Psalmus | Psaume |
Benedic ánima mea, Dómino : * Dómine, Deus meus, magnificátus es veheménter. | Bénis, mon âme, le Seigneur [1] : * Seigneur mon Dieu, vous avez fait paraître magnifiquement votre grandeur. |
Confessiónem, et decórem induísti : * amíctus lúmine sicut vestiménto. | Vous vous êtes revêtu de majesté et de beauté : * enveloppé de lumière comme d’un vêtement. |
Exténdens cælum sicut pellem : * qui tegis aquis superiora eius. | Vous étendez le ciel comme une peau [2] : * vous couvrez d’eaux ses parties supérieures. |
Qui ponis nubem ascénsum tuum : * qui ámbulas super pennas ventórum. | Vous montez sur les nuées : * et vous marchez sur les ailes des vents. |
Qui facis ángelos tuos, spíritus : * et minístros tuos ignem uréntem. | Vous faites de vos anges les souffles des vents : * et de vos ministres un feu brûlant. |
Qui fundásti terram super stabilitátem suam : * non inclinábitur in sǽculum sǽculi. | Vous avez fondé la terre sur sa base solide : * elle ne sera pas ébranlée dans les siècles des siècles [3]. |
Abyssus, sicut vestiméntum, amíctus eius : * super montes stabunt aquæ. | L’abîme, comme un vêtement, l’enveloppe : * les eaux s’élèveront au-dessus des montagnes. |
Ab increpatióne tua fúgient : * a voce tonítrui tui formidábunt. | Mais devant votre menace elles fuiront : * la voix de votre tonnerre les épouvantera. |
Ascéndunt montes : et descéndunt campi * in locum, quem fundásti eis. | Les montagnes s’élèvent : et les champs descendent * au lieu que vous leur avez fixé. |
Términum posuísti, quem non transgrediéntur : * neque converténtur operíre terram. | Vous leur avez prescrit des bornes qu’elles ne passeront point : * et elles ne reviendront pas couvrir la terre. |
Qui emíttis fontes in convállibus : * inter médium móntium pertransíbunt aquæ. | Vous faites jaillir les sources dans les vallons : * les eaux s’écouleront entre les montagnes [4]. |
Potábunt omnes béstiæ agri : * exspectábunt ónagri in siti sua. | Toutes les bêtes des champs s’y abreuveront : * les ânes sauvages soupireront après elles dans leur soif [5]. |
Super ea vólucres cæli habitábunt : * de médio petrárum dabunt voces. | Au-dessus d’elles habiteront les oiseaux du ciel : * ils feront entendre leurs voix du milieu des rochers. |
Rigans montes de superióribus suis : * de fructu óperum tuórum satiábitur terra : | Vous arrosez les montagnes des eaux qui tombent d’en haut : * la terre sera rassasiée du fruit de vos œuvres [6]. |
Prodúcens fœnum iuméntis : * et herbam servitúti hóminum : | Vous faites croître l’herbe pour les animaux : * et les plantes pour l’usage des hommes. |
Ut edúcas panem de terra : * et vinum lætíficet cor hóminis : | Vous faites sortir le pain de la terre : * et le vin qui réjouit le cœur de l’homme. |
Ut exhílaret fáciem in óleo : * et panis cor hóminis confirmet. | Vous lui donnez l’huile qui répand la joie sur son visage [7] : * et le pain, pour qu’il fortifie le cœur de l’homme. |
Saturabúntur ligna campi, et cedri Líbani, quas plantávit : * illic pásseres nidificábunt. | Les arbres de la campagne seront rassasiés, et les cèdres du Liban, qu’il a plantés : * c’est là que les oiseaux feront leurs nids. |
Heródii domus dux est eórum : * montes excélsi cervis : petra refúgium herináciis. | La demeure du héron domine les autres : * les hautes montagnes sont pour les cerfs : et les rochers pour les hérissons. |
Fecit lunam in témpora : * sol cognóvit occásum suum. | Il a fait la lune pour marquer les temps : * le soleil connaît l’heure de son coucher [8]. |
Posuísti ténebras, et facta est nox : * in ipsa pertransíbunt omnes béstiæ silvæ. | Vous avez répandu les ténèbres, et la nuit est venue : * c’est alors que toutes les bêtes de la forêt se mettent en mouvement. |
