Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Si ce jour tombe le 21 décembre, fête de saint Thomas, on dit la Messe et l’Office de l’Apôtre et on fait mémoire de l’Avent par les oraisons à la messe (3ème semaine), et à Laudes par l’antienne qui suit :
Aux Laudes
Ant. au Bénédictus Ne craignez pas, * car notre Seigneur viendra à vous le cinquième jour.
Aux autres dates, on fait l’Office et la Messe de l’Avent comme suit.
¶ Hæc forma adhibenda est in Missa conventuali et in Missa, in qua Ordines conferuntur ; in ceteris Missis adhiberi potest forma brevior ut infra. | Ce formulaire doit être utilisé à la messe conventuelle et à la messe où l’on confère les ordinations ; pour les autres messes, on peut utiliser la forme brève qui suit. |
¶ In sabbato Quatuor Temporum, Missa, in qua Ordines conferuntur, dicenda est de sabbato, etiam festo I vel II classis occurrente, et in ea additur oratio ritualis « In collatione Ordinum » sub unica conclusione cum oratione quæ sequitur Dóminus vobíscum, et omittuntur omnes commemorationes, nisi sint privilegiatæ. | Le Samedi des Quatre-Temps, la messe où l’on confère les ordinations doit être celle du samedi, même si ce jour là tombe une fête de 1ère ou 2ème classe ; on y ajoute l’oraison « Pour la collation des Ordres » sous la même conclusion à l’oraison qui suit le Dóminus vobíscum, et on omet toutes les autres commémoraisons, sauf celles privilégiées |
Ant. ad Introitum. Ps. 79, 4 et 2. | Introït |
Veni, et osténde nobis fáciem tuam, Dómine, qui sedes super Chérubim : et salvi érimus. | Venez, Seigneur, vous dont le trône est porté par les Chérubins. Venez nous montrer votre visage et nous serons sauvés. |
Ps. ib., 2. | |
Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph. | Ecoutez, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. |
V/.Glória Patri. | |
Post Kýrie, eléison, immediate dicitur : Orémus. Flectámus genua. V/. Leváte. | Après le Kýrie, eléison, on dit immédiatement : Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Deus, qui cónspicis, quia ex nostra pravitáte afflígimur : concéde propítius ; ut ex tua visitatióne consolémur : Qui vivis. | Seigneur Dieu, vous voyez les épeuves que nous subissons à cause du péché qui est en nous : accordez-nous de trouver le réconfort dans votre venue. |
Lectio Isaíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Isaïe |
Is. 19, 20–22. | |
In diebus illis : Clamábunt ad Dóminum a facie tribulántis, et mittet eis salvatórem et propugnatórem, qui líberet eos. Et cognoscétur Dóminus ab Ægýpto, et cognóscent Ægýptii Dóminum in die illa : et colent eum in hóstiis et in munéribus : et vota vovébunt Dómino, et solvent. Et percútiet Dóminus Ægýptum plaga, et sanábit eam : et revertántur ad Dóminum, et placábitur eis, et sanábit eos Dóminus, Deus noster. | En ces jours là : quand ils crieront vers le Seigneur, à cause des oppresseurs, il leur enverra un sauveur et un champion pour les délivrer. Le Seigneur se fera connaître de l’Egypte, et l’Égypte connaîtra le Seigneur, en ce jour-là ; ils feront des sacrifices et des offrandes ; ils feront des voeux au Seigneur et les accompliront. Le Seigneur frappera l’Égypte, frappant et guérissant. Ils se convertiront au Seigneur, et il se laissera fléchir par eux et les guérira. |
Graduale. Ps. 18, 7 et 2. | Graduel |
A summo cælo egréssio eius : et occúrsus eius usque ad summum eius. | Comme le soleil, il se lève à une extrêmité du ciel et court jusqu’à l’autre extrêmité. |
V/. Cæli enárrant glóriam Dei : et opera mánuum eius annúntiat firmaméntum. | V/. Les cieux chantent la gloire de Dieu ; leur voûte solide proclame la puissance de ses mains. |
Orémus. Flectámus genua. R/. Leváte. | Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui sub peccáti iugo et vetústa servitúte deprímimur ; exspectáta unigéniti Fílii tui nova nativitáte liberémur : Qui tecum vivit. | Dieu tout puissant, par un vieil esclavage, nous sommes écrasés ous le joug du péché ; faites que la naissance nouvelle de votre Fils unique que nous attendons nous rende la liberté. |
Lectio Isaíæ Prophétæ | Lecture du Prophète Isaïe |
Is. 35, 1–7. | |
Hæc dicit Dóminus : Lætábitur desérta et ínvia, ei exsultábit solitúdo, et florébit quasi lílium. Gérminans germinábit, et exsultábit lætabúnda et laudans : glória Líbani data est ei : decor Carméli et Saron, ipsi vidébunt glóriam Dómini, et decórem Dei nostri. Confortáte manus dissolútas, et génua debília roboráte. Dícite pusillánimis : Confortámini, et nolíte timére : ecce, Deus vester ultiónem addúcet retributiónis : Deus ipse véniet, et salvábit vos. Tunc aperiéntur óculi cæcórum, et aures surdórum patébunt. Tunc sáliet sicut cervus claudus, et apérta erit lingua mutórum : quia scissæ sunt in desérto aquæ, et torréntes in solitúdine. Et quæ erat árida, erit in stagnum, et sítiens in fontes aquárum : ait Dóminus omnípotens. | Voici ce que dit le Seigneur : Le désert et la terre aride se réjouiront ; la steppe sera dans l’allégresse, et fleurira comme le narcisse ; il se couvrira de fleurs et tressaillira, il poussera des cris de joie. La gloire du Liban lui sera donnée, avec la magnificence du Carmel et de Saron. Ils verront la gloire du Seigneur, la magnificence de notre Dieu ! Fortifiez les mains défaillantes, et affermissez les genoux qui chancellent ! Dites à ceux qui ont le coeur troublé ; « Prenez courage, ne craignez point : Voici votre Dieu ; la vengeance vient, une revanche divine, il vient lui-même et vous sauvera. » Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, alors s’ouvriront les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. Car des eaux jailliront dans le désert, et des ruisseaux dans les steppes ; .Le sol brûlé se changera en un lac, et la terre altérée en sources d’eaux : Oracle du Seigneur Tout puissant. |
Graduale. Ps. 18, 6 et 7. | Graduel |
In sole pósuit tabernáculum suum : et ipse tamquam sponsus procédens de thálamo suo. | Les cieux sont la tente dressée pour le soleil. Et tel un jeune époux, il s’avance hors de sa demeure. |
V/. A summo cælo egréssio eius : et occúrsus eius usque ad summum eius. | V/. Il se lève à une extrêmité du ciel, et court jusqu’à l’autre extrêmité. |
Orémus. Flectámus genua. R/. Leváte. | Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Indignos nos, quǽsumus, Dómine, fámulos tuos, quos actiónis própriæ culpa contrístat, unigéniti Fílii tui advéntu lætífica : Qui tecum vivit et regnat. | Nous sommes, Seigneur, des serviteurs indignes, et c’est notre vie coupable qui nous attriste. Cependant, rendez-nous la joie par l’avènement de votre Fils Unique. |
Lectio Isaíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Isaïe |
Is. 40, 9–11. | |
Hæc dicit Dóminus : Super montem excélsum ascénde tu, qui evangelízas Sion : exálta in fortitúdine vocem tuam, qui evangelízas Ierúsalem : exálta, noli timére. Dic civitátibus Iuda : Ecce, Deus vester : ecce, Dóminus Deus in fortitúdine véniet, et bráchium eius dominábitur : ecce, merces eius cum eo, et opus illíus coram illo. Sicut pastor gregem suum pascet : in bráchio suo congregábit agnos, et in sinu suo levábit, Dóminus, Deus noster. | Voici ce que dit le Seigneur : Monte sur une haute montagne, toi qui portes à Sion la bonne nouvelle ; élève la voix avec force, toi qui portes à Jérusalem la bonne nouvelle ; élève-la, ne crains point ; dis aux villes de Juda « Voici votre Dieu ! » Voici que le Seigneur Dieu vient avec puissance ; son bras exerce la domination ; Voici que sa récompense est avec lui, et son salaire est devant lui. Comme un berger, il fera paître son troupeau ; il recueillera les agneaux dans ses bras, et les portera dans son sein, le Seigneur notre Dieu. |
Graduale. Ps. 79, 20 et 3. | Graduel |
Dómine, Deus virtútum, convérte nos : et osténde fáciem tuam, et salvi érimus. | Seigneur, Dieu des forces du ciel, convertis-nous ; montre-nous ton visage, et nous serons sauvés. |
V/. Excita, Dómine, poténtiam tuam, et veni, ut salvos fácias nos. | V/. Réveillez votre puissance, Seigneur, et venez nous sauver. |
Orémus. Flectámus genua. R/. Leváte. | Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut Fílii tui ventúra sollémnitas et præséntis nobis vitæ remédia cónferat, et prǽmia ætérna concédat. Per eúndem Dóminum nostrum. | Nous vous en prions, Dieu tout puissant, permettez que la fête toute proche de votre Fils nous apporte les remèdes nécessaires à la vie présente et nous mérite la récompense éternelle. |
Lectio Isaíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Isaïe |
Is. 45, 1–8. | |
Hæc dicit Dóminus christo meo Cyro, cuius apprehéndi déxteram, ut subiíciam ante fáciem eius gentes, et dorsa regum vertam, et apériam coram eo iánuas, et portæ non claudéntur. Ego ante te ibo : et gloriósos terræ humiliábo : portas .reas cónteram, et vectes férreos confríngam. Et dabo tibi thesáuros abscónditos et arcána secretórum : ut scias, quia ego Dóminus, qui voco nomen tuum, Deus Israël. Propter servum meum Iacob, et Israël electum meum, et vocávi te nómine tuo : assimilávi te, et non cognovísti me. Ego Dóminus, et non est ámplius : extra me non est Deus : accínxi te, et non cognovísti me : ut sciant hi, qui ab ortu solis, et qui ab occidénte, quóniam absque me non est. Ego Dóminus, et non est alter, formans lucem et creans ténebras, fáciens pacem et creans malum : ego Dóminus faciens omnia hæc. Roráte, cæli, désuper, et nubes pluant iustum : aperiátur terra, et gérminet Salvatórem : et iustítia oriátur simul : ego Dóminus creávi eum. | Ainsi parle le Seigneur à son oint, à Cyrus , que j’ai pris par la main droite pour terrasser devant lui les nations, et pour délier la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les portes, afin que les entrées ne lui soient pas fermées. Moi, je marcherai devant toi ; j’aplanirai les chemins montueux ; je romprai les portes d’airain, et je briserai les verrous de fer. Je te donnerai les trésors cachés, et les richesses enfouies, afin que tu saches que je suis le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui t’ai appelé par ton nom. A cause de Jacob, mon serviteur, et d’Israël, mon élu, je t’ai appelé par ton nom ; je t’ai désigné quand tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre ; hors moi, il n’y a point de Dieu ! Je t’ai ceint quand tu ne me connaissais pas, afin que l’on sache ; du levant au couchant, qu’il n’y a rien en dehors de moi ! Je suis le Seigneur, et il n’y en a point d’autre ; je forme la lumière et crée les ténèbres, je fais la paix et je crée le malheur c’est moi le Seigneur qui fais tout cela. Cieux, répandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir la justice ! Que la terre s’ouvre et produise le salut, qu’elle fasse germer la justice en même temps ! Moi ! Le Seigneur, je crée ces choses. |
