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13/08 Sts Hippolyte et Cassien, martyrs

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique  

St Hippolyte aurait été martyrisé avec St Pontien, qu’on fête le 19 novembre en 236. Culte attesté en 336. Cassien, martyr vers 330-304, fête au XIe siècle.

Fête simple dans le bréviaire de 1550, réduite au rang de mémoire dans l’Octave de St Laurent par St Pie V en 1568. Rétabli comme fête simple lors de la réforme de St Pie X, réduit à une commémoraison sous Jean XXIII.

« La Depositio Martyrum de 354 annonce Ypoliti in Tiburtina et Pontiani in Calisti et le Hiéronymien fait de même. Le pape Pontien et le prêtre Hippolyte avaient été déportés en Sardaigne lors de la persécution de Maximin (235) et ils y moururent en confesseurs de la foi. Plus tard on ramena leurs corps à Rome, celui de Pontien dans la crypte des Papes au cimetière de Callixte, et celui d’Hippolyte sur la via Tiburtina, non loin du Campo Verano où fut inhumé saint Laurent. Le 13 août est la date de cette translation.

La proximité des tombes d’Hippolyte et de Laurent fit entrer Hippolyte dans la Geste de Laurent en compagnie de plusieurs autres martyrs de la via Tiburtina, comme Justin (4 août), Romain (9 août) et Concordia, martyre inscrite au Hiéronymien le 22 février. La légende a fait d’Hippolyte, comme de Romain, un soldat chargé de garder Laurent et converti par lui. Quant à Concordia, elle devint la nourrice d’Hippolyte. Au VIe siècle, le sacramentaire Veronense annonce le natale d’Hippolyte et de Pontien, mais la préface ne traite que d’Hippolyte. On notera d’ailleurs que tous les documents nomment le prêtre martyr avant le pape. Le prestige d’Hippolyte devait s’affirmer définitivement au VIIe siècle. Les sacramentaires grégorien et gélasien, ainsi que l’évangéliaire, omettent le nom de Pontien et ne connaissent plus que le natale sancti Ypoliti. On devait dès lors célébrer celui-ci d’une manière constante dans l’Église romaine. La mention de Concordia et des compagnons d’Hippolyte dans certains témoins de la liturgie du Latran et du Vatican manifeste le renouveau d’intérêt qu’on accorda dans la seconde moitié du XIIe siècle aux récits légendaires relatifs à saint Laurent.

En ajoutant le nom de Cassien à celui d’Hippolyte, le passionnaire, le missel, le calendrier et l’Ordo du Latran ne nous éloignent pas de Saint-Laurent. En effet, le monastère desservant la basilique portait le nom de saint Cassien. Cette dénomination est attestée au début du VIIIe siècle, le monastère lui-même remontant au pape Hilaire. Le Liber Pontificalis relève de son côté que le pape Symmaque (498-514) fecit confessionem sancti Cassiani dans la rotonde de saint André près de Saint-Pierre. Saint Cassien est un martyr d’Imola, dont le martyrologe hiéronymien annonce la passion en ce jour. Au Ve siècle, Prudence le célèbre dans son Peristephanon. Le culte du martyr se répandit largement en Italie, mais il n’apparait dans les calendriers romains qu’au XIe siècle, où le nom de saint Cassien est joint à celui de saint Hippolyte. Il est encore peu attesté au siècle suivant, mais par l’entremise du missel du Latran il allait entrer d’une manière durable dans le sanctoral romain » [1].

