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Mercredi de la 2ème semaine de Carême

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1960.


Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

Textes de la Messe

Feria Quarta
Mercredi de la deuxième semaine de Carême
III Classis
3 ème Classe
Statio ad S. Cæciliam
Station à Ste Cécile
Ant. ad Introitum. Ps. 37, 22-23.Introït
Ne derelínquas me, Dómine, Deus meus, ne discédas a me : inténde in adiutórium meum, Dómine, virtus salútis meæ.Ne m’abandonnez pas, Seigneur mon Dieu ; ne vous éloignez pas de moi. Hâtez-vous de me secourir, Seigneur, Dieu de mon salut.
Ps. ibid., 2.
Dómine, ne in furóre tuo árguas me : neque in ira tua corrípias me.Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur, et ne me punissez pas dans votre colère.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Pópulum tuum, quǽsumus, Dómine, propítius réspice : et, quos ab escis carnálibus prǽcipis abstinére, a noxiis quoque vítiis cessáre concéde. Per Dóminum. Nous vous en supplions, Seigneur, regardez favorablement votre peuple, et accordez à ceux auxquels vous ordonnez de s’abstenir de chair, de renoncer aussi aux vices qui nuisent à leurs âmes. Par N.-S.
Léctio libri Esther.Lecture du livre d’Esther.
Esth. 13, 8-11 et 15-17.
In diébus illis : Orávit Mardochǽus ad Dóminum, dicens : Dómine, Dómine, Rex omnípotens, in dicióne enim tua cuncta sunt pósita, et non est, qui possit tuæ resístere voluntáti, si decréveris salváre Israël. Tu fecísti cælum et terram, et quidquid cæli ámbitu continétur. Dóminus ómnium es, nec est, qui resístat maiestáti tuæ. Et nunc, Dómine Rex, Deus Abraham, miserére pópuli tui, quia volunt nos inimíci nostri pérdere, et hereditátem tuam delére. Ne despícias partem tuam, quam redemísti tibi de Ægýpto. Exáudi deprecatiónem meam, et propítius esto sorti et funículo tuo, et convérte luctum nostrum in gáudium, ut vivéntes laudémus nomen tuum, Dómine, et ne claudas ora te canéntium, Dómine, Deus noster.En ces jours-là, Mardochée pria le Seigneur, se souvenant de toutes ses œuvres, et il dit : Seigneur, Seigneur, roi tout-puissant, toutes choses sont soumises à votre pouvoir, et nul ne peut résister à votre volonté, si vous avez résolu de sauver Israël. Vous avez fait le ciel et la terre, et tout ce qui est contenu dans l’enceinte du ciel. Vous êtes le Seigneur de, toutes choses, et nul ne peut résister a votre majesté. Maintenant donc, Seigneur, roi, Dieu d’Abraham, ayez pitié de votre peuple parce que nos ennemis veulent nous perdre et détruire votre héritage. Ne méprisez pas ce peuple qui est votre partage, que vous avez racheté de l’Egypte pour vous. Exaucez ma prière, et soyez propice à une nation qui est votre part et votre héritage, et changez, Seigneur, notre deuil en joie, afin que pendant notre vie nous glorifiions votre nom, et ne fermez pas la bouche de ceux qui vous louent, ô Seigneur notre Dieu.
Graduale. Ps. 27,9 et 1.Graduel
Salvum fac pópulum tuum, Dómine, et bénedic hereditáti tuæ.Sauvez votre peuple, Seigneur, et bénissez votre héritage.
V/. Ad te, Dómine, clamávi : Deus meus, ne síleas a me, et ero símilis descendéntibus in lacum.Je crierai vers vous, Seigneur ; ne gardez pas le silence à mon égard, de peur que je ne sois semblable à ceux qui descendent dans la fosse.
Tractus. Ps. 102, 10.Trait.
Dómine, non secúndum peccáta nostra, quæ fécimus nos : neque secúndum iniquitátes nostras retríbuas nobis.Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés, et ne nous punissez pas selon nos iniquités.
V/.Ps. 78, 8-9. Dómine, ne memíneris iniquitátum nostrarum antiquarum : cito antícipent nos misericórdiæ tuæ, quia páuperes facti sumus nimis.Seigneur, ne vous souvenez plus de nos anciennes iniquités ; que vos miséricordes viennent en hâte au-devant de nous, car nous sommes réduits à la dernière misère.
(Hic genuflectitur) V/. Adiuva nos, Deus, salutáris noster : et propter glóriam nóminis tui, Dómine, libera nos : et propítius esto peccátis nostris, propter nomen tuum.On se met à genoux V/. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous et pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre nom.
+ Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthǽum.Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu.
Matth. 20, 17-28.
In illo témpore : Ascéndens Iesus Ierosólymam, assúmpsit duódecim discípulos secréto, et ait illis : Ecce, ascéndimus Ierosólymam, et Fílius hóminis tradétur princípibus sacerdótum, et scribis, et condemnábunt eum morte, et tradent eum Géntibus ad illudéndum, et flagellándum, et crucifigéndum, et tértia die resúrget. Tunc accéssit ad eum mater filiórum Zebedǽi cum fíliis suis, adórans et petens áliquid ab eo. Qui dixit ei : Quid vis ? Ait illi : Dic, ut sédeant hi duo fílii mei, unus ad déxteram tuam et unus ad sinístram in regno tuo. Respóndens autem Iesus, dixit : Nescítis, quid petátis. Potéstis bíbere cálicem, quem ego bibitúrus sum ? Dicunt ei : Póssumus. Ait illis : Cálicem quidem meum bibétis : sedére autem ad déxteram meam vel sinístram, non est meum dare vobis, sed quibus parátum est a Patre meo. Et audiéntes decem, indignáti sunt de duóbus frátribus. Iesus autem vocávit eos ad se, et ait : Scitis, quia príncipes géntium dominántur eórum : et qui maióres sunt, potestátem exércent in eos. Non ita erit inter vos : sed quicúmque volúerit inter vos maior fíeri, sit vester miníster : et qui volúerit inter vos primus esse, erit vester servus. Sicut Fílius hóminis non venit ministrári, sed ministráre, et dare ánimam suam, redemptiónem pro multis.En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit : Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort ; et ils le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; et il ressuscitera le troisième jour. Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses deux fils, et se prosterna en lui demandant quelque chose. Il lui dit : Que veux-tu ? Ordonnez, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche, dans votre royauté. Mais Jésus répondit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? Ils lui dirent : Nous le pouvons. Il leur dit : Oui, vous boirez mon calice ; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels mon Père l’a préparé. Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais gué celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ; de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie comme la rançon d’un grand nombre.
Ant. ad Offertorium. Ps. 24, 1-3.Offertoire
Ad te, Dómine, levávi ánimam meam : Deus meus, in te confído, non erubéscam : neque irrídeant me inimíci mei : étenim univérsi, qui te exspéctant, non confundéntur.Vers vous, Seigneur, j’ai élevé mon âme ; mon Dieu, je mets ma confiance en vous ; que je n’aie pas à rougir. Et que mes ennemis ne se moquent point de moi ; car tous ceux qui espèrent en vous ne seront pas confondus.
Secreta.Secrète
Hóstias, Dómine, quas tibi offérimus, propítius réspice : et, per hæc sancta commércia, víncula peccatórum nostrórum absólve. Per Dóminum.Regardez avec bonté, Seigneur, les hosties que nous vous offrons, et au moyen de cet échange saint, brisez les liens dont nous chargent nos péchés. Par Notre-Seigneur.
Præfatio de Quadragesima. Préface du Carême .
Ant. ad Communionem. Ps. 10, 8.Communion
Iustus Dóminus, et iustítiam diléxit : æquitátem vidit vultus eius.Le Seigneur est juste, et il aime la justice ; son visage contemple l’équité.
Postcommunio.Postcommunion
Sumptis, Dómine, sacraméntis : ad redemptiónis ætérnæ, quǽsumus, proficiámus augméntum. Per Dóminum.Accordez-nous, s’il vous plaît, Seigneur, qu’ayant reçu vos sacrements, nous fassions accroître en nous les fruits de la rédemption éternelle. Par Notre-Seigneur.
Super populum : Orémus. Humiliáte cápita vestra Deo.Sur le peuple : Prions. Humiliez vos têtes devant Dieu.
Oratio.Prière
Deus, innocéntiæ restitútor et amátor, dírige ad te tuórum corda servórum : ut, spíritus tui fervóre concépto, et in fide inveniántur stábiles, et in ópere efficáces. Per Dóminum.O Dieu, qui aimez et rendez l’innocence, dirigez vers vous les cœurs de vos serviteurs, afin qu’ayant commencé à être fervents grâce à votre Esprit, ils soient trouvés fermes dans la foi et agissants quant aux œuvres. Par Notre-Seigneur.

