Mort à Alexandrie le 2 mai 373. Sa fête apparaît dans le nord de la France au milieu du XIIe siècle mais elle n’est pas reçue à Rome avant le XVIe siècle. Simple au bréviaire de 1550, elle devient double avec la réforme de St Pie V en 1568.
Ant. ad Introitum. Eccli. 15, 5. | Introït |
In médio Ecclésiæ apéruit os eius : et implévit eum Dóminus spíritu sapiéntiæ et intelléctus : stolam glóriæ índuit eum. (T.P. Allelúia, allelúia.) | Au milieu de l’Église, il a ouvert la bouche, et le Seigneur l’a rempli de l’esprit de sagesse et d’intelligence, et il l’a revêtu de la robe de gloire. (T.P. Alléluia, alléluia.) |
Ps. 91,2. | |
Bonum est confitéri Dómino : et psállere nómini tuo, Altíssime. | Il est bon de louer le Seigneur et de chanter votre nom, ô Très-Haut. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Exáudi, quǽsumus, Dómine, preces nostras, quas in beáti Athanásii Confessóris tui atque Pontíficis sollemnitáte deférimus : et, qui tibi digne méruit famulári, eius intercedéntibus méritis, ab ómnibus nos absólve peccátis. Per Dóminum nostrum. | Nous vous supplions, Seigneur, d’exaucer les prières que nous vous adressons en la solennité du bienheureux Athanase, votre Confesseur et Pontife, et de nous accorder, grâce aux mérites et à l’intercession de celui qui vous a si dignement servi, le pardon de tous nos péchés. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corinthios. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens. |
2. Cor. 4, 5-14. | |
Fratres : Non nosmetípsos prædicámus, sed Iesum Christum, Dóminum nostrum : nos autem servos vestros per Iesum : quóniam Deus, qui dixit de ténebris lucem splendéscere, ipse illúxit in córdibus nostris ad illuminatiónem sciéntiæ claritátis Dei, in fácie Christi Iesu. Habémus autem thesáurum istum in vasis fictílibus : ut sublímitas sit virtútis Dei, et non ex nobis. In ómnibus tribulatiónem pátimur, sed non angustiámur : aperiántur, sed non destitúimur : persecutiónem pátimur, sed non derelínquimur : deiícimur, sed non perímus : semper mortificatiónem Iesu in córpore nostro circumferéntes, ut et vita Iesu manifestétur in corpóribus nostris. Semper enim nos, qui vívimus, in mortem trádimur propter Iesum : ut et vita Iesu manifestétur in carne nostra mortáli. Ergo mors in nobis operátur, vita autem in vobis. Habéntes autem eúndem spíritum fidei, sicut scriptum est : Crédidi, propter quod locútus sum : et nos crédimus, propter quod et lóquimur : sciéntes, quóniam, qui suscitávit Iesum, et nos cum Iesu suscitábit et constítuet vobíscum. | Mes Frères : Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Jésus-Christ notre Seigneur, et nous, nous sommes vos serviteurs en Jésus ; parce que le Dieu qui a dit à la lumière de resplendir du sein des ténèbres, a fait luire aussi sa clarté dans nos coeurs, pour que nous fassions briller la connaissance de la gloire de Dieu en la personne du Christ Jésus. Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que la grandeur appartienne à la puissance de Dieu, et non pas à nous. En toutes choses nous souffrons la tribulation, mais nous ne sommes pas accablés ; nous sommes en perplexité, mais non désespérés ; nous sommes persécutés, mais non pas abandonnés ; nous sommes abattus, mais non perdus ; portant toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car, nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort pour Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. La mort agit donc en nous, et la vie en vous. Et comme nous avons le même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, nous croyons aussi, et c’est pour cela que nous parlons, sachant que celui qui a ressuscité Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus, et nous placera avec vous. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. |
Allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ, allelúia. | Allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie, allelúia. |
¶ In Missis votivis extra tempus paschale dicitur | ¶ Aux messes votives hors du temps pascal, on dit : |
Graduale. Graduale. Eccli. 44, 16. | Graduel |
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo. | Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu. |
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi. | V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut. |
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu. |
Matth. 10, 23-28. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum persequéntur vos in civitáte ista, fúgite in áliam. Amen, dico vobis, non consummábitis civitátes Israël, donec véniat Fílius hóminis. Non est discípulus super magístrum nec servus super dóminum suum. Súfficit discípulo, ut sit sicut magíster eius : et servo, sicut dóminus eius. Si patremfamílias Beélzebub vocavérunt ; quanto ma-gis domésticos eius ? Ne ergo timuéritis eos. Nihil enim est opértum, quod non revelábitur : et occúltum, quod non sciétur. Quod dico vobis in ténebris, dícite in lúmine : et quod in aure audítis, prædicáte super tecta. Et nolíte timére eos, qui occídunt corpus, ánimam autem non possunt occídere : sed pótius timéte eum, qui potest et ánimam et corpus pérdere in gehénnam. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsqu’ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre. En vérité, Je vous le dis, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, avant que le Fils de l’homme ne vienne. Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S’ils ont appelé le Père de famille Béelzébub, combien plus ceux de Sa maison ! Ne les craignez donc point ; car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu. Ce que Je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent tuer l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans la géhenne. |
Ante 1960 : Credo | Avant 1960 : Credo |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22. | Offertoire |
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. (T.P. Allelúia.) | J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera. (T.P. Alléluia.) |
Secreta | Secrète |
Sancti Athanásii Confessóris tui atque Pontíficis, quǽsumus, Dómine, ánnua sollémnitas pietáti tuæ nos reddat accéptos : ut, per hæc piæ placatiónis offícia, et illum beáta retribútio comitétur, et nobis grátiæ tuæ dona concíliet. Per Dóminum. | Que la solennité annuelle de Saint Athanase, votre Confesseur et Pontife, nous rende agréables à votre bonté, nous vous en supplions, Seigneur, en sorte que ce sacrifice d’expiation et de piété ajoute au bonheur qui est sa récompense et nous procure les dons de votre grâce. |
Ant. ad Communionem. Matth. 10, 27. | Communion |
Quod dico vobis in ténebris, dícite in lúmine, dicit Dóminus : et quod in aure audítis, prædicáte super tecta. (T.P. Allelúia.) | Ce que je vous dis dans l’obscurité, dites-le dans la lumière, dit le Seigneur ; et ce qui est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits. (T.P. Alléluia.) |
Postcommunio | Postcommunion |
Deus, fidélium remunerátor animárum : præsta ; ut beáti Athanásii Confessóris tui atque Pontíficis, cuius venerándam celebrámus festivitátem, précibus indulgéntiam consequámur. Per Dóminum | O Dieu, qui récompensez les âmes fidèles, accordez-nous de recevoir notre pardon, grâce aux prières du bienheureux Athanase, votre Confesseur et Pontife, dont nous célébrons la fête vénérable. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Athanase, l’énergique défenseur de la religion catholique, était né à Alexandrie ; ordonné Diacre par l’Évêque de cette ville, nommé Alexandre, il devint dans la suite son successeur. Il avait accompagné ce Prélat au concile de Nicée, où, ayant confondu l’impiété d’Arius, il s’attira tellement la haine des Ariens que, depuis lors, ils ne cessèrent jamais de lui dresser des embûches. Dans un concile réuni à Tyr, et composé en grande partie d’Évêques ariens, ils subornèrent une femme pour qu’elle accusât Athanase, d’avoir par violence, porté atteinte à son honneur, abusant de son hospitalité. Athanase fut donc introduit, et avec lui un Prêtre nommé Timothée, qui, feignant d’être Athanase, dit à cette femme : « C’est donc moi qui ai logé chez vous, moi qui vous ai outragée ? — Oui, répondit-elle effrontément, c’est vous qui m’avez fait violence » ; et elle affirmait le fait avec serment, invoquant l’autorité des juges, pour qu’ils "vengeassent une telle infamie. La fourberie étant découverte, l’impudence de cette femme fut confondue.