Textes de la Messe

die 13 augusti
le 13 août
Ss. HIPPOLYTI ET CASSIANI
Sts. HIPPOLYTE ET CASSIEN
Martyrum
Martyrs
Commemoratio (ante CR 1960 : simplex)
Commémoraison (avant 1960 : simplex)
Missa Salus autem, de Communi plurimorum Martyrum III loco, cum orationibus ut infra :Messe Salus autem, du Commun de plusieurs Martyrs III, avec les oraisons ci-dessous :
Oratio.Collecte
Da, quǽsumus, omnípotens Deus : ut beatórum Mártyrum tuórum Hippolýti et Cassiáni veneránda sollémnitas, et devotiónem nobis áugeat et salútem. Per Dóminum nostrum. Faites, s’il vous plaît, ô Dieu tout puissant, que la solennité vénérable de vos bienheureux Martyrs Hippolyte et Cassien, nous apporte un accroissement de dévotion et de salut.
SecretaSecrète
Réspice, Dómine, múnera pópuli tui, Sanctórum festivitáte votíva : et tuæ testificátio veritátis nobis profíciat ad salútem. Per Dóminum.Regardez, Seigneur, les oblations que vous offre votre peuple en la fête des Saints, et faites que la confession de la vérité serve à nous obtenir à nous aussi le salut éternel.
PostcommunioPostcommunion
Sacramentórum tuórum, Dómine, commúnio sumpta nos salvet : et in tuæ veritátis luce confírmet. Per Dóminum.Que la participation à vos sacrements, Seigneur, nous sauve et nous confirme dans la lumière de votre vérité.

Office

Leçon des Matines avant 1960.

Troisième leçon. Hippolyte, baptisé par saint Laurent, fut arrêté à son domicile au moment où il prenait en communion la sainte Eucharistie. Amené devant l’Empereur Valérien, et interrogé par lui sur la religion qu’il professait, Hippolyte se déclara hardiment chrétien, et fut pour cette raison flagellé. Les coups n’ayant servi qu’à mieux montrer la constance de sa foi, on le tenta par des présents et des promesses d’honneurs. Mais toutes ces offres lui étant faites en vain, on le livra au préfet de la ville pour être mis à mort. Celui-ci allant chez Hippolyte pour confisquer ses biens, constata que tous les gens de sa maison étaient chrétiens. Après avoir essayé inutilement de les amener à l’apostasie, il fit frapper avec des lanières plombées Concordia, nourrice d’Hippolyte, qui encourageait les autres. Quant à ces derniers, sur l’ordre du préfet, ils furent tués en dehors de la porte Tiburtine. Hippolyte, traîné par des chevaux indomptés à travers des lieux couverts d’épines et de chardons, eut le corps tout déchiré et rendit son âme à Dieu. Le Prêtre Justin ensevelit les restes du Martyr avec ceux de ses serviteurs dans l’Agro Verano. Le même jour, à Imola, le Martyr Cassien subit un très cruel supplice ; on le livra, les mains liées derrière le dos, aux enfants qu’il instruisait, pour être percé et déchiré avec leurs stylets de fer. La faiblesse de ces bourreaux, en rendant le martyre plus long et plus douloureux, ne fit qu’ajouter à l’éclat du triomphe.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Non loin du tombeau de Laurent, au côté opposé de la voie Tiburtine, la tombe d’Hippolyte était elle-même un des sanctuaires les plus aimés de la piété des siècles du triomphe. Prudence décrit les magnificences de sa crypte, l’immense concours qu’y attirait chaque année sa fête au jour des ides d’août [2]. Quel fut le saint ? quels son rang et sa vie ? quels faits convient-il d’ajouter à son histoire, en plus de celui d’avoir donné son sang au Seigneur Christ ? toutes questions devenues, en nos temps plus modernes, l’objet de nombreux et doctes travaux. Il fut martyr, et cette noblesse suffit pour nous à sa gloire.

Honorons-le donc, avec l’autre athlète du Seigneur, Cassien d’Imola, que l’Église propose en même temps à nos hommages. Hippolyte fut traîné par des chevaux indomptés qui brisèrent son corps à travers les rochers et les ronces ; Cassien, qui tenait une école, fut livré par le juge aux enfants dont il était le maître, et il mourut sous les mille coups de leurs poinçons : le prince des poètes chrétiens a chanté, comme pour Hippolyte, ses combats et sa tombe [3].