Office

A MATINES

Ex more docti mýstico (matines du Carême)

Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secúndum Matthǽum.Lecture du saint évangile selon saint Matthieu.
Cap. 20, 17-28
In illo témpore : Ascéndens Iesus Ierosólymam, assúmpsit duódecim discípulos secréto, et ait illis : Ecce ascéndimus Ierosólymam, et Fílius hóminis tradétur princípibus sacerdótum, et scribis, et condemnábunt eum morte. Et réliqua.En ce temps-là, comme Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les douze disciples, et leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes, et ils le condamneront à mort. » Et le reste. [1]
Homilía sancti Ambrósii EpíscopiHomélie de saint Ambroise, évêque
Lib. 5 de fide ad Gratianum cap. 2, post initium
Consideráte, quæ mater filiórum Zebedǽi cum fíliis et pro fíliis petat : mater est útique, cui pro filiórum honóre sollícitæ, immoderátior quidem, sed tamen ignoscénda mensúra votórum est. Atque mater ætáte longǽva, stúdio religiósa, solátio destitúta, quæ tunc témporis, quando vel iuvánda, vel alénda foret válidæ prolis auxílio, abésse sibi líberos patiebátur, et voluptáti suæ mercédem sequéntium Christum prætúlerat filiórum. Qui prima voce vocáti a Dómino (ut légimus) relíctis rétibus et patre, secúti sunt eum.Considérez ce que la mère des fils de Zébédée demande avec eux et pour eux. C’est bien une mère : sa sollicitude pour l’honneur de ses fils lui inspire des désirs dont la mesure est exagérée, sans doute, mais digne d’indulgence. Et c’est une mère avancée en âge, soucieuse des choses de Dieu, privée de secours. A ce moment où elle aurait dû recevoir de ses fils en pleine force d’âge assistance et soutien, elle consent à leur éloignement et préfère à son propre bien-être la récompense qui leur reviendra, à eux, pour avoir suivi le Christ. En effet, dès le premier appel du Seigneur, nous l’avons lu, « laissant leur barque et leur père ils le suivirent. »
R/. Dixit Angelus ad Iacob : * Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. L’ange dit à Jacob [2] : * Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
V/. Cumque surrexísset Iacob, ecce vir luctabátur cum eo usque mane : et cum vidéret quod eum superáre non posset, dixit ad eum.V/. Lorsque Jacob se fut levé, voilà qu’un homme lutta avec lui jusqu’au matin ; or, comme cet homme vit qu’il ne pouvait le vaincre, il lui dit.
R/. Dimítte me, auróra est. Respóndit ei : Non dimíttam te, nisi benedíxeris mihi. Et benedíxit ei in eódem loco.R/. Laisse-moi, car déjà se lève l’aurore. Il lui répondit : Je ne vous laisserai point si vous ne me bénissez. Et il le bénit en ce même lieu.
Lectio ii2e leçon
Hæc ígitur, stúdio matérnæ sedulitátis indulgéntior, obsecrábat Salvatórem, dicens : Ut sédeant hi duo fílii mei, unus ad déxteram tuam, et alter ad sinístram in regno tuo. Etsi error, pietátis tamen error est. Nésciunt enim matérna víscera patiéntiam : etsi voti avára, tamen veniábilis cupíditas, quæ non pecúniæ est ávida, sed grátiæ. Nec inverecúnda petítio, quæ non sibi, sed líberis consulébat. Matrem consideráte, matrem cogitáte.Cette femme donc, trop prompte à écouter sa tendresse maternelle, supplie le Sauveur en disant : « Ordonne que mes deux fils qui sont ici, s’asseyent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume. » Si faute il y a, elle part cependant du dévouement maternel. C’est que le cœur d’une mère est incapable de patience ; son désir traduit la soif de posséder, mais cette avidité est excusable : ce n’est pas à l’argent qu’elle aspire, mais bien plutôt à la grâce. Et sa demande n’est pas inconvenante : ce n’est pas à elle-même qu’elle pense mais à ses enfants. Elle est mère, songez-y, elle est mère, ne l’oubliez pas.
R/. Vidi Dóminum fácie ad fáciem : * Et salva facta est ánima mea.R/. J’ai vu [3] le Seigneur face à face : * Et mon âme a été sauvée.
V/. Et dixit mihi : Nequáquam vocáberis Iacob, sed Israël erit nomen tuum.V/. Et il m’a dit : On ne t’appellera plus du nom de Jacob, mais Israël sera ton nom [4].
R/. Et salva facta est ánima mea.R/. Et mon âme a été sauvée.
Lectio iii3e leçon
Considerábat Christus matris dilectiónem, quæ filiórum mercéde grandǽvam solabátur senéctam : et disidériis licet fessa matérnis, carissimórum pignórum tolerábat abséntiam. Consideráte étiam féminam, hoc est, sexum fragiliórem, quem Dóminus própria nondum confirmáverat passióne. Consideráte, inquam, Hevæ illíus primæ mulíeris herédem, transfúsa in omnes immoderátæ cupiditátis successióne labéntem : quam Dóminus adhuc próprio sánguine non redémerat, nondum inólitam afféctibus ómnium immódici contra fas honóris appeténtiam suo Christus cruóre dilúerat. Hereditário ígitur múlier delinquébat erróre.Le Christ est attentif à la tendresse de cette mère qui trouve dans la récompense de ses fils la consolation de son grand âge et, tourmentée de soucis maternels, supporte l’absence d’enfants très chers. N’oubliez pas qu’elle est femme, qu’elle appartient à ce sexe faible que le Seigneur n’a pas encore fortifié par sa propre Passion. Voyez, dis-je, cette héritière d’Ève, de la première femme : elle succombe à la convoitise immodérée qui s’est transmise à toutes par voie de succession. Le Seigneur ne l’avait pas encore rachetée par son propre sang, le Christ n’avait pas encore lavé dans l’effusion de son sang cette recherche désordonnée d’honneurs excessifs, implantée dans le cœur de toutes. C’est donc sous l’effet d’un égarement héréditaire que la femme péchait.
R/. Cum audísset Iacob quod Esau veníret contra eum, divísit fílios suos et uxóres, dicens : Si percússerit Esau unam turmam, salvábitur áltera. * Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi : * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.R/. Quand Jacob [5] eut appris qu’Esaü venait au devant de lui, il divisa en deux troupes ses enfants et ses femmes, disant : Si Esaü vient à une troupe et qu’il la batte, l’autre qui restera sera sauvée. * Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. *
V/. Dómine, qui dixísti mihi, Revértere in terram nativitátis tuæ : Dómine, qui pascis me a iuventúte mea.V/. Seigneur, qui m’avez dit : Retourne au pays de ta naissance ; Seigneur, qui me nourrissez et me conduisez depuis ma jeunesse.
* Líbera me, Dómine, qui dixísti mihi. Glória Patri. * Multiplicábo semen tuum sicut stellas cæli, et sicut arénam maris, quæ præ multitúdine numerári non potest.* Délivrez-moi, Seigneur, vous qui m’avez dit. Gloire au Père. * Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel, et comme le sable de la mer, lequel par sa multitude, ne peut se compter.

