Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Le 5ème jour dans l’Octave de l’Assomption fut réduit au simple rang de commémoraison en 1928 lorsque la fête de St Jean-Eudes fut inscrite au calendrier à cette date, avant d’être supprimé en 1955 avec toute l’octave.
Comme au jour de la Fête.
Au premier nocturne.
Du Cantique des cantiques. Cap. 5, 8-12 ; 6, 1-5 & 8-12.
Première leçon. Je vous conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, annoncez-lui que je languis d’amour [1]. Qu’est-ce qui distingue ton bien-aimé de tout autre bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Qu’est-ce qui distingue ton bien-aimé de tout autre bien-aimé, pour que tu nous aies ainsi conjurées ? Mon bien-aimé est blanc et vermeil, choisi entre mille. Sa tête est un or excellent ; ses cheveux sont comme les jeunes pousses des palmiers, noirs comme le corbeau. Ses yeux sont comme des colombes qu’on voit sur des petits ruisseaux d’eaux, qui ont été lavées dans le lait, qui se tiennent le long des fleuves les plus abondants [2].
Deuxième leçon. Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, dans le parterre des aromates, afin de se repaître dans les jardins, et de cueillir des lis [3]. Moi je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi, lui qui se repaît parmi les lis. Tu es belle, mon amie, douce et gracieuse comme Jérusalem : terrible comme une armée rangée en bataille [4]. Détourne tes yeux de moi, parce que ce sont eux qui m’ont fait partir promptement [5]. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, qui ont apparu de Qalaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui sont montées du lavoir ; toutes portent un double fruit ; et de stérile, il n’en est point parmi elles.
Troisième leçon. Une seule est ma colombe, ma parfaite ; elle est unique pour sa mère, préférée de celle qui lui a donné le jour [6]. Les jeunes filles l’ont vue, et l’ont proclamée la plus heureuse ; les reines et les femmes du second rang l’ont louée [7]. Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore se levant, belle comme la lune, pure comme le soleil [8], terrible comme une armée rangée en bataille ? Je suis descendu dans le jardin des noyers, afin de voir les fruits des vallées, et afin de regarder si la vigne avait fleuri et si les grenades avaient germé. Je ne l’ai pas su : mon âme m’a jeté dans le trouble à cause des quadriges d’Aminadab [9]. Reviens, reviens, Sulamite ; reviens, reviens, afin que nous te contemplions [10].
Au deuxième nocturne.
Sermon de saint Bernard, Abbé. Sermo 1 de Assumpt. B.M.V.
Quatrième leçon. En montant aujourd’hui dans les cieux, la glorieuse Vierge a certainement porté à son comble la joie des habitants de la cité d’en haut. C’est elle dont la voix et le salut firent tressaillir un enfant qu’enfermaient encore les entrailles maternelles. Si l’âme d’un enfant qui n’était pas encore né, se fondit dès que Marie parla, quels ne durent pas être les transports des esprits célestes, quand il leur fut donné d’entendre sa voix, de contempler son visage, et de jouir de sa bienheureuse présence ?
Cinquième leçon. Comme aussi qui pourra s’imaginer combien glorieuse a été la Reine du monde dans son assomption, à pareil jour, avec quels sentiments de dévotion l’armée entière des légions célestes s’est portée à sa rencontre ; avec quels cantiques elle a été conduite jusqu’au trône de gloire ? Qui pourra se représenter de quel visage plein de douceur et de sérénité, avec quels embrassements divins elle a été reçue par son Fils et élevée par lui au-dessus de toute créature, avec tout l’honneur que mérite une telle mère, avec toute la magnificence qui convient à un tel Fils ?