Bhx cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Les martyrs Hippolyte et Pontien.
Station sur la voie Tiburtine et dans le cimetière de Callixte.

Aujourd’hui le Férial Philocalien annonce deux stations : Idus Aug. Ipoliti in Tiburtina, et Pontiani in Callisti. A cela correspond le Sacramentaire Léonien, qui, en effet, annonce le 13 août le natale sanctorum Hippolyti et Pontiani.

La légende en a pris à son aise avec Hippolyte, et elle en a fait successivement un disciple de Novat, un martyr d’Antioche, un évêque de Porto, finalement un soldat et le geôlier de saint Laurent.

Il s’agit, au contraire, du célèbre Hippolyte, disciple de saint Irénée, prêtre et docteur de l’Église de Rome, qui, à l’occasion de l’élection papale de Callixte, consomma le schisme et devint ainsi le premier antipape. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages théologiques, et sous le titre d’évêque de Rome il jouit, même en Orient, d’une indiscutable autorité. Heureusement d’ailleurs, cette division fut de courte durée, car Hippolyte, ayant été condamné pour la foi, en même temps que Pontien, deuxième successeur de Callixte, rentra dans l’unité de l’Église avant de laisser Rome pour le bagne de Sardaigne, et il mourut martyr catholique en 236.

Pontien avait succédé, en 230, au pape Urbain. En 235, l’empereur Maximin envoya en exil en Sardaigne, in insula nociva, l’un et l’autre chefs des deux communautés chrétiennes de Rome ; cependant comme l’exil comportait, dans le droit romain, la mort civile, Pontien, ne pouvant plus gouverner l’Église, donna sa démission : discinctus est, selon le catalogue Libérien. Si Hippolyte était encore à la tête de la faction schismatique de la Ville, il dut faire de même ; et ainsi, du commun accord de tout le clergé, l’unité fut rétablie par l’élection du pape Antère, tandis que les deux confesseurs de la foi voguaient vers l’insula nociva. Là, en peu de mois, la malignité de l’air et les souffrances de l’exil brisèrent leurs forces, si bien qu’en cette année même, Pontien mourut, et si Hippolyte ne le précéda pas dans la tombe, il l’y suivit à peu de distance. Antère y était descendu lui aussi après quarante jours seulement de pontificat, et Fabien avait déjà été élu à sa place.

Quand arriva à Rome la nouvelle de la mort de Pontien et d’Hippolyte, le nouveau pape se rendit lui-même avec un nombreux clergé en Sardaigne, pour recueillir leurs corps et les transporter à Rome.

Le jour de leur déposition dans le sépulcre est le 13 août, date indiquée par le Calendrier Philocalien. Pontien fut enseveli dans la crypte papale de Callixte ; Hippolyte au contraire qui, officiellement, continua à porter à Rome le simple titre de prêtre, eut un sépulcre somptueux dans un cimetière spécial sur la voie Tiburtine, près de celui de saint Laurent. Rien n’empêche de croire que l’initiative de l’honneur insolite avec lequel furent transportés de Sardaigne les deux corps, revînt surtout à l’ancien groupe des disciples d’Hippolyte.

Le graffite suivant semble se rapporter à la tombe de Pontien dans la crypte papale de Callixte :

ΕΝ ΘΕΩ ΜΕΤΑ ΠΑΝΤΩ(ν) ΤΩΝ ΕΠΙ(σκοπον) ΠΟΝΤΙΑΝΕ ΖΗCΗC
Toi, ô Pontien, vis en Dieu, avec tous les autres (Évêques).

On procéda, en revanche, tout différemment pour Hippolyte. Ses admirateurs eurent toute la liberté possible, et ils en profitèrent pour ériger à leur ancien maître jusqu’à une statue de marbre — l’art chrétien antique avait en horreur les statues — qui le représentait assis majestueusement dans une chaire, sur laquelle fut gravé le catalogue des œuvres du grand docteur.

