Psalmus 67 | Psaume 67 |
Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci eius, * et fúgiant qui odérunt eum, a fácie eius. | Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dissipés, * et que ceux qui le haïssent fuient devant sa face. |
Sicut déficit fumus, defíciant : * sicut fluit cera a fácie ignis, sic péreant peccatóres a fácie Dei. | Comme la fumée disparaît, qu’ils disparaissent : * comme la cire se fond devant le feu, qu’ainsi périssent les pécheurs devant la face de Dieu [1]. |
Et iusti epuléntur, et exsúltent in conspéctu Dei : * delecténtur in lætítia. | Mais que les justes soient comme dans un festin, et qu’ils exultent en la présence de Dieu : * et qu’ils soient dans des transports de joie. |
Cantáte Deo, psalmum dícite nómini eius : * iter fácite ei, qui ascéndit super occásum : Dóminus nomen illi. | Chantez à Dieu, célébrez son nom par un cantique : * frayez le chemin à celui qui monte vers le couchant [2] : le Seigneur est son nom. |
Exsultáte in conspéctu eius : * turbabúntur a fácie eius, patris orphanórum et iúdicis viduárum. | Exultez en sa présence : * on tremblera devant lui, le père des orphelins et le juge des veuves [3]. |
Deus in loco sancto suo : * Deus, qui inhabitáre facit uníus moris in domo : | Dieu est dans son lieu saint : * c’est le Dieu qui fait habiter dans une même maison ceux qui ont un même esprit [4] : |
Qui edúcit vinctos in fortitúdine, * simíliter eos qui exásperant, qui hábitant in sepúlcris. | Qui délivre les captifs par sa puissance, * aussi bien que ceux qui l’irritent, qui habitent dans les sépulcres. |
Deus, cum egrederéris in conspéctu pópuli tui, * cum pertransíres in desérto : | O Dieu, quand vous avanciez en présence de votre peuple, * quand vous traversiez le désert : |
Terra mota est, étenim cæli distillavérunt a fácie Dei Sínai, * a fácie Dei Israël. | La terre fut ébranlée, les cieux eux-mêmes se fondirent devant le Dieu du Sinaï, * devant le Dieu d’Israël [5]. |
Plúviam voluntáriam segregábis, Deus, hereditáti tuæ : * et infirmáta est, tu vero perfecísti eam. | Vous ménagerez une pluie bienfaisante [6], ô Dieu, pour votre héritage : * il a été affaibli, mais vous, vous l’avez réconforté. |
Animália tua habitábunt in ea : * parásti in dulcédine tua páuperi, Deus. | Vos animaux y habiteront : * vous avez dans votre bonté, ô Dieu, préparé de la nourriture pour le pauvre [7]. |
Dóminus dabit verbum evangelizántibus, * virtúte multa. | Le Seigneur donne ses ordres à ceux qui annoncent la bonne nouvelle, * avec une grande puissance. |
Rex virtútum dilécti dilécti : * et spéciei domus divídere spólia. | Le roi des armées est au pouvoir du bien-aimé, du bien-aimé ; * et celle qui est l’ornement de la maison partage les dépouilles [8]. |
Si dormiátis inter médios cleros, pennæ colúmbæ deargentátæ, * et posterióra dorsi eius in pallóre auri. | Quand vous dormez au milieu de vos héritages, les ailes de la colombe sont argentées, * et l’extrémité de son dos a le pâle éclat de l’or [9]. |
Dum discérnit cæléstis reges super eam, nive dealbabúntur in Selmon : * mons Dei, mons pinguis. | Lorsque le Très-Haut disperse les rois dans le pays, tout est blanchi par les neiges sur le Selmon : * la montagne de Dieu est une grasse montagne. |
Mons coagulátus, mons pinguis : * ut quid suspicámini montes coagulátos ? | C’est une montagne fertile, grasse montagne [10] : * Pourquoi regardez-vous avec envie d’autres montagnes fertiles ? |
Mons, in quo beneplácitum est Deo habitáre in eo : * étenim Dóminus habitábit in finem. | Il est une montagne où il a plu à Dieu d’habiter : * et le Seigneur y habitera jusqu’à la fin. |
Currus Dei decem míllibus múltiplex, míllia lætántium : * Dóminus in eis in Sina in sancto. | Le char de Dieu est environné de plus de dix mille ; ce sont des milliers qui se réjouissent : * le Seigneur est au milieu d’eux dans son sanctuaire, au Sinaï [11]. |
Ascendísti in altum, cepísti captivitátem : * accepísti dona in homínibus. | Vous êtes monté en haut, vous avez emmené une captivité : * vous avez reçu des présents parmi les hommes. |
