Ce Dimanche est appelé en Occident le Dimanche du Sourd et Muet, depuis que l’Évangile du Pharisien et du Publicain a été transféré huit jours plus tôt. La Messe actuelle garde encore cependant, il sera facile de le constater, plus d’un souvenir de l’ancienne disposition.
Dans les années où la Pâque se rapproche le plus du 21 mars, la lecture des livres des Rois se poursuit jusqu’à cette semaine, qu’elle ne dépasse jamais. C’est la maladie d’Ézéchias et la guérison miraculeuse obtenue par les prières du saint roi, qui font alors le sujet des premières Leçons de l’Office de la nuit [1].
A LA MESSE.
Le docte et pieux abbé Rupert, écrivant avant le changement survenu dans l’ordre des lectures évangéliques, explique en ces termes le choix fait par l’Eglise de l’Introït du jour : « Le Publicain, dans l’Évangile, s’accuse et dit : Je ne suis pas digne de lever mes yeux au ciel. Paul, dans l’Épître, l’imite en disant : Je suis le plus petit des Apôtres, indigne d’en porter le nom, car j’ai persécuté l’Église de Dieu. Comme donc cette humilité qui nous est donnée pour exemple est la gardienne de l’unité des serviteurs de Dieu, en faisant que l’un ne s’élève pas contre l’autre [2], c’est à bon droit qu’on chante d’abord l’Introït où il est parlé du Dieu qui fait habiter dans sa maison des hommes d’une seule âme [3]. »
Rien n’est touchant comme la Collecte de ce jour, lorsqu’on la rapproche de l’Évangile qu’elle accompagnait primitivement. Pour être moins immédiat aujourd’hui, ce rapport n’a point disparu, puisque l’Épître, ainsi que nous le disions tout à l’heure, continue par l’exemple de saint Paul la leçon d’humilité que nous donnait le publicain repentant. En présence du spectacle qu’offre toujours à ses yeux maternels ce publicain méprisé du Juif, mais frappant sa poitrine et pouvant à peine dans sa douleur prononcer une parole, la sainte Église, émue jusqu’au fond des entrailles, vient donc compléter et aider sa prière. Avec une délicatesse ineffable, elle demande au Dieu tout-puissant, par sa miséricorde infinie, de rendre la paix aux consciences troublées en pardonnant les fautes, et d’accorder ce que la prière même des pauvres pécheurs n’ose formuler dans sa réserve craintive.
ÉPÎTRE
Dimanche dernier, le Publicain nous rappelait l’humilité qui convient au pécheur. Aujourd’hui le Docteur des nations nous montre en sa personne que cette vertu ne sied pas moins à l’homme justifié, qui se souvient d’avoir autrefois offensé le Très-Haut. Le péché du juste, fût-il remis dès longtemps, demeure sans cesse devant ses yeux [4] ; toujours prêt à s’accuser lui-même [5], il ne voit dans le pardon et l’oubli divins [6] qu’un motif nouveau de ne jamais perdre, quant à lui, le souvenir de ses fautes. Les faveurs célestes qui viennent parfois récompenser la sincérité de son repentir, la manifestation des secrets de la Sagesse éternelle [7], l’entrée dans les puissances du Seigneur, en le conduisant plus avant dans l’intelligence des droits de la justice infinie [8], lui révèlent mieux aussi l’énormité des crimes volontaires qui sont venus s’adjoindre aux souillures de son origine [9]. Bientôt, dans cette voie, l’humilité n’est plus seulement pour lui une satisfaction donnée à la justice et à la vérité par son intelligence éclairée d’en haut : à mesure qu’il vit avec Dieu d’une union plus étroite et qu’il s’élève par la contemplation dans la lumière et l’amour, la divine charité, qui le presse toujours plus en toutes manières [10], se fait un aliment du souvenir même de ses fautes. Elle sonde l’abîme d’où la grâce l’a tiré, pour s’élancer de ces profondeurs de l’enfer plus véhémente, plus dominante et plus active. C’est alors que la reconnaissance pour les richesses sans prix qu’il tient aujourd’hui de la libéralité souveraine ne suffit plus au pécheur d’autrefois, et que l’aveu de ses misères passées sort de son âme ravie comme un hymne au Seigneur.
Comme Augustin, à la suite de Paul [11], « il glorifie le Dieu juste et bon en publiant de soi le bien et le mal, afin de gagner à l’unique objet de sa louange et de son amour l’esprit et le cœur des humains [12]. » Et le converti de Monique et d’Ambroise, l’illustre évêque d’Hippone, plaçait en tête de ses Confessions immortelles la parole des psaumes, qui expliquait son but et sa pensée : Vous êtes grand, Seigneur, et digne de toute louange ; grande est votre puissance, et sans mesure votre sagesse [13] !
« Et c’est vous que l’homme prétend louer ! poursuit-il : l’homme, portion chétive de votre création, promenant partout sa mortalité, et, avec elle, le témoignage de son péché, le témoignage que vous résistez aux superbes [14] ! Et pourtant, cet être infime qui veut vous louer, ô Dieu, vous l’excitez à se complaire en cette louange. Recevez donc l’hommage que vous offre ma langue formée pour louer votre Nom. Que ma chair et tous mes os, guéris par vous, s’écrient : Seigneur, qui est semblable à vous [15] ? Que mon âme vous loue pour vous aimer ; que pour vous louer elle confesse vos miséricordes. Je veux repasser présentement dans ma pensée mes longs égarements, et vous immoler sur ma honte une hostie d’allégresse [16]. Non que j’aime mes fautes ; mais c’est pour vous aimer, vous, mon Dieu, que je les rappelle ; c’est par amour de votre amour que je reviens à ces amertumes pour savourer vos délices, ô douceur qui ne trompez pas, douceur bienheureuse et sans périls, qui rassemblez mes puissances et les rappelez de la dispersion douloureuse où les avait jetées mon éloignement de vous, centre unique de tout être. Que suis-je pour moi sans vous, qu’un guide conduisant aux abîmes ? Lorsqu’en moi tout est bien, que suis-je, que le petit enfant au sein de sa mère, le nourrisson puisant en vous dans la jouissance une nourriture incorruptible ? Qu’est l’homme enfin, quelque homme qu’il soit, puisqu’il est homme ? Qu’ils rient de moi, les puissants, ceux-là, ô mon Dieu, qui n’ont pas encore eu l’heureuse fortune d’être terrassés et brisés par vous ! Nous les petits, en face de ces forts, nous nous confessons et vous louons dans notre misère. Point n’est besoin pour cela de la parole et de la voix, vous entendez les cris de la pensée : quand je suis mauvais, c’est me confesser et vous louer que de me déplaire à moi-même ; quand je suis bon, c’est me confesser et vous louer que de ne pas m’en attribuer la cause. Car si vous bénissez le juste[Psalm. V, 13.[]], ô Seigneur, c’est que [17] vous l’avez d’abord justifié comme impie [18]. »
C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, doit dire en effet le juste avec l’Apôtre ; et lorsque cette vérité fondamentale est affermie dans son âme, il peut sans crainte ajouter avec lui : Sa grâce n’a pas été stérile en moi. Car l’humilité repose sur la vérité, disions-nous Dimanche : on manquerait à la vérité en rapportant à l’homme ce qui, dans l’homme, vient du souverain Être ; mais ce serait aller aussi contre elle, que de ne pas reconnaître avec les saints les œuvres de la grâce où Dieu les a mises. Dans le premier cas, la justice se trouverait blessée non moins que la vérité ; dans le second, la gratitude. L’humilité, dont le but direct est d’éviter ces lésions injustes de la gloire due à Dieu en réfrénant les appétits de la superbe, devient ainsi d’autre part le plus sûr auxiliaire de la reconnaissance, noble vertu, qui, dans les chemins d’ici-bas, n’a pas de plus grand ennemi que l’orgueil.