Le sanctuaire d’Hippolyte, sur la voie Tiburtine, fut l’un des plus vénérés. Prudence qui, dans son Peristephanon chanta le martyre du célèbre docteur, nous le décrit en détails, et parle du Pape qui en célébrait annuellement la station (natalis) y faisant même un discours. Cet hypogée vénérable a été découvert par De Rossi. Bosio, qui y avait pénétré le premier au XVIIe siècle, y avait lu ce graffite :

REFRIGERI • TIBI • DOMINVS • IPOLITVS • SID

D’autres inscriptions avec le nom d’Hippolyte vinrent confirmer la découverte de De Rossi :

IPPOLYTE • IN • MENTE • (habeas) • PET(rum • p)EC(cat)OR(cm)
Hippolyte, souviens-toi de Pierre, pécheur.
DRACONTIVS • PELAGIVS • ET • IVLIA • ET • ELIA
ANTONINA • PARAVERVNT • SIBI • LOCV ^
AT • IPPOLITV • SVPER • ARCOSOLIV • PROPTER • VNA • FILIA

Le pape Damase avait orné la tombe d’Hippolyte d’une inscription métrique, que les marbriers romains du bas moyen âge employèrent pour le pavé, en style des Cosmas, de la basilique du Latran :

HIPPOLYTVS • FERTVR • PREMERENT • CVM • IVSSA • TYRAMNI
PRESBYTER • IN • SCHISMA • SEMPER • MANSISSE • NOVATI
TEMPORE • QVO • GLADIVS • SECVIT • FIA • VISCERA • MATRIS
DEVOTVS • CHRISTO • PETERET • CVM • REGNA • PIORVM
QUAESISSET • POPVLVS • VBINAM • PROCEDERE • POSSET
CATHOLICAM • DIXISSE • FIDEM • SEQVERENTVR • VT • OMNES
SIC • NOSTER • MERVIT • CONFESSVS • MARTYR • VT • ESSET
HAEC • AVDITA • REFERT • DAMASVS • PROBAT • OMNIA • CHRISTVS
On dit qu’au temps où sévissait la persécution du tyran,
et qu’un glaive transperçait le sein de la Mère Église,
le prêtre Hippolyte demeura attaché au schisme de Novat.
Mais quand il fut condamné à mort à cause de sa foi au Christ,
le peuple lui demanda de quel côté il devait se diriger.
Il répondit alors que tous devaient suivre la foi catholique.
Par cette confession, il mérita de devenir notre martyr.
Damase rapporte ce qu’il a entendu, mais le Christ seul connaît la vérité.

Cependant, les informateurs de Damase manquèrent d’exactitude relativement au fait du schisme de Novat, qui éclata une trentaine d’années après la mort d’Hippolyte.

Une autre épigraphe, avec l’acrostiche du prêtre Léon, rappelle les embellissements faits par Damase à la tombe de saint Hippolyte :

LAETA • DEO • PLEBS • SANCTA • CANAT • QVOD • MOENIA • CRESCVNT
ET • RENOVATA • DOMVS • MARTYRIS • YPPOLITI
ORNAMENTA • OPERIS • SVRGVNT • AVCTORE • DAMASO
NATVS • QVI • ANTISTES • SEDIS • APOSTOLICAE
INCLYTA • PACIFICIS • FACTA • EST • HAEC • AVLA • TRIVMPHIS • HORNAT
SERVATVRA • DECVS • PERPETVAMQVE • FIDEM
HAEC • OMNIA • NOVA • QVAEQVE • VIDES • LEO • PRESBYTER
Que le peuple voué à Dieu entonne une hymne d’action de grâces, parce que les murs s’agrandissent
et que se restaure la basilique du martyr Hippolyte.
De cet embellissement, l’auteur est Damase
qui semble être désigné par sa naissance pour le siège apostolique.
Cette salle qui a été rendue illustre par ses pacifiques triomphes
conservera à travers les siècles sa splendeur et sera un monument perpétuel de foi.