Graduale. Ps. 79, 3, 2 et 3. | Graduel |
Excita, Dómine, poténtiam tuam, et veni, ut salvos fácias nos. | Réveillez ta puissance, Seigneur, et venez nous sauver. |
V/. Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph : qui sedes super Chérubim, appáre coram Ephraim, Béniamin, et Manásse. | V/. Ecoutez, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. Vous dont le trône est porté par les Chérubins, montrez-vous aux descendants d’Éphraïm, de Benjamin et de Manassé. |
Orémus. Flectámus genua. R/. Leváte. | Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Preces pópuli tui, quǽsumus, Dómine, cleménter exáudi : ut, qui iuste pro peccátis nostris afflígimur, pietátis tuæ visitatióne consolémur : Qui vivis. | Par pitié, Seigneur, exaucez les prières de votre peuple,. Et puisque nous subissons les épreuves que nous ont mérités nos péchés, apportez-nous le réconfort quand vous viendrez à nous, plein de bonté. |
Lectio Daniélis Prophétæ. | Lecture du Prophète Daniel |
Dan. 3, 47–51. | |
In diebus illis : Angelus Dómini descéndit cum Azaría et sóciis eius in fornácem : et excússit flammam ignis de fornáce, et fecit médium fornácis quasi ventum roris flantem. Flamma autem effundebátur super fornácem cúbitis quadragínta novem : et erúpit, et incéndit, quos répperit iuxta fornácem de Chaldǽis, minístros regis, qui eam incendébant. Et non tétigit eos omníno ignis, neque contristavit, nec quidquam moléstia íntulit. Tunc hi tres quasi ex uno ore laudábant, et glorificábant, et benedicébant Deum in fornáce, dicéntes : | En ces jours là : L’ange du Seigneur était descendu dans la fournaise avec Azarias et ses compagnons, et il écartait de la fournaise la flamme de feu. Et il rendit le milieu de la fournaise tel que si un vent de rosée y avait soufflé. La flamme s’élevait quarante-neuf coudées au-dessus de la fournaise ; et, s’étant élancée, elle brûla les Chaldéens qu’elle rencontra près de la fournaise. Et le feu ne les toucha même pas, il ne les blessa point et ne leur causa point le moindre mal. Alors ces trois hommes, comme d’une seule bouche, louaient, glorifiaient et bénissaient Dieu dans la fournaise, en disant : |
Hic non respondetur Deo grátias. | Ici on ne répond pas Nous rendons grâce à Dieu |
Hymnus. Dan. ibid., 52–53. | Hymne |
Benedíctus es, Dómine, Deus patrum nostrórum. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula.
Et benedíctum nomen glóriæ tuæ, quod est sanctum. Et laudábile et gloriósum in sǽcula. Benedíctus es in templo sancto glóriæ tuæ. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. Benedíctus es super thronum sanctum regni tui. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. Benedíctus es super sceptrum divinitátis tuæ. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. Benedíctus es, qui sedes super Chérubim, íntuens abýssos. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. Benedíctus es, qui ámbulas super pennas ventórum et super undas maris. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. Benedícant te omnes Angeli et Sancti tui. Et laudent te et gloríficent in sǽcula. Benedícant te cæli, terra, mare, et ómnia quæ in eis sunt. Et laudent te et gloríficent in sǽcula. Glória Patri, et Fílio, et Spirítui Sancto. Et laudábili et glorióso in sǽcula. Sicut erat in princípio, et nunc, et semper : et in sǽcula sæculórum. Amen. Et laudábili et glorióso in sǽcula. Benedíctus es, Dómine, Deus patrum nostrórum. Et laudábilis et gloriósus in sǽcula. | Bénis sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères, à Toi louange et gloire éternellement.
Bénis soit le nom de ta gloire qui est saint, à Toi louange et gloire éternellement. Bénis sois-tu dans le temple saint de ta glore, à Toi louange et gloire éternellement. Bénis sois-tu sur le saint trône de ton règne, à Toi louange et gloire éternellement. Bénis sois-tu sur le sceptre de ta divinité, à Toi louange et gloire éternellement. Bénis sois-tu qui siège sur les Chérubins, dominant l’abyme, à Toi louange et gloire éternellement. Bénis sois-tu qui marches sur les ailes du vent et avances sur les flots de la mer, à Toi louange et gloire éternellement. Que tous les Anges et tes sainst te bénissent, qu’ils te louent et te glorifient éternellement. Que les cieus la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent te bénissent, qu’ils te louent et te glorifient éternellement. Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, louange et gloire éternellement. Comme il était au commencement, maintenant et dasn les siècles des siècles. Amen. Louange et gloire éternellement. Tu es béni Seigneur, Dieu de nos pères, à Toi louange et gloire éternellement. |
Hic dicitur V/. Dóminus vobíscum, sine Flectámus génua.
Orémus. | Ici on dit V/. Dóminus vobíscum, sans Fléchissons le genou.
Prions. |
Oratio. | Oraison |
Deus, qui tribus púeris mitigásti flammas ignium : concéde propítius ; ut nos fámulos tuos non exúrat flamma vitiórum. Per Dóminum nostrum. | Dieu, qui pour les trois jeunes gens avez adouci les flammes du brasier, nous vous en prions : ne laissez pas le feu des passions dévorer vos serviteurs. |
Et dicuntur aliæ orationes forte occurrentes. | On dit ici les commémoraisons s’il y a lieu |
Lectio Epístolæ beati Páuli Apóstoli ad Thessalonicénses. | Lecture de l’Epître de Saint Paul aux Thessaloniciens. |
2 Thess. 2, 1–8. | |
Fratres : Rogámus vos per advéntum Dómini nostri Iesu Christi, et nostræ congregatiónis in ipsum : ut non cito moveámini a vestro sensu, neque terreámini, neque per spíritum, neque per sermónem, neque per epístolam tamquam per nos missam, quasi instet dies Dómini. Ne quis vos sedúcat ullo modo : quóniam nisi vénerit discéssio primum, et revelátus fuerit homo peccáti, fílius perditiónis, qui adversátur, et extóllitur supra omne, quod dícitur Deus aut quod cólitur, ita ut in templo Dei sédeat osténdens se, tamquam sit Deus. Non retinétis, quod, cum adhuc essem apud vos, hæc dicébam vobis ? Et nunc quid detíneat, scitis, ut revelétur in suo témpore. Nam mystérium iam operátur iniquitátis : tantum ut, qui tenet nunc, téneat, donec de médio fiat. Et tunc revelábitur ille iníquus, quem Dóminus Iesus interfíciet spíritu oris sui, et déstruet illustratióne advéntus sui. | Mes Frères : En ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser ébranler facilement dans vos sentiments, ni alarmer, soit par quelque esprit, soit par quelque parole ou lettre supposées venir de nous, comme si le jour du Seigneur était imminent. Que personne ne vous égare d’aucune manière ; car auparavant viendra l’apostasie, et se manifestera l’homme de péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte, jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu, et à se présenter comme s’il était Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’étais encore chez vous ? Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu’il se manifeste en son temps. Car le mystère d’iniquité s’opère déjà, mais seulement jusqu’à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour. Et alors se découvrira l’impie, que le Seigneur Jésus exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l’éclat de son avènement. |
Tractus. Ps. 79, 2–3. | Trait |
Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph. | Ecoutez, pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. |
V/. Qui sedes super Chérubim, appáre coram Ephraim, Béniamin, et Manásse. | V/. Vous dont le trône est porté par les Chérubins, montrez-vous aux descendants d’Éphraïm, de Benjamin et de Manassé |
V/. Excita, Dómine, poténtiam tuam, et veni : ut salvos fácias nos. | V/. Réveillez votre puissance, Seigneur, et venez nous sauver. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam. | Suite du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 3, 1–6. | |
Anno quintodécimo impérii Tibérii Cǽsaris, procuránte Póntio Piláto Iudǽam, tetrárcha autem Galilǽæ Heróde, Philíppo autem fratre eius tetrárcha Iturǽæ et Trachonítidis regionis, et Lysánia Abilínæ tetrárcha, sub princípibus sacerdotum Anna et Cáipha : factum est verbum Domini super Ioannem, Zacharíæ filium, in deserto. Et venit in omnem regiónem Iordánis, prǽdicans baptísmum pæniténtiæ in remissiónem peccatórum, sicut scriptum est in libro sermónum Isaíæ Prophétæ : Vox clamántis in desérto : Paráte viam Dómini : rectas fácite sémitas eius : omnis vallis implébitur : et omnis moris et collis humiliábitur : et erunt prava in dirécta, et áspera in vias planas : et vidébit omnis caro salutáre Dei. | La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonitide, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; au temps des grands prêtres Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut sur Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et colline seront abaissées ; les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux unis. Et toute chair verra le salut de Dieu. » |
Ant. ad Offertorium. Zach. 9, 9. | Offertoire |
Exsúlta satis, fília Sion, prǽdica, fília Ierúsalem : ecce, Rex tuus venit tibi sanctus et Salvátor. | Danse de joie, fille de Sion. Crie ta joie, fille de Jérusalem. Voici que ton roi vient à toi : il est saint et il te sauvera. |
Secreta. | Secrète |
