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30/07 Sts Abdon et Sennen, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

La Depositio martyrum et le Hiéronymien de 354 annoncent aujourd’hui les martyrs Abdon et Sennen au cimetière de Pontien, au lieu-dit ad Ursum pileatum sur la via Portuense. Les sources liturgiques du VIIe siècle sont unanimes à fournir les textes de leur messe. Depuis lors, les saints Abdon et Sennen ont toujours appartenu au sanctoral romain.

Textes de la Messe

die 30 Iulii
le 30 juillet
Ss ABDON et SENNEN
Sts ABDON et SENNEN
Martyrum
Martyrs
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simple)
Ant. ad Introitum. Ps. 78, 11, 12 et 10.Introït
Intret in conspéctu tuo, Dómine, gémitus compeditórum : redde vicínis nostris séptuplum in sinu eórum : víndica sánguinem Sanctórum tuórum, qui effúsus est.Que le gémissement des captifs pénètre jusqu’à vous, Seigneur : et pour ceux qui nous entourent faites retomber dans leur sein au septuple l’outrage qu’ils ont fait tomber sur vous : vengez le sang de vos Saints, qui a été répandu.
Ps. Ibid., 1.
Deus, venérunt gentes in hereditátem tuam : polluérunt templum sanctum tuum : posuérunt Ierúsalem in pomórum custódiam.Ô Dieu, les nations sont venues dans votre héritage : elles ont souillé votre saint temple : elles ont fait de Jérusalem une cabane à garder les fruits.
Oratio.Collecte
Deus, qui sanctis tuis Abdon et Sennen ad hanc glóriam veniéndi copiósum munus grátiæ contulísti : da fámulis tuis suorum véniam peccatórum ; ut, Sanctórum tuórum intercedéntibus méritis, ab ómnibus mereántur adversitátibus liberáti. Per Dóminum.Dieu, vous avez fait à vos saints Abdon et Sennen le don insigne de la grâce d’arriver à cette gloire : accordez à vos serviteurs le pardon de leurs péchés : afin que, aidés des mérites de vos Saints, nous puissions être délivrés de toute adversité.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corinthios.Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens.
2. Cor. 6, 4-10.
Fratres : Exhibeámus nosmetípsos sicut Dei minístros, in multa patiéntia, in tribulatiónibus, in necessitátibus, in angústiis, in plagis, in carcéribus, in seditiónibus, in labóribus, in vigíliis, in ieiúniis, in castitáte, in sciéntia, in longanimitáte, in suavitáte, in Spíritu Sancto, in caritáte non ficta, in verbo veritátis, in virtúte Dei, per arma iustítiæ a dextris et a sinístris : per glóriam et ignobilitátem : per infámiam et bonam famam : ut seductóres et veráces : sicut qui ignóti et cógniti : quasi moriéntes et ecce, vívimus : ut castigáti et non mortificáti : quasi tristes, semper autem gaudéntes : sicut egéntes, multos autem locupletántes : tamquam nihil habéntes et ómnia possidéntes.Mes Frères : Nous nous rendons recommandables de toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande constance, dans les tribulations, dans les nécessités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, au travers des émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la science, par la longanimité, par la bonté, par l’Esprit-Saint, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice ; parmi l’honneur et l’ignominie, parmi la mauvaise et la bonne réputation ; traités d’imposteurs, et pourtant véridiques ; d’inconnus, et pourtant bien connus ; regardés comme mourants, et voici que nous vivons ; comme châtiés, et nous ne sommes pas mis à mort ; comme attristés, nous qui sommes toujours joyeux ; comme pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme n’ayant rien, nous qui possédons tout.
Graduale. Exodi 15,11.Graduel
Gloriósus Deus in Sanctis suis : mirábilis in maiestáte, fáciens prodígia.Dieu est glorifié dans ses Saints : admirable dans sa majesté, il fait des prodiges.
V/. Ibid., 6. Déxtera tua, Dómine, glorificáta est in virtúte : déxtera manus tua confrégit inimícos.V/. Votre droite, Seigneur, s’est signalée par sa force : votre main droite a brisé ses ennemis.
Allelúia, allelúia. V/. Sap. 3, 1. Iustórum ánimæ in manu Dei sunt, et non tanget illos torméntum malítiae. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Les âmes des Justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu.
Matth. 5, 1-12.