Le souhait du prêtre Léon reçut toutefois un démenti dans l’invasion des Goths, qui ruinèrent l’hypogée. Le pape Vigile eut donc à le restaurer, et il y plaça cette inscription commémorative :

DEVASTATA • ITERVM • SVMMOTA • PLEBE • PRECANTVM
PRISCVM • PERDIDERANT • ANTRA • SACRATA • DECVS
NEC • TVA • IAM • MARTYR • POTERANT • VENERANDE • SEPVLCHRA
HVIC • MVNDO • LVCEM • MITTERE • QVA • FRVERIS
LVX • TAMEN • ISTA • TVA • EST • QVAE • NESCIT • FVNERA • SED • QVO
PERPETVO • CRESCAT • NEC • MINVATVR • HABET
NAM • NIGRA • NOX • TRINVM • STVPVIT • PER • SPECVLA • LVMEN
ADMITTVNTQVE • NOVVM • CONCAVA • SAXA • DIEM
FRVSTRA • BARBARICIS • FREMVERVNT • AVSIBVS • HOSTES
FAEDARVNTQVE • SACRVM • TELA • CRVENTA • LOCVM
INCLYTA • SED • MELIVS • SPLENDESCIT • MARTYRIS • AVLA
AVCTOREMQVE • GRAVANT • IMPIA • FACTA • SVVM
PRAESVLE • VIGILIO • SVMPSERVNT • ANTRA • DECOREM
PRESBYTERI • ANDREAE • CVRA • PEREGIT • OPVS
Cet hypogée vénérable, plusieurs fois dévasté,
à tel point que les foules des fidèles ne pouvaient plus y venir prier,
avait perdu aussi son antique splendeur.
Ton sépulcre, ô vénérable martyr, ne pouvait plus refléter
sur le monde cette lumière dont tu jouis,
lumière, celle-là, qui ne connaît pas de déclin,
car au lieu de diminuer, elle a toujours sujet de devenir plus intense.
Les épaisses ténèbres qui enveloppaient l’hypogée furent enfin mises en fuite
par la lumière qui maintenant nous arrive par trois fenêtres,
si bien que la crypte creusée dans le tuf connaît à nouveau le jour.
En vain les ennemis déchargèrent leur colère barbare et violèrent de traits sanglants le lieu sacré.
La salle du noble martyr se relève plus belle,
tandis que le crime couvre de honte celui-là seul qui l’a consommé.
Durant le pontificat de Vigile, cette grotte fut décorée,
et l’œuvre est due tout entière à la diligence du prêtre André.

Le culte d’Hippolyte fut si répandu à Rome qu’on alla jusqu’à lui consacrer un sanctuaire dans la maison où, près du Titre du Pasteur, sur le vicus Patricius, il avait jadis exercé l’office de docteur. Cette inscription le rappelle ; elle fut trouvée en 1850 près de Sainte-Praxède :

OMNIA • QVAE • VIDENTVR
A • MEMORIA • SANCTI • MAR
TYRIS • YPPOLITI • VSQVE • HVC
SVRGERE • TECTA • ILICIVS
PRESB • SVMPTV • PROPIO • FECIT

Malgré la popularité du culte dont Hippolyte était l’objet à Rome, au temps des grandes translations des corps saints hors des catacombes, ses restes furent transférés dans l’illustre monastère de Saint-Sauveur, sur le mont Letenano, sur le territoire de Rieti. Plusieurs anciens Martyrologes mentionnent cette translation le 9 mai : Beati Ippoliti martyris, quando sacratissimum corpus eius translatum est in comitatu Reatino, in Monasterio Domini Salvatoris [4].

Le transfert des reliques de saint Hippolyte en Sabine amena les moines de Farfa à se faire eux aussi les zélés propagateurs de son culte ; aussi, dans la seule Chronique de Farfa trouvons-nous énumérées, sous le nom de martyr, les possessions suivantes : Curtis S. Ippoliti, ecclesia sancti Hyppoliti, ecclesia sancti Yppoliti in Aviliano, ecclesia sancti Yppoliti in Retiano, ecclesia sancti Yppoliti in comitatu Tudertino, monasterium sancti Yppoliti in Firmana Civitate, monasterium sancti Hippoliti in silva etc.

