C’est l’Evangile du bon Samaritain qui donne aujourd’hui son nom au douzième Dimanche après la Pentecôte.
L’Introït débute par le beau verset du psaume LXIX : O Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir ! Dans sa dixième Conférence, Cassien montre comment ce cri de l’âme convient à tous les états et répond à tous les sentiments [1]. Durand de Mende en fait application dans la circonstance présente à Job, parce que les lectures de l’Office de la nuit tirées du Livre où sont racontées ses épreuves se rencontrent quelquefois, quoique rarement, avec ce Dimanche [2]. Rupert y voit de préférence les accents du sourd-muet, dont la guérison mystérieuse faisait, il y a huit jours, l’objet de nos méditations. « Le genre humain dans la personne de nos premiers parents, dit-il, était devenu sourd pour écouter les commandements du Créateur, et muet pour chanter ses louanges ; le premier mouvement de sa langue déliée par le Seigneur est pour invoquer Dieu [3]. » C’est aussi chaque matin le premier élan de l’Église, comme sa première parole à chacune des Heures du jour et de la nuit.
Il arrive souvent, on l’a remarqué et nous en avons donné la raison, que la Collecte des Messes du Temps après la Pentecôte n’est pas sans rapport avec l’Évangile du Dimanche précédent. L’Oraison qui suit se prête elle-même à ce rapprochement. Il y a huit jours, l’Évangile nous rappelait que l’homme, inhabile naguère au service de son Créateur, ayant retrouvé par la divine bonté ses aptitudes surnaturelles, s’exprime depuis lors comme il convient dans la langue de la louange, loquebatur recte. L’Église, partant de cette conclusion du récit sacré, dit aujourd’hui à Dieu : « Dieu tout-puissant et miséricordieux, de la grâce de qui vient que vos fidèles vous servent comme il convient et d’une façon digne de louange ; accordez-nous, selon notre prière, de courir sans broncher dans la voie qui conduit aux biens que vous avez promis. Par notre Seigneur. »
ÉPITRE
Les promesses vers lesquelles la dernière partie de la Collecte élevait nos pensées se dessinent dans l’Épître. Les quelques lignes qu’on vient d’entendre paraissent, il est vrai, s’appliquer seulement à la gloire du ministère apostolique. Mais la gloire des apôtres est celle de celui qu’ils annoncent ; et cette gloire unique, qui est la sienne, le Christ chef la communique dans l’unité à tous ses membres. Le rayonnement divin comme la vie divine s’échappent à la fois de cette tête sacrée par tous les canaux de la sainte Église [4] ; s’ils arrivent aux chrétiens dans des proportions différentes, la différence ne vient pas de la nature diverse de ce rayonnement et de cette vie pour les uns ou les autres. Chaque membre de l’Homme-Dieu, dans son corps mystique, est appelé à se faire à lui-même son degré de capacité pour la gloire : non sans doute, comme le dit l’Apôtre, que nous soyons capables d’avoir, de notre fonds, même une pensée ; mais quelle diversité ne se rencontre pas dans la manière dont les hommes savent faire valoir en eux le fonds divin constitué par la grâce !
Oh ! si nous connaissions le don de Dieu [5] ! si nous comprenions la dignité suréminente réservée, sous la loi d’amour, à tout homme de bonne volonté [6] ! peut-être nos lâchetés céderaient enfin ; peut-être nos âmes s’éprendraient-elles de la noble ambition qui fait les saints. Du moins saurions-nous que l’humilité chrétienne, dont on nous parlait dans les dimanches précédents, n’est point l’abaissement vulgaire d’une âme dégénérée, mais l’entrée glorieuse dans la voie qui conduit par l’union divine au seul anoblissement véritable. Funeste inconséquence des hommes, qui, passionnés à bon droit pour la gloire, rétrécissent eux-mêmes leurs horizons dans les fumées de l’orgueil, et se laissent détourner par les hochets de la vanité de la recherche des honneurs que leur réservait dès ce monde, sous l’œil de Dieu et de ses saints, la Sagesse éternelle [7] !
Au nom donc de nos intérêts les plus chers, les mieux entendus, écoutons l’Apôtre et laissons-nous gagner par son céleste enthousiasme. Nous pénétrerons sa pensée davantage, en la suivant au delà du passage choisi pour Épître en ce Dimanche. Comme toujours, l’Église n’a pas de plus grand désir que de voir ses enfants continuer eux-mêmes, en dehors de la sainte Liturgie, les lectures forcément abrégées dans l’assemblée commune ; cette réflexion s’applique d’autant mieux aujourd’hui, que la seconde lettre aux Corinthiens s’offre à nous pour la première et la dernière fois dans cette partie de l’année.
Quelle est donc cette gloire du Testament nouveau dont la grandeur fait tressaillir l’Apôtre, et près de laquelle celle de l’ancien s’éclipse tellement à ses yeux ? Certes, pourtant, l’alliance du Sinaï ne fut pas sans splendeur. Jamais la majesté, la toute-puissance et la sainteté du Très-Haut ne s’étaient manifestées à la fois comme au jour où, rassemblant au pied de cette montagne fameuse les descendants des douze fils de Jacob devenus un peuple immense, il renouvela miséricordieusement avec eux tous le pacte conclu avec leurs pères [8] et leur donna sa loi dans l’appareil redoutable décrit au livre de l’Exode. Mais cette loi, gravée par le doigt de Dieu sur la pierre, ne l’était point pour cela dans les cœurs ; et sa sainteté n’empêchait pas le péché qu’elle condamnait de régner au fond des âmes [9]. Moïse, qui l’apportait, descendait de l’auguste montagne resplendissant des rayons mêmes de la Divinité [10] ; mais le rayonnement qui s’échappait du front du chef d’Israël, ne devait pas se communiquer au peuple qu’il avait à conduire ; il lui restait personnel, non moins que la faveur qu’il avait eue de traiter face à face avec Dieu [11] ; il disparut avec lui, marquant par sa durée transitoire le caractère de ce ministère qui devait cesser à l’avènement du Messie, comme la lumière empruntée qui brille durant la nuit s’efface d’elle-même à l’arrivée du jour. Et comme pour mieux marquer que le temps n’était pas venu encore où Dieu manifesterait directement sa gloire, la vue des Juifs du Sinaï se trouvant impuissante à porter l’éclat de la face de Moïse, celui ci dut désormais voiler son visage, quand il voulut parler à son peuple. C’est qu’en effet, tout emprunté qu’il fût, l’éclat de son front représentait la gloire de l’alliance future dont les splendeurs étaient appelées à rayonner, non plus sans doute extérieurement, mais dans nos cœurs à tous, en nous montrant la lumière même de Dieu sur la face du Christ Jésus [12] : lumière vivante et vivifiante qui n’est autre que le Verbe divin [13], la Sagesse du Père [14], et que l’énergie des sacrements, aidée de la contemplation et de l’amour, fait passer de l’humanité de notre Chef adoré au plus intime des âmes.