Sixième leçon. Assurément, ils étaient doux à la Vierge-Mère, les baisers qu’elle recevait des lèvres de Jésus lorsqu’il était à la mamelle, et qu’elle lui souriait, le pressant sur son sein virginal ; mais penserons-nous qu’ils lui furent moins doux, ceux qu’elle reçut aujourd’hui du même Jésus assis à la droite de son Père, au moment heureux où il salua son arrivée alors que Marie montait à son trône de gloire, chantant l’épithalame et disant : « Qu’il me baise d’un baiser de sa bouche » [11] ? Qui pourra raconter la génération du Christ et l’assomption de Marie ? Car autant sur terre elle a surpassé en grâce toutes les créatures, autant elle les surpasse en gloire dans le ciel.
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 10, 38-42.
En ce temps-là : Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Et le reste.
De l’Homélie de saint Augustin, Évêque. Sermo 27 de verbis Domini
Septième leçon. Le travail qui dissipe (ayant des objets multiples) est passager ; la charité, qui fait l’unité, demeure. Donc ce que Marie a choisi « ne lui sera point enlevé ». Pour toi, Marthe, ce que tu as choisi (c’est évidemment ce qu’il faut sous-entendre), ce que tu as choisi te sera enlevé, toutefois pour ton bien et pour que tu reçoives une chose meilleure. Le labeur te sera enlevé pour que te soit donné le repos. Toi, tu navigues encore, Marie est déjà au port.
Huitième leçon. Vous voyez donc, mes très chers frères, et vous concevez maintenant, ce me semble, quelque chose de grand en ces deux femmes, toutes deux agréables au Seigneur, toutes deux aimées de lui, toutes deux ses disciples ; vous le voyez, dis-je, et vous le reconnaissez, vous tous qui êtes intelligents ; et vous devez aussi l’apprendre et le savoir, vous qui ne comprenez pas encore : à savoir, que ces deux femmes représentent deux vies, la vie présente et la vie future, la vie du travail et la vie du repos, la vie sujette à la souffrance et la vie bienheureuse, la vie temporelle et la vie éternelle.
Neuvième leçon. Ce sont deux vies distinctes, méditez-les vous-mêmes plus à loisir. Que nous offre-t-elle, cette vie, je ne dis pas mauvaise, injuste, criminelle, déréglée, impie, mais laborieuse et pleine de misères, agitée de craintes, harcelée de tentations, je dis cette vie innocente elle-même, telle qu’il convient de l’attribuer à Marthe ? Cette vie donc, considérez-la autant que vous en êtes capables, et méditez-la, je le répète, plus amplement que je ne le fais dans ce discours. Quant à la vie d’iniquité, ni Marie ni Marthe ne la connaissaient : elle était bien loin de cette maison ; et si elle y avait quelquefois été, elle en avait été chassée à l’entrée du Seigneur.
C’est beaucoup, pour un saint, d’avoir une quantité de grâce suffisante au salut d’un grand nombre ; mais s’il en avait autant qu’il suffirait pour le salut de tous les hommes qui sont au monde, ce serait le comble : et cela a lieu en Jésus-Christ et dans la Bienheureuse Vierge [12]. Telle est l’affirmation du prince des théologiens, au sujet de celle que Suarez salue du titre de cause universelle, intimement jointe au Seigneur son Fils [13].
Une autorité plus haute que celle de l’École est venue confirmer sur ce point l’enseignement du Docteur angélique ; dans son encyclique Magnœ Dei Matris, le Souverain Pontife Léon XIII a daigné faire siennes les paroles que nous avons citées. « Quand donc nous saluons Marie pleine de grâce, poursuit l’infaillible chef de l’Église, nous évoquons le souvenir de sa dignité sublime et de la rédemption du genre humain que Dieu accomplit par son entremise ; par là aussi se trouve rappelé le lien divin et perpétuel qui l’associe aux joies et aux douleurs du Christ, à ses opprobres et à ses triomphes, dans le gouvernement et l’assistance des hommes en vue de l’éternité » [14].
