Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Le jour Octave de l’Assomption (avec station à St Laurent, instituée par saint Léon IV), aujourd’hui fête du Cœur Immaculé de la Bse Vierge Marie, l’Église commémore aussi 3 martyrs dont St Symphorien, martyr d’Autun célébré par Venance Fortunat. Groupe de martyrs de différentes époques. Culte attesté en 336 pour St Timothée, fête au XIIe siècle pour St Hippolyte, au XIe pour St Symphorien d’Autun.
« La Depositio Martyrum de 354 annonce le martyr Timothée sur la via Ostiense. Son corps reposait dans un petit cimetière proche de Saint-Paul. Aussi le martyrologe hiéronymien, induit en erreur par l’homonymie, qualifie-t-il Timothée de « disciple de saint Paul ». La fête de saint Timothée se trouve, au VIIe siècle, tant dans l’évangéliaire que dans le sacramentaire grégorien on la trouve même au Calendrier de Carthage du VIe siècle. Elle est attestée d’une manière permanente entre le IXe et le XIIe siècle. Son absence étonne au calendrier de Saint-Pierre.
Saint Symphorien est un martyr d’Autun, en Gaule, dont les Actes remontent au Ve siècle. A cette époque on célébrait déjà sa fête à Tours dans la basilique Saint-Martin et, au siècle suivant Grégoire de Tours atteste la diffusion de son culte. Dans la seconde moitié du IXe siècle, favorisé sans doute par le caractère de sa Passion, où l’on voit la mère du martyr l’exhorter à être fidèle au Christ, car par la mort vita non tollitur, sed mutatur [1], le culte de Symphorien commença à connaître une large diffusion, qu’attestent aussi bien les calendriers anglais et alémaniques que les sacramentaires francs. A Rome, on trouve sa fête dès le Xe siècle , mais elle ne s’y perpétue, au XIe et au XIIe siècle, qu’en quelques églises, jusqu’à ce qu’on la trouve dans les calendriers du Latran et du Vatican » [2].
Missa Salus autem, de Communi plurimorum Martyrum III loco, cum orationibus ut infra : | Messe Salus autem, du Commun de plusieurs Martyrs III, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio. | Collecte |
Auxílium tuum nobis, Dómine, quǽsumus, placátus impende : et, intercedéntibus beátis Martýribus tuis Timótheo, Hippolýto et Symphoriáno, déxteram super nos tuæ propitiatiónis exténde. Per Dóminum. | Dans votre bonté, Seigneur, accordez-nous votre secours, et grâce à l’intercession de vos bienheureux Martyrs Timothée, Hippolyte et Symphorien, étendez sur nous votre bras protecteur. |
Secreta | Secrète |
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum. | Agréez, Seigneur, l’offrande que vous fait le peuple fidèle pour honorer vos saints, sachant qu’il doit à leurs mérites le secours qu’il a reçu dans les épreuves. |
Postcommunio | Postcommunion |
Divíni muneris largitate satiáti, quǽsumus, Dómine, Deus noster : ut, intercedéntibus sanctis Martýribus tuis Timótheo, Hippolýto et Symphoriáno, in eius semper participatióne vivámus. Per Dóminum. | Rassasiés de l’abondance du don divin, nous vous demandons, Seigneur notre Dieu, par l’intercession de vos saints Martyrs Timothée, Hippolyte et Symphorien, de toujours trouver la vie en le recevant. |
Leçon des Matines avant 1960.
