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Matines de la 2ème semaine de Carême

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Ne sont repris ici que les leçons et répons de l’office de Matines de la 2ème semaine de Carême.

Une partie des traductions a déjà été publiée sur le Forum Catholique par Alexandre. Un grand merci à ce dernier pour le travail réalisé.

Sommaire

  2ème dimanche de carême  
  Lundi  
  Mardi  
  Mercredi  
  Jeudi  
  Vendredi  
  Samedi  

2ème dimanche de carême

In I Nocturno
1er Nocturne
Lectio i1ère leçon
De libro GenesisDu livre de la Genèse
Cap. 27, 1-10
Sénuit autem Isaac, et calligavérunt óculi eius, et vidére non póterat : vocavítque Esau fílium suum maiórem, et dixit ei : Fili mi ! Qui respóndit : Adsum. Cui pater : Vides, inquit, quod senúerim et ignórem diem mortis meæ. Sume arma tua, pháretram, et arcum, et egrédere foras : cumque venatu áliquid apprehénderis, fac mihi inde pulméntum sicut velle me nosti, et affer ut cómedam : et benedícat tibi ánima mea ántequam móriar. Quod cum audísset Rebécca, et ille abiísset in agrum ut iussiónem patris impléret, dixit fílio suo Iacob : Audívi patrem tuum loquéntem cum Esau fratre tuo, et dicéntem ei : Affer mihi de venatióne tua, et fac cibos ut cómedam, et benedícam tibi coram Dómino ántequam móriar. Nunc ergo fili mi, acquiésce consíliis meis ; et pergens ad gregem, affer mihi duos hædos óptimos, ut fáciam ex eis escas patri tuo, quibus libénter véscitur : quas cum intúleris, et coméderit, benedícat tibi priúsquam moriátur.Isaac était devenu vieux et ses yeux avaient faibli jusqu’à ne plus voir. Il appela son fils aîné Ésaü : « Mon fils ! » lui- dit-il, et celui-ci répondit : « Me voici ! » Il reprit : « Tu vois, je suis vieux et je ne connais pas le jour de ma mort. Maintenant, prends tes armes, ton carquois et ton arc, sors dans la campagne et tue-moi une pièce de gibier. Prépare un plat savoureux comme je les aime et apporte-le-moi, que je mange, afin que mon âme te bénisse avant que je meure. » – Or Rébecca écoutait pendant qu’Isaac parlait à son fils Ésaü –. Ésaü alla donc dans la campagne chasser du gibier pour son père. Rébecca dit à son fils Jacob : « J’ai entendu ton père parler à ton frère Ésaü et lui dire : ‘Apporte-moi du gibier, et prépare un plat savoureux. J’en mangerai et je te bénirai devant Dieu avant ma mort’. Maintenant, mon fils, écoute-moi et fais comme je te l’ordonne. Va donc au troupeau et rapporte-moi deux beaux chevreaux. J’en ferai un plat savoureux, comme ton père les aime. Tu l’apporteras à ton père, et il en mangera ; alors il te bénira avant sa mort. »
R/. Tolle arma tua, pháretram et arcum, et affer de venatióne tua, ut cómedam : * Et benedícat tibi ánima mea.R/. Prends tes armes [1], ton carquois et ton arc, et apporte-moi de ta chasse afin que je mange. *
V/. Cumque venatu áliquid attúleris, fac mihi inde pulméntum, ut cómedam.V/. Quand à la chasse tu auras pris quelque chose, fais-m’en un mets, afin que je mange.
R/. Et benedícat tibi ánima mea.R/. Et que mon âme te bénisse.
Lectio ii Cap. 27, 11-202e leçon
Cui ille respóndit : Nosti quod Esau frater meus homo pilósus sit, et ego lenis : si attractáverit me pater meus, et sénserit, timeo ne putet sibi voluísse illúdere, et indúcam super me maledictiónem pro benedictióne. Ad quem mater : In me sit, ait, ista maledíctio, fili mi : tantum audi vocem meam, et pergens affer quæ dixi. Abiit, et áttulit, dedítque matri. Parávit illa cibos, sicut velle nóverat patrem illíus. Et véstibus Esau valde bonis, quas apud se habébat domi, índuit eum : pelliculásque hædórum circúmdedit mánibus, et colli nuda protéxit. Dedítque pulméntum, et panes, quos cóxerat, trádidit. Quibus illatis, dixit : Pater mi ! At ille respóndit : Audio. Quis es tu, fili mi ? Dixítque Iacob : Ego sum primogénitus tuus Esau : feci sicut præcepísti mihi : surge, sede, et cómede de venatióne mea, ut benedícat mihi ánima tua. Rursum Isaac ad fílium suum : Quómodo, inquit, tam cito inveníre potuísti, fili mi ? Qui respóndit : Volúntas Dei fuit ut cito occúrreret mihi quod volébam.Jacob dit à Rébecca, sa mère : « Tu sais que mon frère Ésaü est un homme velu, tandis que ma peau est douce. Peut-être mon père me touchera-t-il ! Il verra que je me suis moqué de lui, et j’attirerai sur moi la malédiction au lieu de la bénédiction ! » Mais la mère de Jacob lui répondit : « Ta malédiction serait sur moi, mon fils ! Écoute-moi seulement, va, et apporte ce que j’ai dit. » Il s’en alla donc prendre les chevreaux et les apporta à sa mère qui en fit un plat savoureux, comme l’aimait son père. Puis Rébecca prit les habits d’Ésaü, son fils, les plus beaux qu’elle avait à la maison, et en revêtit Jacob, son fils cadet. Avec la peau des chevreaux, elle lui couvrit les mains la partie lisse du cou. Elle mit ensuite dans les mains de Jacob, son fils, le plat et le pain qu’elle avait préparés. Il vint donc près de son père et dit : « Mon père. » Celui-ci répondit : « Je suis là ! Qui es-tu, mon fils ? » Jacob dit à son père : « Je suis Ésaü, ton premier-né ; j’ai fait ce que tu m’avais dit. Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de mon gibier afin que toi, tu me bénisses. » Isaac dit à son fils : « Comme tu as trouvé vite ! » Il répondit : « C’est que le Seigneur, ton Dieu, a fait venir le gibier devant moi. »
R/. Ecce odor fílii mei sicut odor agri pleni, cui benedíxit Dóminus : créscere te fáciat Deus meus sicut arénam maris : * Et donet tibi de rore cæli benedictiónem.R/. Voici que l’odeur [2] qui s’exhale de mon fils est comme l’odeur d’un champs plein, qu’a béni le Seigneur : que le Seigneur te fasse croître comme le sable de la mer ; *
V/. Deus autem omnípotens benedícat tibi, atque multíplicet.V/. Que le Dieu tout-puissant te bénisse, et qu’il te multiplie.
R/. Et donet tibi de rore cæli benedictiónem.R/. Et qu’il te donne la bénédiction de la rosée du ciel.
Lectio iii Cap. 27, 21-293e leçon
Dixítque Isaac : Accéde huc ut tangam te, fili mi, et probem utrum tu sis fílius meus Esau, an non. Accéssit ille ad patrem, et palpáto eo, dixit Isaac : Vox quidem, vox Iacob est : sed manus, manus sunt Esau. Et non cognóvit eum, quia pilósæ manus similitúdinem maióris exprésserant. Benedícens ergo illi, ait : Tu es fílius meus Esau ? Respóndit : Ego sum. At ille : Affer mihi, inquit, cibos de venatióne tua, fili mi, ut benedícat tibi ánima mea. Quos cum oblátos comedísset, óbtulit ei étiam vinum. Quo hausto, dixit ad eum : Accéde ad me, et da mihi ósculum, fili mi. Accéssit, et osculátus est eum. Statímque ut sensit vestimentórum illíus flagrántiam, benedícens illi, ait : Ecce odor fílii mei sicut odor agri pleni, cui benedíxit Dóminus. Det tibi Deus de rore cæli, et de pinguédine terræ abundántiam fruménti et vini. Et sérviant tibi pópuli, et adorent te tribus : esto dominus fratrum tuórum, et incurvéntur ante te fílii matris tuæ. Qui maledíxerit tibi, sit ille maledíctus : et qui benedíxerit tibi, benedictiónibus repleátur.Isaac dit à Jacob : « Approche donc, mon fils, que je te touche, pour savoir si, oui ou non, tu es mon fils Ésaü ! » Jacob s’approcha d’Isaac, son père. Celui-ci le palpa et dit : « La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü ! » Il ne le reconnut pas, car ses mains étaient velues comme celles de son frère Ésaü, et il le bénit. Puis il dit : « C’est bien toi mon fils Ésaü ? » Jacob répondit : « C’est moi. » Isaac reprit : « Apporte, et que je mange du gibier de mon fils, afin que moi, je te bénisse. » Il le servit, et il mangea. Puis il lui présenta du vin, et il but. Isaac son père lui dit : « Approche, mon fils, et embrasse-moi. » Il s’approcha et l’embrassa. Isaac respira l’odeur de ses vêtements et le bénit en disant : « Voici que l’odeur de mon fils est comme l’odeur d’un champ que le Seigneur a béni. Que Dieu te donne la rosée des cieux et la fertilité de la terre, froment et vin en abondance ! Que les nations te servent, que les peuples se prosternent devant toi. Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi. Maudit soit qui te maudira, béni soit qui te bénira ! »
R/. Det tibi Deus de rore cæli et de pinguédine terræ abundántiam : sérviant tibi tribus et pópuli : * Esto dóminus fratrum tuórum.R/. Que Dieu te donne de la rosée du ciel [3], et l’abondance des graisses de la terre, que les tribus et les peuples te servent : *
V/. Et incurvéntur ante te fílii matris tuæ.V/. Et que les fils de ta mère se courbent devant toi.
* Esto dóminus fratrum tuórum. Glória Patri. * Esto dóminus fratrum tuórum.* Sois le maître de tes frères. Gloire au Père. * Sois le maître de tes frères.
In II Nocturno
2e Nocturne
Lectio iv4e leçon
Ex libro sancti Augustíni Epíscopi contra mendáciumDu livre de saint Augustin, évêque, contre le Mensonge
Cap. 10 tom. 4 post initium
Iacob quod matre fecit auctóre, ut patrem fállere viderétur, si diligénter et fidéliter attendátur, non est mendácium, sed mystérium. Quæ si mendácia dixérimus, omnes étiam parábolæ ac figúræ significandárum quarumcúmque rerum, quæ non ad proprietátem accipiéndæ sunt, sed in eis áliud ex alio est intelligéndum, dicéntur esse mendácia : quod absit omníno. Nam qui hoc putat, trópicis étiam tam multis locutiónibus ómnibus potest hanc importáre calúmniam ; ita ut et hæc ipsa, quæ appellátur metáphora, hoc est, de re própria ad rem non própriam verbi alícuius usurpáta translátio, possit ista ratióne mendácium nuncupári.Ce que fit Jacob, sous l’influence maternelle, de façon à paraître tromper son père, se révèle, au regard attentif de la foi diligente, non pas comme un mensonge, mais comme un mystère. Si nous disons : « Mensonges que tout cela », alors, toutes les paraboles, toutes ces figures pour exprimer n’importe quelles réalités qui ne sont pas à prendre au pied de la lettre, mais qui veulent faire comprendre une chose par une autre, seront aussi des mensonges ? Ah ! non, vraiment, non ! Celui qui pense ainsi va-t-il étendre cette calomnie à toutes les locutions figurées qui sont tellement nombreuses ? Il en est une qui porte le nom même de métaphore, c’est-à-dire « emprunt d’un terme propre à une chose pour le transférer à une autre à laquelle il n’appartient pas en propre ». Alors, pourrait-on, à ce compte, parler de mensonge ?
R/. Dum exíret Iacob de terra sua, vidit glóriam Dei, et ait : Quam terríbilis est locus iste ! * Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Tandis que Jacob [4] s’en allait de son pays, il vit la gloire de Dieu et dit : Qu’il est terrible ce lieu-ci ! * Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
V/. Vere Deus est in loco isto, et ego nesciébam.V/. Vraiment Dieu est en ce lieu, et je ne le savais pas.
R/. Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
Lectio v5e leçon
