Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Dans le Missel romain, on peut reconnaître comme des stratifications successives. Alors qu’il y avait à Rome deux ‘stations’ en ce jour, l’une en l’honneur de St Félix II, pape, et l’autre en l’honneur des Sts Simplice, Faustin et Béatrice, martyrs (l’antiphonaire grégorien contient aujourd’hui deux messes distinctes), la dévotion populaire a amené ce jour à être consacré à Ste Marthe, comme un jour octave de la fête de sa sœur, Marie-Madeleine.
La fête de Ste Marthe apparaît dans le calendrier franciscain en 1263 (réforme de St Bonaventure) au jour octave de Ste Marie-Madeleine. Elle se retrouve dans le Missel de la Chapelle papale d’Avignon et connaît un certain essor aux XIVe et XVe siècles grâces aux récits provençaux. D’abord au rang de fête simple, elle fut élevée comme semidouble par St Pie V.
N’oublions pas qu’à chaque messe d’obsèques, c’est Ste Marthe qui professe la divinité de Notre-Seigneur : « Je crois que tu es la Messie, le Fils du Dieu vivant, celui qui doit venir dans le monde » [1], tandis que le Dies Iræ nous rappelle la miséricorde du Seigneur pour sa sœur : ‘Qui Maríam absolvísti’ [2].
Ant. ad Introitum. Ps. 44, 8. | Introït |
Dilexísti iustítiam, et odísti iniquitátem : proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiae præ consórtibus tuis. | Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, votre Dieu vous a oint d’une huile d’allégresse d’une manière plus excellente que toutes vos compagnes. |
Ps. Ibid., 2. | |
Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi. | De mon cœur a jailli une excellente parole ; c’est que j’adresse mes œuvres à un roi. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Exáudi nos, Deus, salutáris noster : ut, sicut de beátæ Marthæ Vírginis tuæ festivitáte gaudémus ; ita piæ devotiónis erudiámur affectu. Per Dóminum. | Exaucez-nous, ô Dieu notre salut : et comme nous trouvons un sujet de joie dans la fête de la bienheureuse Marthe, votre Vierge : faites que nous goûtions les enseignements et la ferveur d’une pieuse dévotion. |
Et fit commemoratio Ss. Felicis II Papae, Simplicis, Faustini et Beatricis Mm. : | Et on fait mémoire de St Félix, Pape, et des Sts Simplice, Faustin et Béatrice, Martyrs : |
Oratio. | Collecte |
Præsta, quǽsumus, Dómine : ut, sicut pópulus christiánus Mártyrum tuórum Felícis, Simplícii, Faustíni et Beatrícis temporáli sollemnitáte congáudet, ita perfruátur ætérna ; et, quod votis célebrat, comprehéndat efféctu. Per Dóminum. | Faites, nous vous en prions, Seigneur, que comme le peuple chrétien célèbre avec joie dans le temps la solennité de vos saints Martyrs Félix, Simplice, Faustin et Béatrice : ainsi qu’il partage dans l’éternité la joie de leur triomphe ; et, ce qu’il prévient de ses vœux, qu’il l’obtienne un jour en réalité. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios. | Lecture de l’Épître de saint Paul Apôtre aux Corinthiens. |
2. Cor. 10, 17-18 ; 11, 1-2. | |
Fratres : Qui gloriátur, in Dómino gloriétur. Non enim, qui seípsum comméndat, ille probátus est ; sed quem Deus comméndat. Utinam sustinerétis módicum quid insipiéntiæ meæ, sed et supportáte me : .mulor enim vos Dei æmulatióne. Despóndi enim vos uni viro vírginem castam exhibére Christo. | Mes frères : que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur. Car ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que Dieu recommande. Ah ! Si vous pouviez supporter de ma part un peu de folie ! Eh bien, supportez-moi. Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu ; en effet, je vous ai fiancés à un unique époux, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. |
Graduale. Ps. 44, 5. | Graduel |
Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et regna. | Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez. |
V/. Propter veritátem et mansuetúdinem et iustítiam : et dedúcet te mirabíliter déxtera tua. | V/. Pour la vérité, la douceur et la justice ; et votre droite vous conduira merveilleusement. |
Allelúia, allelúia. V/. Ibid., 15 et 16. Adducéntur Regi Vírgines post eam : próximæ eius afferéntur tibi in lætítia. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Des vierges seront amenées au roi après vous ; vos compagnes seront présentées au milieu de la joie et de l’allégresse. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Suite du Saint Évangile selon saint Luc. |
Luc. 10, 38-42. | |