Cinquième leçon. Les Ariens firent aussi courir le bruit qu’un Évêque, nommé Arsène, avait été assassiné par Athanase. Tandis qu’Arsène était secrètement détenu, ils produisirent devant les juges la main d’un mort, accusant Athanase d’avoir coupé cette main à Arsène, pour s’en servir dans des opérations magiques. Mais Arsène s’enfuit la nuit et vint se présenter devant tout le concile, ce qui dévoila la scélératesse des ennemis d’Athanase. Ils attribuèrent néanmoins la justification d’Athanase à des artifices de magie, et ne cessèrent pas de conspirer contre sa vie. Condamné à l’exil, il fut relégué à Trêves, dans les Gaules. Sous le règne de l’empereur Constance, qui favorisait les Ariens, il vit se soulever contre lui de longues et violentes tempêtes, souffrit d’incroyables épreuves, et parcourut de nombreuses contrées, souvent expulsé de son Église, souvent aussi rétabli sur son siège, et par l’autorité du Pape Jules, et par la protection de l’empereur Constant, frère de Constance, ou encore en vertu des décrets des conciles de Sardique et de Jérusalem. Pendant ce temps les Ariens continuaient à lui demeurer hostiles ; pour se soustraire à leur fureur opiniâtre et éviter la mort, il demeura caché pendant cinq ans dans une citerne desséchée, sans que personne connût sa retraite, sauf un de ses amis qui lui apportait en secret sa nourriture.
Sixième leçon. Constance étant mort, Julien l’Apostat, son successeur, permit aux Évêques exilés de rentrer dans leurs Églises. Athanase revint donc à Alexandrie, où il fut reçu avec les plus grands honneurs. Mais bientôt les intrigues des mêmes Ariens le firent persécuter par Julien, et il fut de nouveau forcé à s’éloigner Les satellites de ce prince le cherchant pour le mettre à mort, Athanase fit retourner le bateau sur lequel il s’enfuyait, et vint à la rencontre des émissaires lancés à sa poursuite. Ceux-ci demandant à quelle distance se trouvait Athanase, il leur répondit qu’il n’était pas loin. Il échappa ainsi à ses ennemis qui continuèrent leur route et, rentrant à Alexandrie, il y demeura caché jusqu’à la mort de Julien. Quelque temps après, une nouvelle tempête s’étant élevée contre lui à Alexandrie, il resta enfermé quatre mois dans le tombeau de son père. Enfin, délivré par le secours divin de tant de périls de tous genres, il mourut dans son lit, à Alexandrie, sous Valens. Sa vie et sa mort furent illustrées par de grands miracles, il a écrit beaucoup d’ouvrages pleins de piété et de clarté pour expliquer la foi catholique, et il a gouverné très saintement l’Église d’Alexandrie durant quarante-six ans, au milieu des plus grandes vicissitudes.
Le cortège de notre divin Roi, qui s’accroît chaque jour d’une manière si brillante, se renforce aujourd’hui par l’arrivée de l’un des plus valeureux champions qui aient jamais combattu pour sa gloire. Est-il un nom plus illustre que celui d’Athanase parmi les gardiens de la Parole de vérité que Jésus a confiée à la terre ? ce nom n’exprime-t-il pas à lui seul le courage indomptable dans la garde du dépôt sacré, la fermeté du héros en face des plus terribles épreuves, la science, le génie, l’éloquence, tout ce qui peut retracer ici-bas l’idéal de la sainteté du Pasteur unie à la doctrine de l’interprète des choses divines ? Athanase a vécu pour le Fils de Dieu ; la cause du Fils de Dieu fut la même que celle d’Athanase ; qui bénissait Athanase bénissait le Verbe éternel, et celui-là maudissait le Verbe éternel qui maudissait Athanase.
Jamais notre sainte foi ne courut sur la terre un plus grand péril que dans ces tristes jours qui suivirent la paix de l’Église, et furent témoins de la plus affreuse tempête que la barque de Pierre ait jamais essuyée. Satan avait en vain espéré éteindre dans des torrents de sang la race des adorateurs de Jésus ; le glaive de Dioclétien et de Galérius s’était émoussé dans leurs mains, et la croix paraissant au ciel avait proclamé le triomphe du christianisme. Tout à coup l’Église victorieuse se sent ébranlée jusque dans ses fondements ; dans son audace l’enfer a vomi sur la terre une hérésie qui menace de dévorer en peu de jours le fruit de trois siècles de martyre. L’impie et obscur Arius ose dire que celui qui fut adoré comme le Fils de Dieu par tant de générations depuis les Apôtres, n’est qu’une créature plus parfaite que les autres. Une immense défection se déclare jusque dans les rangs de la hiérarchie sacrée ; la puissance des Césars se met au service de cette épouvantable apostasie ; et si le Seigneur lui-même n’intervient, les hommes diront bientôt sur la terre que la victoire du christianisme n’a eu d’autre résultat que de changer l’objet de l’idolâtrie, en substituant sur les autels une créature à d’autres qui avaient reçu l’encens avant elle.
