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17/07 St Alexis, confesseur

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

Fête apparue à Rome aux XIe et XIIe siècle. Simple dans le calendrier de St Pie V, puis semidouble. Réduit au rang de commémoraison en 1960.

Textes de la Messe

die 17 Iulii
le 17 juillet
SANCTI ALEXII
SAINT ALEXIS
Conf.
Confesseur
Commemoratio (ante CR 1960 : semiduplex)
Commémoraison (avant 1960 : semidouble)
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 30-31.Introït
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium : lex Dei eius in corde ipsíus. (T.P. Allelúia, allelúia.)La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité ; la loi de son Dieu est dans son cœur. (T.P. Alléluia, alléluia.)
Ps. Ibid., 1.
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem.Ne porte pas envie au méchant et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité.
V/. Glória Patri.
Oratio.Collecte
Deus, qui nos beáti Aléxii Confessóris tui ánnua solemnitáte lætíficas : concéde propítius ; ut, cuius natalítia cólimus, étiam actiónes imitémur. Per Dóminum.Dieu, vous nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Alexis, votre Confesseur : faites, dans votre bonté, qu’honorant sa naissance au ciel, nous imitions aussi les actions de sa vie.
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Timótheum.Lecture de l’Epître de saint Paul Apôtre à Timothée.
1 Tim. 6, 6-12.
Caríssime : Est quæstus magnus píetas cum sufficiéntia. Nihil enim intúlimus in hunc mundum : haud dúbium, quod nec auférre quid póssumus. Habéntes autem aliménta, et quibus tegámur, his conténti simus. Nam qui volunt dívites fíeri, incídunt in tentatiónem et in láqueum diáboli, et desidéria multa inutília et nocíva : quæ mergunt hómines in intéritum et perditiónem. Radix enim ómnium malórum est cupíditas : quam quidam appeténtes, erravérunt a fide, et inseruérunt se dolóribus multis. Tu autem, o homo Dei, hæc fuge : sectáre vero iustítiam, pietátem, fidem, caritátem, patiéntiam, mansuetúdinem. Certa bonum certámen fídei, apprehénde vitam ætérnam.Très cher : C’est bien une grande affaire profitable que la piété unie au désintéressement, car nous n’avons rien apporté en ce monde, comme nous n’en pouvons rien emporter. Si nous avons nourriture et vêtement, nous nous en contenterons. Pour ceux qui veulent devenir riches, ils tombent dans la tentation, le piège et une foule de convoitises insensées et funestes, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent, et certains, dans cette convoitise, se sont égarés loin de la foi et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de tourments. Pour toi, homme de Dieu, fuis cela ; recherche au contraire la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur. Combats le bon combat de la foi, assure-toi la vie éternelle en vue de laquelle tu as été appelé et as fait la belle confession (de foi) devant un grand nombre de témoins.
Graduale. Ps. 88, 21-23.Graduel
Invéni David servum meum, óleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. J’ai trouvé David mon serviteur, je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera.
V/. Nihil profíciet inimícus in eo, et fílius iniquitátis non nocébit ei.V/. L’ennemi n’aura jamais l’avantage sur lui et le fils d’iniquité ne pourra lui nuire.
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia.Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Suite du Saint Évangile selon saint Mathieu.
Matth. 19, 27-29.
In illo témpore : Dixit Petrus ad Iesum : Ecce, nos relíquimus ómnia, et secúti sumus te : quid ergo erit nobis ? Iesus autem dixit illis : Amen, dico vobis, quod vos, qui secuti estis me, in regeneratióne, cum séderit Fílius hóminis in sede maiestátis suæ, sedébitis et vos super sedes duódecim, iudicántes duódecim tribus Israël. Et omnis, qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut uxórem, aut fílios, aut agros, propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam ætérnam possidébit.En ce temps-là : Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi ; qu’y aura-t-il donc pour nous ? Jésus leur dit : En vérité, je vous le dis, vous qui m’avez suivi, lorsque, au temps de la régénération, le Fils de l’homme siégera sur le trône de sa gloire, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle.
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25.Offertoire
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius.Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance.
SecretaSecrète
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum.Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future.
Ant. ad Communionem. Matth. 24,46-47.Communion
Beátus servus, quem, cum vénerit dóminus, invénerit vigilántem : amen, dico vobis, super ómnia bona sua constítuet eum. (T.P. Allelúia.)Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ; en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens. (T.P. Alléluia.)
PostcommunioPostcommunion
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum.Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus.