Etenim non credéntes, * inhabitáre Dóminum Deum. | Et même de ceux qui ne croient pas, * que le Seigneur Dieu habite avec nous. |
Benedíctus Dóminus die quotídie : * prósperum iter fáciet nobis Deus salutárium nostrórum. | Béni soit chaque jour le Seigneur : * Le Dieu qui nous a si souvent sauvés rendra notre voie prospère. |
Deus noster, Deus salvos faciéndi : * et Dómini Dómini éxitus mortis. | Notre Dieu est le Dieu qui rend sauf : * au Seigneur, au Seigneur appartiennent les issues de la mort. |
Verúmtamen Deus confrínget cápita inimicórum suórum : * vérticem capílli perambulántium in delíctis suis. | Mais Dieu brisera la tête de ses ennemis : * le front superbe de ceux qui marchent dans leurs péchés. |
Dixit Dóminus : Ex Basan convértam, * convértam in profúndum maris : | Le Seigneur a dit : Je les amènerai de Basan, * et Je les amènerai du fond de la mer : |
Ut intingátur pes tuus in sánguine : * lingua canum tuórum ex inimícis, ab ipso. | Afin que ton pied trempe dans le sang : * que la langue de tes chiens le soit du sang de tes ennemis [12]. |
Vidérunt ingréssus tuos, Deus : * ingréssus Dei mei : regis mei qui est in sancto. | Ils ont vu vos marches, ô Dieu : * les marches de mon Dieu, de mon Roi, qui réside dans le sanctuaire. |
Prævenérunt príncipes coniúncti psalléntibus : * in médio iuvenculárum tympanistriárum. | En avant marchaient les princes, associés aux chanteurs : * au milieu des jeunes filles qui jouaient du tambourin. |
In ecclésiis benedícite Deo Dómino, * de fóntibus Israël. | Dans les assemblées, bénissez le Seigneur Dieu, * vous qui sortez des sources d’Israël. |
Ibi Béniamin adolescéntulus : * in mentis excéssu. | Là est Benjamin, le plus jeune : * dans l’extase de son esprit. |
Príncipes Iuda, duces eórum : * príncipes Zábulon, príncipes Néphtali. | Là sont les princes de Juda, leurs chefs : * les princes de Zabulon, les princes de Nephthali. |
Manda, Deus, virtúti tuæ : * confírma hoc, Deus, quod operátus es in nobis. | Commandez, O Dieu, à votre puissance : * affermissez, ô Dieu, ce que vous avez fait parmi nous [13]. |
A templo tuo in Ierúsalem, * tibi ófferent reges múnera. | Dans votre temple de Jérusalem, * les rois vous offriront des présents [14]. |
Increpa feras arúndinis, congregátio taurórum in vaccis populórum : * ut exclúdant eos, qui probáti sunt argénto. | Réprimez les bêtes sauvages des roseaux, la troupe des taureaux et les génisses des peuples : * pour chasser ceux qui ont été éprouvés comme l’argent [15]. |
Díssipa Gentes, quæ bella volunt : vénient legáti ex Ægýpto : * Æthiópia prævéniet manus eius Deo. | Dissipez les nations qui veulent la guerre : des ambassadeurs viendront de l’Égypte : * l’Éthiopie s’empressera de tendre ses mains vers Dieu. |
Regna terræ, cantáte Deo : * psállite Dómino. | Royaumes de la terre, chantez à Dieu : * chantez le Seigneur. |
Psállite Deo, qui ascéndit super cælum cæli, * ad Oriéntem. | Chantez Dieu, qui s’élève au plus haut des cieux, * vers l’orient. |
Ecce dabit voci suæ vocem virtútis, date glóriam Deo super Israël, * magnificéntia eius, et virtus eius in núbibus. | Voici qu’Il va donner à sa voix un puissant éclat, rendez gloire à Dieu au sujet d’Israël, * sa magnificence et sa force paraissent dans les nuées [16]. |
Mirábilis Deus in sanctis suis, Deus Israël ipse dabit virtútem, et fortitúdinem plebi suæ, * benedíctus Deus. | Dieu est admirable dans ses saints, le Dieu d’Israël donnera lui-même à son peuple la puissance et la force, * béni soit Dieu [17]. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] La cire fond sans perdre sa nature, elle s’amollit seulement, ainsi je ne demande pas que les ennemis de Dieu périssent, mais qu’ils se repentent, se convertissent, et soient ainsi sauvés. (Saint Jérôme).
[2] Le Christ ressuscité s’est élevé au-dessus de tout ce qu’il y a de mortel en triomphant de la mort et des ténèbres de ce bas monde. (D’après Saint Grégoire, Homélie sur l’Ascension).
