Textes de la Messe |
Office avant 1950 |
Office après 1950 |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Dom Pius Parsch, Le guide dans l’année liturgique |
Jusqu’en 1955, seul jour de l’Octave restant libre d’une autre fête. Il est donc le seul à avoir été pourvu d’un nouvel Office en 1950.
Comme au jour de la Fête après 1950 ou avant 1950.
Au premier nocturne.
Du Cantique des cantiques. Cap. 4, 1-4, 7-15.
Première leçon. Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont de la colombe, sans ce qui au dedans, est caché [1]. Tes cheveux sont comme des troupeaux de chèvres qui sont montées de la montagne de Qalaad [2]. Tes dents sont comme des troupeaux de brebis tondues qui sont montées du lavoir ; toutes portent un double fruit ; et de stérile, il n’en est point parmi elles [3]. Tes lèvres sont comme une bandelette d’écarlate [4] ; et ton parler est doux. Comme un quartier de grenade, ainsi sont tes joues, sans ce qui, au dedans, est caché [5]. Ton cou est comme la tour de David, qui a été bâtie avec des créneaux ; mille boucliers y sont suspendus, et toute l’armure des vaillants guerriers [6].
Deuxième leçon. Tu es toute belle, mon amie, et aucune tache n’est en toi. Viens du Liban, mon épouse, viens du Liban, viens [7] : tu seras couronnée du sommet d’Amana, de la cime de Sanir et d’Hermon, des antres des lions, et des montagnes des léopards [8]. Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse, tu as blessé mon cœur par l’un de tes yeux et par un cheveu de ton cou [9]. L’odeur de tes parfums est au-dessus de tous les aromates.
Troisième leçon. Tes lèvres, mon épouse, sont un rayon qui distille le miel ; le miel et le lait sont sous ta langue [10], et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur de l’encens. C’est un jardin fermé que ma sœur, épouse [11], un jardin fermé, une fontaine scellée [12]. Tes rejetons sont un jardin de délices avec toutes sortes de fruits [13]. Là sont les cyprès avec le nard ; le nard et le safran, la canne et le cinnamome, avec tous les arbres odoriférants du Liban, la myrrhe, l’aloès et tous les premiers parfums ; [tu es] une fontaine de jardins, un puits d’eaux vives qui coulent avec impétuosité du Liban [14].
Au deuxième nocturne.
Du sermon de S. Jean Damascène. Oratio 2 de Dormit. Deiparæ, sub finem.
Quatrième leçon. Une ancienne tradition nous a appris qu’au temps où la bienheureuse Vierge s’endormit glorieusement dans le Seigneur, tous les saints Apôtres, qui parcouraient le monde pour travailler au salut des Gentils, furent transportés en un instant à Jérusalem. Là leur apparurent des Anges, et le concert des puissances célestes retentit à leurs oreilles : ce fut ainsi, au milieu de la gloire divine que Marie rendit à Dieu son âme sainte. Son corps, où d’une manière ineffable la divinité avait été reçue, fut transportée au chant des hymnes des Anges et des Apôtres, et déposé dans un sépulcre du jardin de Gethsémani, et là, pendant trois jours entiers, retentit un concert angélique.
Cinquième leçon. Après trois jours, le concert angélique ayant cessé, Thomas, qui seul avait été absent, étant survenu alors et ayant voulu vénérer le corps dans lequel Dieu s’est incarné, les Apôtres qui avaient assisté à la sépulture ouvrirent le tombeau. Mais ils ne retrouvèrent nulle part le saint corps. N’ayant trouvé que ce qui avait servi à l’ensevelir, et d’où s’exhalait une odeur merveilleuse dont ils furent tout embaumés, ils refermèrent le sépulcre. Stupéfaits de ce miracle, ils ne purent penser autre chose, sinon que celui qui avait bien voulu s’incarner en la Vierge Marie, se faire homme et naître d’elle, quoiqu’étant le Verbe de Dieu et le Seigneur de gloire, et qui avait conservé dans son intégrité la virginité de sa Mère après l’enfantement, avait aussi voulu, quand elle cessa de vivre, conserver incorruptible son corps immaculé et le transporter par honneur dans le ciel, avant la résurrection générale.
Sixième leçon. Il y avait alors avec les Apôtres le très saint Timothée, premier Évêque d’Éphèse, et Denys l’Aréopagite, ainsi qu’en témoigne ce dernier dans sa lettre au précédent, au sujet du bienheureux Hiérothée, qui s’y trouvait aussi. Voici comme il en parle : « Lorsque plusieurs de nos saints frères, et nous avec eux, vous le savez, étions réunis aux princes mêmes de l’Église remplis du souffle divin (parmi lesquels Jacques, le frère du Seigneur, et Pierre, l’oracle suprême et l’autorité souveraine de la théologie), pour considérer le corps qui donna au monde le principe de la vie et renferma la divinité ; ayant contemplé ce saint corps, tous se complurent à célébrer par des hymnes, chacun selon son pouvoir, l’infinie bonté de la puissance divine ».