In illo témpore : Intrávit Iesus in quoddam castéllum : et múlier quædam, Martha nómine, excépit illum in domum suam : et huic erat soror nómine María, quæ étiam sedens secus pedes Dómini, audiébat verbum illíus. Martha autem satagébat circa frequens ministérium : quæ stetit et ait : Dómine, non est tibi curæ, quod soror mea réliquit me solam ministráre ? dic ergo illi, ut me ádiuvet. Et respóndens, dixit illi Dóminus : Martha, Martha, sollícita es et turbáris erga plúrima : porro unum est necessárium. María óptimam partem elégit, quæ non auferétur ab ea. | En ce temps-là : Jésus entra dans un certain bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une sœur, appelée Marie, qui, s’étant même assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, qui était occupée par maint service, se présenta, disant : "Seigneur, vous n’avez cure que ma sœur me laissait seule faire le service ? Dites-lui donc de m’aider." Le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous agitez pour beaucoup de choses ! Or il n’est besoin que de peu de choses ou d’une seule. Marie en effet a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée." |
Ant. ad Offertorium. Ps. 44, 10. | Offertoire |
Fíliæ regum in honóre tuo, ástitit regína a dextris tuis in vestítu deauráto, circúmdata varietate. | Les filles des rois sont dans votre gloire ; la reine se tient à votre droite en vêtements tissés d’or, couverte de broderies. |
Secreta | Secrète |
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum. | Qu’elle soit agréée de vous, Seigneur, l’offrande faite par votre peuple saint en l’honneur de vos Saintes par les mérites desquelles il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation. |
Pro Ss. Martyribus | Pour les Sts Martyrs |
Secreta | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, pro sanctórum Mártyrum tuórum Felícis, Simplícii, Faustíni et Beatrícis commemoratióne deférimus : supplíciter deprecántes ; ut indulgéntiam nobis páriter cónferant et salútem. Per Dóminum nostrum. | Nous vous présentons, Seigneur, ces hosties en mémoire de vos saints Martyrs Félix, Simplice, Faustin et Béatrice : en vous priant humblement qu’elles nous obtiennent à la fois le pardon et le salut. |
Ant. ad Communionem. Matth. 25, 4 et 6. | Communion |
Quinque prudéntes vírgines accepérunt óleum in vasis suis cum lampádibus : média autem nocte clamor factus est : Ecce, sponsus venit : exite óbviam Christo Dómino. | Cinq vierges sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes ; mais au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux qui vient ; allez au-devant du Christ votre Seigneur. |
Postcommunio | Postcommunion |
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum. | Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours, s’il vous plaît, grâce à l’intervention de la sainte dont nous célébrons la fête. |
Pro Ss. Martyribus | Pour les Sts Martyrs |
Postcommunio | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut sanctórum Martyrum tuórum Felícis, Simplícii, Faustíni et Beatrícis cæléstibus mýsteriis celebráta sollémnitas, indulgéntiam nobis tuæ propitiatiónis acquírat. Per Dóminum. | Faites, nous vous en prions, Seigneur : que la solennité de vos saints Martyrs Félix, Simplice, Faustin et Béatrice, célébrée par vos célestes mystères nous mérite l’indulgence de votre miséricorde. |
Leçons des Matines avant 1960.
Au deuxième nocturne.
Quatrième leçon. Marthe, issue de parents nobles et riches, est célèbre par l’hospitalité qu’elle donna au Seigneur. Après l’ascension de Jésus dans les cieux, les Juifs s’emparèrent d’elle, de son frère, de sa sœur, de Marcelle leur servante et de beaucoup d’autres Chrétiens, parmi lesquels Maximin, l’un des soixante-douze disciples, qui avait baptisé toute cette famille. Marthe fut embarquée sur un vaisseau sans voiles ni rames, et exposée à un naufrage certain sur l’immensité de la mer ; mais la main de Dieu dirigea le navire, qui les conduisit tous sains et saufs à Marseille.
Cinquième leçon. Leur prédication, jointe à ce miracle, convertit à Jésus-Christ les habitants de cette ville, puis ceux d’Aix et les populations voisines. Lazare fut créé Évêque de Marseille, et Maximin, Évêque d’Aix. Madeleine, qui avait eu coutume de se tenir aux pieds du Seigneur et d’écouter sa parole, alla s’enfermer dans une vaste caverne sur une haute montagne, afin de jouir de la meilleure part qu’elle s’était réservée, à savoir la contemplation du bonheur céleste ; elle y vécut trente ans, privée de tout rapport avec les hommes, et chaque jour les Anges relevaient dans les airs pour qu’elle entendît les louanges des esprits célestes.
Sixième leçon. Pour ce qui est de Marthe, dont l’éminente sainteté de vie et la charité provoquèrent l’amour et l’admiration de tous les Marseillais, elle se retira avec quelques femmes d’une haute vertu dans un lieu solitaire ; elle y vécut de longues années avec une grande réputation de piété et de prudence. Enfin, après s’être illustrée par des miracles et avoir prédit longtemps à l’avance le jour de sa mort, elle s’en alla vers le Seigneur, le quatrième jour des calendes d’août. A Tarascon on entoure son corps d’une grande vénération.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 10, 38-42.