Aux premiers temps de la conversion, il est bon, il est prudent et nécessaire même généralement, pour les âmes, d’insister plus dans leurs méditations sur la considération de leurs défauts et de leurs fautes que sur la pensée des faveurs divines ; toujours est-il, cependant, qu’alors même il n’est permis à aucun homme d’oublier qu’il doit non seulement pleurer ses crimes passés et veiller sur sa vie présente, mais aussi remercier sans fin l’auteur de son bienheureux changement et de ses progrès dans la vertu [19]. Lorsque le chrétien ne peut voir en lui-même une grâce, un bien quelconque, sans qu’aussitôt il lui faille lutter pour écarter les complaisances de l’amour-propre et la pensée de se préférer à d’autres, il n’a pas à s’en troubler sans doute ; car le péché d’orgueil n’est pas dans la suggestion mauvaise qui peut s’en présenter, mais dans le consentement qu’on lui donne ; toutefois cette hésitation du regard intérieur n’est pas sans inconvénient dans les voies spirituelles, et l’homme qui veut s’élever vers Dieu doit tendre doucement à la faire disparaître. Avec l’aide de la grâce il raffermira peu à peu l’œil de son âme, et guérira, parla pratique des Sacrements, son infirmité de nature. Surtout, qu’en ce point, comme pour tant d’autres, il se confie pleinement à Dieu qui l’appelle ; de lui-même, il serait impuissante se dégager des restes involontaires du péché qui, comme autant d’humeurs viciées, faussent en lui la belle lumière des dons divins ou la font dévier par une réfraction malheureuse.
Si votre œil est simple, nous dit le Seigneur [20], votre corps tout entier sera lumineux, sans qu’aucune partie soit obscure ; la lumière vous illuminera pleinement et sûrement, parce qu’elle vous arrivera sans altération ni détour. C’est donc à la douce simplicité, fille de l’humilité et son inséparable compagne, qu’il appartient de nous dire comment s’allient dans les âmes, et se complètent mutuellement, la connaissance réfléchie des faveurs qu’elles reçoivent du ciel et la conscience de leur misère ; elle nous apprend, à la clarté des Écritures et à l’école des Saints, que se louer dans le Seigneur [21], se glorifier en Dieu [22], c’est louer et glorifier le Seigneur même. Quand Notre-Dame proclamait que toutes les générations l’appelleraient bienheureuse, l’enthousiasme divin qui l’animait n’était pas moins l’extase de son humilité que de son amour [23]. La vie des âmes d’élite présente à chaque pas de ces transports sublimes, Où reprenant pour soi le cantique de leur Reine, elles magnifient le Seigneur en chantant les grandes choses qu’il fait par elles dans sa puissance [24]. Lorsque saint Paul, après l’appréciation si basse qu’il porte de lui-même comparé aux autres Apôtres, ajoute que la grâce a été productive en lui et qu’il a travaillé plus qu’eux tous [25], ne croyons pas qu’il change de thème, ou que l’Esprit qui le dirige veuille corriger ainsi ses premières expressions ; un seul besoin, un même et unique désir lui inspire ces paroles en apparence diverses et contraires : le désir et le besoin de ne pas frustrer Dieu dans ses dons, soit par l’appropriation de l’orgueil, soit par le silence de l’ingratitude.
Nous nous sommes étendus de préférence sur ces réflexions que suggèrent les dernières lignes de notre Épître ; elles complètent ce que nous avions à dire de l’humilité, vertu indispensable d’où relève tout progrès comme toute sûreté dans la vie chrétienne. Ce que dit saint Paul au sujet de la résurrection du Seigneur, considérée comme fondement de la prédication apostolique et de la foi des nations [26], n’a pas moins d’importance ; mais le glorieux mystère qui fournit à l’année liturgique dans la Solennité des solennités son pivot et son centre, a été traité durant l’Octave de Pâques avec les développements qu’il mérite. Lors même que le défaut d’espace ne nous y contraindrait pas, nous ne saurions mieux faire que d’y renvoyer le lecteur. Le Graduel nous est donné, dans les ouvrages des pieux interprètes de la Liturgie, comme l’action de grâces des humbles, guéris par Dieu conformément à l’espérance qu’ils avaient mise en lui [27].
ÉVANGILE.
Jésus n’est plus dans la Judée ; le nom des lieux cités en tête de l’Évangile du jour indique que la gentilité est devenue le théâtre des opérations du salut. Quel est donc cet homme qu’on amène au Sauveur, et dont la misère arrache des soupirs au Verbe divin ? Que signifient les circonstances insolites avec lesquelles s’opère sa guérison ?
Cette guérison, d’un seul mot Jésus pouvait l’accomplir, et sa puissance en eût paru plus éclatante. Mais le miracle qui nous est raconté cache un plus grand mystère ; et l’Homme-Dieu, voulant ici surtout nous instruire, subordonne l’exercice de sa puissance au but d’enseignement qu’il poursuit.
Les saints Docteurs nous apprennent en effet que cet homme représente le genre humain tout entier [28] en dehors du peuple juif. Abandonné depuis quatre mille ans dans les régions de l’aquilon où régnait seul le prince du monde [29], il a ressenti les effets désastreux de l’oubli dans lequel l’avait mis, semblait-il, son Créateur et Père, par suite du péché d’origine. Satan dont la ruse perfide l’a fait chasser du paradis, s’en étant emparé, s’est surpassé dans le choix du moyen qu’il a pris pour garder sa conquête. La tyrannie savante [30] de l’oppresseur a réduit son esclave à un état de mutisme et de surdité qui le fixe mieux que des chaînes de diamant sous son empire ; muet pour implorer Dieu, sourd pour entendre sa voix, les deux routes qui pouvaient le conduire à la délivrance sont fermées pour lui. L’adversaire de Dieu et de l’homme, Satan peut s’applaudir. C’en est fait, on peut le croire, de la dernière des créations du Tout-Puissant, c’en est fait du genre humain sans distinction de familles ou de peuples ; car voici qu’elle-même, la nation gardée par le Très-Haut comme sa part de réserve au milieu de la défection des peuples [31], a profité de ses avantages pour renier plus cruellement qu’eux tous son Seigneur et son Roi !