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 10, 38-42.
En ce temps-là : Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Et le reste.
De l’Homélie de saint Augustin, Évêque.. Sermo 27, de verbis Domini, paulo ante medium
Septième leçon. Marthe faisait donc bien de pourvoir, dirai-je aux nécessités corporelles ou aux besoins volontaires du Seigneur et de le servir dans sa chair mortelle. Mais qui était dans cette chair mortelle ? « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu ». Voilà celui que Marie écoutait, et Le Verbe a été fait chair, et il a habité parmi ; nous ». Voilà celui que Marthe servait. « Marie a donc choisi la meilleure part, qui ne lui sera pas ôtée » ; car elle a choisi ce qui demeure toujours et par conséquent ne lui sera point enlevé [15].
Huitième leçon. Marie n’a voulu s’occuper que d’une chose. Déjà elle savourait le bonheur de celui qui disait : « Pour moi, mon bien est de m’attacher à Dieu ». Elle était assise aux pieds de notre chef ; plus elle se tenait bas, plus elle recevait. Car l’eau s’en va au creux des vallées, elle descend du haut des montagnes. Ainsi donc le Seigneur n’a point condamné l’action de Marthe ; mais il a distingué les fonctions des deux sœurs. « Vous vous occupez de beaucoup de choses ; or, une seule est nécessaire » ; et Marie l’a choisie pour elle.
Neuvième leçon. Mémoire de St Agapit.
Au premier nocturne.
Du Cantique des cantiques. Cap. 4, 7-9 et 12 ; 6, 3 et 8-9 ; 8, 5-7.
Première leçon. Tu es toute belle, mon amie, et aucune tache n’est en toi. Viens du Liban, mon épouse, viens du Liban, viens : tu seras couronnée du sommet d’Amana, de la cime de Sanir et d’Hermon, des antres des lions, et des montagnes des léopards. Tu as blessé mon cœur, ma sœur, mon épouse, tu as blessé mon cœur par l’un de tes yeux et par un cheveu de ton cou. C’est un jardin fermé que ma sœur, épouse 5, un jardin fermé, une fontaine scellée.
Deuxième leçon. Tu es belle, ô mon amie, suave, et belle comme Jérusalem, terrible comme une armée rangée en bataille. Elle est unique, ma colombe, ma parfaite ; elle est l’unique de sa mère, la préférée de celle qui lui a donné le jour. Les jeunes filles l’ont vue, et elles l’ont proclamée bienheureuse ; les reines et les autres femmes l’ont vue, et l’ont comblée de louanges. Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore à son lever, belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ? Quelle est celle-ci qui monte du désert, enivrée de délices, appuyée sur son bien-aimé ?
Troisième leçon. Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras, car l’amour est fort comme la mort, et le zèle de l’amour inflexible comme l’enfer ; ses lampes sont des lampes de feu et de flamme. Les grandes eaux n’ont pu éteindre l’amour, et les fleuves ne le submergeront point. Quand un homme donnerait toutes les richesses de sa maison pour l’amour, il les mépriserait comme un rien.
Au deuxième nocturne.
De la Constitution apostolique du Pape Pie XII. Munificentissumus Deus, 38-40.
Quatrième leçon. Tous ces arguments et considérations des Saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. C’est pourquoi il est impossible de considérer Celle qui a conçu le Christ, l’a mis au monde, nourri de son lait, porté dans ses bras et serré sur son sein, séparée de lui, après cette vie terrestre, sinon dans son âme, du moins dans son corps. Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait certainement pas, lui qui fut l’observateur de la loi divine le plus parfait, ne pas honorer, avec son Père éternel, sa Mère très aimée. Or, il pouvait la parer d’un si grand honneur qu’il la garderait exempte de la corruption du tombeau. Il faut donc croire que c’est ce qu’il a fait en réalité.
Cinquième leçon. Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les Saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Ève nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le Protévangile [16], aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort, qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des Nations [17]. C’est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la « glorification » de son corps virginal ; car, comme le dit ce même Apôtre, « lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : la mort a été engloutie dans sa victoire » [18].
Sixième leçon. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par « un même et unique décret » [19] de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse associée du Divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, Roi immortel des siècles » [20].
Au troisième nocturne.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc. Cap. 1, 41-50.
En ce temps-là : Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit et elle s’écria à haute voix, disant : « Vous êtes bénie entre les femmes ». Et le reste.