Ce Dimanche, nous le verrons, doit ramener encore le souvenir de Moïse ; mais là est bien pour le chef hébreu le secret de sa vraie et de sa durable grandeur. De même qu’Abraham fut plus grand dans la postérité spirituelle issue de sa foi que dans sa race selon la chair, la gloire de Moïse est moins d’être resté quarante années durant à la tête du peuple ancien, que d’avoir représenté pleinement dans sa personne le rôle du Christ-Roi et les prérogatives du nouveau peuple. Le gentil est délivré de la loi de la crainte et du péché [15] par la loi de la grâce qui non seulement déclare, mais donne la justice ; le gentil, devenu l’enfant de Dieu [16], traite avec lui dans la liberté qui vient de l’Esprit d’amour [17]. Mais il n’a pas de type plus parfait, sous l’ancienne alliance, que le législateur même d’Israël trouvant grâce devant le Seigneur au point d’être admis à la contemplation de sa gloire [18], et s’entretenant avec lui familièrement dans les sentiments d’une admirable confiance, comme l’ami fait avec son ami [19]. De même que le Seigneur se montrait à lui directement, autant qu’il se peut pour un homme ici-bas [20], et sans intermédiaire de représentations figurées [21], Moïse, quand il allait vers Dieu, découvrait son visage voilé dans les autres temps comme nous avons dit. Même aujourd’hui, le juif s’obstine à garder entre lui et le Christ ce voile qui est tombé pour le reste du monde [22] ; mais le chrétien, possédé de la sainte audace dont parle l’Apôtre [23], écarte aussi pour aller à son Dieu les intermédiaires, et rejette loin de lui tous les voiles des figures. Aussi, dit saint Paul, contemplant à découvert la gloire du Seigneur dans le miroir de son Christ, nous sommes transformés de clarté en clarté par son Esprit-Saint dans la même image [24], devenant d’autres christs, semblables comme Jésus-Christ à Dieu son Père.
Ainsi est accomplie la volonté de ce Père souverain pour la sanctification des élus. Dieu se retrouve en ces prédestinés devenus conformes, dans la belle lumière divine, à l’image de son Fils [25]. Il peut redire pour chacun d’eux la parole du Jourdain et du Thabor : Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances [26]. Il fait d’eux son vrai temple [27], réalisant la parole qu’il avait dite autrefois : « J’habiterai en eux et je marcherai dans leur compagnie [28]. De l’Orient et de l’Occident, de l’Aquilon et du Midi ils viendront à moi, et je les recevrai ; je serai leur père, et ils seront mes fils et mes filles [29] ».
Telles sont les promesses dont l’accomplissement doit nous exciter, dit l’Apôtre [30], à parfaire l’œuvre de notre sanctification dans la plus exacte pureté du corps et de l’âme, dans la crainte et l’amour. Telle est cette gloire du Testament nouveau, cette gloire de l’Église et de toute âme chrétienne, qui dépasse immensément les splendeurs de l’ancienne alliance et le rayonnement de la face de Moïse. Quoique ayant ce trésor ici-bas en des vases d’argile, nous ne devons pas pour cela défaillir, mais bien plutôt nous réjouir de cette faiblesse qui relève en nous la vertu de Dieu, et mettre à profit nos misères et la mort même pour manifester davantage la vie du Seigneur Jésus dans notre chair mortelle. Qu’importe à notre foi et à nos espérances, si en nous l’homme extérieur s’en va et tombe en ruines, quand l’intérieur se renouvelle de jour en jour ? La souffrance légère et passagère du moment produit en nous un poids éternel de gloire. Contemplons donc, non ce qui se voit, mais l’invisible ; car ce qui se voit passe, mais l’invisible est éternel [31].
Le genre humain, délivré de son mutisme séculaire et comblé du même coup des dons divins, chante, au Graduel, la reconnaissance qui déborde en son cœur.
ÉVANGILE.
Le Docteur des nations exaltait la gloire du Testament nouveau dans l’Épître. Celui dont Paul n’était que le serviteur, l’Homme-Dieu, nous révèle dans l’Évangile la perfection de cette loi glorieuse qu’il est venu donner au monde. Et comme pour renouer en quelque sorte les enseignements de sa bouche divine à la parole de son Apôtre, et justifier l’enthousiasme de celui-ci, c’est dans le tressaillement de son âme très sainte elle-même [32] qu’après avoir remercié de ces grandes choses le Père souverain, il s’écrie en se tournant vers ses disciples : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
C’était la pensée que devait exprimer à son tour le chef du collège apostolique, en parlant de la joie inénarrable et glorieuse [33] qu’apportait cette alliance nouvelle où la réalité remplaçait les figures. Dans sa première Épître aux élus de l’Esprit-Saint dispersés par le monde [34], Pierre redit de même, après Celui qui l’a établi le vicaire de son amour [35], les aspirations -non satisfaites des justes de l’ancienne alliance, de ces hommes si grands dans la foi dont Paul, son frère [36], décrit ailleurs [37] les héroïques combats et les sublimes vertus. Il célèbre en accents inspirés ces prédestinés de l’Église de l’attente, l’âme remplie de la pensée des grâces futures, supputant les années, scrutant les temps dans la longue nuit, bien qu’ils sussent que la vue tant désirée des mystères du salut n’était point pour eux, et que leur mission fût d’annoncer pour d’autres, dans leurs prophéties, les gloires de l’avenir [38].
Mais quels sont ces rois dont les désirs s’unirent alors, d’après l’Évangile, aux aspirations des prophètes ? Sans parler des saints personnages à qui les honneurs d’un trône terrestre ne purent faire perdre de vue l’objet des espérances du monde, n’étaient-ils pas rois en toute vérité, comme l’observent les Pères [39], ceux que saint Paul nous montre, en ces mêmes temps, vainqueurs des royaumes par la foi, plus forts que les armées, maîtres des lions, des éléments et d’eux-mêmes ? Supérieurs aux moqueries comme aux persécutions d’un monde qui n’était pas digne d’eux, on les vit, ces athlètes de la foi, promener dans les solitudes ou abriter dans les cavernes des montagnes l’amour indompté de leurs cœurs, et des espérances qui devaient, ils le savaient, n’être satisfaites qu’après leur mort et des siècles sans nombre [40].
Nous donc leurs fils, qu’ils attendaient pour entrer en part des biens que préparaient leurs angoisses et leurs aspirations, comprenons le bienfait du Seigneur ! Nous si petits par la vertu en face des pères de notre foi, et que pourtant l’avènement de l’Esprit d’amour a plus éclairés que ne le furent jamais les prophètes, en nous donnant la possession des mystères mêmes qu’ils annonçaient : comment ne sentirions-nous pas l’obligation qui s’impose à nous de reconnaître par la sainteté de toute notre vie [41], par un amour ardent et généreux, les faveurs de celui qui nous a gratuitement appelés des ténèbres à son admirable lumière [42] ? Ayant sur nos têtes une telle nuée de pareils témoins, laissons enfin là fardeaux et entraves, dégageons-nous, pour courir résolument dans la carrière, les yeux fixés sur l’auteur et le consommateur de la foi. Jésus-Christ aux délices qu’il pouvait choisir a préféré la croix, méprisant la honte, et, maintenant, il est assis à la droite de Dieu [43]. Nous le savons plus sûrement que nous ne voyons les événements qui se passent sous nos veux ; car lui-même il est en nous sans cesse, par son Esprit, nous incorporant ses mystères.
L’illumination du saint baptême a produit dans nos âmes cette révélation du Seigneur Jésus qui pose le principe de la vie chrétienne, et dont l’Homme-Dieu félicitait ses disciples. Car c’était d’elle qu’il parlait, bien plus que de la vue extérieure de sa nature humaine commune aux Juifs ennemis et aux Apôtres. Le Docteur des nations le déclare suffisamment, quand il dit, écrivant après la transformation opérée dans ces derniers par l’Esprit sanctificateur : Si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus maintenant de cette sorte [44]. C’est en nous en effet, et non plus dans les villes de Judée, qu’est maintenant le royaume de Dieu [45]. La foi nous découvre le Christ habitant dans nos cœurs pour nous fonder dans la charité, pour croître en nous, en nous transformant dans lui-même, et nous remplir de la plénitude de Dieu [46]. C’est l’œil fixé sur l’image divine rayonnant silencieusement dans son âme baptisée, que l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour, comme nous le disions, par la contemplation incessante, l’amour croissant, l’imitation persévérante, et parfaite à la fin, de son Créateur et Sauveur [47].