Cátuli leónum rugiéntes, ut rápiant : * et quærant a Deo escam sibi. | Les petits des lions rugissent après leur proie : * et demandent à Dieu leur nourriture. |
Ortus est sol, et congregáti sunt : * et in cubílibus suis collocabúntur. | Le soleil se lève, et ils se rassemblent : * et vont se coucher dans leurs tanières. |
Exíbit homo ad opus suum : * et ad operatiónem suam usque ad vésperum. | Alors l’homme sort pour son ouvrage : * et pour son travail jusqu’au soir [9]. |
Quam magnificáta sunt ópera tua, Dómine ! * ómnia in sapiéntia fecísti : impléta est terra possessióne tua. | Que vos œuvres sont magnifiques, Seigneur ! * Vous avez fait toutes choses avec sagesse [10] : la terre est toute remplie de vos biens. |
Hoc mare magnum, et spatiósum mánibus : * illic reptília, quorum non est númerus. | Voici la vaste mer, aux bras immenses : * là sont les reptiles sans nombre. |
Animália pusílla cum magnis : * illic naves pertransíbunt. | Des animaux petits avec des grands : * là que passent les navires. |
Draco iste, quem formásti ad illudéndum ei : * ómnia a te exspéctant ut des illis escam in témpore. | Ce monstre que vous avez formé pour s’y jouer : * tous attendent de vous que vous leur donniez leur nourriture en son temps [11]. |
Dante te illis, cólligent : * aperiénte te manum tuam, ómnia implebúntur bonitáte. | Lorsque vous la leur donnez, ils la recueilleront : * lorsque vous ouvrez votre main, ils seront tous remplis de vos biens. |
Averténte autem te fáciem, turbabúntur : * áuferes spíritum eórum, et defícient, et in púlverem suum reverténtur. | Mais si vous détournez votre visage, ils seront troublés : * vous leur retirerez le souffle, et ils tomberont en défaillance, et retourneront dans leur poussière [12]. |
Emíttes spíritum tuum, et creabúntur : * et renovábis fáciem terræ. | Vous enverrez votre souffle, et ils seront créés : * et vous renouvellerez la face de la terre. |
Sit glória Dómini in sǽculum : * lætábitur Dóminus in opéribus suis : | Que la gloire du Seigneur soit célébrée à jamais : * le Seigneur se réjouira dans ses œuvres [13]. |
Qui réspicit terram, et facit eam trémere : * qui tangit montes, et fúmigant. | Lui qui regarde la terre et la fait trembler : * Il touche les montagnes et elles fument. |
Cantábo Dómino in vita mea : * psallam Deo meo, quámdiu sum. | Je chanterai le Seigneur toute ma vie : * je psalmodierai pour mon Dieu tant que je serai. |
Iucúndum sit ei elóquium meum : * ego vero delectábor in Dómino. | Puissent ma parole lui être agréable : * pour moi je me délecterai dans le Seigneur. |
Defíciant peccatóres a terra, et iníqui ita ut non sint : * bénedic, ánima mea, Dómino. | Que les pécheurs disparaissent de la terre, et les impies, en sorte qu’ils ne soient plus : * bénis, mon âme, le Seigneur [14]. |
Conclusion du psaume, sauf au temps de la Passion et à l’Office des Défunts : | |
Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. |
Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sǽcula sæculórum. Amen. | Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il. |
[1] Bénis, mon âme, le Seigneur, afin qu’en le bénissant tu mérites d’être bénie par lui. (Saint Jérôme).
[2] Le Prophète, par cette comparaison, a voulu vous montrer avec quelle facilité Dieu opère, et qu’autant il vous est facile d’étendre une peau, autant il lui a été facile d’étendre l’immense voûte des cieux. (Saint Augustin).
[3] Saint Augustin applique ce verset à l’Église qui est établie à jamais sur le fondement qui est le Christ.
[4] Au sens figuré, les vallons peuvent désigner les cœurs humbles. « Ne méprisez pas les lieux abaissés, car de là jaillissent les fontaines. Non pas moi, dit saint Paul, voilà le vallon ; mais la grâce de Dieu avec moi, voilà bien la source. Sur qui reposera mon esprit sinon sur l’homme humble et calme ? Où coulera mon eau vive ? Dans le vallon. (Saint Augustin).
