Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Dans la liturgie avant 1955, le vendredi entre le Jeudi Octave de l’Ascension et le Samedi Vigile de la Pentecôte forme une exception liturgique.
Ce jour ne faisant plus partie de l’Octave de l’Ascension devrait être une férie simple comme les féries du temps pascal, avec un seul nocturne de neuf psaumes, et trois lectures de l’Écriture occurrente (III Jn), mais il forme un pont entre l’Octave de l’Ascension et celui de la Pentecôte : l’Office n’y est pas de la férie mais reprend l’Office de l’Octave de l’Ascension avec trois nocturnes à Matines, sauf que la Messe étant celle du Dimanche dans l’Octave, la lecture et le commentaire patristique au 3ème nocturne concernent Jn. 15, 26-27 ; 16, 1-4 et non plus Marc 16, 14-20 (et le 8ème répons des Matines de l’Octave Ponis nubem ascénsum tuum est remplacé par celui propre au dimanche Si enim non abíero), les Laudes et Vêpres sont comme au Dimanche dans l’Octave.
En 1955, le Décret de simplification des rubriques a supprimé l’Octave de l’Ascension, suppression entérinée en 1960. La lecture occurrente d’aujourd’hui (III Jn) a été déplacée à hier, et on prend depuis la lecture scripturaire auparavant réservée à la Vigile de la Pentecôte (Jud.)
Nous donnons ici l’Office des Matines avec les deux lectures patristiques propres à chaque jour, et les commentaires habituels.
La Messe avant 1960 est celle du Dimanche dans l’Octave de l’Ascension, depuis 1960, ce jour étant une simple férie du Temps de l’Ascension, on y reprend la messe du jour de la Fête.
A MATINES
Invitatorium | Invitatoire |
Allelúia, Christum Dóminum ascendéntem in cælum, * Veníte adorémus, allelúia. | Alléluia, le Christ Seigneur montant au ciel, * Venez, adorons-le, alléluia. |
Psaume 94 (Invitatoire) | |
Hymne | |
Æterne Rex altíssime (matines de l’Ascension) | |
In I Nocturno | Au 1er Nocturne |
Ant. 1 Eleváta est * magnificéntia tua super cælos, Deus, allelúia. | Ant. 1 Elle est élevée, * votre magnificence, ô Dieu, au dessus des cieux [1], alléluia. |
Psaume 8 | |
Ant. 2 Dóminus in templo * sancto suo, Dóminus in cælo, allelúia. | Ant. 2 Le Seigneur est * dans son temple saint, le Seigneur est dans le ciel [2], alléluia. |
Psaume 10 | |
Ant. 3 A summo cælo * egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius, allelúia. | Ant. 3 A l’extrémité du ciel * est sa sortie : et le terme de sa course à son extrémité [3], alléluia. |
Psaume 18 | |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, allelúia. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie [4], alléluia. |
R/. Et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | R/. Et le Seigneur, au son de la trompette, alléluia. |
Lectio i | 1ère leçon |
Incipit Epístola tértia beáti Ioánnis Apóstoli. | Commencement de la troisième Épître du bienheureux Apôtre Jean. |
Vers. 1-4. | |
Sénior Gaio caríssimo, quem ego díligo in veritáte. Caríssime, de ómnibus oratiónem fácio próspere te íngredi et valére, sicut próspere agit ánima tua. Gavísus sum valde veniéntibus frátribus, et testimónium perhibéntibus veritáti tuæ, sicut tu in veritáte ámbulas. Maiórem horum non hábeo grátiam, quam ut áudiam fílios meos in veritáte ambuláre. | Le vieillard, au très cher Gaïus, que j’aime dans la vérité. Mon bien-aimé, je prie pour que toutes tes affaires et ta santé soient en aussi bon état que ton âme. Je me suis fort réjoui, nos frères étant venus, et ayant rendu témoignage de la sincérité et de la manière dont tu marches dans la vérité. Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité. |