Homélie de saint Pierre Damien. In Nativitate B.M.V. [21]
Septième leçon. O Vierge Mère de Dieu, dont le soleil et la lune admirent la beauté, venez, Notre-Dame, au secours de ceux qui crient sans cesse vers vous : Tournez-vous vers nous, tournez-vous vers nous, Sunamite, tournez-vous vers nous, tournez-vous vers nous, que nous vous regardions [22]. Vous êtes bénie, plus que bénie, tournez-vous vers nous par votre puissance. Il a fait en vous de grandes chose, celui qui est puissant, et il vous a donné tout pouvoir sur la terre comme au ciel. Rien ne vous est impossible, à vous qui pouvez transporter dans l’espérance de la béatitude ceux qui désespèrent. Comment cette Puissance, en effet, pourrait ignorer votre puissance, alors qu’elle a pris chair de votre chair ? Vous vous êtes avancée devant cet autel doré de la réconciliation humaine, non seulement pour demander, mais pour commander, comme une maîtresse et non une servante. Que la nature vous pousse, que la puissance vous pousse, car plus vous serez puissante, plus vous devrez être miséricordieuse. Car ne pas vouloir se venger des injures est le propre de celui qui passe du pouvoir à la gloire. Tournez-vous vers nous par amour. Je sais, Notre-Dame, que vous êtes très bienveillante, et que vous nous aimez d’un amour invincible, cet amour suprême par lequel votre Fils et votre Dieu nous aime en vous et pour vous. Qui peut savoir combien de fois vous apaiser la colère du Juge, quand la vertu de justice émane de la présence de la divinité.
Huitième leçon. Tournez-vous vers nous par votre singularité. Dans vos mains sont les trésors des miséricordes du Seigneur, et vous êtes la seule élue, à qui une si grande grâce a été donnée. Que votre main ne faiblisse pas, ne cessez pas de chercher l’occasion de sauver les malheureux et de répandre la miséricorde ! Votre gloire n’en sera pas diminuée, elle augmentera chaque fois que les pénitents seront conduits au pardon, les justes à la gloire. Tournez-vous vers nous, Sunamite, vous qui avez été méprisée, dont l’âme fut transpercée par le glaive, et qui fûtes appelée la femme de l’artisan. Pourquoi ? Pour que nous vous regardions. La plus grande gloire après la vision de Dieu, c’est de vous voir, s’approcher de vous, demeurer dans le refuge de votre protection. Écoutez-nous. Car vous Fils ne fous refuse rien et il vous honore, lui qui est Dieu béni dans les siècles des siècles.
Neuvième leçon. Mémoire de St Agapit.
Inséparable de Jésus dans les décrets éternels, Marie fut avec lui le type de toute beauté pour l’Auteur du monde. Quand la Toute-Puissance préparait la terre et les cieux [23], la Sagesse se jouait devant elle en son humanité future comme exemplaire premier, comme mesure et comme nombre [24], comme point de départ, centre et sommet de l’œuvre entreprise par l’Amour ; mais avec elle aussi, la Mère prédestinée, la femme choisie pour donner de sa chair au Fils de Dieu sa qualité de Fils de l’homme, apparaissait, parmi les simples créatures, comme devant être le terme de toute excellence dans les divers ordres de la nature, de la grâce et de la gloire. Ne soyons donc pas étonnés si l’Église [25] met sur les lèvres de Marie la parole que l’éternelle Sagesse dit la première : J’ai été créée au commencement [26].
Dans tout son être, et jusqu’en son corps, fut réalisé pleinement l’idéal divin. Faire jaillir du néant le reflet des perfections infinies, c’est le but de toute création, la loi de la matière même. Or, après la face du plus beau des enfants des hommes [27], rien n’exprima Dieu ici-bas comme le visage de la Vierge. On connaît l’exclamation admirative prêtée à saint Denys voyant pour la première fois Notre-Dame : « Si la foi ne m’eût révélé votre Fils, je vous aurais prise pour la Divinité ! » Authentique ou non dans la bouche de l’Aréopagite [28], ce cri du cœur rend bien pourtant la pensée des anciens. L’on devra d’autant moins en être surpris, que nul fils ne ressembla comme Jésus à sa mère. N’ayant point de père ici-bas, c’était deux fois pour lui la loi de nature. C’est aujourd’hui la complaisance des cieux, où Marie et Jésus montrent aux Anges, dans leurs corps glorifiés, des aspects nouveaux de l’éternelle beauté que ces substances immatérielles n’eussent point su traduire.
Or, l’ineffable perfection du corps de Marie résulta de l’union de ce corps avec l’âme la plus parfaite elle-même qui fut jamais, si, comme il se doit toujours faire, on excepte l’âme du Seigneur son Fils. Chez nous, la déchéance originelle a brisé l’harmonie qui devait subsister entre les deux éléments si divers de notre être humain, rompu aussi, le plus souvent, et parfois renversé les proportions de la nature et de la grâce. Il en est autrement là où l’œuvre divine ne fut point de la sorte viciée dans son principe ; c’est ainsi que, pour chacun des bienheureux esprits des neuf chœurs, le degré de la grâce est en rapport direct avec ses dons de nature [29].