[3] Vous qui préparez la voie du Seigneur, ne craignez pas ceux qui vous oppriment, car un temps viendra où eux-mêmes seront troublés à la vue de la colère du Dieu qui est le père des orphelins et le juge défendant les veuves, c’est-à-dire le consolateur de tous les affligés. (Bellarmin).
[4] Le Seigneur réunissait autour de l’arche le peuple israélite animé d’une même foi. Il réunit aujourd’hui ses enfants « dans l’Église au sein de laquelle il répand l’esprit de charité. » (Saint Jérôme).
[5] Allusion à la manne tombant sur le sol comme une neige légère. « Celui qui dans les déserts du Sinaï fit pleuvoir la manne sur cette génération, donne abondamment au peuple chrétien dans l’Église la manne de son corps et de son sang. » (Saint Jérôme).
[6] Par cette pluie bienfaisante (ou littér. volontaire), que devons-nous entendre si ce n’est la grâce, non accordée à nos mérites, mais donnée gratuitement ? Quand nous nous enorgueillissons de nos mérites, nous nous éloignons de Dieu et défaillons en notre soi-disant force, mais par la grâce il agit avec nous afin que nous avancions au moyen de sa force à lui. (Saint Augustin).
[7] Ce verset convient à l’Église chrétienne en possession des grâces offertes par Jésus-Christ. Il convient aussi à la société des Saints qui habiteront éternelle ment la céleste Jérusalem. (Berthier).
[8] Le roi des armées célestes aide puissamment son peuple bien-aimé à assujettir les rois du pays de Chanaan, et la mère de famille peut, au retour des vainqueurs, partager les dépouilles entre les siens. « D’après les Pères, le sens de ce verset est aussi le suivant : Le roi des armées du Bien-aimé, c’est-à-dire du Christ, le bien-aimé de Dieu et des hommes, donnera à celle qui est la beauté de la maison de Dieu qui est l’Église, les nations conquises à la foi par l’évangélisation des Apôtres. » (Bellarmin).
[9] L’état de prospérité des Hébreux après la conquête est comparé ici au jeu chatoyant de couleurs qu’on admire sur les ailes d’une colombe exposée aux rayons du soleil. (Fillion).
[10] Le Psalmiste fait l’éloge de la montagne de Sion, de Basan ou du Selmon ; le lieu privilégié qu’il dépeint comme incomparable est l’image du Christ ou de son Église.
[11] Des milliers d’anges forment le char ou cortège du Seigneur descendant au Sinaï pour s’y manifester ; l’arche d’alliance qui est comme le trône de Dieu est entourée dans son transport solennel de milliers de juifs qui se réjouissent ; l’humanité sainte du Sauveur s’élève vers les cieux au jour de son ascension escortée de myriades d’esprits angéliques ; dans nos sanctuaires chrétiens où repose la divine Eucharistie, notre Seigneur est encore environné de célestes adorateurs.
[12] Les défilés des montagnes ne pourront cacher au Seigneur les ennemis de son nom et de son peuple : il promet à celui-ci de sanglantes victoires comme à l’instrument de ses vengeances.
[13] Ce verset exprime l’ardent souhait de l’extension du règne de Dieu, souhait qui s’accomplira quand l’Esprit d’amour et de force viendra para chever l’œuvre du Messie.
[14] Le sanctuaire de Sion appelé temple dans le sens large du mot deviendra un centre où les rois païens eux-mêmes viendront rendre hommage au vrai Dieu. (Fillion). Sous la nouvelle alliance, des rois de la terre se feront un honneur de venir offrir dans vos temples, Seigneur, des objets précieux, et ces rois spirituels qui sont les prêtres de votre Église vous offriront le sacrifice Eucharistique, celui de leurs louanges et celui de la conversion des âmes. (Bellarmin).
[15] Les bêtes des roseaux, c’est-à-dire le crocodile et l’hippopotame. Ils figurent l’Égypte où ils abondaient alors. Les taureaux symbolisent les rois païens, et les génisses sont l’image du peuple juif. On demande à Dieu de réprimer les païens à cause de leurs attaques contre les Israélites innocents. (Fillion).
[16] David demande à son peuple de donner gloire à Dieu, il le demande à tous les peuples et à tous les temps et tous donnent surtout de la gloire au Seigneur depuis que la descente du Saint-Esprit a enflammé les Apôtres de zèle pour faire cet appel parmi les Gentils. La beauté des nuées proclame aussi la gloire divine, elles symbolisent la grâce qui protège et féconde ; enfin, la puissance du Fils de l’homme paraîtra quand il viendra sur les nuées pour le dernier jugement.
[17] Que Dieu soit béni : Qu’il daigne nous faire passer de la mort à la vie, afin qu’associés à ses saints, nous nous réjouissions à jamais en lui. (Saint Jérôme).