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Vendredi dans l’Octave de la Fête-Dieu (avant 1955)

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l'Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de la Fête-Dieu. Les jours dans l’octave sont devenus des féries du Temps après la Pentecôte, où l’on reprend la Messe du 1er dimanche après la Pentecôte le vendredi, celle de la Ste Vierge au samedi, celle du 2ème dimanche après la Pentecôte du lundi au jeudi. Au bréviaire, l’Office est réduit à la lecture de l’Écriture occurrente (ancien premier nocturne des Matines), la psalmodie est celle du jour de la semaine et non plus celle du Jour de la Fête.

Le Code des Rubriques de 1960 a entériné cet état de fait.

L’Octave de la Fête était du même degré que celle de l’Épiphanie, donc supérieur à celle de Noël, c’est à dire de IIème ordre [1] : les jours pendant l’Octave ne pouvaient être remplacés que par des jours de fêtes de Ière classe occurrents, et le jour Octave ne le cédait qu’à une fête de Ière classe ‘primaire’, c’est-à-dire la Nativité de St Jean-Baptiste (quand Pâques tombe un 18 avril), la fête des Sts Pierre et Paul (quand Pâques tombe un 23 avril) et les fêtes locales de la dédicace ou du titulaire de l’église et des patrons principaux du lieu. C’est dire l’importance qu’avait cette Octave dans l’année liturgique avant 1955.

Nous donnerons donc ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels. On trouvera les commentaires généraux sur le jour même de la Fête ici.

Le 1er nocturne des Matines était consacré (sauf le jour de la fête : récit de l’Institution de l’Eucharistie par saint Paul et le jour octave de l’Ascension jusqu’en 1929 et la modification due aux modifications de l’Office du Sacré-Cœur) à la lecture continue de l’Écriture comme il convient en temps de férie : 1er Livre des Rois depuis le Lundi après la Trinité : elles sont donc normalement sans rapport avec l’Office de l’Octave (la lecture occurrente de Livre des Rois étant antérieure à l’institution de la Fête) : néanmoins, le récit concerne Samuel et l’Arche d’alliance et semble s’accorder sans problème à l’Octave.

Le 2nd nocturne donnait des lectures patristiques de :
- St Thomas d’Aquin (vendredi : suite de l’homélie du jour de la Fête)
- St Jean Chrysostome
— samedi : homélie 61 au peuple d’Antioche
— dimanche et lundi : homélie 60 au peuple d’Antioche
- St Cyprien (mardi : Lettre à Cécilius)
- St Ambroise (mercredi : Des Sacrements, IV, 4.)
- St Cyrille de Jérusalem (Octave : Catéchèses Mystagogiques 4.)

Le 3ème nocturne concerne bien sûr (sauf le Dimanche qui a son Évangile propre) l’Évangile du jour de la fête (Jean. 6, 56-59) et son commentaire :
- St Augustin,
— Traité 26 sur Jean (Fête, lundi, mardi)
— Traité 27 sur Jean (vendredi, samedi)
- St Hilaire (mercredi)
- St Cyrille d’Alexandrie (Octave : Livre 4 sur St Jean, cap. 17.)

Le Dimanche dans l’Octave, pour commenter l’Évangile des Noces, le bréviaire fait appel à St Grégoire (Homélie 36 sur l’Évangile).

Textes de la Messe

Pendant tous les jours de l’Octave, sauf le Dimanche, la Messe est dite comme au jour de la Fête

Office

L’Office est celui de la Fête, sauf les lectures des Matines.