Office

Leçons des Matines avant 1960.

Au deuxième nocturne.

Quatrième leçon. Alexis, Romain de très noble origine, poussé par un vif amour de Jésus-Christ, et docile à un avertissement divin tout particulier, partit le premier soir de ses noces laissant son épouse vierge, et entreprit à travers le monde le pèlerinage des plus célèbres sanctuaires. Pendant ces voyages, il resta dix-sept ans inconnu, jusqu’au jour où une image de la sainte Vierge Marie divulgua son nom. C’était à Édesse, en Syrie. Ayant pris la mer pour s’éloigner, il aborda au port Romain et fut reçu chez son père, à titre de pauvre étranger. Il vécut dix-sept ans sous le toit paternel sans être connu de personne. Mais, en mourant, il laissa par écrit, avec l’indication de son nom et de sa naissance, le récit abrégé de toute sa vie. Il passa de la terre au ciel, sous le Pontificat d’Innocent 1er.

Du livre des Morales de saint Grégoire, Pape. (du commun)

Cinquième leçon. « La simplicité du juste est tournée en dérision » [1]. La sagesse de ce monde consiste à employer toutes sortes de ruses pour cacher le fond de son cœur, à se servir de la parole pour déguiser sa pensée, à faire paraître vrai ce qui est faux et faux ce qui est vrai. Cette sagesse, les jeunes gens l’acquièrent par l’usage ; les enfants l’apprennent à prix d’argent ; ceux qui la savent s’enorgueillissent et méprisent le reste des hommes ; ceux qui l’ignorent sont un objet d’étonnement pour les autres, qui les regardent comme des êtres timides et dégradés. Ils aiment cette inique duplicité sous le nom qui la recouvre, car on qualifie d’urbanité une telle perversité d’esprit. La sagesse mondaine enseigne à ses disciples à rechercher le faîte des honneurs, à se réjouir, par vanité, de l’acquisition d’une gloire temporelle, à rendre abondamment aux autres le mal qu’ils nous ont fait ; à ne jamais céder, tant qu’ils sont assez forts pour cela, aux adversaires qui leur résistent ; mais, si le courage leur fait défaut, à dissimuler sous des apparences de bonté et de douceur, l’impuissance de leur malice.

Sixième leçon. La sagesse des justes consiste, au contraire, à ne jamais agir par ostentation, à dire ce que l’on pense, à aimer le vrai tel qu’il est, à éviter le faux, à faire le bien gratuitement, à souffrir très volontiers des peines plutôt que d’en causer aux autres, à ne pas tirer vengeance des injures reçues, à estimer comme un gain l’outrage qu’on endure pour J’amour de la vérité. « Mais cette simplicité des justes est tournée en dérision ». Car les sages de ce monde regardent la pureté de la vertu comme une sottise. Tout ce qu’on fait innocemment, ils le taxent de folie, tout ce que la vérité approuve dans nos œuvres paraît insensé à cette sagesse charnelle. Rien semble-t-il, en effet, plus stupide aux yeux du monde, que de montrer sa pensée .quand on parle, de ne rien feindre par d’habiles expédients, de ne pas rendre des affronts pour des injures, de prier pour ceux qui nous maudissent, de rechercher la pauvreté, d’abandonner ses biens, de ne pas résister à ceux qui nous pillent, de présenter l’autre joue à ceux qui nous frappent.

Au troisième nocturne.

Lecture du saint Évangile selon saint Matthieu. Cap. 19, 27-29.
En ce temps-là : Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi ; qu’y aura-t-il donc pour nous ? Et le reste.