Mais celui qui avait promis que les portes de l’enter ne prévaudraient jamais contre son Église, veillait à sa promesse. La foi primitive triompha ; le concile de Nicée reconnut et proclama le Fils consubstantiel au Père ; mais il fallait à l’Église un homme en qui la cause du Verbe consubstantiel fut, pour ainsi dire, incarnée, un homme assez docte pour déjouer tous les artifices de l’hérésie, assez fort pour attirer sur lui tous ses coups, sans succomber jamais. Ce fut Athanase ; quiconque adore et aime le Fils de Dieu doit aimer et glorifier Athanase. Exilé jusqu’à cinq fois de son Église d’Alexandrie, poursuivi à mort par les ariens, il vint chercher tantôt un refuge, et tantôt un lieu d’exil dans l’Occident, qui apprécia l’illustre confesseur de la divinité du Verbe. Pour prix de l’hospitalité que Rome s’honora de lui accorder, Athanase lui fit part de ses trésors. Admirateur et ami du grand Antoine, il cultivait avec une tendre affection l’élément monastique, que la grâce de l’Esprit-Saint avait fait éclore dans les déserts de son vaste patriarcat ; il porta à Rome cette précieuse semence, et les moines qu’il y amena furent les premiers que vit l’Occident. La plante céleste s’y naturalisa ; et si sa croissance fut lente d’abord, elle y fructifia dans la suite au delà de ce qu’elle avait fait en Orient.
Athanase, qui avait su exposer avec tant de clarté et de magnificence dans ses sublimes écrits le dogme fondamental du christianisme, la divinité de Jésus-Christ, a célébré le mystère de la Pâque avec une éloquente majesté dans les Lettres festales qu’il adressait chaque année aux Églises de son patriarcat d’Alexandrie. La collection de ces lettres, que l’on regardait comme perdues sans retour, et qui n’étaient connues que par quelques courts fragments, a été retrouvée presque tout entière, dans le monastère de Sainte-Marie de Scété, en Égypte. La première, qui se rapporte à l’année 329, débute par ces paroles qui expriment admirablement les sentiments que doit réveiller chez tous les chrétiens l’arrivée de la Pâque : « Venez, mes bien-aimés, dit Athanase aux fidèles soumis à son autorité pastorale, venez célébrer la fête ; l’heure présente vous y invite. En dirigeant sur nous ses divins rayons, le Soleil de justice nous annonce que l’époque de la solennité est arrivée. A cette nouvelle, faisons fête, et ne laissons pas l’allégresse s’enfuir avec le temps qui nous l’apporte, sans l’avoir goûtée. » Durant ses exils, Athanase continua d’adresser à ses peuples la Lettre pascale ; quelques années seulement en furent privées. Voici le commencement de celle par laquelle il annonçait la Pâque de l’année 338 ; elle fut envoyée de Trêves à Alexandrie. « Bien qu’éloigné de vous, mes Frères, je n’ai garde de manquer à la coutume que j’ai toujours observée à votre égard, coutume que j’ai reçue de la tradition des Pères. Je ne resterai pas dans le silence, et je ne manquerai pas de vous annoncer l’époque de la sainte Fête annuelle, et le jour auquel vous en devez célébrer la solennité. En proie aux tribulations dont vous avez sans doute entendu parler, accablé des plus graves épreuves, placé sous la surveillance des ennemis de la vérité qui épient tout ce que j’écris, afin d’en faire une matière d’accusation et d’accroître par là mes maux, je sens néanmoins que le Seigneur me donne de la force et me console dans mes angoisses. J’ose donc vous adresser la proclamation annuelle, et c’est au milieu de mes chagrins, à travers les embûches qui m’environnent, que je vous envoie des extrémités de la terre l’annonce de la Pâque qui est notre salut. Remettant mon sort entre les mains du Seigneur, j’ai voulu célébrer avec vous cette fête : la distance des lieux nous sépare, mais je ne suis pas absent de vous. Le Seigneur qui accorde les fêtes, qui est lui-même notre fête, qui nous fait don de son Esprit, nous réunit spirituellement par le lien de la concorde et de la paix. »
Qu’elle est magnifique, cette Pâque célébrée par Athanase exilé sur les bords du Rhin, en union avec son peuple qui la fêtait sur les rives du Nil ! Comme elle révèle le lien puissant de la sainte Liturgie pour unir les hommes et leur faire goûter au même moment, et en dépit des distances, les mêmes émotions saintes, pour réveiller en eux les mêmes aspirations de vertu ! Grecs ou barbares, l’Église est notre patrie commune ; mais la Liturgie est, avec la Foi, le milieu dans lequel nous ne formons tous qu’une même famille, et la Liturgie n’a rien de plus expressif dans le sens de l’unité que la célébration de la Pâque. Les malheureuses Églises de l’Orient et de l’empire russe, en s’isolant du reste du monde chrétien pour fêter à un jour qui n’est qu’à elles la Résurrection du Sauveur, montrent déjà par ce seul fait qu’elles ne font pas partie de l’unique bergerie dont il est l’unique pasteur.
L’Église grecque, qui célèbre dans une autre saison la fête du saint Docteur, exprime son admiration pour lui dans des chants remplis d’enthousiasme dont nous extrairons, selon notre usage, quelques strophes.
(DIE XVIII JANUARII.)
Salut, ô Athanase, la règle des vertus, le vaillant défenseur de la foi ! C’est toi qui, par tes paroles dignes de tout respect, as dissous sans retour l’impiété d’Anus ; tu nous as enseigné quelle est la puissance de la divinité unique en trois personnes , qui dans sa bonté a tiré du néant les êtres spirituels et les êtres sensibles, et tu nous as expliqué les profonds mystères de l’opération divine ; daigne prier le Christ d’accorder à nos âmes sa grande miséricorde.
Salut, toi qui as servi d’appui aux patriarches mêmes, trompette résonnante, génie admirable, langue éloquente, œil lumineux, illustrateur de la saine doctrine, pasteur véritable, flambeau éclatant, cognée par laquelle a été abattue la forêt entière des hérésies, toi qui l’as incendiée par le feu de l’Esprit-Saint : très ferme colonne, tour inébranlable, toi qui enseignes la puissance supersubstantielle de la Trinité, daigne la supplier d’accorder à nos âmes sa grande miséricorde.
