Introibo ad altare Dei
|
http://www.introibo.fr/14-01-St-Felix-pretre-et-martyr
|
14/01 St Félix, prêtre et martyr
mardi, 18 décembre 2007
|
Le culte de St Félix gagna Rome grâce à la basilique dont il était le titulaire ad Portam Pincianam, sa fête était déjà célébrée sous St Grégoire le Grand (+604). St Paulin de Nole contribua beaucoup à la diffusion du culte de St Félix, qui bien que mort de mort non violente hérita du titre de martyr à cause des persécutions qu’il subit.
Missa Lætábitur, de Communi unius Martyris 4 loco, cum orationibus ut infra : | Messe Lætábitur, du Commun d’un Martyr 4, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio | Collecte |
Concéde, quǽsumus, omnípotens Deus : ut ad meliórem vitam Sanctórum tuórum exémpla nos próvocent ; quaténus, quorum sollémnia ágimus, étiam actus imitémur. Per Dóminum. | Accordez-nous, nous vous en supplions, ô Dieu tout-puissant, que les exemples de vos Saints nous excitent à une vie meilleure, en sorte que nous imitions aussi les œuvres de ceux dont nous célébrons la fête. |
Secreta | Secrète |
Hóstias tibi, Dómine, beáti Félicis Mártyris tui dicátas méritis, benígnus assúme : et ad perpétuum nobis tríbue proveníre subsídium. Per Dóminum. | Recevez favorablement, Seigneur, les hosties que nous vous offrons par les mérites de votre saint Martyr Félix ; faites qu’elles nous obtiennent votre assistance continuelle. |
Postcommunio | Postcommunion |
Quǽsumus, Dómine, salutáribus repléti mystériis : ut, beáti Félicis Mártyris tui, cuius sollémnia celebrámus, oratiónibus adiuvémur. Per Dóminum. | Rassasiés par la participation à ces mystères de salut, nous vous demandons, Seigneur, d’être aidés grâce aux prières de votre bienheureux Martyr Félix dont nous célébrons la solennité. |
Leçon des Matines avant 1960
Neuvième leçon. Félix, Prêtre de Nole, s’étant élevé avec force contre le culte des idoles, fut persécuté de diverses manières par les infidèles, puis jeté en prison. Délivré la nuit par un Ange, il reçut l’ordre de chercher Maximien, Évêque de Nole : celui-ci, se voyant accablé de vieillesse, et craignant de ne pouvoir supporter les supplices des persécuteurs, s’était caché dans une forêt. Félix, conduit par Dieu, parvint au lieu où se trouvait le saint Évêque, il l’aperçut gisant à terre et presque sans vie ; après l’avoir ranimé, il le prit sur ses épaules, et le confia, pour le rétablir, aux soins d’une veuve chrétienne. Comme Félix reprenait de nouveau de leur impiété les adorateurs des idoles, ils voulurent se précipiter sur lui, mais fuyant leur poursuite, il se cacha dans l’intervalle étroit de deux murailles. L’entrée de ce lieu parut soudain couverte de toiles d’araignées, en sorte que personne ne put soupçonner qu’on était venu s’y cacher à l’heure même. Félix, s’évadant de cette retraite, demeura caché trois mois dans la maison d’une pieuse femme. Lorsque l’Église de Dieu commença à jouir d’un peu de repos, il revint à Nole, où il fit beaucoup de conversions par les exemples de sa vie, ses enseignements et ses miracles. Il refusa constamment l’épiscopat de cette ville, s’endormit dans le Seigneur, et fut enseveli près de Nole au lieu appelé in Princis.
Aux splendeurs radieuses de son Épiphanie l’Emmanuel associe en ce jour, avec Hilaire de Poitiers, un humble amant des vertus de la crèche. Soustrait par Dieu même à la rage des persécuteurs, Félix n’en a pas moins obtenu le titre de martyr pour son courage invincible dans des tourments et une captivité qui devaient naturellement aboutir à la mort. Déjà inscrit au ciel dans la blanche armée des athlètes du Seigneur, il devait encore longtemps réjouir et fortifier l’Église par l’exemple de cette pauvreté admirable, de cette humilité, de cette charité ardente qui lui donnent place, sur le cycle sacré, près de l’humble berceau du Roi pacifique.