Sacrifíciis præséntibus, quǽsumus, Dómine, placátus inténde : ut et devotióni nostræ profíciant et salúti. Per Dóminum. | Jetez, Seigneur, un regard apaisé sur le sacrifice que vous nous présentons ; qu’il nous attache à vous et assure notre salut. |
Præfatio communis. | Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
Ant. ad Communionem. Ps. 18, 6–7. | Communion |
Exsultávit ut gigas ad curréndam viam : a summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius. | A pas de géant, il s’est élancé sur le chemin à parcourir ; il se lève à une extrêmité du ciel et court jusqu’à l’autre extrêmité. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut sacrosáncta mystéria, quæ pro reparatiónis nostræ munímine contulísti ; et præsens nobis remédium esse fácias et futúrum. Per Dóminum. | Nous vous le demandons, Seigneur, notre Dieu : que ces mystères sacrosaints, que vous avez donné pour raffermir en nous votre œuvre de rédemption, soient le remède qui nous sauve pour la vie présente et pour l’éternité. |
Ant. ad Introitum. Ps. 79, 4 et 2. | Introït |
Veni, et osténde nobis fáciem tuam, Dómine, qui sedes super Chérubim : et salvi érimus. | Venez, Seigneur, vous dont le trône est porté par les Chérubins. Venez nous montrer votre visage et nous serons sauvés. |
Ps. ib., 2. | |
Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph. | Ecoutez, Pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. |
V/.Glória Patri. | |
Post Kýrie, eléison, immediate dicitur : Orémus. Flectámus genua. V/. Leváte. | >Après le Kýrie, eléison, on dit immédiatement : Prions. Fléchissons le genou. R/. Levez-vous. |
Oratio. | Oraison |
Deus, qui cónspicis, quia ex nostra pravitáte afflígimur : concéde propítius ; ut ex tua visitatióne consolémur : Qui vivis. | Seigneur Dieu, vous voyez les épeuves que nous subissons à cause du péché qui est en nous : accordez-nous de trouver le réconfort dans votre venue. |
Lectio Isaíæ Prophétæ. | Lecture du Prophète Isaïe |
Is. 19, 20–22. | |
In diebus illis : Clamábunt ad Dóminum a facie tribulántis, et mittet eis salvatórem et propugnatórem, qui líberet eos. Et cognoscétur Dóminus ab Ægýpto, et cognóscent Ægýptii Dóminum in die illa : et colent eum in hóstiis et in munéribus : et vota vovébunt Dómino, et solvent. Et percútiet Dóminus Ægýptum plaga, et sanábit eam : et revertántur ad Dóminum, et placábitur eis, et sanábit eos Dóminus, Deus noster. | En ces jours là : quand ils crieront vers le Seigneur, à cause des oppresseurs, il leur enverra un sauveur et un champion pour les délivrer. Le Seigneur se fera connaître de l’Egypte, et l’Égypte connaîtra le Seigneur, en ce jour-là ; ils feront des sacrifices et des offrandes ; ils feront des voeux au Seigneur et les accompliront. Le Seigneur frappera l’Égypte, frappant et guérissant. Ils se convertiront au Seigneur, et il se laissera fléchir par eux et les guérira. |
Graduale. Ps. 18, 7 et 2. | Graduel |
A summo cælo egréssio eius : et occúrsus eius usque ad summum eius. | Comme le soleil, il se lève à une extrêmité du ciel et court jusqu’à l’autre extrêmité. |
V/. Cæli enárrant glóriam Dei : et opera mánuum eius annúntiat firmaméntum. | V/. Les cieux chantent la gloire de Dieu ; leur voûte solide proclame la puissance de ses mains. |
Hic dicitur V/. Dóminus vobíscum, sine Flectámus génua.
Orémus. | Ici on dit V/. Dóminus vobíscum, sans Fléchissons le genou.
Prions. |
Oratio. | Oraison |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, qui sub peccáti iugo et vetústa servitúte deprímimur ; exspectáta unigéniti Fílii tui nova nativitáte liberémur : Qui tecum vivit. | Dieu tout puissant, par un vieil esclavage, nous sommes écrasés ous le joug du péché ; faites que la naissance nouvelle de votre Fils unique que nous attendons nous rende la liberté. |
Lectio Epístolæ beati Páuli Apóstoli ad Thessalonicénses. | Lecture de l’Epître de Saint Paul aux Thessaloniciens. |
2 Thess. 2, 1–8. | |
Fratres : Rogámus vos per advéntum Dómini nostri Iesu Christi, et nostræ congregatiónis in ipsum : ut non cito moveámini a vestro sensu, neque terreámini, neque per spíritum, neque per sermónem, neque per epístolam tamquam per nos missam, quasi instet dies Dómini. Ne quis vos sedúcat ullo modo : quóniam nisi vénerit discéssio primum, et revelátus fuerit homo peccáti, fílius perditiónis, qui adversátur, et extóllitur supra omne, quod dícitur Deus aut quod cólitur, ita ut in templo Dei sédeat osténdens se, tamquam sit Deus. Non retinétis, quod, cum adhuc essem apud vos, hæc dicébam vobis ? Et nunc quid detíneat, scitis, ut revelétur in suo témpore. Nam mystérium iam operátur iniquitátis : tantum ut, qui tenet nunc, téneat, donec de médio fiat. Et tunc revelábitur ille iníquus, quem Dóminus Iesus interfíciet spíritu oris sui, et déstruet illustratióne advéntus sui. | Mes Frères : En ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser ébranler facilement dans vos sentiments, ni alarmer, soit par quelque esprit, soit par quelque parole ou lettre supposées venir de nous, comme si le jour du Seigneur était imminent. Que personne ne vous égare d’aucune manière ; car auparavant viendra l’apostasie, et se manifestera l’homme de péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte, jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu, et à se présenter comme s’il était Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’étais encore chez vous ? Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu’il se manifeste en son temps. Car le mystère d’iniquité s’opère déjà, mais seulement jusqu’à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour. Et alors se découvrira l’impie, que le Seigneur Jésus exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l’éclat de son avènement. |
Tractus. Ps. 79, 2–3. | Trait |
Qui regis Israël, inténde : qui dedúcis, velut ovem, Ioseph. | Ecoutez, pasteur d’Israël, vous qui menez le peuple de Joseph comme un berger son troupeau. |
V/. Qui sedes super Chérubim, appáre coram Ephraim, Béniamin, et Manásse. | V/. Vous dont le trône est porté par les Chérubins, montrez-vous aux descendants d’Éphraïm, de Benjamin et de Manassé |
V/. Excita, Dómine, poténtiam tuam, et veni : ut salvos fácias nos. | V/. Réveillez votre puissance, Seigneur, et venez nous sauver. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Lucam. | Suite du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 3, 1–6. | |
Anno quintodécimo impérii Tibérii Cǽsaris, procuránte Póntio Piláto Iudǽam, tetrárcha autem Galilǽæ Heróde, Philíppo autem fratre eius tetrárcha Iturǽæ et Trachonítidis regionis, et Lysánia Abilínæ tetrárcha, sub princípibus sacerdotum Anna et Cáipha : factum est verbum Domini super Ioannem, Zacharíæ filium, in deserto. Et venit in omnem regiónem Iordánis, prǽdicans baptísmum pæniténtiæ in remissiónem peccatórum, sicut scriptum est in libro sermónum Isaíæ Prophétæ : Vox clamántis in desérto : Paráte viam Dómini : rectas fácite sémitas eius : omnis vallis implébitur : et omnis moris et collis humiliábitur : et erunt prava in dirécta, et áspera in vias planas : et vidébit omnis caro salutáre Dei. | La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée ; Hérode, tétrarque de la Galilée ; Philippe, son frère, tétrarque de l’Iturée et du pays de la Trachonitide, et Lysanias, tétrarque de l’Abilène ; au temps des grands prêtres Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut sur Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. Toute vallée sera comblée, toute montagne et colline seront abaissées ; les chemins tortueux deviendront droits, et les raboteux unis. Et toute chair verra le salut de Dieu. » |
Ant. ad Offertorium. Zach. 9, 9. | Offertoire |
Exsúlta satis, fília Sion, prǽdica, fília Ierúsalem : ecce, Rex tuus venit tibi sanctus et Salvátor. | Danse de joie, fille de Sion. Crie ta joie, fille de Jérusalem. Voici que ton roi vient à toi : il est saint et il te sauvera. |
Secreta. | Secrète |
Sacrifíciis præséntibus, quǽsumus, Dómine, placátus inténde : ut et devotióni nostræ profíciant et salúti. Per Dóminum. | Jetez, Seigneur, un regard apaisé sur le sacrifice que vous nous présentons ; qu’il nous attache à vous et assure notre salut. |
Præfatio communis. | Préface Commune . |
In aliquibus diœcesibus et in Gallis, præfatio de Adventu. | Dans quelques diocèses et en France, Préface de l’Avent . |
Ant. ad Communionem. Ps. 18, 6–7. | Communion |
Exsultávit ut gigas ad curréndam viam : a summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius. | A pas de géant, il s’est élancé sur le chamin à parcourir ; il se lève à une extrêmité du ciel et court jusqu’à l’autre extrêmité. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut sacrosáncta mystéria, quæ pro reparatiónis nostræ munímine contulísti ; et præsens nobis remédium esse fácias et futúrum. Per Dóminum. | Nous vous le demandons, Seigneur, notre Dieu : que ces mystères sacrosaints, que vous avez donné pour raffermir en nous votre œuvre de rédemption, soient le remède qui nous sauve pour la vie présente et pour l’éternité. |
Leçons des Matines
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 3, 1-6.
En ce temps-là : La quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, Pape.
Première leçon. A quel temps le Précurseur de notre Rédempteur reçut le mandat de prêcher, nous le trouvons indiqué par la double mention que fait l’Évangile, et du chef de l’empire Romain et des rois de la Judée. Il venait annoncer Celui qui allait en racheter quelques-uns d’entre les Juifs et un plus grand nombre d’entre les Gentils : voilà pourquoi on précise l’époque de sa prédication, en citant et un empereur des Gentils et les princes des Juifs. La Gentilité devait être rassemblée, tandis que la nation juive allait être dispersée, en punition de sa perfidie, cela aussi nous est indiqué par la mention faite des chefs du pouvoir civil : un seul, dit l’Évangile, dominait dans la République Romaine, tandis que plusieurs princes commandaient dans la Judée, divisée en quatre parties.