L’exemption du péché laissa l’âme de l’Immaculée informer dans un empire absolu son corps à son image, tandis qu’elle-même, se prêtant à la grâce selon l’étendue de ses aptitudes exquises, permit à Dieu de l’élever surnaturellement par delà tous les Séraphins jusqu’aux degrés de son propre trône.
Car au royaume de la grâce, non moins qu’en celui de la nature, la suréminence de Marie fut celle qui convenait à une Reine. Son éveil au sein de la bienheureuse Anne nous la fait voir plus élevée déjà que les plus hauts monts [30] ; Dieu, qui n’aime que ce qu’il fait digne de son amour, chérit cette entrée, ces portes de la vraie Sion, par-dessus toutes les tentes de Jacob [31]. Se pouvait-il en effet qu’un seul instant le Verbe, qui l’avait élue pour Mère, dût aimer plus, comme plus parfaite, une autre créature ? Aussi nulle parité possible en ces origines mêmes, nulle infériorité surtout qui de la Mère eût atteint jusqu’au Fils. Également pour la suite, en la bien-aimée, nul défaut de correspondance aux prévenances divines ; à perfection si grande eussent répugné toute défaillance, toute lacune, tout arrêt. Depuis le moment de sa Conception très sainte jusqu’à celui de la mort glorieuse qui lui ouvrit les cieux, la grâce agit en Marie sans nulle trêve dans la totalité de sa force divine. C’est ainsi que partie de sommets encore inconnus, doublant à chaque coup d’aile son énergie, son vol puissant l’a portée jusqu’à ce voisinage de Dieu où notre admiration la suit en ces jours.
Cependant Notre-Dame n’est point seulement la première-née [32], la plus parfaite, la plus belle, la plus sainte des créatures et leur Reine ; ou plutôt elle n’est tout cela, que parce qu’elle est la Mère du Fils de Dieu. Ne fût-ce que pour constater qu’elle dépasse à elle seule tous les sujets réunis de son vaste empire, il nous est possible encore de la comparer avec l’homme, avec l’ange, sur le terrain de la nature et celui de la grâce. Où le rapprochement cesse, où toute transition fait défaut, c’est pour la suivre à la retraite inaccessible où, quoique toujours la servante du Seigneur [33], elle entre en part des éternelles relations qui constituent la Trinité sainte. Quel est, en une créature, ce mode de la divine charité où Dieu est aimé comme fils ? Mais écoutons ici l’évêque de Meaux, dont le moindre mérite n’est pas d’avoir compris comme il l’a fait les grandeurs de Marie :
« Pour former l’amour de la sainte Vierge il a fallu y mêler ensemble tout ce que la nature a de plus tendre, et la grâce de plus efficace. La nature a dû s’v trouver, parce que cet amour embrassait un fils ; la grâce a dû y agir, parce que cet amour regardait un Dieu. Mais ce qui passe l’imagination, c’est que la nature et la grâce n’y suffisent pas, parce qu’il n’appartient pas à la nature de trouver un fils dans un Dieu ; et que la grâce, du moins ordinaire, ne peut faire aimer un Dieu dans un fils : il faut donc nécessairement s’élever plus haut. Permettez-moi, chrétiens, de porter aujourd’hui mes pensées au-dessus de la nature et de la grâce, et de chercher la source de cet amour dans le sein même du Père éternel. Le divin Fils dont Marie est mère, lui est commun avec Dieu. Elle est unie avec Dieu le Père, en devenant la Mère de son Fils unique, qui ne lui est commun qu’avec le Père éternel dans la manière dont elle l’engendre [34]. Mais pour la rendre capable d’engendrer un Dieu, il a fallu que le Très-Haut la couvrît de sa vertu [35], c’est-à-dire, qu’il étendît sur elle sa fécondité. C’est en cette sorte que Marie est associée à la génération éternelle. Mais ce Dieu qui a bien voulu lui donner son Fils, pour achever son ouvrage, a dû aussi faire couler dans son chaste sein quelque étincelle de l’amour qu’il a pour ce Fils unique, qui est la splendeur de sa gloire et la vive image de sa substance [36]. C’est de là qu’est né l’amour de Marie : il s’est fait une effusion du cœur de Dieu dans le sien ; et l’amour qu’elle a pour son Fils lui est donné de la même source qui lui a donné son Fils même. Après cette mystérieuse communication, que direz-vous, ô raison humaine ? Prétendrez-vous pouvoir comprendre l’union de Marie avec Jésus-Christ ? Car elle tient quelque chose de cette parfaite unité qui est entre le Père et le Fils. N’entreprenez pas non plus d’expliquer quel est cet amour maternel qui vient d’une source si haute, et qui n’est qu’un écoulement de l’amour du Père pour son Fils unique » [37].
Pour chanter et prier l’impératrice des cieux du milieu de la mer orageuse, Adam de Saint-Victor nous donnera cette Séquence d’un accent si suave.
