Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
La vénération envers les parents de la Vierge Marie se répandit en Orient grâce au Protévangile apocryphe de Jacques. Une église est consacrée à Ste Anne à Constantinople au VIème siècle. A Rome, une peinture du VIIIème siècle, attribuée au Pape Constantin (708-715) représente trois mères avec leurs enfants : Ste Anne et la Vierge, Ste Élisabeth et St Jean, enfin Notre-Dame et l’Enfant Jésus.
Le Calendrier byzantin mentionne au 9 septembre la mémoire de Ste Anne et de S. Joachim, au 9 décembre la Conception de Ste Anne et au 25 juillet sa Dormition. Peut-être cette dernière date est-elle en relation avec la dédicace de la basilique élevée en son honneur à Constantinople vers 550. Mais la fête de la Mère de Marie n’a pénétré en Occident qu’à la faveur des Croisades. On la trouve au 26 juillet en divers lieux aux XIIe et XIIIe siècles, avant qu’elle n’atteigne son apogée aux XIVe et XVe. Le plus ancien Missel romain qui comporte la fête de Ste Anne est celui de 1505. Supprimée par St Pie V en 1568, elle fut rétablie en 1584 par Grégoire XIII comme fête double. Clément XII en fit un double-majeur (1738) et Léon XIII un double de IInde classe (1879).
Ant. ad Introitum. | Introït |
Gaudeámus omnes in Dómino, diem festum celebrántes sub honóre beátæ Annæ, de cuius solemnitáte gaudent Angeli et colláudant Fílium Dei. | Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Anne. Cette solennité réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu. |
Ps. 44, 2. | |
Eructávit cor meum verbum bonum ; dico ego opéra mea Regi. | De mon cœur a jailli une parole excellente, c’est que je consacre mes œuvres à mon Roi. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beátæ Annæ grátiam conférre dignatus es, ut Genetrícis unigéniti Fílii tui mater effici mererétur : concéde propítius ; ut, cuius sollémnia celebrámus, eius apud te patrocíniis adiuvémur. Per eúndem Dóminum. | Dieu, vous avez daigné donner à sainte Anne la grâce de mériter d’être la mère de celle par laquelle votre Fils unique est né : faites que nous soyons aidés de son patronage en ce jour où nous célébrons sa solennité. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du Livre de la Sagesse. |
Prov. 31, 10-31. | |
Mulíerem fortem quis invéniet ? Procul et de últimis fínibus prétium eius. Confídit in ea cor viri sui, et spóliis non indigébit. Reddet ei bonum, et non malum, ómnibus diébus vitæ suæ. Quæsívit lanam et linum, et operáta est consílio mánuum suárum. Facta est quasi navis institóris, de longe portans panem suum. Et de nocte surréxit, dedítque prædam domésticis suis, et cibária ancíllis suis. Considerávit agrum, et emit eum : de fructu mánuum suárum plantávit víneam. Accínxit fortitúdine lumbos suos, et roborávit bráchium suum. Gustávit, et vidit, quia bona est negotiátio eius : non exstinguétur in nocte lucérna eius. Manum suam misit ad fórtia, et dígiti eius apprehénderent fusum. Manum suam apéruit ínopi, et palmas suas exténdit ad páuperem. Non timébit dómui suæ a frigóribus nivis : omnes enim doméstici eius vestíti sunt duplícibus. Stragulátam vestem fecit sibi : byssus et púrpura induméntum eius. Nóbilis in portis vir eius, quando séderit cum senatóribus terræ. Síndonem fecit et véndidit, et cíngulum tradidit Chananǽo. Fortitúdo et decor induméntum eius, et ridébit in die novíssimo. Os suum apéruit sapiéntiæ, et lex cleméntiæ in lingua eius. Considerávit sémitas domus suæ, et panem otiósa non comédit. Surrexérunt fílii eius, et beatíssimam prædicavérunt : vir eius, et laudávit eam. Multæ fíliæ congregavérunt divítias, tu supergréssa es univérsas. Fallax grátia, et vana est pulchritúdo : mulier timens Dóminum, ipsa laudábitur. Date ei de fructu mánuum suárum, et laudent eam in portis ópera eius. | Qui trouvera la femme forte ? C’est au loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de dépouilles. Elle lui rendra le bien, et non le mal, tous les jours de sa vie. Elle a cherché la laine et le lin, et elle a travaillé avec des mains ingénieuses. Elle est comme le vaisseau d’un marchand, qui apporte son pain de loin. Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, et elle donne la nourriture à ses domestiques, et les vivres à ses servantes. Elle a considéré un champ, et elle l’a acheté ; du fruit de ses mains elle a planté une vigne. Elle a ceint ses reins de force, et elle a affermi son bras. Elle a goûté, et elle a vu que son trafic est bon ; sa lampe ne s’éteindra point pendant la nuit. Elle a porté sa main à des choses fortes, et ses doigts ont saisi le fuseau. Elle a ouvert sa main à l’indigent, et elle a étendu ses bras vers le pauvre. Elle ne craindra point pour sa maison le froid de la neige, car tous ses domestiques ont un double vêtement. Elle s’est fait un vêtement de tapisserie ; elle se couvre de lin et de pourpre. Son mari est illustre aux portes de la ville, lorsqu’il est assis avec les anciens du pays. Elle a fait une tunique de lin et elle l’a vendue, et elle a livré une ceinture au Chananéen. Elle est revêtue de force et de beauté, et elle rira au dernier jour. Elle a ouvert sa bouche à la sagesse, et la loi de la clémence est sur sa langue. Elle a considéré les sentiers de sa maison, et elle n’a pas mangé son pain dans l’oisiveté. Ses fils se sont levés, et l’ont proclamée bienheureuse ; son mari s’est levé aussi, et l’a louée. Beaucoup de filles ont amassé des richesses ; toi, tu les as toutes surpassées. La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine ; la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. Donnez-lui du fruit de ses mains, et que ses œuvres la louent aux portes de la ville. |
Graduale. Ps. 44, 8. | Graduel |
Dilexísti iustítiam, et odísti iniquitátem. | Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité. |
V/. Proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiæ. | V/. C’est pourquoi Dieu, votre Dieu, vous a oint d’une huile d’allégresse. |
Allelúia, allelúia. V/. Ibid. 3. Diffúsa est grátia in labiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais et pour tous les siècles. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu. |
Matt 13, 44-52 | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam me : Símile est regnum cælórum thesáuro abscóndito in agro : quem qui invénit homo, abscóndit, et præ gáudio illíus vadit, et vendit univérsa, quæ habet, et emit agrum illum. Iterum símile est regnum cælórum hómini negotiatóri, quærénti bonas margarítas. Invénta autem una pretiósa margaríta, ábiit, et véndidit ómnia, quæ hábuit, et emit eam. Iterum símile est regnum cælórum sagénse, missæ in mare et ex omni génere píscium congregánti. Quam, cum impléta esset, educéntes, et secus litus sedéntes, elegérunt bonos in vasa, malos autem foras misérunt. Sic erit in consummatióne sǽculi : exíbunt Angeli, et separábunt malos de médio iustórum, et mittent eos in camínum ignis : ibi erit fletus et stridor déntium. Intellexístis hæc ómnia ? Dicunt ei : Etiam. Ait illis : Ideo omnis scriba doctus in regno cælórum símilis est hómini patrifamílias, qui profert de thesáuro suo nova et vétera. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples cette parabole : "Le Royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ. Quand un homme le trouve, il le cache, puis, dans sa joie, il s’en va, il vend tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. Ou encore : Le Royaume des Cieux est comparable à un marchand qui recherche des perles fines. Quand il trouve une perle de grand prix, il s’en va, il vend tout ce qu’il possède, et il l’achète. Ou encore : Le Royaume des Cieux est comparable à un filet qu’on jette dans la mer et qui ramasse des poissons de toutes sortes. Quand il est rempli, on le tire sur le rivage ; on s’assied, et on recueille dans des paniers ce qui est bon, mais le mauvais, on le jette. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront, ils sépareront les méchants d’avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise de feu. Là, seront les pleurs et les grincements de dents. Avez-vous compris tout cela ?" Ils répondirent : "Oui". Il leur dit : "C’est pourquoi tout scribe instruit du Royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien." |
Ant. ad Offertorium. Ps. 44, 10. | Offertoire |
Fíliæ regum in honóre tuo, ástitit regína a dextris tuis in vestítu deauráto, circúmdata varietate. | Les filles des rois sont dans votre gloire ; la reine se tient à votre droite en vêtements tissés d’or, couverte de broderies. |
Secreta | Secrète |
Sacrifíciis præséntibus, quǽsumus, Dómine, placatus inténde : ut per intercessiónem beátæ Annæ, quæ Genetrícis Fílii tui, Dómini nostri Iesu Christi, mater éxstitit, et devotióni nostræ profíciant et salúti. Per eúndem Dóminum. | Nous vous en prions, Seigneur, regardez favorablement le présent sacrifice : en sorte que par l’intercession de la bienheureuse Anne, mère de celle qui enfanta Notre-Seigneur Jésus-Christ, il contribue à notre dévotion et à notre salut. |
Ant. ad Communionem. Ps. 44, 3. | Communion |
Diffúsa est grátia in labiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum, et in sǽculum sǽculi. | La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais et pour tous les siècles. |
Postcommunio | Postcommunion |
Cæléstibus sacraméntis vegetáti, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, intercessióne beátæ Annæ, quam Genetrícis Fílii tui matrem esse voluísti, ad ætérnam salútem perveníre mereámur. Per eúndem Dóminum. | Fortifiés par vos célestes sacrements, nous vous en prions, Seigneur, notre Dieu : faites que nous méritions de parvenir au salut éternel grâce à l’intercession de la bienheureuse Anne que vous avez choisie pour être la mère de celle qui enfanta votre Fils. |
¶ In Missis votivis antiphona ad Introitum sumitur ex Missa Cognóvi, de Communi non Virginum II loco, et ex ea post Septuagesimam sumitur etiam graduale, cum tractu ; tempore autem paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | ¶ Aux messes votives, l’antienne d’Introït est prise de la Messe Cognóvi, du Commun des saintes Femmes II, et on y prend aussi après la Septuagésime le graduel et le trait ; au temps pascal, cependant, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 44, 3. Diffúsa est grátia in labiis tuis : proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | Allelúia, allelúia. V/. La grâce est répandue sur vos lèvres ; c’est pourquoi Dieu vous a bénie à jamais. |
Allelúia. V/. Ibid. 5. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde et regna. Allelúia. | Allelúia. V/. Avec votre gloire et votre majesté, avancez, marchez victorieusement et régnez. Alléluia. |
Avant 1955 : Aux Vêpres de St Jacques, commémoraison de Ste Anne.
Ant. Símile est regnum cælórum hómini negotiatóri quærénti bonas margarítas : invénta una pretiósa, dedit ómnia sua, et comparávit eam. | Ant. Le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherchait de bonnes perles ; or une perle précieuse trouvée, il vendit tout ce qu’il avait, et l’acheta [1]. |
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua. | V/. Dans votre gloire et votre beauté [2]. |
R/. Inténde, próspere procéde, et regna. | R/. Avancez heureusement, avancez et régnez. |
Oratio | Prière |
Deus, qui beátæ Annæ grátiam conférre dignatus es, ut Genetrícis unigéniti Fílii tui mater effici mererétur : concéde propítius ; ut, cuius sollémnia celebrámus, eius apud te patrocíniis adiuvémur. Per eúndem Dóminum. | Dieu, vous avez daigné donner à sainte Anne la grâce de mériter d’être la mère de celle par laquelle votre Fils unique est né : faites que nous soyons aidés de son patronage en ce jour où nous célébrons sa solennité. |
A Matines.