A LAUDES

O sol salútis, íntimis (laudes du Carême)

Ad Bened. Ant. Ecce ascéndimus * Ierosólymam : et Fílius hóminis tradétur ad crucifigéndum. Ant. au Bénédictus Voilà que nous montons * à Jérusalem : et le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.

Benedictus

AUX VÊPRES

Audi, benígne Cónditor (vêpres du Carême)

Ad Magnificat Ant. Tradétur enim Géntibus * ad illudéndum, et flagellándum, et crucifigéndum. Ant. au Magnificat Il sera livré aux païens * pour être moqué, et flagellé, et crucifié.

Magnificat

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

La Station est dans la basilique de Sainte-Cécile. Ce temple auguste, l’un des plus vénérables de Rome, fut autrefois la maison de l’illustre Vierge et Martyre dont il porte le nom. Le corps de sainte Cécile y repose sous l’autel majeur, avec ceux des saints Valérien, Tiburce et Maxime, et des pontifes martyrs Urbain et Lucius.

LEÇON.

Ce cri, poussé vers le ciel en faveur d’un peuple condamné à périr tout entier, représente les supplications des justes de l’Ancien Testament pour le salut du monde. Le genre humain était en butte à la rage de l’ennemi infernal figuré par Aman. Le Roi des siècles avait prononcé l’arrêt fatal : Vous mourrez de mort. Qui pouvait désormais faire révoquer la sentence ? Esther l’osa auprès d’Assuérus, et elle fut écoutée. Marie s’est présentée devant le trône de l’Eternel ; et c’est elle qui, par son Fils divin, écrase la tête du serpent auquel nous devions être livrés. L’arrêt sera donc annulé, et nul ne mourra, si ce n’est ceux qui voudront mourir. L’Église aujourd’hui, émue des dangers auxquels est en proie un si grand nombre de ses enfants, qui si longtemps ont vécu dans le poché, intercède pour eux, en empruntant la prière de Mardochée. Elle supplie son Époux de se rappeler qu’autrefois il les tira de la terre d’Égypte ; qu’ils sont devenus par le baptême les membres de Jésus-Christ, l’héritage du Seigneur. Elle le conjure de remplacer leur deuil par les joies pascales, et de ne pas fermer par la mort ces bouches trop souvent coupables, mais qui aujourd’hui ne s’ouvrent que pour demander grâce, et qui, lorsque le pardon sera descendu, éclateront en cantiques de reconnaissance envers le divin libérateur.

ÉVANGILE.

Le voici devant nous celui qui s’est dévoué pour apaiser la colère du Roi des siècles et pour sauver son peuple de la mort. C’est lui, le fils de la nouvelle Esther et aussi le Fils de Dieu, qui s’approche pour briser l’orgueil d’Aman, au moment même où ce perfide croit triompher. Il se dirige vers Jérusalem, car c’est là que doit se donner le grand combat. Il avertit ses disciples de tout ce qui va se passer. Il sera livré aux princes des prêtres, qui le déclareront digne de mort ; ceux-ci le mettront au pouvoir du gouverneur et des soldats romains. Il sera couvert d’opprobres, flagellé et crucifié ; mais, le troisième jour, il ressuscitera glorieux. Les Apôtres entendirent tous cette prophétie que Jésus leur fit, les ayant tirés à part ; car l’Évangile nous dit que ce fut aux douze qu’il parla. Judas était présent, et aussi Pierre, Jacques et Jean, que la transfiguration de leur Maitre sur le Thabor avait mieux instruits que les autres de la sublime dignité qui résidait en lui. Et cependant tous l’abandonnèrent. Judas le vendit, Pierre le renia, et la terreur dispersa le troupeau tout entier, lorsque le Pasteur fut en butte à la violence de ses ennemis. Nul ne se souvint qu’il avait annoncé sa résurrection pour le troisième jour, si ce n’est peut-être Judas, que cette pensée rassura, quand une basse cupidité lui fit commettre la trahison. Tous les autres ne virent que le scandale de la croix ; et c’en fut assez pour éteindre leur foi et pour les faire rompre avec leur Maître. Quelle leçon pour les chrétiens de tous les siècles ! Combien elle est rare, cette estime de la croix qui la fait considérer, pour soi-même et pour les autres, comme le sceau de la prédilection divine !