L’étendue et la variété de la production littéraire d’Hippolyte impressionnèrent vivement toute l’antiquité chrétienne, à ce point que le lointain Orient attribua au Docteur romain — qui, probablement, était de bonne foi — une autorité si indiscutable que nous trouvons des fragments de ses œuvres dans d’anciennes versions latines, syriaques, coptes, arabes, éthiopiques, arméniennes et slaves.

Nous éprouvons une impression pénible en pensant au schisme qui sépara un certain temps Hippolyte du pape Callixte ; mais nous appliquerons à son cas ce que disait saint Augustin au sujet du désaccord survenu entre saint Cyprien et le pape Étienne : Tout ce qu’il y avait dans l’arbre de trop fécond et de luxuriant dans les branches, le céleste Agriculteur l’a émondé avec la faux du martyre. Ou, comme dit de son côté saint Jérôme, à propos d’un autre grand docteur de l’antiquité, Origène, avec lequel Hippolyte a de nombreux points de ressemblance : Non imitemur eius vitia, cuius virtutes assequi non possumus [5].

Dans le Sacramentaire Léonien, le titre de la messe de ce jour est commun à saint Hippolyte et à saint Pontien ; cependant la préface ne concerne que le premier. Les Sacramentaires postérieurs, au contraire, ont oublié complètement le Pontife mort exilé in insula nociva, pour ne conserver que la mémoire du grand Docteur romain, à la fête de qui, plus tard seulement, fut associée aussi celle de saint Cassien d’Imola.

Saint Cassien, martyr.
Station sur la voie Tiburtine.

Les louanges de ce martyr furent chantées par Prudence, qui, dans le Peristephanon, décrivit les peintures qui ornaient sa basilique sépulcrale. On y voyait le Saint déchiré par ses jeunes élèves, auxquels il avait été livré pour que ceux-ci pussent décharger leur rancune contre leur trop austère précepteur. Ce fut près de cette basilique que saint Pierre Chrysologue voulut rendre son âme à Dieu.

Le culte de saint Cassien se répandit largement en Italie. Son image en mosaïque apparaît à Ravenne au Ve siècle, à la voûte de la chapelle de 1’’episcopium et dans la théorie des saints à Saint-Martin in caelo aureo. Vers la fin du même siècle, le pape Symmaque lui érigea un oratoire au Vatican, près de la rotonde de Saint-André ; une autre chapelle lui fut aussi dédiée dans l’Agro Verano, et le pape Léon IV restaura près de celle-ci un monastère d’hommes, chargé du service divin dans la basilique de Saint-Laurent.

La messe est Salus autem du Commun.

La première collecte, avec la simple adjonction des noms des martyrs Hippolyte et Cassien, est tirée de la messe des Confesseurs Pontifes : « Dieu tout-puissant, faites que la vénérable solennité de vos bienheureux martyrs Hippolyte et Cassien, nous obtenant une augmentation de piété, nous rapproche de plus en plus du salut éternel ». Dans le Sacramentaire Grégorien, la première collecte est la suivante : Sancti martyris tui Hippolyti, Domine, quaesumus, veneranda festivitas salutaris auxilii nobis praestet augmentum [6].

Conformément à la liste de Würzbourg, la lecture évangélique de ce jour : Attendite a fermenta Pharisaeorum est la même que celle du 26 juin.

Les deux collectes suivantes sont communes au Missel et au Sacramentaire Grégorien.

Sur les oblations. — « Regardez, Seigneur, les oblations que vous offre votre peuple en la fête des Saints, et faites que la confession de la vérité serve à nous obtenir à nous aussi le salut éternel ». Cette collecte se trouve dans le Sacramentaire Léonien pour ce même jour.