Invitatorium | Invitatoire |
Laudémus Deum nostrum * In confessióne beátæ Annæ | Louons notre Dieu, * En honorant la Bienheureuse Anne |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymnus | Hymne |
Huius orátu, Deus alme, nobis
Débitas pœnas scélerum remítte ; Ut tibi puro resonémus almum Péctore carmen. | A sa prière, ô Dieu très bon,
remettez-nous les peines de nos péchés ; afin que, d’un cœur pur, nous vous chantions un saint cantique. |
Sit decus Patri, genitǽque Proli,
Et tibi, compar utriúsque virtus Spíritus semper, Deus unus, omni Témporis ævo. Amen. | Honneur soit toujours au Père et au Fils engendré,
et à Vous, Esprit, égale vertu de tous les deux Dieu unique dans toute la durée des temps. Amen. |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne [3] |
Ant. 1 O quam pulchra * est casta generátio cum claritáte ! | Ant. 1 Oh ! combien belle * est une génération chaste et glorieuse [4]. |
Psaume 8 | |
Ant. 2 Læva eius * sub cápite meo, et déxtera illíus amplexábitur me. | Ant. 2 Sa main gauche * est sous ma tête, et sa droite [5] m’embrassera [6]. |
Psaume 18 | |
Ant. 3 Revértere, * revértere, Sunamítis ; revértere, ut intueámur te. | Ant. 3 Reviens, * reviens, Sunamite [7], reviens, reviens, afin que nous te contemplions [8]. |
Psaume 23 | |
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua. | V/. Dans votre gloire et votre beauté [9]. |
R/. Inténde, próspere procéde, et regna. | R/. Avancez heureusement, avancez et régnez. |
Lectio i | 1ère leçon |
De Parábolis Salomónis. | Des Proverbes de Salomon. |
Cap. 31, 10-17. | |
Mulíerem fortem quis invéniet ? Procul et de últimis fínibus prétium eius. Confídit in ea cor viri sui, et spóliis non indigébit. Reddet ei bonum, et non malum, ómnibus diébus vitæ suæ. Quæsívit lanam et linum, et operáta est consílio mánuum suárum. Facta est quasi navis institóris, de longe portans panem suum. Et de nocte surréxit, dedítque prædam domésticis suis, et cibária ancíllis suis. Considerávit agrum, et emit eum ; de fructu mánuum suárum plantávit víneam. Accínxit fortitúdine lumbos suos, et roborávit bráchium suum. | Qui trouvera la femme forte [10] ? C’est au loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix [11]. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de profits [12]. Elle lui rendra le bien et non le mal, tous les jours de la vie. Elle a cherché la laine et le lin, et elle a travaillé par le conseil de ses mains. Elle est devenue comme le vaisseau d’un marchand [13], portant de loin son pain [14]. Et de nuit elle s’est levée [15], et elle a donné de la nourriture aux personnes de sa maison, et des vivres à ses servantes. Elle a considéré un champ et l’a acheté : du fruit de ses mains, elle a planté une vigne. Elle a ceint de force ses reins, et elle a affermi son bras. |
R/. Veni, elécta mea, et ponam in te thronum meum * Quia concupívit Rex spéciem tuam. | R/. Venez, mon élue, et j’établirai en vous mon trône [16], * Parce que le Roi [17] a été épris de votre beauté [18]. |
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde, et regna. | V/. Dans votre dignité et votre beauté, avancez, avancez avec succès et régnez [19]. |
* Quia concupívit Rex spéciem tuam. | * Parce que le Roi a été épris de votre beauté. |
Lectio ii | 2e leçon |
Cap. 31, 18-24. | |
Gustávit, et vidit quia bona est negotiátio eius : non exstinguétur in nocte lucérna eius. Manum suam misit ad fórtia, et dígiti eius apprehendérunt fusum. Manum suam apéruit ínopi, et palmas suas exténdit ad páuperem. Non timébit dómui suæ a frigóribus nivis : omnes enim doméstici eius vestíti sunt duplícibus. Stragulátam vestem fecit sibi : byssus et púrpura induméntum eius. Nóbilis in portis vir eius, quando séderit cum senatóribus terræ. Síndonem fecit et véndidit, et cíngulum trádidit Chananǽo. | Elle a goûté et elle a vu que son commerce est bon : pendant la nuit sa lampe ne s’éteindra pas [20]. Elle a mis sa main à des choses fortes [21] ; et ses doigts ont pris le fuseau. Elle a ouvert sa main à l’homme sans ressources, et ses paumes, elle les a étendues vers le pauvre [22]. Elle ne craindra pas pour sa maison le froid de la neige [23], car toutes les personnes de sa maison ont un double vêtement. Elle s’est fait une couverture : le fin lin et la pourpre forment son vêtement. Illustre sera son mari aux portes de la ville [24], quand il siégera avec les sénateurs de la terre. Elle a fait un fin tissu, et elle l’a vendu ; et elle a livré une ceinture au Chananéen [25]. |
R/. Diffúsa est grátia in lábiis tuis, * Proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | R/. La grâce est répandue sur vos lèvres [26], [27] * C’est pourquoi le Seigneur vous a bénie pour l’éternité. |
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde, et regna. | V/. Dans votre dignité et votre beauté, avancez, avancez avec succès et régnez [28]. |
* Proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | * C’est pourquoi le Seigneur vous a bénie pour l’éternité. |
Lectio iii | 3e leçon |
Cap. 31, 25-31. | |
Fortitúdo et decor induméntum eius, et ridébit in die novíssimo. Os suum apéruit sapiéntiæ, et lex cleméntiæ in lingua eius. Considerávit sémitas domus suæ, et panem otiósa non comédit. Surrexérunt fílii eius, et beatíssimam prædicavérunt : vir eius, et laudávit eam. Multæ fíliæ congregavérunt divítias : tu supergréssa es univérsas. Fallax grátia, et vana est pulchritúdo : múlier timens Dóminum, ipsa laudábitur. Date ei de fructu mánuum suárum, et laudent eam in portis ópera eius. | La force et la beauté sont son vêtement, et elle rira au jour dernier [29]. Elle a ouvert sa bouche à la sagesse, et la loi de la clémence [30] est sur sa langue. Elle a considéré les sentiers de sa maison, et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté. Ses fils se sont levés et l’ont proclamée très heureuse ; son mari l’a louée. Beaucoup de filles ont amassé des richesses ; mais toi, tu les as toutes surpassées [31]. Trompeuse est la grâce, et vaine est la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. Donnez-lui le fruit de ses mains, et que ses œuvres la louent aux portes de la ville [32]. |
R/. Spécie tua et pulchritúdine tua * Inténde, próspere procéde, et regna. | R/. Dans votre dignité et votre beauté [33], * Avancez, avancez avec succès et régnez. |
V/. Diffúsa est grátia in lábiis tuis, proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | V/. La grâce est répandue sur vos lèvres, c’est pourquoi le Seigneur vous a bénie pour l’éternité [34]. |
* Inténde, próspere procéde, et regna. Glória Patri. * Inténde, próspere procéde, et regna. | * Avancez, avancez avec succès et régnez. Gloire au Père. * Avancez, avancez avec succès et régnez. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Spécie tua * et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde, et regna. | Ant. 4 Dans votre dignité * et votre beauté, avancez, avancez avec succès et régnez [35]. |
Psaume 44 | |
Ant. 5 Adiuvábit eam * Deus vultu suo : Deus in médio eius, non commovébitur. | Ant. 5 Dieu la protège * de son regard [36] : Dieu est au milieu d’elle [37], elle ne sera pas ébranlée [38]. |
Psaume 45 | |
Ant. 6 Aquæ multæ * non potuérunt exstínguere caritátem. | Ant. 6 De grandes eaux * n’ont pu éteindre [39] la charité [40]. |
Psaume 47 | |
V/. Adiuvábit eam Deus vultu suo. | V/. Dieu la protège de son regard [41]. |
R/. Deus in médio eius, non commovébitur. | R/. Dieu est au milieu d’elle, elle ne sera pas ébranlée. |
Lectio iv | 4e leçon |
Sermo sancti Ioánnis Damascéni. | Sermon de saint Jean Damascène. |
Oratio 2 de Nativ. B. Mariæ prope finem | |
Propónitur nobis Annæ thálamus, coniugális vitæ simul et virginitátis formam réferens, illam matris, hanc fíliæ : quarum áltera recens sterilitáte liberáta est, áltera autem aliquánto post, Christi partum, ad nostræ natúræ conditiónem divíno opifício formátum, supra natúram est editúra. Mérito ígitur Anna, divíno Spíritu plena, læto hilaríque ánimo persónat : Congaudéte mecum, quæ promissiónis germen ex stérili ventre péperi, ac benedictiónis fructum ubéribus meis, ut optáveram, nútrio. Sterilitátis mæstítiam, éxui, ac lætum fœcunditátis vestem índui. Congáudeat mecum hódie Anna illa, Phenénnæ adversária, et novum hoc atque inopinátum miráculum, quod in me gestum est, suo exémplo concélebret. | On ouvre devant nous la chambre nuptiale de sainte Anne, où s’offrent à nos regards deux modèles à la fois : l’un de vie conjugale, dans la mère ; et l’autre, de virginité, dans la fille. La première a été récemment délivrée de l’opprobre de la stérilité ; et bientôt la seconde, par un enfantement étranger aux lois de la nature, donnera naissance au Christ, que l’opération divine aura formé et formé semblable à nous. C’est donc à bon droit que, remplie de l’Esprit de Dieu, Anne fait ainsi éclater son bonheur et son allégresse : Réjouissez-vous avec moi de ce que mes entrailles stériles ont porté le rejeton que le Seigneur m’avait promis, et de ce que mon sein nourrit, selon mes vœux, le fruit de la bénédiction d’en haut. J’ai mis de côté le deuil de la stérilité, pour revêtir les habits de fête de la fécondité. Qu’en ce jour, Anne, la rivale de Phénenna [42], se réjouisse avec moi, et célèbre par son exemple le nouveau et si étonnant prodige opéré en moi. |
R/. Propter veritátem, et mansuetúdinem, et iustítiam : * Et dedúcet te mirabíliter déxtera tua. | R/. Régnez à cause de la vérité, de la douceur et de la justice [43] : * Et votre droite vous conduira admirablement. |
V/. Spécie tua et pulchritúdine tua inténde, próspere procéde, et regna. | V/. Dans votre dignité et votre beauté, avancez, avancez avec succès et régnez [44]. |
* Et dedúcet te mirabíliter déxtera tua. | * Et votre droite vous conduira admirablement. |
Lectio v | 5e leçon |