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Christum Regem adorémus dominántem Géntibus : * Qui se manducántibus dat spíritus pinguédinem. Adorons le Christ-Roi, dominateur des nations : * Qui donne à ceux qui le mangent l’abondance de son esprit.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne [2]
Sacris solémniis iuncta sint gáudia,
Et ex præcórdiis sonent præcónia ;
Recédant vétera, nova sint ómnia,
Corda, voces, et ópera.
Qu’à ces solennités sacrées se joignent nos joies,
que du fond des cœurs résonne les louanges ;
loin de nous la vétusté, que tout soit nouveau,
les cœurs, les voix et les œuvres.
Noctis recólitur cœna novíssima,
Qua Christus créditur agnum et ázyma
Dedísse frátribus, iuxta legítima
Priscis indúlta pátribus.
Nous célébrons la mémoire de la dernière cène,
de cette nuit où nous savons que le Christ
partagea aux frères l’agneau et les azymes,
selon les rites légaux donnée à leurs pères [3].
Post agnum týpicum, explétis épulis,
Corpus Domínicum datum discípulis,
Sic totum ómnibus, quod totum síngulis,
Eius fatémur mánibus.
Après l’agneau figuratif, le repas terminé,
le corps du Seigneur fut donné aux disciples
tout entier à tous, tout entier à chacun,
par ses mains : c’est notre foi.
Dedit fragílibus córporis férculum,
Dedit et trístibus sánguinis póculum,
Dicens : Accípite quod trado vásculum ;
Omnes ex eo bíbite.
Aux faibles, il donna son corps en aliment,
aux tristes, il donna son sang en boisson,
disant : Prenez la coupe que je livre ;
buvez-en tous.
Sic sacrifícium istud instítuit,
Cuius offícium commítti vóluit
Solis presbýteris, quibus sic cóngruit,
Ut sumant, et dent céteris.
C’est ainsi qu’il institua ce sacrifice
dont il a voulu que le ministère
fût confié aux seuls prêtres : à eux il appartient
de s’en nourrir et d’en donner aux autres.
Panis Angélicus fit panis hóminum ;
Dat panis cǽlicus figúris términum ;
O res mirábilis : mandúcat Dóminum
Pauper servus et húmilis.
Le pain des Anges devient le pain des hommes ;
le pain du ciel met fin aux figures ;
o prodige admirable : il mange son Seigneur,
le pauvre, l’esclave, le tout petit.
Te, trina Déitas únaque, póscimus ;
Sic nos tu vísita, sicut te cólimus :
Per tuas sémitas duc nos quo téndimus,
Ad lucem quam inhábitas.
Amen.
O Dieu unique et Trine, nous vous le demandons ;
visitez-nous en ce jour où nous vous honorons ;
et, par vos sentiers [4], conduisez-nous au but auquel nous tendons,
vers la lumière que vous habitez !
Amen.
In I NocturnoAu 1er Nocturne
Ant. 1 Fructum salutíferum * gustándum dedit Dóminus mortis suæ témpore.Ant. 1 C’est un fruit apportant le salut * que le Seigneur nous a donné à savourer au temps de sa mort [5].
Psaume 1
Ant. 2 A fructu fruménti * et vini multiplicáti fidéles in pace Christi requiéscunt.Ant. 2 Multipliés par l’abondance du froment * et du vin, les fidèles se reposent dans la paix du Christ [6].
Psaume 4
Ant. 3 Communióne cálicis, * quo Deus ipse súmitur, non vitulórum sánguine, congregávit nos Dóminus.Ant. 3 C’est par la communion au calice * où l’on se nourrit de Dieu lui-même et non par le sang des taureaux, que le Seigneur nous a rassemblés [7].
Psaume 15
V/. Panem cæli dedit eis, allelúia.V/. Il leur a donné le pain du ciel [8], alléluia.
R/. Panem Angelórum manducávit homo, allelúia.R/. L’homme a mangé le pain des Anges, alléluia.
Lectio i1ère leçon
De libro primo Regum.Du premier Livre des Rois.
Cap. 2, 27-29
Venit autem vir Dei ad Heli et ait ad eum : Hæc dicit Dóminus : Numquid non apérte revelátus sum dómui patris tui, cum essent in Ægýpto in domo pharaónis ? Et elégi eum ex ómnibus tríbubus Israël mihi in sacerdótem, ut ascénderet ad altáre meum et adoléret mihi incénsum et portáret ephod coram me ; et dedi dómui patris tui ómnia de sacrifíciis filiórum Israël. Quare calce abiecístis víctimam meam et múnera mea, quæ præcépi ut offeréntur in templo, et magis honorásti fílios tuos quam me, ut comederétis primítias omnis sacrifícii Israël pópuli mei ?Or, il vint un homme de Dieu vers Héli, et il lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Ne me suis-je pas ouvertement révélé à la maison de ton père, lorsqu’ils étaient en Égypte, dans la maison de Pharaon ? Je l’ai choisi entre toutes les tribus d’Israël pour mon prêtre afin qu’il montât à mon autel qu’il brûlât pour moi de l’encens, et qu’il portât un ephod devant moi ; et j’ai donné à la maison de ton père de tous les sacrifices des enfants d’Israël. Pourquoi avez-vous jeté sous vos pieds ma victime et mes présents que j’ai ordonné d’offrir dans le temple, et as-tu plus honoré tes fils que moi, pour que vous mangeassiez les prémices de tous les sacrifices d’Israël mon peuple ?
R/. Immolábit hædum multitúdo filiórum Israël ad vésperam Paschæ : * Et edent carnes et ázymos panes.R/. La multitude des enfants d’Israël immolera un chevreau au soir delà Pâque [9] : * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes.
V/. Pascha nostrum immolátus est Christus : ítaque epulémur in ázymis sinceritátis et veritátis.V/. Notre agneau pascal, le Christ, a été immolé : mangeons-le avec les azymes de la sincérité et de la vérité [10].
* Et edent carnes et ázymos panes. * Et ils en mangeront les chairs avec des pains azymes.
Lectio ii2e leçon
Cap. 2, 30-33.
Proptérea ait Dóminus Deus Israël : Loquens locútus sum, ut domus tua et domus patris tui ministráret in conspéctu meo usque in sempitérnum ; nunc autem dicit Dóminus : Absit hoc a me ; sed quicúmque glorificáverit me, glorificábo eum ; qui autem contémnunt me, erunt ignóbiles. Ecce dies véniunt, et præcídam bráchium tuum et bráchium domus patri tui, ut non sit senex in domo tua. Et vidébis ǽmulum tuum in templo, in univérsis prósperis Israël ; et non erit senex in domo tua ómnibus diébus. Verúmtamen non áuferam pénitus virum ex te ab altári meo ; sed ut defíciant óculi tui, et tabéscat ánima tua, et pars magna domus tuæ moriétur, cum ad virílem ætátem vénerit.C’est pour cela que le Seigneur Dieu d’Israël dit : Parlant, j’ai parlé, afin que ta maison et la maison de ton père servît en ma présence pour toujours. Or, le Seigneur dit maintenant : Loin de moi cela ! Mais quiconque m’aura glorifié, je le glorifierai ; ceux au contraire qui me méprisent, seront avilis. Voici que des jours viendront, et je couperai ton bras, et le bras de la maison de ton père, en sorte qu’il n’y ait point de vieillard dans ta maison. Et tu verras ton rival dans le temple, au milieu de toutes les prospérités d’Israël ; et il n’y aura de vieillard dans ta maison en aucun jour. Cependant je n’enlèverai pas entièrement de mon autel tout homme issu de toi ; mais je ferai que tes yeux s’éteindront, et que ton âme se desséchera : et une grande partie de ta maison mourra, lorsqu’elle sera parvenue à l’âge viril.
R/. Comedétis carnes, et saturabímini pánibus : * Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum.R/. Vous mangerez de la chair, et vous serez rassasiés de pain [11] : * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger.
V/. Non Móyses dedit vobis panem de cælo, sed Pater meus dat vobis panem de cælo verum.V/. Moïse ne vous a point donné le pain du ciel, mais c’est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel [12].
* Iste est panis, quem dedit vobis Dóminus ad vescéndum. * Voici le pain que le Seigneur vous a donné à manger.
Lectio iii3e leçon
Cap. 2, 34-36.
Hoc autem erit tibi signum, quod ventúrum est duóbus fíliis tuis, Ophni et Phínees ; in die uno moriéntur ambo. Et suscitábo mihi sacerdótem fidélem, qui iuxta cor meum et ánimam meam fáciet ; et ædificábo ei domum fidélem, et ambulábit coram Christo meo cunctis diébus. Futúrum est autem, ut quicúmque remánserit in domo tua, véniat ut orétur pro eo, et ófferat nummum argénteum et tortam panis, dicátque : Dimítte me, óbsecro, ad unam partem sacerdotálem, ut cómedam buccéllam panis.Or, ce qui en sera pour toi le signe, est ce qui doit arriver à tes deux fils, Ophni et Phinées : en un seul jour.ils mourront tous les deux. Et je me susciterai un prêtre fidèle qui agira selon mon cœur et mon âme ; et je lui édifierai une maison fidèle, et il marchera devant mon Christ, tous les jours. Or, il arrivera que quiconque sera resté dans ta maison, viendra, afin qu’on prie pour lui et qu’il offre une pièce d’argent, et une miche de pain, et qu’il dise : Admettez-moi, je vous conjure, à une fonction sacerdotale, afin que je mange une bouchée de pain.
R/. Respéxit Elías ad caput suum subcinerícium panem : qui surgens comédit et bibit : * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei.R/. Élie vit auprès de sa tête un pain cuit sous la cendre : se levant, il mangea et but [13] : * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu.
V/. Si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum.V/. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement [14].
* Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei. Glória Patri. * Et ambulávit in fortitúdine cibi illíus usque ad montem Dei.* Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu. Gloire au Père. * Et il marcha dans la force de cette nourriture jusqu’à la montagne de Dieu.
In II NocturnoAu 2nd Nocturne
Ant. 4 Memor sit Dóminus * sacrifícii nostri : et holocáustum nostrum pingue fiat.Ant. 4 Que le Seigneur se souvienne * de notre sacrifice, et que notre holocauste lui soit agréable [15].
Psaume 19
Ant. 5 Parátur * nobis mensa Dómini advérsus omnes, qui tríbulant nos.Ant. 5 Elle est dressée * pour nous, la table du Seigneur, contre tous ceux qui nous persécutent [16].
Psaume 22
Ant. 6 In voce exsultatiónis * résonent epulántes in mensa Dómini.Ant. 6 Que des accents d’allégresse * retentissent parmi les convives, à la table du Seigneur [17].
Psaume 41
V/. Cibávit illos ex ádipe fruménti, allelúia.V/. Il les a nourris de la fleur du froment [18], alléluia.
R/. Et de petra, melle saturávit eos, allelúia.R/. Et pour les rassasier, il a fait sortir le miel de la pierre [19], alléluia.
Lectio iv4e leçon
Sermo sancti Thomæ Aquinátis.Du sermon de saint Thomas d’Aquin.
Idem Opusc. 57
Cónvenit ítaque devotióni fidélium, solémniter recólere institutiónem tam salutíferi tamque mirábilis Sacraménti : ut ineffábilem modum divínæ præséntiæ in Sacraménto visíbili venerémur ; et laudétur Dei poténtia, quæ in Sacraménto eódem tot mirabília operátur ; nec non et de tam salúbri tamque suávi benefício exsolvántur Deo gratiárum débitæ actiónes. Verum etsi in die Cœnæ, quando Sacraméntum prædíctum nóscitur institútum solémnia de institutióne ipsíus speciális méntio habeátur ; totum tamen resíduum eiúsdem diéi offícium ad Christi passiónem pértinet, circa cuius veneratiónem Ecclésia illo témpore occupátur.Il convient donc à la dévotion des fidèles de célébrer solennellement l’institution d’un Sacrement si salutaire et si admirable, afin de vénérer le mode ineffable de la présence divine sous un Sacrement visible, afin de louer la puissance de Dieu opérant tant de merveilles dans un même Sacrement ; et aussi afin de rendre à Dieu, pour un bienfait si salutaire et si suave, les actions de grâces qui lui sont dues. Mais, bien qu’au jour de la Cène, où, comme on le sait, ce Sacrement fut institué, il soit fait une mention spéciale de son institution dans la Messe, néanmoins tout le reste de l’Office de ce jour se rapporte à la passion du Christ, que l’Église est alors occupée à vénérer.