Quæ significántur enim, útique ipsa dicúntur : putántur autem mendácia, quóniam non ea quæ vere significántur, dicta intelligúntur ; sed ea, quæ falsa sunt, dicta esse credúntur. Hoc ut exémplis fiat plánius, idípsum quod Iacob fecit, atténde. Hædínis certe péllibus membra contéxit. Si causam próximam requirámus, mentitum putábimus : hoc enim fecit, ut putarétur esse qui non erat. Si autem hoc factum ad illud, propter quod significándum revéra factum est, referátur : per hædinas pelles, peccáta ; per eum vero, qui eis se opéruit, ille significátus est, qui non sua, sed aliéna peccáta portávit.Ce qui est signifié, voilà certes ce qui est dit. Telles paroles sont jugées mensonges parce que la vraie signification n’en est pas comprise parce que l’on croit dites des choses fausses. Pour que ceci devienne plus clair par des exemples, prête attention à l’action même de Jacob. Certes, il couvre ses membres de peaux de chevreau. Si nous recherchons le motif immédiat, nous penserons : il a menti. Il agit ainsi afin d’être pris pour celui qu’il n’est pas. Mais si ce fait est rapporté à cette signification figurée qui est la cause même de son accomplissement alors, les peaux de chevreau représentent les péchés, et celui qui s’en est recouvert est la figure de celui-là même qui a porté, non ses péchés, mais ceux des autres.
R/. Si Dóminus Deus meus fúerit mecum in via ista, per quam ego ámbulo, et custodíerit me, et déderit mihi panem ad edéndum, et vestiméntum quo opériar, et revocáverit me cum salúte : * Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Si le Seigneur mon Dieu [5] est avec moi dans le chemin par lequel je marche, s’il me garde et me donne du pain pour me nourrir, et des vêtements pour me couvrir, et s’il me ramène heureusement ; * Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
V/. Surgens ergo mane Iacob, tulit lápidem quem supposúerat cápiti suo, et eréxit in títulum, fundénsque óleum désuper, dixit.V/. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus et dit.
R/. Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
Lectio vi6e leçon
Verax ergo significátio nullo modo mendácium recte dici potest : ut autem in facto, ita et in verbo. Nam cum ei pater dixísset : Quis es tu, fili ? ille respóndit : Ego sum Esau primogénitus tuus. Hoc si referátur ad duos illos géminos, mendácium vidébitur : si autem ad illud, propter quod significándum ista gesta díctaque conscrípta sunt ; ille est hic intelligéndus in córpore suo, quod est eius Ecclésia, qui de hac re loquens, ait : Cum vidéritis Abraham, et Isaac et Iacob et omnes Prophétas in regno Dei, vos autem expélli foras. Et, Vénient ab Oriénte et Occidénte, et Aquilóne et Austro, et accúmbent in regno Dei. Et, Ecce sunt novíssimi qui erant primi : et sunt primi, qui erant novíssimi. Sic enim quodámmodo minor maióris primátum frater ábstulit, atque in se tránstulit fratris.En aucune façon, la signification vraie ne peut donc être dite mensonge. Il en est ainsi pour l’action, ainsi de même pour les paroles. Car lorsque son père lui demanda : « Qui es-tu, mon fils ? » celui-ci répondit : « Je suis Ésaü, ton premier-né. » Si nous rapportons ceci à ces deux jumeaux, il semblera qu’il y ait mensonge, si au contraire, nous les rapportons à cette réalité en vue de laquelle ces paroles et ces gestes figuratifs ont été consignés par écrit, c’est lui qu’il faut comprendre ici, dans son corps qui est son Église, lui qui a dit, en parlant de cet événement : « Vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, tandis que vous-mêmes serez jetés dehors... » et « L’on viendra du levant et du couchant du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers » [6]. C’est ainsi que le frère plus jeune d’une certaine manière a enlevé à son aîné la priorité et en a transféré les droits sur lui-même.
R/. Erit mihi Dóminus in Deum, et lapis iste quem eréxi in títulum, vocábitur domus Dei : et de univérsis quæ déderis mihi, * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.R/. Le Seigneur sera mon Dieu [7], et cette pierre que j’ai érigée en monument sera appelée la maison de Dieu [8] ; et de tout ce que vous m’aurez donné. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.
V/. Si revérsus fúero próspere ad domum patris mei.V/. Si je retourne heureusement à la maison de mon père.
* Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. Glória Patri. * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.* Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. Gloire au Père. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.
In III Nocturno
3e Nocturne
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
Cap. 17, 1-9
In illo témpore : Assúmpsit Iesus Petrum, et Iacóbum, et Ioánnem fratrem eius, et duxit illos in montem excélsum seórsum : et transfigurátus est ante eos. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux. Et le reste. [9]
De Homilía sancti Leónis PapæHomélie de saint Léon, pape
Homilia de Transfiguratione Domini
Assúmpsit Iesus Petrum, et Iacóbum, et fratrem eius Ioánnem, et conscénso cum eis seórsum monte præcélso, claritátem suæ glóriæ demonstrávit : quia licet intellexíssent in eo maiestátem Dei, ipsíus tamen córporis, quo divínitas tegebátur, poténtiam nesciébant. Et ídeo próprie signantérque promíserat, quosdam de astántibus discípulis non prius gustáre mortem, quam vidérent Fílium hóminis veniéntem in regno suo, id est, in régia claritáte, quam spiritáliter ad natúram suscépti hóminis pertinéntem, his tribus viris vóluit esse conspícuam. Nam illam ipsíus Deitátis ineffábilem et inaccessíbilem visiónem, quæ in ætérnam vitam mundis corde servátur, nullo modo mortáli adhuc carne circúmdáti intuéri póterant et vidére.« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère » et, ayant gravi avec eux une haute montagne, à l’écart, il leur manifesta l’éclat de sa gloire. Car ils avaient certes reconnu en lui la majesté de Dieu, mais ils ignoraient encore la puissance détenue par ce corps qui cachait la divinité. Et voilà pourquoi il avait promis en termes formels et précis que certains des disciples présents « ne goûteraient pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son royaume » [10], c’est-à-dire avec l’éclat royal qui convenait spécialement à la nature humaine assumée et qu’il voulut rendre visible à ces trois hommes. Car, pour ce qui est de la vision ineffable et inaccessible de la Divinité elle-même, - vision réservée aux purs de cœur, pour la vie éternelle, des êtres encore revêtus d’une chair mortelle ne pouvaient en aucune façon la contempler ni même la voir.
R/. Dixit Angelus ad Iacob : * Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. L’ange dit à Jacob [11] : * Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
V/. Cumque surrexísset Iacob, ecce vir luctabátur cum eo usque mane : et cum vidéret quod eum superáre non posset, dixit ad eum.V/. Lorsque Jacob se fut levé, voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin ; or, comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il lui dit.
R/. Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
Lectio viii8e leçon
Dicénte Patre : Hic est Fílius meus diléctus, in quo mihi bene complácui, ipsum audíte : nonne evidénter audítum est : Hic est Fílius meus, cui ex me et mecum esse sine témpore est ? quia nec génitor génito prior, nec génitus est genitóre postérior. Hic est Fílius meus, quem a me non séparat Deitas, non dívidit potéstas, non discérnit ætérnitas. Hic est Fílius meus, non adóptivus, sed próprius : non aliúnde creátus, sed ex me génitus : nec de ália natúra mihi factus comparábilis, sed de mea esséntia mihi natus æquális.Lorsque le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je me complais, écoutez-le », n’entendit-on pas clairement : « Celui-ci est mon Fils » pour qui être de moi et être avec moi est une réalité qui échappe au temps ? Car ni celui qui engendre n’est antérieur à l’engendré, ni l’engendré n’est postérieur à celui qui l’engendre. « Celui-ci est mon Fils » : de moi ne le sépare pas la divinité, ne le divise pas la puissance, ne le distingue pas l’éternité. « Celui-ci est mon Fils », non adoptif, mais propre, non créé d’ailleurs, mais engendré de moi, non d’une autre nature et rendu comparable à moi, mais né de mon essence, égal à moi.
R/. Vidi Dóminum fácie ad fáciem : * Et salva facta est ánima mea.R/. J’ai vu [12] le Seigneur face à face : * Et mon âme a été sauvée.
V/. Et dixit mihi : Nequáquam vocáberis Iacob, sed Israël erit nomen tuum.V/. Et il m’a dit : On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom [13].
R/. Et salva facta est ánima mea.R/. Et mon âme a été sauvée.
Lectio ix9e leçon
Hic est Fílius meus, per quem ómnia facta sunt, et sine quo factum est nihil : qui ómnia quæ facio, simíliter facit ; et quidquid óperor, inseparabíliter mecum atque indifferénter operátur. Hic est Fílius meus, qui eam, quam mecum habet æqualitátem, non rapína appétiit, nec usurpatióne præsúmpsit : sed manens in forma glóriæ meæ, ut ad reparándum genus humánum exsequerétur commúne consílium, usque ad formam servilem inclinávit incommutábilem Deitátem. Hunc ergo, in quo mihi per ómnia bene compláceo, et cuius prædicatióne maniféstor, cuius humilitáte claríficor, incunctánter audíte : quia ipse est véritas et vita, ipse virtus mea atque sapiéntia.« Celui-ci est mon Fils » [14], « toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui » [15] : il fait comme moi tout ce que je fais, et quelle que soit l’œuvre que j’opère, il opère avec moi d’une action inséparable et nullement différente de la mienne. « Celui-ci est mon Fils » qui ne convoita pas de ravir le rang qui l’égalait à moi et ne s’en est pas emparé par usurpation ; mais demeurant dans la condition de ma gloire pour exécuter notre commun dessein de réparer la race humaine il abaissa jusqu’à la condition d’esclave l’immuable divinité (cf. Ph 2, 6-7). Celui-ci en qui je prends pour tout ma complaisance, dont la prédication me manifeste, dont l’humilité me glorifie, écoutez-le sans hésitation, car il est, lui vérité et vie, il est ma puissance et ma sagesse.
R/. Cum audísset Iacob quod Esau veníret contra eum, divísit fílios suos et uxóres, dicens : Si percússerit Esau unam turmam, salvábitur áltera. * Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi : * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.R/. Quand Jacob [16] eut appris qu’Esaü venait au devant de lui, il divisa en deux troupes ses enfants et ses femmes, disant : Si Esaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera sera sauvée. * Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. *
V/. Dómine, qui dixísti mihi, Revértere in terram nativitátis tuæ : Dómine, qui pascis me a iuventúte mea.V/. Seigneur, qui m’avez dit : Retourne au pays de ta naissance ; Seigneur, qui me nourrissez et me conduisez depuis ma jeunesse.
* Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi. Glória Patri. * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.* Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. Gloire au Père. * Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel, et comme le sable de la mer, lequel par sa multitude, ne peut se compter.

