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26/05 St Eleuthère, pape et martyr

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Sommaire

  Messe après 1942  
  Messe avant 1942  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Le Liber Pontificalis donne le 25 mai pour la déposition du pape Éleuthère (175-188) sans le qualifier de martyr. D’autres calendriers le mentionnent le 26 ou le 27.

Les calendriers du Latran et du Vatican sont les premiers à l’honorer comme martyr en inscrivant sa date au 26 mai. Il est inconnu en dehors de l’Italie.

Missa post 1942

Messe après 1942

Eodem die 26 maii
ce même 26 mai
Sancti Eleutherii
Saint Eleuthère
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Missa Si díligis me, de Communi Summorum Pontificum.Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes.
Missa ante 1942

Messe avant 1942

Eodem die 26 maii
ce même 26 mai
Sancti Eleutherii
Saint Eleuthère
Papæ et Mart.
Pape et Martyr
Commemoratio
Commémoraison
Tempore paschali, Missa Protexísti, de Communi Martyrum I loco, cum orationibus ut infra.Au Temps pascal, Messe Protexísti, du Commun des Martyrs I, avec les oraisons ci-dessous.
Extra Tempus paschale, Missa Státuit, de Communi unius Martyris 1 loco, cum orationibus ut infra :Hors du Temps pascal, Messe Státuit, du Commun d’un Martyr 1, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio.Collecte
Infirmitátem nostram réspice, omnípotens Deus : et, quia pondus própriæ actiónis gravat, beáti Eleuthérii Martyris tui atque Pontíficis intercéssio gloriósa nos prótegat. Per Dóminum.Dieu tout-puissant, regardez notre faiblesse ; et parce que le poids de nos péchés nous accable, fortifiez-nous par la glorieuse intercession du bienheureux Eleuthère, votre Martyr et Pontife.
SecretaSecrète
Múnera tibi, Dómine, dicáta sanctífica : et, intercedénte beáto Eleuthério Mártyre tuo atque Pontífice, per éadem nos placátus inténde. Per Dóminum.Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont consacrés, grâce à eux et le bienheureux Eleuthère, votre Martyr et Pontife, jetez sur nous un regard de paix et de bonté.
PostcommunioPostcommunion
Hæc nos commúnio, Dómine, purget a crímine : et, intercedénte beáto Eleuthério Mártyre tuo atque Pontífice, cæléstis remédii fáciat esse consórtes. Per Dóminum nostrum.Que cette communion, Seigneur, nous purifie de nos fautes, et, par l’intercession du bienheureux Eleuthère, votre Martyr et Pontife, nous rende participants du céleste salut.

Office

Leçon des Matines avant 1960

Neuvième leçon. Éleuthère, né à Nicopolis en Grèce, fut d’abord Diacre du Pape Anicet, puis gouverna l’Église sous l’empire de Commode. Au commencement de son pontificat, il reçut des lettres de Lucius, roi des Bretons, qui le priait de l’admettre, ainsi que ses sujets, au nombre des Chrétiens. C’est pourquoi Éleuthère envoya dans la Grande-Bretagne Fugacius et Damien, personnages doctes et pieux, pour porter à ce prince et à sa nation, le bienfait de la foi. Irénée, disciple de Polycarpe, étant venu à Rome fut accueilli par ce Pontife avec bienveillance. A cette époque l’Église jouissait d’une grande paix et d’un profond repos, et la foi faisait beaucoup de progrès dans le monde entier, principalement à Rome. Éleuthère vécut dans le pontificat quinze ans et vingt-trois jours. Il fit au mois de décembre trois ordinations, dans lesquelles il ordonna douze Prêtres, huit Diacres et sacra quinze Évêques pour divers lieux. Il fut enseveli dans le Vatican, près du corps de saint Pierre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La journée est encore embellie par la mémoire d’un de ces premiers pontifes qui, comme Urbain, ont été les fondements de la sainte Église à l’âge des tempêtes. Éleuthère monta sur le Siège Apostolique au milieu de la tourmente excitée par la persécution de Marc-Aurèle et de Commode. Il vit arriver à Rome la légation que lui envoyaient les martyrs de l’Église de Lyon, et qui avait à sa tête le grand Irénée. Cette illustre Église, couronnée à ce moment des palmes les plus glorieuses, venait les offrir à la nouvelle Rome en qui elle reconnaissait la « puissante principauté » qu’a célébrée le même saint Irénée, dans ses livres Contre les Hérésies.