Aux Matines de l’Octave de l’Assomption avant 1944, puis de la fête du Cœur immaculé avant 1960, on commémorait les martyrs par la neuvième leçon
Neuvième leçon. Timothée, d’Antioche, vint à Rome sous le pontificat de Melchiade. Il y prêchait depuis un an la foi chrétienne, lorsque Tarquinius, préfet de Rome, le fit jeter dans les fers. Après de longues souffrances dans sa prison, on le mène devant les idoles pour : le contraindre à sacrifier. Mais Timothée repoussant de la manière la plus hardie cette impiété, on le frappe cruellement, et sur sa chair déchirée, on répand de la chaux vive. Le Martyr étant resté toujours ferme dans ces supplices et autres tourments, on finit par le décapiter. Son corps fut enseveli sur la voie d’Ostie, près du tombeau du bienheureux Apôtre Paul. Le même jour, à Ostie, Hippolyte, Évêque de Porto, pour avoir glorieusement confessé la foi, fut jeté, les pieds et les mains liés, dans une profonde fosse remplie d’eau, et reçut ainsi la couronne du martyre. Les Chrétiens l’ensevelirent en ce lieu. Le même jour aussi, sous le règne d’Aurélien, Symphorien, encore adolescent, fut torturé de diverses manières, à Autun. En allant au dernier supplice, il entendait sa mère lui crier : « Mon fils, mon fils, souviens-toi de la vie éternelle ; regarde le ciel et vois celui qui y règne ; la vie ne t’est pas enlevée, elle est changée en une meilleure [3]. » Le jeune Martyr tendit courageusement son cou au bourreau pour la cause du Christ.
Honorons le groupe de Martyrs formant, dans ces jours du triomphe de Marie, comme l’arrière-garde de la Reine des cieux. Timothée venu d’Antioche à Rome, Hippolyte évêque de Porto, Symphorien gloire d’Autun sa patrie, souffrirent pour Dieu à des époques diverses, en des lieux différents ; mais un même jour de l’année les vit cueillir la palme, un même ciel est maintenant leur séjour. « Mon fils, mon fils, disait à notre Symphorien sa vaillante mère, souviens-toi de la vie éternelle ; regarde en haut, et vois Celui qui règne au ciel : on ne t’arrache pas la vie, on la transforme en une meilleure ! » Admirons ces héros de notre foi ; par des sentiers moins pénibles, sachons marcher comme eux à la suite du Seigneur et rejoindre Marie.
Saint Timothée, prêtre et martyr.
Station sur la voie d’Ostie « in hortis Theonae ».
Aujourd’hui les Natalitia Martyrum du Calendrier Philocalien enregistrent : XI Kal. Septembres. Timothei, Ostense.
Il s’agit d’un Saint originaire d’Antioche, martyrisé durant la dernière persécution et enseveli dans les jardins de Théonas, en un cimetière spécial qui dominait le lieu de sépulture de l’apôtre Paul, tombée peut-être, à cette époque, sous le coup de la confiscation. La raison de ce rapprochement est très délicat : ut Paulo Apostolo, ut Timotheus quondam, adhaereret.
Le cimetière de Timothée est tout petit ; il se compose d’un escalier long et roide, sur un côté duquel s’ouvre une crypte avec la tombe du martyr. Ce lieu est dépouillé de toute épigraphe ou peinture. En revanche, De Rossi y a lu de nombreux graffites et inscriptions de fidèles, surtout orientaux d’Antioche.
Le corps de saint Timothée fut transporté plus tard dans la basilique de la voie d’Ostie, où il repose sous l’autel, dans l’hypogée ad corpus lui-même de l’Apôtre des gentils. C’est ainsi que, maintenant encore, ce nouveau Timothée est uni à Paul.
Généralement, les anciens Sacramentaires ne connaissent, pour le 22 août, que la station sur la voie d’Ostie, sur le sépulcre de saint Timothée. Les collectes sont les suivantes :
Prière. — « Accordez-nous avec bonté, Seigneur, votre secours ; et, par les prières de votre bienheureux martyr Timothée, étendez votre bras en notre faveur ».
Dans la mosaïque du titulus de Pudens, ce geste de protection est noblement exprimé. Le Christ est assis, majestueux, sur un trône, et étend son bras droit en signe de protection sur la domus pudentiana, tandis que, de la main gauche, il soutient le livre où on lit :
DOMINVS • CONSERVATOR • ECCLESIAE • PVDENTIANAE
Selon la liste de Würzbourg, la lecture évangélique de ce jour était tirée de saint Luc, ch. XIV, 26-35, comme le 14 juin.