Homélie de saint Jérôme, Prêtre. Lib. 3 in Matth. Cap. 19

Septième leçon. Confiance admirable ! Pierre était pêcheur, il était loin d’être riche, il gagnait sa vie par le travail de ses mains, et cependant il dit avec la plus grande assurance : « Nous avons tout quitté ». Et, comme tout quitter ne suffit pas, il ajoute ce qui est parfait : « Et nous vous avons suivi » ; nous avons fait ce que vous avez commandé, que nous donnerez-vous en récompense ? Jésus leur répondit : « Je vous dis en vérité que pour vous qui m’avez suivi, lorsqu’au temps de la régénération le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous serez aussi assis sur douze trônes et vous jugerez les douze tribus d’Israël. » Le Sauveur ne dit pas : vous qui avez tout quitté ; car cela le philosophe Cratès l’a fait, et une foule d’autres ont méprisé les richesses, mais il dit : « vous qui m’avez suivi », ce qui est le propre des Apôtres et des fidèles.

Huitième leçon. Lorsqu’au jour de la résurrection, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, quand les morts sortiront, incorruptibles désormais, de la corruption du tombeau, vous serez, vous aussi, assis sur des trônes de juges et vous condamnerez les douze tribus d’Israël, parce que, tandis que vous embrassiez la foi, elles l’ont repoussée. « Et quiconque aura quitté pour moi, ou maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou terres, recevra le centuple et possédera la vie éternelle ». Ce passage concorde avec cette autre déclaration du Sauveur : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive ; car je suis venu séparer le fils d’avec le père, la fille d’avec la mère, la belle-fille d’avec la belle-mère, et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison ». Ceux donc qui pour la foi de Jésus-Christ et la prédication de l’Évangile, auront sacrifié toutes les affections, renoncé aux richesses et aux plaisirs du monde, recevront le centuple et posséderont la vie éternelle.

Neuvième leçon. Certains esprits s’appuient sur cette promesse pour imaginer une période de mille ans après la résurrection, période pendant laquelle nous recevrions le centuple de ce que nous avons quitté et ensuite la vie éternelle ; ils ne réfléchissent pas que si cela paraît convenable pour la plupart des biens, il serait ridicule, sous le rapport des femmes, que celui qui aurait quitté son épouse pour le Seigneur, en reçoive cent dans la vie future. Voici dons le sens de cette promesse : celui qui, pour l’amour du Sauveur aura quitté les biens charnels recevra des biens spirituels, lesquels, par leur valeur propre et comparés aux premiers, leur sont aussi supérieurs que le nombre cent l’est à un petit nombre.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

S’il n’est commandé à personne de suivre les Saints jusqu’aux extrémités où les conduit l’héroïsme de leurs vertus, ils n’en demeurent pas moins, du haut de ces inaccessibles sommets, les guides de ceux qui marchent par les sentiers moins laborieux de la plaine. Comme l’aigle en présence de l’astre du jour, ils ont fixé de leur regard puissant le Soleil de justice ; et s’enivrant de ses divines splendeurs, ils ont vers lui dirigé leur vol bien au delà de la région des nuages sous lesquels nos faibles yeux se réjouissent de pouvoir tempérer la lumière. Mais, si différent que puisse être son éclat pour eux et pour nous, celle-ci ne change pas de nature, à la condition d’être pour nous comme pour eux de provenance authentique. Quand la débilité de notre vue nous expose à prendre de fausses lueurs pour la vérité, considérons ces amis de Dieu ; si le courage nous fait défaut pour les imiter en tout dans l’usage de la liberté que les préceptes nous laissent, conformons du moins pleinement notre manière de voir à leurs appréciations : leur vue est plus sûre, car elle porte plus loin ; et leur sainteté n’est autre chose que la rectitude avec laquelle ils suivent sans vaciller, jusqu’à son foyer même, le céleste rayon dont nous ne pouvons soutenir qu’un reflet amoindri. Que surtout les feux follets de ce monde de ténèbres [2] ne nous égarent pas au point de prétendre contrôler à leur vain éclat les actes des Saints : l’oiseau de nuit préférera-t-il son jugement à celui de l’aigle touchant la lumière ?