Exsúltet Sara, sénili gáudio géstiens, meúmque ab sterilitáte concéptum præfigúrans. Cóncinant simul stériles et infœcúndæ visitatiónem meam, admirábili modo cǽlitus factam. Dicant item matres omnes hac fœcunditáte prædítæ : Benedíctus, qui orántibus id quod optábant, largítus est, et fœcunditátem stérili dedit, ac felicíssimum illud germen Mater Dei secúndum carnem fuit, cuius venter cælum est, in qua habitávit is qui nullo loco capi potest. Cónsonam his nos quoque ipsi, quæ vocabátur stérilis nunc autem virgínei thálami mater éxstitit, laudem offerámus. Dicámus ad eam cum Scriptúra : Quam beáta domus David, ex qua prodiísti, et venter, in quo Deus sanctificatiónis arcam, hoc est, eam a qua ipse sine sémine concéptus est, fabricávit. | Que Sara, comblée de joie en ses vieux jours par une grossesse qui était la figure de ma fécondité tardive, s’unisse à mes transports. Que les femmes qui n’ont jamais conçu célèbrent avec moi l’admirable visite que le ciel a daigné me faire. Que toutes celles qui ont eu cette joie de là maternité disent également : Béni soit le Seigneur qui a exaucé les prières et rempli les vœux de ses servantes, et qui, rendant féconde une épouse stérile, lui a donné ce fruit incomparable d’une Vierge devenue Mère de Dieu selon la chair, une Vierge dont le sein très pur est un ciel, où celui qu’aucun lieu ne peut contenir a voulu demeurer. Mêlons nos voix aux leurs pour offrir aussi nos louanges à celle qu’on appelait stérile, et qui maintenant est mère d’une mère vierge. Disons-lui avec l’Écriture : Heureuse la maison de David dont vous êtes issue ! Heureux le sein dans lequel le Seigneur lui-même a construit son arche de sanctification [45], c’est-à-dire Marie, qui l’a conçu sans le concours de l’homme. |
R/. Dilexísti iustítiam, et odísti iniquitátem : * Proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiæ. | R/. Vous avez aimé la justice et haï l’iniquité [46] : * C’est pour cela que Dieu, votre Dieu, vous a oint d’une huile de joie. |
V/. Propter veritátem, et mansuetúdinem, et iustítiam. | V/. Pour la vérité, la douceur et la justice [47]. |
* Proptérea unxit te Deus, Deus tuus, óleo lætítiæ. | * C’est pour cela que Dieu, votre Dieu, vous a oint d’une huile de joie. |
Lectio vi | 6e leçon |
Vere beáta es, ac ter beáta, quæ beatitúdine donátam a Deo infántem, hoc est, Maríam, nómine quoque ipso magnópere venerándam, peperísti ; ex qua Christus vitæ flos éxstitit, cuius Vírginis et gloriósus fuit ortus, et partus mundo sublímior. Nos quoque, o beatíssima fémina, tibi gratulámur ; étenim nostrum ómnium spem divínitus concéssam, hoc est, promissiónis fœtum peperísti. Beáta revéra es, et beátus fructus ventris tui. Piórum autem lingua germen tuum magníficat, ac sermo omnis lætus partum tuum prædicat. Dignum sane quidem, ac máxime dignum est eam laudáre, quæ divína benignitáte oráculum accépti, ac talem et tantum nobis fructum édidit, ex quo dulcis Iesus pródiit. | Vous êtes vraiment heureuse et trois fois heureuse, Anne, d’avoir mis au monde une fille à qui le Seigneur a donné en partage la béatitude, cette Vierge Marie, que son nom même rend singulièrement vénérable, le rejeton qui a produit la fleur de vie, Jésus-Christ ; cette Vierge dont la naissance a été glorieuse, et dont l’enfantement sera plus sublime que tout au monde. Nous vous félicitons encore, ô bienheureuse Anne, d’avoir eu le privilège de donner à la terre l’espérance de tous les cœurs, le rejeton objet des divines promesses. Oui, vous êtes bienheureuse, et bienheureux est le fruit de vos entrailles. Les âmes pieuses glorifient celle que vous avez conçue, et toute langue célèbre avec joie votre enfantement. Et certes il est digne, il est on ne peut plus juste, de louer une sainte que la bonté divine a favorisée d’un oracle [48], et qui nous a donné le fruit merveilleux duquel est sorti le très doux Jésus. |
R/. Fallax grátia, et vana est pulchritúdo : * Múlier timens Dóminum ipsa laudábitur. | R/. Trompeuse est la grâce, et vaine est la beauté [49] : * La femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. |
V/. Date ei de fructu mánuum suárum, et laudent eam in portis ópera eius. | V/. Donnez-lui le fruit de ses mains et que ses œuvres la louent aux portes de la ville. |
* Múlier timens Dóminum ipsa laudábitur. Glória Patri. * Múlier timens Dóminum ipsa laudábitur. | * La femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. Gloire au Père. * La femme qui craint le Seigneur est celle qui sera louée. |
In III Nocturno | Au 3ème Nocturne |
Ant. 7 Nigra sum, * sed formósa, fíliæ Ierúsalem ; ídeo diléxit me Rex, et introdúxit me in cubículum suum. | Ant. 7 Je suis noire, * mais je suis belle [50], filles de Jérusalem : c’est pour quoi le Roi m’a aimée et m’a introduite dans le lieu de son repos [51]. |
Psaume 95 | |
Ant. 8 Trahe me post te, * in odórem currémus unguentórum tuórum : óleum effúsum nomen tuum. | Ant. 8 Entraînez-moi après vous, * nous courons à l’odeur de vos parfums [52] : c’est une huile répandue que votre nom [53]. |
Psaume 96 | |
Ant. 9 Veni, Sponsa Christi, * áccipe corónam, quam tibi Dóminus præparávit in ætérnum. | Ant. 9 Venez, épouse du Christ, * recevez la couronne que le Seigneur vous a préparée pour l’éternité. |
Psaume 97 | |
V/. Elégit eam Deus, et præelégit eam. | V/. Dieu l’a élue et choisie avec prédilection [54]. |
R/. In tabernáculo suo habitáre facit eam. | R/. Il l’a fait habiter dans son tabernacle. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Matthǽum. | Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. |
Cap. 13, 44-52. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis parábolam hanc : Símile est regnum cælórum thesáuro abscóndito in agro. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples cette parabole : Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Et le reste. |
Homilía sancti Gregórii Papæ. | Homélie de saint Grégoire, Pape. |
Homilia 11 in Evangelia | |
Cælórum regnum, fratres caríssimi, idcírco terrénis rebus símile dícitur, ut, ex his quæ ánimus novit, surgat ad incógnita quæ non novit : quátenus exémplo visibílium se ad invisibília rápiat, et, per ea quæ usu dídicit quasi confricátus incaléscat ; ut per hoc, quod scit notum dilígere, discat et incógnita amáre. Ecce enim cælórum regnum thesáuro abscóndito in agro comparátur ; quem, qui invénit homo, abscóndit, et præ gáudio illíus vadit, et vendit univérsa quæ habet, et emit agrum illum. | Si le Seigneur, mes très chers frères, nous dépeint le royaume des cieux comme semblable à des objets terrestres, c’est pour que notre esprit s’élève, de ce qu’il connaît, à ce qu’il ne connaît pas ; qu’il se porte vers les biens invisibles par l’exemple des choses visibles, et, qu’excité par des vérités dont il a l’expérience, il s’enflamme de telle sorte, que l’affection qu’il éprouve pour un bien connu lui apprenne à aimer aussi des biens inconnus. Voici « que le royaume des cieux est comparé à un trésor caché dans un champ ; celui qui l’a trouvé, le cache, et à cause de la joie qu’il en a, il va et vend tout ce qu’il a, et il achète ce champ » [55]. |
R/. Os suum apéruit sapiéntiæ, et lex cleméntiæ in lingua eius : considerávit sémitas domus suæ, * Et panem otiósa non comédit. | R/. [56] Elle a ouvert sa bouche à la sagesse [57], et la loi de la clémence est sur sa langue [58] : elle a considéré les sentiers de sa maison [59], * Et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté. |
V/. Gustávit et vidit quia bona est negotiátio eius : non exstinguétur in nocte lucérna eius. | V/. Elle a goûté et elle a vu que son commerce est bon : pendant la nuit sa lampe ne s’éteindra pas [60]. |
* Et panem otiósa non comédit. | * Et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté. |
Lectio viii | 8e leçon |
Qua in re hoc quoque notándum est, quod invéntus thesáurus abscónditur, ut servétur : quia stúdium cæléstis desidérii a malígnis spirítibus custodíre non súfficit, qui hoc ab humánis láudibus non abscóndit. In præsénti étenim vita, quasi in via sumus, qua ad pátriam pérgimus. Malígni autem spíritus iter nostrum quasi quidam latrúnculi óbsident. Deprædári ergo desíderat, qui thesáurum públice portat in via. Hoc autem dico, non ut próximi ópera nostra bona non vídeant, cum scriptum sit : Vídeant ópera vestra bona, et gloríficent Patrem vestrum qui in cælis est ; sed, ut per hoc quod ágimus, laudes extérius non quærámus. Sic autem sit opus in público, quátenus inténtio máneat in occúlto ; ut, et de bono ópere próximis præbeámus exémplum, et tamen per intentiónem, qua Deo soli placére quǽrimus, semper optémus secrétum. | Il faut remarquer dans ce fait, que le trésor une fois trouvé, on le cache afin de le conserver. C’est parce que celui qui ne met pas à l’abri des louanges humaines l’ardeur des désirs qu’il ressent pour le ciel, ne parvient pas à les défendre contre les malins esprits. Nous sommes, en effet, dans la vie présente comme dans un chemin par lequel nous nous dirigeons vers la patrie ; et les esprits malins infestent notre route, comme le feraient des voleurs. C’est vouloir être dépouillé que de porter un trésor à découvert sur le chemin. Je ne dis pas cela, néanmoins, pour empêcher que le prochain soit témoin de nos bonnes œuvres, selon ce qui est écrit : « Qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux » [61] ; mais afin que nous ne recherchions pas, dans le motif qui nous fait agir, les louanges du dehors. Que l’action soit publique, mais que notre intention demeure cachée, pour que nous donnions ainsi à notre prochain l’exemple d’une bonne œuvre, et cependant que par l’intention que nous avons de plaire uniquement à Dieu, nous souhaitions toujours le secret. |
R/. Regnum mundi et omnem ornátum sæculi contémpsi, propter amórem Dómini mei Iesu Christi : * Quem vidi, quem amávi, in quem crédidi, quem diléxi. | R/. J’ai méprisé les puissances du monde, et tous les ornements du siècle pour l’amour de mon Seigneur Jésus-Christ : * Que j’ai vu, que j’ai aimé, en qui j’ai cru, à qui je me suis attachée. |
V/. Eructávit cor meum verbum bonum : dico ego ópera mea Regi. | V/. Mon cœur a produit une bonne parole : c’est moi qui adresse mes œuvres au Roi. |
* Quem vidi, quem amávi, in quem crédidi, quem diléxi. Glória Patri. * Quem vidi, quem amávi, in quem crédidi, quem diléxi. | * Que j’ai vu, que j’ai aimé, en qui j’ai cru, à qui je me suis attachée. Gloire au Père. * Que j’ai vu, que j’ai aimé, en qui j’ai cru, à qui je me suis attachée. |
Lectio ix | 9e leçon |
Thesáurus autem cæléste est desidérium ; ager vero, in quo thesáurus abscónditur, disciplína stúdii cæléstis. Quem profécto agrum, vénditis ómnibus, cómparat, qui, voluptátibus carnis renúntians, cuncta sua terréna desidéria per disciplínæ cæléstis custódiam calcat : ut nihil iam quod caro blandítur, líbeat ; nihil quod carnálem vitam trucídat, spíritus perhorréscat. | Or, le trésor, c’est le désir du ciel, et le champ où est caché ce trésor, c’est une vie digne du ciel. Il vend bien tout ce qu’il a pour acheter ce champ, celui qui, renonçant aux voluptés charnelles, foule aux pieds tous ses désirs terrestres, par la pratique exacte de cette vie digne du ciel, en sorte que plus rien de ce qui flatte les sens ne lui plaise, et que son esprit ne redoute rien de ce qui détruit la vie charnelle. |
Te Deum | |
A Laudes.