L’Épouse que le Fils de Dieu était venu chercher sur la terre, la société des saints, doit-elle donc se réduire aux rares individualités qui s’attachèrent à lui durant les jours de sa vie mortelle ? Par le zèle de l’Église naissante et l’ineffable bonté du Seigneur, il n’en sera pas ainsi. Chassée de Jérusalem avec son Époux, l’Église a rencontré au delà des confins de Judée le captif de Satan ; elle le convoite pour le royaume de Dieu, et c’est elle qui, par ses apôtres et leurs disciples, l’amène à Jésus, en le priant d’imposer sur lui sa main divine. Car nulle puissance humaine ne saurait le guérir : non seulement, assourdi comme il l’est par le tumulte des passions, il n’entend plus que d’une manière confuse la voix même de sa conscience, et ne perçoit plus l’écho des traditions, les accents des prophètes, que comme un son lointain et sans force ; mais encore, l’ouïe ainsi éteinte, il a perdu, avec ce sens précieux plus que tous les autres ici-bas, la possibilité même de réparer ses pertes, puisque la foi qui pourrait seule le sauver vient de l’ouïe, nous dit l’Apôtre [32].
L’Homme-Dieu gémit en présence d’une misère si extrême. Et comment ne l’eût-il pas fait à la vue des ravages exercés par l’ennemi sur cet être d’élite, dans cette œuvre si belle dont lui-même avait fourni le modèle à la Trinité adorable aux premiers jours du monde [33] ? Levant donc au ciel les yeux toujours exaucés de son humanité sainte [34], il voit l’acquiescement du Père aux intentions de sa compassion miséricordieuse ; et, reprenant l’usage de ce pouvoir créateur qui fit toutes choses par faites à l’origine, il prononce comme Dieu et comme Verbe [35] la parole de restauration toute-puissante :
Ephphetha ! Le néant, ou plutôt, ici, la ruine pire que le néant, obéit à cette voix bien connue ; l’ouïe de l’infortuné se réveille ; elle s’ouvre avec délices aux enseignements que lui prodigue la tendresse triomphante de l’Église, dont les prières maternelles ont obtenu cette délivrance ; et la foi qui pénètre en lui du même coup produisant son effet, sa langue enchaînée reprend le cantique de louange au Seigneur interrompu par le fatal péché depuis des siècles [36].
Cependant l’Homme-Dieu, disions-nous, veut moins, dans cette guérison, manifester la puissance de sa parole divine qu’instruire les siens ; il veut leur révéler symboliquement les réalités invisibles produites par sa grâce dans le secret des sacrements. C’est pourquoi il emmène l’homme qu’on lui présente à l’écart, à l’écart de cette foule tumultueuse des passions et des vaines pensées [37] qui l’avaient rendu sourd pour le ciel ; à quoi servirait-il en effet de le guérir, si, les causes de sa maladie n’étant pas éloignées, il doit retomber aussitôt ? Jésus, ayant donc garanti l’avenir, met dans les oreilles de chair de l’infirme ses doigts sacrés qui portent l’Esprit-Saint [38] et font pénétrer jusqu’aux oreilles de son cœur la vertu réparatrice de cet Esprit d’amour. Enfin, plus mystérieusement encore, parce que la vérité qu’il s’agit d’exprimer est plus profonde, il touche avec la salive sortie de sa bouche divine cette langue devenue impuissante pour la confession et la louange ; et la Sagesse, car c’est elle qui est ici mystiquement signifiée, la Sagesse qui sort de la bouche du Très-Haut, et découle pour nous comme une onde enivrante de la chair du Sauveur [39], ouvre la bouche du muet, comme elle rend éloquente la langue des enfants qui ne parlaient pas encore [40].
Aussi l’Église, pour nous montrer qu’il s’agit figurativement, dans le fait de notre Évangile, non d’un homme isolé, mais de nous tous, a-t-elle voulu que les rites du baptême de chacun de ses enfants reproduisissent les circonstances de la guérison qui nous est racontée. Son ministre doit, avant de plonger dans le bain sacré l’élu qu’elle lui présente, déposer sur sa langue le sel de la Sagesse, et toucher les oreilles du néophyte en répétant la parole du Christ sur le sourd-muet : Ephphetha, c’est-à-dire ouvrez-vous [41]. Il est une instruction d’un autre genre qui ressort également du récit évangélique, et que nous ne devons pas négliger, parce qu’elle arrive opportunément à la suite de ce que nous avons dit sur l’humilité. Jésus-Christ demande le silence aux témoins du miracle qu’il vient d’accomplir, bien qu’il n’ignore pas que leur légitime admiration ne tiendra nul compte de ses recommandations sur ce point. Mais il veut apprendre à ceux qui le suivent que s’il ne leur est pas toujours loisible d’empêcher l’éclat de jaillir de leurs œuvres, que si parfois l’Esprit-Saint lui-même se charge, en dépit de leurs efforts contraires, d’illustrer leur nom ici-bas pour la plus grande gloire du Dieu dont ils sont l’instrument, ils n’en doivent pas moins toujours, quant à eux, fuir l’ostentation, préférer l’abjection [42] ou du moins le silence, et se cacher avec délices dans le secret de la face de leur Dieu [43], redisant avec une égale vérité à la suite des actions les plus retentissantes aussi bien qu’après les plus ignorées : Nous sommes des serviteurs inutiles, nous n’avons fait que ce que nous devions faire [44].
C’est toujours le chant des humbles, délivrés, guéris et glorifiés par Dieu, qui se fait entendre dans l’Offertoire.
L’assemblée des serviteurs de Dieu le supplie, par la Secrète, d’agréer leurs dons, d’en faire au Sacrifice l’hommage de leur servitude et le soutien de leur faiblesse.
L’Antienne choisie pour la Communion ne pouvait mieux convenir, dans un temps où les travaux de la moisson et des récoltes de tout genre se trouvent partout en pleine activité. Nous devons penser en effet à donner au Seigneur, par l’intermédiaire de son Église et des pauvres, les prémices de ces biens qui nous viennent de lui. Mais si nous voulons véritablement honorer Dieu en cela, évitons d’imiter la jactance du Pharisien dans l’acquittement d’un devoir si simple et si profitable à qui l’accomplit.
Le remède sacré des Mystères agit sur le corps et sur l’âme ; produisant ainsi le salut de l’un et de l’autre, il est la vraie gloire du chrétien. L’Église demande pour ses fils, dans la Postcommunion, cette plénitude effective du Sacrement.
La messe de ce jour a un caractère festif très prononcé, et en quelques documents elle est indiquée comme celle de la première semaine après la solennité du martyr Laurent. Ce classement ne peut pourtant pas correspondre toujours au XIe dimanche après la Pentecôte, puisque cette dernière est elle-même une fête mobile.
L’introït est un chant de triomphe, où la famille de Jésus célèbre dans l’Esprit Saint son unité, sa perfection et sa force. L’offertoire est un hymne d’action de grâces à l’auteur de si grands bienfaits, et le psaume de la Communion, tout en suggérant la manière d’honorer Dieu dans le juste usage de ses dons matériels, contient une gracieuse allusion à la fécondité de la saison d’été, à la moisson que l’on va recueillir dans les greniers, et à la vendange prochaine pour laquelle les grappes se dorent déjà dans les vignes plantées en grand nombre sur les riantes collines de la campagne romaine. Bref, une belle moisson par une joyeuse matinée d’été.