Descendant du ciel très pur de la sainte Liturgie jusqu’aux plus humbles conditions de la vie chrétienne, la lumière qui conduit Alexis par les sommets du plus haut détachement se traduit pour tous dans cette conclusion que formule l’Apôtre : « Quiconque prend femme ne pèche pas, ni non plus la vierge qu’il épouse ; ceux-là pourtant connaîtront les tribulations de la chair, et je voudrais vous les épargner. Voici donc ce que je dis, mes Frères : le temps est court ; en conséquence, que ceux qui ont des épouses soient comme n’en ayant pas, et ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, et ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, et ceux qui achètent comme ne possédant pas, et ceux qui usent de ce monde comme n’en usant point ; car la figure de ce monde passe » [3].

Elle ne passe point si vite cependant cette face changeante du monde et de son histoire, que le Seigneur ne se réserve toujours de montrer en sa courte durée que ses paroles à lui ne passent jamais [4]. Cinq siècles après la mort glorieuse d’Alexis, le Dieu éternel pour qui les distances ne sont rien dans l’espace et les temps, lui rendait au centuple la postérité à laquelle il avait renoncé pour son amour. Le monastère qui sur l’Aventin garde encore son nom joint à celui du martyr Boniface, était devenu le patrimoine commun de l’Orient et de l’Occident dans la Ville éternelle ; les deux grandes familles monastiques de Basile et de Benoît unissaient leurs rameaux sous le toit d’Alexis ; et la semence féconde cueillie à son tombeau par l’évêque-moine saint Adalbert engendrait à la foi les nations du Nord.

Homme de Dieu, c’est le nom que vous donna le ciel, ô Alexis, celui sous lequel l’Orient vous distingue, et que Rome même a consacré par le choix de l’Épître accompagnant aujourd’hui l’oblation du grand Sacrifice [5] ; nous y voyons en effet l’Apôtre appliquer ce beau titre à son disciple Timothée, en lui recommandant les vertus que vous avez si éminemment pratiquées. Titre sublime, qui nous montre la noblesse des cieux à la portée des habitants de la terre ! Vous l’avez préféré aux plus beaux que le monde puisse offrir. Il vous les présentait avec le cortège de tous les bonheurs permis par Dieu à ceux qui se contentent de ne pas l’offenser. Mais votre âme, plus grande que le monde, dédaigna ses présents d’un jour. Au milieu de l’éclat des fêtes nuptiales, vous entendîtes ces harmonies qui dégoûtent de la terre, que, deux siècles plus tôt, la noble Cécile écoutait elle aussi dans un autre palais de la cité reine. Celui qui voilant sa divinité quitta les joies de la céleste Jérusalem et n’eut pas même où reposer sa tête [6] se révélait à votre cœur si pur [7] ; et, en même temps que son amour, entraient en vous les sentiments qu’avait Jésus-Christ [8]. Usant de la liberté qui vous restait encore d’opter entre la vie, parfaite et la consommation d’une union de ce monde, vous résolûtes de n’être plus qu’étranger et pèlerin sur la terre [9], pour mériter de posséder dans la patrie l’éternelle Sagesse [10]. O voies admirables ! ô mystérieuse direction de cette Sagesse du Père pour tous ceux qu’a conquis son amour [11] ! On vit la Reine des Anges applaudir à ce spectacle digne d’eux [12], et révéler aux hommes sous le ciel d’Orient le nom illustre que leur cachaient en vous les livrées de la sainte pauvreté. Ramené par une fuite nouvelle après dix-sept ans dans la patrie de votre naissance, vous sûtes y demeurer par la vaillance de votre foi comme dans une terre étrangère [13]. Sous cet escalier de la maison paternelle aujourd’hui l’objet d’une vénération attendrie, en butte aux avanies de vos propres esclaves, mendiant inconnu pour le père, la mère, l’épouse qui vous pleuraient toujours, vous attendîtes dix-sept autres années, sans vous trahir jamais, votre passage à la céleste et seule vraie patrie [14]. Aussi Dieu s’honora-t-il lui-même d’être appelé votre Dieu [15], lorsque, au moment de votre mort précieuse, une voix puissante retentit dans Rome, ordonnant à tous de chercher l’Homme de Dieu.