R/. Il sortira un rejeton de la racine de Jessé, et une fleur s’élèvera de sa racine : [2] * Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité le ceinturon de ses flancs. V/. Et l’esprit du Seigneur reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force. * Et.
Deuxième leçon. En effet, voici la parole de notre Rédempteur : « Tout royaume divisé contre lui-même sera détruit. » II est donc visible que le royaume de Judée, divisé et soumis à tant de chefs, touchait à son terme. C’est aussi avec raison qu’on ne dit pas seulement sous quels princes, mais encore sous quels prêtres la parole du Seigneur se fit entendre au Fils de Zacharie dans le désert. Comme Celui que Jean-Baptiste annonçait devait être à la fuis Roi et Prêtre, l’Évangéliste saint Luc désigne le temps de sa prédication par la mention et des chefs du gouvernement civil et des autorités sacerdotales.
R/. Racine de Jessé, celui qui s’élèvera pour juger les Nations, et c’est en lui que les Nations mettront leur espérance : [3] * Et son nom sera béni dans les siècles. [4] V/. Devant lui des rois fermeront leur bouche, les Nations l’imploreront. [5] * Et.
Troisième leçon. « Et il vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés. » Il est évident pour tous les lecteurs, que Jean n’a pas seulement prêché le baptême de la pénitence, mais qu’il le donna aussi à plusieurs : cependant il n’a pas pu donner son baptême en rémission des péchés, car la rémission des péchés ne nous est accordée que par le seul baptême du Christ. Aussi, faut-il remarquer qu’il est dit : « prêchant le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés » ; car, ne pouvant donner le baptême qui remet les péchés, il le prêchait. De sorte que, comme la parole de sa prédication était l’avant-coureur de la Parole incarnée du Père, de même son baptême, par lequel les péchés ne pouvaient être remis, fut l’avant-coureur du baptême de pénitence qui remet les péchés.
R/. Venez, Seigneur, et ne tardez pas ; remettez les péchés à votre peuple, * Et rappelez dans leur pays, ceux qui sont dispersés. V/. Excitez, Seigneur, votre puissance et venez afin que vous nous sauviez. [6] * Et. Gloire au Père. * Et.
A LAUDES.
Ant. 1 Considérez* combien il est glorieux, celui qui s’avance pour sauver les peuples.
Ant. 2 Il s’étendra, * son empire, et sa paix n’aura pas de fin. [7]
Ant. 3 Moi, le Seigneur, * j’ai rendu proche ma justice, elle ne sera pas éloigné et mon salut ne tardera pas. [8]
Ant. 4 Quelle soit attendue * comme la pluie, la parole du Seigneur, et que notre Dieu descende sur nous comme une rosée. [9]
Ant. 5 Sois prêt, * Israël, pour aller à la rencontre du Seigneur, car Il vient.
Capitule. Is. 2, 3. Venez et montons à la montagne du Seigneur et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers, parce que de Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur, de Jérusalem.
Ant. au Bénédictus Comment cela se fera-t-il, * Ange de Dieu, car je ne connais point d’homme ? Écoutez, Vierge Marie : l’Esprit-Saint surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut, vous couvrira de son ombre.
Le 21 décembre
Si cette Férie tombe le 21 décembre, alors on omet l’antienne précédente et on dit :
Ant. au Bénédictus Ne craignez pas, * car notre Seigneur viendra à vous le cinquième jour.
Le 23 décembre
Si cette Férie tombe le 23 décembre, alors on omet l’antienne précédente et on dit :
Ant. au Bénédictus Voici que sont accomplies * toutes les choses que l’Ange a dites de la Vierge Marie.
Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. | Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le. |
La lecture du Prophète Isaïe est encore suspendue en ce jour, et remplacée à Matines par une Homélie sur l’Évangile de la Messe. Cet Évangile se trouvant répété à la Messe du IVe Dimanche de l’Avent, qui est demain, nous ne nous en occuperons pas aujourd’hui. Nous donnerons seulement ici la raison pour laquelle le Missel n’assigne qu’un seul Évangile à ces deux Messes.
L’usage fut d’abord, dans l’Église Romaine, de célébrer l’Ordination dans la nuit du Samedi au Dimanche, en la même manière qu’on administrait le Baptême aux catéchumènes dans la nuit du Samedi saint au jour de Pâques. La cérémonie avait lieu vers minuit, et se prolongeait toujours d’une manière notable sur le Dimanche, en sorte que la Messe de l’Ordination comptait pour celle du Dimanche lui-même. Plus tard, la discipline s’adoucit, et ces veilles pénibles furent supprimées ; on avança la Messe de l’Ordination, comme on a avancé aussi celle du Samedi saint ; en sorte que le quatrième Dimanche de l’Avent et le deuxième de Carême n’ayant point eu jusqu’alors d’Évangile propre, puisqu’ils n’avaient pas de Messe propre, il fut réglé, vers les Xe ou XIe siècles, qu’on répéterait l’Évangile de la Messe de l’Ordination dans la Messe spéciale de ces deux Dimanches.
La Station est à Saint-Pierre, le Samedi, à cause de l’Ordination. Cette Basilique convenait mieux que toute autre pour réunir le peuple, ayant toujours été une des plus vastes de la ville de Rome.
Honorons Marie en ce jour du Samedi qui lui est consacré, en nous unissant aux cantiques de l’Église Orientale, toujours inépuisable dans les louanges de la Mère de Dieu.
HYMNE TIRÉE DE L’ANTHOLOGIE DES GRECS.
(Au XV Décembre.)
PRIÈRE DU MISSEL MOZARABE. (Au Ve Dimanche de l’Avent, Illatio.)
C’est une chose digne et juste que nous vous rendions grâces, Seigneur saint, Père éternel , Dieu tout-puissant, par Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, dont l’Incarnation a été le salut du monde , comme sa Passion en a été la rédemption. Que celui-là donc, ô Père tout-puissant ! nous fasse parvenir à la récompense, qui nous a retirés des ténèbres infernales ; qu’il purifie notre chair de ses péchés, celui qui a pris cette chair dans la Vierge ; qu’il nous fasse rentrer en grâce avec votre majesté, celui qui par son sang nous a réconciliés avec vous ; qu’il nous rende justes pour le jugement qu’il exercera au second Avènement, celui qui, dans le premier, nous a accordé le don de sa grâce ; qu’il soit pour nous un juge plein de douceur, celui qui autrefois daigna apparaître dans l’humilité ; qu’il se montre envers nous clément dans sa sentence, celui qui ne se manifesta que dans le secret de ses abaissements.
Les Quatre-Temps
A l’origine, les ordinations des ministres sacrés à Rome ne se célébraient qu’au mois de décembre, époque à laquelle la famille chrétienne, à l’approche de la solennité de Noël, offrait à Dieu, en un solennel triduum de jeûnes, comme une libation des fruits recueillis pendant la saison, et profitait de cette occasion pour implorer ses charismes sur ceux que l’Esprit Saint avaient désignés pour continuer l’œuvre des apôtres, dans le gouvernement du troupeau de Jésus-Christ. Il était de règle de célébrer les ordinations des lévites près de la tombe de saint Pierre. Toutefois, l’on tenait à faire remarquer que, si tous les membres du clergé ont l’Apôtre à leur tête, duquel ils reçoivent, comme d’une source vitale, leur pouvoir, seul le Pape hérite de lui la plénitude de la puissance pontificale et la primauté universelle sur l’Église. C’est pourquoi, au XIIe siècle, la consécration pontificale seule s’accomplissait régulièrement à l’autel érigé sur le tombeau de l’Apôtre, tandis que les autres étaient célébrées d’ordinaire dans la rotonde contiguë dédiée à saint André ou dans l’oratoire de saint Martin.
Autrefois, ce samedi était aliturgique à Rome, comme le samedi saint et les autres samedis des Quatre-Temps, et par suite, le jeûne commencé après le repas du vendredi soir, se prolongeait jusqu’à l’aurore du dimanche suivant, au terme de la messe de vigile qui se célébrait dans la basilique vaticane, En ces premiers temps dont nous parlons, le concept primitif de l’agape intimement associée à la célébration du Sacrement eucharistique, dominait encore. Le jeûne ecclésiastique excluait pour cette raison la messe elle-même, qui, dès le temps de Tertullien, marquait le terme de l’abstinence. Il était donc bien naturel que, les ordinations devant se célébrer durant la vigile dominicale à Saint-Pierre, le peuple s’abstînt de nourriture durant toute la journée précédente, et, par suite, le samedi n’avait pas de messe.
Dans les anciens Sacramentaires, les samedis des Quatre-Temps prennent souvent le nom de samedis des douze leçons. En voici la raison : à l’origine, à Rome, et, à son exemple, en beaucoup d’églises occidentales, on jeûnait trois jours par semaine, le mercredi, le vendredi et le samedi, et la nuit précédant le dimanche on célébrait les vigiles nocturnes en préparation au sacrifice dominical. C’est la forme primitive de la sanctification de la semaine chrétienne, différente de la semaine pharisaïque, qui comportait seulement deux jeûnes, le lundi et le jeudi. Cette discipline rigoureuse des temps évangéliques se relâcha dans la suite, et ce qui était d’abord le rite habituel du cycle hebdomadaire finit, au IVe siècle, par devenir la caractéristique exclusive de quelques semaines spéciales, c’est-à-dire lors des trois jeûnes solennels des mois de juin, de septembre et de décembre, opposés aux fériés latines de la moisson, de la vendange et du décuvage.
Le type de l’antique vigile romaine nous a été suffisamment conservé par le missel romain, dans la première partie de la cérémonie qui précède maintenant la bénédiction des fonts baptismaux le samedi saint. Ce type archaïque dérive originairement de l’usage des synagogues de la Diaspora, où, tous les samedis, le peuple alternait le chant responsorial des psaumes avec la lecture de péricopes scripturaires déterminées, que commentaient les rabbins. Étant donné que Paul, Barnabé, Silas et les autres fréquentaient les réunions sabbatiques des synagogues, les synaxes chrétiennes ne pouvaient commencer qu’au coucher du soleil, quand avait pris fin le service liturgique des fils d’Israël. Lorsque les craintifs disciples de l’Évangile se réunissaient circa domos ad frangendum panem, Vénus brillait déjà au ciel, et la fonction, devant se prolonger toute la nuit, commençait par la poétique cérémonie du lucernaire dont l’objet était de dédier à la lumière incréée la flamme tremblotante destinée à dissiper les ténèbres de la sainte veillée. C’était le vrai symbole de l’Église naissante.