Combien il importe donc que nous laissions en nous libre expansion à la lumière surnaturelle de la foi, qu’aucun de nos actes, aucune pensée, aucun repli de nos cœurs n’échappe à son influence, à sa direction souveraine ! Dans les âmes fidèles, l’Esprit Paraclet fait sur ce point des prodiges ; l’épanouissement non contrarié des dons supérieurs de Sagesse et d’Intelligence arrive, dans les saints, à faire prédominer tellement la divine lumière, qu’auprès d’elle pour eux l’éclat du soleil est sans force. Quelquefois même l’Esprit dépasse, dans sa liberté toute-puissante, le développement régulier de ces dons communs à tous : l’âme, entraînée dans des régions supérieures aux voies ordinaires de la vie chrétienne, se voit plongée dans l’inscrutable abîme de la Sagesse [48] ; elle s’y unit avec délices aux rayons qui descendent des sommets éternels, et, dans leur calme et radieuse simplicité embrassant tout, elle sent qu’elle possède le secret de toutes choses. En de certains moments, soulevée plus haut encore, bien au-dessus de la région des sens et du domaine de la raison, par delà tout intelligible, ainsi que s’exprime Denys l’Aréopagite [49], elle arrive à toucher de son aile éperdue le sommet même où réside dans son essence la lumière incréée, le faîte trois fois saint d’où elle s’échappe, pour se jouer jusqu’aux dernières limites de la création, par mille détours et mille traductions de sa divine splendeur. C’est alors qu’agissant miséricordieusement avec l’âme impuissante encore à porter directement sa gloire, l’éternelle Trinité l’enveloppe de ces ténèbres mystérieuses qu’ont signalées les Saints au point le plus élevé des ascensions mystiques : ténèbres augustes, retraite dernière de la Divinité pour les mortels [50], obscurité plus pénétrante que la lumière, nuit sacrée au silence éloquent ; sanctuaire où l’adoration absorbe l’âme, d’où sont bannies également la vision et la science, et dans lequel cependant l’intelligence et l’amour, agissant de concert par un mode ineffable, prennent possession des plus sublimes mystères de la théologie dans la simplicité, l’absolu et l’immuable qui les caractérisent en Dieu !
Sans doute, de telles faveurs ne sont connues que d’un petit nombre ; et la vertu la mieux établie, la fidélité la plus méritante ne donnent à personne le droit d’y prétendre. La perfection d’ailleurs n’y est point attachée. La foi qui dirige le juste suffit à lui faire apprécier la vie extérieure des sens pour ce qu’elle est, misérable et obscure ; et c’est facilement qu’avec le secours de la grâce ordinaire, il vit tout entier dans cette retraite intime de l’âme où il sait, sur la parole de son Dieu [51], que réside la Trinité sainte. Son cœur est un ciel où, caché en Dieu avec le Christ à qui vont toutes ses pensées [52], il donne sans cesse au Bien-Aimé la seule preuve d’amour qui ne trompe pas, la seule qu’ait réclamée le Seigneur : l’observation des commandements [53]. C’est sans impatience et sans trouble, malgré ses désirs et l’ardeur de son espérance, qu’il attend cette révélation suprême du Christ sa vie qui le fera, au dernier jour, apparaître lui-même avec l’Homme-Dieu dans la gloire [54] ; car sans le voir il sait qu’il l’aime, parce que sans le voir il croit en lui [55]. Le développement toujours croissant des vertus dont il donne le spectacle au monde, montre mieux la puissance de la foi que ne peuvent faire les manifestations merveilleuses dont nous parlions, et dans lesquelles l’âme, domptée passivement, se trouve à peine libre de refuser l’amour.
Aussi n’est-ce pas sans motif et sans lien que le récit de notre Évangile passe immédiatement, des premières lignes que nous avons commentées, à la promulgation nouvelle du grand commandement qui renferme toute la Loi et les Prophètes [56]. C’est appuyé sur les données sublimes de la foi, éclairé par elle, que l’homme peut et doit, ici-bas, aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et de tout son esprit, et le prochain comme lui-même. L’Église, dans l’Homélie qu’elle propose aujourd’hui comme de coutume à ses fils sur le texte sacré [57], n’étend pas son interprétation au delà de l’interrogation du docteur de la loi : c’est assez faire voir que, dans sa pensée, la dernière partie de l’Évangile, quoique plus longue de beaucoup, n’est que la conclusion pratique de la première, selon cette parole de l’Apôtre : La foi opère par la charité [58]. Et en effet la parabole du bon Samaritain, qui, par ailleurs, se prête à tant d’applications du plus haut symbolisme, n’est amenée, dans le sens littéral, sur les lèvres du Sauveur que pour détruire péremptoirement les restrictions apportées par les Juifs au grand précepte de l’amour.
Si toute perfection est renfermée dans l’amour, si sans lui nulle vertu ne produit de fruit pour le ciel, l’amour n’est vrai qu’autant qu’il s’étend au prochain ; et c’est même surtout dans ce dernier sens, remarque saint Paul, que l’amour accomplit toute la loi [59], qu’il en est la plénitude [60]. Car c’est le prochain qu’ont en vue directement la plupart des préceptes du Décalogue [61], et la charité envers Dieu n’est complète, elle aussi, qu’en aimant avec Dieu ce qu’il aime, ce qu’il a fait à son image [62]. En sorte que l’Apôtre, ne distinguant même pas, comme le fait l’Évangile, entre les deux préceptes de l’amour, ose bien dire : « Toute la loi est contenue dans cette seule parole : Vous aimerez votre prochain comme vous-même [63] ».
Mais plus est grande l’importance d’un tel amour, plus l’est aussi la nécessité de ne pas se méprendre sur la signification et l’étendue de ce terme de prochain. Les Juifs n’y comprenaient que ceux de leur race, suivant en cela les mœurs des nations païennes pour qui l’étranger n’était qu’un ennemi. Mais voici qu’interpellé par un représentant de cette loi diminuée, le Verbe divin, auteur de la loi, la rétablit dans sa plénitude. Il ne s’entoure point de nouveau pour cela des tonnerres et des flammes du Sinaï. Homme conversant avec les hommes [64], il leur révèle sous une forme accessible à tous la portée du précepte éternel qui conduit à la vie [65]. Dans une similitude, où plusieurs ont vu le récit d’un fait réel connu de ceux à qui s’adressait le Sauveur, Jésus met en scène un homme sorti de la ville sainte et un Samaritain, de tous ces étrangers ennemis dont il était question tout à l’heure le plus méprisé et le plus odieux pour un habitant de Jérusalem [66]. Et cependant, de l’aveu du docteur qui l’interroge, comme sans nul doute de tous ceux qui l’entendent, le prochain, pour l’infortuné tombé entre les mains des voleurs, c’est ici beaucoup moins le prêtre ou le lévite de sa race, que l’étranger Samaritain qui, oubliant leurs rancunes nationales devant sa misère, ne voit en .lui qu’un homme son semblable. C’était bien dire que nulle exception ne pouvait prévaloir contre la loi souveraine de l’amour, ici-bas comme au ciel ; et Jésus fut compris.