En ce temps-là : Jésus entra dans un village, et une femme nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Et le reste.
Homélie de saint Augustin, Évêque. Sermo 26 de verbis Domini
Septième leçon. Les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ qu’on vient de lire dans l’Évangile, nous rappellent qu’il est une seule chose à laquelle nous devons tendre, au milieu des soins multiples de ce monde. Or, nous y tendons comme étrangers et non comme citoyens ; comme étant sur la route et non dans la patrie ; comme aspirants et non comme possesseurs. Tendons-y néanmoins, et tendons-y sans paresse et sans relâche, afin de pouvoir y arriver un jour. Marthe et Marie étaient deux sœurs, sœurs non seulement par la chair, mais par la religion ; toutes deux s’attachèrent au Seigneur ; toutes deux d’un commun accord, servirent le Seigneur pendant les jours de sa vie mortelle.
Huitième leçon. Marthe le reçut comme on reçoit un hôte, mais c’était néanmoins la servante qui recevait son Seigneur, une malade qui recevait son Sauveur, la créature qui recevait son Créateur. Elle le reçut pour lui donner la nourriture du corps, et pour recevoir de lui la nourriture de l’âme. Car le Seigneur a voulu prendre la forme d’esclave, et, dans cette forme d’esclave, être nourri par ses serviteurs, et cela par bonté, non par nécessité. Ce fut en effet de sa part une bonté que de se laisser nourrir. Sans doute, il avait une chair sujette à la faim et à la soif ; mais ignorez-vous que des Anges lui apportèrent à manger, quand il eut faim au désert ? Si donc il a voulu être nourri, ç’a été dans l’intérêt de quiconque le nourrissait. Et quoi d’étonnant, puisqu’il a fait ainsi du bien à une veuve, en nourrissant par elle le saint Prophète Élie, qu’il avait nourri auparavant par le ministère d’un corbeau ? Est-ce qu’il est impuissant à nourrir le Prophète, pour l’envoyer à cette veuve ? Nullement, mais il se proposait de bénir la pieuse veuve, en raison du service rendu à son serviteur.
Neuvième leçon. C’est donc ainsi que le Seigneur fut reçu en qualité d’hôte ; « lui qui est venu chez lui, et les siens ne l’ont point reçu, mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu » [3], adoptant des esclaves et les prenant pour enfants, rachetant des captifs et les faisant ses cohéritiers. Qu’il n’arrive cependant à aucun de vous de dire : ô bienheureux ceux qui ont eu l’honneur de recevoir le Christ dans leur propre maison ! Garde-toi de te plaindre et de murmurer de ce que tu es né à une époque où tu ne vois plus le Seigneur en sa chair. Il ne t’a point privé de cette faveur. « Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces plus petits d’entre mes frères, dit-il, c’est à moi que vous l’avez fait » [4]. En voilà assez sur la nourriture corporelle à offrir au Seigneur. Quant à la nourriture spirituelle qu’il nous donne, nous en dirons quelques mots à l’occasion.
Madeleine, cette fois, avait été la première au-devant du Seigneur. Huit jours à peine étaient écoulés depuis son glorieux passage, que rendant à sa sœur le bon office qu’elle en reçut autrefois [5], elle venait lui dire à son tour : « Le bien-aimé est là, et il t’appelle ». Et Jésus, prenant les devants, paraissait lui-même : « Viens, disait-il, « mon hôtesse ; viens de l’exil, tu seras couronnée » [6]. Hôtesse du Seigneur, tel sera donc au ciel comme ici-bas le nom de Marthe et son titre de noblesse éternel.
« En quelque ville ou village que vous entriez, disait l’Homme-Dieu à ses disciples, informez-vous qui en est digne, et demeurez chez lui » [7]. Or, raconte saint Luc, il arriva que comme ils marchaient, lui-même entra en un certain village, et une femme nommée Marthe le reçut dans sa maison [8], Où chercher plus bel éloge, où trouver plus sûre louange de la sœur de Madeleine, que dans le rapprochement de ces deux textes du saint Évangile ?
Ce certain lieu où elle fut, comme en étant digne, élue par Jésus pour lui donner asile, ce village, dit saint Bernard [9], est notre humble terre, perdue comme une bourgade obscure dans l’immensité des possessions du Seigneur [10]. Le Fils de Dieu, parti des cieux, faisait route à la recherche de la brebis perdue, guidé par l’amour [11]. Sous le déguisement de notre chair de péché [12], il était venu dans ce monde qui était son œuvre, et le monde ne l’avait point connu [13] ; Israël, son peuple, n’avait pas eu pour lui, même une pierre où il pût reposer sa tête [14], et l’avait laissé dans sa soif mendier l’eau des Samaritains [15]. Nous, ses rachetés de la gentilité, qu’à travers reniements et fatigues il poursuivait ainsi, n’est-il pas vrai que sa gratitude doit être aussi la nôtre pour celle qui, bravant l’impopularité du moment, la persécution de l’avenir, voulut solder envers lui notre dette à tous ?