R/. Cœnántibus illis, accépit Iesus panem, et benedíxit, ac fregit, dedítque discípulis suis, et ait : * Accípite et comédite : hoc est corpus meum.R/. Pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à ses disciples, disant [20] : * Prenez et mangez : ceci est mon corps.
V/. Dixérunt viri tabernáculi mei : Quis det de cárnibus eius, ut saturémur ?V/. Les hommes qui demeurent sous ma tente ont dit : Qui nous donnera de nous rassasier de sa chair [21] ?
* Accípite et comédite : hoc est corpus meum. * Prenez et mangez : ceci est mon corps.
Lectio v5e leçon
Historique de la Fête
Ut autem íntegro celebritátis offício institutiónem tanti Sacraménti recóleret plebs fidélium, Románus Póntifex Urbánus quartus, huius Sacraménti devotióne afféctus, pie státuit præfátæ institutiónis memóriam prima quinta féria post Octávam Pentecóstes a cunctis fidélibus celebrári ; ut qui per totum anni círculum hoc Sacraménto útimur ad salútem, eius institutiónem illo témpore speciáliter recolámus, quo Spíritus Sanctus corda discipulórum edócuit ad plene cognoscénda huius mystéria Sacraménti. Nam et in eódem témpore cœpit hoc Sacraméntum a fidélibus frequentári.Afin donc que le peuple fidèle honorât l’institution d’un si grand Sacrement par l’Office tout entier d’un jour solennel, le Pontife romain Urbain IV, pénétré de dévotion envers ce Sacrement, a pieusement ordonné que le premier jeudi après l’Octave de la Pentecôte, la mémoire de cette institution dont nous avons parlé fût célébrée par tous les fidèles ; donnant ainsi à ceux qui usent pour leur salut de ce Sacrement pendant tout le cours de l’année, le moyen d’honorer spécialement son institution au temps même où l’Esprit-Saint, éclairant les cœurs des fidèles, leur en donnait une pleine connaissance. Car ce fut aussi dans ce temps-là que les fidèles commencèrent à fréquenter ce Sacrement.
R/. Accépit Iesus cálicem, postquam cœnávit, dicens : Hic calix novum testaméntum est in meo sánguine : * Hoc fácite in meam commemoratiónem.R/. Jésus prit le calice après avoir soupe, disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang [22] : * Faites ceci en mémoire de moi.
V/. Memória memor ero, et tabéscet in me ánima mea.V/. J’en conserverai toujours la mémoire, et mon âme sera comme défaillante d’amour à ce souvenir [23].
* Hoc fácite in meam commemoratiónem. * Faites ceci en mémoire de moi.
Lectio vi6e leçon
Ut autem prædícta quinta féria, et per Octávas sequéntes, eius salutáris institutiónis honorificéntius agátur memória, et solémnitas de hoc celébrior habeátur : loco distributiónum materiálium, quæ in ecclésiis cathedrálibus largiúntur exsisténtibus Horis Canónicis, noctúrnis paritérque diúrnis, præfátus Románus Póntifex eis, qui huiúsmodi Horis in hac solemnitáte personáliter in ecclésiis interfúerint, stipéndia spirituália apostólica largitióne concéssit ; quátenus per hæc fidéles ad tanti festi celebritátem avídius et copiósius convenírent.Et, pour qu’en cette Fête et pendant l’Octave qui la prolonge, on fasse plus dignement mémoire de cette institution salutaire, pour donner plus d’éclat à la solennité, au lieu de ces distributions matérielles que reçoivent dans les églises cathédrales ceux qui sont présents aux Heures canoniales, nocturnes et diurnes, le Pontife romain dont nous avons parlé, déployant une libéralité apostolique, enrichit de largesses spirituelles tous ceux qui assisteraient en personne aux dites Heures, en vue d’attirer à la solennité d’une si grande fête, un plus avide et plus nombreux concours de fidèles.
R/. Ego sum panis vitæ ; patres vestri manducavérunt manna in desérto, et mórtui sunt [24] : * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur.R/. Je suis le pain de vie ; vos pères ont mangé la manne dans le désert et sont morts : * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas.
V/. Ego sum panis vivus, qui de cælo descéndi : si quis manducáverit ex hoc pane, vivet in ætérnum.V/. Je suis le pain vivant, qui suis descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.
* Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur. Glória Patri. * Hic est panis de cælo descéndens, ut, si quis ex ipso mandúcet, non moriátur.* C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas. Gloire au Père. * C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui le mange ne meure pas.
In III NocturnoAu 3ème Nocturne
Ant. 7 Introíbo * ad altáre Dei : sumam Christum, qui rénovat iuventútem meam.Ant. 7 Je viendrai * à l’autel de Dieu, je recevrai le Christ qui renouvelle ma jeunesse [25].
Psaume 42
Ant. 8 Cibávit nos Dóminus * ex ádipe fruménti : et de petra, melle saturávit nos.Ant. 8 Le Seigneur nous a nourris * de la fleur du froment, et pour nous rassasier il a fait sortir le miel de la pierre [26].
Psaume 80
Ant. 9 Ex altári tuo, * Dómine, Christum súmimus : in quem cor et caro nostra exsúltant.Ant. 9 A votre autel, * Seigneur, nous recevons le Christ, en qui exultent notre cœur et notre chair [27].
Psaume 83
V/. Edúcas panem de terra, allelúia [28].V/. Faites sortir le pain de la terre, alléluia.
R/. Et vinum lætíficet cor hóminis, allelúia.R/. Et que le vin réjouisse le cœur de l’homme, alléluia.
Lectio vii7e leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 6, 56-59.
In illo témpore : Dixit Iesus turbis Iudæórum : Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus, dit aux Juifs : Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Tractatus 27 in Ioannem
Verba Dómini ex Evangélio, quæ sermónem prístinum consequúntur, audívimus. Hinc sermo debétur áuribus et méntibus vestris, et hodiérna die non importúnus est : est enim de córpore Dómini, quod dicébat se dare ad manducándum propter ætérnam vitam. Expósuit autem modum attributiónis huius et doni sui, quómodo daret carnem suam manducáre, dicens : Qui mandúcat carnem meam et bibit sánguinem meum, in me manet, et ego in illo. Signum quia manducávit et bibit, hoc est : si manet, et manétur ; si hábitat, et inhabitátur ; si hæret, ut non deserátur.Nous avons entendu, dans l’Évangile, les paroles du Seigneur faisant suite à celles que notre dernier discours eut pour sujet. Vos esprits, plus encore que vos oreilles, en attendent l’explication, et cette explication ne peut manquer de vous être agréable aujourd’hui. Car il est question du corps du Seigneur, qu’il promettait de donner à manger pour la vie éternelle. Or, c’est afin d’établir jusqu’où irait cette communication, ce don de lui-même, en quelle manière il donnerait sa chair à manger, qu’il a dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » Le signe que le fidèle a mangé et qu’il a bu, le voici : Si le Christ demeure en lui, et lui dans le Christ ; si le Christ habite en lui, et lui dans le Christ ; s’il adhère au Christ, au point de n’en être pas détaché.
R/. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem, * In me manet, et ego in eo.R/. Celui qui mange ma chair et boit mon sang [29], * Demeure en moi et moi en lui.
V/. Non est ália nátio tam grandis, quæ hábeat deos appropinquántes sibi, sicut Deus noster adest nobis.V/. Il n’est point d’autre nation, si grande qu’elle soit, qui ait des dieux s’approchant d’elle, comme notre Dieu est présent pour nous [30].
* In me manet, et ego in eo. * Demeure en moi et moi en lui.
Lectio viii8e leçon
Hoc ergo nos dócuit et admónuit mysticis verbis, ut simus in eius córpore sub ipso cápite in membris eius, edéntes carnem eius, non relinquéntes unitátem eius. Sed qui áderant, plures non intelligéndo scandalizáti sunt ; non enim cogitábant, hæc audiéndo, nisi carnem, quod ipsi erant. Apóstolus autem dicit, et verum dicit : Sápere secúndum carnem, mors est. Carnem suam dat nobis Dóminus manducáre : et sápere secúndum carnem, mors est. Cum de carne sua dicat quia ibi est vita ætérna ; ergo nec carnem debémus sápere secúndum carnem, sicut in his verbis : Multi ítaque audiéntes, non ex inimícis, sed ex discípulis eius, dixérunt : Durus est hic sermo, et quis potest eum audíre ?Voilà donc l’enseignement et la leçon qu’il nous donne par ces paroles pleines de mystère, c’est que nous devons faire partie de son corps, être de ses membres, soumis à lui comme à notre chef, et manger sa chair, sans jamais nous séparer de son unité. Mais un grand nombre de ceux qui étaient présents ne comprirent point et se scandalisèrent, car entendant ces choses, ils ne concevaient rien que de charnel, étant charnels eux-mêmes. Or l’Apôtre dit, et c’est la vérité : « Juger selon la chair, c’est la mort » [31]. Le Seigneur nous donne sa chair à manger ; et juger selon la chair, c’est la mort. Lorsqu’il dit de sa chair que la vie éternelle s’y trouve, il ne faut donc pas que nous jugions de sa chair selon la chair, que nous soyons semblables à ceux dont l’Évangile ajoute : « Plusieurs » non de ses ennemis, mais « de ses disciples l’ayant entendu, dirent : Cette parole est dure, et qui peut l’écouter [32] ? »
R/. Misit me vivens Pater, et ego vivo propter Patrem : * Et qui mandúcat me, vivet propter me.R/. Mon Père qui vit m’a envoyé, et je vis par mon Père [33] : * Et celui qui me mange vivra aussi par moi.
V/. Cibávit illum Dóminus pane vitæ et intelléctus.V/. Le Seigneur l’a nourri du pain de vie et d’intelligence [34].
* Et qui mandúcat me, vivet propter me. Glória Patri. * Et qui mandúcat me, vivet propter me.* Et celui qui me mange vivra aussi par moi. Gloire au Père. * Et celui qui me mange vivra aussi par moi.
Lectio ix9e leçon
Si discípuli durum habuérunt istum sermónem, quid inimíci ? Et tamen sic oportébat ut dicerétur, quod non ab ómnibus intelligerétur. Secrétum Dei inténtos debet fácere, non advérsos : isti autem cito defecérunt, tália loquénte Dómino Iesu Christo. Non credidérunt áliquid magnum dicéntem, et verbis illis áliquam grátiam cooperiéntem : sed prout voluérunt, ita intellexérunt, et more hóminum : quia póterat Iesus, aut hoc disponébat Iesus, carnem, qua indútum erat Verbum, véluti concísam, distribúere credéntibus in se. Durus est, ínquiunt, hic sermo : quis potest eum audíre ?Si cette parole parut dure à ses disciples, quelle impression dut-elle faire sur ses ennemis ? Et cependant le Sauveur devait s’exprimer ici de manière à n’être point compris de tous. Le secret de Dieu doit nous faire attentifs, non pas hostiles. Mais la foi de ces disciples défaillit en entendant le Seigneur Jésus-Christ tenir un tel langage. Ils ne crurent pas qu’il énonçait quelque chose de grand, et que ses paroles voilaient une grâce nouvelle ; mais ils les entendirent à leur gré et d’une façon tout humaine, pensant que Jésus était capable, ou que Jésus avait dessein de distribuer, comme par morceaux, à ceux qui croiraient en lui, la chair dont le Verbe s’était revêtu. « Cette parole est dure, dirent-ils, et qui peut l’écouter ? »
Te Deum