L’Offertoire est tiré du passage de l’Exode où Moïse est représenté luttant contre Dieu pour sauver son peuple après l’érection du veau d’or, et triomphant de la colère du Très-Haut. Il peut arriver que ce Dimanche tombe le jour même ou près du jour auquel l’Église fait mémoire du chef hébreu, dans son Martyrologe (4 septembre) ; et c’est, d’après Honorius d’Autun [67], la raison de la mention réitérée faite aujourd’hui de ce glorieux législateur d’Israël.
La Secrète prie le Seigneur d’agréer les offrandes du Sacrifice, qui doivent nous mériter l’indulgence et rendre gloire à son Nom.
De même qu’il y a huit jours, l’Antienne de la Communion fait une allusion évidente au temps des moissons et de la vendange. Le pain, le vin et l’huile ne sont pas seulement les soutiens de notre vie matérielle ; ils sont aussi la matière des sacrements les plus augustes ; leur louange ne saurait être mieux à sa place, dans la bouche de l’homme, qu’au sortir du banquet sacré.
La vie qui nous vient des sacrés Mystères trouve en eux, par le dégagement toujours plus accentué des restes du mal qui avait causé notre mort, sa perfection et sa défense. C’est ce qu’exprime la prière de l’Église dans la Postcommunion.
La messe de ce jour conserve à peu près les mêmes caractères que celle de la semaine précédente. L’introït contient l’invocation solennelle « Deus in adiutorium » qu’avaient si souvent sur les lèvres les Pères du désert, et qu’aujourd’hui encore l’Église récite avant chacune des heures de l’Office divin. L’offertoire grégorien, avec la prière si dramatique de Moïse, constitue un petit joyau littéraire et musical. Le verset du psaume après la Communion contient une gracieuse allusion, tant aux éléments eucharistiques qu’à la récolte des champs et des vignes, laquelle, durant la saison d’été, réjouit l’âme de l’agriculteur.
L’antienne d’introït appartient au psaume 69 : « Levez-vous, ô Dieu, pour me secourir, venez vite à mon aide. » La sainte liturgie a fait de ce verset sa prière préférée, parce qu’il exprime admirablement les conditions de notre vertu sur cette terre. Ici-bas, ce n’est pas le temps de paix, pas même de trêve. Les ennemis nous assaillent sans cesse, et, ce qui est le plus effrayant, ils emploient, dans cette lutte corps à corps, des moyens frauduleux, tromperies, illusions spirituelles, trahisons. Parfois, tandis que l’assaut devient plus vif, nous restons somnolents comme Jonas, sans nous apercevoir du péril qui nous menace. II faut alors que quelqu’un nous sorte de cet état de léthargie et nous dise, comme naguère au Prophète de Ninive : dors-tu ? Surge, invoca Deum tuum.
Dans la collecte, on confesse avant tout que c’est par la grâce de Dieu et non pas exclusivement par notre mérite, si nous le servons convenablement. De fait, dans l’ordre de la vie éternelle, nos forces sont absolument disproportionnées, en sorte que la grâce divine est rigoureusement nécessaire pour que nos bonnes œuvres puissent mériter un don surpassant totalement les exigences de notre pauvre nature. Non seulement les œuvres, mais même les bonnes pensées qui, de leur côté, sont le fruit de l’activité de l’intelligence, doivent venir de Dieu, selon la doctrine de l’Apôtre : Non quod sufficientes simus cogitare aliquid a nobis, quasi ex nobis, sed sufficientia nostra ex Deo est [68]. Ainsi, ayant tout reçu de Dieu, et si notre coopération même à la grâce est un effet de cette grâce, de quoi pourrions-nous nous enorgueillir ? La collecte continue, demandant à Dieu d’écarter de notre route tous ces périls, tous ces écueils, qui pourraient peut-être arrêter ou retarder notre marche vers l’éternité, afin que nous avancions, que nous courions, vers ce rivage bienheureux que Dieu nous a promis.
Combien l’Église prend à cœur notre progrès dans la voie de la perfection ! Elle tient compte de notre nature, et elle sait que très facilement nous laissons absorber notre attention par les choses présentes. Le plus souvent il y aura des luttes, des croix, et nous avons de la peine à porter plus loin notre regard et à envisager le magnifique avenir que le Seigneur nous réserve. C’est pourquoi la sainte liturgie fait fréquemment appel aux vertus théologales de foi et d’espérance chrétienne, et veut que notre édifice intérieur, ce royaume de Dieu qui intra vos est s’appuie sur ce solide fondement surnaturel.
Dans le passage de l’épître (II Cor., 3, 4-9) — en relation avec l’offertoire qui mentionne la sublime prière de Moïse — l’Apôtre, pour défendre son autorité contre ceux qui la mettaient en doute, décrit à ses correspondants de Corinthe la gloire qui se reflétait jadis sur le visage du grand Législateur d’Israël, si bien qu’il était obligé d’en cacher la splendeur au moyen d’un voile. Si Dieu avait voulu environner de tant de majesté l’Ancien Testament destiné à être annulé, combien plus grande ne sera pas la gloire et l’autorité des Apôtres et des ministres du Nouveau ?
Le répons, après la lecture, est tiré du psaume 33, qui est un psaume alphabétique : « Je louerai toujours le Seigneur — et non seulement au jour du triomphe, comme le font les égoïstes, qui, dans le service de Dieu, n’ont qu’eux-mêmes en vue — j’aurai toujours sur mes lèvres sa louange. » Ainsi fit Job, ainsi firent les Martyrs, jugeant que leurs souffrances même, représentaient autant de grâces de Dieu, sorties de son Cœur très aimant. « Mon âme se glorifie dans le Seigneur ; les doux écoutent et s’en réjouissent, » Celui qui se glorifie, mais non pas dans le Seigneur, se glorifie dans la santé corporelle, dans les richesses, dans le talent, dans les triomphes. Celui qui au contraire se glorifie dans le Seigneur, se complaît, comme saint Paul, dans les croix, dans les souffrances, les chaînes, les coups, parce que tout cela exalte magnifiquement la vertu divine, laquelle confère à ses fidèles une si grande force.
Le verset alléluiatique est tiré du psaume 87, et, dans l’Antiphonaire grégorien il reparaît comme offertoire à l’occasion de la messe nocturne des Quatre-Temps à Saint-Pierre. « O Seigneur, Dieu de mon salut, voici que moi, jour et nuit, j’élève vers vous mon cri. » On prie de jour quand l’oraison est adoucie par des saveurs spirituelles ; on prie au contraire de nuit, et cette prière est beaucoup plus utile et mieux agréée, quand on s’applique fidèlement à l’oraison même au milieu des aridités et des désolations de l’esprit. Si ce genre de prière ne nous plaît pas.il plaît pourtant beaucoup à Dieu, et notre Rédempteur s’y appliqua quand, au jardin des oliviers, factus in agonia, prolixius orabat.
Suit la lecture évangélique (Luc., 10, 23-37) avec la parabole du samaritain compatissant. Le sacerdoce et le rabbinisme juifs voient le pauvre peuple gentil blessé et gisant au bord de la route, mais ils passent outre. Enfin Jésus arrive et il s’occupe du pauvre blessé ; il soigne ses plaies avec l’huile de la grâce de l’Esprit Saint et avec le vin eucharistique, le met sur sa monture, lui donnant part aux mérites de son humanité très sainte, le conduit à l’hôtellerie et le confie à l’Église. A l’hôtelier qui représente les ministres sacrés, il remet pour qu’on le soigne deux deniers, c’est-à-dire les sacrements et la parole évangélique, promettant que tout ce qui serait dépensé en surplus serait remboursé à son retour, au jugement dernier.