Tu as armé l’Église, ô Père, des dogmes divins de l’orthodoxie ; par ta science l’hérésie a été tranchée : tu as achevé ta sainte carrière, et comme Paul tu as conservé la foi ; de même, ô glorieux Athanase, une juste couronne t’est préparée pour prix de tes travaux.
Semblable à un astre qui n’a pas de coucher, tu éclaires encore après ta mort la multitude des fidèles par les rayons de ta doctrine, ô Athanase, Pontife rempli de sagesse.
Guidé par le Saint-Esprit, tu as conduit ta pensée dans les hauteurs de la contemplation, o saint Pontife ! Tu as cherché les trésors de vérité caches sous les divins oracles, et tu as fait part au monde des richesses que tu as découvertes.
Tu as été le phare élevé et lumineux de la divine doctrine, et tu as dirigé ceux qui étaient battus sur l’océan de l’erreur, les conduisant, par la sérénité de tes paroles, au tranquille port de la grâce.
Général de l’armée de Dieu, tu as défait les bataillons des adversaires du Seigneur ; avec le glaive du Saint-Esprit tu les as vaillamment taillés en pièces. Père saint, tu as arrosé la terre entière des eaux vives dont la source était dans ton cœur.
Père saint, par les persécutions que tu as souffertes pour son Église, tu as complète en ta chair les souffrances du Seigneur.
Habitants de la terre, venez apprendre la doctrine de justice dans les enseignements sacrés d’Athanase : la pureté de sa foi a fait de lui comme la bouche du Verbe qui est avant tous les siècles.
Par toi, ô bienheureux, l’Église du Christ est devenue un paradis véritable ; tu y as semé la parole sainte et tu en as arraché les épines de l’hérésie.
Tu nous as apparu comme un fleuve de grâce, comme un Nil spirituel, ô toi qui portes Dieu ! Tu as apporte aux fidèles les fruits de la doctrine de piété, tu as arrosé toutes les campagnes et nourri au loin la terre. Par le bâton de tes enseignements tu as chasse les loups de l’hérésie loin de l’Église du Christ : tu l’as entourée et protégée du rempart de tes paroles, et tu l’as présentée saine et sauve au Christ ; prie-le donc, le Christ Dieu, qu’il daigne nous délivrer de la séduction et de tout péril, nous qui célébrons avec foi ta mémoire digne de vénération.
Vous vous êtes assis, ô Athanase, sur la chaire de Marc dans Alexandrie, et vous brillez non loin de lui sur le Cycle sacre. Il partit de Rome, envoyé par Pierre lui-même, pour aller fonder le second siège patriarcal ; et trois siècles après, vous arriviez vous-même à Rome, successeur de Marc, pour obtenir du successeur de Pierre que l’injustice et l’hérésie ne prévalussent pas contre ce siège auguste. Notre Occident vous a contemplé, sublime héros de la foi ; il vous a possédé dans son sein ; il a vénéré en vous le noble exilé, le courageux confesseur ; et votre séjour dans nos régions est demeuré l’un de leurs plus chers et de leurs plus glorieux souvenirs. Soyez l’intercesseur des contrées sur lesquelles s’étendit autrefois votre juridiction de Patriarche, ô Athanase ! Mais ayez souvenir aussi du secours et de l’hospitalité que vous offrit l’Occident. Rome vous protégea, elle prit en main votre cause, elle rendit la sentence qui vous justifiait et vous rétablissait dans vos droits ; du haut du ciel, rendez-lui ce qu’elle fit pour vous ; soutenez et consolez son Pontife, successeur de Jules qui vous secourut il y a quinze siècles. Une tempête affreuse s’est déchaînée contre le roc qui porte toutes les Églises, et l’arc-en-ciel ne paraît pas encore sur les nuées. Priez, ô Athanase, afin que ces tristes jours soient abrégés, et que le siège de Pierre cesse bientôt d’être en butte à ces attaques de mensonge et de violence qui sont en même temps un sujet de scandale pour les peuples.
Vos efforts, ô grand Docteur, étouffèrent l’odieux arianisme ; mais en nos temps et dans nos régions occidentales, cette audacieuse hérésie a levé de nouveau la tête. Elle étend ses ravages à la faveur de cette demi-science qui s’unit à l’orgueil, et qui est devenue le péril principal de nos jours. Le Fils éternel de Dieu, consubstantiel au Père, est blasphémé par les adeptes d’une pernicieuse philosophie, qui consent à voir en lui le plus grand des hommes, à la condition qu’on leur accordera qu’il fut seulement un homme. En vain la raison et l’expérience démontrent que tout est surnaturel en Jésus ; ils s’obstinent à fermer les yeux, et contre toute bonne foi ils osent mêler au langage d’une admiration hypocrite le dédain pour la foi chrétienne, qui reconnaît dans le fils de Marie le Verbe éternel incarné pour le salut des hommes. Confondez les nouveaux ariens, ô Athanase ! Mettez à nu leur faiblesse superbe et leur artifice ; dissipez l’illusion de leurs malheureux adeptes ; qu’il soit enfin reconnu que ces prétendus sages qui osent blasphémer la divinité du Christ, vont se perdre les uns après les autres dans les abîmes honteux du panthéisme, ou dans le chaos d’un désolant scepticisme, au sein duquel expire toute morale et s’éteint toute intelligence.
Conservez en nous, ô Athanase, par l’influence de vos mérites et de vos prières, le précieux don de la foi que le Seigneur a daigné nous confier ; obtenez-nous de confesser et d’adorer toujours Jésus-Christ comme notre Dieu éternel et infini, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, qui pour notre salut, à nous hommes, a daigné prendre chair en Marie. Révélez-nous ses grandeurs jusqu’au jour où nous les contemplerons avec vous dans le séjour de gloire. En attendant, nous converserons avec lui par la foi sur cette terre témoin des splendeurs de sa résurrection. Vous l’avez aimé, ô Athanase ! ce Fils de Dieu, notre Créateur et notre Sauveur. Son amour a été l’âme de votre vie, le mobile de votre dévouement héroïque à son service. Cet amour vous a soutenu dans les luttes colossales où le monde entier semblait se soulever contre vous ; il vous a rendu plus fort que toutes les tribulations ; obtenez-le pour nous, cet amour qui ne craint rien parce qu’il est fidèle, cet amour que nous devons à Jésus, qui, étant la splendeur éternelle du Père, sa Sagesse infinie, a daigné « s’humilier jusqu’à prendre la forme d’esclave , et se rendre pour nous obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la Croix [1] ». Comment paierons-nous son dévouement, si ce n’est en lui donnant tout notre amour, à votre exemple, ô Athanase ! Et en exaltant d’autant plus ses grandeurs qu’il s’est lui-même plus abaissé pour nous sauver ?
