Psalmus 71 | Psaume 71 [1] |
Deus, iudícium tuum regi da : * et iustítiam tuam fílio regis. | O Dieu, donnez au Roi votre jugement : * et votre justice au Fils du roi [2]. |
Iudicáre pópulum tuum in iustítia, * et páuperes tuos in iudício. | Pour qu’Il juge votre peuple avec justice, * et vos pauvres selon l’équité. |
Suscípiant montes pacem pópulo : * et colles iustítiam. | Que les montagnes reçoivent la paix pour le peuple : * et les collines la justice [3]. |
Iudicábit páuperes pópuli, et salvos fáciet fílios páuperum : * et humiliábit calumniatórem. | Il jugera les pauvres du peuple, et sauvera les fils des pauvres : * et humiliera le calomniateur [4]. |
Et permanébit cum sole, et ante lunam, * in generatióne et generatiónem. | Et Il durera autant que le soleil et il étant avant la lune, * de génération en génération [5]. |
Descéndet sicut plúvia in vellus : * et sicut stillicídia stillántia super terram. | Il descendra comme la pluie sur une toison [6] : * et comme les eaux qui tombent goutte à goutte sur la terre. |
Oriétur in diébus eius iustítia, et abundántia pacis : * donec auferátur luna. | En ses jours apparaîtra la justice [7] et l’abondance de la paix [8] : * jusqu’à ce que la lune soit enlevée. |
Et dominábitur a mári usque ad mare : * et a flúmine usque ad términos orbis terrárum. | Et Il dominera de la mer à la mer : * et depuis le fleuve [9] jusqu’aux extrémités de la terre [10]. |
Coram illo prócident Æthíopes : * et inimíci eius terram lingent. | Devant Lui se prosterneront les Éthiopiens : * et ses ennemis lécheront la terre. |
Reges Tharsis, et ínsulæ múnera ófferent : * reges Arabum et Saba dona addúcent. | Les rois de Tharsis et les îles Lui offriront des présents : * les rois d’Arabie et de Saba apporteront des dons [11]. |
Et adorábunt eum omnes reges terræ : * omnes Gentes sérvient ei : | Et tous les rois de la terre L’adoreront : * toutes les nations Le serviront [12] : |
Quia liberábit páuperem a poténte : * et páuperem, cui non erat adiútor. | Car Il délivrera le pauvre des mains du puissant : * et l’indigent qui n’avait personne pour l’assister [13]. |
Parcet páuperi et ínopi : * et ánimas páuperum salvas fáciet. | Il aura compassion du pauvre et de l’indigent : * et Il sauvera les âmes des pauvres [14]. |
Ex usúris et iniquitáte rédimet ánimas eórum : * et honorábile nomen eórum coram illo. | Il affranchira leurs âmes de l’usure et de l’iniquité : * et leur nom sera en honneur devant Lui. |
Et vivet, et dábitur ei de auro Arábiæ, et adorábunt de ipso semper : * tota die benedícent ei. | Et Il vivra, et on Lui donnera de l’or d’Arabie, on adorera sans cesse à son sujet [15] : * tout le jour on Le bénira [16]. |
Et erit firmaméntum in terra in summis móntium, superextollétur super Líbanum fructus eius : * et florébunt de civitáte sicut fœnum terræ. | Et le blé [17] sera sur la terre au sommet des montagnes, son fruit s’élèvera plus haut que le Liban : * et on fleurira dans la cité comme l’herbe de la terre [18]. |
Sit nomen eius benedíctum in sǽcula : * ante solem pérmanet nomen eius. | Que son nom soit béni dans tous les siècles : * avant le soleil subsiste son nom [19]. |
Et benedicéntur in ipso omnes tribus terræ : * omnes Gentes magnificábunt eum. | Et toutes les tribus de la terre seront bénies en Lui : * toutes les nations Le glorifieront [20]. |
Benedíctus Dóminus, Deus Israël, * qui facit mirabília solus. | Béni soit le Seigneur, Dieu d’Israël, * qui opère seul des merveilles [21]. |
Et benedíctum nomen maiestátis eius in ætérnum : * et replébitur maiestáte eius omnis terra : fiat, fiat. | Et béni soit éternellement le nom de sa majesté : * et que toute la terre soit remplie de sa majesté. Ainsi soit-il, ainsi soit-il. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. L’Église chante ce psaume à un grand nombre de ses solennités : 1° A Noël, au 2e Nocturne des Matines. 2° A l’Épiphanie : Matines, 2e Nocturne. 3° Au Jeudi-Saint, Temps de la Rédemption. 4° A la fête de la Sainte Trinité : à cause de la mention du Père et du Fils au 1er verset, et de la doxologie des v. 18 et 19. (Le P. Emmanuel).
[2] Le sens de ce verset appliqué au Christ est : Donnez-lui, ô divin Père, le pouvoir de juger (en son humanité), selon cette parole : Le Père a donné tout pouvoir de juger au Fils (Saint Jean, V, 22). C’est en même temps le Fils du Roi, car Dieu le Père est le Roi par excellence. (Saint Augustin).
[3] La Palestine est formée en très grande partie de montagnes et de collines, aussi David demande-t-il par ces paroles la paix et la justice pour le royaume entier pendant que régnera Salomon. (Bx. Bellarmin). Au sens figuré, le Prophète désigne par montagnes, les prédicateurs de l’Évangile, et les collines sont ceux qui imitent par leur obéissance l’excellence des montagnes. (Saint Augustin).
[4] Ceux qui se seront faits pauvres pour lui recevront le royaume des cieux, et il humiliera le démon qui est maintenant un calomniateur des justes. (Saint Jérôme).