Sur les oblations. — « Ayez pour agréables, Seigneur, les dons que vous offre en la fête de vos saints le peuple qui vous est consacré, reconnaissant de l’aide qu’ils lui ont accordée dans ses tribulations ». Il faut noter le caractère sacré du peuple chrétien, nation sainte, sacerdoce royal, caractère qui était souvent exprimé jadis dans les formules liturgiques. Aujourd’hui, dans la Secrète, les fidèles sont appelés : Sacrata plebs, comme dans les oraisons solennelles du Vendredi Saint il est dit : populus sanctus Dei. C’était le titre qu’à Rome, les papes donnaient aux fidèles dans leurs inscriptions dédicatoires, conçues généralement en ces termes :
HILARVS • EPISCOPVS • (ouN. N.) • SANCTAE • PLEBI • DEI
Après la Communion. — « Rassasiés de votre don surabondant, nous vous supplions, Seigneur, par les prières de votre bienheureux martyr Timothée, de nous accorder d’y participer encore pendant toute l’éternité ».
Le Sacrement cesse sur le seuil de l’éternité, comme cessa la manne à l’entrée des Hébreux dans la Terre promise. Le Sacrement cesse, mais non la Communion, parce que ce qu’elle contenait et promettait lui succède. L’enveloppe du sacrum signum disparaît, et la perle évangélique resplendit dans son éclatante blancheur, perle achetée par l’âme qui a donné omnia sua pour posséder le Christ.
Saint Hippolyte « Qui et Nonnus ».
Station « in portu urbis Romae » dans l’Ile sacrée.
Outre saint Timothée, le Martyrologe Hiéronymien recense aujourd’hui : In portu urbis Romae, Ypoliti, qui dicitur Nonnus. Cet Hippolyte, absolument différent du célèbre docteur adversaire du pape Callixte, est un martyr local, dont l’histoire demeure encore très obscure. Le Philocalien, à la mémoire de Nonnus, unit aussi celle des martyrs Taurin et Herculanus, mais il en renvoie la fête au 5 septembre.
La basilique d’Hippolyte s’élevait dans l’Ile sacrée ou île de Porto. Cette basilique fut détruite en 455, mais l’évêque Pierre la reconstruisit et il en consacra le souvenir dans cette épigraphe :
† VANDALICA • RABIES • HANC • VSSIT • MARTYRIS • AVLAM
QVAM • PETRVS • ANTISTES • CVLTV • MELIORE • NOVAVIT
Les martyrs de Porto, Taurin et Herculanus, sont mentionnés aussi dans cette autre inscription du musée de l’abbaye de Saint-Paul :
DEO • PATRI - OMNIPOTEN
TI • ET • XPO • EIVS • ET • SANCTIS
MARTYRIBVS • TAVRINO
ET • HERCVLANO • OMNI
ORA • GRATIAS • (agi)MVS
NEVIVS • LARI(stus • e)T
CONSTANT(ia V
RIA SIBI FEC(erunt)
Quand, au IXe siècle, Porto fut désolée par les Sarrasins, le pape Formose, qui en était alors évêque, mit en sûreté ces saintes reliques et les déposa dans une autre île du Tibre, l’insula Lycaonia, dans l’église appelée plus tard sancti Iohannis de Insula. L’inscription suivante en fait foi :
HIC • REQVIESCVNT • CORPORA • SCÔR
MARTYRVM • YPPOLITI • TAVRINI • ET • HERCVLANI
ATQVE • IOHANNIS • CALIBITIS • FORMOSVS
EPS • CONDIDIT
Saint Symphorien, martyr.