R/. Post passiónem suam per dies quadragínta appárens eis, et loquens de regno Dei, allelúia : * Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | R/. Après sa passion il leur apparut pendant quarante jours, leur parlant du royaume de Dieu [5], alléluia : * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux [6], alléluia. |
V/. Et convéscens præcépit eis, ab Ierosólymis ne discéderent, sed exspectárent promissiónem Patris. | V/. Mangeant avec eux, il leur commanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre la promesse du Père [7]. |
* Et, vidéntibus illis, elevátus est, allelúia : et nubes suscépit eum ab óculis eórum, allelúia. | * Puis, eux le voyant, il s’éleva, alléluia, et une nuée le déroba à leurs yeux, alléluia. |
Lectio ii | 2e leçon |
Vers. 5-10. | |
Caríssime, fidéliter facis quidquid operáris in fratres, et hoc in peregrínos, qui testimónium reddidérunt caritáti tuæ in conspéctu ecclésiæ : quos benefáciens dedúces digne Deo. Pro nómine enim eius profécti sunt, nihil accipiéntes a Géntibus. Nos ergo debémus suscípere huiúsmodi, ut cooperatóres simus veritátis. Scripsíssem fórsitan ecclésiæ : sed is, qui amat primátum gérere in eis, Diótrephes, non récipit nos. Propter hoc, si vénero, commonébo eius ópera, quæ facit verbis malígnis gárriens in nos : et quasi non ei ista suffíciant, neque ipse súscipit fratres, et eos, qui suscípiunt, próhibet et de ecclésia éicit. | Mon bien-aimé, tu agis fidèlement dans tout ce que tu fais pour nos frères, et particulièrement pour les étrangers, qui ont rendu témoignage à ta charité en présence de l’Église ; tu agiras très bien si tu leur fais une conduite digne de Dieu. Car c’est pour son nom qu’ils sont partis, n’ayant rien reçu des Gentils. Nous donc, nous devons accueillir ces sortes de personnes, afin de coopérer à l’avancement de la vérité. J’aurais peut-être écrit à l’Église, mais celui qui aime à y tenir le premier rang, Diotrèphe, ne veut pas nous recevoir. C’est pourquoi si je viens, je lui rappellerai les œuvres qu’il fait en tenant contre nous des discours malins ; et comme si c’était encore trop peu pour lui, non seulement il ne reçoit pas lui-même nos frères, mais il empêche ceux qui voudraient les recevoir, et il les chasse de l’Église. |
R/. Omnis pulchritúdo Dómini exaltáta est super sídera : * Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | R/. Toute la beauté du Seigneur a été exaltée au-dessus des astres [8] : * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement [9], alléluia. |
V/. A summo cælo egréssio eius, et occúrsus eius usque ad summum eius. | V/. A l’extrémité du ciel est sa sortie, et le terme de sa course à son extrémité [10]. |
* Spécies eius in núbibus cæli, et nomen eius in ætérnum pérmanet, allelúia. | * Son rayonnement est dans les nuées du ciel, et son nom demeure éternellement, alléluia. |
Lectio iii | 3e leçon |
Vers. 11-14. | |
Caríssime, noli imitári malum, sed quod bonum est. Qui bene facit, ex Deo est. Qui male facit, non vidit Deum. Demétrio testimónium rédditur ab ómnibus, et ab ipsa veritáte, sed et nos testimónium perhibémus : et nosti quóniam testimónium nostrum verum est. Multa hábui tibi scríbere : sed nólui per atraméntum et cálamum scríbere tibi. Spero autem prótinus te vidére, et os ad os loquémur. Pax tibi. Salútant te amíci. Salúta amícos nominátim. | Mon bien-aimé, n’imite point le mal, mais le bien. Qui fait le bien est de Dieu ; qui fait le mal, n’a pas vu Dieu. Pour Démétrius, témoignage lui est rendu par tout le monde, et par la vérité elle-même ; mais nous aussi, nous lui rendons témoignage, et tu sais que notre témoignage est véritable. J’ai beaucoup de choses à t’écrire ; mais je ne veux pas t’écrire avec de l’encre et une plume ; parce que j’espère te voir bientôt et alors nous parlerons de bouche à bouche. Paix à toi. Nos amis te saluent. Salue nos amis par leur nom. |