L’antienne pour l’entrée des ministres sacrés dans le temple est empruntée au psaume 67, qui s’inspire à son tour du cantique de Débora la Prophétesse. « Le Seigneur réside dans son sanctuaire. Il fait retourner chez eux les abandonnés. Il donne à son peuple valeur et force. » Le sanctuaire éternel de Dieu est dans le ciel. C’est là qu’il ramène son troupeau, errant à travers le désert de ce monde. Le chemin nous est disputé par nos adversaires spirituels, symbolisés par tous ces peuples qui se présentèrent devant les Israélites pour les empêcher d’avancer dans l’occupation de la terre promise. Mais le Seigneur prend la défense de ses fidèles. Il se lève à leur aide, et le souffle de son Esprit disperse tous ses ennemis.
La collecte qui suit est un vrai joyau liturgique : « O Dieu, l’on dit que, dans l’immensité de votre amour, sans regarder à nos fautes, vous allez au delà de nos prières elles-mêmes ; répandez sur nous votre miséricorde, éloignant ce que redoute conscience coupable et y ajoutant bénévolement ce que la prière n’ose pas même implorer. »
Cette brève prière de la liturgie dominicale vaut tout un traité sur l’oraison. Celle-ci, pour conserver l’ordre convenable, doit être humble et commencer par les exercices de la voie purgative, demandant assidûment à Dieu le pardon des fautes. Il ne convient pas, en effet, à une âme coupable de mille infidélités, de demander au Seigneur ces faveurs spéciales que seuls peuvent se promettre l’épouse ou l’ami. C’est pourquoi le saint moine qui convertit la courtisane Thaïs, après l’avoir enfermée dans une grotte lui apprit à prier uniquement ainsi : Qui plasmasti me, miserere mei. Il la jugea indigne de prononcer même le nom adorable du Seigneur. Thaïs obéit et devint une sainte.
Quand l’âme a fidèlement accompli les exercices de purification propres à la voie purgative, Dieu lui-même l’invite — ascende superius — à s’élever plus haut, c’est-à-dire à la voie illuminative et enfin même à la voie unitive, à laquelle est réservée l’union parfaite avec le Seigneur, le don de l’amour, qui est précisément ce à quoi fait humblement allusion aujourd’hui la collecte : et adiicias quod oratio non praesumit. Certes, l’oraison du pauvre pécheur ne peut prétendre à un si grand don ; mais il est bien permis de l’espérer de l’infinie bonté de Dieu, par les mérites du Christ ; car si la grâce de l’amour parfait ne nous est pas due à nous, elle lui est certainement due à lui et elle nous sera accordée par égard pour lui.
Aujourd’hui le texte de l’épître aux Corinthiens qui fait suite à la lecture de dimanche dernier (I, 15, 1-10) contient en traits concis mais énergiques le plan de la primitive catéchèse chrétienne, tant dans sa partie dogmatique que dans sa partie historique et christologique. Elle est basée entièrement sur le dogme de la résurrection de Jésus, attestée de mille manières par l’Écriture et par les Apôtres. Les fidèles sont sauvés au moyen de cette foi qui, néanmoins, ne doit pas demeurer stérile et morte, mais doit être féconde et fructifier en bonnes œuvres, à l’imitation de Paul lui-même, en qui la grâce de Dieu ne fut pas inerte et inactive, mais, mise en valeur par la coopération de l’Apôtre, fructifia tellement que l’ancien persécuteur de Damas put ensuite, sous l’inspiration du Paraclet, se rendre à lui-même ce témoignage, qu’il avait plus travaillé pour la prédication, de l’Évangile que tous ]es autres apôtres. Abundantius illis omnibus laboravi. Splendide louange, glorification magnifique que celle-ci, et qui concerne non les visions et les dons célestes, mais les labeurs supportés pour l’Évangile.
Le répons est commun au vendredi après le IIIe dimanche de Carême et provient du psaume 27. « Mon cœur se confie en Dieu, de qui j’ai reçu secours. Mon cœur tressaille de joie et le célèbre par des chants. V/. Vers vous, Seigneur, j’élève mon cri ; ah ! Ne vous taisez pas, ne vous éloignez pas. » Le Seigneur se tait quand l’âme, par son continuel mépris et abus de la grâce, a mérité de ne plus l’entendre. Alors II ne parle plus intérieurement au cœur, parce que ce cœur volontairement et de lui-même s’est endurci, desséché, de manière à ne pouvoir plus écouter la voix de Dieu. Cet état est très voisin de celui de l’impénitence finale, et doit faire trembler spécialement les âmes tièdes dont là maladie souvent s’aggrave et conduit à cette espèce de léthargie spirituelle.
Le verset alléluiatique est tiré du psaume 80, où l’on invite à se réjouir dans le Seigneur, Dieu de Jacob, aide et bras puissant de toute la postérité spirituelle d’Israël. Que l’on entonne donc des hymnes, que l’on chante en s’accompagnant de la harpe, pour rendre à Dieu les actions de grâces qui lui sont dues.
Quand le Seigneur, qui est l’universel souverain de toutes choses, prend dans les Écritures le nom de Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il le fait pour indiquer que ces saints Patriarches morts vivaient en Lui et qu’il leur appartenait à titre spécial de récompense, pour avoir été l’objet de leur foi, de leur espérance et de leur charité quand ils étaient voyageurs ici-bas.
La lecture évangélique de saint Marc (7, 31-37) avec le récit de la guérison du sourd-muet de la Décapole, rappelait aux anciens fidèles une des cérémonies les plus émouvantes de leur catéchuménat, alors que le prêtre avait, avec l’huile bénite et sa salive, signé leurs lèvres fermées jusqu’alors aux louanges divines, disant avec Jésus : « Ephpheta... ouvrez-vous. » Saint Grégoire le Grand commenta ce miracle avec une grande profondeur de vues, quand il expliqua au peuple le prophète Ézéchiel [45].
L’Évangile de ce jour se termine par ce chant de reconnaissance adressé à Jésus par les foules émues : « Il a tout disposé dans sa bonté ; il a rendu l’ouïe aux sourds et la parole aux muets. » A plus forte raison pouvons-nous le répéter, après vingt siècles de rédemption, nous qui comprenons bien mieux que ces foules tout le sens de ce bene omnia fecit ! Il a tout disposé selon les voies ineffables de sa miséricorde, les nations, les familles et les individus. Au fond, toute l’histoire de l’Église, bien plus, l’histoire du monde, confirment cette unique vérité : Bene omnia fecit. C’est là le véritable optimisme, celui qui est digne du Dieu très bon et très grand.
L’antienne durant l’offrande du peuple est commune au mercredi des Cendres et provient du psaume 29 : « O Seigneur ! Vous m’avez mis en sûreté, je vous exalterai parce que vous n’avez jamais laissé se réjouir à mon sujet mes adversaires. Mon Dieu, je vous appelai à l’aide, et vous me guérîtes. » Ce cantique d’action de grâces, l’Esprit Saint le met sur les lèvres du Christ crucifié et ressuscité triomphant de la mort. Celui-ci, en expirant, confia son sort au Père, et le Père, voulant le venger de ses ennemis qui ensevelirent son cadavre et firent garder la caverne sépulcrale pour empêcher qu’on l’enlevât, serra contre sa poitrine ce Cœur transpercé, refroidi et qui ne battait plus. Ce Cœur lui appartenait, parce que c’était le Cœur de son Fils, un Cœur qui lui était entièrement consacré. Au contact du Cœur paternel, le Cœur de Jésus recouvra pour ainsi dire la chaleur et le mouvement vital. Le Père venge la gloire de son Fils. Les impies l’ont jugé indigne de vivre et l’ont condamné à une mort ignominieuse ; mais le divin Père le rappelle à une vie nouvelle et indéfectible, une vie glorieuse, qui est aussi une cause de résurrection pour tous ceux qui croient en lui.