Lundi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 8, 21-29
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Ego vado, et quærétis me, et in peccáto vestro moriémini. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs : « Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. » Et le reste. [17]
Homilía sancti Augustíni EpíscopiHomélie de saint Augustin, évêque
Tract. 38 in Ioánnem, post initium
Locútus est Dóminus Iudǽis, dicens : Ego vado. Christo enim Dómino mors proféctio fuit illo, unde vénerat, et unde non discésserat. Ego, inquit, vado, et quærétis me, non desidério, sed ódio. Nam illum póstea quam abscéssit ab óculis hóminum, inquisiérunt et qui óderant, et qui amábant : illi persequéndo, isti habére cupiéndo. In Psalmis ait ipse Dóminus per Prophétam : Périit fuga a me, et non est qui requírat ánimam meam. Et íterum ait alio loco in Psalmo : Confundántur et revereántur requiréntes ánimam meam.Le Seigneur a parlé aux Juifs en ces termes : « Je m’en vais. » Pour le Christ Seigneur, la mort fut un départ vers ce lieu d’où il venait, d’où jamais il ne s’était éloigné. « Je m’en vais, dit-il, et vous me chercherez », non par désir, mais par haine. Car après qu’il se fût éloigné loin des regards des hommes, ceux-là qui le haïssaient, ceux-là qui l’aimaient, tous le cherchèrent, les uns par la persécution, les autres par le désir de la possession. Le Seigneur dit lui-même, dans les psaumes, par le prophète : « Le refuge se dérobe à moi, pas un qui cherche mon âme » [18]. Et encore, à un autre endroit dans un psaume : « Honte et déshonneur sur tous ceux-là qui cherchent mon âme » [19].
R/. Dum iret Iacob de Bersabée, et pérgeret Haram, locútus est ei Dóminus, dicens : * Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo.R/. Lorsque Jacob [20], sorti de Bersabée, poursuivait son chemin vers Haran, le Seigneur lui parla, disant : * La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité.
V/. Ædificávit ex lapídibus altáre in honórem Dómini, fundens óleum désuper : et benedíxit eum Deus, dicens.V/. Il éleva avec des pierres un autel en l’honneur de Dieu, répandant de l’huile dessus ; et Dieu le bénit, disant.
R/. Terram, in qua dormis, tibi dabo, et sémini tuo.R/. La terre sur laquelle tu dors, je la donnerai à toi et à ta postérité.
Lectio ii2e leçon
Culpávit, qui non requírerent : damnávit requiréntes. Bonum est enim quǽrere ánimam Christi, sed quo modo eam quæsiérunt discípuli : et malum est quǽrere ánimam Christi, sed quo modo eam Iudǽi quæsiérunt : illi enim ut habérent, isti ut pérderent. Dénique istis, quia sic quærébant more malo, corde pervérso, quid secútus adiúnxit ? Quærétis me ; et ne putétis, quia bene me quærétis, in peccáto vestro moriémini. Hoc est Christum male quǽrere, in peccáto suo mori : hoc est illum odisse, per quem possit solum salvus esse.Le Christ a tenu pour coupables ceux qui ne cherchaient point son âme. Il a condamné ceux qui la recherchaient. C’est un bien en effet de chercher l’âme du Christ mais comme les disciples l’ont cherchée, et c’est un mal de chercher l’âme du Christ, mais comme les Juifs l’ont cherchée, ceux-là pour la posséder, ceux-ci pour la perdre. Aussi qu’ajoute-t-il à ses paroles à l’intention de ceux qui le cherchaient à la manière mauvaise, d’un cœur pervers ? « Vous me chercherez, mais » – pour que vous ne pensez pas que vous me cherchez bien, – « vous mourrez dans votre péché. » C’est là mal chercher le Christ : mourir dans son péché. C’est là haïr celui par qui seul on peut être sauvé.
R/. Appáruit Deus Iacob, et benedíxit eum, et dixit : Ego sum Deus Bethel, ubi unxísti lápidem, et votum vovísti mihi : * Créscere te fáciam, et multiplicábo te.R/. Dieu apparut à Jacob [21], le bénit et lui dit : Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint une pierre, et où tu m’as voué un vœu ; * Je te ferai croître [22] et je te multiplierai.
V/. Vere Dóminus est in loco isto, et ego nesciébam.V/. Vraiment le Seigneur est en ce lieu, et moi je ne le savais pas.
R/. Créscere te fáciam, et multiplicábo te.R/. Je te ferai croître [23] et je te multiplierai.
Lectio iii3e leçon
Cum enim hómines, quorum spes in Deo est, non debeant mala reddere nec pro malis ; reddébant isti mala pro bonis. Prænuntiávit ergo illis Dóminus, dixitque senténtiam prǽscius, quod in suo peccáto moreréntur. Deínde adiúnxit : Quo ego vado, vos non potéstis veníre. Hoc et discípulis suis alio loco dixit : nec tamen eis dixit : In peccáto vestro moriémini. Quid autem dixit ? quod et istis : Quo ego vado, vos non potéstis veníre. Non ábstulit spem, sed prædíxit dilatiónem. Quando enim hoc discípulis Dóminus loquebátur, tunc non póterant veníre, quo ille ibat, sed póstea ventúri erant : isti autem numquam, quibus prǽscius dixit, In peccáto vestro moriémini.Tandis que les hommes dont l’espoir est en Dieu ne doivent point rendre le mal, même pour le mal, ceux-ci rendaient le mal pour le bien. Le Seigneur leur prédit donc leur sort ; dans sa prescience, il prononce le jugement : ils mourront dans leur péché. Ensuite, il ajoute : « Là où je vais, vous ne pouvez pas venir. » Ceci, il l’a dit aussi à ses disciples à un autre endroit, néanmoins, il ne leur a pas dit : « Vous mourrez dans votre péché. » Qu’a-t-il dit au juste ? Dans les mêmes termes qu’à ceux-là : « Là où je vais, vous ne pouvez pas venir. » Il n’enlève pas l’espoir, mais il prédit le retard. Quand le Seigneur parlait ainsi à ses disciples, alors, ils ne pouvaient venir là où il allait, mais plus tard, ils y viendraient. Jamais par contre, n’y viendraient ceux-là auxquels, dans sa prescience, il a dit : « Vous mourrez dans votre péché. »
R/. Det tibi Deus de rore cæli et de pinguédine terræ abundántiam : sérviant tibi tribus et pópuli : * Esto dóminus fratrum tuórum.R/. Que Dieu te donne de la rosée du ciel [24], et l’abondance des graisses de la terre, que les tribus et les peuples te servent : *
V/. Et incurvéntur ante te fílii matris tuæ.V/. Et que les fils de ta mère se courbent devant toi.
* Esto dóminus fratrum tuórum. Glória Patri. * Esto dóminus fratrum tuórum.* Sois le maître de tes frères. Gloire au Père. * Sois le maître de tes frères.