R/. Exaltáre, Dómine, allelúia, * In virtúte tua, allelúia. | R/. Élevez-vous, Seigneur [11], alléluia, * Dans votre puissance, alléluia. |
V/. Eleváta est, magnificéntia tua super cælos, Deus. | V/. Dieu, votre magnificence est élevée au-dessus des cieux [12]. |
* In virtúte tua, allelúia. Glória Patri. * In virtúte tua, allelúia. | * Dans votre puissance, alléluia. Gloire au Père. * Dans votre puissance, alléluia. |
In II Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 4 Exaltáre, Dómine, * in virtúte tua : cantábimus et psallémus, allelúia. | Ant. 4 Élevez-vous, Seigneur, * dans votre puissance : nous chanterons et nous psalmodierons [13], alléluia. |
Psaume 20 | |
Ant. 5 Exaltábo te, * Dómine, quóniam suscepísti me, allelúia. | Ant. 5 Je vous exalterai, * Seigneur, parce que vous m’avez relevé [14], alléluia. |
Psaume 29 | |
Ant. 6 Ascéndit Deus * in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ, allelúia. | Ant. 6 Dieu est monté * au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur, au son de la trompette [15], alléluia. |
Psaume 46 | |
V/. Ascéndens Christus in altum, allelúia. | V/. Le Christ montant au ciel [16], alléluia. |
R/. Captívam duxit captivitátem, allelúia. | R/. A emmené captive la captivité [17], alléluia. |
Lectio iv | 4e leçon |
De sermóne sancti Augustíni Epíscopi. | Du sermon de saint Augustin, Évêque. |
Idem Sermo 176, in fine | |
Salvátor noster, caríssimi, si non in nostra carne diábolum triumphávit, se exércuit, non nobis vicit. Si non in nostro córpore resurréxit, conditióni nostræ resurgéndo nihil cóntulit. Hæc qui dicit, suscéptæ et assúmptæ carnis non intélligit ratiónem, confúndit órdinem, evácuat utilitátem. Si non in nostra carne perégit medicínam, solam ergo ex hómine nascéndi elégit iniúriam. Recédat a sénsibus nostris tam periculósa persuásio. De nostro est quod appéndit, de suo est quod donávit. Meum testor esse quod cécidit, ut meum sit quod resurréxit. Meum testor esse quod iácuit intra túmulum, ut meum sit quod ascéndit in cælum. | Mes bien chers frères, si ce n’est pas dans notre chair que le Sauveur a triomphé du démon, il a combattu, en manière d’exercice, mais il n’a pas vaincu pour nous. Si ce n’est pas dans notre corps qu’il est ressuscité, il n’a rien changé à notre condition en ressuscitant. Celui qui parle ainsi [18] ne comprend pas la raison pour laquelle le Sauveur s’est revêtu de notre chair et l’a élevée au ciel, il confond l’ordre de la rédemption, et en détruit l’utilité. Si ce n’est pas dans notre chair que le Christ a poursuivi l’œuvre de notre guérison, il n’a donc rien pris de la nature humaine que la bassesse de la naissance. Chassons loin de notre esprit une croyance aussi dangereuse, ce qu’il a pris est du nôtre, ce qu’il a donné est du sien. J’atteste que ce qui a succombé est mien, afin que ce qui est ressuscité m’appartienne. Je confesse que ce qui a été enseveli dans le tombeau est à moi, afin que ce qui est monté au ciel soit à moi. |
R/. Tempus est, ut revértar ad eum, qui me misit, dicit Dóminus : nolíte contristári, nec turbétur cor vestrum : * Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | R/. Il est temps que je retourne à celui qui m’a envoyé [19], dit le Seigneur : ne soyez pas attristés, et que votre cœur ne se trouble pas [20] : * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même [21], alléluia, alléluia. |