La fête de cet invincible champion de la consubstantialité du Logos n’entra dans les Bréviaires romains que durant le bas moyen âge, et elle fut enrichie de leçons propres et du rite double seulement au temps de saint Pie V. Cela s’explique parfaitement. Le Calendrier romain primitif avait un caractère local tranché ; les anciens Pères orientaux n’eurent jamais une grande popularité en terre latine ; si bien qu’aujourd’hui encore on ne célèbre aucun office liturgique d’un grand nombre de ces antiques flambeaux de sagesse. Saint Grégoire de Nysse, saint Denys d’Alexandrie, saint Épiphane, etc. n’ont, dans le Bréviaire romain, aucune commémoraison. Toutefois saint Athanase a des mérites spéciaux pour avoir quasi-droit de cité dans la Ville éternelle, puisque, condamné par les Ariens, déposé de son siège et fugitif dans le monde entier qui s’était comme mis d’accord pour se coaliser contre lui, il chercha un asile assuré à Rome où il trouva, en la personne du pape Jules, un vengeur autorisé de la sainteté de sa cause. Ce fut là, sur l’Aventin, dans le palais de la noble Marcella, dont il était l’hôte, que l’évêque exilé décrivit pour la première fois aux Romains la vie merveilleuse d’Antoine et de Pacôme en Égypte. La première semence de vertus monastiques, jetée par Athanase sur le mont Aventin, fut suivie rapidement d’une abondante floraison de moines et de monastères qui, au dire de saint Jérôme, changea l’insouciante capitale du monde romain en une nouvelle Jérusalem.
Il convient de rappeler que ce fut le pape Jules qui, ayant cassé l’injuste déposition d’Athanase, le rendit à son trône patriarcal.
Socrate [2] et Sozomène, racontant le fait, l’attribuent expressément à la primauté du Pape sur toute l’Église : Parce qu’à lui, à cause de la dignité du siège, appartenait le soin de tous, il restitua à l’un et à l’autre (Athanase d’Alexandrie et Paul de Constantinople) leur propre Église [3].
Sous Grégoire XIII, on érigea à Rome, en l’honneur de saint Athanase, une église qui est annexée au Collège pontifical grec, et où, pour cette raison, les offices sont célébrés en rit byzantin.
La messe est en partie du Commun des Confesseurs, en partie celle des Docteurs, et elle fait allusion aux persécutions et aux bannissements dont Athanase fut victime.
Dans la lecture, il est question des souffrances de l’Apôtre et de leur ultime raison d’être dans la vie chrétienne, car l’âme, avant d’arriver à la vie glorieuse, doit revivre la vie du Christ affligé et souffrant (II Cor., IV, 5-14). C’est pourquoi, quelque grandes que soient les tribulations, et bien que l’esprit se sente incapable de vaincre la tempête, la foi cependant le soutient, parce qu’elle lui montre que l’adversité n’est pas destinée, dans les conseils de Dieu, à l’abattre, mais à l’entraîner à la victoire, puisque, comme le dit l’Apôtre : Virtus in infirmitate perficitur.
Le premier verset alléluiatique est tiré du psaume 109 : Tu es sacerdos, etc... Cette divine promesse est appliquée fort gracieusement à saint Athanase, qui fut plusieurs fois déposé de son trône patriarcal grâce aux manœuvres des Ariens, en sorte que, dans tout le monde, il n’y avait plus un pouce de terre où il fût à l’abri de leurs représailles. A cause de lui furent aussi persécutés des papes et de nombreux et saints évêques qui ne voulaient pas participer à ces manœuvres. Et pourtant, seul contre tous, il réussit finalement à rentrer à Alexandrie, et, comme le dit le Bréviaire : mortuus est in suo lectulo.
Le second verset alléluiatique est le même que pour la fête d’un autre saint évêque persécuté et exilé, saint Jean Chrysostome, le 27 janvier.
L’Évangile (Matth., X, 23-28) trace, pour ainsi dire, le programme de vie d’Athanase dans les persécutions, et il a été magnifiquement illustré par lui dans sa propre apologie De fuga sua. Même durant la persécution, on ne doit pas être prodigue de sa vie, pas plus que d’aucun autre bien reçu de Dieu. La vie d’un évêque appartient moins à lui qu’à l’Église, et il ne peut l’exposer inutilement si cela doit porter préjudice aux âmes et être pour lui d’un faible avantage. En ce cas, le fait de se soustraire par la fuite à la haine des ennemis est aussi méritoire que de prolonger son martyre pour l’amour du troupeau de Jésus-Christ, et c’est le signe d’une âme sage et généreuse que de savoir endurer l’épreuve.
L’antienne pour la Communion, tirée de la lecture évangélique de ce jour, est empruntée à la messe Salus, de plusieurs martyrs. En voici le sens : Quand il ne peut faire plus, le monde voudrait du moins nous réduire au silence, pour que nous ne prêchions pas aux peuples cette parole évangélique qui est la condamnation de ses principes. Mais cela même ne nous est pas permis, comme le déclarèrent au sanhédrin Pierre et Jean : Non enim possumus quae vidimus et audivimus non loqui [4] Voilà vraiment l’instrument de notre victoire sur le monde : la foi. Toute la terre avait conspiré contre Athanase, et pourtant, pendant près d’un demi-siècle, il tint tête à ses adversaires ; patriarche invisible, car il paraissait à Alexandrie et en disparaissait sans que les Ariens pussent arriver à s’emparer de lui, il gouverna son Église avec tant d’autorité qu’être en communion avec lui équivalait alors à être catholique, c’est-à-dire fidèle à la consubstantialité du Verbe définie à Nicée.
Nous ne saurions renoncer à rapporter aujourd’hui, en l’honneur d’un si grand docteur, son énergique proposition sur l’indépendance de l’Église vis-à-vis du pouvoir laïque.