La paix ne tarda pas à être rendue à l’Église, et le reste du pontificat d’Éleuthère s’écoula dans le calme et la tranquillité. Au sein de cette paix, avec son nom qui exprime la Liberté, ce pontife est une image de notre divin ressuscité, dont le Psalmiste nous dit qu’il est « libre entre les morts [1] ».

L’Église honore saint Éleuthère comme martyr, avec les autres papes qui ont siégé avant la paix de Constantin, et qui presque tous ont versé leur sang dans les persécutions des trois premiers siècles. Associés à toutes les souffrances de l’Église, gouvernant la chrétienté à travers mille périls, ne goûtant la paix que dans de rares et courts intervalles, cette suite de trente-trois pontifes a droit d’être considérée comme une série de martyrs.

Une gloire particulière pour Éleuthère est d’avoir été l’apôtre de la grande île britannique qui est devenue plus tard l’Angleterre. Les Romains avaient colonisé dans cette île, qui n’était plus comme auparavant séparée du reste du monde. La divine Providence choisit les années de paix du pontificat d’Éleuthère pour agréger à l’’Église les prémices de la race bretonne. Plus tard, l’île évangélisée ainsi dès le second siècle par les soins de notre saint pape deviendra l’Ile des saints, et dans deux jours ses gloires chrétiennes resplendiront une seconde fois sur le cycle.

Votre nom, ô Éleuthère, est le nom du chrétien ressuscité avec Jésus-Christ. La Pâque nous a tous délivrés, tous affranchis, rendus tous libres. Priez donc, afin que nous conservions toujours cette « glorieuse liberté des enfants de Dieu », que recommande l’Apôtre [2]. Par elle nous sommes retirés des liens du péché qui nous livrait à la mort, de la servitude de Satan qui nous entraînait loin de notre fin, de la tyrannie du monde qui nous égarait par ses maximes charnelles La vie nouvelle que nous a donnée la Pâque est toute du ciel où le Christ nous attend dans sa gloire ; nous ne pourrions la perdre que pour être esclaves de nouveau Saint Pontife, obtenez que la Pâque, à son retour en l’année qui suivra, nous retrouve dans cette heureuse liberté qui est le fruit de notre délivrance par le Christ [3].

Il est une autre liberté que vante le monde, et pour la conquête de laquelle il arme les hommes les uns contre les autres. Elle consiste à fuir, comme on fuirait un crime, toute sujétion et toute dépendance, à ne s’incliner devant aucune autorité qu’on ne l’ait créée soi-même, pour ne durer qu’autant qu’il nous plaira. Délivrez-nous, saint Pontife, de tout attrait pour cette prétendue liberté si contraire à la soumission chrétienne, et qui n’est que le triomphe de l’orgueil humain. Dans sa frénésie, elle verse des torrents de sang ; enivrée de ce qu’elle appelle fastueusement les droits de l’homme, elle substitue l’égoïsme au devoir. Pour elle la vérité n’est plus, car elle va jusqu’à reconnaître des droits à l’erreur ; pour elle le bien n’est plus, car elle a abdiqué tout droit d’enchaîner le mal : tant elle est devenue esclave du principe sauvage de l’indépendance. Elle détrône Dieu autant qu’il lui est possible, en refusant de le reconnaître dans les dépositaires de l’autorité sociale, et jette l’homme sans défense sous le joug de la force brutale, l’écrasant sous le poids de ce qu’elle appelle les majorités, et sous la pression monstrueuse des faits accomplis. Non, telle n’est pas, ô Éleuthère, la liberté à laquelle nous a conviés le Christ, notre libérateur. « Soyez comme des hommes libres, » nous dit Pierre votre prédécesseur, « et ne soyez pas de ceux qui, sous un voile trompeur, sont les sectateurs de la liberté du mal [4]. »