V/. Nisi ego abíero, Paráclitus non véniet : cum assúmptus fúero, mittam vobis eum. | V/. Si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas : mais lorsque je serai monté, je vous l’enverrai [22]. |
* Rogo pro vobis Patrem, ut ipse vos custódiat, allelúia, allelúia. | * Je prie mon Père pour vous, afin qu’il vous garde lui-même, alléluia, alléluia. |
Lectio v | 5e leçon |
In illo ítaque nostri géneris córpore nos Christi mors vivificávit, nos resurréctio eréxit, nos ascénsio consecrávit. In illo nostræ oríginis córpore cæléstibus regnis arrham nostræ conditiónis impósuit. Elaborémus ergo, caríssimi, ut quemádmodum Dóminus in hac die nostro cum córpore ad supérna conscéndit, ita nos post illum quómodo póssumus, spe ascendámus, et corde sequámur. Ipso afféctu páriter et proféctu ascendámus post illum : étiam per vítia ac passiónes nostras. Si útique unusquísque nostrum súbdere eas sibi stúdeat, ac super eas stare consuéscat, ex ipsis sibi gradum cónstruit, quo possit ad superióra conscéndere. Elevábunt nos, si fúerint infra nos. | C’est donc dans ce corps appartenant à notre nature que la mort du Christ nous a donné la vie, que sa résurrection nous a relevés, que son ascension nous a consacrés. C’est en ce corps, d’une origine identique à la nôtre, qu’il a placé dans le royaume céleste l’arrhe de notre condition future. Travaillons donc, très chers frères, afin que, de même que le Seigneur est en ce jour monté au ciel avec notre chair, ainsi, autant que nous le pouvons, nous montions par notre espérance après lui et que nous le suivions de cœur. Montons après lui par notre affection, par notre avancement dans la vertu, et même au moyen de nos vices et de nos passions. Certes, si chacun de nous s’efforce de les soumettre à sa volonté, s’accoutume à se tenir debout au-dessus d’eux, il s’en fera comme un degré pour monter plus haut. Ils nous élèveront, s’ils restent au-dessous de nous. |
R/. Non turbétur cor vestrum : ego vado ad Patrem ; et cum assúmptus fúero a vobis, mittam vobis, allelúia, * Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | R/. Que votre cœur ne se trouble point [23] : moi je vais à mon Père ; et lorsque je vous aurai quittés, je vous enverrai [24], alléluia : * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira [25], alléluia. |
V/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis. | V/. Moi je prierai mon Père, et il nous donnera un autre Paraclet [26]. |
* Spíritum veritátis, et gaudébit cor vestrum, allelúia. | * L’Esprit de vérité, et votre cœur se réjouira, alléluia. |
Lectio vi | 6e leçon |
De vítiis nostris scalam nobis fácimus, si vítia ipsa calcámus. Nam cum bonitátis auctóre non ascéndit malítia, nec cum Fílio Vírginis libído atque luxúria. Non, inquam, ascéndunt vítia post virtútum paréntem, peccáta post iustum, nec infirmitátes ac morbi possunt ire post médicum. Igitur, si intráre ipsíus médici regnum vólumus, prius vúlnera nostra curémus. Ordinémus et custodiámus in nobis statum utriúsque substántiæ ; ne ánimam, nobiliórem útique hóminis portiónem, tártaro pars devólvat inférior : sed secum pótius cælo sanctificátum corpus acquírat natúra gloriósior : ipso adiuvánte, qui vivit et regnat in sæcula sæculórum. Amen. | De nos vices nous nous faisons une échelle, si nous les foulons eux-mêmes aux pieds. Car la malice ne monte pas au ciel avec l’auteur du bien, ni la passion déréglée et la vie sensuelle avec le Fils de la Vierge. Les vices, dis-je, ne montent pas après l’auteur des vertus ; les péchés après le juste ; les infirmités et les maladies ne peuvent aller après le médecin. Si donc nous voulons entrer dans le royaume du médecin lui-même, guérissons d’abord nos blessures. Établissons et conservons en nous l’ordre qui doit exister entre les deux substances de notre être, afin que la partie inférieure ne fasse pas rouler dans l’enfer l’âme qui est, sans aucun doute, la plus noble portion de l’homme ; mais que cette substance plus glorieuse attire plutôt au ciel avec elle le corps sanctifié, par le secours de celui-là même qui vit et règne dans les siècles des siècles. Amen. |