Bien avant que les moines transplantassent d’Égypte et introduisissent dans la liturgie basilicale romaine le type de leur veillée monastique, passée en chantant des psaumes, celle de l’Église de Rome comportait tout un entrelacement de douze leçons répétées en latin et en grec, à cause de la population mélangée de la Ville éternelle, et ces leçons alternaient avec le chant responsorial des fameuses Odes matutinales et les collectes du prêtre. Peut-être, au début, les lectures étaient-elles commentées successivement au peuple par les prêtres — comme cela se faisait en Orient — ou par le Pape ; mais vers le Ve siècle toute l’explication était contenue dans la collecte prononcée par le président de l’assemblée. A la fin de chaque lecture, le diacre invitait le peuple à la prière : Flectamus genua, et l’assemblée se prosternait à terre, méditant sur ce qu’elle avait entendu lire. Levate, ordonnait peu après le lévite, et tous se levaient, étendant les bras en forme de croix dans l’attitude de la prière. Alors le prêtre récitait au nom de tous la brève prière insérée aujourd’hui encore dans le missel, appelée collecte parce qu’elle résumait les vœux-particuliers de chaque fidèle, et, ainsi réunis, les présentait au trône du Seigneur. Au terme des vigiles, vers le lever de l’aurore, le cantique des trois enfants de Babylone, dit communément Benedictiones, mettait fin à la psalmodie, et servait comme chant de passage entre l’office de la vigile et l’offrande du Sacrifice eucharistique. Pourtant avant de porter les Dons sacrés à l’autel, on procédait à l’ordination des nouveaux ministres. Le schéma du rite était identique pour les évêques, les prêtres et les diacres. Une brève collecte de préparation, puis le chant de la prière eucharistique de consécration (préface) accompagnée de l’imposition des mains. Il n’y avait à l’origine ni remise des instruments, ni onctions, ni vêtures ; tout cela fut introduit plus tard, sous l’influence gallicane. L’anaphore consécratoire se déroulait sur le même rythme que celle de la messe, dont l’ordination constituait comme un bref prélude et une partie préparatoire. En cet âge d’or de la sainte liturgie, l’Eucharistie était le vrai point central du culte catholique ; elle encadrait tout autre acte cultuel. C’était en vue de sa consécration qu’on ordonnait les nouveaux ministres ; par suite, il était bien juste que ce rite formât la partie préliminaire de l’anaphore elle-même. C’est pourquoi les plus anciens documents liturgiques nous rapportent le texte de l’anaphore eucharistique précisément quand ils viennent à traiter de l’ordination des nouveaux prêtres. « Quand vous aurez élu quelqu’un à la dignité d’évêque ou de prêtre, récitez sur lui la prière de consécration ; puis, quand il aura reçu du peuple le baiser de paix, que le diacre lui présente le pain et le vin, et que le nouveau prêtre récite sur ces éléments l’anaphore d’oblation. » Ainsi s’expriment généralement les canons d’Hippolyte et les plus anciens textes qui subsistent du droit ecclésiastique.
Les ordinations aux Quatre-Temps
Aujourd’hui, le rite prescrit par le pontifical romain pour les ordinations est beaucoup plus complexe. La mentalité juridique franque, avec ses distinctions entre le droit et l’investiture pour l’exercice de ce droit, a introduit dans le cérémonial de Rome un tel ensemble de doublons, de prières de rechange, de remises d’instruments, de vêtures, d’onctions avec l’huile des catéchumènes et avec le chrême, que parfois les théologiens scolastiques ont fini par ne plus s’y reconnaître dans la recherche de la matière et de la forme essentielle du sacrement de l’Ordre. Il faut dire qu’à Rome c’est de très mauvais gré, et seulement à la fin du moyen âge, que l’on se résigna à cet enchevêtrement de cérémonies ; à travers les longs siècles du moyen âge, Rome, comme l’attestent les Ordines Romani, a conservé intactes ses anaphores primitives pour l’ordination des ministres sacrés, et celles-ci, mises en présence de celles que nous trouvons recensées dans les plus anciens documents liturgiques des patriarcats d’Alexandrie et d’Antioche, dans les canons dits d’Hippolyte, dans le Règlement ecclésiastique Égyptien, la Didascalie des Apôtres, les Constitutions apostoliques, le Testament du Seigneur, etc., leur paraissent étroitement apparentées et dérivant d’une source primitive qui a été leur commune inspiratrice.
Comme il n’y a pas lieu de reproduire ici dans leur entier les formules romaines pour la consécration des ministres sacrés, nous nous contenterons de les résumer brièvement.
Après une courte collecte d’introduction (qui, pour leur faire honneur, précède toujours dans l’antiquité tant les anaphores eucharistiques que l’oraison dominicale), la prière pour la consécration des évêques et du Pape lui-même exprimait cette idée que, à la différence de l’ancien sacerdoce lévitique, dont les prérogatives consistaient toutes dans la splendeur extérieure des vêtements, le sacerdoce chrétien n’a pas de vêtements spéciaux. — Nous nous trouvons donc dans une période où n’existe pas encore un type spécial de vêtements hiératiques, mais comme précisément à Rome au début du IVe siècle, où les lévites sacrés, lorsqu’ils servent à l’autel ou ensevelissent les martyrs, se distinguent à peine par la plus grande blancheur de leurs manteaux jetés sur la toge latine de même coupe que celle des autres citoyens. — Au contraire, proclame hautement l’anaphore, les ornements de notre sacerdoce sont les vertus, celles mêmes que symbolisaient de façon typique les ors et les gemmes de l’antique éphod pontifical. Puis, comme, dans les trois premiers siècles, de préférence aux prêtres qui présidaient seulement aux pénibles exercices de l’exomologèse des pénitents, c’était l’évêque qui était le ministre habituel de l’absolution sacramentelle, comme du Baptême et de la première communion, ainsi, dans l’anaphore dont nous parlons, l’on supplie Dieu de lui remettre les clefs du royaume des cieux, afin qu’il lie et délie dans le ciel ce que, par sa sentence, il aura lié et délié sur la terre.
En ces premiers temps, si agités par les hérésies, le ministère de la prédication était également propre aux évêques, de préférence aux prêtres ; aussi, bien que saint Jérôme vît d’un mauvais œil ce privilège si exclusif de l’autorité pontificale, Rome se montra parfois défiante vis-à-vis de la discipline toute différente des Églises gallicanes, où la prédication était permise aux prêtres. C’est pourquoi dans l’anaphore consécratoire des évêques, il est aussi fait mention de cet office d’annoncer la parole de Dieu si important et si propre aux Pontifes qui, précisément en raison du ministère de l’évangélisation, sont considérés comme les successeurs des apôtres.
Si l’on tient compte de toutes ces attributions épiscopales dans les quatre premiers siècles, comme d’autre part l’anaphore consécratoire des évêques, selon le pontifical romain, reflète précisément cet ordre d’idées et cette discipline primitive de l’Église, on ne peut placer sa rédaction après le Ve siècle, mais plutôt auparavant.
Dans la formule consécratoire romaine, il est remarquable que l’autorité de remettre les péchés soit mise directement en relation avec la puissance souveraine des clefs confiées à Pierre ; cela se vérifie pour le Pontife romain, mais n’est pas entièrement exact pour les autres évêques. Cette observation nous amène à soupçonner qu’au début, l’anaphore du pontifical aura été rédigée exclusivement pour la consécration du Pape, et que, dans la suite seulement, elle aura été employée pour celle des autres évêques suffragants de Rome, qui, précisément, devaient être consacrés par le Pontife, leur métropolitain.
Selon la discipline ecclésiastique des premiers siècles, l’office des prêtres était de former le conseil de l’évêque, et de le remplacer dans l’administration des sacrements, à l’exception de ceux qui, par institution divine ou par discipline canonique, lui étaient réservés. C’est pourquoi, selon le pontifical romain, dans l’anaphore consécratoire des prêtres, l’évêque, ayant d’abord rappelé que Moïse dans le désert était aidé par une assemblée de soixante-dix anciens, Aaron par ses propres fils, et qu’enfin aux apôtres eux-mêmes Jésus accorda l’aide des docteurs, l’évêque supplie le Seigneur de lui accorder aussi, à lui consécrateur, en la personne des nouveaux candidats au sacerdoce, des aides remplis de l’esprit de toute sainteté.
Dans l’antiquité, quoique formant l’assemblée sacerdotale autour de la personne de l’évêque, les prêtres, dans les circonstances ordinaires, n’avaient aucune attribution particulièrement réservée ; ils ne baptisaient, ne célébraient la messe, n’absolvaient les pénitents qu’à défaut de l’évêque et moyennant une délégation spéciale. Conformément à cette situation l’anaphore du pontifical romain pour l’ordination des prêtres, ne mentionne aucune fonction propre qui leur soit distinctement attribuée ; on prie seulement en général pour que le charisme sacerdotal les rende providi cooperatores ordinis nostri, comme c’était justement le cas, en ces tout premiers temps lorsque l’unique sacerdos et ministre des sacrements était le Pontife, et que les prêtres le remplaçaient seulement là où ne pouvait s’étendre son activité, exception faite pour le sacrement de l’Ordre.
Dans l’antiquité, le diacre était l’inséparable compagnon de l’évêque ; on peut même dire que, si le collège presbytéral représentait la sagesse de l’Église et le point d’appui de l’autorité épiscopale, les diacres pourtant étaient son bras droit. C’est ainsi qu’à Rome, au me siècle, l’usage avait prévalu, de donner toujours des diacres, jamais des prêtres, comme successeurs au Pontife défunt. A la différence des prêtres qui, par leur sagesse et leur pouvoir, assistaient l’évêque dans le gouvernement spirituel de l’Église et dans l’administration des sacrements, l’office des diacres, quoique comportant une plus grande responsabilité, était plus humble. Dans les synaxes sacrées, les prêtres, précisément parce qu’ils partageaient, bien qu’à un degré inférieur, le sacerdoce avec le Pontife, s’asseyaient à ses côtés, parfois concélébraient avec lui, rompaient avec lui le Pain eucharistique, tandis que l’attitude caractéristique des diacres était de se tenir toujours debout, comme quelqu’un qui attend des ordres de plus haut et qui est destiné aux offices matériels du saint Ministère. Lesquels ? Non pas simplement d’assister l’évêque quand il prêchait, célébrait les divins Mystères ou se rendait aux Conciles, mais par-dessus tout dans l’administration du patrimoine ecclésiastique, des cimetières, dans le soin des pauvres, des orphelins, des catéchumènes, des prisonniers jetés dans les cachots pour la confession du nom du Christ, dans la correspondance de la chancellerie épiscopale, etc.