Demeurez toujours, ô saint Pontife, le père de la société humaine dont vous fûtes le chef ici-bas. Durant votre règne pacifique, vous avez siégé près des Césars dans la ville aux sept collines. La pourpre et le diadème étaient portés par d’autres ; mais votre nom n’était pas ignoré dans le monde.

Tandis que le pouvoir matériel tenait la hache suspendue sur votre tête, d’innombrables fidèles se dirigeaient vers Rome pour vénérer la tombe de Pierre et rendre hommage à son successeur. Vous vîtes arriver un jour l’ambassade d’un roi barbare. Cette légation ne se dirigeait pas vers le palais des Césars ; elle s’arrêtait à la porte de votre humble demeure. Un peuple était appelé par la grâce divine à recevoir la bonne nouvelle, à entrer dans la famille chrétienne. Les destinées de ce peuple que vous avez évangélisé le premier devaient être grandes dans l’Église. L’île des Bretons est fille de l’Église Romaine ; et c’est en vain qu’elle voudrait effacer cette noble origine. Prenez ses maux en pitié, ô vous qui fûtes son premier apôtre ; aidez les efforts qui sont faits de toutes parts pour la rendre à l’unité. Souvenez-vous de la foi de Lucius et de son peuple, et montrez votre paternelle sollicitude en faveur d’un pays que vous avez enfanté à la foi.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le pape Éleuthère succéda à Soter entre 174 et 189, et Irénée le mentionne dans son troisième livre contre les hérésies (ch. III), où, établissant la liste des papes, il arrive jusqu’à lui : Nunc duodecimo loco episcopatum ab Apostolis habet Eleutherius. On a pensé que cet évêque romain qui, au témoignage de Tertullien, accorda d’abord, puis retira les lettres de communion à quelques communautés montanistes d’Asie, était précisément Éleuthère (Advers. Praxeam, ch. Ier). Le Liber Pontificalis indique sa sépulture à Saint-Pierre, et sa fête en ce jour remonte à la seconde moitié du moyen âge.

La messe est entièrement du Commun : Protexisti, si elle tombe durant le temps pascal ; autrement, on dit la messe Statuit.

La première lecture est tirée de l’épître de saint Jacques (1, 12-18). L’apôtre de l’espérance y fait l’éloge de la souffrance chrétienne ; tout en attribuant la cause des épreuves de la vie à la malice du diable et à la fragilité de notre nature, saint Jacques déclare cependant que Dieu les fait rentrer elles-mêmes dans le plan magnifique de notre prédestination, pour augmenter notre mérite et comme gage de notre béatitude future.

En 177 ou 178, le clergé et les martyrs de Vienne et de Lyon, emprisonnés par suite de la persécution de Marc-Aurèle, envoyèrent au pape Éleuthère, par l’intermédiaire du prêtre Irénée, un écrit rédigé par eux sur l’hérésie montaniste, lui recommandant le porteur comme zélé pour le Testament du Christ. Le Pontife accueillit avec déférence l’héritier de la tradition johannique, le disciple de Polycarpe de Smyrne, et c’est surtout à cette occasion que saint Irénée s’imprégna de cet esprit d’attachement à l’orthodoxie romaine qui le distingue.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

Saint Éleuthère gouverna l’Église de 174-189. Saint Irénée termine par son nom la liste des papes. « Maintenant Éleuthère est le douzième après les Apôtres qui possède la charge épiscopale ». Il est enseveli à Saint-Pierre.

[1] Psalm. LXXXVII, 6.

[2] Rom. VIII, 21.

[3] Gal. IV, 31.

[4] I Petr. II, 16.