A LAUDES.

Comme au jour de la Fête, ici.

AUX VÊPRES.

Comme au jour de la Fête, ici.

Dom Guéranger, l'Année Liturgique

Dieu a donne satisfaction aux désirs enflammes du cœur de l’homme. La maison du festin des noces, élevée par la divine Sagesse au sommet des monts, a vu les nations affluer vers elle [35]. Hier, par tout le monde catholique ému d’un même amour, les peuples assemblés s’excitaient mutuellement aux saints transports d’une même reconnaissance : « Venez ; montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob, du Dieu fort d’Israël. » Hier le germe du Seigneur a été vu dans la magnificence et la gloire [36] ; porté en triomphe, l’épi divin, fruit de la terre, excitait l’enthousiasme des foules qui, croissant à chaque pas, tressaillaient devant lui comme on tressaille au jour de la moisson [37].

Moisson céleste, attente des siècles ! Epi précieux dédaigné d’Israël, et cueilli par Ruth l’étrangère au champ du vrai Booz en Bethléhem ! C’est pour ce jour du triomphe de la gentilité, de la grande assemblée des nations prédite par Isaïe, que le Seigneur tenait en réserve sur la montagne le banquet de délivrance à la victime incomparable, le festin de vendange au vin délicieux et très pur [38]. Les pauvres en ont mangé, et ils ont éclaté dans la louange ; les riches en ont mangé, et ils se sont abîmés dans l’adoration ; et toutes les familles des nations, prosternées en sa présence, ont reconnu le Christ-Roi à son divin banquet [39]. « C’est lui, disaient-elles ; c’est notre Dieu attendu si longtemps [40], le désiré de notre âme au sein des nuits, pour qui dès le matin veillaient nos pensées ; c’est le Seigneur, dont les délais n’ont pu effacer en nous le souvenir. O Dieu, votre mémorial était l’aspiration de nos cœurs dans les longs sentiers de l’attente [41]. Seigneur, je vous louerai, parce que vous avez accompli d’admirables prodiges. Tels étaient donc bien vos divins projets, vos pensées éternelles [42] ! »

L’amour qui s’exprimait ainsi n’est en effet que l’écho de l’amour infini, écho affaibli, réponse de l’homme mortel aux divines avances. Le divin Esprit, qui a noué l’union merveilleuse des fils d’Adam et de la Sagesse éternelle, nous montre partout dans les saints Livres l’adorable Sagesse impatiente des délais, combattant les obstacles, et préludant en toutes manières à la rencontre fortunée du banquet nuptial.