In illo témpore : Videns Iesus turbas, ascéndit in montem, et cum sedísset, accessérunt ad eum discípuli eius, et apériens os suum, docébat eos, dicens : Beáti páuperes spíritu : quóniam ipsórum est regnum cælórum. Beáti mites : quóniam ipsi possidébunt terram. Beáti, qui lugent : quóniam ipsi consolabúntur. Beáti, qui esúriunt et sítiunt iustítiam : quóniam ipsi saturabúntur. Beáti misericórdes : quóniam ipsi misericórdiam consequántur. Beáti mundo corde : quóniam ipsi Deum vidébunt. Beáti pacífici : quóniam fílii Dei vocabúntur. Beáti, qui persecutiónem patiúntur propter iustítiam : quóniam ipsórum est regnum cælórum. Beáti estis, cum maledíxerint vobis, et persecúti vos fúerint, et díxerint omne malum advérsum vos, mentiéntes, propter me : gaudete et exsultáte, quóniam merces vestra copiósa est in cælis.En ce temps-là : Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, prenant la parole, il se mit à les enseigner, en disant : "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux ceux qui sont affligés, car ils seront consolés ! Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux serez-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense est grande dans les cieux.
Ant. ad Offertorium. Ps. 67, 36.Offertoire
Mirábilis Deus in Sanctis suis : Deus Israël, ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ : benedíctus Deus, allelúia.Dieu est admirable dans ses saints. Le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force. Dieu soit béni. Alléluia.
SecretaSecrète
Hæc hóstia, quǽsumus, Dómine, quam sanctórum Mártyrum tuórum natalítia recenséntes offérimus : et víncula nostræ pravitátis absolvat, et tuæ nobis misericórdiæ dona concíliet. Per Dóminum.Que cette hostie, nous vous en prions, Seigneur, que nous vous offrons en honorant de nouveau la naissance au ciel de vos saints Martyrs : brise les liens de notre perversité et nous attire les dons de votre miséricorde.
Ant. ad Communionem. Ps. 78, 2 et 11.Communion
Posuérunt mortália servórum tuórum, Dómine, escas volatílibus cæli, carnes Sanctórum tuórum béstiis terræ : secúndum magnitúdinem bráchii tui pósside fílios morte punitórum.Ils ont livré les cadavres de vos serviteurs en pâture aux oiseaux du ciel, et la chair de vos fidèles aux bêtes de la terre : selon la grandeur de votre bras, gardez les fils de ceux qu’on a fait mourir.
PostcommunioPostcommunion
Per huius, Dómine, operationem mystérii, et vitia nostra purgéntur : et, intercedéntibus sanctis Martyribus tuis Abdon et Sennen, iusta desidéria compleántur. Per Dóminum.Par l’opération de ce mystère, Seigneur, faites que nous soyons purifies de nos vices : et par l’intercession de vos saints Martyrs Abdon et Sennen, nos justes désirs soient comblés.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Troisième leçon. Sous l’empire de Dèce, Abdon et Sennen, Perses de nationalité, furent accusés d’ensevelir dans leurs propriétés les corps des Chrétiens qu’on laissait sans inhumation. L’empereur les ayant fait arrêter, on voulut qu’ils sacrifiassent aux dieux ; mais ils s’y refusèrent, proclamant d’une manière très énergique la divinité de Jésus-Christ. Ils eurent à supporter une étroite détention, et lorsque Dèce revint à Rome, il les fit marcher, chargés de chaînes, devant son char de triomphe. Entraînés à travers la ville devant les statues des dieux, ils crachèrent sur ces idoles, en signe d’exécration, ce qui leur valut d’être exposés aux ours et aux lions, mais ces bêtes féroces n’osèrent pas les toucher. Enfin après les avoir immolés par le glaive, on leur lia les pieds et on traîna leurs corps devant l’idole du soleil, mais ils furent secrètement enlevés de ce lieu, pour être ensevelis par les soins et dans la maison du Diacre Quirinus.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Dans les décrets de l’éternelle Sagesse, la noble contrée située au delà du Tigre ne doit ouvrir qu’après l’Occident ses arènes aux combats du martyre. Là aussi, à l’heure dite, Jésus aura par milliers ses témoins, nullement inférieurs à leurs devanciers, étonnant par de nouvelles formes d’héroïsme la terre et les cieux. Mais voici qu’impatients du délai, deux nobles Persans trouvent le secret de ravir la palme aujourd’hui même. C’est Rome qui, plus véritablement qu’elle ne le croit, les immole à son éternité. Après avoir soldé pour leur lointain pays à la ville reine le tribut de leur sang, ils protégeront nos Églises latines et seront propices aux vœux qui monteront vers eux de la terre d’Occident. La France ne sera pas la moins bien partagée dans la distribution de leurs reliques saintes ; et la ville d’Arles-sur-Tech, en Roussillon, gardera jusque sous les yeux de la génération incroyante des derniers temps le sarcophage à la source jamais tarie d’où leurs bienfaits s’écoulent avec l’eau mystérieuse.