Ant. 1 Dum esset Rex * in accúbitu suo, nardus mea dedit odórem suavitátis. | Ant. 1 Pendant que le Roi * se reposait [62], mon nard [63] a exhalé une suave odeur [64]. |
Psaume 92 | |
Ant. 2 In odórem * unguentórum tuórum cúrrimus : adolescéntulus dilexérunt te nimis. | Ant. 2 A l’odeur * de vos parfums [65] nous courrons : les adolescentes [66] vous ont aimé grandement [67]. |
Psaume 99 | |
Ant. 3 Iam hiems tránsiit, * imber ábiit et recéssit : surge, amíca mea, et veni. | Ant. 3 Déjà l’hiver [68] est passé, * la pluie a cessé, elle s’est retirée, levez-vous [69], mon amie, et venez [70]. |
Psaume 62 | |
Ant. 4 Veni, elécta mea, * et ponam in te thronum meum. (Allelúia.) | Ant. 4 Venez, mon élue, * et j’établirai en vous mon trône. (Alléluia.) |
Cantique des trois Enfants | |
Ant. 5 Ista est speciósa * inter filias Ierúsalem | Ant. 5 Celle-ci est belle * entre les filles de Jérusalem [71]. |
Psaume 148 | |
Capitulum Prov. 31. 10. | Capitule |
Mulíerem fortem quis invéniet ? Procul et de últimis fínibus prétium eius. Confídit in ea cor viri sui, et spóliis non indigébit. | Qui trouvera la femme forte ? C’est au loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de profits [72]. |
Hymnus | Hymne |
Fortem viríli péctore
Laudémus omnes féminam, Quæ sanctitátis glória Ubíque fulget ínclyta. | Vaillante au cœur viril,
louons tous cette femme, car de toutes parts éclate la gloire illustre de sa sainteté. |
Hæc sancto amóre sáucia,
Dum mundi amórem nóxium Horréscit, ad cæléstia Iter perégit árduum. | Blessée du saint amour
et détestant l’amour dangereux du monde, elle parcourut jusqu’au bout le chemin escarpé du ciel. |
Carnem domans ieiúniis,
Dulcíque mentem pábulo Oratiónis nútriens, Cæli potítur gáudiis. | Domptant sa chair par des jeûnes
et nourrissant son âme du doux aliment de l’oraison, elle a conquis les joies célestes. |
Rex Christe, virtus fórtium,
Qui magna solus éfficis, Huius precátu, quǽsumus, Audi benígnus súpplices. | O Christ Roi, force des forts,
qui seul accomplissez de grandes choses, à sa prière de cette Sainte, nous vous demandons d’écouter avec bonté nos supplications. |
Deo Patri sit glória,
Eiúsque soli Fílio, Cum Spíritu Paráclito, Nunc, et per omne sǽculum. Amen. | Gloire à Dieu le Père,
gloire à son Fils unique, et au Saint-Esprit Consolateur, maintenant et dans tous les siècles. Amen. |
V/. Diffúsa est grátia in lábiis tuis. | V/. La grâce est répandue sur vos lèvres [73]. |
R/. Proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | R/. C’est pourquoi Dieu vous a bénie pour l’éternité. |
Ad Bened. Ant. Date ei * de fructu mánuum suárum, et laudent eam in portis ópera eius. | Ant. au Benedictus Donnez-lui * le fruit de ses mains, et que ses œuvres la louent aux portes de la ville [74]. |
Benedictus | |
Oratio | Prière |
Deus, qui beátæ Annæ grátiam conférre dignatus es, ut Genetrícis unigéniti Fílii tui mater effici mererétur : concéde propítius ; ut, cuius sollémnia celebrámus, eius apud te patrocíniis adiuvémur. Per eúndem Dóminum. | Dieu, vous avez daigné donner à sainte Anne la grâce de mériter d’être la mère de celle par laquelle votre Fils unique est né : faites que nous soyons aidés de son patronage en ce jour où nous célébrons sa solennité. |
Aux 2èmes Vêpres.
Ant. 1 Dum esset Rex * in accúbitu suo, nardus mea dedit odórem suavitátis. | Ant. 1 Pendant que le Roi * se reposait [75], mon nard [76] a exhalé une suave odeur [77]. |
Psaume 109 | |
Ant. 2 In odórem * unguentórum tuórum cúrrimus : adolescéntulus dilexérunt te nimis. | Ant. 2 A l’odeur * de vos parfums [78] nous courrons : les adolescentes [79] vous ont aimé grandement [80]. |
Psaume 112 | |
Ant. 3 Iam hiems tránsiit, * imber ábiit et recéssit : surge, amíca mea, et veni. | Ant. 3 Déjà l’hiver [81] est passé, * la pluie a cessé, elle s’est retirée, levez-vous [82], mon amie, et venez [83]. |
Psaume 121 | |
Ant. 4 Veni, elécta mea, * et ponam in te thronum meum. (Allelúia.) | Ant. 4 Venez, mon élue, * et j’établirai en vous mon trône. (Alléluia.) |
Psaume 126 | |
Ant. 5 Ista est speciósa * inter filias Ierúsalem | Ant. 5 Celle-ci est belle * entre les filles de Jérusalem [84]. |
Psaume 147 | |
Capitulum Prov. 31. 10. | Capitule |
Mulíerem fortem quis invéniet ? Procul et de últimis fínibus prétium eius. Confídit in ea cor viri sui, et spóliis non indigébit. | Qui trouvera la femme forte ? C’est au loin et aux extrémités du monde qu’on doit chercher son prix. Le cœur de son mari se confie en elle, et il ne manquera point de profits [85]. |
Hymnus | Hymne |
Fortem viríli péctore
Laudémus omnes féminam, Quæ sanctitátis glória Ubíque fulget ínclyta. | Vaillante au cœur viril,
louons tous cette femme, car de toutes parts éclate la gloire illustre de sa sainteté. |
Hæc sancto amóre sáucia,
Dum mundi amórem nóxium Horréscit, ad cæléstia Iter perégit árduum. | Blessée du saint amour
et détestant l’amour dangereux du monde, elle parcourut jusqu’au bout le chemin escarpé du ciel. |
Carnem domans ieiúniis,
Dulcíque mentem pábulo Oratiónis nútriens, Cæli potítur gáudiis. | Domptant sa chair par des jeûnes
et nourrissant son âme du doux aliment de l’oraison, elle a conquis les joies célestes. |
Rex Christe, virtus fórtium,
Qui magna solus éfficis, Huius precátu, quǽsumus, Audi benígnus súpplices. | O Christ Roi, force des forts,
qui seul accomplissez de grandes choses, à sa prière de cette Sainte, nous vous demandons d’écouter avec bonté nos supplications. |
Deo Patri sit glória,
Eiúsque soli Fílio, Cum Spíritu Paráclito, Nunc, et per omne sǽculum. Amen. | Gloire à Dieu le Père,
gloire à son Fils unique, et au Saint-Esprit Consolateur, maintenant et dans tous les siècles. Amen. |
V/. Diffúsa est grátia in lábiis tuis. | V/. La grâce est répandue sur vos lèvres [86]. |
R/. Proptérea benedíxit te Deus in ætérnum. | R/. C’est pourquoi Dieu vous a bénie pour l’éternité. |
Ad Magnificat Ant. Manum suam * apéruit ínopi, et palmas suas exténdit ad páuperem, et panem otiósa non comédit. | Ant. au Magnificat Sa main * elle l’a ouverte à l’homme sans ressources, et ses bras, elle les a étendus vers le pauvre ; et elle n’a pas mangé de pain dans l’oisiveté [87]. |
Magnificat | |
Oratio | Prière |
Deus, qui beátæ Annæ grátiam conférre dignatus es, ut Genetrícis unigéniti Fílii tui mater effici mererétur : concéde propítius ; ut, cuius sollémnia celebrámus, eius apud te patrocíniis adiuvémur. Per eúndem Dóminum. | Dieu, vous avez daigné donner à sainte Anne la grâce de mériter d’être la mère de celle par laquelle votre Fils unique est né : faites que nous soyons aidés de son patronage en ce jour où nous célébrons sa solennité. |
Joignant le sang des rois à celui des pontifes, Anne apparaît glorieuse plus encore de son incomparable descendance au milieu des filles d’Ève. La plus noble de toutes celles qui conçurent jamais en vertu du Croissez et multipliez des premiers jours [88], à elle s’arrête, comme parvenue à son sommet, comme au seuil de Dieu, la loi de génération de toute chair ; car de son fruit Dieu même doit sortir, fils uniquement ici-bas de la Vierge bénie, petit-fils à la fois d’Anne et de Joachim.
Avant d’être favorisés de la bénédiction la plus haute qu’union humaine dût recevoir, les deux saints aïeuls du Verbe fait chair connurent l’angoisse qui purifie l’âme. Des traditions dont l’expression, mélangée de détails de moindre valeur, remonte pourtant aux origines du christianisme, nous montrent les illustres époux soumis à l’épreuve d’une stérilité prolongée, en butte à cause d’elle aux dédains de leur peuple, Joachim repoussé du temple allant cacher sa tristesse au désert, et Anne demeurée seule pleurant son veuvage et son humiliation. Quel exquis sentiment dans ce récit, comparable aux plus beaux que nous aient gardes les saints Livres !
« C’était le jour d’une grande fête du Seigneur. Maigre sa tristesse extrême, Anne déposa ses vêtements de deuil, et elle orna sa tête, et elle se revêtit de sa robe nuptiale. Et vers la neuvième heure, elle descendit au jardin pour s’y promener ; et voyant un laurier, elle s’assit à son ombre et répandit sa prière en présence du Seigneur Dieu, disant : « Dieu de mes pères, bénissez-moi « et exaucez mes supplications, comme vous avez « béni Sara et lui avez donné un fils ! »
Et levant les yeux au ciel, elle vit sur le laurier un nid de passereau, et gémissant elle dit : « Hélas ! quel sein m’a portée, pour être ainsi malédiction en Israël ?
A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux oiseaux du ciel ; car les oiseaux sont bénis de vous, Seigneur.
A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux animaux de la terre ; car eux aussi sont féconds devant vous.
A qui me comparer ? Je ne puis me comparer aux eaux ; car elles ne sont point stériles en votre présence, et les fleuves et les océans poissonneux vous louent dans leurs soulèvements ou leur cours paisible.
A qui me comparer ? Je ne puis me comparer à la terre même ; car la terre elle aussi porte ses fruits en son temps, et elle vous bénit, Seigneur ».Or voici qu’un Ange du Seigneur survint, lui disant :
« Anne, Dieu a exaucé ta prière ; tu concevras et enfanteras, et ton fruit sera célébré dans toute terre habitée ».Et le temps venu, Anne mit au monde une fille, et elle dit : « Mon âme est magnifiée à cette heure ».
Et elle nomma l’enfant Marie ; et lui donnant le sein, elle entonna ce cantique au Seigneur :
« Je chanterai la louange du Seigneur mon Dieu ; car il m’a visitée, il a éloigné de moi l’opprobre, il m’a donné un fruit de justice. Qui annoncera aux fils de Ruben qu’Anne est devenue féconde ? Écoutez, écoutez, douze tribus : voici qu’Anne allaite ! » [89]
La fête de Joachim, que l’Église a placée au Dimanche dans l’Octave de l’Assomption de sa bienheureuse fille [90], nous permettra de compléter bientôt l’exposé si suave d’épreuves et de joies qui furent aussi les siennes. Averti par le ciel de quitter le désert, il avait rencontré son épouse sous la porte Dorée donnant accès au temple du côté de l’Orient. Non loin, près de la piscine Probatique, où les agneaux destinés à l’autel lavaient leur blanche toison avant d’être offerts au Seigneur, s’élève aujourd’hui la basilique restaurée de Sainte-Anne, appelée primitivement Sainte-Marie de la Nativité. C’est là que, dans la sérénité du paradis, germa sur la tige de Jessé le béni rejeton salué du Prophète [91] et qui devait porter la divine fleur éclose au sein du Père avant tous les temps. Séphoris, patrie d’Anne, Nazareth, où vécut Marie, disputent, il est vrai, à la Ville sainte l’honneur que réclament ici pour Jérusalem d’antiques et constantes traditions. Mais nos hommages à coup sûr ne sauraient s’égarer, quand ils s’adressent en ce jour à la bienheureuse Anne, vraie terre incontestée des prodiges dont le souvenir renouvelle l’allégresse des cieux, la fureur de Satan, le triomphe du monde.
Anne, point de départ du salut, horizon qu’observaient les Prophètes, région du ciel la première empourprée des feux de l’aurore ; sol béni, dont la fertilité si pure donna dès lors à croire aux Anges qu’Éden nous était rendu ! Mais dans l’auréole d’incomparable paix qui l’entoure, saluons en elle aussi la terre de victoire éclipsant tous les champs de bataille fameux : sanctuaire de l’Immaculée Conception, là fut repris par notre race humiliée le grand combat [92] commencé près du trône de Dieu par les célestes phalanges ; là le dragon chassé des deux vit broyer sa tête, et Michel surpassé en gloire remit joyeux à la douce souveraine qui, dès son éveil à l’existence, se déclarait ainsi, le commandement des armées du Seigneur.