La divine Mère se montre à nous comme la fontaine de la Genèse [15], arrosant dès l’origine du monde toute la surface de la terre d’où elle sort. C’est ce que dit saint Bernardin de Sienne [16]. Et parce qu’il est bon qu’on n’ignore pas la manière de s’exprimer des diverses écoles, ajoutons que l’illustre représentant de l’Ordre séraphique reconnaît en Marie ce qu’il nomme « une sorte de juridiction ou d’autorité sur toute procession temporelle de l’Esprit-Saint » [17]. C’est qu’en effet, continue-t-il, « elle est la Mère de Celui dont l’Esprit procède ; et, à cause de cela, tous les dons, vertus et grâces de cet Esprit sont administrés par ses mains, distribués à qui elle veut, quand elle veut, comme elle veut et autant qu’elle veut » [18].
Observons toutefois qu’on ne saurait conclure de ces paroles à l’existence pour la Vierge bénie d’un droit de domaine en rigueur de justice sur l’Esprit et ses dons. Ainsi encore faut-il se garder de supposer jamais que Notre-Dame puisse être considérée en quelque manière comme principe de l’Esprit-Saint, pas plus qu’elle ne l’est du Verbe lui-même en tant que Dieu.
La divine Mère est assez grande, pour qu’elle n’ait nul besoin de voir exagérer ses titres. Elle tient tout, il est vrai, de ce Fils dont elle est la première rachetée. Mais dans l’ordre historique de l’accomplissement du salut, les divines prévenances qui l’élurent gratuitement pour Mère du Sauveur ont fait d’elle pourtant « la source de la source vive », selon le mot de saint Pierre Damien [19]. De plus, pleinement Épouse autant qu’elle était Mère, unie, dans la totalité de ses puissances de nature et de grâce, à toutes les prières, à toutes les souffrances, à toute l’oblation du Fils de l’homme, sa coopératrice véritablement universelle au temps du labeur : comment s’étonner qu’elle garde aux jours de sa gloire la part universelle de l’Épouse, dans la dispensation des biens acquis en commun, quoique diversement, par l’Adam nouveau et la nouvelle Ève ! Encore que Jésus n’y fût point tenu en stricte justice, quel fils croira qu’il y ait manqué ?
Bossuet qu’on ne saurait suspecter d’entraînement, et que pour cette raison nous citons de préférence, n’argua pas des exigences de sa controverse avec l’hérésie pour ne point suivre en un tel sujet la doctrine des Saints. « Dieu, dit-il, ayant une fois voulu nous donner Jésus-Christ par la sainte Vierge, les dons de Dieu sont sans repentance [20], et cet ordre ne se change plus. Il est et sera toujours véritable, qu’ayant reçu par sa charité le principe universel de la grâce, nous en recevions encore, par son entremise, les diverses applications dans tous les états différents qui composent la vie chrétienne. Sa charité maternelle ayant tant contribué à notre salut dans le mystère de l’Incarnation, qui est le principe universel de la grâce, elle y contribuera éternellement dans toutes les autres opérations, qui n’en sont que des dépendances.
« La théologie reconnaît trois opérations principales de la grâce de Jésus-Christ : Dieu nous appelle ; Dieu nous justifie ; Dieu nous donne la persévérance. La vocation, c’est le premier pas ; la justification fait notre progrès ; la persévérance conclut le voyage, et, ce qui ne se trouve pas sur la terre, unit la gloire et le repos, dans la patrie. La charité de Marie est associée à ces trois ouvrages. Marie est la mère des appelés, des justifiés, des persévérants ; sa charité féconde est un instrument général des opérations de la grâce » [21]. Noble langage ; témoignage autorisé, cette fois, touchant la tradition de cette Église gallicane en cela véritablement glorieuse et sainte, qui, par ses Irénée, ses Bernard, ses Anselme et tant d’autres, a fait de la France le royaume de Marie. Puissent chez nous les maîtres de la doctrine faire valoir l’héritage de leurs grands devanciers, continuer d’approfondir en nos temps l’inépuisable mystère de Marie ; pour qu’un jour, ils méritent d’entendre sortir de ses lèvres bénies la parole des livres de l’éternelle Sagesse : Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle [22] !
Nous empruntons à l’ancien Processionnal de Sainte-Édith d’Angleterre son beau Répons Quae est ista, en le faisant suivre d’une série gracieuse et rythmée d’autres Répons que l’Antiphonaire de Sens de 1552 emploie pour le jour de la fête.