Hommes de peu de foi, nous nous scandalisons des épreuves de nos frères, et nous sommes tentés de croire que Dieu les a abandonnés parce qu’il les afflige ; hommes de peu d’amour, la tribulation de ce monde nous semble un mal, et nous regardons comme une dureté de la part du Seigneur ce qui est pour nous le comble de sa miséricorde. Nous sommes semblables à la mère des fils de Zébédée : il nous faut près du Fils de Dieu une place glorieuse, apparente, et nous oublions que, pour la mériter, il faut boire le calice qu’il a bu lui-même, le calice de la Passion. Nous oublions aussi la parole de l’Apôtre, « que pour entrer en part avec Jésus dans sa gloire, il faut avoir goûté à ses souffrances [6] » ! Le Juste n’est point entré dans son repos par les honneurs et parles délices ; le pécheur ne l’y suivra point sans avoir traversé la voie de l’expiation.

Le poète chrétien continue de célébrer le mérite du jeûne, qu’il nous montre aujourd’hui sanctifié par l’exemple de Jésus-Christ lui-même.

HYMNE.
Sed cur vetustæ gentis exemplum loquor ?
Pridem caducis quum gravatus artubus
Jesus, dicato corde jejunaverit :
Prænuncupatus ore qui prophetico
Emmanuel est, sive nobiscum Deus.
Pourquoi citerai-je en faveur du jeûne l’exemple d’un peuple ancien, quand nous savons que Jésus, vivant encore sous le poids de ses membres mortels, jeûna autrefois, malgré la sainteté de son cœur, lui annoncé par la bouche du Prophète comme l’Emmanuel, le Dieu avec nous ?
Qui corpus istud molle naturaliter,
Captumque laxo sub voluptatum jugo,
Virtutis arcta lege fecit liberum,
Emancipator servientis plasmatis,
Regnantis ante victor et cupidinis.
Lui qui, par la loi sévère de la vertu, a rendu libre notre corps, dont la nature est la mollesse, et que le joug facile des voluptés tenait captif ; lui qui a émancipe sa créature jusqu’alors asservie ; lui vainqueur des appétits qui régnaient alors ?
Inhospitali namque secretus loco,
Quinis diebus octies labentibus,
Nullam ciborum vindicavit gratiam,
Firmans salubri scilicet jejunio
Vas appetendis imbecillum gaudiis.
Retiré à l’écart dans un lieu inhospitalier, il se refuse pendant quarante jours le bienfait de la nourriture, fortifiant par un jeûne salutaire ce corps dont la faiblesse aspire aux jouissances.
Miratur hostis, posse limum tabidum
Tantum laboris sustinere ac perpeti,
Explorat arte sciscitator callida,
Deusne membris sit receptus terreis :
Sed, increpata fraude, post tergum ruit.
L’ennemi s’étonne qu’un limon périssable puisse supporter et souffrir tant de fatigues. Par d’habiles artifices, il explore si ce n’est point un Dieu caché sous des membres terrestres ; mais il s’entend reprocher sa fraude, et n’a plus qu’à s’enfuir.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Collecte à Saint-Georges.
Station à Sainte-Cécile.

La basilique où, en ce jour, se groupait le peuple pour la première collecte avant la procession, est celle qui, maintenant encore, s’élève de l’autre côté du pont sénatorial, dans la région du Vélabre.

Le titulus Caeciliae, lui, se dresse dans le Transtévère, dans la maison même de la martyre. Des découvertes récentes ont rendu à la lumière une grande partie de ces salles romaines où Cécile convertit d’abord à la foi son époux Valérien et son beau-frère Tiburce, et qu’elle sanctifia ensuite par son martyre. En 1595, on ouvrit le sarcophage qui, sous l’autel majeur, enfermait sa dépouille virginale, et celle-ci fut trouvée dans la même position qu’elle avait prise après le coup du bourreau, étendue sur le côté, avec les bras étendus le long du corps et les genoux légèrement pliés. Elle était vêtue d’habits précieux tissés d’or, mais sous ces étoffes de soie, l’on put sentir les nœuds du cilice avec lequel, selon les Actes, Cécile maîtrisait sa propre chair. A côté d’elle, mais en des sarcophages distincts, Paschal Ier déposa les corps des martyrs Tiburce, Valérien, Maxime et des papes Lucius et Urbain.