Il faut remarquer avec attention le sens originaire du martyre chrétien. Il ne s’agit pas directement des tortures d’une mort cruelle par la main d’autrui, mais de la confession sanglante de la vérité chrétienne, scellée par la mort, que le martyr affronte, courageux, pour le nom du Christ. En cette confession et en cette mort réside la valeur apologétique du martyre chrétien. Martyrem non poena, sed causa facit.

La tradition des Sacramentaires, du Léonien au Grégorien, assigne toujours une préface propre à la fête du grand saint Hippolyte. Voici celle du Léonien : Vere dignum... Tibi enim, Domine, festiva solemnitas agitur, tibi dies sacrata celebratur, quam sancti Hippolyti martyris tui sanguis in veritatis tuae testificatione profusus, magnifico nominis tui honore signavit. Per... [7]

Après la Communion. — « Que la participation à vos sacrements, Seigneur, nous sauve et nous confirme dans la lumière de votre vérité ». Aujourd’hui la liturgie est trop préoccupée de la lumière de la vérité, de la confession de la vérité, de l’attestation de la vérité, pour qu’on n’y reconnaisse pas une lointaine réminiscence des disputes qui agitèrent jadis catholiques et schismatiques à Rome, au temps d’Hippolyte. Celui-ci apprit d’ailleurs à ses dépens combien cher est le prix de la foi catholique, qu’il racheta, pour ainsi dire, finalement, par un glorieux martyre.

Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique

L’armée des martyrs vêtus de blanc célèbre vos louanges.

1. Saint Hippolyte. — La véritable physionomie de saint Hippolyte a été considérablement altérée par la légende, qui en a fait un soldat chargé de garder saint Laurent dans sa prison, puis un martyr. En réalité, Hippolyte était prêtre, disciple de saint Irénée, et maître réputé de l’Église de Rome. Auteur de nombreux ouvrages, il fait aussi autorité dans l’Église d’Orient. Il fut aussi le premier antipape, mais il racheta généreusement cette faute par le martyre. Heureusement le schisme dura peu de temps. Avec son rival, le pape Pontien, Hippolyte fut condamné aux mines de Sardaigne, « l’île meurtrière », où tous deux moururent en 236. On déposa son corps dans un cimetière particulier sur la voie Tiburtine, près de celui de saint Laurent. Plus tard ses reliques furent transférées au monastère du Rédempteur sur le mont Latenano, près de Rieti.

2. Saint Cassien. — Le même jour, à Imola, martyre de saint Cassien. Les mains liées derrière le dos, il fut livré par le persécuteur aux enfants dont il était le maître pour être déchiré par eux à coups de stylets. Ce supplice fut d’autant plus douloureux que les coups portés par des mains trop faibles, ne pouvant lui ôter la vie, ne faisaient que prolonger ses tourments. (Il souffrit durant la persécution de Dioclétien 303-304). (On conserve à Ravenne, dans la chapelle de l’évêché, une statue de ce saint datant du Ve siècle).

La messe est du commun des martyrs Salus autem.

[1] Cf. Pierre Jounel, Le Culte des Saints dans les Basiliques du Latran et du Vatican au douzième siècle, École Française de Rome, Palais Farnèse, 1977.

[2] Prudent. Peristephanon, XI.

[3] Ibid. IX.

[4] (Fête du) bienheureux martyr Hippolyte, qund son corps très sacré fut transporté dans le comté de Rieti, au monastère du Seigneur Sauveur.

[5] N’imitons pas les vices de celui dont nous ne sommes pas capables de suivre les vertus.

[6] Seigneur, vous vous en prions que la fête vénérable de votre saint martyr Hippolyte nous offre un accroissement de secours pour le salut.

[7] Il est vraiment digne… que cette solennité festive, Seigneur, soit accomplie pour vous, que ce jour sacré soit célébré pour vous : aujourd’hui le sang de votre martyr saint Hippolyte fut répandu en témoignage de votre vérité et marqua magnifiquement l’honneur de votre nom.