SEQUENCE. | |
Ave, Virgo singularis,
Mater nostri salutaris, Quæ vocaris stella maris, Stella non erratica ; Nos in hujus vitæ mari Non permitte naufragari, Sed pro nobis salutari Tuo semper supplica. | Salut, Vierge sans pareille,
Mère de notre salut, nommée l’Etoile de la mer, étoile nullement vagabonde : ne permettez pas que sur la mer de cette vie nous fassions naufrage, mais que pour nous toujours votre prière s’adresse au Sauveur né de vous. |
Sævit mare, fremunt venti,
Fluctus surgunt turbulenti ; Navis currit, sed currenti Tot occurrunt obvia ! Hic sirenes voluptatis, Draco, canes, cum piratis, Mortem pene desperatis Hæc intentant omnia. | La mer s’irrite, les vents sont en furie,
les flots soulevés se bouleversent ; le navire court, mais au-devant que de périls ! Là les sirènes du plaisir, là le dragon, les chiens de mer et les pirates concourent ensemble à nous faire désespérer de la vie. |
Post abyssos, nunc ad cœlum,
Furens unda fert phaselum ; Nutat malus, fluit velum, Nautæ cessat opera ; Contabescit in his malis Homo noster animalis : Tu nos, mater spiritalis, Pereuntes libera. | Au fond de l’abîme, puis jusqu’au ciel
l’onde en colère porte l’esquif ; le mât chancelle, la voile est arrachée, le nautonier cesse la lutte ; chez nous, en de tels maux, l’homme animal succombe : ô mère toute spirituelle, délivrez-nous de la mort. |
Tu, perfusa cœli rore,
Castitatis salvo flore, Novum florem novo more Protulisti sæculo. Verbum Patri coæquale, Corpus intrans virginale, Fit pro nobis corporale Sub ventris umbraculo. | Par la rosée du ciel en vous répandue,
sans perdre la fleur de pureté, vous donnâtes au monde, prodige nouveau, une fleur nouvelle : le Verbe égal à son Père entre au sein de la Vierge ; pour nous il prend un corps dans le secret de vos chastes entrailles. |
Te prævidit et elegit
Qui potenter cuncta regit, Nec pudoris claustra fregit, Sacra replens viscera ; Nec pressuram, nec dolorem, Contra primæ matris morem, Pariendo Salvatorem, Sensisti, puerpera. | Celui dont la puissance
gouverne toutes choses vous élut et prédestina ; sans rompre le sceau virginal, il vous remplit de lui-même ; dans l’enfantement, sans déchirement, sans douleur, au rebours de la première mère, vous mîtes au jour le Sauveur. |
O Maria, pro tuorum
Dignitate meritorum, Supra choros angelorum Sublimaris unice : Felix dies hodierna Qua conscendis ad superna ! Pietate tu materna Nos in imo respice. | O Marie, l’excellence de vos mérites
vous élève incomparablement par delà les chœurs angéliques ; jour fortuné que celui-ci, où vous gagnez les cieux ! dans votre piété maternelle, regardez-nous en nos bas-fonds. |
Radix sancta, radix viva,
Flos, et vitis, et oliva, Quam nulla vis insitiva Juvit ut fructificet ; Lampas soli, splendor poli, Quæ splendore præes soli, Nos assigna tuæ proli, Ne districte judicet. | Vous êtes la sainte et vive racine,
la fleur, la vigne et l’olivier qu’aucune greffe ne féconde ; vous êtes le flambeau de la terre, la splendeur du ciel ; vous l’emportez sur le soleil en éclat : recommandez-nous à votre fils, pour qu’il nous juge en miséricorde. |
In conspectu summi Regis,
Sis pusilli memor gregis Qui, transgressor datæ legis, Præsumit de venia : Judex mitis et beniguus, Judex jugi laude dignus Reis spei dedit pignus, Crucis factus hostia. | Devant la face du Roi suprême,
ayez souvenir du petit troupeau ; il a transgressé la loi qui lui fut donnée, et pourtant il espère sa grâce : propice et doux, digne d’une louange éternelle, le juge a donné aux coupables un gage d’espérance, en se faisant hostie sur la croix. |
Jesu, sacri ventris fructus,
Nobis inter mundi fluctus Sis dux, via et conductus Liber ad cœlestia : Tene clavum, rege navem ; Tu, procellam sedans gravem, Portum nobis da suavem Pro tua clementia. Amen. | Jésus, fruit des entrailles de votre sainte Mère,
soyez-nous, sur les flots de ce monde, guide, chemin et libre accès au ciel ; tenez le gouvernail, dirigez le navire ; si violente qu’elle puisse être, apaisez la tempête ; dans votre clémence, donnez-nous d’aborder heureusement au port. Amen. |
Viens, mon Épouse, viens recevoir ta couronne.