La secrète implore du Seigneur un regard favorable sur le sacrifice qui va lui être offert, afin qu’il soit aussi un remède contre la faiblesse de notre nature. La servitus dont parle le Missel correspond à ce que les Grecs appellent liturgie, c’est-à-dire le ministère sacerdotal. Comme la nourriture donne la force au corps, ainsi l’Eucharistie confère à l’âme une vigueur divine, cette vigueur qui maintenait intrépides les martyrs sur les bûchers et en face du glaive des bourreaux. C’est d’eux, en effet, qu’il fut dit : Eucharistia martyres alit.
L’antienne pour la Communion est tirée des Proverbes (3, 9-10), en vertu d’une exception aux règles ordinaires de l’antiphonie classique, mais elle s’adapte trop bien au caractère de ces messes d’été, durant la saison de la moisson, pour que le rédacteur du sacramentaire grégorien ait pu renoncer à s’en servir. « Honore le Seigneur selon ton avoir, et offre-lui les prémices de ta moisson. En récompense, tes greniers seront remplis de blé, et ton pressoir distillera le vin en abondance. »
Le sens général de cette antienne est d’inculquer qu’il convient d’offrir au Seigneur et à l’Église les prémices des fruits de la terre, comme pour consacrer en elles la récolte tout entière. Bien plus, il était de règle, dans l’antiquité, que cette bénédiction des fruits nouveaux eût lieu peu après l’anamnèse, et c’est à elle que se rapportent, dans le Canon romain, ces paroles : Per quem haec omnia — c’est-à-dire les fruits — semper bona creas, sanctificas, vivificas, etc.
Dans la prière d’action de grâces, nous demandons au Seigneur, par la vertu du Sacrement, la santé de l’âme et du corps. L’Eucharistie nourrit réellement l’âme, mais le corps lui aussi ressent les effets bienfaisants de ce contact avec le Corps de Jésus, contact qui, finalement, lui vaut le don de la résurrection dernière.
Ephpheta — Ouvre-toi.
Nous avons remarqué que les dimanches après la Pentecôte, malgré leur variété, présentent deux formes principales. Tantôt, ils nous montrent deux images opposées : le bon et le mauvais arbre, les enfants du monde et les enfants de lumière, l’homme spirituel et l’homme charnel, l’humble publicain et l’orgueilleux pharisien. Tantôt, dans l’image d’une guérison ou d’un autre événement évangélique, ils nous rappellent notre conversion baptismale. Le dimanche est une petite fête de Pâques, un jour de baptême pour nous. Ce dimanche est un renouvellement de la grâce du baptême.
1. La messe (Deus in loco). — Nous entrons dans la maison de Dieu (Intr.). Nous songeons alors à ce que nous possédons dans cette maison. C’est là que demeure et trône notre Seigneur et notre Roi. L’église est la maison de notre Père. C’est la résidence des enfants de Dieu. C’est là qu’ils n’ont qu’une pensée et qu’une foi. Ils sont réunis par les liens de la charité. C’est là qu’ils se rassemblent tous, le jour du Seigneur, autour de leur Roi. Il leur confère force et courage (dans la messe du dimanche) pour entreprendre le combat contre le monde. L’image de paix se transforme, en effet, en image de guerre (Ps. 67). Les chrétiens sont pour ainsi dire une armée rangée qui s’avance à travers le monde, mettant en fuite les ennemis. La liturgie nous fait ainsi envisager les deux aspects de la vie chrétienne. Ces deux aspects se manifestent aussi dans le chant du Kyrie et celui du Gloria. Nous exprimons dans le Kyrie notre besoin de Rédemption ; puis, dans le Gloria, nous nous élevons à la joie de la Rédemption. Le Gloria est aujourd’hui un cantique pascal. Nous nous disons en le chantant : Je suis racheté, je suis un enfant de Dieu.
L’oraison, si riche de pensées, achève l’office de prière ; nous y exprimons aussi l’aspect de la vie chrétienne. Nous pouvons donc voir, dans l’office de prière, le commentaire des deux prières principales du Notre Père : Assurez-nous le royaume des cieux et écartez de nous le péché.
Écoutons maintenant le message de Dieu (Ép.). Saint Paul se tient devant nous et nous annonce le message pascal. Nous le voyons tel qu’il était quand, devant la communauté de Corinthe, il annonçait les grandes vérités de la foi : le Christ est mort pour nos péchés, le Christ est ressuscité. Il cite des témoins de la Résurrection et parmi eux il se cite lui-même. Le Christ lui est apparu. Lui aussi a été autrefois malade comme le sourd-muet ; il se désigne comme un avorton, le dernier parmi les Apôtres. Paul raconte comment il a reçu la grâce du baptême ; puis se manifeste sa conscience d’avoir été racheté : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, mais sa grâce n’a pas été vaine en moi ». Pendant toute sa vie, saint Paul eut ce sentiment de la Rédemption.
Pendant l’Évangile, nous nous transportons en esprit à la nuit de Pâques et nous nous tenons près des fonts baptismaux. Chacun de nous est le sourd-muet ; le Christ nous apparaît ; le divin médecin de l’âme met ses doigts dans nos oreilles et sur notre langue pour nous guérir. Nous recouvrons l’ouïe et la parole, nous devenons des illuminés pour le ciel. Nous portons comme offrande à l’autel une ardente reconnaissance pour le bienfait de la Rédemption.
Le psaume 29, à l’Offertoire, est un beau cantique d’action de grâces et, en même temps, un cantique de sacrifice. Maintenant, au Saint-Sacrifice, l’œuvre de la Rédemption est actuelle et réelle. Nous avons entendu : le Christ est mort pour nos péchés, il est ressuscité. Le Christ est présent sur l’autel ; sur l’autel apparaît l’Agneau immolé et glorifié. A la messe descend parmi nous le Sauveur pascal, tel qu’il apparut aux 500 frères sur la montagne, tel qu’il se montra à saint Paul sur le chemin de Damas. Dans la Communion, le Sauveur de l’âme vient jusqu’à moi. Il dit : Il reste encore beaucoup de cécité, de surdité et de mutisme dans ton âme. « Ephpheta », dit-il aujourd’hui comme au moment du baptême, ouvre-toi. Ce que tu as reçu au baptême, ajoute-t-il, je veux le maintenir, l’affermir, je veux t’enrichir pour le jour de mon retour.