Nous n’aurons point trop des deux premiers jours de l’Octave qui commence aujourd’hui, pour esquisser brièvement cette histoire de la préparation eucharistique. La vive lumière qu’elle jettera sur le dogme lui-même en fera sentir assez l’importance. Qu’on ne s’étonne pas d’y voir l’éternelle Sagesse remplissant ces deux jours de ses divines recherches envers notre nature. Prenant les Écritures pour guide en cette exposition, comme dans tout le reste de cet ouvrage, nous avons dû prendre aussi leur langage. Or, c’est ainsi qu’elles s’expriment avant l’Incarnation : la seconde personne de l’auguste Trinité y parait ouvertement sous ce nom de SAGESSE, et à titre d’Épouse, jusqu’à ce que son union avec l’homme étant accomplie au degré le plus élevé qu’elle dût atteindre dans le Christ Jésus, elle s’efface, pour ainsi dire, devant l’Époux, et semble perdre jusqu’à son nom. On savait toutefois ne pas l’oublier, ce nom béni, dans les âges de foi vive, dans les grands siècles nourris des Écritures [43]. C’est à cette noble souveraine de ses pensées que le premier empereur chrétien dédiait le trophée de sa victoire sur le paganisme et du triomphe des martyrs : totus Sapientia Dei exœstuans, nous dit Eusèbe [44], Constantin consacrait sous son nom à lui-même l’antique Byzance au Dieu des Martyrs [45], et dédiait à la Sagesse éternelle le monument principal de la nouvelle Rome, Sainte-Sophie, resté longtemps le plus beau temple du monde. Sachons donc, à la suite de nos pères, honorer la divine Sagesse, et reconnaître l’amour qui la presse ineffablement de s’unir à l’homme dès l’éternité.

Tel est, en effet, le secret de l’exultation mystérieuse qui la transporte aux premiers jours, alors que, le péché n’étant point encore venu rompre l’harmonie de l’œuvre du Très-Haut, le monde s’épanouit sous l’œil de Dieu dans sa fraîcheur native. Chaque manifestation de la puissance créatrice augmente son allégresse, en ajoutant une beauté nouvelle au théâtre prédestiné des divines merveilles qu’a projetées son amour. Sans relâche elle tressaille devant le Créateur, elle se joue dans l’orbe de la terre ; car elle voit s’avancer l’homme, dont le palais qui s’achève annonce la prochaine arrivée, et ses délices sont d’être avec les enfants des hommes [46].

Insondable amour, qui précède le péché, mais le prévoit néanmoins sans en être affaibli ! Délices mystérieuses, attrait divin dont ne peut triompher l’amertume des noires ingratitudes de l’avenir ! La chute de l’homme aura comme conséquence de modifier profondément et cruellement, pour la divine Sagesse, les conditions de sa terrestre existence. Mais pour le bien saisir, et pénétrer mieux aussi l’incompréhensible amour qui ne s’est point rebuté de tels bouleversements, continuons de suivre aujourd’hui par la pensée les divines intentions dans l’état d’innocence. Quoique les saintes Lettres, écrites pour l’homme pécheur, aient trait surtout à l’état de chute et au grand mystère de la réhabilitation, la pensée première du Seigneur s’y fait jour, en plus d’un endroit, assez clairement pour nous permettre de rétablir sans trop de difficulté les grandes lignes du plan divin primitif.

« Le Seigneur m’a possédée au commencement de ses voies » [47], dit la Sagesse. N’est-elle pas elle-même en effet la première des créatures [48], non sans doute dans cette forme divine dont parle l’Apôtre, et qui la rend égale à Dieu [49], mais dans cet être humain qu’entre toutes les natures possibles elle a élu de préférence [50] pour s’unir en lui à l’être fini ? Libre choix d’un amour sans bornes et tout gratuit, plaçant l’homme dès avant tous les âges au sommet de l’œuvre divine, et constituant à notre avantage le type et la loi de la création entière. Car, nous disent les saints Livres, « le très haut et tout-puissant Créateur a créé tout d’abord dans le Saint-Esprit l’adorable Sagesse ; et la prenant pour exemplaire, pour mesure et pour nombre, il l’a répandue sur toutes ses œuvres et sur toute chair » [51]. A la plénitude des temps elle-même doit venir, comme lien commun, manifester aux mondes rassemblés dans son unité la raison de leur existence : joignant à l’hommage de sa divine personnalité l’hommage de toute créature, elle consommera dans une adoration universelle et infinie la gloire extérieure de Dieu son Père. Alors apparaîtra l’incomparable dignité de cette nature humaine élue par la divine Sagesse dès le commencement comme sa forme créée, pour être l’organe de cet hommage envers le Père dont la nature divine qu’elle tient de lui n’était point susceptible. L’éternelle Sagesse ne sera plus qu’un avec le Fils de la Vierge très pure ; l’épithalame sera chanté par toutes les voix de la terre et du ciel ; et par ce fils de l’homme devenu l’Époux, elle continuera jusqu’au dernier jour, dans l’intime de chaque âme, l’ineffable mystère de ses noces divines avec l’humanité tout entière.

Mais quel sera le moyen de l’union déifiante ? De tous les sacrements que le Christ aurait pu établir dans l’état d’innocence, il n’en est point, dit Suarez, qui présente plus de probabilités en sa faveur que l’Eucharistie. Il n’en est point en effet qui, plus désirable en soi-même, soit aussi plus indépendant du péché ; car le souvenir d’expiation, qui s’y rattache aujourd’hui comme mémorial de la Passion du Sauveur, peut en être exclu sans atteindre l’essence même du Sacrement, qui est la réelle présence du Seigneur et l’intime rapprochement par lequel il nous unit à lui [52]. Le Sacrifice, comme nous le verrons, ne suppose pas davantage l’idée du péché dans sa notion première ; or, le Sacrifice doit demander au Christ chef du monde une offrande digne de Dieu et de lui-même, quand il viendra ici-bas pour accomplir, au nom de nous tous et du monde entier, cet acte solennel. Époux et Pontife à jamais dans la vertu de l’onction souveraine, c’est par l’Eucharistie qu’il sera tel en effet, s’assimilant l’humanité dans l’étroit embrassement des Mystères, pour l’offrir à Dieu divinisée dans l’unité de son propre corps.

Mais à l’Époux qui doit venir il faut un cortège nombreux, pour l’entourer et chanter ses louanges, au moment où se fera son entrée dans le lieu du festin nuptial ; et d’ici que la terre, suffisamment peuplée, puisse présenter au Roi-Pontife une cour digne de lui, un long temps doit s’écouler encore. Que fera ce pendant la divine Sagesse ? Aux jours de la création, nous avons vu les transports de son active allégresse. Mais voici que, son œuvre achevée, le Créateur s’est retiré dans le repos du septième jour. Assise à la droite du Père dans les splendeurs des Saints, attendra-t-elle maintenant inactive le moment où Celui qui l’a engendrée avant l’aurore [53] et fiancée à l’humanité, l’enverra sur terre consommer cette alliance objet des éternels désirs de son amour ?