1. L’Assomption. — Pourquoi l’Église célèbre-t-elle l’entrée de la Mère de Dieu au ciel avec une si extraordinaire solennité ? Certainement parce que Marie a une grande part dans l’Incarnation et la Rédemption, certainement parce qu’elle occupe la première place parmi les saints. Toutefois l’Église se substitue elle-même à Marie, et voit dans son entrée au ciel sa propre glorification après laquelle elle soupire si ardemment ; à cette lumière nous comprenons mieux aussi le rôle les deux femmes dans l’Évangile : Marthe, c’est l’Église sur la terre, dans son activité et son empressement, incapable de demeurer en repos ; mais Marie, c’est l’Église dans sa bienheureuse consommation ; alors, elle est dans un heureux repos, elle se tient assise aux pieds du Maître dans l’éternelle jouissance de la divinité. Si nous appliquons maintenant cette pensée à notre fête et à la messe, alors nous célébrons dans l’Assomption de Marie la grande entrée de l’Église au ciel ; quel imposant cortège ! Nous réalisons d’une façon encore beaucoup plus impressionnante les quatre cortèges de la messe : le cortège nuptial de la Reine, l’Église (Intr.) ; le cortège du Christ venant à sa rencontre (Allel.) ; le cortège des présents nuptiaux (Offert.) et l’éternelle union (Comm.). Alors s’applique dans son sens le plus élevé la parole : « Marie a choisi la meilleure part... »
Aujourd’hui la prière des Heures raconte la vénérable légende de saint Jean Damascène sur la mort de Marie : « La plus haute antiquité nous a transmis cette tradition que, lors de la glorieuse dormition (dormitio) de la Bienheureuse Vierge Marie, tous les Apôtres (à l’exception de Thomas) qui parcouraient le globe pour convertir les païens se trouvèrent, par suite d’une extase, rassemblés à Jérusalem ». Parmi les chœurs célestes, des Anges accompagnaient l’âme de la Bienheureuse Vierge dans les splendeurs de la maison du Seigneur ; quant à sa sainte dépouille, elle fut reçue par les Apôtres et placée dans un tombeau au jardin de Gethsémani. Là, on entendit pendant les trois jours consécutifs les chants des esprits bienheureux. Au bout de ces trois jours arriva l’apôtre Thomas ; sur sa demande, on ouvrit le tombeau, mais la sainte dépouille n’y était plus : il n’y avait plus que le linceul et un parfum suave qui se dégageait de la tombe. Les apôtres en conclurent que le corps de Marie avait été reçu lui aussi au ciel. — Le docteur melliflue, saint Bernard, dépeint l’Assomption de la Sainte Vierge : « Son arrivée porta à son comble la joie des esprits bienheureux. Elle fut conduite au trône de la Majesté divine parmi les chœurs des légions célestes. Avec quel regard d’amour et quels embrassements divins son divin fils dut-il l’accueillir ! L’Enfant avait mis jadis de délicieux baisers sur les lèvres de sa virginale mère. Combien plus délicieux sont les baisers qu’elle reçoit aujourd’hui en chantant le sublime cantique de l’Épouse : « Qu’il me baise du baiser de sa bouche ». Comme elle avait reçu ici-bas une grâce incomparable, ainsi reçoit-elle au ciel une gloire sans égale ».
2. Lecture d’Écriture (Cantique des cantiques, IV, 1-15). — Jadis, pendant l’octave de notre fête, on lisait le Cantique des cantiques en entier ; la célébration de l’octave étant aujourd’hui empêchée par plusieurs fêtes de saints, on ne lit plus que quelques passages du Cantique des cantiques. Ce livre, qui sous l’image de l’amour conjugal chante l’ardent désir de la sainteté du ciel, convient très bien pour entamer la dernière partie de l’année liturgique préparant à la parousie. — Dans le passage que nous lisons aujourd’hui, l’époux (le Christ) célèbre la beauté de son épouse (Marie, l’Église) : « Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont semblables à des tourterelles... Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a pas de tache en toi. Viens du Liban, mon épouse, viens du Liban, viens recevoir ta couronne !... Tu as blessé mon cœur, ô ma sœur ! Tu as blessé mon cœur d’un seul de tes regards...
[1] Le regard symbolise l’intention et nous ne pouvons voir que les manifestations extérieures de l’intention toujours si pure de Marie ; l’Époux divin, contemplait, dans le miroir de ses yeux d’une pureté virginale, une âme pleine d’humilité, consumée d’un amour tout céleste, comblée de grâces et de vertus. « Telle fut la perfection de Marie, que la connaissance en est réservée à Dieu seul ». (S. Bernardin de Sienne). « Personne ne peut connaître la beauté de Marie, sinon celui qui la lui a donnée ». (Richard de S.Laur.).
[2] La tête étant regardée comme le siège de l’intelligence, les cheveux qui en sont l’ornement figurent les pensées. La tête, ou le sommet de la montagne de Galaad, disparaît sous le tapis noir et brillant d’un troupeau de chèvres comme sous une belle chevelure, et l’âme de Marie, tout ornée de pensées saintes et pures, offre un spectacle qui plaît à l’Époux divin.