Mardi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
Cap. 23, 1-12
In illo témpore : Locútus est Iesus ad turbas, et ad discípulos suos, dicens : Super cáthedram Móysi sedérunt scribæ et pharisǽi. Omnia ergo quæcúmque díxerint vobis, serváte, et fácite : secúndum ópera vero eórum nolíte fácere. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus, s’adressant aux foules et à ses disciples, leur dit : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes ». Et le reste. [25]
Homilía sancti Hierónymi PresbýteriHomélie de saint Jérôme, prêtre
Liber 4 Comment. in cap. 23 Matth.
Quid mansuétius, quid benígnius Dómino ? Tentátur a pharisǽis, confringúntur insídiæ eórum, et secúndum Psalmístam : Sagíttæ parvulórum factæ sunt plagæ eórum : et nihilóminus propter sacerdótii et nóminis dignitátem hortátur pópulos, ut subiciántur eis, non ópera, sed doctrínam consíderantes. Quod autem ait, Super cáthedram Móysi sedérunt scribæ et pharisǽi : per cáthedram, doctrínam Legis osténdit. Ergo et illud quod dícitur in Psalmo : In cáthedra pestiléntiæ non sedit : et, Cáthedras vendéntium colúmbas evértit : doctrínam debémus accípere.Est-il douceur, est-il bonté plus grande que celle du Seigneur ? Les pharisiens le tentent, leurs pièges s’écroulent, et selon les mots du psalmiste : « Dieu leur a tiré une flèche, soudaines ont été leurs blessures » [26] et néanmoins, par respect pour la dignité de leur sacerdoce et de leur titre, il exhorte les foules à leur être soumises, en considérant non leurs œuvres, mais leur doctrine. En disant : « Les scribes et les pharisiens se sont installés dans la chaire de Moïse », il désigne par le mot « chaire » l’enseignement de la loi. Et ce qui est dit dans le psaume : « Il ne s’est pas assis dans la chaire de pestilence » [27], et « Il renversa les chaires des marchands de colombes » [28], nous devons le comprendre dans le sens de la doctrine.
R/. Dum exíret Iacob de terra sua, vidit glóriam Dei, et ait : Quam terríbilis est locus iste ! * Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Tandis que Jacob [29] s’en allait de son pays, il vit la gloire de Dieu et dit : Qu’il est terrible ce lieu-ci ! * Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
V/. Vere Deus est in loco isto, et ego nesciébam.V/. Vraiment Dieu est en ce lieu, et je ne le savais pas.
R/. Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
Lectio ii2e leçon
Alligant enim ónera grávia et importabília, et impónunt in húmeros hóminum, dígito autem suo nolunt ea movére. Hoc generáliter advérsus omnes magístros, qui grávia iubent, et minóra non fáciunt. Notándum autem, quod et húmeri, et dígitus, et ónera, et víncula quibus alligántur ónera, spirituáliter intelligénda sunt. Omnia vero ópera sua fáciunt, ut videántur ab homínibus. Quicúmque ígitur ita facit quódlibet, ut videátur ab homínibus, scriba et pharisǽus est.« Ils attachent des fardeaux pesants et les mettent sur les épaules des hommes mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » Ceci s’adresse d’une manière générale à tous les maîtres qui commandent des choses pesantes et n’en font pas de moindres. Notons d’ailleurs que les mots épaules, doigts, fardeaux et liens qui servent à fixer les fardeaux doivent s’entendre au sens spirituel. « Toutes leurs actions, ils les font pour être vus des hommes. » Ainsi quiconque agit en quoi que ce soit pour être vu des hommes est un scribe et un pharisien.
R/. Si Dóminus Deus meus fúerit mecum in via ista, per quam ego ámbulo, et custodíerit me, et déderit mihi panem ad edéndum, et vestiméntum quo opériar, et revocáverit me cum salúte : * Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Si le Seigneur mon Dieu [30] est avec moi dans le chemin par lequel je marche, s’il me garde et me donne du pain pour me nourrir, et des vêtements pour me couvrir, et s’il me ramène heureusement ; * Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
V/. Surgens ergo mane Iacob, tulit lápidem quem supposúerat cápiti suo, et eréxit in títulum, fundénsque óleum désuper, dixit.V/. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus et dit.
R/. Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
Lectio iii3e leçon
Dilátant enim phylactéria sua, et magníficant fímbrias. Amant quoque primos recúbitus in cœnis, et primas cáthedras in synagógis, et salutatiónes in foro, et vocári ab homínibus Rabbi. Væ nobis míseris, ad quos pharisæórum vítia transiérunt. Dóminus cum dedísset mandáta Legis per Móysen, ad extrémum íntulit : Ligábis ea in manu tua, et erunt immóta ante óculos tuos. Et est sensus : Præcépta mea sint in manu tua, ut ópere compleántur : sint ante óculos tuos, ut die ac nocte meditéris in eis. Hoc pharisǽi male interpretántes, scribébant in membránis decálogum Móysi, id est, decem verba Legis, complicántes ea et ligántes in fronte, et quasi corónam cápiti faciéntes : ut semper ante óculos moveréntur.« Ils portent de larges phylactères et de longues franges, ils aiment la première place dans les banquets, les premiers sièges dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, et qu’on les appelle ‘Rabbi’. » Malheur à nous, misérables ! à qui sont passés les vices des pharisiens. Quand le Seigneur eut donné par l’intermédiaire de Moïse les commandements de la loi, il conclut [31] : « Tu les attacheras à ta main et sur ton front comme un bandeau. » En voici le sens : Que mes préceptes soient dans ta main pour que tu les réalises dans tes actes ; qu’ils soient sur ton front pour que tu les médites jour et nuit. Les pharisiens ont mal interprété ; ils se sont mis à écrire le Décalogue de Moïse, c’est-à-dire les dix paroles de la loi, sur des bouts de parchemins qu’ils pliaient et attachaient à leur front pour s’en faire comme une couronne sur leur tête : ils les emportaient toujours avec eux sur leur front.
R/. Erit mihi Dóminus in Deum, et lapis iste quem eréxi in títulum, vocábitur domus Dei : et de univérsis quæ déderis mihi, * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.R/. Le Seigneur sera mon Dieu [32], et cette pierre que j’ai érigée en monument sera appelée la maison de Dieu [33] ; et de tout ce que vous m’aurez donné. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.
V/. Si revérsus fúero próspere ad domum patris mei.V/. Si je retourne heureusement à la maison de mon père.
* Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. Glória Patri. * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.* Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. Gloire au Père. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.