Souvenez-vous, Alexis, que la voix ajouta au sujet de cet Homme de Dieu qui était vous-même : « Il priera pour Rome, et sera exaucé ». Priez donc pour l’illustre cité qui vous donna le jour, qui vous dut son salut sous le choc des barbares, et vous entoure maintenant de plus d’honneurs a coup sûr qu’elle n’eût fait, si vous vous étiez borné à continuer dans ses murs les traditions de vos nobles aïeux ; l’enfer se vante de l’avoir arrachée pour jamais à la puissance des successeurs de Pierre et d’Innocent : priez, et que le ciel vous exauce à nouveau contre les modernes successeurs d’Alaric. Puisse le peuple chrétien, à la lumière de vos actes sublimes, s’élever toujours plus au-dessus de la terre ; conduisez-nous sûrement par l’étroit sentier [16] à la maison du Père qui est aux cieux.

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Le culte de saint Alexis vint à Rome de l’Orient où l’Homme de Dieu, ou Mar-Risà — ainsi en effet l’appellent les Syriens — fut l’objet d’une grande vénération. Ses Actes sont très douteux ; et quant à la résidence de saint Alexis à Rome, il semble qu’il s’agisse d’une adaptation de la légende importée de Syrie sur les rives du Tibre et localisée ensuite sur le Mont Aventin par un métropolite nommé Serge de Damas, qui s’y installa avec la permission de Benoît VII et y fonda un monastère gréco-latin. Le phénomène d’une vie cachée, passée dans la pénitence et les pèlerinages, et embrassée spontanément pour l’amour du Christ, n’est ni nouveau ni rare dans les fastes de l’Église. Au siècle dernier, saint Benoît-Joseph Labre reproduisit à Rome la vie héroïque décrite dans les Actes de saint Jean Calybite et de saint Alexis, — si toutefois ces deux saints sont deux personnages distincts.

L’homme de Dieu, selon la narration syriaque primitive qui semble postérieure d’un demi-siècle à peine aux événements, vécut à Édesse sous l’évêque Rabula (412-435). Sa sainteté fut reconnue seulement après sa mort, mais son culte se répandit immédiatement dans l’Orient grec, qui, nous ne savons pourquoi, donna au pèlerin anonyme le nom d’Alexis.

Son histoire fut chantée au IXe siècle par Joseph l’Hymnographe, et, transportée à Rome sur l’Aventin, elle trouva un panégyriste enthousiaste en saint Adalbert, évêque de Prague, devenu moine au monastère de Saint-Boniface.

Les Grecs célèbrent la fête d’Alexis le 17 mars : Ἀλεξίου τοῦ άνθρώπου τοῦ Θεοῦ.

La messe est du Commun, sauf les deux lectures. L’Évangile est celui de la fête des Abbés ; — le titre : homme de Dieu, chez les Syriens, désigne probablement la profession monastique du saint mendiant. Quant à l’épître (I Timot., VI, 6-12), l’Apôtre y traite des périls qu’entraîné la possession des richesses. Tel un hydropique altéré, plus le riche possède, plus il veut posséder. Il n’a jamais assez, et pour thésauriser davantage, il sacrifie parfois l’honnêteté, l’amitié, la santé corporelle et jusqu’à la religion et au salut de son âme. L’apôtre conclut donc en observant que l’intime racine de tout péché est la cupidité.

Voilà les motifs surnaturels sur quoi se fonde la pauvreté évangélique que professent par vœu les religieux. Selon l’observation du Docteur angélique, ceux-ci, moyennant un tel renoncement, éloignent efficacement d’eux-mêmes tout ce qui aurait pu créer un obstacle au développement de la charité et de la grâce de Dieu dans leur âme.

Les Menées des Grecs contiennent les vers suivants en l’honneur de l’homme de Dieu :

Toi seul portas sur la terre le nom d’homme de Dieu.
Toi seul au ciel également as obtenu, ô Père, un nom nouveau.
Le dix-septième jour t’apporte la mort, ô Alexis.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

Il quitta sa maison, son père et son épouse pour l’amour de Dieu.