Le portrait que nous en tracent les saints Livres ne le donne point à supposer. Impétueuse en sa douceur, plus agile que le mouvement, plus pénétrante que tout, est la Sagesse. En elle réside l’esprit d’intelligence, ami de l’homme, que rien n’arrête, subtil, fécond en ressources, alerte, stable et calme à la fois, sûr de ses œuvres et de leur issue, parce qu’il est tout-puissant, prévoit toutes choses, et renferme en soi tous les esprits dans la force et la suavité de la lumière incréée, dont cette divine Sagesse est la splendeur très pure [54]. Facilement elle se laisse voir à ceux qui l’aiment, et trouver par ceux qui la cherchent ; elle prévient ceux qui la désirent et se découvre à eux la première. Celui qui veille pour elle dès le matin sera vite en repos ; car elle-même s’en va cherchant ceux qui sont dignes d’elle, se montre à eux dans le chemin pleine de grâce, et vient en toute sollicitude à leur rencontre [55]. Sans quitter donc le trône de gloire dont elle fait la beauté dans le sanctuaire des cieux [56], préparant de loin le jour des noces, elle influera sur l’homme en toutes manières, l’accompagnant dans ses sentiers, l’entretenant de son amour, et lui manifestant, sous des symboles précurseurs adaptés par elle à la jeunesse du monde, les merveilleux projets que garde l’avenir.

Le Seigneur Dieu, dit l’Écriture, avait planté dès le commencement un jardin délicieux, pour y placer l’homme qu’il ne devait créer que le sixième jour. Au milieu du jardin s’élevait un arbre à la signification mystérieuse ; beau entre tous, il se nommait l’arbre de vie. Un fleuve, qui se divisait en quatre canaux, arrosait ce lieu de délices [57] ; appelé de même le fleuve de vie, saint Jean nous le montre, en son Apocalypse, sortant du trône de Dieu et brillant comme le cristal [58]. Arbre et fleuve dont le symbole ne suppose point le péché futur : placés par Dieu avant l’homme même en ce séjour de l’innocence, ils entrent comme éléments dans la notion du plan divin primitif, ne signifiant, n’annonçant rien qui, de soi, ne se rapporte d’abord à l’état d’innocence.

Or, nous dit un ancien auteur publié sous le nom de saint Ambroise, « l’arbre de vie au milieu du Paradis, c’est le Christ au milieu de son Église » [59]. — « Le Christ était donc l’arbre de vie », dit de son côté saint Augustin, « Dieu n’ayant point voulu que l’homme vécût dans le Paradis, sans avoir présents sous les yeux, en de sensibles images, les mystères de l’ordre spirituel. L’homme trouvait dans les autres arbres un aliment, en celui-ci un mystérieux symbole ; et que signifiait-il, sinon la Sagesse, dont il est a dit : Elle est l’arbre de vie pour ceux qui l’embrassent [60] ? C’est à bon droit qu’on donne au Christ les noms des choses qui l’ont signifié dans les temps antérieurs » [61]. Saint Hilaire témoigne, lui aussi, de cette interprétation traditionnelle, quand il dit [62], citant le même texte des Proverbes : « La Sagesse, qui est le Christ, est appelée l’arbre de vie, en mémoire de ce prophétique symbole annonçant la future incarnation. On connaît l’arbre à son fruit, dit de lui-même le Seigneur dans l’Évangile [63]. Cet arbre donc est vivant, et non seulement vivant, mais doué de raison, comme donnant son fruit quand il lui plaît : car il le donnera en son temps, d’après le Psaume [64]. Et dans quel temps ? En celui dont parle l’Apôtre, où doit nous être manifeste le mystère de la divine volonté, selon le bon plaisir de sa grâce établie dans le Christ, pour être dispensée à la plénitude des temps [65]. Alors donc il nous donnera son fruit. »

Mais quel sera le fruit de cet arbre, dont les feuilles, qui ne tombent jamais [66], sont la santé des nations [67], sinon la divine Sagesse elle-même en sa substance ? Aliment des Anges en sa forme divine, elle sera celui de l’homme en sa double nature, afin que, par la chair arrivante l’âme, elle la remplisse de sa divinité : ainsi chantait la Bienheureuse Julienne en son Office [68].

La divine Sagesse avait donc prévenu l’homme au Paradis ; il n’était point encore, que, dans la hâte de son amour, elle s’y était fixée, pour l’attendre, en cet arbre de vie qu’elle-même avait planté de concert avec le Très-Haut, comme l’inspiratrice de ses ouvrages [69]. « Tel qu’un pommier fécond entre les arbres stériles des forêts, dit l’Épouse du Cantique, tel mon Bien-Aimé entre les fils des hommes ; sous l’ombre de celui que j’avais désiré je me suis assise, et son fruit est doux à ma bouche » [70]. Fruit délicieux de l’arbre dévie, qui figurait l’Eucharistie !

Mais c’est du pain que la divine Sagesse nous conviait hier à manger en sa maison, et non son fruit dans le jardin. D’où vient en la réalité cette transformation qui ne répond plus à la figure ? Soudaine révolution, lamentable point de départ de l’histoire humaine ! L’homme a goûté dans son orgueil un fruit mauvais, fruit défendu, qui l’a perdu par la désobéissance ; il a été chassé du séjour de délices ; un chérubin à l’épée flamboyante garde le chemin de l’arbre de vie. Au lieu des fruits du Paradis, l’homme aura désormais le pain pour nourriture, le pain qui coûte le travail et la sueur, le pain qui suppose le broiement par la meule, le passage par le feu, des éléments qui le composent. Telle est la sentence portée par un Dieu justement irrité [71]. Mais, hélas ! Cette trop juste sentence ira plus loin que le coupable ; par delà l’homme, elle va frapper la divine Sagesse elle-même qui s’est donnée à l’homme pour nourriture et pour compagne. Car, dans l’immensité de son amour, elle ne méprisera point cette nature tombée ; elle l’embrassera, pour la sauver, jusque dans les conséquences de la chute, se faisant avec l’homme passible et mortelle. Les ombrages de l’Eden ne verront point cette alliance pour les têtes de laquelle ils gardaient jalousement leurs gazons embaumés, leurs fruits si beaux à voir, destinés à être l’aliment savoureux [72] d’une jeunesse éternelle. Pour arriver jusqu’à l’homme, l’éternelle Sagesse devra se frayer un passage à travers les ronces et les buissons de sa nouvelle demeure. Une maison, bâtie [73] péniblement contre les intempéries de la terre d’exil, abritera le festin des noces ; et l’aliment de ce festin ne sera plus le fruit spontané de l’arbre de vie, mais le divin froment, broyé par la souffrance, et rôti sur l’autel de la croix.

Le Sacrifice du Christ est le point culminant de l’histoire, comme il est le centre auquel toute création vient aboutir. La raison en est que Dieu poursuit dans la création et le gouvernement du monde sa propre gloire comme fin dernière, et que le Sacrifice du Verbe incarné rend seul à Dieu la gloire infinie qui répond à sa grandeur. Les chrétiens du premier âge le comprenaient ainsi ; et c’est la pensée qui inspire la belle Préface de la Liturgie donnée sous le nom de saint Jacques au Livre VIIIe des Constitutions apostoliques. Nous voudrions pouvoir citer cette Liturgie dans son entier ; nous en rapporterons du moins les principaux traits pendant cette Octave.

CONSTITUTIO JACOBI.

Il est vraiment juste et digne de vous louer tout d’abord, vrai Dieu d’où découle toute paternité au ciel et sur la terre, seul sans principe, auteur de tout bien. Vous êtes le premier par nature, la loi de l’être, au-dessus du nombre.

Vous avez amené toutes choses du néant à l’existence par votre Fils unique. Vous l’avez engendré, lui, avant tous les siècles, sans intermédiaire, Dieu Verbe, Sagesse vivante, premier-né de toute créature, Ange de votre grand conseil, Pontife, roi et seigneur de toute nature intellectuelle ou sensible. Car c’est par lui, Dieu éternel, que vous avez créé toutes choses, et par lui que vous les honorez de votre providence : à lui par vous elles doivent d’être, à lui aussi, d’être bonnes.