Quelle bouche humaine, si le charbon ardent ne l’a touchée [93], pourra dire l’admiratif étonnement des angéliques principautés, lorsque la sereine complaisance de la Trinité sainte, passant des brûlants Séraphins jusqu’aux derniers rangs des neuf chœurs, inclina leurs regards de feu à la contemplation de la sainteté subitement éclose au sein d’Anne ? Le Psalmiste avait dit de la Cité glorieuse dont les fondations se cachent en celle qui auparavant fut stérile : Ses fondements sont posés sur les saintes montagnes [94] ; et les célestes hiérarchies couronnant les pentes des collines éternelles découvrent là des hauteurs inconnues qu’elles n’atteignirent jamais, des sommets avoisinant la divinité de si presque déjà elle s’apprête à y poser son trône. Comme Moïse à la vue du buisson ardent sur Horeb, elles sont saisies d’une frayeur sainte, en reconnaissant au désert de notre monde de néant la montagne de Dieu, et comprennent que l’affliction d’Israël va cesser [95]. Quoique sous le nuage qui la couvre encore, Marie, au sein d’Anne, est en effet déjà cette montagne bénie dont la base, le point de départ de grâce, dépasse le faîte des monts où les plus hautes saintetés créées trouvent leur consommation dans la gloire et l’amour.
Oh ! Combien donc justement Anne, par son nom, signifie grâce, elle qui, neuf mois durant, resta le lieu des complaisances souveraines du Très-Haut, de l’extase des très purs esprits, de l’espoir de toute chair ! Sans doute ce fut Marie, la fille et non la mère, dont l’odeur si suave attira dès lors si puissamment les cieux vers nos humbles régions. Mais c’est le propre du parfum d’imprégner de lui premièrement le vase qui le garde, et, lors même qu’il en est sorti, d’y laisser sa senteur. La coutume n’est-elle pas du reste que ce vase lui aussi soit avec mille soins préparé d’avance, qu’on le choisisse d’autant plus pure, d’autant plus noble matière, qu’on le relève d’autant plus riches ornements que plus exquise et plus rare est l’essence qu’on se propose d’y laisser séjourner ? Ainsi Madeleine renfermait-elle son nard précieux dans l’albâtre [96]. Ne croyons pas que l’Esprit-Saint, qui préside à la composition des parfums du ciel, ait pu avoir de tout cela moins souci que les hommes. Or le rôle de la bienheureuse Anne fut loin de se borner, comme fait le vase pour le parfum, à contenir passivement le trésor du monde. C’est de sa chair que prit un corps celle en qui Dieu prit chair à son tour ; c’est de son lait qu’elle fut nourrie ; c’est de sa bouche que, tout inondée qu’elle fût directement de la divine lumière, elle reçut les premières et pratiques notions de la vie. Anne eut dans l’éducation de son illustre fille la part de toute mère ; non seulement, quand Marie dut quitter ses genoux, elle dirigea ses premiers pas ; elle fut en toute vérité la coopératrice de l’Esprit-Saint dans la formation de cette âme et la préparation de ses incomparables destinées : jusqu’au jour où, l’œuvre parvenue à tout le développement qui relevait de sa maternité, sans retarder d’une heure, sans retour sur elle-même, elle offrit l’enfant de sa tendresse à celui qui la lui avait donnée.
Sic fingit tabernaculum Deo, ainsi elle crée un tabernacle à Dieu : c’était la devise que portaient, autour de l’image d’Anne instruisant Marie, les jetons de l’ancienne corporation des ébénistes et des menuisiers, qui, regardant la confection des tabernacles de nos églises où Dieu daigne habiter comme son œuvre la plus haute, avait pris sainte Anne pour patronne et modèle auguste. Heureux âge que celui où ce que l’on aime à nommer la naïve simplicité de nos pères, atteignait si avant dans l’intelligence pratique des mystères que la stupide infatuation de leurs fils se fait gloire d’ignorer ! Les travaux du fuseau, de tissage, de couture, de broderie, les soins d’administration domestique, apanage de la femme forte exaltée au livre des Proverbes [97], rangèrent naturellement aussi dans ces temps les mères de famille, les maîtresses de maison, les ouvrières du vêtement, sous la protection directe de la sainte épouse de Joachim. Plus d’une fois, celles que le ciel faisait passer par l’épreuve douloureuse qui, sous le nid du passereau, avait dicté sa prière touchante, expérimentèrent la puissance d’intercession de l’heureuse mère de Marie pour attirer sur d’autres qu’elle-même la bénédiction du Seigneur Dieu.
L’Orient précéda l’Occident dans le culte public de l’aïeule du Messie. Vers le milieu du VIe siècle, Constantinople lui dédiait une église. Le Typicon de saint Sabbas ramène sa mémoire liturgique trois fois dans l’année : le 9 septembre, en la compagnie de Joachim son époux, au lendemain de la Nativité de leur illustre fille ; le 9 décembre, où les Grecs, qui retardent d’un jour sur les Latins la solennité de la Conception immaculée de Notre-Dame, célèbrent cette fête sous un titre qui rappelle plus directement la part d’Anne au mystère ; enfin le 25 juillet, qui, n’étant point occupé chez eux par la mémoire de saint Jacques le Majeur anticipée au 30 avril, est appelé Dormition ou mort précieuse de sainte Anne, mère de la très sainte Mère de Dieu : ce sont les expressions mêmes que le Martyrologe romain devait adopter par la suite.
Si Rome, toujours plus réservée, n’autorisa que beaucoup plus tard l’introduction dans les Églises latines d’une fête liturgique de sainte Anne, elle n’avait point attendu cependant pour diriger de ce côté, en l’encourageant, la piété des fidèles. Dès le temps de saint Léon III [98],et parle commandement exprès de l’illustre Pontife, on représentait l’histoire d’Anne et de Joachim sur les ornements sacrés destinés aux plus nobles basiliques de la Ville éternelle [99]. L’Ordre des Carmes, si dévot à sainte Anne, contribua puissamment, par son heureuse transmigration dans nos contrées, au développement croissant d’un culte appelé d’ailleurs comme naturellement par les progrès de la dévotion des peuples à la Mère de Dieu. Cette étroite relation des deux cultes est en effet rappelée dans les termes de la concession par laquelle, en 1381, Urbain VI donnait satisfaction aux vœux des fidèles d’Angleterre et autorisait pour ce royaume la fête de la bienheureuse Anne [100]. Déjà au siècle précédent, l’Église d’Apt en Provence était en possession de cette solennité : priorité s’expliquant chez elle par l’honneur insigne qui lui échut pour ainsi dire avec la foi, lorsqu’au premier âge du christianisme elle reçut en dépôt le très saint corps de l’aïeule du Messie.
Depuis que le Seigneur remonté aux cieux a voulu que, comme lui, Notre-Dame y fût couronnée sans plus tarder dans la totalité de son être virginal, n’est-il pas vrai de dire que les reliques de la Mère de Marie doivent être doublement chères au monde : et comme toutes autres, en raison de la sainteté de celle dont ils sont les restes augustes ; et plus qu’aucunes autres, par ce côté qui nous les montre en voisinage plus immédiat qu’aucune avec le mystère de la divine Incarnation ? Dans son abondance, l’Église d’Apt crut pouvoir se montrer prodigue ; si bien qu’il nous serait impossible d’énumérer les sanctuaires qui, soit de cette source incomparable, soit d’ailleurs pour de plus ou moins notables portions, se trouvent aujourd’hui enrichis d’une part de ces restes précieux. Nous ne pouvons omettre de nommer cependant, parmi ces lieux privilégiés, l’insigne Basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs ; dans une apparition à sainte Brigitte de Suède [101], Anne voulut confirmer elle-même l’authenticité du bras que l’église où repose le Docteur des nations, conserve d’elle comme un des plus nobles joyaux de son opulent trésor.
Ce fut seulement en 1584, que Grégoire XIII ordonna la célébration de la fête du 26 juillet dans le monde entier, sous le rit double. C’était Léon XIII qui devait, de nos jours (1879), l’élever en même temps que celle de saint Joachim à la dignité des solennités de seconde Classe. Mais auparavant, en 1622, Grégoire XV, guéri d’une grave maladie par sainte Anne, avait déjà mis sa fête au nombre des fêtes de précepte entraînant l’abstention des œuvres serviles.
Anne recevait enfin ici-bas les hommages dus au rang qu’elle occupe au ciel ; elle ne tardait pas à reconnaître par des bienfaits nouveaux la louange plus solennelle qui lui venait delà terre. Dans les années 1623, 1624, 1625, au village de Keranna près Auray en Bretagne, elle se manifestait à Yves Nicolazic, et lui faisait trouver au champ du Bocenno, qu’il tenait à ferme, l’antique statue dont la découverte allait, après mille ans d’interruption et de ruines, amener les peuples au lieu où l’avaient jadis honorée les habitants de la vieille Armorique. Les grâces sans nombre obtenues en ce lieu, devaient en effet porter leur renommée bien au delà des frontières d’une province à laquelle sa foi, digne des anciens âges, venait de mériter la faveur de l’aïeule du Messie ; Sainte-Anne d’Auray allait compter bientôt parmi les principaux pèlerinages du monde chrétien.
Plus heureuse que l’épouse d’Elcana, qui vous avait figurée par ses épreuves et son nom même [102], ô Anne, vous chantez maintenant les magnificences du Seigneur [103]. Où est la synagogue altière qui vous imposait ses mépris ? Les descendants de la stérile sont aujourd’hui sans nombre ; et nous tous, les frères de Jésus, les enfants comme lui de Marie votre fille, c’est dans la joie qu’amenés par notre Mère, nous vous présentons avec elle nos vœux en ce jour. Quelle fête plus touchante au foyer que celle de l’aïeule, quand autour d’elle, comme aujourd’hui, viennent se ranger ses petits-fils dans la déférence et l’amour ! Pour tant d’infortunés qui n’eussent jamais connu ces solennités suaves, ces fêtes de famille, de jour en jour, hélas ! Plus rares, où la bénédiction du paradis terrestre semble revivre en sa fraîcheur, quelle douce compensation réservait la miséricordieuse prévoyance de notre Dieu ! lia voulu, ce Dieu très haut, tenir à nous de si près qu’il fût un de nous dans la chair ; il a connu ainsi que nous les relations, les dépendances mutuelles résultant comme une loi de notre nature, ces liens d’Adam dans lesquels il avait projeté de nous prendre [104] et où il se prit le premier. Car, en élevant la nature au-dessus d’elle-même, il ne l’avait pas supprimée ; il faisait seulement que la grâce, s’emparant d’elle, l’introduisît jusqu’aux cieux : en sorte qu’alliées dans le temps par leur commun auteur, nature et grâce demeurassent pour sa gloire unies dans l’éternité. Frères donc par la grâce de celui qui reste à jamais votre petit-fils par nature, nous devons à cette disposition pleine d’amour de la divine Sagesse de n’être point, sous votre toit, des étrangers en ce jour ; vraie fête du cœur pour Jésus et Marie, cette solennité de famille est aussi la nôtre.
Donc, ô Mère, souriez à nos chants, bénissez nos vœux. Aujourd’hui et toujours, soyez propice aux supplications qui montent vers vous de ce séjour d’épreuves. Dans leurs désirs selon Dieu, dans leurs douloureuses confidences, exaucez les épouses et les mères. Maintenez, où il en est temps encore, les traditions du foyer chrétien. Mais déjà, que de familles où le souffle de ce siècle a passé, réduisant à néant le sérieux de la vie, débilitant la foi, ne semant qu’impuissance, lassitude, frivolité, sinon pis, à la place des fécondes et vraies joies de nos pères ! Oh ! Comme le Sage, s’il revenait parmi nous, dirait haut toujours : « Qui trouvera la femme forte [105] ? » Elle seule, en effet, par son ascendant, peut encore conjurer ces maux, mais à la condition de ne point oublier où réside sa puissance ; à savoir dans les plus humbles soins du ménage exercés par elle-même, le dévouement qui se dépense obscurément, veilles de nuit, prévoyance de chaque heure, travaux de la laine et du lin, jeu du fuseau : toutes ces fortes choses [106] qui lui assurent confiance et louange de la part de l’époux [107], autorité sur tous [108], abondance au foyer [109], bénédiction du pauvre assisté par ses mains [110], estime de l’étranger [111], respect de ses fils [112], et pour elle-même, dans la crainte du Seigneur [113], noblesse et dignité [114], beauté autant que force [115], sagesse, douceur et contentement [116], sérénité du dernier jour [117].