1. Saint Alexis. — Qui fut-il exactement et dans quelle mesure les faits qu’on lui attribue sont-ils exacts ? Cet « homme de Dieu », comme on l’appelle en Orient, a-t-il vécu en Orient ou à Rome ? Ce sont des questions que nous n’avons pas à discuter ici.

La légende de saint Alexis compte parmi les plus touchantes que nous possédions. Fort instructive et édifiante, elle illustre à merveille l’idéal de la perfection chrétienne : savoir endurer pour le Sauveur la pauvreté et les humiliations. Peut-il y avoir héroïsme plus grand que d’habiter pendant dix-sept ans sous l’escalier de la demeure paternelle, exposé aux railleries de ses propres esclaves, de passer pour un mendiant inconnu aux yeux de son père, de sa mère et de son épouse inconsolable ? Et tout cela, résultat de l’amour du Christ qui triomphe de tout. En supposant que la légende soit dépourvue de fondement historique, il y aurait encore lieu d’admirer la foi capable de concevoir un tel idéal.

« Alexis, lisons-nous dans le bréviaire, romain de très noble origine, poussé par un vif amour de Jésus-Christ, et sur un avertissement particulier de Dieu, partit le premier soir de ses noces, laissant vierge son épouse, et entreprit à travers le monde le pèlerinage des plus célèbres sanctuaires. Pendant ces voyages, il resta dix-sept ans inconnu, jusqu’au jour où à Édesse, en Syrie, son nom fut divulgué par une image de la Très Sainte Vierge. Quittant donc ce pays, il aborda au port de Rome et fut reçu chez son père comme un pauvre étranger. Il y vécut dix-sept ans sans que personne ne le reconnût ; mais, à sa mort, il laissa un écrit où il révélait son nom, sa naissance et les diverses circonstances de son existence. Il passa de la terre au ciel sous le pontificat d’Innocent 1er (17 juillet 417) ».La vie de ce saint offre un exemple extraordinaire des voies et des volontés divines que nous pouvons sinon suivre, du moins admirer. Il montre à quel héroïsme peut conduire l’amour de Dieu. Efforçons-nous aujourd’hui de nous laisser pénétrer de cet amour, et qu’il nous incite à l’accomplissement de multiples bonnes actions.

2. Messe (Os justi). — La messe, composée en partie de textes du commun et en partie de textes propres, parle de la pauvreté (Épître et Évangile) : « Nous n’avons rien apporté en ce monde, et nul doute que nous n’en pouvons rien emporter. Ayant donc la nourriture et le vêtement, estimons-nous satisfaits. Les avides de richesses deviennent victimes des tentations et des filets du diable... Car la cupidité est la racine de tous les vices » (Ép.). Quelle force en ces paroles dans la bouche d’un saint qui en a tiré les conséquences les plus dures ! Son séjour dans la demeure paternelle fut une grande « épreuve qu’il supporta » (All.). Il a « tout quitté et suivi le Sauveur » ; c’est pourquoi « lorsque, au jour du renouvellement, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire », il régnera avec lui. Il a suivi à la lettre la parole du Maître, et, « ayant quitté pour l’amour du Christ sa maison, son père, son épouse, il a reçu le centuple et la vie éternelle ». Nous aussi nous pouvons, à la messe, participer à cette gloire. L’église de Saint-Bonaventure et Saint-Alexis, à Rome, sur l’Aventin, conserve un certain nombre de souvenirs de notre saint : on y montre dans la crypte le lieu de sa mort ; plus loin la fontaine de sa maison, et, enfin, l’escalier sous lequel il a longtemps habité.

[1] Job. 12, 4.

[2] Eph VI, 12.

[3] I Cor. VII, 28-31.

[4] Matth. XXIV, 33.

[5] 1 Tim, VI, 11.

[6] Matth. VIII, 20.

[7] Ibid. V, 8.

[8] Philip. II, 5.

[9] Heb. XI, 13.

[10] Prov. IV, 7.

[11] Rom. XI, 33.

[12] I Cor. IV, 9.

[13] Heb. XI. 9.

[14] Ibid. 16.

[15] Ibid.

[16] Matth. VII, 14.