« S’il s’agit d’une décision des évêques, en quoi cela regarde-t-il l’empereur ? Quand a-t-on jamais entendu parler d’une chose pareille ? Quand un décret ecclésiastique a-t-il jamais reçu son autorité de l’empereur ou obtenu de lui sa reconnaissance ? De nombreux conciles ont été célébrés jusqu’ici ; beaucoup de décrets ecclésiastiques ont été rendus ; mais jamais les Pères n’ont sollicité de telles approbations de l’empereur ; jamais celui-ci ne s’est immiscé dans les affaires ecclésiastiques. » [5]
Si l’on vous poursuit dans une ville, fuyez dans l’autre.
Saint Athanase. — Jour de mort : 2 mai 373. Tombeau : Actuellement dans l’église de Sainte-Croix, à Venise. Image : On le représente en évêque grec, avec un livre à la main. Vie : Nous sommes en présence d’un héros de la foi, né vers 295. Sans doute il ne fut pas martyr, mais sa vie fut un martyre au vrai sens du mot. Athanase le Grand, le père de l’orthodoxie (de la vraie foi), mena le combat de l’Église contre l’arianisme — une hérésie qui niait la divinité du Christ. Jeune diacre, il avait déjà été, au Concile de Nicée (325), le « plus intrépide champion contre les Ariens et le principal soutien de la foi de l’Église ». A la mort de son évêque (328), « tout le peuple de l’Église catholique se réunit comme un corps et une âme et cria, à mainte reprise, qu’Athanase devait être évêque. C’était d’ailleurs le désir de l’évêque Alexandre, à son lit de mort. Tout le monde appelait Athanase un homme vertueux et saint, un chrétien, un ascète, un véritable évêque » ; Ce fut alors un combat de 50 ans. Sous cinq empereurs différents, le saint évêque fut exilé cinq fois. Au prix de ces épreuves incessantes, il rendit témoignage à la vérité de la foi catholique. Jamais son attachement à l’Église ne fut ébranlé ; jamais son courage ne faiblit. Au milieu des horribles calomnies et des terribles persécutions dont il était l’objet, il trouva sa principale consolation dans l’amour indéfectible du peuple catholique. Mais la haine des Ariens était implacable. Pour échapper à leur rage et au péril continuel de mort, il dut se cacher pendant cinq ans dans une citerne desséchée. Seul un ami fidèle connaissait sa retraite et lui apportait de la nourriture. Mais quand il fuyait devant ses persécuteurs, Dieu le protégeait visiblement. Un jour que les satellites de l’empereur le poursuivaient pour le tuer, il tourna son bateau, lui fit remonter le courant et alla ainsi à la rencontre de ceux qui le poursuivaient. Les soldats lui demandèrent si Athanase était loin. Il répondit bravement : . Il n’est pas loin d’ici ». Les soldats continuèrent la poursuite dans le sens opposé et le saint gagna du temps pour se mettre en sûreté. Il échappa ainsi à plusieurs dangers par la protection divine. Il mourut enfin à Alexandrie, dans son lit, sous le règne de l’empereur Valens (373). Saint Athanase laissa plusieurs écrits remarquables tant pour l’édification des fidèles que pour la défense de la foi catholique. Il avait gouverné l’Église d’Alexandrie pendant 46 ans.
La messe (In medio). — La messe décrit, dans ses différentes parties, la vie mouvementée du grand évêque. A l’Introït, le saint docteur se tient « au milieu » de nous et nous prêche la parole de Dieu. Dans l’Épître, saint Athanase nous dépeint, en empruntant les mots de l’Apôtre des nations, les fatigues et les peines qu’il a endurées pour l’Évangile du Seigneur : « Nous portons toujours la mort du Christ dans notre corps afin que la vie de Jésus se manifeste en nous ». L’Alléluia chante sa dignité sacerdotale qui est un reflet du sacerdoce suprême du Christ. « Si l’on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre » ; ces paroles de l’Évangile, le saint docteur les a réalisées. Sa vie fut un enchaînement de fuites et de bannissements. Mais le saint trouva dans la visite intime du Seigneur, dans l’Eucharistie, la consolation et la force. Il doit en être de même pour nous (Comm.).
Chers frères et sœurs,
En poursuivant notre évocation des grands Maîtres de l’Église antique, nous voulons aujourd’hui tourner notre attention vers saint Athanase d’Alexandrie. Cet authentique protagoniste de la tradition chrétienne, déjà quelques années avant sa mort, fut célébré comme "la colonne de l’Église" par le grand théologien et Évêque de Constantinople Grégroire de Nazianze [6], et il a toujours été considéré comme un modèle d’orthodoxie, aussi bien en Orient qu’en Occident. Ce n’est donc pas par hasard que Gian Lorenzo Bernini en plaça la statue parmi celles des quatre saints Docteurs de l’Église orientale et occidentale - avec Ambroise, Jean Chrysostome et Augustin -, qui dans la merveilleuse abside la Basilique vaticane entourent la Chaire de saint Pierre.
Athanase a été sans aucun doute l’un des Pères de l’Église antique les plus importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le théologien passionné de l’incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui - comme le dit le prologue du quatrième Évangile - "se fit chair et vint habiter parmi nous" [7]. C’est précisément pour cette raison qu’Athanase fut également l’adversaire le plus important et le plus tenace de l’hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une créature "intermédiaire" entre Dieu et l’homme, selon une tendance récurrente dans l’histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons aujourd’hui aussi. Probablement né à Alexandrie vers l’an 300, Athanase reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l’Évêque de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son Évêque, le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à caractère œcuménique, convoqué par l’empereur Constantin en mai 325 pour assurer l’unité de l’Église. Les Pères nicéens purent ainsi affronter diverses questions et principalement le grave problème né quelques années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.
Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l’authentique foi dans le Christ, en déclarant que le Logos n’était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être "intermédiaire" entre Dieu et l’homme, ce qui rendait ainsi le vrai Dieu toujours inaccessible pour nous. Les Évêques réunis à Nicée répondirent en mettant au point et en fixant le "Symbole de la foi" qui, complété plus tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental - qui exprime la foi de l’Église indivise, et que nous répétons aujourd’hui encore, chaque dimanche, dans la célébration eucharistique - figure le terme grec homooúsios, en latin consubstantialis : celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est "de la même substance" que le Père, il est Dieu de Dieu, il est sa substance, et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en revanche niée par le ariens.