Le verset de l’offertoire provient de l’Exode (33, 11-14) et est en relation avec le passage de l’épître. Au point de vue musical, c’est l’un des morceaux les plus exquis du répertoire grégorien : l’on y répète la prière de Moïse alors que Dieu, après le culte idolâtrique rendu au veau d’or, voulait exterminer les Israélites. Moïse fait appel aux mérites des anciens Patriarches et aux magnifiques promesses qu’ils avaient reçues. A ces paroles, Dieu s’apaise, et cela montre fort bien que la doctrine catholique relative à l’invocation des saints est utile et légitime, et trouve son fondement dans la sainte Écriture. L’intime raison de la réversibilité des mérites des saints sur nous, c’est que nous formons tous un même corps sous le Chef commun, le Christ Seigneur. Ce dogme catholique de la Communion des Saints est généralement peu médité, même par bon nombre de personnes pieuses qui ne savent pas échapper entièrement à la tendance, si accentuée de nos jours, de s’enfermer en un désolant individualisme. Elles gémissent sur leurs misères, sur la manière très imparfaite dont elles servent Dieu. Et pourtant, combien plus de courage et de réconfort n’apporterait pas à leur cœur la pensée que leurs œuvres ne sont pas si isolées qu’elles le croient, mais qu’elles sont au contraire en relation avec la sainteté de l’Église tout entière, d’où elles tirent une incalculable efficacité !
La secrète supplie le Seigneur d’accueillir favorablement le Sacrifice qui va lui être offert. Cette offrande se propose deux fins très hautes : la première est de rendre à Dieu le tribut qui lui est dû, d’adoration parfaite en esprit et en vérité ; l’autre est d’obtenir de Lui le pardon des fautes commises. A ce pardon est subordonnée toute autre grâce que nous puissions convenablement demander au Seigneur ; car, de même que tous les maux, physiques et moraux qui nous affligent, sont la conséquence du péché — saint Paul les appelait : stipendia peccati — ainsi, la cause disparaissant, ses funestes conséquences sont également écartées.
Le verset pour la Communion du peuple, emprunté au psaume 103, s’adapte aussi bien à la sainte Eucharistie qu’à la saison d’été où se font les récoltes. Dieu est admirable dans ses œuvres. Chaque année Il tire de la terre ce qu’il faut pour nourrir toute l’immense famille des vivants. Les hommes, comme l’observe fort bien saint Augustin, s’étonnent des prodiges évangéliques ou les nient tout simplement, parce qu’ils n’en comprennent pas le mode et parce qu’ils ne les ont jamais vus. Et pourtant, le fait de nourrir annuellement toute l’humanité avec la petite quantité de semences confiées à la terre, surpasse de beaucoup la puissance nécessaire à Jésus pour multiplier dans le désert les cinq pains afin qu’ils fussent suffisants pour nourrir cinq mille juifs. Les merveilles de la Foi tirent donc indirectement leur confirmation de ce que Dieu accomplit sous nos yeux, comme le déclare l’Apôtre : « L’intelligence contemple les choses invisibles de Dieu à travers ce qu’il a opéré dans le monde visible [69]. »
La collecte d’action de grâces, dans sa brièveté romaine, et comme lapidaire, vaut tout un traité sur l’Eucharistie. La sainte Communion, explique-t-elle, nous rend solidaires du mystère de la rédemption du Christ, du Sang de son Sacrifice. En conséquence de cette solidarité, nous obtenons tous les fruits de ce rachat, c’est-à-dire la purification des fautes et l’augmentation des forces de nos facultés, pour qu’elles soient plus aptes à lutter contre les embûches de Satan et contre les mauvais désirs de la nature corrompue.
Que les ministres du Seigneur disent avec saint Paul : Ego impendam... et superimpendar ipse pro animabus [70]. La divine promesse ne peut leur manquer, et quand le bon Samaritain, Jésus, reviendra pour régler les comptes, il les récompensera abondamment de tout ce qu’ils auront fait pour les âmes : Quodcumque supererogaveris, ego cum rediero reddam tibi [71].
Le Christ, le bon Samaritain et le Moïse glorifié.
Pendant la semaine qui commence, nous serons accompagnés par l’image du bon Samaritain. Le bon Samaritain, c’est le Christ qui panse les plaies de l’Église. Nous méditerons aussi, pendant cette semaine, le commandement principal du Christ, l’amour de Dieu et du prochain. Ce sera donc la semaine de la charité. Les antiennes directrices du commencement et de la fin du jour nous font chanter des parties de l’Évangile. Ce que nous chantons, nous devons en pénétrer notre cœur et notre esprit. Le matin, la Sagesse éternelle répond à notre question sur la perfection : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, Alléluia ». Le soir, nous entendons le commencement de la belle parabole. « Un homme s’en allait de Jérusalem à Jéricho et il tomba sur des voleurs ; ceux-ci le dépouillèrent, le couvrirent de blessures, le laissèrent à demi-mort et s’en allèrent ».
1. La messe (Deus in adjutorium). — Cette messe est loin d’être traversée par la jubilation pascale comme celle de dimanche dernier. C’est l’humanité assoiffée de Rédemption qui se présente suppliante dans le sanctuaire. L’Introït est depuis des siècles un cri de détresse (c’est par ces mots que commencent toutes les Heures ; le psaume entier est récité après les litanies des saints : « Pour moi, je suis un indigent et un pauvre... ») Nous récitons cette prière pour nous, mais aussi au nom de l’humanité non rachetée. L’Église nous fait étendre les mains pour l’oraison. Nous demandons de « courir vers les biens promis, sans broncher ».
Les deux lectures, ainsi que l’antienne de l’Offertoire, ont de commun qu’elles comparent l’Ancien Testament au Nouveau et qu’elles mettent le Nouveau bien au-dessus de l’Ancien.
L’Épître, dans son sens littéral, est un peu difficile. Dans son interprétation liturgique, elle indique la gloire du nouveau Moïse, Jésus-Christ, qui, dans l’éclat de sa Résurrection, paraît maintenant au Saint-Sacrifice ; elle indique aussi la gloire du royaume de Dieu que nous ouvre l’Église et que le Saint-Esprit fonde dans notre âme. De nous-mêmes, nous sommes de pauvres créatures ; mais « notre capacité vient de Dieu », du Christ. L’esprit, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, vivifie. Après la messe du dimanche, nous devrions retourner à nos travaux quotidiens comme des enfants de Dieu, brillants et transfigurés.
Dans le Graduel, nous remercions profondément le Seigneur pour la gloire que nous avons reçue. Le verset de l’Alléluia produit une impression toute particulière : C’est un chant de profonde tristesse qu’éclaire cependant l’Alléluia (le psaume, dans son entier, est le plus triste du psautier). Nous songeons à l’Église qui, dans la souffrance, attend sa résurrection. Peut-être que notre âme doit chanter, elle aussi, un tel Alléluia !