[3] Tes dents sont comme des troupeaux de brebis tondues. « L’Époux sacré ne dédaigne pas cette image pour peindre au vif l’excellent mérite d’une vie pure, toujours égale et toujours remplie, parce que tous les moments en sont réglés et que les bonnes œuvres s’y succèdent sans y laisser aucun vide. Pour nous rendre plus attentifs à cette figure, il la relève même par une comparaison pleine d’innocence, de fraîcheur et de charme. Gomme un troupeau de brebis récemment tondues, dont la peau blanche et polie brille au sortir du bain, ainsi brille entre les lèvres de l’Épouse la nacre de ses dents ». (L’Abbé Le Hir.) Les dents figurent l’oraison et la réflexion qui préparent à l’âme la nourriture des bonnes pensées et des affections saintes. On peut le dire aussi, « les brebis tondues, ce sont ceux qui se dépouillent des biens temporels comme d’une toison et quittent tout pour Jésus-Christ. Les ténèbres du péché n’obscurcissent pas leurs regards, parce qu’ils ont lavé fréquemment leurs âmes dans les larmes de la pénitence et de la dévotion, et sont montés de vertu en vertu. La sainte Vierge est assimilée à ces âmes qui, fidèle troupeau du Sauveur, se, sont nourries dans le champ des écrits inspirés ; elle aussi a cueilli, médité et s’est assimilé, pour ainsi dire, les plantes verdoyantes de la sainte Écriture ». (B. Albert le Grand). « Les brebis dont nous avons parlé portent toutes le double fruit de la charité envers Dieu et envers le prochain ». (Corn. a Lap.).
[4] Pourquoi compare-t-on les lèvres de l’Épouse à la pourpre, sinon pour indiquer qu’elles sont enflammées ? Une flamme intérieure les embrase, et elles répandent au dehors ce feu descendu du ciel ; car ses lèvres sont telles, non seulement dans la prière, mais dans l’exhortation. (Gillebert de Hoilande).
[5] Les grenades, par la couleur rouge de leur écorce expriment la pudeur d’un visage modeste. Or, la pudeur est une parure convenable pour l’Épouse du Christ. Comme une aurore, elle colore les principes de tous les actes, et elle ajoute aux autres vertus le charme d’une modestie virginale. Cette modestie cache plus de vertus dans le cœur qu’elle n’en laisse paraître au dehors. (Gillebert de Hoilande).
[6] S. Bernardin de Sienne et d’autres auteurs appellent Marie le cou de l’Église, parce qu’elle transmet aux membres la vie du chef, c’est-à-dire de Jésus-Christ. Son cou est comparé à la tour de David. C’est que Marie est pleine de dignité, de courage et de grandeur d’âme ; vertus que symbolise encore ce collier qui l’environne comme un rempart et où sont suspendus des ornements qui rappellent les boucliers. Toute force et toute vertu sont en Marie. Tout l’ornement des forts d’Israël, c’est-à-dire des saints Apôtres, est en elle ; et il n’y a rien dans l’Église qui ne sont premièrement en Marie. La tour de David était inexpugnable : ainsi l’incomparable humilité de la sainte Vierge fut toute sa force ; la tour de David dominait toute la ville : Marie s’élève au-dessus de toute créature, les pécheurs trouvent en elle refuge et protection. Marie est forte comme la tour de David ; elle soutient l’Église par la fermeté de sa foi, de son espérance et de sa charité ; par sa prière, elle relève celui qui tombe et lui rend sa vigueur ; comme une tour, elle défend, elle fortifie celui qui vient s’y abriter.
[7] Le mot « viens » est trois fois répété. La sainte Trinité offre à Marie une triple couronne comme récompense de son humilité, de sa virginité et de sa charité. (B. Albert le Grand). Elle est appelée du Liban qui signifie blanc. Marie est éclatante de blancheur par ses vertus, plus blanche que la neige par les dons du Saint-Esprit : tout en elle est grâce et pureté. (S. Jérôme).
[8] Amana signifie peuple vain ou étroit, Sanir peuple hérissé, et Hermon anathème. Ces noms et ceux des animaux cités laissent entendre je ne sais quoi d’âpre, de sauvage et de faux. S’il est dit que l’Épouse vient de là pour être couronnée, n’est-ce pas qu’ayant vaincu tous ces obstacles, elle y puise la matière d’un triomphe ? Ainsi, est-elle couronnée pour sa patience dans la tribulation, l’âme qui vient d’une grande épreuve avec la douceur et la mansuétude de l’agneau, couverte du vêtement neuf de la charité (vêtement blanc indiqué par le mot Liban qui signifie blancheur), que l’impatience et le murmure n’ont assombri d’aucune tache. (Gillebert de Hoilande).
