Psalmus 75 | Psaume 75 [1] |
Notus in Iudǽa Deus : * in Israël magnum nomen eius. | Dieu est connu en Judée [2] : * son nom est grand dans Israël [3]. |
Et factus est in pace locus eius : * et habitátio eius in Sion. | Il a fixé son séjour dans la paix : * et sa demeure dans Sion. |
Ibi confrégit poténtias árcuum : * scutum, gládium, et bellum. | C’est là qu’Il a brisé toute la force des arcs : * le bouclier, le glaive et la guerre [4]. |
Illúminans tu mirabíliter a móntibus ætérnis : * turbáti sunt omnes insipiéntes corde. | Vous projetez un merveilleux éclat du haut des montagnes éternelles : * tous les insensés de cœur [5] ont été troublés. |
Dormiérunt somnum suum : * et nihil invenérunt omnes viri divitiárum in mánibus suis. | Ils ont dormi leur sommeil : * et tous ces hommes de richesses n’ont rien trouvé dans leurs mains [6]. |
Ab increpatióne tua, Deus Iacob, * dormitavérunt qui ascendérunt equos. | A votre menace, ô Dieu de Jacob, * se sont endormis ceux qui étaient montés sur des chevaux [7]. |
Tu terríbilis es, et quis resístet tibi ? * ex tunc ira tua. | Vous êtes terrible, et qui Vous résistera ? * au moment de votre colère. |
De cælo audítum fecísti iudícium : * terra trémuit et quievit. | Du Ciel, Vous avez fait entendre la sentence : * la terre a tremblé et s’est tue [8]. |
Cum exsúrgeret in iudícium Deus, * ut salvos fáceret omnes mansuétos terræ. | Lorsque Dieu s’est levé pour rendre justice, * afin de sauver tous ceux qui sont doux sur la terre. |
Quóniam cogitátio hóminis confitébitur tibi : * et relíquiæ cogitatiónis diem festum agent tibi. | Aussi la pensée de l’homme Vous louera : * et le souvenir qui lui restera Vous fera fête [9]. |
Vovéte, et réddite Dómino Deo vestro : * omnes, qui in circúitu eius affértis múnera. | Faites des vœux, et acquittez-les au Seigneur votre Dieu [10] : * vous tous qui des alentours apportez des présents. |
Terríbili et ei qui aufert spíritum príncipum, * terríbili apud reges terræ. | A ce Dieu terrible [11], qui ôte le souffle [12] aux princes, * qui est terrible aux rois de la terre. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. Dans trois circonstances solennelles, l’Église chante ce psaume à la gloire de notre divin Sauveur : 1° Le Jeudi-Saint, 3e Noct., l’Antienne prise du v. 9 rappelle le tremblement de terre qui eut lieu à la mort de Notre-Seigneur. 2° Le Samedi-Saint, 3e Noct., l’Antienne prise du v. 3 rappelle la sépulture du glorieux triomphateur de la mort. 3° A la Transfiguration, 2e Noct., le v. 5 est une belle expression du mystère. (Le P. Emmanuel).
[2] Dieu est connu en Judée, il y a fait connaître avec éclat, semble dire le Prophète, par des manifestations récentes s’ajoutant aux témoignages anciens, et sa puissance et sa bonté. O peuple qui porte le nom de Juda, tu ne le mérites plus si tu n’as d’autre roi que César ; l’Église où est connu le Christ est devenue la véritable Judée ; le Christ est tout ensemble notre roi et notre Dieu. (S. Augustin).
[3] La véritable Judée est l’Église du Christ, qui croit à ce roi venu de la tribu de Juda par la Vierge Marie. (Saint Augustin).
[4] Ce que Dieu a fait en faveur de son peuple, il le fait d’une manière invisible dans l’âme des justes en la secourant dans ses luttes contre l’enfer. (Bellarmin).
[5] La sainte Écriture nomme souvent ainsi les pécheurs et en général tous les ennemis de Dieu.
[6] Terrible réveil que celui de la mort : ils tendront les mains à tout ce qui les environne, et ils ne saisiront que des fantômes, qu’une fumée qui se dissipe et qui ne laisse rien de réel dans les mains. (Péronne).
[7] Le Prophète déclare par ce verset que la mort des Assyriens ne fut pas naturelle, mais un effet direct de la colère divine. (Bellarmin).
[8] Prenant occasion de la colère divine qui éclata contre les Assyriens, le Psalmiste semble aussi parler de celle qu’il manifestera au jour du jugement dernier ; il annonce l’avenir en se servant du passé comme font souvent les prophètes. (Bellarmin).
[9] Notre pensée loue Dieu dans l’oraison, elle doit avoir des restes, c’est-à-dire des conséquences pratiques qui fassent du temps qui la suit, un jour de fête pour Dieu. (Saint Augustin).
[10] Quels sont les vœux que tous, indistinctement, doivent faire à Dieu ? De croire en lui, d’espérer de lui la vie éternelle, de bien vivre selon la règle commune. Il y a ensuite des vœux propres à chacun. Quelque vœu qu’on ait fait à Dieu, c’est une grande faute de regarder en arrière. (Saint Augustin).
[11] Le psalmiste exhorte ici les Juifs à témoigner leur reconnaissance à Dieu pour la défaite des Assyriens, et les peuples environnants, à rendre hommage à sa toute puissance en apprenant ce fait. Il invite aussi tous les hommes à prévenir le jour du jugement par des actes de foi et de piété. « Demeurons tous autour de Dieu, et dans l’humilité, et nous offrirons des présents au Créateur ». (S. Augustin).
[12] Par ce souffle nous pouvons entendre la vie, l’âme, et nous pouvons également entendre l’orgueil. (Saint Jérôme).