L’Évangile nous dédommage de l’Épître un peu difficile à comprendre. Il est riche de pensées. Nous sommes plus heureux que les Prophètes et les rois de l’Ancienne Alliance. Nous pouvons, aujourd’hui encore, voir dans le Saint-Sacrifice le renouvellement de l’œuvre de la Rédemption. Nous voyons et nous entendons (cf. dimanche dernier : Ephpheta). Le bon Samaritain se tient devant nous. La parabole est devenue une vérité par sa vie de Rédempteur ; elle se réalise dans notre vie ; elle se réalise dans la messe d’aujourd’hui. Nous sommes rassemblés dans une véritable « maison commune ». Le bon Samaritain verse l’huile et le vin (sacrements et Eucharistie) sur nos blessures. Aujourd’hui, dans le Saint-Sacrifice, nous voyons le Sauveur qui, sur la Croix, a payé pour nous la »rançon », les « frais de maladie ».
A l’Offertoire, nous voyons Moïse, l’intercesseur — une image du Christ sur la Croix.
La Secrète et la Postcommunion, conformément au caractère expiatoire de la messe, implorent l’indulgence et le pardon.
L’antienne de la Communion est un beau texte de psaume qui évoque l’Eucharistie et fait songer en même temps à la moisson dans les champs.
Les trois pièces principales de la messe sont l’Épître, l’Évangile et l’Offertoire. Ces textes nous donnent une explication profonde de la messe : Le Christ est le Moïse intercesseur et en même temps le bon Samaritain ; il prie pour les hommes pécheurs, il les guérit des blessures de l’âme et les remplit de l’éclat de sa gloire.
2. L’Offertoire, dans son extension. — L’Offertoire d’aujourd’hui n’est qu’un verset de psaume. Ce n’est qu’une petite partie du chant que l’Église faisait chanter aux fidèles pendant la procession de l’Offrande. Comme l’Offrande de toute la communauté durait assez longtemps, il fallait d’ordinaire chanter une grande partie d’un psaume. Mais peu à peu l’Offrande tomba en désuétude et on ne chanta plus que quelques versets. On trouve ces versets étendus de l’Offertoire dans les antiques antiphonaires. Finalement, on ne garda que le verset d’Offertoire qui se trouve dans le missel actuel. Les versets, dans toute leur extension, sont souvent importants pour l’intelligence de toute la messe. Qu’on observe dans ces versets ce qu’on appelle la repetenda (le refrain). La repetenda indique souvent sur quelle pensée il faut insister. Voici l’Offertoire développé de la messe d’aujourd’hui :
« Moïse pria devant la face du Seigneur son Dieu et dit : Pourquoi, Seigneur, t’irrites-tu contre ton peuple ? Ménage la colère de ton âme. Souviens-toi d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auxquels tu as promis de donner la terre où coulent le lait et le miel.
Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple.
Le Seigneur dit à Moïse : Tu as trouvé grâce devant mes yeux. Je te connais avant tous. Et Moise se baissa rapidement vers la terre et dit : Je sais que tu es miséricordieux entre mille et que tu enlèves l’injustice et les péchés.
Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple.
Et Moïse et Aaron dirent à toute l’Assemblée des enfants d’Israël : Présentez-vous devant Dieu. La Majesté du Seigneur est apparue dans les nuées et a entendu vos murmures en temps voulu.
Et le Seigneur se laissa apaiser et détourner de faire le mal dont il avait menacé son peuple ».
Nous remarquerons que ce chant, dans son extension complète, prend un caractère dramatique et un sens plus profond. Moïse est la figure du Christ dans son sacrifice de propitiation.
3. La signification de la messe et son efficacité nous sont enseignées, de la manière la plus parfaite, dans le texte même de la messe. C’est dans ce texte que notre Mère l’Église a déposé ses pensées les plus profondes concernant la messe. Nous savons que le principal souci de l’Église, c’est que nous puissions bien comprendre et bien célébrer la sainte messe. A la messe, le flot de la grâce coule sans interruption et est dirigé vers notre âme afin qu’il jaillisse jusqu’à la vie éternelle. La Rédemption, qui a commencé au baptême comme un germe fécond, se perfectionne et s’achève par l’Eucharistie. N’allons pas croire que dans le baptême nous avons déjà tout reçu, que par le baptême nous sommes devenus des chrétiens complets. Dans le baptême, l’arbre de la vie surnaturelle est planté, mais, s’il grandit, s’il porte des fleurs et des fruits, c’est grâce au deuxième grand sacrement, à l’Eucharistie. Le baptême et l’Eucharistie sont les deux grandes sources de la vie divine qui nous communiquent les fruits de la Rédemption. Apprenons de la messe d’aujourd’hui ce que nous apporte le Saint Sacrifice. Examinons les trois images principales.
Première image. – L’Évangile nous raconte cette belle et inoubliable parabole du bon Samaritain. Le Christ voulait nous enseigner l’amour du prochain. Mais l’Église utilise cette parabole pour nous montrer l’action du Christ à la messe. L’homme tombé sous les coups des brigands, c’est la pauvre nature humaine. Privée des biens surnaturels, affaiblie dans les biens naturels, elle gît misérablement. La loi juive se présente à l’humanité, mais ne peut lui procurer la guérison. Alors vient le bon Samaritain, Jésus-Christ, revêtu du manteau de l’humilité ; il recueille le pauvre blessé, verse de l’huile et du vin sur ses plaies, le conduit à l’hôtellerie et prend soin de lui. C’est là l’œuvre de la Rédemption. C’est aussi celle de la messe. Considérons moins l’humanité que nous-mêmes. Depuis le baptême, le bon Samaritain se présente à chaque messe et nous recueille. Notre nature est toujours encline au mal ; nous avons toujours des blessures saignantes, nous gisons sans force, incapables, seuls, de « courir vers les biens promis » (Or.). Dans l’Eucharistie, le bon Samaritain verse l’huile et le vin sur nos blessures ; l’huile est la douceur, le vin est la force de la doctrine chrétienne. Il bande nos plaies et prend soin de nous. Soyons-en assurés : à la messe, les blessures de notre âme sont guéries. La parabole du bon Samaritain est une belle image de l’efficacité de la messe.
Seconde image. — L’Évangile, d’une manière négative, et Épître, d’une manière positive, décrivent encore l’action de la messe. Épître compare l’Ancien Testament et le Nouveau. Dans l’Ancien règne la lettre, dans le Nouveau l’esprit. Saint Paul nous dit : Le visage de Moïse, après son entretien avec Dieu, était si brillant que les enfants d’Israël ne pouvaient le regarder en face. Saint Paul tire cette conclusion : puisque le Nouveau Testament est plus parfait que l’Ancien, combien doit être plus brillant le visage du Christ qu’il nous est permis de contempler à la messe ! Combien doit être plus brillant le visage de l’enfant de Dieu après son entretien avec le Christ à la messe ! C’est l’effet de l’Eucharistie de nous illuminer. Sans doute, tant que nous vivons sur la terre, cette transfiguration est cachée, voilée. Mais cette transfiguration existe et nous ne pourrions pas soutenir la vue d’une âme illuminée des clartés de la grâce. Soyons en persuadés, nous retournons de la messe à notre œuvre quotidienne avec un visage rayonnant, une âme rayonnante.
Troisième image. — La messe nous présente encore une troisième image à l’Offertoire. Moïse intercède pour les enfants d’Israël. Pendant que, sur le mont Sinaï, il s’entretenait avec Dieu, les Israélites, dans la plaine, se fabriquaient un veau d’or et l’adoraient. Dieu veut rompre l’alliance avec le peuple juif. Mais Moïse prie pour le peuple infidèle, et Dieu se laisse fléchir. Que signifie cela ? Moïse est la figure du Christ qui intercède sans cesse pour nous et nous réconcilie avec son Père. Chaque messe est la représentation du sacrifice de la Croix, et à chaque messe se réalise cette parole : « Le Seigneur se laisse apaiser et remet le châtiment dont il menaçait son peuple »
Ainsi, les trois images nous éclairent sur les effets du Saint-Sacrifice de la messe. Le bon Samaritain guérit les blessures de notre âme. Nous contemplons le visage transfiguré du Christ et nous participons à cet éclat de gloire. Dieu se laisse apaiser par l’intercession du divin Moïse.
