le Psaume : « Approchez-vous de lui et soyez illuminés » (Ps 33, 5). La foi du centurion qui l’a fait s’approcher de Jésus a été si hautement louée par le Seigneur qu’il en a dit : « Je n’ai pas encore trouvé si grande foi en Israël. » De là vient que l’’Évangéliste, en son prudent langage, a voulu nous dire que le centurion s’était approché plus près de Jésus, que les amis par lesquels il avait envoyé son message.
R/. Tentávit Dóminus Abraham, et dixit ad eum : * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi.R/. Dieu éprouva Abram et lui dit * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai.
V/. Vocátus quoque a Dómino, respóndit, Adsum : et ait ei Dóminus.V/. Appelé par le Seigneur, Abram répondit : Me voici et le Seigneur lui dit :
* Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi. Glória Patri. * Tolle fílium tuum, quem díligis, Isaac, et offer illum ibi in holocáustum super unum móntium, quem díxero tibi. * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai. Gloire au Père. * Prends ton fils que tu chéris, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur une des montagnes que je te montrerai.

Vendredi après les Cendres

textes de la messe

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu
Cap. 5, 43-48 ; 6, 1-4
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Audístis quia dictum est : Diliges próximum tuum, et ódio habébis inimícum tuum. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous avez entendu qu’il a été dit Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Et le reste.
Homilía sancti Hierónymi PresbýteriHomélie de saint Jérôme, Prêtre
Liber 1 Comment. in cap. 5 et 6 Matth.
Ego autem dico vobis : Dilígite inimícos vestros ; benefácite his qui odérunt vos. Multi præcépta Dei, imbecillitáte sua, non Sanctórum víribus æstimántes, putant esse impossibília quæ præcépta sunt : et dicunt suffícere virtútibus, non odísse inimícos : céterum dilígere, plus prǽcipi, quam humána natúra patiátur. Sciéndum est ergo, Christum non impossibília præcípere, sed perfécta. Quæ fecit David in Saul, et in Absalom : Stéphanus quoque Martyr pro inimícis lapidántibus deprecátus est : et Paulus anáthema cupit esse pro persecutóribus suis. Hæc autem Iesus et dócuit et fecit, dicens : Pater, ignósce illis : quod enim fáciunt, nésciunt.« Eh bien, moi je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Bien des gens soupèsent les préceptes de Dieu au poids de leur propre lâcheté au lieu de les jauger au courage des saints ; aussi les prétendent-ils irréalisables. C’est bien assez de vertu, disent-ils, de ne pas haïr les ennemis. Ordonner de les aimer, voilà qui dépasse la nature humaine ! Il faut toutefois penser que le Christ ne commande pas l’impossible, mais la perfection. David l’a pratiquée à l’égard de Saül et d’Absalon ; le martyr Étienne a prié pour ceux qui le lapidaient ; Paul, de même, a souhaité d’être anathème pour ses persécuteurs. Et Jésus mit en pratique son propre enseignement quand il pria : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »
R/. Angelus Dómini vocávit Abraham, dicens : * Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham, disant : * N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
V/. Cumque extendísset manum ut immoláret fílium, ecce Angelus Dómini de cælo clamávit, dicens.V/. Comme il étendait la main pour immoler son fils, voilà que l’Ange du Seigneur cria du ciel, disant :
R/. Ne exténdas manum tuam super púerum, eo quod tímeas Dóminum.R/. N’étends pas ta main sur l’enfant, parce que tu crains le Seigneur.
Lectio ii2e leçon