2. Pensées du dimanche. — Dans le fait évangélique que nous avons lu l’Église voit depuis longtemps le symbole du baptême. Car c’est tout d’abord par le baptême que l’homme reçoit l’ouïe spirituelle et la parole véritable. Avant le baptême, il est pour ainsi dire sourd-muet. Il ne peut parler à Dieu dans la prière parce qu’il n’a pas la foi ; il ne peut pas davantage entendre la voix de Dieu. Ainsi donc, pour le royaume de Dieu, il est sourd-muet. Mais par le baptême il devient enfant de Dieu, il reçoit la vie de la grâce sanctifiante. Le Saint-Esprit demeure en lui et il est l’intermédiaire entre Dieu et son âme. Le Saint-Esprit est pour ainsi dire la langue qui peut parler à Dieu, l’oreille qui entend la voix de Dieu. Aussi, c’est un usage antique que le prêtre, dans les cérémonies du baptême, fasse quelque chose de semblable à ce que fit le Seigneur dans la guérison du sourd-muet. Le prêtre mouille avec de la salive les oreilles de l’enfant en disant : « Ephpheta, c’est-à-dire : ouvre-toi ». Il touche aussi le nez en disant : « Pour l’odeur de suavité -. Voici ce qu’il veut exprimer par-là : le baptême ouvre l’ouïe spirituelle ; il doit aussi répandre dans le baptisé le parfum des vertus. Ce que le baptême a commencé, la Sainte Eucharistie doit le continuer et le compléter. L’Église nous propose ce beau passage évangélique, nous donner cette leçon : Vous venez aujourd’hui pour à la messe comme de pauvres sourds-muets. Les bruits du monde vous empêchent d’entendre ce que Dieu vous dit. Vous vous tenez devant Dieu comme un enfant bégayant et vous ne trouvez pas une parole convenable. La grâce de la messe d’aujourd’hui doit vous restituer l’ouïe spirituelle, délier votre langue et vous rendre de plus en plus aptes à faire partie, un jour, du chœur des anges pour chanter la louange de Dieu. Ainsi donc le baptême doit être continué par la messe d’aujourd’hui.
Dans l’Épître, saint Paul nous annonce le message pascal : le Christ est mort pour nos péchés ; il a été enseveli, il est ressuscité. Saint Paul cite les témoins de la Résurrection : Pierre, les onze Apôtres ; il parle ensuite d’une apparition du Ressuscité devant 500 frères dont plusieurs vivaient encore de son temps. Il s’agit sans doute de l’apparition sur la montagne de Galilée sur laquelle le Seigneur rassembla une fois encore tous ses disciples. Le Sauveur apparut aussi à Jacques le Mineur en particulier. Les évangiles ne disent rien de cette apparition. Saint Paul cite encore un témoin de la Résurrection du Seigneur, c’est lui-même ; « Il apparut enfin à moi-même qui ne suis qu’un avorton. Je suis le dernier des Apôtres et je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu ». Le Sauveur apparut à saint Paul devant les portes de Damas et fit de lui un Apôtre. Néanmoins, il demeure petit et humble, il ne se croit pas digne de porter le titre honorifique d’Apôtre ; il se nomme un avorton. Il ne peut donc se vanter d’aucun mérite personnel. « Ce n’est que par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ». Il est une œuvre de la grâce de Dieu. — C’est ainsi que nous devrions parler nous aussi. De nous-mêmes, nous ne sommes rien ; si nous sommes grands, c’est par la grâce. Puissions-nous dire comme saint Paul : « La grâce de Dieu ne fut pas vaine en moi ». Cela veut dire que saint Paul a coopéré à la grâce. Que l’Épître convient donc bien à ce dimanche ! L’Évangile nous rappelle notre baptême. Dans l’Épître, l’Église veut nous rappeler le message pascal et nous montrer en même temps dans la conversion de saint Paul l’image de notre conversion baptismale.
Ant. du Magnificat aux 1ères Vêpres Je vous conjure, Seigneur, * souvenez-vous, je vous prie, comment j’ai marché devant vous dans la vérité et avec un cœur parfait, et (comment) j’ai fait ce qui vous est agréable.
Leçons des Matines avant 1960
Au premier nocturne.
Du quatrième Livre des Rois.
Première leçon. Première leçon. — En ces jours-là, Ézéchias fut malade jusqu’à la mort ; alors vint vers lui Isaïe, le Prophète, fils d’Amos, et il lui dit : Voici ce que dit le Seigneur : Donne des ordres à ta maison ; car tu mourras, toi, et tu ne vivras pas. Ézéchias tourna sa face vers la muraille, et pria le Seigneur, disant : Je vous conjure, Seigneur, souvenez-vous, je vous prie, comment j’ai marché devant vous dans la vérité et avec un cœur parfait, et comment j’ai fait ce qui vous est agréable. Et Ézéchias pleura d’un grand pleur.
Deuxième leçon. Et avant qu’Isaïe eût franchi la moitié du vestibule, la parole du Seigneur lui fut adressée, disant : Retourne, et dis à Ézéchias, chef de mon peuple : Voici ce que dit le Seigneur Dieu de David, votre père : J’ai entendu ta prière et j’ai vu tes larmes ; et voilà que je t’ai guéri, dans trois jours tu monteras au temple du Seigneur. Et j’ajouterai quinze années à tes jours ; et même je te délivrerai de la main du roi des Assyriens, toi et cette ville, et je protégerai cette ville, à cause de moi, et à cause de David, mon serviteur. Alors Isaïe dit aux serviteurs du roi : Apportez-moi une panerée de figues. Lorsqu’ils la lui eurent apportée et qu’ils l’eurent mise sur l’ulcère du roi, il fut guéri.
Troisième leçon. Or Ézéchias avait dit à Isaïe : Quel sera le signe que le Seigneur me guérira, et que je monterai dans trois jours au temple du Seigneur ? Isaïe lui répondit : Voici, de la part du Seigneur, le signe que le Seigneur accomplira la parole qu’il a dite : Voulez-vous que l’ombre (du soleil) monte de dix lignes, ou qu’elle rétrograde d’autant de degrés ? Et Ézéchias dit : Il est facile que l’ombre croisse de dix lignes ; et je ne désire pas que cela se fasse ; mais qu’elle retourne en arrière de dix degrés. C’est pourquoi Isaïe, le Prophète, invoqua le Seigneur, et il ramena l’ombre par les lignes par lesquelles déjà elle était descendue dans l’horloge d’Achaz, de dix degrés en arrière.
Au deuxième nocturne.
Du Commentaire de saint Jérôme, Prêtre, sur le Prophète Isaïe.
Quatrième leçon. De crainte que le cœur d’Ézéchias s’enorgueillisse, après d’incroyables triomphes et une victoire qui préservait d’une captivité, la maladie le visite et il lui est déclare qu’il va mourir, afin que, se tournant vers le Seigneur, il lui fasse changer son arrêt. Nous lisons qu’il en fut ainsi, et pour ce que Jonas avait annoncé, et pour les menaces lancées contre David. De ce que ces choses prédites ne sont pas suivies d’effet, il ne faut pas conclure que Dieu change de résolution, mais il amène les hommes à le connaître ; car le Seigneur a le cœur peiné de sévir contre les hommes. Ézéchias tourna son visage du côté de la muraille, parce qu’il ne pouvait se rendre au temple. Il le tourna vers la muraille du temple, près duquel Salomon avait construit le palais ; ou absolument vers la muraille, pour ne point paraître montrer avec affectation ses larmes à ceux qui l’entouraient.