Mercredi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint évangile selon saint Matthieu.
Cap. 20, 17-28
In illo témpore : Ascéndens Iesus Ierosólymam, assúmpsit duódecim discípulos secréto, et ait illis : Ecce ascéndimus Ierosólymam, et Fílius hóminis tradétur princípibus sacerdótum, et scribis, et condemnábunt eum morte. Et réliqua.En ce temps-là, comme Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort. » Et le reste. [34]
Homilía sancti Ambrósii EpíscopiHomélie de saint Ambroise, évêque
Lib. 5 de fide ad Gratianum cap. 2, post initium
Consideráte, quæ mater filiórum Zebedǽi cum fíliis et pro fíliis petat : mater est útique, cui pro filiórum honóre sollícitæ, immoderátior quidem, sed tamen ignoscénda mensúra votórum est. Atque mater ætáte longǽva, stúdio religiósa, solátio destitúta, quæ tunc témporis, quando vel iuvánda, vel alénda foret válidæ prolis auxílio, abésse sibi líberos patiebátur, et voluptáti suæ mercédem sequéntium Christum prætúlerat filiórum. Qui prima voce vocáti a Dómino (ut légimus) relíctis rétibus et patre, secúti sunt eum.Considérez ce que la mère des fils de Zébédée demande avec eux et pour eux. C’est bien une mère : sa sollicitude pour l’honneur de ses fils lui inspire des désirs dont la mesure est exagérée, sans doute, mais digne d’indulgence. Et c’est une mère avancée en âge, soucieuse des choses de Dieu, privée de secours. A ce moment où elle aurait dû recevoir de ses fils en pleine force d’âge assistance et soutien, elle consent à leur éloignement et préfère à son propre bien-être la récompense qui leur reviendra, à eux, pour avoir suivi le Christ. En effet, dès le premier appel du Seigneur, nous l’avons lu, « laissant leur barque et leur père ils le suivirent. »
R/. Dixit Angelus ad Iacob : * Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. L’ange dit à Jacob [35] : * Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
V/. Cumque surrexísset Iacob, ecce vir luctabátur cum eo usque mane : et cum vidéret quod eum superáre non posset, dixit ad eum.V/. Lorsque Jacob se fut levé, voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin ; or, comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il lui dit.
R/. Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
Lectio ii2e leçon
Hæc ígitur, stúdio matérnæ sedulitátis indulgéntior, obsecrábat Salvatórem, dicens : Ut sédeant hi duo fílii mei, unus ad déxteram tuam, et alter ad sinístram in regno tuo. Etsi error, pietátis tamen error est. Nésciunt enim matérna víscera patiéntiam : etsi voti avára, tamen veniábilis cupíditas, quæ non pecúniæ est ávida, sed grátiæ. Nec inverecúnda petítio, quæ non sibi, sed líberis consulébat. Matrem consideráte, matrem cogitáte.Cette femme donc, trop prompte à écouter sa tendresse maternelle, supplie le Sauveur en disant : « Ordonne que mes deux fils qui sont ici, s’asseyent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Si faute il y a, elle part cependant du dévouement maternel. C’est que le cœur d’une mère est incapable de patience ; son désir traduit la soif de posséder, mais cette avidité est excusable : ce n’est pas à l’argent qu’elle aspire, mais bien plutôt à la grâce. Et sa demande n’est pas inconvenante : ce n’est pas à elle-même qu’elle pense mais à ses enfants. Elle est mère, songez-y, elle est mère, ne l’oubliez pas.
R/. Vidi Dóminum fácie ad fáciem : * Et salva facta est ánima mea.R/. J’ai vu [36] le Seigneur face à face : * Et mon âme a été sauvée.
V/. Et dixit mihi : Nequáquam vocáberis Iacob, sed Israël erit nomen tuum.V/. Et il m’a dit : On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom [37].
R/. Et salva facta est ánima mea.R/. Et mon âme a été sauvée.
Lectio iii3e leçon
Considerábat Christus matris dilectiónem, quæ filiórum mercéde grandǽvam solabátur senéctam : et disidériis licet fessa matérnis, carissimórum pignórum tolerábat abséntiam. Consideráte étiam féminam, hoc est, sexum fragiliórem, quem Dóminus própria nondum confirmáverat passióne. Consideráte, inquam, Hevæ illíus primæ mulíeris herédem, transfúsa in omnes immoderátæ cupiditátis successióne labéntem : quam Dóminus adhuc próprio sánguine non redémerat, nondum inólitam afféctibus ómnium immódici contra fas honóris appeténtiam suo Christus cruóre dilúerat. Hereditário ígitur múlier delinquébat erróre.Le Christ est attentif à la tendresse de cette mère qui trouve dans la récompense de ses fils la consolation de son grand âge et, tourmentée de soucis maternels, supporte l’absence d’enfants très chers. N’oubliez pas qu’elle est femme, qu’elle appartient à ce sexe faible que le Seigneur n’a pas encore fortifié par sa propre Passion. Voyez, dis-je, cette héritière d’Ève, de la première femme : elle succombe à la convoitise immodérée qui s’est transmise à toutes par voie de succession. Le Seigneur ne l’avait pas encore rachetée par son propre sang, le Christ n’avait pas encore lavé dans l’effusion de son sang cette recherche désordonnée d’honneurs excessifs, implantée dans le cœur de toutes. C’est donc sous l’effet d’un égarement héréditaire que la femme péchait.
R/. Cum audísset Iacob quod Esau veníret contra eum, divísit fílios suos et uxóres, dicens : Si percússerit Esau unam turmam, salvábitur áltera. * Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi : * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.R/. Quand Jacob [38] eut appris qu’Esaü venait au devant de lui, il divisa en deux troupes ses enfants et ses femmes, disant : Si Esaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera sera sauvée. * Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. *
V/. Dómine, qui dixísti mihi, Revértere in terram nativitátis tuæ : Dómine, qui pascis me a iuventúte mea.V/. Seigneur, qui m’avez dit : Retourne au pays de ta naissance ; Seigneur, qui me nourrissez et me conduisez depuis ma jeunesse.
* Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi. Glória Patri. * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.* Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. Gloire au Père. * Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel, et comme le sable de la mer, lequel par sa multitude, ne peut se compter.