Il a aimé, il a suivi l’Enfant-Dieu dans son obscurité volontaire ; et voilà qu’aujourd’hui ce Roi des anges et des hommes, manifesté au monde, adoré par les rois, partage avec lui la gloire de sa triomphante Épiphanie. Au vainqueur je donnerai de s’asseoir avec moi dans mon trône, dit le Seigneur. (Apoc. III, 21.) En qui plus qu’en Félix de Noie s’est réalisée sur terre la promesse bénie du divin chef à ses membres ? Un pauvre tombeau venait de recevoir la dépouille mortelle de l’humble prêtre de Campanie, qui semblait devoir y attendre, dans le silence et l’obscurité qu’il avait tant aimée, le signal de la trompette de l’Ange au jour de la Résurrection. Soudain des miracles éclatants et nombreux illustrent cette tombe ; le nom de Félix, porté en tous lieux, opère en tous lieux les mêmes prodiges de grâce ; à peine la paix est-elle rendue à l’Église et au monde par l’avènement de Constantin à l’empire, que de toutes parts les peuples s’ébranlent ; des foules sans nombre affluent au tombeau du martyr ; Rome elle-même se dépeuple à certains jours, et l’antique voie Appienne, dont le sol disparaît sous les pas pressés des pèlerins, semble n’avoir jamais eu d’autre destination que de porter aux pieds de Félix les hommages, la reconnaissance et l’amour du monde entier. Cinq basiliques ne suffisent pas à l’immense concours ; une sixième s’élève, et une ville nouvelle couvre le champ solitaire où furent autrefois déposés les restes précieux du martyr. Pendant tout le quatrième siècle, qui à tant d’autres grandeurs joignit celle de donner son extension entière au grand mouvement des pèlerinages, la ville de Noie en Campanie demeure pour l’Occident le principal centre, après Rome, de ces manifestations si catholiques de la foi chrétienne. « Heureuse ville de Nole », s’écrie un contemporain, témoin oculaire de ces merveilles, « heureuse ville, qui, par le bienheureux Félix, est devenue la seconde après Rome même, Rome la première autrefois par son empire et ses armes victorieuses, la première encore aujourd’hui par les tombeaux des Apôtres ! » (Paulini, De S. Felice natalitium carmen II.)
Nous venons de citer Paulin, l’illustre consulaire dont le nom est à jamais inséparable de celui de Félix, Paulin que nous retrouverons, au Temps après la Pentecôte, donnant lui aussi au monde, sous le souffle du divin Esprit, d’admirables exemples de renoncement. Dans la fleur de sa brillante jeunesse, prévenu déjà par les honneurs et la gloire, Paulin, un jour, s’est rencontré près du tombeau de Félix ; il a compris à ce tombeau la vraie grandeur et pénétré le néant des gloires humaines : le sénateur romain, le consul, le descendant des Paul-Émile et des Scipion, se voue à son vainqueur ; il sacrifiera tout, richesses, honneurs, patrie, à l’ambition d’habiter près de cette tombe ; doué d’un talent poétique admiré dans Rome, il n’aura plus d’inspiration que pour chanter chaque année, au jour de sa fête, la gloire du bienheureux Félix, et se proclamer l’esclave, l’humble portier du serviteur du Christ. Tel est en ses saints le triomphe de l’Emmanuel ; telle est la gloire des membres, en ces jours où le divin chef ne semble se manifester lui-même que pour les montrer, selon sa promesse, assis dans un même trône et recevant comme lui les hommages des peuples et des rois.
Ce jour, dirons-nous avec le noble chantre de vos grandeurs, ô Félix, est le vingtième après celui où l’Emmanuel naissant dans la chair, soleil nouveau vainqueur des frimas, ramena la lumière et fit décroître les nuits. Sa splendeur est la vôtre. Faites qu’échauffés par ses rayons fécondants, nous croissions comme vous en lui. Redevenus enfants à la crèche, la semence du Verbe est en nous ; qu’elle fructifie dans l’innocence d’un cœur nouveau. Par vous, le joug du Christ est léger aux faibles ; par vous l’Enfant-Dieu s’adoucit, et rend ses caresses aux âmes pénitentes. Ce jour donc aussi doit nous être cher qui vous vit naître au ciel ; car par vous, nous mourons au monde et naissons à l’Emmanuel.