Ut sitis fílii Patris vestri, qui in cælis est. Si Dei præcépta custódiens, fílius quis effícitur Dei : ergo non est natúra fílius, sed arbítrio suo. Cum ergo facis eleemósynam, noli tuba cánere ante te, sicut hypócritæ fáciunt in synagógis et in vicis, ut honorificéntur ab homínibus. Qui tuba canit, eleemósynam fáciens, hypócrita est. Qui ieiúnans demolítur fáciem suam, ut ventris inanitátem monstret in vultu, et hic hypócrita est. Qui in synagógis et in ángulis plateárum orat, ut videátur ab homínibus, hypócrita est.« Ainsi serez-vous les fils de votre Père qui est aux cieux. » Si c’est en gardant les préceptes de Dieu qu’on devient fils, c’est donc que cette filiation n’est pas due à la nature, mais au libre choix. « Quand tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi ; ainsi font les hypocrites dans les synagogues et les rues afin d’être honorés des hommes. » Celui qui claironne son aumône est un hypocrite. L’est aussi celui qui, durant son jeûne, prend une mine exténuée pour que ses traits fassent deviner qu’il a le ventre vide. Il en est de même de celui qui, pour prier, plastronne dans les synagogues et les carrefours afin d’être vu.
R/. Vocávit Angelus Dómini Abraham de cælo, secúndo, dicens : Benedícam tibi, * Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. L’Ange du Seigneur appela Abraham une seconde fois du ciel, disant : Je te bénirai, * Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
V/. Possidébit semen tuum portas inimicórum tuórum, et benedicéntur in sémine tuo omnes tribus terræ.V/. Ta postérité possédera les portes de ses ennemis, et seront bénies en ta postérité toutes les nations de la terre.
R/. Et multiplicábo te sicut stellas cæli.R/. Et je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel.
Lectio iii3e leçon
Ex quibus ómnibus collígitur hypócritas esse, qui quódlibet fáciunt ut ab homínibus glorificéntur. Mihi vidétur et ille, qui dicit fratri suo : Dimítte ut tollam festúcam de óculo tuo : nam propter glóriam hoc fácere vidétur, ut ipse iustus esse videátur. Unde dícitur ei a Dómino : Hypócrita, éice primum trabem de óculo tuo. Non ítaque virtus, sed causa virtútis apud Deum mercédem habet. Et si a recta via páululum declináveris, non ínterest, utrum ad déxteram vadas, an ad sinístram, cum verum iter amíseris.De tous ces exemples, il ressort une définition de l’hypocrisie : tout faire en vue de s’attirer les louanges des hommes. Voici un autre exemple d’hypocrite, c’est celui qui dit à son frère : « Attends que j’enlève la paille de ton œil. » C’est pour se mettre en valeur, semble-t-il, qu’il en agit de la sorte et pour se faire passer lui-même pour juste. Aussi, le Seigneur lui dit-il : « Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil. » Ce n’est donc pas la vertu, mais le motif qui l’inspire que Dieu récompense. Peu importe que ce soit à droite ou à gauche que l’on dévie en glissant hors de la voie droite ; ce qui est grave, c’est de quitter le chemin de la vérité.
R/. Deus dómini mei Abraham, dírige viam meam : * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei.R/. O Dieu d’Abraham, mon maître, dirigez ma voie, * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.
V/. Obsecro, Dómine, fac misericórdiam cum servo tuo.V/. Je vous supplie, Seigneur, de faire miséricorde à votre serviteur.
* Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. Glória Patri. * Ut cum salúte revértar in domum dómini mei. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître. Gloire au Père. * Afin que je retourne heureusement dans la maison de mon maître.