Dieu Père de votre Fils unique, par lui avant toutes choses vous avez fait les Chérubins et les Séraphins, les Dominations, Vertus et Puissances, les Principautés et les Trônes, les Archanges et les Anges.

Et ensuite par lui vous avez fait ce monde visible et tout ce qu’il renferme. Car c’est vous qui avez étendu les cieux comme une tente, établi la terre sur le vide par votre seule volonté. Vous avez fait la nuit et le jour, placé au ciel le soleil pour commander aux jours, la lune pour commander aux nuits, le chœur brillant des étoiles pour chanter vos magnificences. Séparant de la terre ferme l’Océan immense, vous avez rempli les eaux d’habitants de toute taille, et multiplié sur la terre les animaux domestiques et sauvages ; vous l’avez couronnée de plantes, décorée de fleurs, enrichie de semences.

Vous n’avez pas seulement créé le monde par votre Christ ; mais dans ce monde vous avez placé l’homme ornement du monde. Vous avez dit à votre Sagesse : « Faisons l’homme à notre image et ressemblance ; et qu’ils commandent aux poissons de la mer, et aux oiseaux du ciel. » Vous l’avez donc composé d’une âme immortelle et d’un corps pouvant se dissoudre ; vous lui avez donné dans son âme la raison et le discernement du juste et de l’injuste, dans son corps les cinq sens et le mouvement.

Dieu tout-puissant, vous aviez planté dans Eden à l’Orient, par votre Christ, un paradis orné de toutes sortes de plantes excellentes, et vous aviez conduit l’homme en ce lieu comme dans une somptueuse demeure. Cet homme, en le créant, vous aviez greffé naturellement dans son cœur la loi morale et les germes de la divine connaissance. En l’introduisant dans le jardin de délices, vous lui accordiez de goûter de toutes choses, à la réserve d’une seule, interdite comme gage de meilleures espérances : s’il était fidèle, l’immortalité serait sa récompense.

Mais lorsque, négligeant le précepte et circonvenu par la ruse du serpent et le conseil de la femme, il goûta le fruit défendu, vous le chassâtes justement du paradis ; et cependant votre bonté ne l’abandonna point sans secours dans sa chute profonde. Vous qui lui aviez soumis la création, vous lui accordâtes de se procurer sa nourriture au prix de fatigues et de sueurs bénies par vous, qui donnez à toutes choses commencement, croissance et maturité. Vous l’appelez enfin du court sommeil de la mort à une nouvelle naissance, lui promettant par serment la résurrection et la vie.

On nous saura gré de donner ici quelques-unes des Antiennes appelées dans l’Église de Milan Transitorium. Elles répondent à notre Antienne de Communion, et celles qui suivent sont empruntées au temps où nous sommes.

TRANSITORIUM.
Corpus tuum frangitur, Christe, Calix benedicitur, Sanguis tuus sit nobis semper ad vitam, et ad salvandas animas, Deus noster. Alleluia.Votre Corps est rompu, ô Christ ; votre Calice est béni. Que votre Sang soit toujours pour nous la source de la vie et le salut des âmes, ô notre Dieu ! Alleluia.
Angeli circumdederunt Altare : et Christus administrat Panem Sanctorum, et Calicem vitæ in remissionem peccatorum.Les Anges ont entouré l’Autel ; le Christ distribue le Pain des Saints et le Calice de vie pour la rémission des péchés.
Qui manducaverit Corpus meum, et biberit Sanguinem meum, ipse in me manet, et ego in eo : dicit Dominus.Celui qui aura mangé mon Corps et bu mon Sang, celui-là demeure en moi, et moi en lui, dit le Seigneur.
Stant Angeli ad latus Altaris : et sanctificant Sacerdotes Corpus, et Sanguinem Christi, psallentes, et dicentes : Gloria in excelsis Deo.Les Anges sont debout au côté de l’Autel ; les Prêtres consacrent le Corps et le Sang du Christ au milieu des psaumes, et ils disent : Gloire à Dieu dans les hauteurs !
Corpus Christi accepimus, et Sanguinem ejus potavimus : ab omni malo non timebimus ; quia Dominus nobiscum est.Nous avons reçu le Corps du Christ, et nous avons bu son Sang ; nous ne craindrons nul mal ; car le Seigneur est avec nous.
Accepta Christi munera sumamus Dei gratia, non ad judicium, sed ad salvandas animas.Par la grâce de Dieu prenons les dons que le Christ nous offre, non pour le jugement, mais pour le salut de nos âmes.

Nous terminerons cette journée par la série des Hymnes composées sous la direction de la Bienheureuse Julienne, pour chacune des petites Heures de l’Office qui précéda celui de saint Thomas. C’était la coutume de l’Église de Liège d’avoir ainsi, à ces Heures, des Hymnes variables selon le Temps et les Fêtes.

A PRIME.
Summe Deus clementiæ,
Qui ob salutem mentium
Cœlestis alimonia ;
Nobis præstas remedium ;
Souverain Dieu de clémence, qui, pour le salut des _ âmes, nous offres le remède d’un céleste aliment :
Mores, vitam et opera
Rege momentis omnibus,
Et beatis accelera
Vitam dare cum civibus.
Dirige à tous les instants nos mœurs, notre vie et nos œuvres ; ne tarde pas à nous donner de vivre en compagnie des habitants du fortuné séjour.
A TIERCE.
Sacro tecta velamine
Pietatis mysteria
Mentes pascunt dulcedine
Qua satiant cœlestia.
Couvert d’un voile sacré,
le Mystère d’amour
repaît les âmes de la douceur
qui rassasie les cieux.
Sit ergo cum cœlestibus
Nobis commune gaudium,
Illis quod sese præstitit,
Nobis quod se non abstulit.
Soit donc à nous et aux cieux
joie commune :
il s’est donne à eux,
et ne s’est point dérobé à la terre.
A SEXTE.
Splendor superni luminis,
Laudisque Sacrificium,
Cœnam tui da numinis
Tuæ carnis post prandium.
Splendeur de la divine lumière
et Sacrifice de louange,
de ce festin de ta chair
appelle-nous à celui de ta divinité.
Saturatus opprobriis
Ad hoc cruci configeris,
Et irrisus ludibriis
Crudeli morte plecteris.
C’est dans ce but que, saturé d’opprobres,
tu es cloué à la croix,
qu’objet de mépris et d’outrages,
tu subis une mort cruelle.
A NONE.
Æterna cœli gloria,
Lux beata credentium,
Redemptionis hostia,
Tuarum pastus ovium ;
Gloire éternelle des cieux,
bienheureuse lumière des croyants,
hostie de la rédemption,
nourriture de tes brebis :
Hujus cultu memoriæ,
Diræ mortis supplicio
Nos de lacu miseriæ
Educ, qui clamas : Sitio.
Par les tortures de ta cruelle mort,
nous qui en célébrons la mémoire,
délivre-nous de cette prison malheureuse,
ô toi qui cries : J’ai soif !
Præsta, Pater, per Filium,
Præsta, per almum Spiritum :
Quibus hoc das edulium
Prosperum serves exitum.
Amen.
Daigne, ô Père, par ton Fils,
par ton Esprit puissant,
conduire à la fin bienheureuse
ceux auxquels ici-bas tu donnes un tel aliment. Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

L’Octave reprenant la Messe de la Fête, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre. On trouvera ses commentaires sur la Messe ici

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Grandeur terrible du sacerdoce.