A la mort de l’Évêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur comme Évêque d’Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser tout compromis à l’égard des théories ariennes condamnées par le Concile de Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que nécessaire, contre ceux qui s’étaient opposés à son élection épiscopale et surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l’hostilité implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l’issue sans équivoque du Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau - dans ce contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et elles furent soutenues pour des raisons politiques par l’empereur Constantin lui-même et ensuite par son fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la vérité théologique que de l’unité de l’empire et de ses problèmes politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible - à son avis - à tous ses sujets dans l’empire.
La crise arienne, que l’on croyait résolue à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions douloureuses dans l’Église. Et à cinq reprises au moins - pendant une période de trente ans, entre 336 et 366 - Athanase fut obligé d’abandonner sa ville, passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses absences forcées d’Alexandrie, l’Évêque eut l’occasion de soutenir et de diffuser en Occident, d’abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et également les idéaux du monachisme, embrassés en Égypte par le grand ermite Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l’Évêque d’Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où nous célébrons sa mémoire liturgique.
L’œuvre doctrinale la plus célèbre du saint Évêque alexandrin est le traité Sur l’incarnation du Verbe, le Logos divin qui s’est fait chair en devenant comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu "s’est fait homme pour que nous devenions Dieu ; il s’est rendu visible dans le corps pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la violence des hommes pour que nous héritions de l’incorruptibilité" [8]. En effet, avec sa résurrection le Seigneur a fait disparaître la mort comme "la paille dans le feu" [9]. L’idée fondamentale de tout le combat théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est accessible. Il n’est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à Dieu. Il est devenu réellement "Dieu avec nous".
Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l’Église - qui demeurent en grande partie liées aux événements de la crise arienne - rappelons ensuite les autres lettres qu’il adressa à son ami Sérapion, Évêque de Thmuis, sur la divinité de l’Esprit Saint, qui est affirmée avec netteté, et une trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d’année aux Églises et aux monastères d’Égypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et en les préparant à cette grande solennité.
Enfin, Athanase est également l’auteur de textes de méditation sur les Psaumes, ensuite largement diffusés, et d’une œuvre qui constitue le best seller de la littérature chrétienne antique : la Vie d’Antoine, c’est-à-dire la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint, précisément alors que l’Évêque d’Alexandrie, exilé, vivait avec les moines dans le désert égyptien. Athanase fut l’ami du grand ermite, au point de recevoir l’une des deux peaux de moutons laissées par Antoine en héritage, avec le manteau que l’Évêque d’Alexandrie lui avait lui-même donné. Devenue rapidement très populaire, traduite presque immédiatement en latin à deux reprises et ensuite en diverses langues orientales, la biographie exemplaire de cette figure chère à la tradition chrétienne contribua beaucoup à la diffusion du monachisme en Orient et en Occident. Ce n’est pas un hasard si la lecture de ce texte, à Trèves, se trouve au centre d’un récit émouvant de la conversion de deux fonctionnaires impériaux, qu’Augustin place dans les Confessions [10] comme prémisses de sa conversion elle-même.
Du reste, Athanase lui-même montre avoir clairement conscience de l’influence que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure exemplaire d’Antoine. Il écrit en effet dans la conclusion de cette œuvre : "Qu’il fut partout connu, admiré par tous et désiré, également par ceux qui ne l’avaient jamais vu, est un signe de sa vertu et de son âme amie de Dieu. En effet, ce n’est pas par ses écrits ni par une sagesse profane, ni en raison de quelque capacité qu’Antoine est connu, mais seulement pour sa piété envers Dieu. Et personne ne pourrait nier que cela soit un don de Dieu. Comment, en effet, aurait-on entendu parler en Espagne et en Gaule, à Rome et en Afrique de cet homme, qui vivait retiré parmi les montagnes, si ce n’était Dieu lui-même qui l’avait partout fait connaître, comme il le fait avec ceux qui lui appartiennent, et comme il l’avait annoncé à Antoine dès le début ? Et même si ceux-ci agissent dans le secret et veulent rester cachés, le Seigneur les montre à tous comme un phare, pour que ceux qui entendent parler d’eux sachent qu’il est possible de suivre les commandements et prennent courage pour parcourir le chemin de la vertu" [11].
Oui, frères et soeurs ! Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers Athanase. Sa vie, comme celle d’Antoine et d’innombrables autres saints, nous montre que "celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais qu’il se rend au contraire proche d’eux" [12].
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
Symbolum Athanasianum | Symbole de Saint Athanase |
Quicúmque vult salvus esse, * ante ómnia opus est, ut téneat cathólicam fidem : | Quiconque veut être sauvé doit, avant tout, tenir la foi catholique : |
Quam nisi quisque íntegram inviolatámque serváverit, * absque dúbio in ætérnum períbit. | s’il ne la garde pas entière et pure, il périra sans aucun doute pour l’éternité. |
Fides autem cathólica hæc est : * ut unum Deum in Trinitáte, et Trinitátem in unitáte venerémur. | Voici la foi catholique : nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l’Unité, |
Neque confundéntes persónas, * neque substántiam separántes. | sans confondre les Personnes ni diviser la substance : |
Alia est enim persóna Patris, ália Fílii, * ália Spíritus Sancti : | autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint-Esprit ; |
Sed Patris, et Fílii, et Spíritus Sancti una est divínitas, * æquális glória, coætérna maiéstas. | mais une est la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, égale la gloire, coéternelle la majesté. |