Samedi après les Cendres

textes de la messe

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Marcum.Lecture du saint Évangile selon saint Marc
Cap. 6, 47-56
In illo témpore : Cum sero esset, erat navis in médio mari, et Iesus solus in terra. Et réliqua.En ce temps-là Lorsqu’il fut soir, la barque se trouvait au milieu de la mer, et Jésus seul à terre. Et le reste.
Homilía sancti Bedæ Venerábilis PresbýteriHomélie de saint Bédé le vénérable, Prêtre
Liber 2 cap. 28 in cap. 6 Marci tom. 4
Labor discipulórum in remigándo, et contrárius eis ventus, labóres sanctæ Ecclésiæ vários desígnat : quæ inter undas sǽculi adversántis, et immundórum flatus spirítuum, ad quiétem pátriæ cæléstis, quasi ad fidam líttoris statiónem, perveníre conátur. Ubi bene dícitur, quia navis erat in médio mari, et ipse solus in terra : quia nonnúmquam Ecclésia tantis Gentílium pressúris non solum afflícta, sed et fœdáta est, ut, si fíeri posset, Redémptor ipsíus eam prorsus deseruísse ad tempus viderétur.Le labeur des disciples qui ramaient, et le vent qui leur était contraire signifient les divers labeurs de la sainte Église qui, parmi les flots d’un monde hostile et le souffle d’esprits impurs, s’efforce de parvenir au repos de la patrie céleste comme à l’ancrage sûr du rivage. Il est donc bien de dire que la barque était au milieu de la mer alors que lui se trouvait seul, à terre ; car maintes fois l’Église a été non seulement affligée mais aussi souillée par tant d’attaques des païens qu’elle semblerait complètement abandonnée pour un temps par son Rédempteur lui-même, si c’était possible.
R/. Veni hódie ad fontem aquæ, et orávi Dóminum, dicens : * Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Je suis venu aujourd’hui près de la source d’eau, et j’ai prié le Seigneur en disant : * Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
V/. Igitur puélla, cui dixero, Da mihi aquam de hýdria tua, ut bibam : et illa díxerit, Bibe, dómine, et camélis tuis potum tríbuam : ipsa est, quam præparávit Dóminus fílio dómini mei.V/. La jeune fille donc à qui je dirai : Donne-moi de l’eau de ta cruche, pour que je boive, et qui me dira : Buvez, seigneur, et je puiserai de l’eau pour vos chameaux ; c’est celle-là que le Seigneur a préparée au fils de mon maître.
R/. Dómine, Deus Abraham, tu prósperum fecísti desidérium meum.R/. Seigneur, Dieu d’Abraham, vous avez accompli mon désir.
Lectio ii2e leçon
Unde est illa vox eius inter undas procéllasque tentatiónum irruéntium deprehénsæ, atque auxílium protectiónis illíus gemebúndo clamóre quæréntis : Ut quid, Dómine, recessísti longe, déspicis in opportunitátibus, in tribulatióne ? Quæ páriter vocem inimíci persequéntibus exponit, in sequéntibus Psalmi subíciens : Dixit enim in corde suo : Oblítus est Deus, avértit fáciem suam, ne vídeat usque in finem.C’est pourquoi la voix de celle qui est prise parmi les flots et les rafales des tentations houleuses, cherche secours et protection par ce cri angoissé : « Pourquoi Seigneur, restes-tu loin, te caches-tu aux temps de détresse ? » De même, elle rapporte le propos de l’ennemi harcelant, lorsqu’elle enchaîne la suite du psaume : « Il dit en son cœur : Dieu oublie, il se couvre la face pour ne pas voir jusqu’à la fin. »
R/. Factus est sermo Dómini ad Abram, dicens : * Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. La parole du Seigneur se fit entendre à Abram, disant : * Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
V/. Ego enim sum Dóminus Deus tuus, qui edúxi te de Ur Chaldæórum.V/. Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens.
R/. Noli timére, Abram : ego protéctor tuus sum, et merces tua magna nimis.R/. Ne crains pas, Abram, je suis ton protecteur et ta récompense grande à l’infini.
Lectio iii3e leçon
Verum ille non oblivíscitur oratiónem páuperum, neque avértit fáciem suam a sperántibus in se : quin pótius et certántes cum hostibus, ut vincant, ádiuvat, et victóres in ætérnum corónat. Unde hic quoque aperte dícitur, quia vidit eos laborántes in remigándo. Videt quippe Dóminus laborántes in mari, quamvis ipse pósitus in terra : quia etsi ad horam différre videátur auxílium tribulátis impéndere, nihilóminus eos, ne in tribulatiónibus defíciant, suæ respéctu pietátis corróborat : et aliquándo étiam manifésto adiutório, victis adversitátibus, quasi calcátis sedatísque flúctuum volumínibus líberat.Mais Dieu n’oublie pas le cri des malheureux ; il ne cache pas sa face à ceux qui espèrent en lui. Bien plus, il aide ceux qui sont aux prises avec l’ennemi pour qu’ils triomphent ; et les vainqueurs, il les couronne pour l’éternité. Aussi est-il dit bien à propos ici : « Il les voyait qui ramaient avec peine. » Oui, le Seigneur voit les siens peinant en mer, alors que lui cependant se trouve à terre. Car, même s’il semble différer un moment de venir en aide aux éprouvés, il les fortifie néanmoins par un regard de sa bonté de peur qu’ils ne défaillent dans les épreuves. Et parfois aussi, par un secours manifeste, il délivre des adversités qu’il dompte comme s’il marchait sur les tourbillons des vagues et les apaisait.
R/. Movens Abram tabernáculum suum, venit et habitávit iuxta convállem Mambre : * Ædificavítque ibi altáre Dómino.R/. Levant sa tente, Abram vint et habita près de la vallée de Mambré, * Et il bâtit là un autel au Seigneur.
V/. Dixit autem Dóminus ad eum : Leva óculos tuos, et vide : omnem terram, quam cónspicis tibi dabo, et sémini tuo in sempitérnum.V/. Or le Seigneur lui dit : Lève les yeux et vois ; tout le pays que tu aperçois, je te le donnerai, à toi et à ta postérité pour toujours.
* Ædificavítque ibi altáre Dómino. Glória Patri. * Ædificavítque ibi altáre Dómino.* Et il bâtit là un autel au Seigneur. Gloire au Père. * Et il bâtit là un autel au Seigneur.

[1] Mt 7, 20

[2] « Dans les trois Anges, Abraham reconnaît le Seigneur. Nos Pères adoraient le Seigneur dans ses Anges, l’habitant divin dans sa demeure. » (Saint Augustin).