RÉPONS. | |
Quæ est ista quæ penetravit cœlos ? ad cujus transitum Salvator advenit,et induxit eam in thalamo regni sui, ubi cantantur organa hymnorum : * Quæ ab Angelis ad laudem Regis æterni sine fine resonant semper. | Quelle est celle-ci qui a pénétré dans les cieux ? A sa sortie du monde, le Sauveur est venu au-devant et il l’a introduite dans le sanctuaire de son trône, où retentissent les hymnes et les concerts : * Harmonies angéliques sans fin, ininterrompues, célébrant le Roi éternel. |
V/. O Virgo ineffabiliter veneranda, cui Michæl Archangelus, et omnis militia Angelorum deferunt honorem, quam vident exaltatam super cœlos cœlorum. | V/. O Vierge ineffablement grande, à qui l’Archange Michel et toute l’armée des Anges rendent honneur, en la voyant s’élever plus haut que lés cieux des cieux ! |
* Quæ ab Angelis. | * Harmonies angéliques. |
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. | Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. |
* Quæ ab Angelis. | * Harmonies angéliques. |
R/. Sanctas primitias offert Genitus Genitori : * Florem virgineum niveo candore decorum. | R/. De saintes prémices sont offertes aujourd’hui par le Fils au Père : * C’est la fleur virginale, resplendissante en sa blancheur de neige. |
V/. Non calor hunc coxit, nec frigus noctis adussit. * Florem. | V/. Ni la chaleur du jour, ni le froid de la nuit ne l’ont desséchée. * C’est la fleur. |
R/. Regni cœlestis, per fructum virginitatis, * Damna reformantur vetitum contracta per esum. | R/. Au royaume des cieux, par le fruit de la virginité, * Sont réparées les pertes causées par le fruit défendu. |
V/. Restitui numerum gaudet sacer ordo minutum. * Damna. | V/. La sainte milice se réjouit de voir compléter ses rangs amoindris. * Sont réparées. |
R/. Virginitas cœlum post lapsum prima recepit : * Sed prius in Genito, post in Genitrice beata. | R/. La première, après la chute, la virginité recouvre le ciel : * Mais d’abord dans le Fils, ensuite dans sa bienheureuse Mère. |
V/. Cœlicus ordo sacram reveretur virginitatem. * Sed prius. | V/. La céleste milice révère la sainte virginité. * Mais d’abord. |
R/. Porta Sion clausi portam penetrat paradisi : * Prima parens toti quam secum clauserat orbi. | R/. La porte de Sion franchit la porte du paradis, * Que la première mère s’était fermée comme au monde entier. |
V/. Intactæ matri reseratur janua cœli. * Prima. | V/. Une mère sans tache voit se rouvrir l’entrée du ciel, * Que la première. |
R/. Unam quam petiit Virgo benedicta recepit : * Ut facie Domini sine tempore perfrueretur. | R/. La Vierge bénie reçoit l’unique récompense qu’elle eût demandée : * De jouir sans fin de la vue du Seigneur. |
V/. Divinum munus votum prævenit et auxit. * Ut facie. | V/. La divine munificence a prévenu, a dépassé ses vœux : * De jouir. |
R/. Quindenis gradibus dum scandit ad atria vitæ : * Angelicum meruit Virgo transcendere culmen. | R/. La Vierge monte les quinze degrés qui conduisent au palais de la vie. * Elle s’élève par delà les sommets qu’occupent les Anges. |
V/. Post Genitum Genitrix meruit præcellere cunctis. * Angelicum. | V/. Après le Fils, la Mère a mérité de l’emporter sur tous. * Elle s’élève. |
R/. Ecclesiæ Sponsum Virgo genuit speciosum : * Qui Deus est et homo persona junctus in una. | R/. C’est la Vierge à laquelle l’Église doit l’Époux : elle l’engendra de toute beauté, * Homme et Dieu dans une seule personne. |
V/. Sic secum Matrem cœlesti sede locavit. * Qui Deus. | V/. C’est elle qu’il place en qualité de Mère avec lui sur le céleste trône. * Homme et Dieu. |
R/. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. | R/. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. |
* Qui Deus. | * Homme et Dieu. |
Saint Pierre Damien nous donnera cette Hymne de sa composition pour chanter et prier Marie.