Jeudi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
Cap. 16, 19-31
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Homo quidam erat dives, qui induebátur púrpura et bysso : et epulabátur quotídie spléndide. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit aux Pharisiens : Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui faisait chaque jour une chère splendide. Et le reste. [39]
Homilía sancti Gregórii PapæHomélie de saint Grégoire, pape
Homilía 40 in Evang.
Quem, fratres caríssimi, quem dives iste, qui induebátur púrpura et bysso, et epulabátur quotídie spléndide, nisi Iudáicum pópulum signat : qui cultum vitæ extérius hábuit, qui accéptæ legis delíciis ad nitórem usus est, non ad utilitátem ? Quem vero Lázarus ulcéribus plenus, nisi Gentílem pópulum figuráliter éxprimit ? Qui dum convérsus ad Deum peccáta confitéri sua non erúbuit, huic vulnus in cute fuit. In cutis quippe vúlnere virus a viscéribus tráhitur, et foras erúmpit.Que signifie, frères très chers, que signifie ce riche « qui s’habillait de pourpre et de linge fin et faisait chaque jour des festins splendides », sinon le peuple juif qui eut extérieurement un culte de vie ; qui se servit des délices de la loi reçue pour s’en faire gloire et non pour agir ? Et Lazare, couvert d’ulcères, qu’exprime-t-il en figure, sinon le peuple des nations ? S’étant converti à Dieu, il n’a pas rougi de confesser ses péchés, ce lui fut une lésion sur la peau. Car le virus est attiré des organes internes et se déclare au-dehors par une lésion de la peau.
R/. Tolle arma tua, pháretram et arcum, et affer de venatióne tua, ut cómedam : * Et benedícat tibi ánima mea.R/. Prends tes armes [40], ton carquois et ton arc, et apporte-moi de ta chasse afin que je mange. *
V/. Cumque venatu áliquid attúleris, fac mihi inde pulméntum, ut cómedam.V/. Quand à la chasse tu auras pris quelque chose, fais-m’en un mets, afin que je mange.
R/. Et benedícat tibi ánima mea.R/. Et que mon âme te bénisse.
Lectio ii2e leçon
Quid est ergo peccatórum conféssio, nisi quædam vúlnerum rúptio ? Quia peccáti virus salúbriter aperítur in confessióne, quod pestífere latébat in mente. Vúlnera étenim cutis in superfíciem trahunt humórem putrédinis. Et confiténdo peccáta, quid áliud ágimus, nisi malum, quod in nobis latébat, aperímus ? Sed Lázarus vulnerátus cupiébat saturári de micis, quæ cadébant de mensa dívitis, et nemo illi dabat : quia Gentílium quemque ad cognitiónem legis admíttere supérbus ille pópulus despiciébat.Qu’est donc la confession des péchés sinon une sorte d’ouverture des lésions ? Parce que le virus du péché se déclare salutairement par la confession alors qu’il couvait pernicieusement dans l’âme. Car, les lésions de la peau attirent en surface l’humeur putride. Et, en confessant nos péchés) que faisons-nous d’autre que de déclarer le mal qui couvait en nous ? Mais Lazare, couvert de plaies, « aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; et personne ne le lui offrait. » Car ce peuple superbe dédaignait d’admettre un païen à la connaissance de la loi.
R/. Ecce odor fílii mei sicut odor agri pleni, cui benedíxit Dóminus : créscere te fáciat Deus meus sicut arénam maris : * Et donet tibi de rore cæli benedictiónem.R/. Voici que l’odeur [41] qui s’exhale de mon fils est comme l’odeur d’un champs plein, qu’a béni le Seigneur : que le Seigneur te fasse croître comme le sable de la mer ; *
V/. Deus autem omnípotens benedícat tibi, atque multíplicet.V/. Que le Dieu tout-puissant te bénisse, et qu’il te multiplie.
R/. Et donet tibi de rore cæli benedictiónem.R/. Et qu’il te donne la bénédiction de la rosée du ciel.
Lectio iii3e leçon
Qui dum doctrínam legis non ad caritátem hábuit, sed ad elatiónem, quasi de accéptis ópibus túmuit : et quia ei verba defluébant de sciéntia, quasi micæ cadébant de mensa. At contra, iacéntis páuperis vúlnera lingébant canes. Nonnúmquam solent in sacro elóquio, per canes prædicatóres intélligi. Canum étenim lingua, vulnus dum lingit, curat : quia et doctóres sancti, dum in confessióne peccáti nostri nos ínstruunt, quasi vulnus mentis per linguam tangunt.Puisque la doctrine de la loi portait ce peuple à l’élèvement, non à la charité, il s’enflait comme d’une richesse reçue ; et parce que les paroles débordaient de sa science, elles tombaient comme des miettes de la table. D’autre part, les chiens venaient lécher les plaies de ce pauvre qui gisait là. Souvent, dans le langage sacré, les chiens désignent les prédicateurs ; car la langue des chiens, en léchant une plaie, la guérit. De la même manière, les saints docteurs, quand ils nous instruisent lors de la confession de notre péché, touchent, pour ainsi dire, la plaie de notre âme avec la langue.
R/. Det tibi Deus de rore cæli et de pinguédine terræ abundántiam : sérviant tibi tribus et pópuli : * Esto dóminus fratrum tuórum.R/. Que Dieu te donne de la rosée du ciel [42], et l’abondance des graisses de la terre, que les tribus et les peuples te servent : *
V/. Et incurvéntur ante te fílii matris tuæ.V/. Et que les fils de ta mère se courbent devant toi.
* Esto dóminus fratrum tuórum. Glória Patri. * Esto dóminus fratrum tuórum.* Sois le maître de tes frères. Gloire au Père. * Sois le maître de tes frères.

Vendredi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu.
Cap. 21, 33-46
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum, et princípibus sacerdótum parábolam hanc : Homo erat paterfamílias, qui plantávit víneam, et sepem circúmdedit ei. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit à la foule des Juifs et aux princes des prêtres cette parabole : II y avait un père de famille qui planta une vigne, l’entoura d’une haie. Et le reste. [43]
Homilía sancti Ambrósii EpíscopiHomélie de saint Ambroise, Évêque
Liber 9 in cap. 20 Lucæ
Pleríque várias significatiónes de víneæ appellatióne derívant : sed evidénter Isaías víneam Dómini Sábaoth, domum Israël esse memorávit. Hanc víneam quis álius, nisi Deus, cóndidit ? Hic est ergo qui eam locávit colónis, et ipse péregre fuit : non quia ex loco ad locum proféctus est Dóminus, qui ubíque semper præsens est : sed quia est præséntior diligéntibus, negligéntibus abest. Multis tempóribus ábfuit, ne præprópera viderétur exáctio. Nam quo indulgéntior liberálitas, eo inexcusabílior pervicácia.Beaucoup d’auteurs font dériver de cette dénomination de vigne des sens variés ; mais Isaïe a exposé clairement que la vigne du Seigneur des armées n’était autre que la maison d’Israël. Quel est celui qui planta cette vigne, si ce n’est Dieu ? C’est donc lui qui la loua à des vignerons, et partit pour un voyage : non que le Seigneur soit allé d’un lieu dans un autre, lui qui demeure sans cesse présent partout : mais en ce sens qu’il est très proche de ceux qui travaillent avec amour et diligence, tandis qu’il est éloigné des négligents. Longtemps, il resta absent, afin de ne point paraître réclamer trop tôt les fruits de sa vigne. Aussi la persistance opiniâtre des vignerons dans leur mauvais vouloir est-elle d’autant plus inexcusable, que la bonté du maître a poussé plus loin l’indulgence.
R/. Dum exíret Iacob de terra sua, vidit glóriam Dei, et ait : Quam terríbilis est locus iste ! * Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Tandis que Jacob [44] s’en allait de son pays, il vit la gloire de Dieu et dit : Qu’il est terrible ce lieu-ci ! * Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
V/. Vere Deus est in loco isto, et ego nesciébam.V/. Vraiment Dieu est en ce lieu, et je ne le savais pas.
R/. Non est hic áliud, nisi domus Dei, et porta cæli.R/. Ce n’est autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel.
Lectio ii2e leçon
Unde bene secúndum Matthǽum habes, quia et sepem circúmdedit : hoc est, divínæ custódiæ munitióne vallávit, ne fácile spiritálium patéret incúrsibus bestiárum. Et fodit in ea tórcular. Quómodo intellígimus quid sit tórcular, nisi forte quia Psalmi pro torculáribus inscribúntur ; eo quod in his mystéria Domínicæ passiónis, modo musti Sancto fervéntis Spíritu, redundántius æstuáverint ? Unde ébrii putabántur, quibus Spíritus Sanctus inundábat. Ergo et hic fodit tórcular, in quod uvæ rationábilis fructus intérior spiritáli infusióne deflúeret.Ce n’est pas sans raison qu’il est dit dans l’Évangile selon saint Matthieu, que le père de famille environna sa vigne d’une haie ; ce qui signifie que le Seigneur l’entoura du rempart de la protection divine, afin qu’elle ne fût pas facilement accessible aux incursions des bêtes spirituelles. « Et il y. creusa un pressoir. » Comment comprendrons-nous quel est ce pressoir, si ce n’est en nous souvenant qu’il y a des Psaumes intitulés : Pour les pressoirs, parce qu’en ceux-ci les mystères de la passion du Seigneur distillent plus abondamment, comme un vin échauffé par le Saint-Esprit ? Aussi l’on croyait ivres, [au jour de la Pentecôte], ceux qui étaient remplis de l’Esprit-Saint. Le Seigneur a donc aussi creusé un pressoir, afin que le jus du raisin mystérieux découlât par une infusion spirituelle.
R/. Si Dóminus Deus meus fúerit mecum in via ista, per quam ego ámbulo, et custodíerit me, et déderit mihi panem ad edéndum, et vestiméntum quo opériar, et revocáverit me cum salúte : * Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Si le Seigneur mon Dieu [45] est avec moi dans le chemin par lequel je marche, s’il me garde et me donne du pain pour me nourrir, et des vêtements pour me couvrir, et s’il me ramène heureusement ; * Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
V/. Surgens ergo mane Iacob, tulit lápidem quem supposúerat cápiti suo, et eréxit in títulum, fundénsque óleum désuper, dixit.V/. Se levant donc le matin, Jacob prit la pierre qu’il avait mise sous sa tête et l’érigea en monument, répandant de l’huile dessus et dit.
R/. Erit mihi Dóminus in refúgium, et lapis iste in signum.R/. Le Seigneur me sera un refuge et cette pierre comme un monument.
Lectio iii3e leçon
Ædificávit turrim, vérticem scílicet legis attóllens : atque ita hanc víneam munítam, instrúctam, ornátam, locávit Iudǽis. Et témpore frúctuum sérvulos misit. Bene tempus frúctuum pósuit, non provéntuum. Nullus enim fructus éxstitit Iudæórum, nullus víneæ huius provéntus, de qua Dóminus ait : Exspectávi ut fáceret uvas, fecit autem spinas. Itaque non lætítiæ vino, non spiritali musto, sed cruénto Prophetárum sánguine torculária redundárunt.« Il y bâtit une tour », c’est-à-dire qu’il y éleva le faîte de la loi ; et sa vigne étant ainsi fortifiée, pourvue et ornée, il la loua au peuple juif. « En la saison des fruits, il envoya ses serviteurs. » On ne dit pas que ce fut au temps de la récolte, mais au temps des fruits. Car les Juifs ne firent paraître aucun fruit ; il fut nul, le revenu de cette vigne dont le Seigneur a dit [46] : « J’ai espéré qu’elle produirait des raisins, et elle n’a produit que des grappes sauvages. » Ses pressoirs n’ont pas regorgé d’un vin de joie, d’un vin doux spirituel, mais du sang des .Prophètes.
R/. Erit mihi Dóminus in Deum, et lapis iste quem eréxi in títulum, vocábitur domus Dei : et de univérsis quæ déderis mihi, * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.R/. Le Seigneur sera mon Dieu [47], et cette pierre que j’ai érigée en monument sera appelée la maison de Dieu [48] ; et de tout ce que vous m’aurez donné. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.
V/. Si revérsus fúero próspere ad domum patris mei.V/. Si je retourne heureusement à la maison de mon père.
* Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi. Glória Patri. * Décimas et hóstias pacíficas ófferam tibi.* Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques. Gloire au Père. * Je vous offrirai la dîme et des hosties pacifiques.