Nota bene : A partir de ce dimanche, on doit séparer la liturgie du dimanche et la lecture d’Écriture, parce que cette dernière ne coïncide pas tous les ans avec le même dimanche. La lecture du livre des Rois est interrompue à la fin de juillet (au plus tôt à partir du 7ème dimanche après la Pentecôte, au plus tard le 12ème dimanche), sans tenir compte des dimanches après la Pentecôte. La lecture d’Écriture, depuis le mois d’août jusqu’à la fin de l’année liturgique, est rattachée au mois. Cela nous montre la difficulté à établir un calendrier perpétuel. Il faut examiner l’Ordo !
L’antienne des 1ères Vêpres du dimanche (tirée de la lecture de l’Écriture occurrente), et les 6 premières leçons des Matines (Écriture et son commentaire patristique) ne peuvent donc plus être données avec les Matines des dimanches classés dans l’ordre après la Pentecôte.
Leçons des Matines avant 1960 Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc.
En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez. Car je vous le dis, beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu. Et le reste.
Homélie de saint Bède le Vénérable, prêtre.
Septième leçon. Heureux les yeux, non des scribes et des pharisiens qui peuvent voir seulement le corps du Seigneur, mais ces yeux-là qui peuvent reconnaître ses mystères dont il est dit : « Et tu les as révélés aux tout petits. » Heureux les yeux des tout petits à qui le Fils daigne se révéler avec son Père. Abraham exulta de voir le jour du Christ. Il l’a vu et s’est réjoui. Isaïe aussi et Michée et bien d’autres prophètes ont vu la gloire du Seigneur et c’est pourquoi on les appelle voyants. Cependant tous ceux-ci, en guettant et saluant de loin, ont vu au moyen d’un miroir, confusément.
Huitième leçon. Mais les Apôtres qui avaient le Seigneur parmi eux, qui ont pris leur repas avec lui, et qui n’avaient qu’à demander pour apprendre de lui tout ce qu’ils voulaient savoir, n’avaient pas besoin de l’enseignement des anges ou de divers genres de visions. Ceux que Luc désigne lorsqu’il parle de "beaucoup de prophètes et de rois", Matthieu les appelle plus clairement "prophètes et justes". Car, en effet, ils sont de grands rois, eux qui ne consentent pas à succomber aux mouvements de leurs tentations, mais savent royalement les maîtriser.
Neuvième leçon. « Mais voici qu’un docteur de la loi se leva pour le mettre à l’épreuve, en disant : ‘Maître, que dois-je faire pour posséder la vie éternelle ?’ » Il me semble que ce docteur de la loi qui voulait mettre le Seigneur à l’épreuve en le questionnant au sujet de la vie éternelle, a pris occasion pour ce faire des paroles mêmes du Seigneur : « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » Mais par sa question même il proclama combien est vraie cette parole du Seigneur louant son Père « d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout petits. »
Ant. du Benedictus à Laudes Maître, * que me faut-il faire pour posséder la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Comment lisez-vous ? Il répondi : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, alléluia.
Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Un homme * descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba entre les mains des voleurs qui le dépouillèrent, et s’en allèrent après l’avoir couvert de coups, le laissant à demi mort.
Dominica Duodecima post Pentecosten |
12ème Dimanche après la Pentecôte |
Ant. ad Introitum. Ps. 69, 2-3. | Introït |
Deus, in adiutórium meum inténde : Dómine, ad adiuvándum me festína : confundántur et revereántur inimíci mei, qui quærunt ánimam meam. | O Dieu, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir : que mes ennemis, ceux qui cherchent à m’ôter la vie, soient confondus et couverts de honte. |
Ps. ibid., 4. | |
Avertántur retrórsum et erubéscant : qui cógitant mihi mala. | Qu’ils soient contraints de retourner en arrière et réduits à rougir, ceux qui méditent de me faire du mal. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens et miséricors Deus, de cuius múnere venit, ut tibi a fidélibus tuis digne et laudabíliter serviátur : tríbue, quǽsumus, nobis ; ut ad promissiónes tuas sine offensióne currámus. Per Dóminum nostrum. | Dieu tout-puissant et miséricordieux, de la grâce de qui vient que vos fidèles vous servent comme il convient et d’une façon digne de louange ; accordez-nous, selon notre prière, de courir sans broncher dans la voie qui conduit aux biens que vous avez promis. Par notre Seigneur. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corinthios. | Lecture de l’Epître de saint Paul, Apôtre, aux Corinthiens. |
2. Cor. 3, 4-9. | |
Fratres : Fidúciam talem habémus per Christum ad Deum : non quod sufficiéntes simus cogitáre áliquid a nobis, quasi ex nobis : sed sufficiéntia nostra ex Deo est : qui et idóneos nos fecit minístros novi testaménti : non líttera, sed spíritu : líttera enim occídit, spíritus autem vivíficat. Quod si ministrátio mortis, lítteris deformáta in lapídibus, fuit in glória ; ita ut non possent inténdere fili Israël in fáciem Moysi, propter glóriam vultus eius, quæ evacuátur : quómodo non magis ministrátio Spíritus erit in glória ? Nam si ministrátio damnátionis glória est multo magis abúndat ministérium iustítiæ in glória. | Mes Frères, la confiance qui nous possède, c’est par Jésus-Christ que nous l’avons devant Dieu : non que nous soyons capables d’avoir une pensée par nous-mêmes comme de nous-mêmes, mais c’est Dieu qui nous en rend capables. C’est lui qui nous a rendus aptes à être les ministres de la nouvelle alliance selon l’Esprit et non la lettre ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie. Que si le ministère de mort gravé en lettres sur la pierre a été accompagné d’une telle gloire que les fils d’Israël ne pouvaient regarder le visage de Moïse à cause de la gloire dont il rayonnait, laquelle néanmoins devait passer : combien le ministère de l’Esprit ne devra-t-il pas être plus glorieux ? Car si le ministère de la condamnation est entouré de gloire, le ministère qui justifie en aura bien davantage. |
Graduale. Ps. 33, 2-3. | Graduel |
Benedícam Dóminum in omni témpore : semper laus eius in ore meo. | Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sera toujours dans ma bouche. |
V/. In Dómino laudábitur ánima mea : áudiant mansuéti, et læténtur. | Mon âme mettra sa gloire dans le Seigneur ; que les doux m’entendent, et qu’ils se réjouissent. |
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 87, 2. | |
Dómine, Deus salútis meæ, in die clamávi et nocte coram te. Allelúia. | Seigneur Dieu de mon salut, j’ai crié vers vous durant le jour et la nuit. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Lucam. | Lecture du Saint Evangile selon saint Luc. |