R/. Ascéndens Christus in altum, captívam duxit captivitátem, * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | R/. Le Christ montant au ciel a conduit captive la captivité [27], * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
V/. Ascéndit Deus in iubilatióne, et Dóminus in voce tubæ. | V/. Dieu est monté au milieu des acclamations de joie, et le Seigneur au son de la trompette [28]. |
* Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. Glória Patri. * Dedit dona homínibus, allelúia, allelúia, allelúia. | * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, Gloire au Père. * Il a donné des dons aux hommes, alléluia, alléluia, alléluia, |
In III Nocturno | Au 2nd Nocturne |
Ant. 7 Nimis exaltátus est, * allelúia : super omnes deos, allelúia. | Ant. 7 Vous êtes infiniment élevé, * alléluia, au-dessus de tous les dieux [29], alléluia [30]. |
Psaume 96 | |
Ant. 8 Dóminus in Sion, * allelúia : magnus et excélsus, allelúia. | Ant. 8 Le Seigneur est dans Sion, * alléluia ; il est grand et élevé [31], alléluia. |
Psaume 98 | |
Ant. 9 Dóminus in cælo, * allelúia : parávit sedem suam, allelúia. | Ant. 9 Le Seigneur dans le ciel, * alléluia, a préparé son trône [32], alléluia. |
Psaume 102 | |
V/. Ascéndo ad Patrem meum, et Patrem vestrum [33], allelúia. | V/. Je monte vers mon Père et votre Père, alléluia. |
R/. Deum meum, et Deum vestrum, allelúia. | R/. Vers mon Dieu et votre Dieu, alléluia. |
Lectio vii | 7e leçon |
Léctio sancti Evangélii secundum Joánnem. | Lecture du saint Évangile selon saint Jean. |
Cap. 15, 26-27 ; 16, 1-4. | |
In illo témpore : Dixit Iesus discípulis suis : Cum vénerit Paráclitus, quem ego mittam vobis a Patre, Spíritum veritátis, qui a Patre procédit, ille testimónium perhibébit de me. Et réliqua. | En ce temps-là : Jésus dit à ses disciples : Lorsque le Paraclet que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, sera venu, il rendra témoignage de moi. Et le reste. |
Homilía sancti Augustíni Epíscopi. | Homélie de saint Augustin, Évêque. |
Tractatus 92 in Ioannem, circa medium | |
Venit die Pentecóstes Spíritus Sanctus in centum vigínti hómines congregátos, in quibus et Apóstoli omnes erant : qui illo adimpléti, cum linguis ómnium géntium loqueréntur, plures ex his, qui áderant, tanto miráculo stupefácti (quandóquidem vidérunt, loquénte Petro, tam magnum atque divínum testimónium perhibéri de Christo, ut ille, qui occísus ab eis inter mórtuos deputabátur resurrexísse et vívere probarétur) compúncti corde convérsi sunt, et tanti sánguinis, tam ímpie atque immániter fusi, indulgéntiam percepérunt, ipso redémpti sánguine quem fudérunt. | Le Saint-Esprit descendit le jour de la Pentecôte sur cent vingt personnes réunies, parmi lesquelles se trouvaient tous les Apôtres. A peine furent-ils remplis de l’Esprit-Saint, qu’ils parlèrent les langues de tous les peuples. Frappés de ce prodige, un grand nombre de ceux qui persévéraient dans leur haine, (entendant Pierre rendre à Jésus-Christ un témoignage si grand et si divin, et prouver aux Juifs que celui qu’ils avaient crucifié et compté parmi les morts était ressuscité, et qu’il était plein de vie), furent touchés de repentir au fond du cœur, se convertirent et reçurent le pardon du sang si précieux qu’ils avaient versé avec tant d’impiété et de cruauté, rachetés par ce sang même qu’ils avaient répandu. |