Gloire donc à la fille de Sion, descendante des rois, qui, fidèle aux traditions d’hospitalité des patriarches ses premiers pères, fut bénie plus qu’eux dans l’exercice de cette noble vertu ! Plus ou moins obscurément encore, ils savaient pourtant, ces ancêtres de notre foi, que le désiré d’Israël et l’attente des nations devait paraître en voyageur et en étranger sur la terre [16]. Aussi, eux-mêmes pèlerins d’une patrie meilleure, sans demeure fixe [17], ils honoraient le Sauveur futur en tout inconnu se présentant sous leur tente [18] ; comme nous leurs fils dans la foi des mêmes promesses, accomplies maintenant, vénérons le Christ dans l’hôte que sa bonté nous envoie [19]. Pour eux comme pour nous, cette relation qui leur était montrée entre Celui qui devait venir et l’étranger cherchant un asile, faisait de l’hospitalité, fille du ciel, une des plus augustes suivantes de la divine charité. Plus d’une fois, la visite d’Anges se prêtant sous des traits humains aux bons offices de leur zèle, manifesta en effet la complaisance qu’y prenaient les cieux [20]. Mais s’il convient d’estimer à leur prix ces célestes prévenances dont notre terre n’était point digne, combien pourtant s’élève plus haut le privilège de Marthe, vraie dame et princesse de la sainte hospitalité, depuis qu’elle en a placé l’étendard au sommet vers lequel convergèrent tous les siècles de l’attente et ceux qui suivirent !
S’il fut grand d’honorer le Christ, avant sa venue, dans ceux qui de près ou de loin étaient ses figures ; si Jésus promet l’éternelle récompense à quiconque, depuis qu’il n’est plus avec nous [21], l’abrite et le sert en ses membres mystiques : celle-là est plus grande et mérita plus, qui reçut en personne Celui dont le simple souvenir ou la pensée donne à la vertu dans tous les temps mérite et grandeur. Et de même que Jean l’emporte sur tous les Prophètes [22], pour avoir montré présent le Messie qu’ils annonçaient à distance ; ainsi le privilège de Marthe, tirant son excellence de la propre et directe excellence du Verbe de Dieu qu’elle secourut dans la chair même qu’il avait prise pour nous sauver, établit la sœur de Madeleine au-dessus de tous ceux qui pratiquèrent jamais les œuvres de miséricorde.
Si donc Madeleine aux pieds du Seigneur garde pour elle la meilleure part [23], ne croyons pas que celle de Marthe doive être méprisée. Le corps est un, mais il a plusieurs membres, et tous ces membres n’ont pas le même rôle ; ainsi l’emploi de chacun dans le Christ est différent selon la grâce qu’il a reçue, soit pour prophétiser, soit pour servir [24]. Et l’Apôtre, exposant cette diversité de l’appel divin : « Par la grâce qui m’a été donnée, disait-il, je recommande à tous ceux qui sont parmi vous de ne point être sage plus qu’il ne convient d’être sage, mais de se tenir à la mesure du don que Dieu départit à chacun dans la foi » [25]. O discrétion, gardienne de la doctrine autant que mère des vertus [26], que de pertes dans les âmes, que de naufrages parfois, vous feriez éviter !
« Quiconque, dit saint Grégoire avec son sens si juste toujours, quiconque s’est donné entièrement à Dieu, doit avoir soin de ne pas se répandre seulement dans les œuvres, et tendre aussi aux sommets de la contemplation. Cependant il importe extrêmement ici de savoir qu’il y a une grande variété de tempéraments spirituels. Tel qui pouvait vaquer paisible à la contemplation de Dieu, tombera écrasé sous les œuvres ; tel que l’usuelle occupation des humains eût gardé dans une vie honnête, se blesse mortellement au glaive d’une contemplation qui dépasse ses forces : ou faute de l’amour qui empêche le repos de tourner en torpeur, ou faute de la crainte qui garde des illusions de l’orgueil et des sens. L’homme qui désire être parfait doit à cause de cela s’exercer dans la plaine d’abord, à la pratique des vertus, pour monter plus sûrement aux hauteurs, laissant en bas toute impulsion des sens qui ne peuvent qu’égarer les recherches de l’esprit, toute image dont les contours ne sauraient s’adapter à la lumière sans contours qu’il désire voir. A l’action donc le premier temps, à la contemplation le dernier. L’Évangile loue Marie, mais Marthe n’y est point blâmée, parce que grands sont les mérites de la vie active, quoique meilleurs ceux de la contemplation » [27].