Luc. 10, 23-37. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Beáti óculi, qui vident quæ vos videtis. Dico enim vobis, quod multi prophétæ et reges voluérunt vidére quæ vos videtis, et non vidérunt : et audire quæ audítis, et non audiérunt. Et ecce, quidam legisperítus surréxit, tentans illum, et dicens : Magister, quid faciéndo vitam ætérnam possidébo ? At ille dixit ad eum : In lege quid scriptum est ? quómodo legis ? Ille respóndens, dixit : Díliges Dóminum, Deum tuum, ex toto corde tuo, et ex tota ánima tua, et ex ómnibus víribus tuis ; et ex omni mente tua : et próximum tuum sicut teípsum. Dixítque illi : Recte respondísti : hoc fac, et vives. Ille autem volens iustificáre seípsum, dixit ad Iesum : Et quis est meus próximus ? Suscípiens autem Iesus, dixit : Homo quidam descendébat ab Ierúsalem in Iéricho, et íncidit in latrónes, qui étiam despoliavérunt eum : et plagis impósitis abiérunt, semivívo relícto. Accidit autem, ut sacerdos quidam descénderet eádem via : et viso illo præterívit. Simíliter et levíta, cum esset secus locum et vidéret eum, pertránsiit. Samaritánus autem quidam iter fáciens, venit secus eum : et videns eum, misericórdia motus est. Et apprópians, alligávit vulnera eius, infúndens óleum et vinum : et impónens illum in iuméntum suum, duxit in stábulum, et curam eius egit. Et áltera die prótulit duos denários et dedit stabulário, et ait : Curam illíus habe : et quodcúmque supererogáveris, ego cum redíero, reddam tibi. Quis horum trium vidétur tibi próximus fuísse illi, qui íncidit in latrónes ? At lle dixit : Qui fecit misericórdiam in illum. Et ait illi Iesus : Vade, et tu fac simíliter. | En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu. Et voilà qu’un docteur de la loi se leva pour le tenter, disant : Maître, que me faut-il faire pour posséder la vie éternelle ? Jésus lui dit : Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Comment lisez-vous ? Il répondit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit ; et votre prochain comme vous-même. Jésus lui dit : Vous avez bien répondu ; faites cela, et vous vivrez. Mais lui, voulant faire paraître qu’il était juste, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? Or Jésus, prenant la parole, dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba entre les mains des voleurs qui le dépouillèrent, et s’en allèrent après l’avoir couvert de coups, le laissant à demi mort. Or il arriva qu’un prêtre descendait par le même chemin, et l’ayant vu il passa outre. De même un lévite étant venu près du lieu, et le voyant, passa outre. Mais un Samaritain qui voyageait arriva près de lui, et, le voyant, fut ému de compassion. S’approchant donc, il banda ses blessures, versant dessus de l’huile et du vin ; et l’ayant mis sur son cheval, il le conduisit dans une hôtellerie où il prit soin de lui. Le lendemain il tira deux deniers qu’il donna à l’hôtelier en disant : Ayez soin de lui, et tout ce que vous dépenserez de plus, je vous le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois vous parait avoir été le prochain de celui qui est tombé entre les mains des voleurs ? Le docteur répondit : Celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Allez donc, lui dit Jésus, et faites de même. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Exodi 32, 11, 13 et 14. | Offertoire |
Precátus est Moyses in conspéctu Dómini, Dei sui, et dixit : Quare, Dómine, irascéris in pópulo tuo ? Parce iræ ánimæ tuæ : meménto Abraham, Isaac et Iacob, quibus iurásti dare terram fluéntem lac et mel. Et placátus factus est Dóminus de malignitáte, quam dixit fácere pópulo suo. | Moïse pria en présence du Seigneur, son Dieu, et il dit : Pourquoi Seigneur, vous irriter contre votre peuple ? Laissez fléchir votre colère ; souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et de Jacob à qui vous avez juré de donner une terre où coulent le lait et le miel. Et le Seigneur apaisé ne fit point à son peuple le mal dont il avait parlé. |
Secreta. | Secrète |
Hóstias, quǽsumus, Dómine, propítius inténde, quas sacris altáribus exhibémus : ut, nobis indulgéntiam largiéndo, tuo nómini dent honórem. Per Dóminum. | Regardez favorablement, nous vous en prions, Seigneur, l’offrande que nous vous présentons sur les sacrés autels ; qu’en nous obtenant l’indulgence, elle rende honneur à votre Nom. |
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
Ant. ad Communionem. Ps. 103, 13 et 14-15. | Communion |
De fructu óperum tuórum, Dómine, satiábitur terra : ut edúcas panem de terra, et vinum lætíficet cor hóminis : ut exhílaret fáciem in oleo, et panis cor hóminis confírmet. | La terre, Seigneur, sera rassasiée du fruit de vos ouvrages ; vous tirez le pain de la terre, et le vin réjouit le cœur de l’homme ; l’huile répand sur son front l’allégresse, et le pain affermit son cœur. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Vivíficet nos, quǽsumus, Dómine, huius participátio sancta mystérii : et páriter nobis expiatiónem tríbuat et múnimen. Per Dóminum nostrum. | Faites, nous vous en supplions, Seigneur , que cette participation aux saints Mystères nous vivifie, et qu’elle soit pour nous en même temps purification et défense. |
[1] Cass. Collat, X, 10.
[2] Dur. Rat. VI, 126.
[3] Rup. De div. Off. XII, 12.
[4] Eph. IV, 15-16.
[5] Jean. IV, 10.
[6] Luc. II, 14.
[7] Eccli. VI, 39-32.
[8] Gen. XV, 18.
[9] Rom. VII, 12-13.
[10] Ex. XXXIV, 29-35.
[11] Ibid. XXIII, 11.
[12] II Cor. IV, 6.
[13] Jean. I, 4, 9.
[14] Sap. VII, 25-20.
[15] Rom. VIII, 2.
[16] Ibid. 15.
[17] II Cor. III, 17.
[18] Ex. XXXIII, 17-19.
[19] Ibid. 11.
[20] Ibid. 20.
[21] Num. XII, 8.
[22] II Cor, III, 14.
[23] Ibid. 12.
[24] II Cor. III, 18.
[25] Rom. VIII, 29.
[26] Matth. III, 17 ; XVII, 5.
[27] II Cor. VI, 16.
[28] Lev. XXVI, 12.
[29] Isai. XLIII, 5-7.
[30] II Cor. VII, 1.
[31] II Cor. IV, 7-18, etc.
[32] Luc X, 21-23.
[33] I Petr. I, 8.
[34] Ibid. I.
[35] Ambr. in Luc. X.
[36] II Petr. III, 15.
[37] Heb.XI.
[38] I Petr. I, 10-12.
[39] Bed. in Luc. III. Homélie du jour.
[40] Heb. XI, 33-39.
[41] I Petr. I, 13-16.
[42] Ibid. II, 9.
[43] Heb. XII, 1-2.
[44] II Cor. V, 16.
[45] Luc. XVII, 21.
[46] Eph. III, 10-19 .
[47] Col. III, 10.
[48] Dion. Ar. De div. nom. VII, 3.
[49] De myst. theol. I, 1.
[50] Psalm. XVII, 12.
[51] Jean. XIV, 23.
[52] Col. III, 3.
[53] Jean. XIV, 21.
[54] Col. III, 4.
[55] I Petr. I, 8.
[56] Matth. XXII, 36-40.
[57] Office de la nuit.
[58] Gal. V, 6.
[59] Rom. XIII, 8.
[60] Ibid. 10.
[61] Ibid. 9.
[62] I Jean. IV, 20.
[63] Gal. V, 14.
[64] Bar. III, 38.
[65] Ibid. IV, 1.
[66] Jean. IV, 9.
[67] Gemm. anim. IV, 69.
[68] II Cor., 3, 5.
[69] Rom., 1, 20.
[70] II Cor., 12, 15.
[71] Luc., 10, 35.