Dans l’antiquité, la dévotion des fidèles envers ce martyr de Nole était si grande que, au dire de saint Paulin, à l’approche de son natale, le long de la voie Appienne c’était tout un va-et-vient de pèlerins qui, de Rome, se rendaient à Nole. Son culte ne demeura pas limité à l’Italie, car des lointaines plages africaines, saint Augustin envoyait ses clercs se disculper en prêtant serment sur le tombeau de saint Félix. Le pape Damase composa en l’honneur de ce saint une magnifique épigraphe votive ; Rome lui éleva de très bonne heure sur le mont Pincio une basilique, l’antique oratoire domestique de la domus Pinciana des Anicii.
Bien que l’éponyme de la fête de ce jour ne soit pas mort dans les tourments, la messe de saint Félix, à l’exception des collectes, est celle du Commun des martyrs, comme pour la fête de saint Saturnin. Cependant, dans l’antiquité, les lectures étaient propres, et le Lectionnaire romain de Würzbourg, du milieu du VIIe siècle, prescrit pour ce jour la lecture de l’évangile selon saint Luc (X, 16-20) : « Celui qui vous écoute, etc. ... que vos noms soient écrits dans le ciel. » [1].
Maintenant, la fête de saint Félix, tombant le même jour que celle de saint Hilaire, est réduite pour l’Église universelle à une simple commémoraison ; mais à Rome, lors d’une nouvelle réforme du calendrier diocésain, il semblerait vraiment opportun de restituer à l’antique honneur les fêtes traditionnelles des martyrs romains, en attribuant à ceux-ci, selon la tradition liturgique, la préséance sur les autres saints du cycle sanctoral.
Ainsi seraient remis en honneur les églises stationnales et les sanctuaires élevés par les premiers pontifes à la mémoire des plus célèbres champions de la Foi ; toute une histoire très glorieuse de piété liturgique, éminemment romaine, serait remise en lumière, et les reflets de cette vive lumière ajouteraient une nouvelle splendeur à la Chaire apostolique.
La prière a un caractère général, mais elle exprime très élégamment le fruit que nous devons retirer des fêtes des saints : « Accordez-nous, ô Dieu tout-puissant, que les exemples de vos saints nous provoquent à une vie meilleure, afin que, célébrant leur solennité, nous imitions aussi leurs œuvre. Par notre Seigneur, etc. »
La secrète est la suivante : « Accueillez favorablement, Seigneur, les hosties qui vous sont offertes en l’honneur des mérites de votre bienheureux martyr Félix, et faites qu’il en résulte pour nous un secours pour l’éternité. » Quelques sacramentaires donnent encore cette autre collecte : « Vous offrant, Seigneur, ce sacrifice en la fête de votre martyr Félix nous vous supplions de nous accorder à nous une immense miséricorde, comme vous lui concédâtes une immense foi (fidei largitatem). »
Autrefois il y avait aussi une préface propre pour cette fête. ...Et confessionem sancti Felicis memorabilem non tacere, qui nec haereticis pravitatibus, nec saeculi blandimentis a sui status rectitudine potuit immutari, sed inter utraque discrimina, veritatis assertor, firmitatem tuae fidei non reliquat.
Après la communion on récite la collecte suivante : « Enivrés par le Mystère du salut, nous vous supplions, Seigneur, de permettre que nous soyons aidés par les prières de votre bienheureux martyr Félix dont aujourd’hui nous célébrons la fête. Par notre Seigneur, etc. »
Ce furent les magnifiques miracles qui s’accomplissaient continuellement sur la tombe de saint Félix, qui déterminèrent le grand saint Paulin de Noie à se consacrer entièrement à Dieu et au service du sanctuaire du martyr. Par les soins du saint Évêque, s’élevèrent rapidement autour du sépulcre de Félix un baptistère, deux splendides basiliques, un monastère et de vastes habitations pour les pèlerins qui y venaient en foule de toute l’Italie.
Saint Paulin avait coutume de composer chaque année un poème à l’occasion du dies natalis de son patron, et un grand nombre en a été conservé, ce qui contribua sans doute beaucoup à répandre le culte de Félix.