Et si nous voulons pénétrer plus avant le mystère des deux sœurs, observons que, bien que Marie soit la préférée, ce n’est pourtant point dans sa maison, ni dans celle de Lazare leur frère, mais dans la maison de Marthe, que l’Homme-Dieu nous est montré faisant séjour ici-bas avec ceux qu’il aime. Jésus, dit saint Jean, aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare [28] : Lazare, figure des pénitents que sa miséricordieuse toute-puissance appelle chaque jour de la mort du péché à la vie divine ; Marie, s’adonnant dès ce monde aux mœurs de l’éternité ; Marthe enfin, nommée ici la première comme l’aînée de son frère et de sa sœur, la première en date mystiquement selon ce que disait saint Grégoire, mais aussi comme celle de qui l’un et l’autre dépendent en cette demeure dont l’administration est remise à ses soins. Qui ne reconnaîtrait là le type parfait de l’Église, où, dans le dévouement d’un fraternel amour sous l’œil du Père qui est aux cieux, le ministère actif tient la préséance de gouvernement sur tous ceux que la grâce amène à Jésus ? Qui ne comprendrait aussi les préférences du Fils de Dieu pour cette maison bénie ? L’hospitalité qu’il y recevait, toute dévouée qu’elle fût, le reposait moins de sa route laborieuse que la vue si achevée déjà des traits de cette Église qui l’avait attiré du ciel en terre.
Marthe par avance avait donc compris que quiconque a la primauté doit être le serviteur : comme le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir [29] ; comme plus tard le Vicaire de Jésus, le prince des prélats de la sainte Église, s’appellera Serviteur des serviteurs de Dieu. Mais en servant Jésus, comme elle servait avec lui et pour lui son frère et sa sœur, qui pourrait douter que plus que personne elle entrait en part des promesses de cet Homme-Dieu, lorsqu’il disait : « Qui me sert me suit ; et où je serai, là aussi sera mon serviteur ; et mon Père l’honorera » [30]. Et cette règle si belle de l’hospitalité antique, qui créait entre l’hôte et l’étranger admis une fois à son foyer des liens égaux à ceux du sang, croyons-nous que dans la circonstance l’Emmanuel ait pu n’en pas tenir compte, lorsqu’au contraire son Évangéliste nous dit qu’« à tous ceux qui le reçurent il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu » [31]. C’est qu’en effet « quiconque le reçoit, déclare-t-il lui-même, ne reçoit pas lui seulement, mais le Père qui l’envoie » [32].
La paix promise à toute maison qui se montrerait digne de recevoir les envoyés du ciel [33], la paix qui ne va point sans l’Esprit d’adoption des enfants [34], s’était reposée sur Marthe avec une incomparable abondance. L’exubérance trop humaine qui d’abord s’était laissée voir dans sa sollicitude empressée, avait été pour l’Homme-Dieu l’occasion de montrer sa divine jalousie pour la perfection de cette âme si dévouée et si pure [35]. Au contact sacré, la vive nature de l’hôtesse du Roi pacifique dépouilla ce qu’il lui restait de fébrile inquiétude ; et servante plus active que jamais, plus agréée qu’aucune autre [36], elle puisa dans sa foi ardente au Christ Fils du Dieu vivant [37] l’intelligence de l’unique nécessaire et de la meilleure part [38] qui devait un jour être aussi la sienne. Oh ! quel maître de la vie spirituelle, quel modèle ici Jésus n’est il pas de discrète fermeté, de patiente douceur, de sagesse du ciel dans la conduite des âmes aux sommets [39] !
Jusqu’à la fin de sa carrière mortelle, selon le conseil de stabilité que lui-même il donnait aux siens [40], l’Homme-Dieu resta fidèle à l’hospitalité de Béthanie : c’est de là qu’il partit pour sauver le monde en sa douloureuse Passion ; c’est de Béthanie encore que, quittant le monde, il voulut remonter dans les cieux [41]. Alors cette demeure, paradis de la terre, qui avait abrité Dieu, la divine Mère, le collège entier des Apôtres, parut bien vide à ceux qui l’habitaient. L’Église tout à l’heure nous dira par quelles voies, toutes d’amour pour nous Gentils, l’Esprit de la Pentecôte transporta dans la terre des Gaules la famille bénie des amis de l’Homme-Dieu.