L’introït, pris au psaume 37, est un cri énergique de la martyre, qui, au milieu de ses tourments, invoque le Seigneur pour qu’il ne l’abandonne pas et lui vienne en aide.

Dans la collecte on demande un regard bienveillant du Seigneur sur son peuple affligé qui s’exténue par les jeûnes, dans l’espoir que la grâce lui donnera la force d’éviter les péchés.

Cécile, qui parée de bracelets d’or et de gemmes byzantines resplendit sur la mosaïque absidale de Paschal Ier, évoque le souvenir d’Esther demandant au roi persan le salut de sa propre nation. La prière de Mardochée, rapportée dans la lecture de ce jour (Esth., XIII, 8-17), décrit au vif les préoccupations des Romains du VIIe siècle, quand la ville éternelle fut assiégée plusieurs fois, en sorte que, les cimetières des martyrs ayant été abandonnés au saccage des Lombards, et les basiliques suburbaines ayant été délaissées, il semblait que la douleur et les larmes étouffaient dans la gorge les joyeux chants psalmodiques qui, en d’autres temps, avaient réjoui la liturgie. On trouvait son compte à répéter la prière de Mardochée : « Ne fermez pas la bouche de ceux qui vous chantent un hymne de louange » ; ces paroles éclairent aussi la position de Cécile — la céleste patronne du chant sacré — quand, au son des cithares, durant le banquet nuptial, elle chantait intérieurement au Seigneur : « Gardez mon cœur sans tache, afin que je ne sois pas outragée. »

Le graduel provient du psaume 27 : « Sauvez votre peuple, ô Seigneur, et bénissez votre héritage. Vers vous j’ai élevé la voix, ô mon Dieu ; ah ! ne soyez pas muet pour moi, afin que je ne ressemble pas à un cadavre insensible qui descend déjà dans la fosse. » Le trait habituel vient ensuite : Domine, non secundum, etc.

Semblable en cela à la bonne mère de Jacques et de Jean, dont parle aujourd’hui l’Évangile (Matth., CC, 17-28), Cécile se présente au Seigneur et demande que ses deux fils spirituels, Valérien son époux, et son beau-frère Tiburce, convertis par elle à la foi, siègent à ses côtés dans le ciel. Le vœu est accueilli, mais à une condition, celle de boire le calice du martyre. Elle est acceptée : Tiburce et Valérien ploient le cou sous l’épée du persécuteur et tandis que leurs corps reposent en paix sous l’autel, près de celui de Cécile, leurs âmes sont pour toujours réunies dans le ciel.

Le verset de l’offertoire est identique à celui du premier dimanche de l’Avent. C’est une élévation de l’âme affligée vers Dieu, dans la ferme espérance que les ennemis n’auront pas l’avantage sur elle.

Voici la prière sur les oblations : « Regardez, Seigneur, avec bonté, cette Hostie, et, à cause de ce gage sacré d’alliance, tranchez les liens de nos passions. »

Le psaume durant la communion est le 10e : « Le Seigneur est juste, et il aime la justice avec prédilection ; son visage voit ce qui est droit. »

Dans la collecte eucharistique, nous demandons que le divin Sacrement réalise et complète en nous la céleste rédemption, dont le Christ nous a rendus participants.

Jésus se nourrit parmi les lis et aime, d’un amour de préférence, l’innocence des vierges. Son sang néanmoins blanchit les vêtements des pénitents ; aussi, dans la bénédiction sur le peuple, le prêtre invoque-t-il aujourd’hui cette aspersion purificatrice afin que les fidèles enflammés d’une sainte ferveur, soient fermes dans la foi, et se montrent actifs dans le bien.

Le privilège que Jésus accorde à ses plus intimes est celui de boire à son propre calice. Il est amer, mais fortifiant pour l’âme. L’amour a besoin de sacrifice et de douleur et s’en nourrit. Plus on aime Jésus, et plus on souffre pour Jésus. On souffre parce que l’on aime, et l’on aime, justement parce que la douleur alimente la chaste flamme de l’amour. Aussi le Séraphin d’Assise, stigmatisé aux mains, aux pieds et au côté, prêchait-il au peuple l’amour et la souffrance dans ces vers : « Si grand est le bien que j’attends, Que toute peine m’est délice. »

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINTE CÉCILE

L’Église nous conduit à la pénitence, au baptême, au calice du Christ.

Comme cela s’est produit plusieurs fois dans les messes précédentes, nous pouvons, aujourd’hui encore, distinguer deux groupes de pensées : le thème de la station et le thème de la Passion.

La messe antique d’aujourd’hui s’adresse, en premier lieu, aux catéchumènes. On leur indique le but et la tâche du temps qui vient. Les pénitents, non plus, ne sont pas oubliés. En outre, les pensées de la Passion tiennent une grande place. Le thème de la station paraît, lui aussi, au premier plan. Comme on le voit, tous les thèmes du temps de Carême se trouvent rassemblés dans cette belle messe.