Bienheureuse Anne, secourez la société qui se meurt parle défaut de ces vertus qui furent vôtres. Vos maternelles bontés, dont les effusions sont devenues plus fréquentes, ont accru la confiance de l’Église ; daignez répondre aux espérances qu’elle met en vous. Bénissez spécialement votre Bretagne fidèle ; ayez pitié de la France malheureuse, que vous avez aimée si tôt en lui confiant votre saint corps, que vous avez choisie plus tard de préférence comme le lieu toujours cher d’où vous vouliez vous manifester au monde, que naguère encore vous avez comblée en lui remettant le sanctuaire qui rappelle dans Jérusalem votre gloire et vos ineffables joies : ô vous donc qui, comme le Christ, aimez les Francs, qui dans la Gaule déchue daignez toujours voir le royaume de Marie, continuez-nous cet amour, tradition de famille pour nous si précieuse. Que votre initiative bénie vous fasse connaître par le monde à ceux de nos frères qui vous ignoreraient encore. Pour nous qui dès longtemps avons connu votre puissance, éprouvé vos bontés, laissez-nous toujours chercher en vous, ô Mère, repos, sécurité, force en toute épreuve ; à qui s’appuie sur vous, rien n’est à craindre ici-bas : ce que votre bras porte est bien porté.
Présentons notre couronne liturgique à la bienheureuse Anne ; et, comme premiers en date, offrons-lui d’abord ces accents empruntés aux Menées des Grecs.
MENSIS JULII DIE XXV.
Ex Officio vespertino.
Fête solennelle, toute de lumière, allégresse du monde ! Aujourd’hui, dans une sainteté digne de toute louange, s’est endormie la glorieuse Anne qui donna naissance à la Mère de la Vie.
Sur la stérile et l’inféconde ont germé les prémices du salut. Elle prie le Christ d’accorder le pardon de leurs fautes à ceux qui le louent dans la foi.
Salut, messagère du printemps de la grâce ! Salut, brebis dont reçut vie l’agnelle en qui l’Agneau qui ôte les péchés du monde, le Verbe, d’un mot fut conçu !
Salut, terre bénie d’où sortit la branche qui fleurit divinement ! Ton enfantement met en fuite la stérilité, Anne en Dieu bienheureuse, aïeule du Christ Dieu, qui as mis au monde la Mère de Dieu comme un flambeau brillant : daigne avec elle intercéder pour qu’à nos âmes soit faite miséricorde grande.
Toutes créatures, venez ; sur les cymbales et le psaltérion acclamons la pieuse Anne : de ses entrailles elle engendra la Montagne de Dieu, et fut enlevée jusqu’aux célestes monts dans les tabernacles du Paradis. Disons-lui : Bienheureuses les entrailles qui portèrent en toute vérité celle qui porta en elle la lumière du monde ! Gloire au sein dont fut allaitée celle qui nourrit le Christ notre nourriture ! Prie-le qu’il nous garde de toute attaque de l’ennemi et que nos âmes soient sauvées.
Passant dans nos contrées occidentales, unissons-nous aux chants des diverses Églises. Les Mozarabes interpréteront les sentiments de la stérile, enfin si splendidement exaucée :
ANTIPHONA. | |
Confitebor tibi, Domine, in toto corde meo : quia exaudisti verba oris mei. | Je vous louerai, Seigneur, de tout mon cœur, parce que vous avez exaucé les paroles de ma bouche. |
R/. In conspectu Angelorum psallam tibi. | R/. En présence des Anges, je vous chanterai des psaumes. |
V/. Deus meus es tu, et confitebor tibi : Deus meus, et exaltabo te. | V/. Vous êtes mon Dieu, et je célébrerai vos louanges ; vous êtes mon Dieu, et je dirai vos grandeurs. |
R/. In conspectu. | R/. En présence. |
V/. Gloria et honor Patri, et Filio, et Spiritui Sancto in sæcula sæculorum. Amen. | V/. Gloire et honneur au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen. |
R/. In conspectu. | R/. En présence. |
Apt dira la gloire dont la Provence est en elle honorée :
ANTIENNE. | |
O Splendor Provinciæ, nobilis mater Mariæ Virginis, et Davidis filia ; avia Redemptoris, nobis opem feras veniæ ut vivamus cum beatis. | O gloire de la Provence, noble Mère de la Vierge Marie, fille de David, aïeule du Rédempteur, soyez-nous secourable pour obtenir grâce et vie bienheureuse. |
La Bretagne proclamera la confiance qu’elle met dans son illustre protectrice :
RÉPONS. | |
Hæc est Mater nobis electa a Domino, Anna sanctissima, Britonum spes et tutela : * Quam in prosperis adjutricem, in adversis auxiliatricem habemus. | Voici la Mère qu’a choisie pour nous le Seigneur, Anne la très sainte, des Bretons l’espérance et la garde : * Dans la prospérité notre aide, notre secours dans l’adversité. |
V/. Populi sui memor sit semper ; adsitque grata fihis suis, terra marique laborantibus. * Quam in prosperis. | V/. Que de son peuple toujours elle ait souvenir ; qu’elle sourie à ses fils sur la terre et sur l’onde. * Dans la prospérité. |
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. * Quam in prosperis. | Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. * Dans la prospérité. |
Tous, avec elle, nous ferons nôtre l’Hymne suivante :
HYMNE. | |
Lucis beatæ gaudiis,
Gestit parens Ecclesia, Annamque Judææ decus Matrem Mariæ concinit. | Lumière bienheureuse, dont les joies
font tressaillir la Mère Église ! En ce jour elle chante Anne, l’honneur de la Judée, la Mère de Marie. |
Regum piorum sanguini
Jungens Sacerdotes avos, Illustris Anna splendidis Vincit genus virtutibus. | Joignant au sang des saints Rois
celui de ses aïeux les Pontifes, Anne surpasse par l’éclat des vertus l’illustration d’une telle race. |
Cœlo favente nexuit
Vincli jugalis fœdera, Alvoque sancta condidit Sidus perenne virginum. | Sous le regard du ciel,
elle contracte une alliance bénie ; dans sa chair sainte prend vie l’astre immortel des vierges. |
O mira cœli gratia !
Annæ parentis in sinu Concepta virgo conterit Sævi draconis verticem. | Merveille de la céleste grâce !
Au sein la céleste d’Anne sa mère, la vierge écrase en sa conception la tête du dragon cruel. |
Tanto salutis pignore
Jam sperat humanum genus : Orbi redempto prævia Pacem columba nuntiat. | Nantie d’un tel gage de salut,
la race humaine espère enfin : au monde racheté la colombe annonce la paix qui la suit. |
Sit laus Patri, sit Filio,
Tibique Sancte Spiritus. Annam pie colentibus Confer perennem gratiam. Amen. | Soit louange au Père, ainsi qu’au Fils,
et à vous, Esprit-Saint ! Aux pieux clients d’Anne donnez la grâce éternelle. Amen. |
Milan, dans son Missel ambrosien, conclura par ces belles formules de louange et de prière au Seigneur :
PRÉFACE. | |
Æterne Deus : qui beatam Annam singulari tuæ gratiæ privilegio sublimasti. Cui desideratæ fœcunditatis munus magnificum, et excellens adeo contulisti ; ut ex ipsa Virgo virginum, Maria, Angelorum Domina, Regina mundi, maris Stella, Mater Filii tui Dei et hominis nasceretur. Et ideo cum Angelis. | Il est digne de vous rendre grâces, Dieu éternel qui avez par un privilège singulier de votre grâce exalté la bienheureuse Anne. A son désir de fécondité vous répondîtes par un don magnifique et dépassant tout, faisant que d’elle naquît Marie, Vierge des vierges, souveraine des Anges, Reine du monde, Etoile de la mer, Mère de votre Fils Dieu et homme. C’est pourquoi donc, avec les Anges. |
ORATIO SUPER SINDONEM. | |
Omnipotens, sempiterne Deus, qui beatam Annam, diuturna sterilitate afflictam, gloriosæ prolis fœtu tua gratia fœcundasti ; da, quæsumus : ut, pro nobis apud te intervenientibus ejus meritis, efficiamur sincera fide fœcundi, et salutiferis operibus fructuosi. Per Dominum. | Dieu tout-puissant, éternel, qui par votre grâce avez, après l’épreuve d’une longue stérilité, rendu féconde d’un fruit glorieux la bienheureuse Anne ; faites, nous vous en supplions, que, par l’appui de ses mérites auprès de vous, nous obtenions la fécondité d’une foi pure et produisions les fruits du salut dans nos œuvres. Par Jésus-Christ. |
Les privilèges et les grâces dont Dieu avait entouré la conception immaculée de Marie, sa Mère bénie, ne pouvaient pas ne pas se refléter sur ses heureux parents auxquels l’apocryphe Protoevangelium Iacobi donne le nom de Ioachim et d’’Anna. Nous savons que, dès le VIe siècle, Justinien érigea à Constantinople une église en l’honneur de sainte Anne, à qui, avec saint Joachim, le Ménologe dédia comme jour de fête le 9 septembre.
La vénération envers les aïeuls du Divin Rédempteur se répandit un peu partout en Orient. Les Syriens vénèrent sainte Anne sous le nom de Dîna le 25 juillet ; mais généralement les autres Orientaux tendent à rapprocher la fête des parents de la Mère de Dieu, de la solennité de sa naissance ou de son assomption au ciel. Dans le Calendrier byzantin, les saints Joachim et Anne sont honorés des titres de τῶν ἁγίων καὶ δικαίων θεοπατόρων Ἰωακεὶμ καὶ Ἄννηϛ [118].
Dans le monde latin, une des premières traces de culte envers les parents de la sainte Vierge se trouve dans la biographie de Léon III qui fit reproduire leurs images à Sainte-Marie-Majeure.
On s’accorde généralement à reconnaître une autre représentation de sainte Anne dans une niche de la basilique de Sainte-Marie-Antique au Forum romain, où sont peintes trois mères avec leurs enfants dans les bras : sainte Anne avec la Vierge Marie, sainte Élisabeth avec saint Jean-Baptiste et enfin Notre-Dame avec l’Enfant Jésus. Cette peinture est du VIIIe siècle, et a été attribuée au pape Constantin (708-715).
La fête liturgique de sainte Anne commence à apparaître ça et là chez les Latins durant le bas moyen âge ; cependant elle ne fut définitivement introduite dans le Missel romain que sous Grégoire XIII en 1584.
Rome a érigé à la mémoire de la sainte Mère de la bienheureuse Vierge une dizaine d’églises et chapelles au moins. La Basilique patriarcale de Saint-Paul était déjà en possession de la précieuse relique du bras de sainte Anne au temps de sainte Brigitte de Suède qui en obtint une parcelle. Sainte Anne lui apparut alors, et lui enseigna la manière de garder et de vénérer ses saintes reliques. En ces dernières années, Léon XIII et Benoît XV ont donné des fragments du même bras de sainte Anne à quelques insignes sanctuaires, à elle dédiés, au Canada et en Bretagne, où Dieu s’est également complu à les illustrer par de nombreux miracles.
La messe emprunte l’introït à celle du 16 juillet, en changeant le nom de la Fille en celui de la Mère.