[5] La Providence offre l’eau douce des sources et des ruisseaux à tous les animaux et elle offre également à tous les hommes l’eau de la grâce. (Saint Jérôme). Pierre vit une nappe qui descendait du ciel et renfermait des animaux, et une voix lui dit : Tue et mange. Ne nous étonnons donc plus que toutes les bêtes de la campagne viennent aux eaux ou à cette doctrine des Apôtres qui coule au milieu de l’Église. (Saint Augustin).
[6] Au sens spirituel, rappelons-nous que si la terre de notre âme est nourrie, c’est du fruit des œuvres divines, c’est-à-dire de la grâce d’en haut. « Que nul ne se glorifie dans ses propres œuvres, mais que celui qui se glorifie le fasse dans le Seigneur. » (I Cor. I, 31)
[7] Chez les Juifs, l’usage d’oindre le corps avec de l’huile était réputé inconciliable avec la tristesse, et on s’en abstenait les jours de deuil ; dans ce verset, l’huile est surtout considérée comme nourriture. (Lesêtre). Aux fidèles de la nouvelle alliance, le Seigneur offre encore le pain et le vin eucharistiques, l’huile de la confirmation et des onctions saintes, car il est un pain divin qui fortifie le cœur parce qu’il est le pain du cœur ; il est un vin spirituel dont le calice enivre d’une sainte ivresse ; il est une onction qui, du Christ, l’oint, se répand sur tous ses membres. (Saint Augustin).
[8] Chez les Hébreux, le cours de la lune réglait les mois, les jours de fêtes, etc. (Fillion). Si le soleil est l’image du Christ, (véritable soleil de justice qui a connu par avance l’heure où il donnerait sa vie pour nous), la lune peut être considérée comme l’image de l’Église qui nous transmet en la nuit d’ici-bas la lumière des enseignements du Sauveur et nous marque comment il faut agir.
[9] Au sens spirituel, « lorsque le soleil de justice s’est levé pour nous, nous devons sortir pour notre travail jusqu’au soir, c’est-à-dire pratiquer la justice en tout temps jusqu’à la fin de notre vie. (Saint Jérôme). Il y a, dans la vie de chaque homme, un soir où son travail finit pour ne plus recommencer ; mais ce soir est le commencement d’un jour éternel pour lequel le Créateur nous a faits. (P. Berthier).
[10] Tout ce que Dieu a fait, il l’a fait dans sa sagesse, et il l’a fait par sa sagesse, et la sagesse de Dieu est sou Verbe éternel. (Saint Augustin).
[11] Tous les animaux sans exception demandent à Dieu leur nourriture par une prière inconsciente : l’homme qui éprouve le même besoin, pour son âme encore plus que pour son corps, apprendra à dire : « Père, donnez- nous notre pain quotidien. » (Lesêtre).
[12] Seigneur, vos créatures n’ont point par elles-mêmes vos richesses, et souvent vous le leur faites sentir. Vous détournez votre visage et nous tombons dans l’épreuve. O homme superbe, implore la clémence divine en reconnaissant que tu es poussière et faiblesse. (Saint Augustin).
[13] La Genèse rapporte qu’ayant achevé la création, Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites et qu’elles étaient très bonnes. (Gen. I, 31). Cette satisfaction, il ne cesse de la posséder ; mais l’ange lui donne, et l’homme peut lui donner une gloire accidentelle spéciale, celle de sa connaissance et de son amour, et c’est la joie du Seigneur lorsque nous le bénissons au jour de la résurrection. (Saint Jérôme).
[14] Anathème aux pécheurs qui déshonorent la création ! (Fillion). On dirait une colère du Prophète, mais colère pleine de douceur. Qui peut comprendre ceci s’il n’est rempli de charité ? Qu’est-ce à dire : qu’ils ne soient plus, sinon, qu’ils ne soient plus méchants. Pour n’être plus méchants, qu’ils deviennent justes ! Voilà ce que veut le Prophète et cette espérance le comble de joie et il en revient au premier verset du psaume : bénis, mon âme, le Seigneur. (St Augsutin).