Sur les rives du Rhône, Marthe restée la même apparut comme une mère, compatissant à toutes misères, s’épuisant en bienfaits Jamais sans pauvres, dit l’ancien historien des deux sœurs, elle les nourrissait avec une tendre sollicitude des mets que le ciel fournissait abondamment à sa charité, n’oubliant qu’elle-même, ne se réservant que des herbes ; et en mémoire du glorieux passé, comme elle avait servi le Chef de l’Église en sa propre personne, elle le servait maintenant dans ses membres, toujours aimable pour tous, affable à chacun. Cependant les pratiques d’une effrayante pénitence étaient ses délices. Mille fois martyre, de toutes les puissances de son âme Marthe la très sainte aspirait aux cieux. Son esprit, perdu en Dieu, s’absorbait dans la prière et y passait les nuits. Infatigablement prosternée, elle adorait régnant au ciel Celui qu’elle avait vu sans gloire en sa maison. Souvent aussi elle parcourait les villes et les bourgs, annonçant aux peuples le Christ Sauveur [42].
Avignon et d’autres villes de la province Viennoise l’eurent pour apôtre. Tarascon fut par elle délivré de l’ancien serpent [43], qui sous une forme monstrueuse perdait les corps comme au dedans il tyrannisait les âmes. Ce fut là qu’au milieu d’une communauté de vierges qu’elle avait fondée, elle entendit le Seigneur l’appeler en retour de son hospitalité d’autrefois à celle des cieux. C’est là qu’aujourd’hui encore elle repose, protégeant son peuple de Provence, accueillant en souvenir de Jésus l’étranger. La paix des bienheureux qui respire en sa noble image, pénètre le pèlerin admis à baiser ses pieds apostoliques ; et en remontant les degrés de la crypte sacrée pour reprendre sa route dans cette vallée d’exil, il garde, comme un parfum de la patrie, le souvenir de l’unique et touchante épitaphe : SOLLICITA NON TURBATUR ; zélée toujours, elle n’est plus troublée.
Entrée pour jamais comme Madeleine en possession de la meilleure part, votre place, ô Marthe, est belle dans les cieux. Car celui qui sert dignement s’acquiert un rang élevé, dit saint Paul, et sa confiance est grande à juste titre dans la foi du Christ Jésus [44] : le service que les diacres dont parlait l’Apôtre accomplissent pour l’Église, vous l’avez accompli pour son Chef et son Époux ; vous avez bien gouverné votre maison [45], qui était la figure de cette Église aimée du Fils de Dieu. Or, assure encore le Docteur des nations, « Dieu n’est point injuste, pour oublier vos œuvres et l’amour que vous avez témoigné pour son nom, vous qui avez servi les saints » [46]. Et le Saint des saints, devenu lui-même votre hôte et votre obligé, ne nous laisse-t-il pas déjà entrevoir assez vos grandeurs, lorsque parlant seulement du serviteur fidèle établi sur sa famille pour distribuer à chacun la nourriture au temps voulu, il s’écrie : « Heureux ce serviteur que le Maître, quand il viendra, trouvera agissant de la sorte ! en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens » [47]. O Marthe, l’Église tressaille en ce jour où le Seigneur vous trouva, sur notre terre des Gaules, continuant de l’accueillir en ces plus petits où il déclare que nous devons maintenant le chercher [48]. Il est donc venu le moment de la rencontre éternelle ! Assise désormais, dans la maison de cet hôte fidèle plus qu’aucun aux lois de l’hospitalité, vous le voyez faire de sa table votre table [49], et se ceignant à son tour, vous servir comme vous l’avez servi [50].
Du sein de votre repos, protégez ceux qui continuent de gérer les intérêts du Christ ici-bas, dans son corps mystique qui est toute l’Église, dans ses membres fatigués ou souffrants qui sont les pauvres et les affligés de toutes sortes. Multipliez et bénissez les œuvres de la sainte hospitalité ; que le vaste champ de la miséricorde et de la charité voie ses prodigieuses moissons s’accroître encore en nos jours. Puisse rien ne se perdre de l’activité si louable où se dépense le zèle de tant d’âmes généreuses ! et dans ce but, ô sœur de Madeleine, apprenez à tous, comme vous-même l’avez appris du Seigneur, à mettre au-dessus de tout l’unique nécessaire, à estimer à son prix la meilleure part [51]. Après la parole qui vous fut dite moins pour vous que pour tous, quiconque voudrait troubler Madeleine aux pieds de Jésus, ou l’empêcher de s’y rendre, verrait à bon droit le ciel froissé stériliser ses œuvres.
Dans le Missel romain on peut reconnaître comme des stratifications successives. D’abord un fond romain, de caractère exclusivement local, où ont place de préférence les martyrs des divers cimetières suburbains, avec des formulaires toujours différents, pleins d’enthousiasme, riches d’art et de sentiment. Viennent ensuite d’autres stratifications qui maintenant recouvrent presque le fond primitif ; elles sont constituées par les fêtes introduites après le XIIIe siècle et, même en faisant abstraction du côté littéraire des formules, on y chercherait en vain un concept unique, un système, un plan organisé.