Samedi

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Lucam.Lecture du saint évangile selon saint Luc.
Cap. 15, 11-32
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis et scribis parábolam istam : Homo quidam hábuit duos fílios : et dixit adolescéntior ex illis patri : Pater, da mihi portiónem substántiæ, quæ me contíngit. Et réliqua.En ce temps-là, Jésus dit aux scribes et aux pharisiens cette parabole : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de biens qui doit me revenir. Et le reste. [49]
Homilía sancti Ambrósii EpíscopiHomélie de saint Ambroise, évêque
Lib. 8 Comment. in cap. 15 Lucæ, post initium
Vides, quod divínum patrimónium peténtibus datur. Nec putes culpam patris, quod adolescentióri dedit. Nulla Dei regno infírma ætas : nec fides gravátur annis. Ipse certe se iudicávit idóneum, qui popóscit. Atque útinam non recessísset a patre, impediméntum nescísset ætátis. Sed posteáquam domum pátriam derelínquens péregre proféctus est, cœpit egére. Mérito ergo prodégit patrimónium, qui recéssit ab Ecclésia.Tu le vois, le patrimoine divin est donné à qui le demande. Ne crois pas que le père ait eu tort de donner à quelqu’un de trop jeune sa part de fortune. Aucun âge n’est inapte au Royaume de Dieu et la foi ne souffre pas du poids des années. A coup sûr, celui qui demande sa part s’est estimé capable de la gérer. Ah ! qu’il eût bien fait de ne pas s’éloigner de son père ! Il n’aurait pas connu de détriment du fait de son âge. Mais, parti pour un pays lointain, sorti de la maison paternelle, il tombe dans l’indigence. En vérité, il dissipe son patrimoine, celui qui s’éloigne de l’Église.
R/. Pater, peccávi in cælum, et coram te : iam non sum dignus vocári fílius tuus : * Fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.R/. Mon Père [50], j’ai péché contre le ciel et à vos yeux ; je ne suis pas digne d’être appelé votre fils. * Traitez-moi comme l’un de vos mercenaires.
V/. Quanti mercenárii in domo patris mei abúndant pánibus, ego autem hic fame péreo ! Surgam, et ibo ad patrem meum, et dicam ei.V/. Combien de mercenaires [51], dans la maison de mon père, ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, et j’irai vers mon père, et je lui dirai.
R/. Fac me sicut unum ex mercenáriis tuis.R/. Traitez-moi comme l’un de vos mercenaires.
Lectio ii2e leçon
Péregre proféctus est in regiónem longínquam. Quid longínquius, quam a se recédere : nec regiónibus, sed móribus separári : stúdiis discrétum esse, non terris ; et quasi interfúso luxúriæ sæculáris æstu, divórtia habére sanctórum ? Etenim qui se a Christo séparat, exsul est pátriæ, civis est mundi. Sed nos non sumus ádvenæ atque peregríni, sed cives sumus Sanctórum, et doméstici Dei. Qui enim erámus longe, facti sumus prope in sánguine Christi. Non invideámus de longínqua regióne remeántibus : quia et nos fúimus in regióne longínqua, sicut Isaías docet. Sic enim habes : Qui sedébant in regióne umbræ mortis, lux orta est illis. Régio ergo longínqua, umbra est mortis.« Il partit pour un pays lointain. » Est-il pire éloignement que de se quitter soi-même, d’accepter la distance que crée, non l’espace, mais la conduite, de s’isoler par les désirs du cœur et non par des étendues de terre, d’être séparé des saints comme par une zone brûlante de luxure terrestre ? Car quiconque se sépare du Christ, s’exile de la patrie et choisit le monde pour cité. Mais nous, « nous ne sommes plus des étrangers ni des gens de passage. Nous sommes concitoyens des saints, nous sommes la maison de Dieu. » [52] « Nous qui jadis étions loin, nous sommes devenus proches grâce au sang du Christ » [53] Gardons-nous donc d’être malveillants envers ceux qui reviennent d’un pays éloigné car nous aussi, nous avons vécu dans une région lointaine, comme l’enseigne Isaïe. Tu lis en effet : « Sur ceux qui gisent dans l’ombre de la mort une lumière a resplendi » [54]. Ainsi, le pays lointain, c’est l’ombre de la mort.
R/. Vidi Dóminum fácie ad fáciem : * Et salva facta est ánima mea.R/. J’ai vu [55] le Seigneur face à face : * Et mon âme a été sauvée.
V/. Et dixit mihi : Nequáquam vocáberis Iacob, sed Israël erit nomen tuum.V/. Et il m’a dit : On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom [56].
R/. Et salva facta est ánima mea.R/. Et mon âme a été sauvée.
Lectio iii3e leçon
Nos autem, quibus spíritus ante fáciem Christus est Dóminus, in umbra vívimus Christi. Et ídeo dicit Ecclésia : In umbra eius concupívi, et sedi. Ille ígitur vivéndo luxurióse, consúmpsit ómnia ornaménta natúræ. Unde tu, qui accepísti imáginem Dei, qui habes similitúdinem eius, noli eam irrationábili fœditáte consúmere. Opus Dei es : noli ligno dícere, Pater meus es tu : ne accípias similitúdinem ligni, quia scriptum est : Símiles illis fiant qui fáciunt ea.Pour nous, le Christ Seigneur est le souffle de notre vie ; nous vivons à l’ombre du Christ. Aussi l’Église dit-elle : « A son ombre désirée, je me suis assise » [57]. Ce jeune homme donc, a consumé dans une vie de débauche tout le charme dont il était pourvu. Toi, qui as reçu l’empreinte de l’image de Dieu, qui portes sa ressemblance, veille donc à ne pas la réduire à néant par une vie honteuse, indigne de ta raison. Tu es l’œuvre de Dieu, ne dis pas au bois : « Tu es mon père ». Ne te rends pas semblable aux idoles de bois, puisqu’il est écrit : « Que deviennent comme elles ceux qui les font » [58].
R/. Cum audísset Iacob quod Esau veníret contra eum, divísit fílios suos et uxóres, dicens : Si percússerit Esau unam turmam, salvábitur áltera. * Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi : * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.R/. Quand Jacob [59] eut appris qu’Esaü venait au devant de lui, il divisa en deux troupes ses enfants et ses femmes, disant : Si Esaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera sera sauvée. * Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. *
V/. Dómine, qui dixísti mihi, Revértere in terram nativitátis tuæ : Dómine, qui pascis me a iuventúte mea.V/. Seigneur, qui m’avez dit : Retourne au pays de ta naissance ; Seigneur, qui me nourrissez et me conduisez depuis ma jeunesse.
* Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi. Glória Patri. * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.* Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. Gloire au Père. * Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel, et comme le sable de la mer, lequel par sa multitude, ne peut se compter.