Collecte. — « Seigneur qui avez accordé à la bienheureuse Anne la grâce de mettre au monde la Mère de votre Fils unique ; faites que, célébrant aujourd’hui sa fête, nous soyons assistés par son patronage ». L’Église considère donc comme une grâce, plus encore qu’un honneur, le privilège accordé à sainte Anne de donner le jour à la Mère de Dieu, et cela à bon droit, car, étant données les intimes relations de mère et d’aïeule, qui devaient exister entre sainte Anne, Notre-Dame et Jésus, l’épouse de Joachim ne put pas ne pas être enrichie avec munificence de toutes les grâces d’état convenant à la place et aux fonctions qui lui étaient assignées. La dignité de Jésus et de Marie exigeait en celle qui fut pour eux aïeule ou mère, une sainteté s’approchant de la leur.
La première lecture, qui contient les louanges de la femme forte se sanctifiant dans le sanctuaire de sa famille, se trouve le 9 mars dans le Missel. Le graduel, le verset alléluiatique et la lecture évangélique sont communs à la fête de sainte Praxède le 21 juillet.
Le champ dans lequel se trouve le trésor caché peut être le gracieux symbole de l’enfant d’Anne et de Joachim, la tige de Jessé, d’où procéda Jésus-Christ. Il faut dire la même chose du filet jeté dans la mer, lequel prend l’ΙΧΘΥΣ divin qui nourrit les hommes pour l’immortalité.
L’antienne pour l’offrande des oblations est la même que le 10 février. Le cortège nuptial de l’Époux divin et de l’Épouse est formé de filles de rois, parce que Marie, comme le chante l’Église : Regali ex progenie exorta refulget [119].
Secrète. — « Regardez favorablement, Seigneur, ce Sacrifice, afin que, grâce à l’intercession de la bienheureuse Anne, qui donna le jour à la Mère de votre Fils, il augmente notre piété et soit la cause de notre salut ». Il existe un lien intime entre le divin Sacrifice et sainte Anne ; car cette humanité et ce Sang que Jésus offrit sur la Croix et qu’il prit du sein très pur de Marie, celle-ci, à son tour, les doit à sa sainte mère Anne, dont elle fut conçue sans le péché originel.
Voici l’antienne pour la Communion (Ps. 44) : « La grâce est répandue sur vos lèvres. C’est pourquoi Dieu vous bénit éternellement et pour tous les siècles ». La grâce qu’Anne apporta au monde, c’est la Vierge Marie. Ses lèvres sont en outre baignées de grâce, parce que, dans ses fonctions de mère et d’aïeule, elle dut souvent couvrir de baisers le visage de Marie et de l’Enfant Jésus. C’est pour mettre en relief cette relation spéciale d’intimité de Joachim et d’Anne avec le Sauveur, que les Grecs leur donnent le glorieux titre de θεοπατόρων, c’est-à-dire d’aïeuls de Dieu.
Après la Communion : « Nourris du Sacrement céleste, nous vous demandons, ô Dieu tout-puissant, que par les mérites de la bienheureuse Anne, choisie par vous pour engendrer la Mère de votre Fils, nous puissions arriver au salut éternel ». Il faut remarquer l’insistance avec laquelle l’Église demande le salut des âmes. Pourquoi ? Parce que le salut est une œuvre gratuite de Dieu, à laquelle nous devons coopérer sans présomption, mais en toute humilité et avec confiance dans les mérites de Jésus-Christ. Durant la vie, nescit homo utrum odio an amore dignus sit [120] ; et c’est pourquoi, au dire de saint Pierre, nous devons, par nos bonnes œuvres, assurer de mieux en mieux notre éternelle prédestination.
Avant les bouleversements politiques de 1870, une des traditions de la Rome chrétienne comportait une cérémonie spéciale à l’occasion de la fête de sainte Anne. La confrérie des palefreniers pontificaux lui avait élevé une église, aux portes mêmes du palais du Vatican. Or le 26 juillet, cette confrérie organisait une procession grandiose qui accompagnait la statue de la Sainte jusqu’à la demeure du Cardinal Protecteur. Lorsque l’image de sainte Anne arrivait sur le pont Saint-Ange, le canon du Môle d’Hadrien faisait entendre plusieurs salves tirées en son honneur. Quoique depuis 1870 le Pape ne sortît plus du Vatican, Benoît XV voulut cependant, par une entrée latérale communiquant avec le palais pontifical, visiter cet ancien sanctuaire de sainte Anne où il avait fait exécuter des restaurations.
« Anne » signifie « grâce ». Vous êtes enfant de la grâce.
1. Sainte Anne. — « Mère de la Bienheureuse Vierge Marie », tel est le titre officiel que lui décerne l’Église ; c’est aussi son plus beau titre de gloire. Par suite, il convient de ranger la fête de ce jour plus encore parmi les fêtes du Sauveur que parmi celles des saints. Anne ! La grand-mère du Seigneur selon la chair ! Le Protévangile apocryphe de Jacques raconte que les pieux époux Joachim et Anne jouissaient d’une certaine aisance dont ils usaient généreusement. De leurs revenus annuels ils faisaient trois parts : l’une pour les pauvres, l’autre pour le temple, et la dernière pour leur propre subsistance. Mais un grand chagrin désolait leurs jours : malgré leurs persévérantes prières ils restaient sans enfant. C’était pour Anne une grande humiliation aux yeux de ses servantes, et il arriva à son époux d’être publiquement chassé du temple au moment où il voulait y déposer son offrande parce que Dieu lui avait refusé sa bénédiction.
Le cœur plein d’une immense douleur, Joachim s’enfuit dans la solitude et cria à Dieu sa détresse. Et voici qu’un ange lui fit alors entendre ce message : « Joachim, ta prière a été exaucée. Une fille te sera donnée et tu l’appelleras Marie. Elle sera, dès son enfance, consacrée à Dieu et remplie du Saint-Esprit ». A la même heure Anne eut une révélation semblable. Tous deux s’empressèrent alors d’aller au temple pour y remercier le Seigneur, et se rencontrèrent, rayonnants de joie, à la porte d’or du sanctuaire.
Quelle est la part de vérité en cette légende ? Nous l’ignorons ; elle apprend du moins que les grandes âmes mûrissent à l’école de la souffrance, et que, pour coopérer à l’œuvre de la Rédemption, il faut soi-même porter sa croix. Alors même que nous ignorerions tout de sainte Anne, ne pouvons-nous pas toujours nous la représenter comme la mère de la Sainte Vierge et la grand-mère de Notre-Seigneur, comme la femme noble, forte, éprouvée ? « Tel fruit, tel arbre » dit le proverbe.
Ce que fut Anne, les textes liturgiques nous le laissent entendre. L’Épître la dépeint sous les traits de la « femme forte » qui vaque assidûment à ses travaux domestiques, veille sur ses servantes, assiste les pauvres et se dévoue pour son mari.
L’Évangile révèle la source et le secret de sa grandeur : elle a trouvé un trésor, celui de l’amour de Dieu. Pour acquérir cette richesse elle renonce à tout, elle met en œuvre toute son énergie. Autre réflexion : pensons aujourd’hui avec reconnaissance à nos grand-mères. Représentons-les-nous, ces douces et braves femmes, assises au foyer, le chapelet à la main, priant pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Immédiatement après Dieu, c’est à nos mères et à nos grand-mères que nous devons notre foi.
2. La Messe (Gaudeamus). — Elle est en grande partie celle du commun des saintes femmes. Aux fêtes solennelles, l’Église se sert volontiers d’un chant d’introduction (emprunté à la liturgie grecque) immuable quant au texte et à la mélodie : « Réjouissons-nous tous dans le Seigneur en célébrant ce jour de fête en l’honneur de la bienheureuse Anne. De cette solennité les anges se réjouissent et ils louent le Fils de Dieu ». Avec joie, nous nous réunissons aussi pour fêter sainte Anne par le Sacrifice de son petit-fils. Et ce n’est pas seulement la terre, mais le ciel qui prend part à cette allégresse (introït).
Les chants psalmodiques de la messe sont tous tirés du psaume 44, qui proclame l’alliance du Christ et de l’Église. L’entrée du clergé est un cortège nuptial : en tête, Anne comme fiancée, nous ensuite. A 1"Offertoire, nous apportons aujourd’hui des cadeaux de noce. Sur la table est déposée la parure nuptiale ; l’épouse royale est véritablement près de l’Époux en sa robe de fiançailles. La Leçon donne la célèbre description de « la femme forte » tirée du livre de la Sagesse : « Qui peut trouver une femme forte ?... » Nous l’avons trouvée aujourd’hui en sainte Anne. Et que furent dans sa vie la perle et le trésor dont parle l’Évangile ? L’amour de Dieu, l’amour du Christ pour nous, le Royaume de Dieu. « Anne » signifie « enfant de la grâce », idée que semble vouloir souligner l’oraison. Au Saint-Sacrifice, notre âme doit devenir aujourd’hui une nouvelle « Anne », une « enfant de la grâce ».
[1] Matth. 13, 45-46.
[2] Ps. 44, 4.
[3] Sauf la 2nde antienne, l’Église attribue aux saintes Femmes les mêmes Antiennes qu’aux Vierges : Venez, épouse du Christ, car elles ont aussi une part aux noces spirituelles du Christ, quoique moins éclatante que celle des saintes Vierges.
[4] Sap. 4, 1.
[5] Selon saint Augustin la main gauche signifie les biens que Dieu nous accorde en cette vie et la main droite la gloire qu’il nous promet pour l’éternité. Les Saints reçoivent du Sauveur le centupla qu’il leur a promis en ce monde ; mais ils n’y attachent pas leur cœur, la gauche est sous leur tête, ils soupirent après la droite qui promet et donne le ciel. La gauche soutient la faiblesse de l’homme ici-bas, la droite couronne au ciel ses vertus. La gauche, c’est-à-dire le secours du Seigneur, sera toujours l’appui de notre tête, si nous cherchons avant tout le royaume de Dieu, c’est-à-dire sa droite. — La gauche désigne la grâce de la vie présente ; la droite la gloire future et éternelle. (Cornélius à Lapide). La gauche me soulève, la droite me recevra ; la gauche me justifiera droite me béatifiera. Il n’est pas dit m’embrasse, mais m’embrassera afin que vous sachiez que la première grâce ne me trouve pas ingrate et que je préviens la seconde par mes actions de grâce — Heureuse l’âme qui repose ainsi sur le cœur du Christ ; ces deux bras de Dieu indiquent encore l’entière protection qu’il accorde à l’âme qui soupire vers lui. (S. Bernard).
[6] Cant. 2, 6.
[7] Sunamite : allusion à la vierge de Sunam que David mit au rang de ses épouses. Cette Ant. semble être adressée par l’Église militante à l’âme sainte qui la quitte pour aller à son Époux, et dont elle désire admirer encore les vertus. – Sunamite selon saint Ambroise, ce nom veut dire : âme parvenue à la paix. Nous adressons cet appel à celle dont nous célébrons la fête pour qu’elle nous obtienne la grâce de méditer avec fruit ses vertus et ses exemples.
[8] Cant. 6, 12.
[9] Ps. 44, 4.
[10] Forte, « c’est-à-dire fortement attachée à ses devoirs ». (Cornélius a Lapide).
[11] La femme forte, celle qui possède ce don de Dieu qu’on appelle la force. Sa valeur surpasse les trésors de ce monde, car elle est l’œuvre de la grâce céleste a en dehors de Dieu et de son assistance surnaturelle, la nature est trop faible pour produire et mûrir ce fruit de vertu.
[12] De dépouilles selon l’hébreux et la Vulgate. Le bonheur de son intérieur le détournera de s’enrichir par la guerre ou les rapines.
[13] Ce n’est pas un navire de guerre ; mais le navire pacifique qui rapporte des vivres en abondance.
[14] Elle est pleine de prévoyance et procure à sa famille les vrais biens.
[15] Esprit de sacrifice, oubli de son dévouement, charité. « Il faut arracher au sommeil le plus de notre vie que nous pourrons. » (Clément d’Alexandrie).
[16] Ps. 44, 11.
