Psalmus 5 | Psaume 5 [1] |
Verba mea áuribus pércipe, Dómine, * intéllige clamórem meum. | Seigneur, prêtez l’oreille à mes paroles, * comprenez mon cri [2]. |
Inténde voci oratiónis meæ : * Rex meus et Deus meus. | Soyez attentif à la voix de ma prière : * mon Roi et mon Dieu. |
Quóniam ad te orábo : * Dómine, mane exáudies vocem meam. | Car c’est Vous que je prierai : * Seigneur, dès le matin Vous exaucerez ma voix. |
Mane astábo tibi et vidébo : * quóniam non Deus volens iniquitátem tu es. | Dès le matin je me tiendrai devant Vous [3], et je verrai : * que Vous n’êtes pas un Dieu qui aime l’iniquité [4]. |
Neque habitábit iuxta te malígnus : * neque permanébunt iniústi ante óculos tuos. | Le méchant n’habitera pas auprès de Vous : * et les injustes ne subsisteront point devant vos yeux. |
Odísti omnes, qui operántur iniquitátem : * perdes omnes, qui loquúntur mendácium. | Vous haïssez tous ceux qui commettent l’iniquité : * Vous perdrez tous ceux qui profèrent le mensonge. |
Virum sánguinum et dolósum abominábitur Dóminus : * ego autem in multitúdine misericórdiæ tuæ. | Le Seigneur aura en abomination l’homme de sang [5] et trompeur : * mais moi, grâce à l’abondance de votre miséricorde. |
Introíbo in domum tuam : * adorábo ad templum sanctum tuum in timóre tuo. | J’entrerai dans votre maison : * j’adorerai dans votre saint temple, pénétré de votre crainte [6]. |
Dómine, deduc me in iustítia tua : * propter inimícos meos dírige in conspéctu tuo viam meam. | Seigneur, conduisez-moi dans votre justice : * à cause de mes ennemis, rendez droite ma voie en votre présence [7]. |
Quóniam non est in ore eórum véritas : * cor eórum vanum est. | Car la vérité n’est point dans leur bouche : * leur cœur est vain. |
Sepúlcrum patens est guttur eórum, linguis suis dolóse agébant, * iúdica illos, Deus. | Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leurs langues pour tromper, * jugez-les, ô Dieu ! |
Décidant a cogitatiónibus suis, secúndum multitúdinem impietátum eórum expélle eos, * quóniam irritavérunt te, Dómine. | Qu’ils échouent dans leurs desseins, repoussez-les selon la multitude de leurs impiétés, * parce qu’ils Vous ont irrité, Seigneur. |
Et læténtur omnes, qui sperant in te, * in ætérnum exsultábunt : et habitábis in eis. | Mais que tous ceux qui espèrent en Vous se réjouissent, * ils seront éternellement dans l’allégresse : et Vous habiterez en eux. |
Et gloriabúntur in te omnes, qui díligunt nomen tuum : * quóniam tu benedíces iusto | Et tous ceux qui aiment votre nom se glorifieront en Vous : * parce que Vous bénirez le juste. |
Dómine, ut scuto bonæ voluntátis tuæ * coronásti nos. | Seigneur, comme d’un bouclier [8], de votre bienveillante volonté * Vous nous avez couronnés [9]. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Applications liturgiques. Le bouclier du Seigneur, v. 13, a rappelé à l’Église les combats de ses martyrs, aussi elle chante ce psaume à leur office (comm. d’un martyr, 2e Noct.). Elle l’applique aussi aux saints Confesseurs, auxquels Dieu accorde la joie éternelle et la bénédiction due à leur justice, v. 12 et 13 ; l’antienne est prise dans ces versets. Elle le chante à l’office des morts. C’est la prière de l’âme se dirigeant vers les demeures éternelles : v. 8, pour y être heureuse dans la vision de Dieu. (Le P. Emmanuel).
[2] Le cri, dans l’Écriture, n’est pas de la voix, mais celui du cœur. (S. Jérôme).
[3] Devant qui nous tenons-nous dans la prière ? Qui est devant le regard de notre âme ? A qui donnons-nous l’entrée de notre cœur ? Pouvons-nous dire à Dieu comme le Psalmiste : « C’est devant vous que je me présenterai ? » (Péronne).
[4] Que vous n’êtes pas un Dieu qui veut l’iniquité, qui ne pouvez la vouloir, qui êtes toujours saint, dont toutes les œuvres sont inséparables de la sainteté. Demeurons avec David en silence devant la très auguste sainteté de Dieu. On se perd en la contemplant, parce qu’on ne la peut comprendre, non plus que la pureté avec laquelle il faut s’en approcher. (Bossuet. Médit. sur l’Ev.).
[5] Un homme de sang, c’est aussi celui qui répand le sang des âmes. (S. Jérôme).
[6] Trois conditions nécessaires à celui qui entre dans le temple du Seigneur : la confiance en sa miséricorde, l’humilité, « j’adorerai, etc. » et une crainte respectueuse. (Péronne).
[7] Si notre route est dirigée devant Dieu, nous ne nous égarerons pas, et si la voie de Dieu est dirigée devant nous, nous y entrerons et nous y marcherons avec ferveur. (Théodoret).
[8] Les grands boucliers de l’antiquité couvraient l’homme tout entier et le mettaient à l’abri ; de même, il n’y aura ni incursion de l’ennemi ni danger contre lesquels la grâce de Dieu ne puisse protéger ses serviteurs.
[9] David nous représente Dieu couronnant le juste du bouclier de sa bienveillance parce que ceux qu’il protège ici-bas de sa grâce toute-puissante, il les couronne éternellement dans les cieux. (Saint Grégoire, in Job, XXXII).