[9] Il ne s’agit pas d’une blessure de douleur, mais d’amour (B. Albert le Grand). Tu as blessé mon cœur, c’est-à-dire tu l’as touché par ce regard unique d’une intention pure toujours fixée vers moi, par le regard de la foi, de l’espérance et de l’amour, et aussi par un seul cheveu de ton cou, c’est-à- dire par ton obéissance, vertu qui est comme un lien courbant notre tête sous le joug de la loi divine. (Corn. a Lap.).
[10] Comme si notre Seigneur disait : O Mère bien-aimée, quand vos lèvres s’entr’ouvrent pour répandre des prières en faveur des hommes, elles sont pour moi d’une suavité comparable à celle du miel que laisse couler le rayon. (J. B. Novati,) Il n’y a qu’à toucher le cœur de Marie par une parole filiale pour en obtenir quelque chose de la grâce dont elle est remplie ; bien plus, le rayon laisse couler spontanément la précieuse liqueur qui surabonde : de même Marie vient souvent d’elle-même, sans être appelée, apporter la grâce et les joies célestes.
[11] Sœur, épouse. La réunion de ces termes indique que la chasteté est jointe en l’épouse à la fécondité. (Corn, à Lap.).
[12] Marie est un jardin où sont réunies toutes les délices du paradis ; c’est là qu’a habité le nouvel Adam descendu du ciel et qu’a jailli la source de toutes les miséricordes. (Pasch. Ratbert.) Ce jardin est fermé, car « jamais l’erreur n’est entrée dans l’esprit de Marie, ni le péché dans son cœur ». (S. Antonin.) Cette fontaine est scellée : rien ne saurait troubler les eaux pures de la grâce qui sont en Marie et qui par elle se répandent dans l’Église.
[13] Les rejetons que donne ce jardin délicieux du cœur de Marie, ce sont tous les biens dont la grâce nous fait jouir ici-bas, mais c’est surtout ce fruit délicieux qui, jeté en terre, a produit la moisson abondante des élus. (Card. Hug.). Ce sont ensuite les plantes aromatiques, le cyprès, le nard, etc. « Tout ce que le monde a de grâce, de vertus, d’œuvres célestes, c’est Marie qui le donne ; là où étaient les ronces, les épines, le chardon, là sont maintenant toutes les grâces, tous les bois du Liban, et les parfums les plus exquis ». (Rupert).
[14] Les jardins de la sainte Vierge sont beaux, se sont les âmes de ses serviteurs fidèles ; on y trouve les fleurs des vertus, mais ces fleurs ne sauraient s’épanouir sans la source qui les arrose, et qui est Marie, Cette source est appelée un puits, à cause de la profondeur de l’humilité de la Mère de Dieu. C’est un puits d’eaux vives qui donnent la vie à notre âme et la font s’élever à la vie éternelle. : Ces eaux coulent impétueusement : avec Marie, pas de retard ; aussitôt qu’on l’invoque, elle répand les grâces avec abondance, et de même qu’un torrent impétueux renverse tout sur son cours, ainsi les grâces qui nous viennent par Marie détachent les âmes de la terre pour les entraîner vers le ciel ; ces eaux coulent du Liban (de la blancheur), car la grâce rend pures et blanches les âmes des pécheurs ». (B. Albert le Grand).
[15] Si l’Évangile rapportant la venue de Jésus à Béthanie est assigné à l’Assomption, c’est 1° que l’hospitalité reçue par le Sauveur dans la maison de Marthe rappelle que le sein de Marie fut sa demeure bien autrement auguste, et 2° parce que le repos contemplatif goûté par Madeleine à ses pieds nous offre une image du repos éternel dans la gloire, auquel est parvenue la très sainte Vierge après avoir choisi la meilleure part ici-bas en se déclarant la servante du Seigneur, que ce bonheur ne lui sera « jamais ôté ».
[16] Gen. 3, 15.
[17] Rom. 5-6 ; I Cor. 15, 21-26, 54-57.
[18] I Cor. 15, 54.
[19] Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 599.
[20] I Tim. 1, 17.
[21] Cette traduction n’est pas bonne, mais c’est la seule que nous ayons trouvée.
[22] Cant. 6, 12.
[23] Prov. VIII, 22-31.
[24] Eccli. I, 9-10.
[25] Épître des Messes de Notre-Dame de la Pentecôte à l’Avent.
[26] Eccli. XXIV, 14.
[27] Psalm. XLIV, 3.
[28] Ex pseudo-epistola Dionys. ad Paulum.
[29] Thom. Aqu. Ia P. qu. LXII, art. 6.
[30] Psalm. LXXXVI, 1.
[31] Ibid. 2.
[32] Eccli. XXIV, 5.
[33] Luc. I, 38.
[34] Bern. Sermo II in Annuntiat.
[35] Luc. I, 35.
[36] Heb. I, 3.
[37] Bossuet, Premier Sermon pour l’Assomption.