Qualis Pater, talis Fílius, * talis Spíritus Sanctus. | Comme est le Père, tel est le Fils, tel est aussi le Saint-Esprit : |
Increátus Pater, increátus Fílius, * increátus Spíritus Sanctus. | incréé est le Père, incréé le Fils, incréé le Saint-Esprit ; |
Imménsus Pater, imménsus Fílius, * imménsus Spíritus Sanctus. | infini est le Père, infini le Fils, infini le Saint-Esprit ; |
Ætérnus Pater, ætérnus Fílius, * ætérnus Spíritus Sanctus. | éternel est le Père, éternel le Fils, éternel le Saint-Esprit ; |
Et tamen non tres ætérni, * sed unus ætérnus. | et cependant, ils ne sont pas trois éternels, mais un éternel ; |
Sicut non tres increáti, nec tres imménsi, * sed unus increátus, et unus imménsus. | tout comme ils ne sont pas trois incréés, ni trois infinis, mais un incréé et un infini. |
Simíliter omnípotens Pater, omnípotens Fílius, * omnípotens Spíritus Sanctus. | De même, tout-puissant est le Père, tout-puissant le Fils, tout-puissant le Saint-Esprit ; |
Et tamen non tres omnipoténtes, * sed unus omnípotens. | et cependant ils ne sont pas trois tout-puissants, mais un tout-puissant. |
Ita Deus Pater, Deus Fílius, * Deus Spíritus Sanctus. | Ainsi le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu ; |
Ut tamen non tres Dii, * sed unus est Deus. | et cependant ils ne sont pas trois Dieux, mais un Dieu. |
Ita Dóminus Pater, Dóminus Fílius, * Dóminus Spíritus Sanctus. | Ainsi le Père est Seigneur, le Fils est Seigneur, le Saint-Esprit est Seigneur ; |
Et tamen non tres Dómini, * sed unus est Dóminus. | et cependant ils ne sont pas trois Seigneurs, mais un Seigneur ; |
Quia, sicut singillátim unamquámque persónam Deum ac Dóminum confitéri christiána veritáte compéllimur : * ita tres Deos aut Dóminos dícere cathólica religióne prohibémur. | car, de même que la vérité chrétienne nous oblige à confesser que chacune des personnes en particulier est Dieu et Seigneur, de même la religion catholique nous interdit de dire qu’il y a trois Dieux ou trois Seigneurs. |
Pater a nullo est factus : * nec creátus, nec génitus. | Le Père n’a été fait par personne et il n’est ni créé ni engendré ; |
Fílius a Patre solo est : * non factus, nec creátus, sed génitus. | le Fils n’est issu que du Père, il n’est ni fait, ni créé, mais engendré ; |
Spíritus Sanctus a Patre et Fílio : * non factus, nec creátus, nec génitus, sed procédens. | le Saint-Esprit vient du Père et du Fils, il n’est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède. |
Unus ergo Pater, non tres Patres : unus Fílius, non tres Fílii : * unus Spíritus Sanctus, non tres Spíritus Sancti. | Il n’y a donc qu’un Père, non pas trois Pères ; un Fils, non pas trois Fils ; un Saint-Esprit, non pas trois Saint-Esprit. |
Et in hac Trinitáte nihil prius aut postérius, nihil maius aut minus : * sed totæ tres persónæ coætérnæ sibi sunt et coæquáles. | Et dans cette Trinité il n’est rien qui ne soit avant ou après, rien qui ne soit plus grand ou plus petit, mais les Personnes sont toutes trois également éternelles et semblablement égales. |
Ita ut per ómnia, sicut iam supra dictum est, * et únitas in Trinitáte, et Trínitas in unitáte veneránda sit. | Si bien qu’en tout, comme on l’a déjà dit plus haut, on doit vénérer, et l’Unité dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité. |
Qui vult ergo salvus esse, * ita de Trinitáte séntiat. | Qui donc veut être sauvé, qu’il croie cela de la Trinité. |
Sed necessárium est ad ætérnam salútem, * ut Incarnatiónem quoque Dómini nostri Iesu Christi fidéliter credat. | Mais il est nécessaire au salut éternel de croire fidèlement aussi en l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. |
Est ergo fides recta ut credámus et confiteámur, * quia Dóminus noster Iesus Christus, Dei Fílius, Deus et homo est. | C’est donc la foi droite que de croire et de confesser que notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, est Dieu et homme. |
Deus est ex substántia Patris ante sǽcula génitus : * et homo est ex substántia matris in sæculo natus. | Il est Dieu, de la substance du Père, engendré avant les siècles, et il est homme, de la substance de sa mère, né dans le temps ; |
Perféctus Deus, perféctus homo : * ex ánima rationáli et humána carne subsístens. | Dieu parfait, homme parfait composé d’une âme raisonnable et de chair humaine, |
Æquális Patri secúndum divinitátem : * minor Patre secúndum humanitátem. | égal au Père selon la divinité, inférieur au Père selon l’humanité. |
Qui licet Deus sit et homo, * non duo tamen, sed unus est Christus. | Bien qu’il soit Dieu et homme, il n’y a pas cependant deux Christ, mais un Christ ; |
Unus autem non conversióne divinitátis in carnem, * sed assumptióne humanitátis in Deum. | un, non parce que la divinité a été transformée en la chair, mais parce que l’humanité a été assumée en Dieu ; |
Unus omníno, non confusióne substántiæ, * sed unitáte persónæ. | un absolument, non par un mélange de substance, mais par l’unité de la personne. |
Nam sicut ánima rationális et caro unus est homo : * ita Deus et homo unus est Christus | Car, de même que l’âme raisonnable et le corps font un homme, de même Dieu et l’homme font un Christ. |
Qui passus est pro salúte nostra : descéndit ad ínferos : * tértia die resurréxit a mórtuis. | Il a souffert pour notre salut, il est descendu aux enfers, le troisième jour il est ressuscité des morts, |
Ascéndit ad cælos, sedet ad déxteram Dei Patris omnipoténtis : * inde ventúrus est iudicáre vivos et mórtuos. | il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts. |
Ad cuius advéntum omnes hómines resúrgere habent cum corpóribus suis ; * et redditúri sunt de factis própriis ratiónem. | A sa venue, tous les hommes ressusciteront avec leurs corps et rendront compte de leurs propres actes : |
Et qui bona egérunt, ibunt in vitam ætérnam : * qui vero mala, in ignem ætérnum. | ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, ceux qui ont mal agi, au feu éternel. |
Hæc est fides cathólica, * quam nisi quisque fidéliter firmitérque credíderit, salvus esse non póterit. | Telle est la foi catholique : si quelqu’un n’y croit pas fidèlement et fermement, il ne pourra être sauvé. |
[1] Philip. II, 8.
[2] Hist. Eccl. II, c. 15, P. Gr., LXVII, col. 211-212.
[3] Hist. Eccl. III, VIII, P. Gr., LXVII, col. 1051-52.
[4] Act., IV, 20.
[5] Hist. Arian. ad Monachos. n. 54 (P. Gr. XXV, col. 755-756).
[6] Discours 21, 26.
[7] Jn 1, 14.
[8] 54, 3.
[9] 8, 4.
[10] VIII, 6, 15.
[11] Vie d’Antoine 93, 5-6.
[12] Deus caritas est, n. 42.