C’est pourquoi l’anaphore de consécration du diacre exprime toute l’importance que l’Église attachait à l’office de ses lévites. Leurs qualités morales doivent être telles et si nombreuses, que l’évêque hésite presque à se porter garant de leur mérite devant les fidèles, et il en appelle, pour cela, à l’insondable jugement de Dieu, qui peut seul pénétrer les consciences des candidats et guérir les plaies échappant à l’œil et aux soins de l’homme. Que les diacres, implore le célébrant, soient le modèle éclatant de toutes les vertus ; qu’ils soient chastes, constants, modestes dans leur autorité. Cette dernière recommandation était particulièrement opportune pour les diacres romains, qui excédaient parfois leurs attributions, jusqu’à obliger des conciles à mettre un frein à leur arrogance : De diaconibus Urbis, ut non sibi tantum præsumant.
Avec l’aide des divers Ordines Romani, nous pouvons suivre pas à pas tout le développement du rituel des ordinations sacrées dans la Ville éternelle. Au début, une simple oratio en forme d’anaphore, accompagnée de l’imposition des mains par l’évêque, et qui formait une très brève parenthèse dans l’ordre habituel de l’offrande du divin Sacrifice. C’était l’affaire de quelques minutes : ieiunantes et orantes, imposuerunt eis manus, absolument comme est décrite dans les Actes des Apôtres l’ordination de Paul et de Barnabe. La parenthèse fermée, on reprenait la messe au point où on l’avait interrompue, et l’Eucharistie mettait le dernier sceau à tout le rite.
Au moyen âge, le cérémonial se complique. Voici la remise officielle des oraria déposés le jour précédent sur le tombeau de saint Pierre, le revêtement des pænulæ, les litanies, la chevauchée solennelle des nouveaux prêtres et diacres à leurs titres respectifs.
Avec ces rites décrits dans les Ordines Romani du IXe siècle, s’entrelacent plus tard les autres cérémonies, gallicanes, des onctions et de la remise des instruments, symboles de l’Ordre reçu. Toute cette fusion de rites laisse quelque peu à désirer, au point de vue de l’esthétique liturgique, qui exige dans le culte une absolue rigueur théologique des formules, l’ordre, l’harmonie et la proportion dans les parties. Pourtant, dans l’ensemble, la fusion des deux rits romain et gallican produit de l’effet et plaît à qui ne regarde pas de trop près. L’Église parle, et même quand sa parole, par suite de sursauts débordants d’affection, ne procède pas avec un ordre rigoureusement méthodique, elle suscite toujours une vive impression, parce qu’elle est la parole de l’Esprit Saint, et que la parole de Dieu n’est jamais stérile et ne s’efface pas.
La Messe
Plus que la pensée des ordinations, celle de la venue prochaine du Verbe incarné domine dans la messe. A l’origine, peut-être, dans les nuits où se célébraient à Rome les vigiles, et à plus forte raison lors de l’ordination des ministres sacrés, toute la première partie de la liturgie eucharistique — la Messe dite des Catéchumènes qui est précisément une réduction du rite primitif des vigiles — étant omise, on commençait tout de suite par la présentation des offrandes et l’anaphore consécratoire. Ainsi, en effet, avait-on coutume de faire dans l’après-midi du jeudi saint, après la réconciliation des pénitents, qui avait lieu le matin, et la célébration de la missa chrismalis. C’est peut-être la raison pour laquelle aujourd’hui dans les Ordines on donne tant d’importance au chant des Benedictiones après la lecture de Daniel, puisque ces louanges devaient justement tenir la place de l’habituelle doxologie matutinale, l’hymne angélique, disposant immédiatement les âmes à l’anaphore consécratoire. Quoi qu’il en soit, pour bien entendre le texte actuel du Missel, nous devons tenir compte de la stratification successive de tous ces rites. Leur fusion actuelle remonte indubitablement au moins au temps de saint Grégoire le Grand.
Nous savons en effet que c’est lui qui abrégea le rite primitif des vigiles, lequel comportait à l’origine la récitation de douze leçons tant en grec qu’en latin. Le saint Pontife les réduisit de moitié, mais, hors de l’ambiance de la Curie pontificale, la force de l’habitude fut telle que non seulement demeura intacte l’ancienne dénomination de samedi des douze leçons jadis donnée à ces samedis des Quatre-Temps mais que, grâce au Gélasien adopté en beaucoup d’endroits, en France et ailleurs, les douze fameuses leçons de la vigile pascale survécurent au naufrage. Celles-ci, chassées jadis de Rome par la porte, y retournèrent par la fenêtre près d’un siècle plus tard, puisque supprimées dans le Sacramentaire grégorien, elles acquirent de nouveau droit de cité au moyen du Gélasien, lorsque celui-ci, durant la période franque, pénétra dans le texte de Grégoire Ier employé par le clergé.
L’introït de la messe est tiré du psaume habituel (79) dont le verset nous revient continuellement à l’oreille, comme un refrain, en ces jours de sainte attente : « Venez, Seigneur, et montrez-nous votre visage, vous qui siégez sur les Chérubins. » Le Seigneur avait déjà dit à Moïse et à Élie, les plus grands contemplatifs de l’ancienne alliance, qu’ils n’auraient jamais pu le regarder en face, mais qu’il leur montrerait sa gloire tout en leur tournant le dos. Cela advenait toutefois en une religion mêlée de crainte et de servitude, quand tout le culte était un symbole de la réalité future. Maintenant, au contraire, l’économie divine est changée, et, plus heureux que les anciens patriarches et prophètes, qui désirèrent en vain notre grâce, nous contemplerons bientôt le visage gracieux d’un nouveau-né tout brûlant d’amour, déposé entre deux animaux sur la paille d’une crèche. A l’imitation de Marie et de Joseph, fixons respectueusement nos yeux sur ce visage qui reflète la splendeur de la nature divine et est l’image parfaite de la bonté du Père. Pour nous ce visage, le rayonnement de ces yeux, sont comme l’étoile polaire qui, dans l’océan de cette vie, nous montre la direction du port. Heureux serons-nous si, au jour du jugement nous pouvons aussi regarder avec confiance ce visage d’un Dieu fait homme à cause de nous, et, dans sa passion, défiguré, outragé, couvert de sang et de crachats. S’il nous sourit avec bienveillance, la partie est gagnée : la porte d’or du ciel s’ouvrira devant nous pour l’éternité.
La brève litanie qui est récitée aussitôt après l’introït est un dernier souvenir de la procession qui avait lieu autrefois quand on se rendait à l’église stationnale. La collecte qui la suit a un caractère pénitentiel : « Seigneur, vous voyez combien nous gémissons sous les châtiments trop mérités par nos fautes ; venez et visitez-nous afin de nous consoler. » L’esprit d’humilité et de pénitence est la condition essentielle de toute sainteté et donne comme le rythme à la véritable ascèse.
La première leçon est tirée d’Isaïe (XXI, 20-22). Israël gémit sous le joug des Égyptiens et crie bien haut vers Yahweh ! Celui-ci intervient, punit les persécuteurs, non par haine ou par esprit de vengeance, mais pour les convertir ; en sorte que, par la suite, les serviteurs des pharaons eux-mêmes élèvent des autels au Dieu de Jacob et participent au royaume messianique.
Le peuple élu qui, resserré dans les étroites limites de la Judée, gémit sous l’oppression des Gentils, symbolise l’humanité entière sous la tyrannie du péché. Le Libérateur vient, et il punit les oppresseurs, en détruisant le règne de Satan et de ses alliés. Les Gentils se convertissent, entrent dans le sein de l’Église et reconnaissent la puissance de Yahweh et de son Christ Sauveur, élevant des autels et offrant, de l’Orient à l’Occident, une oblation unique et pure, celle qui fut prédite par Malachie. Le répons-graduel suivant la lecture est tiré du psaume 18 qui est tout entier une louange de la Thora : « Le soleil se lève du plus haut des cieux et accomplit sa course pour se coucher à l’autre extrémité, et se plonger dans l’océan comme en un bain d’or. » Ce soleil est le Verbe de Dieu. Son origine est antérieure à l’aurore matinale puisqu’il est engendré de toute éternité. C’est là le vrai point de départ de sa course triomphale. Le versant opposé, où il se plonge et disparaît, pour se lever à nouveau le lendemain, c’est l’ignominie de la Croix, qui, dans notre psaume, est appelée par anticipation la plus haute cime du ciel, parce que ce Dieu qui, le vendredi in Parasceve [10] meurt sur le gibet, est en même temps adoré par les anges et par les saints comme le triomphateur de la mort et de l’enfer, le grand monarque de la gloire. C’est pourquoi, durant l’adoration de la sainte Croix, le vendredi saint, l’Église chante le trisagion et s’écrie : Crucem tuam adoramus, Domine, et sanctam resurrectionem tuam, laudamus et glorificamus. Ecce enim propter lignum venit gaudium. Après le psaume, responsorial, le diacre invite à la prière et le prêtre ajoute : Faites, Seigneur, que, tandis que l’antique servitude du péché nous avilit, la naissance de votre Fils unique soit pour nous le commencement du rachat.
Dans la seconde leçon, Isaïe (XXXV, 1-7) s’étend sur la description de l’âge d’or de l’ère messianique, quand les aveugles et les boiteux seront guéris, que les déserts arides seront arrosés de fraîches eaux courantes qui les revêtiront de verdure et de fleurs, jusqu’à rivaliser avec les pentes du Liban, du Carmel et de Saron. Alors les timides prendront courage et ouvriront tout grand leur cœur à l’espérance, puisque Yahweh est proche et prêt à prendre leur défense.