[5] Ce verset convient directement au règne du Messie, et indirectement au règne de Salomon, en tant que le trône de David devait, être éternel, à cause du Messie descendu de lui. (P. Berthier).
[6] Comme l’eau qui tombe goutte à goutte sur la terre, cette pluie abondante qu’est Jésus est descendue doucement et sans bruit dans le sein virginal de Marie, ensuite elle s’est répandue sur toute la terre par la bouche des prédicateurs comme la pluie sur la terre. (Saint Bernard, Homélie II super Missus est).
[7] La justice ou le juste c’est-à-dire l’homme régénéré et devenu juste par la grâce du Messie.
[8] C’est le grand bien que souhaiteront et qu’annonceront les Anges sur le berceau même du Sauveur et que Jésus ressuscité apportera à ses Apôtres : « pax vobis ! » (Lesêtre).
[9] Salomon régna de la mer Rouge à la mer de la Palestine et de l’Euphrate jusqu’au désert, mais ce passage convient beaucoup mieux au Messie (P. Berthier) dont le nom devait être prêché de la mer à la mer c’est-à-dire dans l’univers entier et dont la puissance a commencé à se signaler au Jour¬dain où il fut baptisé et où il choisit ses disciples. (S. Augustin).
[10] Étendue du règne du Christ d’une mer jusqu’à l’autre, et jusqu’aux extrémités de la terre où il n’est pas borné puisqu’il s’étend jusque dans le ciel. (Péronne).
[11] Tous les peuples nommés ici, et qui représentent le monde connu à cette époque, rendront hommage à Salomon et lui paieront tribu. (Crampon). Mais le Prophète annonce plutôt que tous les royaumes, toutes les puissances et les dignités viendront au Christ, se soumettront à lui et lui offriront les dons d’une vie sainte, ce que nous voyons commencé dans les présents offerts par les Mages. (Saint Jérôme).
[12] Ceci s’est accompli en un certain sens parce que beaucoup de princes se sont convertis avec leurs peuples au culte du Christ, et s’accomplira parfaitement au jour du Jugement, quand tous fléchiront le genou devant lui. Qu’elles le veuillent ou ne le veuillent point, les nations servent à l’accomplissement de sa volonté. (Bx. Bellarmin).
[13] Ce pauvre, c’est le peuple qui croit en lui ; cet indigent, ce sont ceux qui sentent le besoin de la gloire de Dieu ; ce puissant, c’est le démon ; nulle autre force, nul autre juste, pas même un ange, n’eût pu nous délivrer de sa tyrannie. (Saint Augustin).
[14] Mieux que Salomon le Christ a consolé toutes les misères corporelles de ceux qui l’approchaient ici-bas ; il continue à les soulager par son Église. Quant aux âmes, le Prophète nous signale ici le double effet de la grâce : la rémission des péchés quand il dit : Il pardonnera, (parcet) et la part qui nous est donnée à la justice, lorsqu’il ajoute : Il sauvera. Nul ne peut, en effet, sans la grâce de Dieu, se procurer le salut qui est la justice parfaite. (S. Augustin).
[15] Hébreu : « on priera à son sujet », et quelle prière fera-t-on pour le Messie, sinon celle qu’il apportera lui-même aux hommes : « Adveniat regnum tuum ! » (Lesêtre).
[16] En disant plus haut : Il affranchira ou rachètera leurs âmes, le psalmiste avait fait allusion à la mort du Christ qui fut le prix de notre rédemption ; il a voulu prédire aussi sa résurrection et sa vie à jamais, en ajoutant : Il vivra (Bx. Bellarmin). On lui donnera de l’or. Salomon tira d’Arabie de l’or ; (S. Augustin) ; le Sauveur reçoit de l’or matériellement pour ses vases sacrés, ses églises, ses membres ; spirituellement : l’or de la sagesse, de la pureté, de la charité. Et on adorera. Si l’on prend le verbe adorer, pour l’action de s’incliner, de se prosterner, on peut l’appliquer à Salomon, mais si on l’entend de l’adoration proprement dite, il ne peut convenir ici qu’à Jésus-Christ. (Glaire).
[17] Firmamentum : L’Hébreu paraît signifier abondance de blé. LA Vulgate a copié les LXX qui ont στήριγμα (station des planètes) ; mais ce mot doit désigner comme au Ps. 106, 16 (στήριγμα άρτου, Vulg. firmamentum panis), le pain qui soutient la vie : nous sommes ainsi ramenés à l’hébreu. (Fillion).
[18] Ce verset peut s’appliquer au règne de Salomon qui fut très fortuné et très florissant. Mais cette prophétie s’est vérifiée d’une manière bien plus parfaite quant au règne du Messie (Berthier), Alors il y aura sur la terre l’abondance de ce froment spirituel qui est la parole de Dieu. Son fruit paraîtra sur les montagnes, c’est-à-dire dans les lieux qui sont d’eux-mêmes stériles, il s’élèvera plus haut que les cèdres du Liban et consistera dans la multiplication des fidèles qui fleuriront en grand nombre comme les herbes poussent d’ordinaire sur la terre. (Bellarmin).
[19] Le Verbe de Dieu était le Fils avant qu’aucune créature subsistât ; comme Christ, son nom de Jésus sera béni à jamais. (Berthier).
[20] Selon la promesse faite à Abraham, tous les peuples seront bénis en ce divin Sauveur, s’ils puisent en ses mérites infinis la grâce de renaître et de persévérer. Ils le glorifieront, non point en ajoutant à sa grandeur, mais en la chantant, en le bénissant. (Saint Augustin).
[21] Car c’est lui qui en opère dans tous ceux qui en font. (S. Augustin).