Le pape Damase, lui aussi, en un poème émouvant, professe sa reconnaissance envers le martyr Félix qui lui avait obtenu de triompher de ses calomniateurs :
CORPORE - MENTE • ANIMO • PARITERQVE • ET • NOMINE • FELIX
SANCTORVM • IN • NVMERO • CHRISTI • SOCIATE • TRIVMPHIS
QVI • AD • TE • SOLLICITE • VENIENTIBVS • OMNI • PRAESTAS
NEC • QVEMQVAM • PATERIS • TRISTEM • REPEDARE • VIANTEM
TE • DVCE • SERVATVS . MORTIS • QVOO • VINCVLA • RVPI
HOSTIBVS • EXTINCTIS • FVERANT • QVI • FALSA • LOCVTI
VERSIBVS • HIS • DAMASVS • SVPPLEX • TIBI • VOTA • REPENDO
O toi Félix (heureux) de corps, d’âme, de cœur et de nom. Que le Christ associa au triomphe de ses saints ; Toi qui accordes tout à celui qui vient solliciter ton intercession, Ne permets pas que le pèlerin reprenne tristement sa route ; Puisque sous ta protection j’ai échappé à la mort, Et qu’au contraire ne sont plus ceux qui m’avaient calomnié, Moi, Damase, suppliant, par mes vers j’ai voulu te rendre grâces.
La basilique de Saint-Félix in Pincis se trouvait peu éloignée de l’église actuelle de la Trinité-des-Monts. L’auteur anonyme du catalogue turinois des églises de Rome au XIVe siècle, la compte parmi les églises abandonnées : Ecclesia sancti Felicis non habet servitorem ; toutefois ses ruines sont encore indiquées dans le plan de Rome fait par Bufalini.
Saint Félix. — Jour de mort : 14 janvier 260. Tombeau : à Nole (Campanie) ; au-dessus de ce tombeau s’élève une église célèbre. Image : On le représente enchaîné et en prison ou bien dans une caverne avec une toile d’araignée. Sa vie : Le prêtre Félix de Nole, après avoir été torturé sur le chevalet, fut jeté en prison. Là, chargé de chaînes, il dut se coucher sur des coquillages et des tessons. Mais, dans la nuit, apparut un ange qui fit tomber ses chaînes et l’emmena hors de la prison. Plus tard, lorsque la persécution -fut finie, il parvint, par ses prédications et ses saints exemples, à convertir beaucoup de gens à la foi chrétienne. Mais ensuite, comme il montrait de nouveau son zèle contre le culte impie, il se produisit contre lui un soulèvement. Il s’enfuit et se réfugia dans une cachette située entre deux murs. Soudain l’entrée de la cachette fut recouverte d’une épaisse toile d’araignée, si bien que personne ne put soupçonner qu’il se trouvait là Après avoir quitté cette cachette, Félix se réfugia, pendant trois mois, chez une femme pieuse. Il mourut en paix (260). Saint Paulin de Nole (v. 22 juin) a composé en l’honneur de ce saint, pour lequel il avait de la prédilection, quatorze hymnes (carmina natalicia). Au temps, de saint Paulin (4e siècle), son tombeau était visité par des foules de pèlerins qui venaient des contrées les plus éloignées, et des guérisons miraculeuses le rendirent glorieux.
Pratique : Soyons persuadés que, lorsque nous travaillons et combattons pour Dieu, nous pouvons être assurés de sa protection. Dieu nous protège de nos ennemis, quand bien même il lui faudrait tendre une toile d’araignée.
[1] MENSE IANUARI XIIII DIE NAT. SCI. FELICIS IN PINCIS lec. sci. euan. sec. Lucam k. CXVI In illo tempore dixit Ihs discipulis suis qui vos audit usq. nomina uestra scripta sunt in cælis.
Les réformes du Missel Romain ont fait disparaître la plupart de ces leçons spéciales assignées anciennement aux fêtes de cette espèce. On s’est contenté de retenir les trois oraisons du sacramentaire en renvoyant pour tout le reste à quelqu’une des messes du commun des saints : pour s. Félix, par exemple, à la messe Lætabitur. Il en est résulté un réel appauvrissement et une déperdition regrettable de la tradition concernant les péricopes. (Dom Morin, Liturgie et basiliques de Rome au milieu du VIIe siècle d’après les listes d’Évangiles de Würzburg, Revue bénédictine, XXVIII, 1911, p. 238, note 3).