[1] Gen. 27, 3

[2] Gen. 27, 27

[3] Gen. 27, 28

[4] Gen. 28, 17

[5] Gen. 28, 20

[6] Lc 13, 28-30

[7] Gen. 28, 21

[8] « Voici le sens de ce texte : Je promets au Seigneur de l’honorer par un culte plus grand et plus spécial à l’avenir, et le lieu dans lequel se trouve cette pierre, lieu sanctifié par la présence de Dieu et de ses Anges, je veux qu’il soit considéré comme sanctifié. Sur cette pierre, comme sur un autel, j’offrirai des sacrifices à Dieu. »(Corn. a Lap.)

[9] Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la neige. Et voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre, alors, prenant la parole, dit à Jésus : « Seigneur, quel bonheur pour nous d’être ici ! Si tu veux, faisons ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, qu’une nuée lumineuse les prit sous son ombre ; et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance, écoutez-le. » En entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre, et ils furent pris d’un grand effroi. Alors Jésus s’approcha, il les toucha et dit : « Relevez-vous, ne vous effrayez pas. » Et levant les yeux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez à personne de cette vision avant que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts. »

[10] Math. 16, 28

[11] Gen. 32, 26

[12] Gen. 32, 10

[13] « Jacob veut dire supplanteur ; et Israël, prince avec Dieu. »(Saint Jérôme)

[14] Math. 17, 5

[15] Jean 1, 3

[16] Gen. 32, 7

[17] « Là où je vais, vous ne pouvez venir. » Les Juifs disaient donc : « Est-ce qu’il se tuera lui-même, puisqu’il dit : Là où je vais, vous ne pouvez venir ? » Et il leur dit : « Vous, vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés ; car, si vous ne croyez pas à ce que je suis, vous mourrez dans votre péché. » Ils lui dirent donc : « Qui êtes-vous ? » Jésus leur répondit : « Je suis le principe, moi qui vous parle. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous. Mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai appris de lui, je le dis dans le monde. » Ils ne comprirent pas qu’il disait que Dieu était son Père. Jésus leur dit donc : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. »

[18] Ps 141, 5

[19] Ps 39, 15

[20] Gen. 38, 10

[21] Gen. 31, 13

[22] Gen. 28, 16

[23] Gen. 28, 16

[24] Gen. 27, 28

[25] « car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

[26] Ps 63, 8

[27] Ps 1, 1

[28] Mc 11, 15

[29] Gen. 28, 17

[30] Gen. 28, 20

[31] Deut 6, 8

[32] Gen. 28, 21

[33] « Voici le sens de ce texte : Je promets au Seigneur de l’honorer par un culte plus grand et plus spécial à l’avenir, et le lieu dans lequel se trouve cette pierre, lieu sanctifié par la présence de Dieu et de ses Anges, je veux qu’il soit considéré comme sanctifié. Sur cette pierre, comme sur un autel, j’offrirai des sacrifices à Dieu. »(Corn. a Lap.)

[34] « et ils le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; et il ressuscitera le troisième jour. » Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses deux fils, et se prosterna en lui demandant quelque chose. Il lui dit : « Que veux-tu ? » « Ordonnez, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche, dans votre royaume. » Mais Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Oui, vous boirez mon calice ; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels mon Père l’a préparé. » Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : « Vous savez que les princes des nations les dominent ; et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ; de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie comme la rançon d’un grand nombre. »

[35] Gen. 32, 26

[36] Gen. 32, 10

[37] « Jacob veut dire supplanteur ; et Israël, prince avec Dieu. »(Saint Jérôme)

[38] Gen. 32, 7

[39] Il y avait aussi un mendiant, nommé Lazare, qui était couché à sa porte, couvert d’ulcères, désirant se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, et personne ne lui en donnait ; mais les chiens venaient aussi, et léchaient ses plaies. Or il arriva que le mendiant mourut, et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli dans l’enfer. Et levant les yeux, lorsqu’il était dans les tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ; et s’écriant, il dit : Père Abraham, ayez pitié de moi, et envoyez Lazare, afin qu’il trempe l’extrémité de son doigt dans l’eau, pour rafraîchir ma langue, car je suis tourmenté dans cette flamme. Mais Abraham lui dit : Mon fils, souviens-toi que tu as reçu les biens pendant ta vie, et que Lazare a reçu de même les maux ; or maintenant il est consolé, et toi, tu es tourmenté. De plus, entre nous et vous un abîme a été établi ; de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, où de là venir ici, ne le peuvent pas. Le riche dit : Je vous supplie donc, père, de l’envoyer dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères, afin qu’il leur atteste ces choses, de peur qu’ils ne viennent eux aussi, dans ce lieu de tourments. Et Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent. Et il reprit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils feront pénitence. Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, quand même quelqu’un des morts ressusciterait, ils ne croiront pas.

[40] Gen. 27, 3

[41] Gen. 27, 27

[42] Gen. 27, 28

[43] Il y creusa un pressoir, et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons, et partit pour un pays lointain. Or, lorsque le temps des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux vignerons, pour recueillir les fruits de sa vigne. Mais les vignerons, s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre. Il leur envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même. Enfin il leur envoya son fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils. Mais les vignerons voyant le fils, dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous aurons son héritage. Et s’étant saisis de lui, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Lors donc que le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ? Ils lui dirent : II fera périr misérablement ces misérables, et il louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en rendront les fruits en leur temps. Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont re-jetée ceux qui bâtissaient, celle-là même est devenue la tête de l’angle ; c’est le Seigneur qui a fait cela, et c’est une chose admirable à nos yeux ? C’est pourquoi, je vous dis que le royaume de Dieu vous sera enlevé, et qu’il sera donné à une nation qui en produira les fruits. Et celui qui tombera sur cette pierre, s’y brisera, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. Lorsque les princes des prêtres et les pharisiens eurent entendu ces paraboles, ils comprirent que Jésus parlait d’eux. Et cherchant à se saisir de lui, ils craignirent les foules, parce qu’elles le regardaient comme un prophète.

[44] Gen. 28, 17

[45] Gen. 28, 20

[46] Is. 5, 2

[47] Gen. 28, 21

[48] « Voici le sens de ce texte : Je promets au Seigneur de l’honorer par un culte plus grand et plus spécial à l’avenir, et le lieu dans lequel se trouve cette pierre, lieu sanctifié par la présence de Dieu et de ses Anges, je veux qu’il soit considéré comme sanctifié. Sur cette pierre, comme sur un autel, j’offrirai des sacrifices à Dieu. »(Corn. a Lap.)

[49] Et il leur partagea son avoir. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé, partit pour un pays lointain, et il y dissipa son bien en menant une vie de prodigue. Lorsqu’il eut tout dépensé, survint une grande famine dans ce pays, et il commença à sentir le besoin. Et il alla se mettre au service d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs paître des porcs. Et il eût bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. Alors, rentrant en lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en trop, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai et j’irai à mon père, et je lui dirai : ‘Mon père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils : traite-moi comme l’un de tes mercenaires.’ Et il se leva et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit ; et, touché de compassion, il courut, se jeta à son cou, et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Vite, apportez la plus belle robe et revêtez l’en ; mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds ; et amenez le veau gras, tuez-le ; et mangeons, festoyons : car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il a été retrouvé. Et ils se mirent à festoyer. Or son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il approcha de la maison, il entendit de la musique et des chœurs. Ayant appelé un des serviteurs, il s’enquit de ce que cela pouvait être. L’autre lui dit : Votre frère est arrivé, et votre père a tué le veau gras, parce qu’il l’a recouvré bien portant. Mais il se mit en colère, et il ne voulait pas entrer. Son père sortit pour l’en prier. Et il répondit à son père : Voilà tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un ordre de toi, et jamais tu ne m’as donné, à moi, un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand est revenu ton fils que voilà, qui a dévoré ton avoir avec des courtisanes, tu as tué pour lui le veau gras ! Il lui dit : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il a été retrouvé.

[50] Luc 15, 28

[51] Luc 15, 17

[52] Eph 2, 1

[53] Eph 2, 13

[54] Is 9, 2

[55] Gen. 32, 10

[56] « Jacob veut dire supplanteur ; et Israël, prince avec Dieu. »(Saint Jérôme)

[57] Cant 2, 3

[58] Ps 113, 8

[59] Gen. 32, 7