R/. Ego rogábo Patrem, et álium Paráclitum dabit vobis, * Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | R/. Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet [34] : * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
V/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. | V/. Car, si je ne m’en vais point, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai [35]. |
* Ut máneat vobíscum in ætérnum, Spíritum veritátis, allelúia. | * L’Esprit de vérité, pour qu’il demeure éternellement avec vous, alléluia. |
Lectio viii | 8e leçon |
Christi enim sanguis sic in remissiónem peccatórum ómnium fusus est, ut ipsum étiam peccátum posset delére, quo fusus est. Hoc ergo íntuens Dóminus dicébat : Odio habuérunt me gratis : cum autem vénerit Paráclitus, ille testimónium perhibébit de me. Tamquam díceret : Odio me habuérunt, et occidérunt vidéntes : sed tale de me Paráclitus testimónium perhibébit, ut eos fáciat in me crédere non vidéntes. Et vos, inquit, testimónium perhibébitis, quia ab inítio mecum estis. Perhibébit Spíritus Sanctus, perhibébitis et vos. Quia enim ab inítio mecum estis, potéstis prædicáre quod nostis : quod ut modo non faciátis, illíus Spíritus plenitúdo nondum adest vobis. | En effet, le sang de Jésus-Christ a été répandu pour la rémission de tous les péchés, de telle manière qu’il pût effacer même le péché par lequel il a été répandu. C’est ce que le Seigneur avait en vue lorsqu’il disait : « Ils m’ont haï gratuitement ; mais, lorsque sera venu le Paraclet, il rendra témoignage de moi » [36]. C’est comme s’il disait : Ils m’ont haï et ils m’ont mis à mort, bien qu’ils aient vu les œuvres que j’ai faites ; mais le Paraclet rendra de moi un si éclatant témoignage, qu’il fera croire en moi ceux même qui n’auront pu être témoins de mes œuvres. « Et vous aussi, ajoute le Sauveur, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi » [37]. L’Esprit-Saint rendra témoignage et vous aussi. Comme vous êtes avec moi depuis le commencement, vous pouvez annoncer ce que vous avez appris ; et si vous ne le faites pas dès à présent, c’est que la plénitude de l’Esprit-Saint n’est pas encore avec vous. |
R/. Si enim non abíero, Paráclitus non véniet ad vos : si autem abíero, mittam eum ad vos. * Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. | R/. Si je ne m’en vais point [38], le Paraclet ne viendra pas à vous : mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. |
V/. Non enim loquétur a semetípso : sed quæcúmque áudiet, loquétur ; et quæ ventúra sunt, annuntiábit vobis [39]. | V/. Car il ne parlera point de lui-même : mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui doit arriver, il vous l’annoncera [40]. |
* Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. Glória Patri. * Cum autem vénerit ille, docébit vos omnem veritátem, allelúia. | * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. Gloire au Père. * Quand il sera venu, il vous enseignera toute vérité, alléluia. |
Lectio ix | 9e leçon |