HYMNE. | |
Aurora velut fulgida,
Ad cœli meat culmina, Ut sol Maria splendida, Tamquam luna pulcherrima. | Comme une aurore brillante,
Marie monte aux sommets des cieux ; elle resplendit comme le soleil, elle est belle comme la lune. |
Regina mundi hodie
Thronum conscendit gloriæ, Illum enixa filium Qui est ante Luciferum. | Ce jour est celui où la Reine du monde
s’élève à son trône glorieux, elle qui fut mère d’un fils dont la naissance précéda l’Etoile du matin. |
Assumpta super Angelos,
Excedit et Archangelos Cuncta Sanctorum merita Transcendit una femina. | Son assomption la porte plus haut que les Anges,
elle laisse au-dessous d’elle également les Archanges ; une femme dépasse à elle seule tous les mérites des Saints. |
Quem foverat in gremio,
Locarat in præsepio : Nunc Regem super omnia Patris videt in gloria. | Celui qu’elle avait pressé sur son sein,
qu’elle avait couché dans la crèche, elle le voit maintenant Roi de toutes choses en la gloire du Père. |
Pro nobis, Virgo virginum,
Tuum deposce Filium : Per quam nostra susceperat Ut sua nobis præbeat. | Pour nous, ô Vierge des vierges,
daignez implorer votre Fils : par vous il entra dans notre partage ; que par vous il nous introduise dans le sien. |
Sit tibi laus, Altissime,
Qui natus es ex Virgine : Sit honor ineffabili Patri, sanctoque Flamini. Amen. | Louange soit à vous, Dieu très haut
qui naquîtes de la Vierge ! honneur aussi soit au Père ineffable et à l’Esprit-Saint ! Amen. |
[1] Marie, languissant d’amour après l’Ascension, s’écrie : O vous, Anges bienheureux, vertus du ciel, annoncez à mon divin Fils que je languis d’amour. La langueur est une longue angoisse (langor, longus angor) ; si Jésus fut pour Marie une source de vives joies, il fut en même temps pour elle la cause d’un long martyre, de telle sorte que des glaives nombreux transpercèrent sans cesse son cœur. (Richard de S. Laur.).
[2] L’Épouse, c’est-à-dire Marie, aime à se représenter celui qu’elle va contempler au ciel, et ainsi excite l’ardeur de ses désirs. La tête de l’Époux est de l’or le plus pur : l’humanité du Christ est couronnée de l’or de la divinité comme d’un diadème. (S. Grégoire). La noirceur de la chevelure indique la jeunesse et la force : le Sauveur est notre protecteur et notre défenseur ; cette chevelure a la noirceur du corbeau : de même que cet oiseau se nourrit de cadavres, les pensées de notre Seigneur se portent sur les pécheurs, qu’il désire faire vivre de sa vie. La pureté et la blancheur de la colombe lavée dans le lait, indiquent la charité et la douceur avec lesquelles l’Époux divin regarde les âmes et surtout l’âme très pure de Marie. La très sainte Vierge ressemble à son divin Fils : on trouve en elle la blancheur et la suavité du lait et ses regards miséricordieux se portent sur les humbles. (B. Albert le Grand).
[3] Le jardin dans lequel l’Époux divin est venu, c’est la sainte Famille ; il y était au milieu de deux lis éclatants de blancheur, Marie et Joseph. Il y respirait le parfum de la virginité, et en même temps il répandait en Marie et Joseph, l’amour et les joies de la virginité et de la vie céleste. L’Époux cueille encore des lis lorsqu’il transfère de cette terre au paradis des deux les vierges et les âmes pures. (Corn. a Lap.).