Pendant huit jours, nous allons méditer, sans nous laisser distraire par d’autres fêtes, le mystère central du christianisme (la Fête-Dieu, comme celle de l’Épiphanie, a une Octave de second ordre qui écarte les fêtes doubles). Nous célébrerons tous les jours la messe du Saint-Sacrement. Nous réciterons l’office de la fête ; seules, les neuf leçons sont propres. C’est dans ces leçons que nous chercherons un objet nouveau d’édification.

1. La prière des Heures. — Saint Thomas continue de nous instruire sur la fête. Nous entendons quelques explications liturgiques authentiques. « Il convient à la dévotion des fidèles de commémorer solennellement l’institution d’un sacrement si salutaire et si admirable. Par cette commémoration, en effet, nous vénérons le mode ineffable de la présence divine dans le sacrement ; nous louons la puissance de Dieu qui, dans ce mystère, opère tant de merveilles ; enfin, pour un bienfait si salutaire et si suave, nous rendons à Dieu les actions de grâces qui lui sont dues. Sans doute, le jour de la Cène, jour où, comme on sait, ce sacrement fut institué, cette institution est spécialement mentionnée ; cependant, tout le reste de l’office du jour se rapporte à la Passion du Christ dont la célébration occupe l’Église, cette semaine là Or, pour que le peuple fidèle puisse célébrer l’institution d’un si grand sacrement par un office festival complet, le pontife romain, Urbain IV, dans sa dévotion pour ce sacrement, a fait cette pieuse ordonnance que le souvenir de cette institution serait célébré par tous les fidèles, le premier jeudi après l’Octave de la Pentecôte. Ainsi, après avoir usé pendant toute l’année de ce sacrement pour notre salut, nous célèbrerons spécialement son institution à cette époque où le Saint-Esprit éclaira le cœur des Apôtres et leur apprit à comprendre pleinement les mystères de ce sacrement ».

2. Lecture d’Écriture (1 Rois, II, 22-36). — La lecture d’aujourd’hui forme un pendant tout particulier aux radieuses pensées de la fête du Saint-Sacrement. Elle nous rapporte la malédiction prononcée contre les fils indignes du grand prêtre Héli. « Héli était vieux. Il apprit comment ses fils agissaient à l’égard de tout Israël. Et il leur dit : Pourquoi faites-vous de telles choses ? Car j’apprends, de tout le peuple, vos mauvaises actions. Non, mes enfants, la rumeur que j’entends n’est pas bonne... Si un homme pèche contre un autre homme, il a quelqu’un pour intercéder pour lui auprès du juge ; mais si un homme pèche contre Dieu, qui pourra le défendre ? Mais ils n’écoutèrent point les paroles de leur père, car le Seigneur voulait les faire mourir ».

Le jeune Samuel continuait à grandir et il était agréable à Dieu et aux hommes. Alors, un homme de Dieu vint trouver Héli et lui annonça le jugement de Dieu sur sa maison : ses descendants mourraient de bonne heure et seraient privés de leur fonction sacerdotale. Tu auras pour signe ce qui arrivera à tes deux fils, Ophni et Phinées. Ils mourront, tous les deux, le même jour. Et je susciterai un prêtre fidèle qui agira selon mon sens et mon cœur. Je lui bâtirai une maison stable et il marchera toujours devant mon oint ». (Le sacerdoce parfait et fidèle est celui que le Christ a institué : la fête du Saint-Sacrement est aussi la fête de l’institution de ce sacerdoce).

[1] Pour rappel :
- Octaves de Ier ordre : Pâques et Pentecôte, ne le cèdent à aucune fête ;
- Octaves de IInd ordre : Épiphanie, Fête-Dieu, ne cèdent que devant les fêtes de Ière classe ;
- Octaves de IIIème ordre : Noël, Ascension, Sacré-Cœur, cèdent devant les fêtes doubles ;
- Octaves Communes : Immaculée Conception, Assomption, St Jean-Baptiste, Patronage de St Joseph, Sts Pierre et Paul, Toussaint, Dédicace et Titulaire d’une église, Dédicace et Titulaire de l’église Cathédrale, Patrons principaux du lieu, Fêtes de Ière classe avec Octave…
- Octaves Simples : Nativité de la Ste Vierge, St Jean Apôtre, St Etienne, Sts Innocents, Fêtes de IIème classe avec Octave.

[2] St Thomas d’Aquin.

[3] de l’ancienne alliance.

[4] Puisque les voies que vous avez choisies pour venir et fixer votre séjour au milieu de nous sont celles de l’amour, du sacrifice et de l’anéantissement, que nous n’en suivions pas d’autres pour arriver, sous votre conduite, au but auquel nous tendons, à la lumière que vous habitez. (L’abbé Pimont.)

[5] Ps. 1, 3.

[6] Ps. 4, 8.

[7] Heb. 9, 12.

[8] Ps. 77, 24.

[9] Ex. 12, 6.

[10] I Cor. 5, 7.

[11] Ex. 16, 12.

[12] Jn. 6, 32.

[13] III Reg. 19, 6.

[14] Jn. 6, 52.

[15] Ps. 19, 4.

[16] Ps. 22, 5.

[17] Ps. 41, 5.

[18] Ps. 80, 17.

[19] De miel sauvage déposé par les abeilles dans le creux des rochers.

[20] Matth. 26, 26.

[21] Job. 31, 31.

[22] Luc. 22, 20.

[23] Lament. 3, 20.

[24] Jn. 6, 48.

[25] Ps. 42, 4.

[26] Ps. 80, 17.

[27] Ps. 83, 3.

[28] Ps. 103, 4.

[29] Jn. 6, 57.

[30] Deut. 4, 7.

[31] Rom 8, 6.

[32] Jn. 6, 61.

[33] Jn. 6, 58.

[34] Eccli. 15, 3.

[35] Isai. II, 2.

[36] Ibi. IV, 2.

[37] Ibid. IX, 3.

[38] Isai. XXV, 6.

[39] Psalm. XXI, 27-30.

[40] Isai. XXV, 9.

[41] Ibid. XXVI, 8, 9.

[42] Ibid. XXV, 1.

[43] MELIT. Clav. ad verb. Mulier.

[44] De vita Constant. Lib. III, cap. 48.

[45] Ibid.

[46] Prov. VIII 30, 31.

[47] Ibid. 22.

[48] Eccli. 1, 4.

[49] Philip. II, 6.

[50] Heb. II, 16.

[51] Eccli. I, 8, 10.

[52] De sacram. Disp. III. Sect. III.

[53] Psalm. CIX, 3.

[54] Sap. VII, 22-26.

[55] Ibid. VI, 13-17.

[56] Ibid. IX, 4, 10.

[57] Gen. II, 8-10.

[58] Apoc. XXII, 1.

[59] Append. Ambros. In Apocalyps. c. II, v. 7.

[60] Prov. III, 18.

[61] De Genes, ad Litt. Lib. VIII.

[62] Tractatus in Psalm. I, 9, 10.

[63] Matth. XII, 33.

[64] Psalm. I, 3.

[65] Eph. I, 9, 10.

[66] Psalm. I, 3.

[67] Apoc. XXII. 2 ; Matth. XXIV, 35.

[68] Cf. le lundi après la Trinité, à la fin.

[69] Sap. VIII, 4.

[70] Cant. II, 3.

[71] Gen. III, 19.

[72] Ibid. II, 9.

[73] Prov. IX, 1.