Écoutez ceux qui vous implorent, ô Martyrs ! Puisse la foi triompher un jour en ces régions de la Perse, qui jadis virent éclore tant de fleurs empourprées ornant maintenant les parterres du ciel. Pour vous, prévenant les temps marqués pour la lutte à votre terre natale, vous sûtes rencontrer ailleurs l’occasion du combat, et vous créer dans la mort une patrie nouvelle à laquelle s’est dévouée votre âme. Bénissez en nous les concitoyens de votre libre choix, et faites-nous parvenir à l’éternelle et commune patrie des enfants de Dieu ?

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Saints Abdon et Sennen, martyrs.
Station dans le cimetière de Pontien « ad ursum pileatum ».

Aujourd’hui le Calendrier Philocalien porte cette note stationnale : 177 Kal. Aug. Abdos et Semnes in Pontiani, quod est ad ursum pileatum.

Les Actes des deux martyrs ont subi de telles interpolations de faits légendaires qu’ils n’inspirent pas confiance. Cependant les antiques monuments du cimetière de Pontien y suppléent ; là, en effet, dans la crypte sépulcrale d’Abdon et Sennen, nous voyons encore représentés ces martyrs dans leurs habits persans, recevant les couronnes du Sauveur.

Au VIIe siècle, leurs reliques furent transportées du souterrain dans une basilique supérieure. Cependant l’hypogée où était le tombeau primitif demeura toujours en grande vénération ; on y creusa même un baptistère où l’on voit peinte la croix gemmée sortant des eaux. Plus tard, Grégoire IV (826) transféra les corps des saints Abdon et Sennen dans le titulus Marci.

La Messe est du Commun sauf les pièces suivantes :

Prière. — « O Dieu, qui avez répandu sur les saints Abdon et Sennen une grâce si abondante qu’ils arrivèrent à la gloire du martyre ; accordez à vos fidèles le pardon de leurs fautes, afin que par les mérites de vos saints ils échappent à tout péril ». Aux yeux de la chair et du monde, les adversités représentent des maux et des châtiments qu’on subit mais qu’on n’aime pas. Aux yeux de la foi, au contraire, les croix et le martyre lui-même sont des grâces précieuses que Dieu réserve à ses plus intimes amis.

La première lecture (II Cor., VI, 4-10) est tirée de la péricope déjà assignée au premier dimanche de Carême, et où l’Apôtre trace, en couleurs vigoureuses, un tableau des vertus qui font partie à ses yeux de missionnaire, de l’idéal du digne ministre du Christ : travaux, privations, peines, munificence, douceur à l’égard du prochain sans en attendre aucune reconnaissance, et sans même trop s’étonner si aujourd’hui on est en renom chez les peuples et si demain on est couvert d’injures. A l’Apôtre, le Christ seul suffit.

Le verset alléluiatique est le suivant : « Alléluia (Sap., III, i). La vie des justes est dans la main de Dieu, et les cruels persécuteurs ne peuvent y attenter ». Cette pensée doit nous inspirer une grande paix dans les persécutions contre la foi. Les impies ne peuvent faire contre l’Église plus que Dieu ne le leur permet ; et même en ce cas, ils sont simplement comme la cognée entre les mains du Père céleste, avec laquelle il émonde l’arbre pour qu’il porte un fruit plus abondant.

La première lecture évangélique assignée en ce jour dans le Lectionnaire de Würzbourg (Matth. XXIV, 4-13) : Videte ne quis vos seducat, se trouve dans le Missel le 15 février. La seconde — Item alia — servait probablement de texte de rechange, et c’est celle qui est communément indiquée pour la messe vigiliale des Apôtres. Au lieu des deux précédentes, le Missel aujourd’hui en indique une troisième (Matth. V, 1-12) qui jadis était également assignée, le 10 juillet, à la fête des sept Frères martyrs. On la retrouve aussi le Ier novembre. Il s’agit du Sermon sur la Montagne et des béatitudes entendues non dans le sens où les veut le monde, qui, dans son évangile, proclame bienheureux celui qui est riche, celui qui jouit, celui qui est très puissant ; mais au sens chrétien, qui considère la douleur, le travail, le fait de souffrir persécution pour la vertu, de refréner la colère et les passions, comme un moyen efficace pour acquérir la vie éternelle.