Le graduel est formé d’autres versets du psaume 18, qui fait aujourd’hui les honneurs de la fête : « Le Seigneur a érigé sa tente dans le soleil, et, comme un époux, le voici qui déjà s’avance. » Le soleil symbolise ici le Père éternel, dans le sein de qui, de toute éternité, est engendré le Verbe. On peut l’adapter aussi à l’ineffable sainteté et à l’amour de Marie, qui porta neuf mois dans son sein le Rédempteur Jésus. Celui-ci, comme une fleur charmante, épanouie sur une tige fraîche, vient au monde ne respirant qu’amour ; Il est semblable à un époux ; toutefois l’union qu’il veut contracter n’est pas celle des corps, mais bien celle des âmes, qu’il désire ardemment lier à son Cœur, pour leur faire partager les ineffables trésors de sa divinité.
Dans la collecte, le prêtre demande au Seigneur que la joie de la venue de son Fils unique bannisse enfin le deuil qui nous opprime depuis si longtemps à cause des fautes passées. Voici l’effet du péché, ou, comme s’exprime l’Apôtre : stipendia peccati, la mort, la douleur. A cause de son apostasie de Dieu, notre siècle est devenu, plus que tout autre, mélancolique et triste. Nonobstant sa convoitise effrénée de volupté, il a tari les sources de la joie, car celle-ci est un don que l’Esprit Saint concède seulement aux âmes craignant Dieu. Le Paraclet accorde sa joie aux justes pour équilibrer le don de la sainte crainte de Dieu, qui, si elle dominait exclusivement l’esprit, le rendrait pusillanime et facilement servile.
Isaïe continue (xl, 9-11) à donner l’annonce de la future libération messianique. Cette annonce du fils d’Amos prélude à l’heureuse nouvelle évangélique, et doit être publiée à son de trompe sur les sommets des montagnes, pour qu’ainsi la nouvelle se répande plus facilement parmi tous les peuples. Que son cri libérateur arrive aussi à ceux qui auraient intérêt à l’étouffer ! Le Messie viendra malgré eux, et, comme un bon pasteur, il recueillera le troupeau dispersé et portera sur ses bras les tendres agneaux et les brebis fatiguées. L’art chrétien antique avait une grande prédilection pour cette symbolique figure de Jésus bon Pasteur et la reproduisait non seulement dans le marbre et par la peinture sur les parois des cimetières ou sur les sarcophages, mais, comme Tertullien le reprochera au pape Callixte, jusque sur les calices eucharistiques.
Le répons vient du psaume 79 : « Dieu de puissance, montrez-nous votre face à découvert, et nous serons sauvés. » Dans l’Ancien Testament, le visage de Dieu, comme celui du législateur Moïse, était voilé sous les symboles et les figures des sacrifices sanglants et des prophéties. Mais cette condition ne satisfaisait pas à l’amour de ceux qui comme Abraham, qui exultavit ut videret diem, meum, aspiraient à quelque chose de mieux. Il ne leur suffisait pas d’être serviteurs de Yahweh, mais ils ambitionnaient l’honneur de devenir ses fils et ses amis. Les récompenses temporelles ne comblaient pas le vide des cœurs ; au lieu de la terre où coulaient le lait et le miel, ils désiraient le ciel, ils voulaient le baiser de Dieu, disant avec le Cantique : Osculetur me osculo oris sui.
Dans la collecte est exprimée avec beauté la pensée de la prochaine venue du Rédempteur, qui nous apporte non seulement le remède pour adoucir les amertumes de la vie présente, mais aussi le gage de l’éternelle récompense.
Le voyant de Juda continue à dérouler son argument préféré sur l’ère messianique (Isaïe. xlv, 1-7). Cette fois, un des types qui symbolisent le Rédempteur est le grand Cyrus, celui qui donna enfin aux Hébreux, captifs à Babylone depuis soixante-dix ans, la permission de retourner en Judée pour y relever leurs villes détruites. Dieu avait en effet préordonné depuis longtemps le roi persan à cette mission ; II avait conduit ses armées à la victoire, humiliant les souverains de Babylone et lui ouvrant la porte de leurs trésors. Toutefois Cyrus ne tira aucun enseignement de son heureuse fortune ; il n’aperçut pas la main invisible qui guidait ses pas, ni la puissance de Celui dont il était un simple instrument. Cette incroyable ingratitude elle-même entra dans le plan de Dieu et servit à mûrir les temps. Le monde, en tant de millénaires d’expérience, n’a rien appris. C’est en vain qu’aujourd’hui on espère en les hommes ; il est nécessaire que les cieux eux-mêmes se dilatent et, comme une rosée, distillent le Sauveur sur nos gazons arides.
Le répons qui suit provient aussi du psaume 79 : « O vous qui guidez les pas d’Israël, qui dirigez les destinées de Jacob comme une brebis, qui êtes assis sur les Chérubins, oh ! montrez-vous, et que votre lumière rayonne sur Éphraïm, Benjamin et Manassé. » Ces tribus, les dernières parmi les castes d’Israël, désignent fort bien le caractère de la joyeuse nouvelle messianique, adressée par-dessus tout aux pauvres et aux humbles.
La collecte qui, aujourd’hui, termine la prière du peuple après le chant du répons, confesse que nous sommes justement punis à cause de nos péchés. Mais elle exprime aussi l’espérance que la visite du Sauveur remplisse à nouveau le monde d’allégresse. Exprimée en termes divers, l’idée qui prédomine dans la veillée sacrée de cette nuit est toujours la même : le péché entraîne avec soi la douleur, la grâce ouvre au contraire les sources de la joie.
La place finale dans les vigiles sacrées est toujours réservée à Daniel avec la scène des trois jeunes gens jetés dans la fournaise à Babylone, laquelle scène sert de prélude au splendide cantique des Bénédictions librement inspiré du grand Hallel du psautier. Dans cet hymne, imité plus tard par le séraphique saint François d’Assise dans son cantique du frère soleil, Ananias, Azarias et Misaël bénissent Dieu pour toutes les magnificences qu’il a répandues sur l’œuvre de la création, pour la providence par laquelle il la conduit, pour la puissance avec laquelle il la dirige à sa fin dernière, qui est sa plus grande gloire. L’anaphore eucharistique, dans sa forme primitive du IIe siècle, ne fera que reprendre et développer ce thème de délicate action de grâces traditionnelle dans la Synagogue, adoptée par Jésus Lui-même dans le tibi gratias agens de la dernière Cène.
La collecte qui met fin aux benedictiones se rapporte aux trois jeunes gens jetés dans la fournaise ; comme Dieu les délivra du tourment du feu, qu’ainsi II nous libère, nous aussi, de l’ardeur des passions mauvaises.
L’épître de saint Paul aux Thessaloniciens (II, II, 2-8) et la lecture évangélique qui la suit, représentent aujourd’hui un doublon postérieur, puisque a déjà eu lieu la veillée dominicale avec ses douze leçons. Évidemment, quand la discipline des vigiles, à Rome, commença à disparaître, et que, hors de Saint-Pierre, dans les autres titres urbains, l’usage prévalut de dire la messe pour les paroissiens respectifs, cette messe dût y être adaptée et se réduire au type habituel de la messe romaine, c’est-à-dire avec les lectures de l’Apôtre et de l’Évangile. Du temps de saint Grégoire, l’antique vigile ayant été réduite à un simple souvenir et comportant six lectures prophétiques, les deux schémas se trouvèrent rapprochés dans le Sacramentaire et finirent par se fondre et vivre en paix ensemble.
Dans l’épître aux Thessaloniciens, saint Paul traite du problème eschatologique, qui déconcertait tant alors ses correspondants. Que les fidèles de Salonique ne se laissent pas intimider : la parousie n’est pas aussi prochaine qu’on veut le leur faire croire. D’abord doit se produire une apostasie générale des nations, et il faut que le mystère d’iniquité arrive au comble, par la profanation du temple même de Dieu. Ce mystère commence déjà à se dérouler, mais il est retardé par une force — un ange, une puissance céleste — qui devra finalement, elle aussi, retirer son concours, quoique pour peu de temps. A la fin, voici que réapparaîtra le Christ, qui remportera une victoire décisive sur l’adversaire et, au souffle de sa parole, en anéantira le règne néfaste.
Durant l’Avent, la sainte liturgie rapproche souvent entre elles les deux venues du Christ sur la terre, la première dans l’humilité de la chair et la seconde dans la puissance de la majesté. Il en est ainsi, parce que cette double théophanie ne présente en réalité que deux aspects distincts d’un plan unique de rédemption. L’ère messianique n’a pas la rapidité de la foudre, mais commence humblement, à Bethlehem, se déroule lentement durant tous les .siècles que durera l’Église et atteint son point culminant le jour du jugement, quand, l’enfer et la mort étant vaincus, l’humanité croyante ressuscitera glorieuse avec son Chef mystique, Jésus-Christ, « prémices de ceux qui se sont endormis ». Tout ce « devenir » se déroule, selon l’Écriture, durant l’intervalle compris entre la onzième et la douzième heure, aussi constitue-t-il une seule apparition messianique, laquelle néanmoins comporte un développement progressif.
Le répons-graduel est tiré du psaume 79, et ses versets ont déjà été en partie récités après l’avant-dernière lecture. Hâtons par nos vœux la venue de Jésus bon Pasteur, qui dirigera les pas d’Israël, qui guidera Joseph comme une brebis, qui brillera comme une étoile sur les humbles tribus d’Éphraïm, de Benjamin et de Manassé.
La lecture évangélique est tirée de saint Luc (III, 1-6) qui, ayant bien déterminé d’abord la chronologie des débuts de la prédication chrétienne, éclaire par des traits vigoureux la mission de Jean le Précurseur dans le désert.
Le christianisme est autre chose qu’une spéculation théo-sophique, qui jaillit des besoins intimes de la conscience et dont l’âme ne peut se rendre pleinement compte ; il est une révélation de foi et un fait historique qui s’impose à la raison humaine. Comme fait historique, le christianisme se présente au monde avec toutes les garanties exigées par la critique scientifique la plus consciencieuse : documents authentiques et véridiques, miracles soigneusement contrôlés, doctrine divinement supérieure à toute autre sagesse humaine. C’est pourquoi saint Luc commence la narration de l’Évangile de Jésus par la liste chronologique des souverains qui présidaient alors aux destinées de la Palestine.