Ille ergo testimónium perhibébit de me, et vos testimónium perhibébitis : dabit enim vobis fidúciam testimónium perhibéndi cáritas Dei diffúsa in córdibus vestris per Spíritum Sanctum, qui dábitur vobis. Quæ útique Petro adhuc défuit, quando mulíeris ancíllæ interrogatióne pertérritus, non pótuit verum testimónium perhibére, sed contra suam pollicitatiónem timóre magno compúlsus est ter negáre. Timor autem iste non est in caritáte : sed perfécta cáritas foras mittit timórem. Dénique ante passiónem Dómini, servílis timor eius interrogátus est a fémina servitútis ; post resurrectiónem vero Dómini, liberális eius amor ab ipso príncipe libertátis : et ídeo ibi turbabátur, hic tranquillabátur ; ibi quem diléxerat, negábat ; hic quem negáverat, diligébat. Sed adhuc étiam tunc amor ipse infírmus fúerat et angústus, donec eum roboráret et dilatáret Spíritus Sanctus. | « Il rendra donc témoignage de moi, et vous aussi vous rendrez témoignage » [41]. « Car la charité de Dieu, répandue dans vos cœurs par l’Esprit-Saint qui vous sera donné » [42], vous inspirera le courage de rendre ce témoignage. C’est ce courage qui a fait défaut à Pierre, lorsque, effrayé de la question d’une servante, il ne put rendre un témoignage véritable et fut entraîné par la crainte à renier trois fois son Maître, malgré la promesse qu’il avait faite. Or « il n’y a point de crainte dans la charité ; mais la charité parfaite chasse la crainte » [43]. Ainsi, avant la passion du Seigneur, la crainte servile de Pierre fut interrogée par une femme esclave ; mais après la résurrection du Seigneur, c’est l’amour d’un cœur libre qui est interrogé par l’auteur même de la liberté. Aussi dans le premier cas fut-il troublé, dans le second, il était dans le calme ; alors il renia celui qu’il avait aimé, en ce moment il aimait celui qu’il avait renié. Cependant après la résurrection son amour même était encore faible et borné, il le fut jusqu’à ce que le Saint-Esprit le fortifiât et l’agrandît. |
Te Deum | |
A Laudes, comme les Laudes du Dimanche dans l’Octave de l’Ascension.
Aux Vêpres, comme les Vêpres du Dimanche dans l’Octave de l’Ascension.
L’Octave est achevée ; le mystère de la glorieuse Ascension est accompli ; c’en est fait, Jésus ne se montrera plus à nos regards, jusqu’à ce qu’il vienne juger les vivants et les morts. La foi seule nous le révèle désormais, et nous ne pouvons plus le saisir que par l’amour : telle est la condition de notre épreuve, jusqu’à ce que, pour récompense de cette foi et de cet amour, nous soyons admis à l’intérieur du voile.
Ne murmurons pas cependant. Espérons plutôt de cette espérance qui ne trompe pas, comme dit l’Apôtre [44]. Et comment ne serions-nous pas tout entiers à cette espérance fortunée, lorsque nous nous souvenons que Jésus nous a promis d’être avec nous jusqu’à la consommation des siècles [45] ? Il ne se rendra pas visible, mais il sera là toujours. Pourrait-il abandonner l’Église son épouse ? Et ne sommes-nous pas les membres de cette épouse bien-aimée ?
Mais Jésus a fait plus encore pour nous. S’il se retire, c’est en nous disant avec une tendresse infinie : « Je ne vous laisserai pas orphelins » [46]. Quand il nous disait : « Il vous est avantageux que je m’en aille, » il ajoutait : « Si je ne m’en allais pas, le Consolateur ne viendrait pas vers vous » [47]. Ce consolateur ineffable est l’Esprit-Saint, l’Esprit du Père et du Fils qui va descendre incessamment sur nous, et qui doit demeurer avec nous, visible dans ses œuvres, jusqu’à ce que Jésus reparaisse pour enlever ses élus d’un monde qui aura mérité d’être abandonné aux flammes. Mais l’Esprit ne doit pas descendre qu’il ne soit envoyé, et, comme nous l’apprend l’Évangéliste, « il ne doit pas être envoyé que Jésus n’ait été glorifié » [48]. Il vient continuer l’œuvre ; mais cette œuvre devait d’abord être conduite par le Fils de Dieu jusqu’au terme assigné dans les décrets éternels.