Cinquième leçon. Apprenant qu’il va mourir, il ne demande pas une prolongation de vie et beaucoup d’années : il s’en remet à la volonté de Dieu sur ce qu’il voudra lui accorder, sachant que Salomon avait plu à Dieu pour ne lui avoir point demandé une longue existence. Près d’aller vers le Seigneur, il rappelle ce qu’il a fait, comment il a marché devant lui dans la vérité et avec un cœur parfait. Heureuse la conscience qui, au temps de l’affliction, se souvient de ses bonnes œuvres : « Heureux, en effet, ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. » Mais comment ; se fait-il qu’il est écrit ailleurs : « Qui pourra se glorifier d’avoir le cœur pur ? » La difficulté se résout ainsi : la perfection du cœur est attribuée ici à Ézéchias, parce qu’il a détruit les idoles, ouvert les portes du temple, brisé le serpent d’airain et accompli les autres actions que rapporte l’Écriture.
Sixième leçon. Il répandit beaucoup de larmes, à cause de la promesse du Seigneur à David, qu’il voyait privée d’effet par sa mort. Ézéchias n’avait pas d’enfants à cette époque, puisqu’après sa mort Manassé commença de régner en Juda, n’étant encore âgé que de douze ans ; ce qui montre avec évidence qu’il ne vint au monde que trois années après la prolongation de vie accordée à Ézéchias. La cause unique de ses larmes est donc qu’il désespérait que le Christ naquît de sa race. D’autres interprètes disent que la mort épouvante les saints eux-mêmes, à cause de l’incertitude du jugement de Dieu et de leur ignorance de la sentence d’où dépendra la demeure qu’ils auront.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Marc.
En ce temps-là : Jésus quitta le pays de Tyr et vint, par Sidon, vers la mer de Galilée, en plein pays de la Décapole. Et le reste.
Homélie de saint Grégoire, pape.
Septième leçon. Quand Dieu, Créateur de toutes choses, a voulu guérir un sourd-muet, il lui mit les doigts dans les oreilles et il prit de la salive et lui toucha la langue. Pourquoi ? Que signifient les doigts du Rédempteur, sinon les dons du Saint-Esprit ? C’est pour cela que, ailleurs, après avoir chassé un démon, il dit : « Si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le Royaume de Dieu est donc venu jusqu’à vous. » Un autre évangéliste exprime cette même parole ainsi : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, le Royaume de Dieu est donc venu jusqu’à vous. » En mettant ces deux textes ensemble, on voit que l’Esprit est appelé doigt de Dieu. Donc, mettre les doigts dans les oreilles, c’est ouvrir à l’obéissance l’esprit du sourd par les dons du Saint-Esprit.
Huitième leçon. Et que veut dire : « Il prit de la salive et lui toucha la langue » ? Pour nous, la salive de la bouche du Rédempteur c’est la sagesse reçue par le discours divin. En effet, la salive découle de la tête dans la bouche. Ainsi, quand le Rédempteur qui est lui-même la Sagesse, touche notre langue, du coup, il la forme aux paroles de la prédication. « Il leva les yeux vers le ciel, et il gémit. » Non qu’il eût besoin de gémir, lui qui donnait ce qu’il demandait : Mais c’était pour nous apprendre à gémir vers celui qui siège au ciel, car nos oreilles doivent s’ouvrir par les dons du Saint-Esprit ; et la langue doit se délier en vue de la prédication par la salive de la bouche, c’est-à-dire par la science de la divine parole.
Neuvième leçon. « Et au même moment il lui dit : Effétha, c’est-à-dire : Ouvre-toi, ses oreilles s’ouvrirent, et du coup fut dénoué le lien de sa langue. » Notons ici que les mots « ouvre-toi » sont en fonction des oreilles bouchées. Mais dès que les oreilles du cœur sont ouvertes à l’obéissance, il s’en suit tout naturellement que le lien de la langue est dénoué pour dire aux autres d’accomplir les bonnes actions qu’on a soi-même accomplies. Alors on ajoute à bon droit : « Il parlait normalement. » Car celui qui pratique d’abord l’obéissance parle ensuite normalement pour exhorter les autres à exécuter ce qu’ils doivent faire.
Ant. du Benedictus à Laudes Quand le Seigneur passa * les confins de Tyr, il a fait entendre les sourds et parler les muets.
Ant. du Magnificat aux 2èmes Vêpres Il a bien fait toutes choses, * il a fait entendre les sourds et parler les muets.
Dominica Undecima post Pentecosten |
11ème Dimanche après la Pentecôte |
Ant. ad Introitum. Ps. 67, 6-7 et 36. | Introït |
Deus in loco sancto suo : Deus qui inhabitáre facit unánimes in domo : ipse dabit virtútem et fortitúdinem plebi suæ. | Dieu est dans son lieu saint, Dieu qui fait habiter dans sa maison des hommes d’une seule âme : il donnera la vertu et la force à son peuple. |
Ps. ibid., 2. | |
Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci eius : et fúgiant, qui odérunt eum, a fácie eius. | Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dissipés, et que ceux qui le haïssent fuient de devant sa face. |
V/.Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Omnípotens sempitérne Deus, qui, abundántia pietátis tuæ, et merita súpplicum excédis et vota : effúnde super nos misericórdiam tuam ; ut dimíttas quæ consciéntia metuit, et adícias quod orátio non præsúmit. Per Dóminum. | Dieu tout-puissant et éternel, qui dépassez par l’abondance de votre bonté les mérites et les vœux de ceux qui vous prient, répandez sur nous votre miséricorde : pardonnez les fautes qui agitent la conscience, accordez même ce que n’ose formuler la prière. |
Léctio Epístolæ beáti Pauli Apóstoli ad Corínthios. | Lecture de l’Epître de saint Paul, Apôtre, aux Corinthiens. |
1. Cor. 15, 1-10. | |