Le verset ad offerendum est tiré du prophète Zacharie et nous invite à nous consoler à cause de la prochaine venue du Sauveur. Voilà la plus vraie et la plus pure source de joie : la dilatation du règne de Dieu dans l’âme, la réalisation de la quotidienne prière dominicale : adveniat regnum tuum.
La collecte d’introduction à la préface demande au Seigneur d’accueillir avec bonté le Sacrifice, afin que la dévotion du peuple obtienne la fin qu’elle se propose, c’est-à-dire le salut éternel. Voici encore le but de toute la vie, vers lequel doivent tendre toutes nos actions. S’en proposer un autre, gagner même tout le monde, de quoi cela sert-il, si l’âme n’est pas sauvée ?
Dans le verset pour la Communion, on répète la joyeuse annonce d’Isaïe : « Voici qu’une Vierge concevra et donnera le jour à un enfant qui aura nom Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. » La tradition rabbinique, au moyen âge, s’est exercée à obscurcir ]e sens de cette prophétie messianique, soutenant que le vocable hébraïque Alma, que la Vulgate traduit par Virgo, signifie simplement jeune fille. Néanmoins, les exégètes observent que, toutes les fois que ce mot se trouve dans le texte sacré, il se rapporte à une jeune vierge. En outre, le Prophète parle d’un signe que le Seigneur veut donner au roi Achaz et au peuple. Or, qu’une personne jeune soit mère, c’est un fait commun spécialement en Orient, où on se marie à douze ans, et cela ne sort en rien de l’ordinaire. Mais le prodige réside précisément en ceci, qu’il s’agit d’une Vierge, qui, demeurant inviolée et intacte, conçoit par la vertu divine ; et le fruit de son sein est celui qui convenait uniquement à une Vierge si éminente : un Homme-Dieu.
La collecte eucharistique demande en une belle formule, que la fréquentation de la Table sacrée soit pour nous le sujet de fruits de salut chaque jour plus abondants. Voilà comment la doctrine de l’Église relativement à l’Eucharistie est toujours identique, toujours cohérente avec elle-même et avec la tradition. Des Actes des Apôtres, où les fidèles nous sont montrés assidus à rompre fréquemment le Pain eucharistique, à notre collecte du missel romain, et au décret de Pie X sur la Communion quotidienne, non seulement il n’y a pas de solution de continuité, mais l’identité de la doctrine est patente, si bien qu’on peut appliquer à l’enseignement catholique ce que Paul dit du Christ : Iesus Christus, heri, hodie, ipse et in saecula.
Emmanuel, Dieu avec nous. Quel nom réconfortant va prendre le Messie ! Autrefois, le péché avait élevé comme un mur de bronze entre la créature et le Créateur, et le nom de Dieu ne pouvait pas même être prononcé par les fils d’Israël. Bientôt au contraire, le Verbe Lui-même viendra habiter parmi nous, il nous rachètera, et pour exprimer dans son nom même tout cet émouvant programme de salut, il s’appellera Emmanuel, Jésus, ce qui signifie Sauveur. Alors la terre n’aura plus rien à envier au ciel, nous demeurerons pour toujours avec notre Dieu, et Il demeurera avec nous ; Il sera notre salut, et si Dieu est avec nous, qui pourra se ranger contre nous ?
Toute chair verra le salut de Dieu.
Le grand jour des Quatre-Temps d’hiver, c’est ainsi qu’on peut caractériser ce jour. Toute la journée est consacrée aux préparatifs de Noël. Considérons d’abord la messe, puis les textes de l’Avent au bréviaire.
La messe (Veni). — Pour comprendre la messe d’aujourd’hui, il faut nous transporter par la pensée à l’époque antique où cette messe était célébrée, la nuit, à Saint-Pierre de Rome. Les deux messes précédentes des Quatre-Temps avaient quelque chose d’intime, celle d’aujourd’hui est une messe solennelle de l’Église universelle (elle est célébrée à Saint-Pierre). Cette messe est comme un résumé de l’Avent et de Noël : tout ce qui a été développé dans les quatre semaines de l’Avent est condensé ici. En plusieurs endroits nous rencontrons le symbole de la nuit et de la lumière et cela nous rappelle que cette messe était célébrée en pleine nuit et s’achevait vers le matin. Ce seul fait était déjà un symbole extérieur du thème général de la messe : De la nuit de l’Avent à la lumière de Noël. Tel est le sens de la messe.
A l’Introït, nous appelons de toutes nos supplications la lumière de Noël : « Viens et montre ton visage, Seigneur, dont le trône est au-dessus des chérubins, et alors nous serons sauvés ». Puis nous chantons le psaume d’Avent, le psaume 79 qui, avec le psaume 18, nous suivra à travers toute la messe.
La première Oraison explique l’image en prose : « Console-nous, pauvres pécheurs que nous sommes, en nous visitant. » Noël est en effet la vraie visite de Dieu (adventus).
Les quatre premières leçons sont du prophète Isaïe. La première annonce que la lumière (Jésus) brillera dans le paganisme (symbolisé par l’Égypte) : « Le Seigneur frappera l’Égypte de coups salutaires et ils se convertiront au Seigneur et il se montrera miséricordieux pour eux et les guérira. »
La seconde leçon donne une image magnifique du nouvel Éden du royaume de Dieu :
« Le désert et la solitude se réjouiront,
La steppe tressaillira et fleurira comme les lis,
Il se couvrira de végétation et poussera des cris de joie,
La gloire du Liban lui sera communiquée,
La splendeur du Carmel et de la plaine de Saron ;
Ils verront la gloire du Seigneur,
La magnificence de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes
Et affermissez les genoux qui chancellent.
Dites aux pusillanimes : consolez-vous et ne craignez pas,
Car voici que vient votre Dieu,
Dieu vient lui-même et il vous délivrera. »
La troisième leçon nous montre l’arrivée du vainqueur. L’Église se tient comme une vigie à son poste d’observation :
« Monte sur une haute montagne, messager de Sion,
Annonce aux villes de Juda : Voici votre Dieu,
Voici que le Seigneur Dieu viendra comme un vainqueur,
Comme un pasteur il fera paître son troupeau,
Dans ses bras il recueillera les agneaux
Et les prendra sur son sein... »
Dans la quatrième leçon, le Christ nous apparaît comme le divin Cyrus qui délivrera l’humanité de la captivité de Babylone où la retient le démon : « Je suis le Seigneur et il n’yen a pas d’autre, celui qui a créé la lumière et les ténèbres, qui procure la paix et le malheur... »
« Cieux, répandez votre rosée, nuées, faites pleuvoir le Juste,
Que la terre s’ouvre et fasse germer le Sauveur. »
Entre les leçons sont insérées des chants et des prières qui continuent les pensées de l’Avent. Le psaume 18 nous montre le divin soleil de justice quittant sa tente nocturne (Marie).
« Au soleil il a préparé une tente,
Il s’avance comme un Époux qui quitte la chambre nuptiale. »
Les oraisons sont d’une grande beauté et expriment d’abord notre besoin de Rédemption, puis le bonheur attendu de la visite divine. La plus remarquable est la seconde : « Depuis longtemps, nous soupirons sous le joug du péché et de l’esclavage, puissions-nous par la nouvelle naissance de ton Fils que nous attendons être délivrés... » C’est la première fois que, dans une oraison, il est question de la naissance du Christ.
La cinquième leçon nous fait déjà saluer l’heure matinale : on nous parle des trois enfants dans la fournaise (cette leçon est la cinquième leçon de tous les samedis de Quatre-Temps, elle constituait les Laudes dans l’antique vigile). L’Église primitive voyait, dans l’histoire de ces héroïques jeunes gens, le symbole de la résurrection et du martyre.
L’Épître nous renseigne sur le retour du Christ. D’abord doit venir l’Antéchrist qui accomplira le mystère d’iniquité. Ce seront les ténèbres. Puis viendra l’illumination de l’avènement du Seigneur. (Cette Épître constitue un vestige de l’ancienne conception de ce temps. Alors l’attente du second avènement était l’objet principal de la fête). Avec le lever du soleil la vigile se terminait, on était au dimanche matin.
A l’Évangile, nous entendons un joyeux message : le Précurseur est arrivé, le Roi n’est pas loin. « Toute chair verra le salut de Dieu. » Le drame de l’avant-messe est terminé ; dans le Sacrifice, il deviendra une réalité : nos ténèbres seront illuminées par la grâce de la visite divine. Dans le Sacrifice, Noël est déjà arrivé (Offertoire) :
« Réjouis-toi, fille de Sion, exulte, fille de Jérusalem.
Voici que ton Roi vient vers toi, le Saint, le Sauveur,
Il parle pacifiquement aux nations, son empire s’étend de la mer à la mer...
Oui, je viens et demeure au milieu de toi, dit le Seigneur. »
Comme un géant il s’élance sur la voie de la Rédemption, le divin Soleil ; le soleil du dimanche, le soleil de Noël est levé (Communion). La Postcommunion contient une vérité importante, c’est que les « mystères de Noël » ont été institués pour assurer notre renaissance spirituelle.
Chants de l’Avent. — Nous avons vu qu’aucune époque de l’année n’est aussi riche en chants joyeux que l’Avent. Avec une fécondité inépuisable, l’Église produit des antiennes et des répons de la plus belle poésie.
Au lever du soleil, nous sommes transportés au moment de l’Annonciation. « Comment cela se fera-t-il, ange de Dieu, car je ne connais pas d’homme. Écoute, Vierge Marie : Le Saint-Esprit viendra sur toi et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre. »
Pendant le jour, nous chantons de nouveau des antiennes propres qui sont autant d’oraisons jaculatoires.
Aux Vêpres, nous chantons encore pour chaque psaume une nouvelle antienne : « Sonnez de la trompette à Sion, car proche est le jour du Seigneur, voici qu’il viendra pour nous sauver, Alleluia, Alleluia. » « Ta Parole toute-puissante, Seigneur, viendra, de son trône royal, Alleluia. »
[1] Le choix entre la Messe complète et une Messe “plus brève” est une invention du code des Rubriques de 1960.
[2] Is. 11, 1.
[3] Is. 11, 10.
[4] Ps. 71, 17.
[5] Is. 52, 15
[6] Ps. 79, 2
[7] Is. 9, 7.
[8] Is. 46, 13.
[9] Deut. 32, 2.
[10] Vendredi Saint.