Sur les oblations. — « Que le sacrifice que nous vous offrons, Seigneur, à l’occasion du natale de vos martyrs, brise les liens de nos fautes et nous obtienne la grâce de votre miséricorde ». Le Sacramentaire Gélasien porte la collecte suivante : Munera tibi, Domine, pro sanctorum martyrum Abdo et Senis occisione deferimus ; qui dum finiuntur in terris, facti sunt cælesti luce perpetui [1]. Un juste jugement menace l’impie. Il brise le joug suave du Seigneur pour revendiquer son autonomie et sa liberté, et au contraire, il se constitue esclave du démon et de sa passion elle-même. Omnis qui facit peccatum,servus est peccati [2]. Il n’est aucune servitude plus dure et plus honteuse que d’être esclave de soi-même.

Aujourd’hui le Sacramentaire Grégorien a une préface propre : Vere dignum... Deus : et te laudare mirabilem Dominum in Sanctis tuis, quos ante constitutionem mundi in æternam tibi gloriam præparasti, ut per eos huic mundo veritatis tuæ lumen ostenderes ; quos ita Spiritu veritatis armasti, ut formidinem mortis per infirmitatem carnis evincerent. De quorum collegio sunt martyres tui Abdon, et Sennes, qui in Ecclesiæ tuæ prato sicut rosæ et lilia floruerunt ; quos Unigeniti tui Sanguis in prælio confessionis, roseo colore perfudit, et ob præmium passionis, niveo liliorum splendore vestivit. Per quem maiestatem tuatn etc [3].

Après la Communion. — « Que ce divin Mystère, Seigneur, nous purifie de nos vices, en sorte que nos vœux, accompagnés de la médiation de vos martyrs Abdon et Sennen, méritent d’être accueillis ». Le Sacramentaire Gélasien contient cette autre collecte : Populum tuum, Domine, perpetua munitione defende, nec difficulter quod pie, quod iuste postulat consequatur, cui Sanctorum tuorum merita suffragantur [4].

Nous demandons souvent des grâces au Seigneur ; mais parfois l’obscurcissement dû à nos passions nous empêche de voir juste, et nos désirs sont désordonnés. — Nescitis quid petatis [5]. — L’Église veut donc aujourd’hui nous enseigner une méthode merveilleuse de prière. Il faut d’abord purifier notre cœur, pour obtenir le sens de Dieu ; nous pourrons ensuite demander avec une pleine confiance, mais à cette condition : quæ tibi sunt placita postulare [6], comme nous le disons dans une collecte [7], suppliant au besoin les saints d’intercéder pour nous.

Comme les Actes des saints Abdon et Sennen rapportent que les cadavres de ces princes persans furent jetés ante simulacrum Solis, on construisit une église en leur honneur à cet endroit, c’est-à-dire en face de l’amphithéâtre Flavien, près du piédestal du colosse de Néron. Cette église, érigée au moyen âge, était encore debout au temps de saint Pie V.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice.

1. Saint Abdon et saint Sennen. — Jour de mort : 30 juillet, vers 250. Tombeau : à Rome, dans le cimetière de Saint-Pontien. Au VIIe siècle, leurs reliques furent déposées dans l’église supérieure. Grégoire IV transporta leurs corps, en 826, à Saint-Marc. Leur vie : Abdon et Sennen étaient Persans. Sous l’empereur Dèce, accusés d’ensevelir les corps des chrétiens abandonnés à la voirie, ils furent mis aux fers sur un ordre de ce tyran. Comme ils refusaient obstinément d’offrir l’encens aux idoles et proclamaient Jésus leur Seigneur et Dieu, on les jeta dans une étroite captivité. Plus tard, lorsque Dèce revint à Rome, on les fit paraître, chargés de chaînes, à son triomphe. Conduits de force à travers la ville devant les statues des dieux, ils crachèrent sur ces idoles ; ce qui leur valut d’être exposés aux ours et aux lions, mais ces bêtes féroces n’osèrent pas les toucher. Ils furent enfin frappés du glaive ; on leur lia alors les pieds, et on traîna leurs corps devant l’idole du soleil. Les chrétiens les emportèrent secrètement, et le diacre Quirinus les ensevelit dans sa maison, au cimetière de Saint-Pontien. On conserve encore en cet endroit une antique peinture murale qui représente les deux martyrs, en leurs costumes persans, au moment où ils reçoivent du Seigneur la couronne de la victoire.

Pratique : « Ensevelir les morts », c’est pour avoir pratiqué cette œuvre de miséricorde temporelle que saint Abdon et saint Sennen rendirent au Christ le suprême témoignage de leur sang. Ils ensevelissaient les martyrs, et, martyrs à leur tour, ils furent également ensevelis par des mains charitables. Ceci nous rappelle le respect qu’il faut avoir pour la liturgie des morts.