Ce sont des fêtes simplement alignées, sans aucun lien entre elles, de saints détachés des calendriers locaux des diverses Églises du monde catholique, dont très souvent le culte a été répandu et popularisé par les diverses familles religieuses dont les membres exercent leur apostolat aujourd’hui dans tel diocèse, demain dans tel autre.
Le Missel romain a fini de la sorte par perdre son caractère propre ; mais il en est résulté un double avantage.
Une fois sorti de l’enceinte des murs de la Ville, le Sacramentaire de l’Église apostolique est devenu le livre liturgique du monde entier ; et pour mieux correspondre à cette nouvelle destination le calendrier, au lieu de représenter exclusivement les fastes sanglants de la capitale du catholicisme, a fait place à une représentation des principaux saints des divers diocèses.
Ces considérations expliquent comment la fête de sainte Marthe, hôtesse du Sauveur, prend aujourd’hui la place de la double station sur la voie Aurélia et sur la voie de Porto, en l’honneur des martyrs mentionnés tout à l’heure. Rome elle-même, où jadis ces saints étaient l’objet d’un culte si populaire, les a presque oubliés maintenant, si bien que la douce sœur de Lazare qui était aimée par le Sauveur d’une façon spéciale, — diligebat Iesus Martham [52] — jouit presque à elle seule de tous les honneurs de la fête de ce jour.
Le Martyrologe Hiéronymien assigne à la mémoire des Sorores Lazari le 19 janvier : Ierusolyma Marthæ et Mariæ sorores Lazari, jour où, à Rome, se célébrait un groupe de martyrs aux noms presque semblables : Maris et Marthe, parents d’Audifax et d’Abachum.
Le nom de Marthe apparaît au contraire dans le Martyrologe d’Usuard le 27 décembre, mais il est joint à celui de Lazare, et il y est dit qu’en leur honneur on construisit une basilique à Béthanie.
La localisation de l’activité apostolique de la famille de Béthanie en France est donc de beaucoup postérieure à cette tradition primitive.
Les Grecs comptent généralement Marie et Marthe parmi les Myrrhophores, et ils les réunissent en une seule solennité le second dimanche après Pâques.
La messe de sainte Marthe a été introduite très tardivement dans le Missel. A Rome, une église en l’honneur de la sœur de Lazare doit son origine à saint Ignace de Loyola qui érigea à côté un refuge pour les femmes perdues. En 1538 les serviteurs du palais pontifical s’unirent en confrérie et, avec la permission de Paul III, édifièrent eux aussi, derrière l’abside de Saint-Pierre, une église dédiée à sainte Marthe qui fut plusieurs fois par la suite restaurée par les Souverains Pontifes et détruite sous Pie XI.
La messe est du commun des Vierges (Dilexísti) ; la lecture évangélique tirée de saint Luc (X, 38-42), nous montre Marthe toute affairée pour accueillir avec honneur dans sa maison le Divin Sauveur. La sœur aînée de Lazare est anxieuse et se trouble au milieu des soins domestiques tandis que Marie, tranquille, se nourrit de la parole divine aux pieds de Jésus.
Le Sauveur reprend bien Marthe de cet excès de préoccupation, mais il ne blâme point son zèle, qui, d’ailleurs, venait de son caractère ardent.
Les voies par lesquelles le Seigneur conduit les âmes sont très diverses ; l’une pourra être plus parfaite que l’autre, mais chacune a la sienne propre par quoi elle doit se sanctifier. La grâce ne violente pas la nature, mais la perfectionne ; aussi, quoique saint Jean nous dise que Jésus aimait Lazare, Marie et Marthe, les deux sœurs conservent toujours dans l’Évangile leur caractère respectif. Marie a plus de sensibilité ; dès lors, si elle est ordinairement plus adonnée au recueillement, elle est aussi la femme aux initiatives hardies et géniales, aux attitudes plus courageuses. Dilexit multum, et comme il n’a pas de mesure, ainsi l’amour ne connaît-il pas de difficultés.
La vertu de Marthe est moins exceptionnelle et plus accessible. La sœur aînée de Lazare est une bonne ménagère, diligente, affectionnée et condescendante jusqu’à tolérer ce surplus de travail que lui vaut le caractère différent de Marie. Dans l’accomplissement de ses devoirs, elle regarde les choses surtout du côté pratique. Cependant le Sauveur l’aime beaucoup, parce que si Marie, insatiable, reçoit de lui l’aliment spirituel, Marthe, au contraire, est une tendre mère pour lui et pour ses disciples considérés, à Béthanie, comme faisant partie de la maison.