1. Le thème de la Station. — La station est à Sainte-Cécile. Cette circonstance est ce qui nous permet d’expliquer cette messe. La sainte est une des vierges martyres les plus vénérées de l’ancienne Église. Son martyre eut lieu vers 250. Deux sanctuaires romains sont consacrés à sainte Cécile : son premier tombeau dans le caveau papal de la catacombe de Saint-Callixte et son église titulaire, dans le Transtévère, où repose maintenant son corps. (Nous avons un témoignage ancien qui nous montre qu’il y avait un office de station dans cette église dès l’an 545. Quand le commissaire impérial de Constantinople, Anthème, fut envoyé à Rome pour s’emparer du pape Vigile, « il trouva le pape dans l’église de Sainte-Cécile, le 22 novembre, car c’était la fête de cette sainte ». (Liber Pont.).

Aujourd’hui, nous entrons avec respect dans cette église. Dans la crypte, se trouve, enfermé dans un sarcophage, le corps de la sainte. En 1599, le cardinal du titre, Paul Sfondrati, fit faire des recherches pour retrouver le corps de la sainte. Un cercueil en cyprès contenait ce saint corps. Il était encore intact, couché sur le sol, comme si la sainte venait d’expirer ; le genou était légèrement replié, les bras étendus le long du corps et le visage tourné vers la terre. Il resta, environ un mois, exposé à découvert à la vénération des fidèles. Le sculpteur Stefano Maderna, qui vit souvent le corps, fit la célèbre statue de grandeur naturelle qui se trouve maintenant sur le maître-autel de l’église. Dans cette même église, reposent les corps des deux frères, Valérien et Tiburce, que sainte Cécile conduisit au baptême et au martyre.

2. La messe (Ne derelinquas). — Les actes du martyre de la sainte racontent un fait qui est important pour l’intelligence de cette messe. Cécile avait fait le vœu de virginité. Un jeune homme, Valérien, l’épousa contre sa volonté. Mais la nuit des noces, Cécile lui confia un secret : « J’ai un ange de Dieu pour protecteur, qui garde jalousement mon corps. » Valérien affirma qu’il se ferait chrétien s’il pouvait voir cet ange. Cécile lui déclara que cela était impossible sans avoir reçu le baptême. Valérien consentit à le recevoir. La sainte, toute heureuse, l’envoya, avec un signe de reconnaissance, au pape Urbain qui se cachait dans les catacombes. Le pape tomba à genoux pour remercier Dieu qui faisait porter à la semence de Cécile des fruits si abondants. Il baptisa Valérien. A son retour, celui-ci « trouva Cécile en prière dans sa chambre, et, à côté d’elle, l’ange du Seigneur debout. A cette vue, Valérien fut saisi d’une grande crainte ». L’ange remit à Cécile et à lui une couronne de roses rouges et de lis blancs, venant du paradis, pour les récompenser de leur amour de la chasteté. Valérien put alors exprimer un désir que l’ange exauça. Il demanda la conversion de son frère Tiburce. Quand Tiburce arriva pour féliciter les jeunes époux, il fut surpris par ce parfum inexplicable de roses et de lis. Il en apprit la raison et se laissa, lui aussi, baptiser. Le préfet de Rome, apprenant la conversion des deux frères, les fit arrêter par son officier Maximus, et, sur leur refus de sacrifier à Jupiter, ordonna leur exécution.

Ainsi donc Cécile a conduit les deux frères au baptême et au martyre. Cécile, la vierge et, en même temps, la mère spirituelle des deux frères, est l’image de l’Église qui se préoccupe, en ce moment, de conduire les catéchumènes et les fidèles aux fonts baptismaux et de les amener à compatir aux souffrances du Christ. Or, cette double figure, Cécile et l’Église, nous est présentée magnifiquement dans les deux lectures, sous l’aspect de deux femmes. C’est d’abord Esther qui prie pour son peuple (dans les plus anciens manuscrits, on lisait : « Esther pria », et non comme aujourd’hui : Mardochée pria). C’est ensuite Salomé, la mère des Apôtres, qui conduit au Christ ses deux fils. Examinons la leçon : Le peuple juif, en Perse, était menacé d’extermination ; Mardochée, l’image du Christ (comme Daniel, lundi dernier), prie pour la délivrance de son peuple ; ou bien, si nous admettons l’antique conception, la reine Esther, image de l’Église (Cécile), prie pour son peuple, pour les pénitents et pour nous, qui sommes dans l’humiliation du Carême : « Ne méprise pas le peuple de ton héritage que tu as sauvé de l’Égypte (les pénitents sont baptisés)... transforme notre tristesse de jeûne en joie (pascale), afin que nous puissions te louer dans la vie éternelle. » Il s’agit, pendant le Carême, de notre âme précieuse que nous devons arracher au diable.