[17] « C’est ton Roi, ton Dieu qui devient ton Époux, lui qui te donne tout ce qui peut lui plaire en toi. »(Saint Augustin).
[18] La beauté de l’épouse consiste dans son obéissance et son entier dévouement au Roi son Dieu (Lesêtre). Âme chrétienne, si tu pratiques comme celle dont tu célèbres la mémoire, tu seras belle et le Roi sera épris de ta beauté. (S. Chrysostome).
[19] Ps. 44, 4.
[20] La lampe de la femme forte demeure allumée afin qu’elle puisse accourir à la première alerte. Le contexte semble pourtant demander que la lampe soit prise ici dans le sens allégorique. (Lesêtre). Heureuse la femme dont la foi chrétienne est une lampe qui brille toujours dans la nuit de cette terre.
[21] A des choses fortes : à des travaux pénibles.
[22] La femme forte se met en rapport personnellement avec le pauvre remplissant vis-à-vis d’eux tous ces ministères que d’autres ont, dit saint Jérôme, coutume de faire exercer par leurs serviteurs.
[23] Les frimas sont généralement dans l’Écriture un emblème des adversités terrestres. Ce texte, après nous avoir montré la compassion charitable de la Femme forte, semble donc nous dire que son courage lui est égal, et qu’elle sait « que tout coopère au bien pour ceux qui aiment Dieu ». (Rom., 8, 28).
[24] Aux portes où se rend la justice. Joie de la femme forte au jour de la mort et du jugement.
[25] Les Chananéens étaient célèbres dans l’antiquité par leur commerce. C’est pour cela que Chananéen est devenu synonyme de marchand, commerçant.
[26] La prière qui monte des lèvres de la vierge fidèle attire sur elle les divines faveurs, et ses paroles que Dieu bénit ont sur d’autres âmes une influence salutaire.
[27] Ps. 44, 2.
[28] Ps. 44, 4.
[29] Elle ne craindra ni la mort, ni aucune éventualité, car sa famille est bien constituée, et ses œuvres l’ont devancée au séjour du repos.
[30] Loi de clémence. C’est une très grande perfection que d’être vraiment bon en paroles. Les récompenses temporelles marquées ici sont l’image du fruit de gloire que les saintes femmes recueillent dans le ciel et de l’accueil qu’elles trouvent auprès du souverain Juge.
[31] La phrase précédente semble placée sur les lèvres de son mari et de ses fils, levés pour louer cette femme excellente.
[32] C’est-à-dire qu’il serait superflu de vouloir relever par des discours un mérite que les œuvres publient et auquel il suffit de rendre justice.
[33] Ps. 44, 4.
[34] Ps. 44, 2.
[35] Ps. 44, 4.
[36] C’est-à-dire que loin de la délaisser, il la protégera, fixant sur elle son regard divin, et la soutenant de sa parole sainte.
[37] Elle vit avec Dieu dans ce centre d’elle-même ; sa vie intérieure faits a force.
[38] Ps. 45, 5.
[39] Pour le salut d’une âme le Christ ne s’est laissé arrêter par aucun tourment ; à son tour l’âme sainte ne se laisse détourner de son amour par aucune crainte ni par aucun plaisir, et c’est en vain que les eaux de la tribulation luttent contre le feu de la charité. (Cornélius à Lapide).
[40] Cant. 8, 7.
[41] Ps. 45, 5.
[42] Cf. I Reg. 1.
[43] Ps. 44, 5.
[44] Ps. 44, 4.
[45] Cf. Ps. 131, 8.
[46] Ps. 44, 8.
[47] Ps. 44, 5.
[48] D’un oracle, allusion à la tradition ou légende qui rapporte que sainte Anne, versant un jour des larmes sur sa stérilité en considérant dans son jardin un nid rempli d’oiseaux, un Ange lui apparut et lui dit : Ne crains point il est dans les desseins de Dieu de te donner une enfant et celui qui naîtra d’elle sera l’admiration des siècles jusqu’à la fin des temps. Au même moment, un autre messager céleste aurait, croit-on, donné la même assurance à saint Joachim qui faisait paître ses troupeaux dans la montagne.
[49] Prov. 31, 30.
[50] L’Épouse des Cantiques, dans ces paroles que l’Église applique aux saintes, se fait gloire non seulement d’être belle, mais aussi d’être noire. Saint Bernard nous apprend que cette noirceur signifie l’humilité de la pénitence, et le mépris professé par les Saints pour la beauté extérieure Ainsi l’épouse se glorifie dans l’ignominie du Calvaire ; mais elle est belle, belle déjà ici-bas d’une beauté toute intérieure, plus belle encore dans les cieux, où une gloire immense est son partage.
[51] Cant. 1, 4.
[52] L’Épouse s’adresse à Jésus-Christ et lui demande de l’entraîner après lui car elle confesse son impuissance, s’il ne daigne l’attirer. Elle veut suivre ses exemples, imiter ses souffrances, le rejoindre au ciel. Elle emploie le pluriel pour dire : « Nous courrons » parce qu’elle demande que d’autres âmes partagent non ses épreuves, mais ses consolations, et qu’elle sait que l’onction des grâces de l’Époux s’étendra sur d’autres après elle : de saints exemples ne restent pas stériles.
[53] Cant. 1, 4.
[54] Cf. Ps. 131, 13.
[55] Matth. 13, 44.
[56] Les quatre vertus cardinales, prudence, tempérance, justice et force, nous sont montrées en la femme forte par ce répons
[57] A la sagesse divine, par la prière.
[58] C’est-à-dire que ses paroles respirent la charité et ignorent toute dispute.
[59] Prov. 31, 26.
[60] Prov. 31, 16.
[61] Matth. 5, 16.
[62] Des labeurs endurés pour notre salut, « le Christ-Roi se repose depuis qu’il est monté au plus haut des cieux, et tandis qu’il s’y repose, le parfum des vertus monte vers lui et se répand dans la Sainte Église ». (S. Grégoire). Il est bon ce parfum de l’humilité qui s’élève de la vallée des larmes (S. Bernard), ce parfum de la foi (S. Ambroise), ce parfum de la pénitence. (Aponius). Toutes les vertus ont leur parfum. (S. Bernard).
[63] Le nard, dit saint Bernard, est une herbe petite et d’une nature chaude, il symbolise l’humilité, celle qui part du cœur. L’Église nous fait donc entendre que l’humilité de la Sainte dont elle célèbre la fêté est montée comme un parfum jusqu’au trône de Dieu, là où Jésus-Christ se repose à jamais dans le sein du Père. Elle nous rappelle aussi Madeleine oignant les pieds du Sauveur.
[64] Cant. 1, 11.
[65] Nous ne pouvons suivre Notre-Seigneur, si lui-même ne nous en donne la grâce, grâce divine, dont la suavité peut se comparer à d’excellents parfums. Le récit des vertus des Saints nous embaume à son tour d’un parfum spirituel qui nous invite à suivre leurs traces.
[66] Par adolescentes on peut entendre ici toutes les âmes fidèles et spécialement les plus chastes (Cornélius à Lapide). L’âme sortie de l’état imparfait et parvenue à la fleur de l’âge au sens spirituel, ne manque pas d’intelligence à cause d’une trop grande jeunesse, et ne connaît pas non plus le déclin, aussi aime-t-elle de toutes les forces de son cœur cette beauté qu’on ne sait décrire (S. Grégoire de Nysse), celle de Dieu et de la vertu.
[67] Cant. 1, 2-3.
[68] Par l’hiver on peut entendre les persécutions et les tentations de cette vie, si bien nommée vallée de larmes. Le Seigneur invite l’âme sainte à la récompense.
[69] Appelant l’âme sainte de l’exil de cette vie à la gloire de la patrie céleste, le Christ lui dit : Viens à mon trône car l’hiver de la mortalité a passé, les souffrances et les peines qui tombent sur les hommes comme une pluie en leur vie terrestre sont écartées pour toi et les fleurs de la gloire céleste paraissent. (Cornélius à Lapide).
[70] Cant. 2, 11.
[71] De la Jérusalem céleste.
[72] Le terme hébreux, comme la traduction latine désigne le butin de guerre.
[73] Ps. 44, 2.
[74] Prov. 31, 31.
[75] Des labeurs endurés pour notre salut, « le Christ-Roi se repose depuis qu’il est monté au plus haut des cieux, et tandis qu’il s’y repose, le parfum des vertus monte vers lui et se répand dans la Sainte Église ». (S. Grégoire). Il est bon ce parfum de l’humilité qui s’élève de la vallée des larmes (S. Bernard), ce parfum de la foi (S. Ambroise), ce parfum de la pénitence. (Aponius). Toutes les vertus ont leur parfum. (S. Bernard).
[76] Le nard, dit saint Bernard, est une herbe petite et d’une nature chaude, il symbolise l’humilité, celle qui part du cœur. L’Église nous fait donc entendre que l’humilité de la Sainte dont elle célèbre la fêté est montée comme un parfum jusqu’au trône de Dieu, là où Jésus-Christ se repose à jamais dans le sein du Père. Elle nous rappelle aussi Madeleine oignant les pieds du Sauveur.
[77] Cant. 1, 11.
[78] Nous ne pouvons suivre Notre-Seigneur, si lui-même ne nous en donne la grâce, grâce divine, dont la suavité peut se comparer à d’excellents parfums. Le récit des vertus des Saints nous embaume à son tour d’un parfum spirituel qui nous invite à suivre leurs traces.
[79] Par adolescentes on peut entendre ici toutes les âmes fidèles et spécialement les plus chastes (Cornélius à Lapide). L’âme sortie de l’état imparfait et parvenue à la fleur de l’âge au sens spirituel, ne manque pas d’intelligence à cause d’une trop grande jeunesse, et ne connaît pas non plus le déclin, aussi aime-t-elle de toutes les forces de son cœur cette beauté qu’on ne sait décrire (S. Grégoire de Nysse), celle de Dieu et de la vertu.
[80] Cant. 1, 2-3.
[81] Par l’hiver on peut entendre les persécutions et les tentations de cette vie, si bien nommée vallée de larmes. Le Seigneur invite l’âme sainte à la récompense.
[82] Appelant l’âme sainte de l’exil de cette vie à la gloire de la patrie céleste, le Christ lui dit : Viens à mon trône car l’hiver de la mortalité a passé, les souffrances et les peines qui tombent sur les hommes comme une pluie en leur vie terrestre sont écartées pour toi et les fleurs de la gloire céleste paraissent. (Cornélius à Lapide).
[83] Cant. 2, 11.
[84] De la Jérusalem céleste.
[85] Le terme hébreux, comme la traduction latine désigne le butin de guerre.
[86] Ps. 44, 2.
[87] Prov. 31, 20-21.
[88] Gen. I, 28.
[89] Protevangelium Jacobi.
[90] Jusqu’à la réforme de St Pie X où elle fut fixée au 16 août.
[91] Isai. XI, 1.
[92] Apoc. XII, 7-9.
[93] Isai. VI, 6-7.
[94] Psalm. LXXXVI, 1.
[95] Ex. III, 1-10.
[96] Marc, XIV, 3.
[97] Prov. XXXI, 10-31.
[98] 795-816.
[99] Lib. pontif. in Leon. III.
[100] Labb. Concil. XI, p. II, col. 2050.
[101] Revelationes S. Birgittae, Lib. VI, cap. 104.
[102] I Reg. I.
[103] Ibid. II.
[104] Ose. XI, 4.
[105] Prov. XXXI, 10.
[106] Ibid. 13-18.
[107] Ibid. 11-28.
[108] Ibid. 15.
[109] Ibid. 11.
[110] Ibid. 20.
[111] Ibid. 24, 31.
[112] Ibid. 28.
[113] Ibid. 3o.
[114] Ibid. 22-23.
[115] Ibid. 25.
[116] Prov. XXXI, 26, 27.
[117] Ibid. 25.
[118] Les saints et justes Parents de Dieu Joachim et Anne.
[119] Resplendit, issue d’une lignée royale.
[120] L’homme ne sait pas si’il est digne d’amour et de haine.