Cet insigne martyr d’Autun, célébré par Venance Fortunat, est nommé dans le manuscrit du Martyrologe Hiéronymien conservé à Berne, et il est honoré d’une vigile. Ses actes semblent de bon aloi, et font une excellente impression.
La basilique sépulcrale du martyr fut érigée vers la fin du Ve siècle par le prêtre Euphronius, qui devint ensuite évêque de la même ville. Sa dédicace est mentionnée dans les manuscrits du Martyrologe de Berne et de Wissembourg au 31 juillet : Agustiduno dedicatio ecclesiae Maioris (et sancti Nazarii) et translatio multorum sanctorum Martyrum (in ipsa Ecclesia).
Nous savons, par Grégoire de Tours, qu’au vie siècle la fête de saint Symphorien, le 22 août, était célébrée dans la basilique sépulcrale de Saint-Martin.
La fête du martyr d’Autun est entrée dans le calendrier romain, grâce à l’influence des Sacramentaires francs.
Aux martyrs Timothée, Hippolyte et Symphorien, qui, à l’origine, avaient l’honneur de trois messes distinctes, le Missel actuel assigne, au contraire, une unique et commune messe : Salus autem. Les collectes sont les mêmes que celles de la messe de saint Timothée, en y insérant, bien entendu, les noms des deux autres saints.
Nous aimons à faire remarquer ici de belles paroles que nous lisons dans les actes de saint Symphorien. Quand il fut conduit au martyre, on raconte que sa pieuse mère lui cria : « Mon fils, regarde le ciel et contemple Celui qui y règne en souverain. On ne t’arrache pas la vie, on te la change pour une meilleure ».
Saint Timothée et ses Compagnons. — Jour de mort : 22 août. Tombeau : celui de saint Timothée, à Rome, près de celui de saint Paul ; celui de saint Hippolyte, à Ostie ; celui de saint Symphorien, à Autun. Vie : Saint Timothée vint d’Antioche à Rome où il prêcha l’Évangile, sous le pape Melchiade (311-34). « Tarquin, préfet de la ville, le fit arrêter, et, après une longue détention, le fit flageller jusqu’à trois fois parce qu’il refusait de sacrifier aux idoles. Après avoir souffert les plus cruels supplices, il eut enfin la tête tranchée ». — A Porto, près de Rome, saint Hippolyte, évêque et homme de grande culture. Sous l’empereur Alexandre, ce champion de la foi fut jeté, les pieds et les mains liés, dans une fosse remplie d’eau et reçut aussi la couronne du martyre. Les chrétiens ensevelirent ses restes à proximité de cet endroit ». — Le même jour, on exécuta à Autun, sous l’empereur Aurélien (270-275), saint Symphorien, encore adolescent. Tandis qu’il se rendait au supplice, sa mère l’exhortait à persévérer : « Mon fils, mon fils, lui disait-elle, souviens-toi de la vie éternelle ; regarde le ciel et vois le Roi éternel qui y règne ! La vie ne t’est pas enlevée, elle est changée en une meilleure ».
[1] Cette phrase devait passer dans la liturgie. On la trouve d’abord dans le Missale Gothicum pour la fête de saint Symphorien : Martyribus vita non tollitur, sed mutatur (n° 418). Le Liber ordinum hispanique dit : misericordiae tuae munere fîdelibus vita mutatur, non tollitur. Le sacramentaire gélasien y fait allusion, puis on retrouve le texte dans une préface des défunts du Supplément d’Aniane. C’est là que devait le trouver le compositeur du missel parisien de 1738, d’où provient la Préface des défunts insérée en 1919 dans le missel romain.
[2] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.
[3] ‘vita non erípitur, sed mutátur in mélius’ : on retourve ici une source de la préface des défunts où l’on dit : ‘Tuis enim fidélibus, Dómine, vita mutátur non tollítur’, ‘Pour ceux qui vous sont fidèles, Seigneur, la vie en effet ne leur est pas enlevée, mais changée’.