L’Évangile est un des plus beaux du Carême. Nous sommes à environ une semaine de la mort du Seigneur. Sur le chemin, il annonce, pour la troisième fois, sa Passion (le thème de la Passion retentit dans tout l’Évangile). Vient alors l’épisode. Salomé vient demander, pour ses fils, des places de ministres dans le royaume du Christ. Jésus leur propose d’abord le calice de sa Passion, puis il adresse à ses disciples une exhortation saisissante à l’humilité : « Le Fils de l’Homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour plusieurs. » Mais la liturgie consacre surtout son attention à Salomé qui est l’image de l’Église et de sainte Cécile. Cela nous permet de remarquer, encore une fois, la manière dont la liturgie utilise les passages de l’Écriture. Elle néglige le rôle assez peu honorable de la mère des Apôtres, elle oublie entièrement sa prière inconsidérée et ses projets ambitieux ; elle ne veut voir que la mère qui conduit ses deux fils au Christ et le Christ qui leur promet le calice de la Passion. C’est, pour elle, l’image principale et elle s’en sert pour nous représenter sainte Cécile qui conduit deux frères au baptême et au calice du Seigneur. Mieux encore, elle veut nous représenter l’Église, l’Église mère et vierge, qui conduit maintenant ses enfants au baptême, à la pénitence qui est un nouveau baptême, et au calice de la Passion.

Remarquons aussi l’oraison sur le peuple, qui se rapporte à la sainte de station. Dieu est le restaurateur et l’ami de l’innocence, il nous rend fermes dans la profession de la foi et actifs dans les œuvres. C’est là un résumé de la vie de sainte Cécile : vierge, martyre, providence des pauvres. La célèbre peinture de Raphaël est une illustration de cette oraison. On y voit Madeleine et Augustin (qui ont recouvré leur innocence), les deux frères Jean et Paul (amis de l’innocence).

Au Saint-Sacrifice, nous voyons aujourd’hui le Sauveur « monter vers Jérusalem « pour souffrir ; de nouveau « il donne sa vie en rançon pour plusieurs », il nous offre son « calice » de la Passion et de l’Eucharistie.

L’Église souligne fortement, aujourd’hui, le thème de la Passion. Nous le voyons encore dans les antiennes du lever et du coucher du soleil : « Voici que nous montons à Jérusalem et le Fils de l’Homme sera livré pour être crucifié » (Ant. Ben.). « Il sera livré aux païens pour être insulté, flagellé et crucifié » (Ant. Magn.).

C’est donc le désir de l’Église que, pendant toute la journée, nous montions avec le Seigneur à Jérusalem, pour la Passion. Remarquons qu’en nous inspirant cette pensée de la Passion, l’Église ne mentionne pas la Résurrection.

3. Le psaume 10. — Sécurité dans la confiance en Dieu.

Le psaume est, sans doute, de David et dut être composé pendant sa fuite. C’est un des psaumes typiques qui respirent la confiance de David en Dieu...

Le psaume se divise en trois strophes :
- 1. Le doute des amis timides (1-3) :
- 2. La confiance est la réponse du psalmiste (4-5) ;
- 3. La victoire — Dieu est juste (6-7).

En Dieu je me confie ;
comment dites-vous à mon âme :
« Fuis vers la montagne comme un oiseau,
car voici que lés méchants bandent l’arc,
ils ont ajusté leur flèche sur la corde
pour tirer dans l’ombre sur le juste ;
Quand les colonnes de l’ordre sont renversées,
Que peut faire le juste ? »

Mais le Seigneur siège toujours dans son saint temple,
son trône est toujours ferme dans le ciel.
Ses yeux regardent vers le pauvre,
ses paupières sondent les enfants des hommes ;
Le Seigneur sonde le juste comme le méchant,
mais celui qui aime l’iniquité, il le hait.

Il fait pleuvoir sur les méchants des lacets,
leur sort est le feu, le soufre, un vent brûlant.
Car Dieu est juste, il aime la justice,
son visage considère ceux qui sont droits.

[1] « et ils le livreront aux gentils, pour qu’ils se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; et il ressuscitera le troisième jour. » Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses deux fils, et se prosterna en lui demandant quelque chose. Il lui dit : « Que veux-tu ? » « Ordonnez, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche, dans votre royaume. » Mais Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Il leur dit : « Oui, vous boirez mon calice ; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de vous le donner ; ce sera pour ceux auxquels mon Père l’a préparé. » Les dix, ayant entendu cela, s’indignèrent contre les deux frères. Mais Jésus les appela à lui, et leur dit : « Vous savez que les princes des nations les dominent ; et que les grands exercent la puissance sur elles. Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais que celui qui voudra devenir le plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave ; de même que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et pour donner sa vie comme la rançon d’un grand nombre. »

[2] Gen. 32, 26

[3] Gen. 32, 10

[4] « Jacob veut dire supplanteur ; et Israël, prince avec Dieu. »(Saint Jérôme)

[5] Gen. 32, 7

[6] Rom. VIII, 17.