[4] Marie est terrible aux démons, aux hérétiques et aux impies. (Rupert).
[5] Détourne tes yeux. S. Ambroise voit dans ces paroles un conseil donné par Jésus-Christ à l’âme parfaite. Il ne faut pas qu’elle reste toujours absorbée dans la contemplation, car il y a des âmes à racheter, des âmes à soutenir et à consoler. Il ne faut pas non plus qu’elle cherche à pénétrer les secrets de Dieu. Ce sont tes yeux qui m’ont fait partir promptement. Le Verbe a été attiré vers Marie au jour de l’Incarnation, il a quitté le ciel pour demeurer en elle ; il y est attiré au jour de l’Assomption pour la conduire aux demeures célestes.
[6] Marie est unique pour sa mère (l’Église des Patriarches et des saints rois dont elle est issue), car aucune créature ne l’égale, ni parmi les Anges ni parmi les hommes. (Rupert). Elle est unique aussi pour la Trinité, qui la préfère à tout l’univers. (Corn. a Lap.).
[7] Que sont les reines, les femmes de second rang et les jeunes filles ? Est-ce la multitude des élus avec les degrés divers de leurs mérites et de leur gloire ? Ne pourrait-on pas, dans ces trois ordres d’épouses, reconnaître les âmes glorifiées, celles qui souffrent encore dans le purgatoire, mais avec l’assurance pleine de leur salut, et celles qui attendent encore sur la terre la voix de l’Époux, et le jour par lui fixé pour consommer leur union ? Marie seule est cette épouse dont le mérite éclipse celui des âmes les plus parfaites. (L’Abbé Le Hir.).
[8] Quand vous naquîtes, ô bienheureuse Vierge, alors véritablement l’aurore se leva pour nous, aurore messagère des jours sans fin, car votre nativité a été la fin de notre tristesse et le commencement de notre bonheur. Lorsque L’Esprit-Saint survint en vous et que vous enfantâtes dans la virginité, vous devîntes belle comme la lune qui reçoit du soleil sa lumière. Au moment de votre Assomption, votre gloire fut comparable à celle du soleil dans la nature. (Rupert).
[9] Le Christ est descendu dans le jardin des noyers, c’est-à-dire dans la synagogue des Juifs, afin d’y recueillir les noix de la pénitence et de la patience, les fruits des vallées ou de l’humilité, les raisins et le vin de la dévotion, les grenades de la charité : mais il n’y a pas vu ces fruits. Son âme l’a jeté dans le trouble, à cause des quadriges d’Aminadab, quadriges par lesquels on peut entendre les princes de ce siècle, les démons, ou Pilate et les Juifs qui crièrent : Crucifiez-le. (Corn. a Lap).
[10] La bienheureuse Vierge, à la fin de sa vie, est appelée au ciel par le Christ, les Anges et. les Saints qui désirent jouir de sa très douce présence et contempler en elle les dons de la grâce et de la gloire. On lui dit : Reviens, car c’est du ciel qu’elle a reçu tout ce qu’elle est, on lui donne le nom de Sulamite, nom qui veut dire pacifique, parfaite, épouse du vrai Salamon. (Corn. a Lap.).
[11] Cant. 1, 1.
[12] Thom. Aqu. Opusc. in Salutat. angelicam.
[13] Suarez, in IIIam P. qu. XXXVIII, art. 4, Disputat, XXI, sect, 3.
[14] Encyclique du 8 septembre 1892.
[15] Gen. II, 6.
[16] Bernardin. Sen. Pro festivit. V. M. Sermo VI, De Annuntiat. art. 1, c. 2.
[17] Ibid. Sermo V, De Nativit. B. M., cap. 8.
[18] Ibid.
[19] Petr. Dam. Homilia in Nativit. B. V.
[20] Rom. XI, 29.
[21] Bossuet, Sermon sur la Dévotion à la sainte Vierge, pour la fête de la Conception, 9 décembre 1669.
[22] Eccli. XXIV, 31.