2. La Messe (Intret). — Elle est en partie extraite du Commun des martyrs. Les lectures et les oraisons sont propres. Nous trouvons aujourd’hui un bel exemple du caractère dramatique de la célébration de la messe dans les temps anciens. C’est un spectacle composé de quatre scènes distinctes où interviennent, tour à tour, les saints martyrs, le Christ, le chœur (nous-mêmes) et l’Église.

Transportons-nous par la pensée au tombeau de nos martyrs. Au cours de la vigile nocturne, nous avons entendu la lecture des actes des martyrs ; c’est maintenant l’heure de la messe. Les saints sont présents à nos côtés. Le chœur exprime les sentiments qu’il éprouve au cours de l’action. Sentiments humains au début. Nous entendons, rendus avec un grand réalisme, les soupirs des victimes enchaînées, dans les affres de leur prison, nous voyons comment va bientôt couler leur sang. La nature se révolte, elle réclame justice.

C’est maintenant l’Église qui parle pour revendiquer les intérêts de ses enfants ; les martyrs ont acquis de grands mérites qui doivent obtenir aux fidèles le pardon de leurs fautes (Oraison).

Les martyrs eux-mêmes interviennent alors (à l’Épître, comme assez souvent) ; ils nous encouragent par le récit de leur vie : « Frères, montrons-nous dignes ministres de Dieu par une grande constance dans les tribulations, dans les nécessités, dans les angoisses, sous les coups, dans les prisons... » Les saints peuvent prendre ce passage à la lettre, et ils nous exhortent à une sorte de martyre selon nos diverses conditions : « dans les émeutes, dans les travaux, les veilles, les jeûnes ; par la pureté, par la longanimité, par la bonté... » Qui que nous soyons, riches ou pauvres, estimés ou méprisés, servons le Seigneur ! De nouveau, les martyrs nous disent ce qu’ils furent pendant leur vie : nous sommes « considérés comme des imposteurs, et pourtant nous sommes véridiques... comme des mourants, et pourtant nous vivons : comme des pauvres, nous qui en enrichissons un grand nombre ; comme des gens dénués, nous qui possédons tout ». Cette Épître dans la bouche de nos saints est singulièrement touchante et saisissante.

A l’entendre, nous (le chœur), nous nous faisons une idée nouvelle du martyre : « Dieu est glorifié dans ses saints, admirable dans sa majesté... » (Graduel).

Voici enfin apparaître le Christ, Roi des martyrs. Nous l’entendons proférer les béatitudes : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. Bienheureux êtes-vous lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Évangile).

Le chœur ne sait plus dire autre chose que ces mots : « Dieu est admirable dans ses saints » (Offertoire). Le Sacrifice peut maintenant commencer, le sacrifice du Christ sur le tombeau des martyrs, double sacrifice bien que ne faisant qu’un dans cette union de la tête et des membres. Notre mère l’Église supplie de nouveau que les liens des martyrs nous délivrent des liens du péché.

[1] Seigneur, nous vous présentons nos dons en l’honneur de la passion des saint martyrs Abdon et Sennen : qui, pendant qu’ils terminaient le cours de leur vie sur la terre, sont devenus éternels par la lumière céleste.

[2] Ioan., VIII, 34 : Quiconque commet le péché est esclave du péché.

[3] Et nous vous louons, Seigneur, dans vos Saints, que vous avez préparé pour vous dans la gloire éternelle avant la constitution du monde, pour montrer par eux à ce monde la lumière de votre vérité ; Et ainsi vous les avez armés de l’Esprit de vérité, pour qu’ils puissent vaincre la crainte de la mort par la faiblesse de leur chair. Et de ce collège font partie vos martyrs Abdon et Sennen, qui ont fleuri dans le prés de votre Église comme les roses et les lys ; Et le Sang de votre Fils unique, dans le combat de la confession de la foi, les a aspergés de rouge, et par la récompense de la passion, les a vêtus de la splendeur de neige des lys.

[4] Seigneur, défendez d’un secours éternel votre peuple, qu’il obtienne facilement ce qu’il demande pieusement et justement, puisqu’il est soutenu des mérites de vos Saints.

[5] Matth. 20, 22 ; Marc. 10, 38 : Vous ne savez pas ce que vous demandez.

[6] Demander ce qui vous plaît.

[7] 9ème dimanche après la Pentecôte : collecte : Mercredi de la 4ème semaine de Carême, Super populum.