Fratres : Notum vobis fácio Evangélium, quod prædicávi vobis, quod et accepístis, in quo et statis, per quod et salvámini : qua ratione prædicáverim vobis, si tenétis, nisi frustra credidístis. Trádidi enim vobis in primis, quod et accépi : quóniam Christus mortuus est pro peccátis nostris secúndum Scriptúras : et quia sepúltus est, et quia resurréxit tértia die secúndum Scriptúras : et quia visus est Cephæ, et post hoc úndecim. Deinde visus est plus quam quingéntis frátribus simul, ex quibus multi manent usque adhuc, quidam autem dormiérunt. Deinde visus est Iacóbo, deinde Apóstolis ómnibus : novíssime autem ómnium tamquam abortívo, visus est et mihi. Ego enim sum mínimus Apostolórum, qui non sum dignus vocári Apóstolus, quóniam persecútus sum Ecclésiam Dei. Grátia autem Dei sum id quod sum, et grátia eius in me vácua non fuit. | Mes Frères, je vous rappelle l’Evangile que je vous ai prêché, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, et par lequel vous êtes sauvés : voyez si vous l’avez retenu en la manière que je vous l’ai annoncé ; car autrement vous auriez cru en vain. Or l’enseignement principal que je vous ai donné comme je l’ai reçu moi-même, c’est que le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, qu’il a été enseveli et qu’il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures, qu’il est apparu à Céphas et ensuite aux onze. Après il a été vu en une seule fois par plus de cinq cents frères, dont la plupart vivent encore présentement et quelques-uns sont morts. Ensuite il s’est montré à Jacques, ensuite à tous les Apôtres. Après tous les autres enfin il s’est fait voir à moi-même qui ne suis qu’un avorton. Car je suis, moi, le moindre des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu. Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce n’a point été stérile en moi. |
Graduale. Ps. 27, 7 et 1. | Graduel |
In Deo sperávit cor meum, et adiútus sum : et reflóruit caro mea, et ex voluntáte mea confitébor illi. | Mon cœur a espéré en Dieu, et j’ai été secouru, et ma chair a refleuri, et je le louerai du fond de mon âme. |
V/. Ad te, Dómine, clamávi : Deus meus, ne síleas, ne discédas a me. | Seigneur, j’ai crié vers vous ; mon Dieu, ne gardez pas le silence, ne m’abandonnez pas. |
Allelúia, allelúia. V/.Ps. 80, 2-3. | |
Exsultáte Deo, adiutóri nostro, iubiláte Deo Iacob : súmite psalmum iucúndum cum cíthara. Allelúia. | Réjouissez-vous en Dieu notre protecteur, chantez au Dieu de Jacob, entonnez le psaume harmonieux sur la cithare. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Marcum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Mathieu Luc Jean Marc. |
Marc. 7, 31-37. | |
In illo témpore : Exiens Iesus de fínibus Tyri, venit per Sidónem ad mare Galilǽæ, inter médios fines Decapóleos. Et addúcunt ei surdum et mutum, et deprecabántur eum, ut impónat illi manum. Et apprehéndens eum de turba seórsum, misit dígitos suos in aurículas eius : et éxspuens, tétigit linguam eius : et suspíciens in cælum, ingémuit, et ait illi : Ephphetha, quod est adaperíre. Et statim apértæ sunt aures eius, et solútum est vínculum linguæ eius, et loquebátur recte. Et præcépit illis, ne cui dícerent. Quanto autem eis præcipiébat, tanto magis plus prædicábant : et eo ámplius admirabántur, dicéntes : Bene ómnia fecit : et surdos fecit audíre et mutos loqui. | En ce temps-là, Jésus, sortant des confins de Tyr, vint par Sidon vers la mer de Galilée, en passant au milieu de la Décapole. Et voici qu’on lui amena un homme qui était sourd et muet, en le priant de lui imposer les mains. Le prenant donc à part du milieu de la foule, il lui mit ses doigts dans les oreilles et de sa salive sur la langue ; et, levant les yeux au ciel, il soupira et lui dit : Ephphetha, c’est-à-dire, ouvrez-vous. Aussitôt ses oreilles furent ouvertes et sa langue déliée, et il parlait comme il convient. Il leur défendit de le dire à personne. Mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient, et plus ils étaient dans l’admiration, disant : Il a bien fait toutes choses ; il a fait entendre les sourds et parler les muets. |
Credo | |
Ant. ad Offertorium. Ps. 29, 2-3. | Offertoire |
Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me, nec delectásti inimícos meos super me : Dómine, clamávi ad te, et sanásti me. | Seigneur, je chanterai vos grandeurs, parce que vous m’avez relevé, et que vous n’avez point donné à mes ennemis sujet de se réjouir contre moi ; Seigneur, j’ai crié vers vous, et vous m’avez guéri. |
Secreta. | Secrète |
Réspice, Dómine, quǽsumus, nostram propítius servitútem : ut, quod offérimus, sit tibi munus accéptum, et sit nostræ fragilitátis subsidium. Per Dóminum. | Regardez, Seigneur, avec bonté l’hommage de notre servitude, afin que nos dons vous soient une offrande agréable et deviennent le secours de notre faiblesse. |
Præfatio de sanctissima Trinitate ; non vero in feriis, quando adhibetur Missa huius dominicæ, sed tunc dicitur præfatio communis. | Préface de la Sainte Trinité ; mais les jours de Féries, où l’on reprend la Messe de ce Dimanche, on dit la Préface Commune . |
Ant. ad Communionem. Prov. 3, 9-10. | Communion |
Hónora Dóminum de tua substántia, et de prímitus frugum tuárum : et implebúntur hórrea tua saturitáte, et vino torculária redundábunt. | Honore de ton bien le Seigneur, et donne-lui des prémices de tes fruits : et tes greniers seront remplis abondamment, et tes pressoirs regorgeront de vin. |
Postcommunio. | Postcommunion |
Sentiámus, quǽsumus, Dómine, tui perceptióne sacraménti, subsídium mentis et córporis : ut, in utróque salváti, cæléstis remédii plenitúdine gloriémur. Per Dóminum nostrum. | Faites, nous vous en supplions, Seigneur , que nous trouvions dans la réception de votre Sacrement le secours de l’âme et du corps, afin que, sauvés dans l’un et l’autre, nous rencontrions notre gloire dans le plein effet du céleste remède. |
[1] IV Reg. XX.
[2] I Cor. IV, 6.
[3] Rup. De div. Off. XII, 11.
[4] Psalm. L, 5.
[5] Prov. XVIII, 17.
[6] Ezech. XVIII, 22.
[7] Psalm. L, 8.
[8] Psalm. LXX, 16.
[9] Psalm. L, 6-7.
[10] II Cor. V, 14.
[11] I Cor. XV, 8-10.
[12] Aug. Retract, II, 6.
[13] Psalm. XLVII, 2 ; CXLVI, 5.
[14] Jac. IV. 6.
[15] Psalm. XXXIV, 10.
[16] Psalm. CXV, 17.
[17] Rom. IV, 5.
[18] Aug. Confess. I, 1 ; II, 1 ; IV, 1 ; V, 1 ; X, 2.
[19] Psalm. L, 16-17.
[20] Luc. XI, 34-36.
[21] Psalm. XXXIII, 3.
[22] I Cor. I, 31.
[23] Luc. I, 48.
[24] Ibid. 49.
[25] I Cor. XV, 10.
[26] I Cor. XV, 14.
[27] Rup. ubi supra ; Durand. Ration, VI. 125.
[28] Ludolph. CARTH. Vita J.-Chr. I, 90.
[29] Isai. XIV, 13.
[30] Ex. I, 10.
[31] Deut. XXXII, 9.
[32] Rom. X, 17.
[33] Gen. I, 26.
[34] Jean. XI, 42.
[35] Ibid. I, 3.
[36] Psalm. L, 17.
[37] Bed. in Marc. II.
[38] Cf. Luc. XI, 20 ; Matth. XII, 28.
[39] Eccli. XXIV, 5 ; XV, 3 ; Isai. XII, 3.
[40] Sap. X, 21.
[41] Rit. rom. Ordo baptism.
[42] Psalm. LXXXIII, 11.
[43] Psalm. XXX, 21.
[44] Luc. XVII, 10.
[45] Homiliar. in Ezech. Lib. I, hom. X.