Donc malgré la différence de caractère de Marie, de Marthe et de Lazare, Jésus les aimait tendrement parce que — et cela est toujours essentiel dans l’Église en une si grande variété de vocations — il était sincèrement aimé par eux en retour.
Marthe, Marthe, tu t’inquiètes... Une seule chose est nécessaire.
1. Sainte Marthe. — Huit jours exactement après la fête de sainte Marie-Madeleine, l’Église célèbre celle de sa sœur moins connue, Marthe. A part les quelques mots que nous en disent les Évangiles, nous ne savons rien de certain sur elle. Une tradition veut qu’elle soit venue en Provence, en compagnie de saint Lazare, son frère, et de sainte Marie-Madeleine, sa sœur, et qu’elle ait délivré le pays d’un monstre qui y semait la terreur. Son tombeau serait à Tarascon. Contentons-nous de voir en elle la bonne maîtresse de maison, et de prêter sans cesse l’oreille, pendant notre vie, à la parole que lui adressa Jésus et qui nous rappelle si bien notre but suprême : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire ». Les deux sœurs nous représentent la religion sous ses deux aspects : la vie contemplative et la vie active. (La fête de sainte Marthe fut introduite assez tard dans le missel).
2. La Messe et la prière des Heures. — La messe est celle du commun des Vierges (Dilexísti), excepté l’Évangile, récit de la visite du Sauveur à Marthe et à Marie. — Voici le beau commentaire que nous en donne saint Augustin, à Matines : « Les paroles de Notre Seigneur que nous venons de lire dans l’Évangile nous rappellent qu’il est une chose à laquelle nous devons aspirer au milieu des soucis multiples de notre vie terrestre. Or, nous y tendons comme étrangers et non comme citoyens, comme des gens qui sont sur la route et non dans la patrie, par le désir, sans en jouir encore. Tendons-y cependant sans paresse et sans relâche afin de pouvoir y arriver véritablement un jour. Marthe et Marie étaient deux sœurs, sœurs non seulement selon la chair, mais selon l’Esprit. Toutes deux s’attachèrent au Seigneur ; toutes deux servirent le Seigneur, d’un commun accord pendant sa vie mortelle. Marthe le reçut comme on reçoit des hôtes ; c’était néanmoins la servante qui recevait son Seigneur, la malade qui recevait son Sauveur, la créature qui recevait son Créateur. Elle le reçut pour lui donner la nourriture corporelle, elle qui devait en recevoir la nourriture spirituelle ».
[1] Jn. 11, 27.
[2] Vous avez absous Marie-Madeleine.
[3] Jn. 1, 11.
[4] Matth. 25, 40.
[5] Johan. XI, 28.
[6] Raban. De vita B. M. Magd. et S. Marthae, XLVII.
[7] Matth. X, 11.
[8] Luc. X, 38.
[9] Bern. Sermo II in Assumpt. B. M. V.
[10] Baruch III, 24-25.
[11] Psalm. XVIII ; Matth. XVIII, 12.
[12] Rom. VIII, 3.
[13] Johan. I, 10.
[14] Matth., VIII, 20.
[15] Johan. IV, 6, 7.
[16] Jerem. XIV, 8, 9.
[17] Heb. XI, 8-16.
[18] Gen. XVIII, 1-5 ; XXIII, 6 ; XXVI, 28.
[19] Matth. XXV, 35, 40 ; Reg. S. P. Benedicti, LIII.
[20] Heb. XIII, 2.
[21] Marc, XIV, 7.
[22] Luc. VII, 28.
[23] Ibid. X, 42.
[24] Rom. XII, 4-7.
[25] Ibid. 3.
[26] Reg. S. P. Benedicti, LXIV.
[27] Moral, in Job. V, 26, passim.
[28] Johan. XI, 5.
[29] Matth. XX, 26-28.
[30] Johan. XII, 26.
[31] Ibid. 1, 12.
[32] Marc, IX, 36.
[33] Matth. X, 12, 13.
[34] Rom. VIII, 15.
[35] Luc. X, 41.
[36] Cf. Matth. XXVI, 6 ; Johan. XII. 2.
[37] Johan. XI, 27.
[38] Luc. X, 42.
[39] Johan. XI.
[40] Luc. X, 7.
[41] Ibid. XXIV, 5o.
[42] Raban. De vita B. M. Magd. et S. Marthae, XLI.
[43] Apoc. XX, 2.
[44] I Tim. II, 13.
[45] Ibid. 4.
[46] Heb. VI, 10.
[47] Matth. XXIV, 46, 47.
[48] Ibid. X, 42 ; XVIII, 5 ; XXV, 40.
[49] Luc. XXII, 3o.
[50] Ibid. XII, 37.
[51] Ibid. X, 38-42.
[52] Jn. 11, 15 : Jésus aimait Marthe.