Après ses labeurs, Jésus est entré dans son repos, emportant avec lui notre humanité élevée en lui aux honneurs divins. L’Esprit-Saint ne revêtira pas cette nature ; mais il vient nous consoler de l’absence de Jésus, il vient opérer ce qui reste à accomplir dans l’œuvre de notre sanctification ; et c’est lui déjà que nous avons vu à l’œuvre dans les deux jours précédents, lorsque nous avons contemplé les prodiges de la foi et de l’amour, depuis le départ de celui qui est l’objet de l’une et de l’autre. C’est l’Esprit-Saint qui produit la foi dans les âmes, de même que c’est lui « qui répand la charité dans les cœurs » [49].
Nous voici donc au moment de voir s’ouvrir une nouvelle série des merveilles de l’amour de Dieu envers sa créature. Encore quelques heures, et le règne de l’Esprit-Saint aura commencé ; mais en ce jour, le dernier qui nous reste, puisque dès demain, à l’heure du soir, s’ouvrira déjà la solennité de la Pentecôte, laissons-nous aller au légitime besoin de vénérer encore les traces augustes de notre divin Rédempteur sur cette terre. La sainte Liturgie nous l’avait rendu présent jour par jour, depuis ces touchantes semaines de l’Avent où nous entourions la divine Mère, attendant avec respect l’heureux moment où elle nous donnerait son fruit à jamais béni ; et maintenant, pour le retrouver, il nous faut lever les regards vers le ciel, sortir de ce monde où il ne se laisse plus voir. Heureux souvenirs de l’intime commerce que nous eûmes si longtemps avec l’Emmanuel, alors qu’il nous admettait à le suivre dans toutes ses voies, nous ne pouvons vous mettre en oubli. Bien plus, nous comptons sur l’Esprit divin pour vous graver plus profondément encore dans nos âmes. Jésus n’a-t-il pas annoncé que cet ineffable Consolateur étant venu en nous, il nous ferait ressouvenir de tout ce que nous avons entendu, goûté et expérimenté dans la société de celui qui, étant Dieu, a daigné vivre avec nous de notre vie, pour nous préparer à vivre nous-mêmes éternellement de la sienne [50] ?
Au reste, s’il nous est cher de suivre ainsi les vestiges de notre Sauveur sur la terre, il nous est bien permis de nous rappeler aussi qu’il ne l’a pas voulu quitter sans y laisser une marque sensible de son amour pour cet humble séjour où il fut conçu au sein de la Vierge, où il naquit, où il daigna passer par toutes les phases de la vie de l’homme, où il mourut sur la croix, où il ressuscita glorieux, et d’où il s’élança enfin pour monter à la droite de son Père. N’a-t-il pas laissé sur la roche du mont des Oliviers le double vestige de ses derniers pas ? Tant il se détachait avec peine de cette humble demeure où son amour pour nous l’avait retenu durant trente-trois années ! Ce fait est fondé sur le témoignage de saint Augustin, de saint Paulin, de saint Optat, de Sulpice Sévère, qui nous attestent le prodige que les siècles suivants ont constaté après eux.
En vain, comme le remarquent ces anciens, l’armée de Titus vint s’établir en ce lieu, d’où elle dominait la ville déicide sur laquelle elle allait fondre ; ni les pas du soldat romain, ni les roues des chariots de guerre, ni les pieds des chevaux, ne purent altérer ces traces du dernier adieu que Jésus laissa à sa sainte Mère, à ses disciples, à nous tous, du lieu même où il doit reparaître au dernier jour. C’était donc sur ce même sol que, quarante ans après, les enseignes romaines apparaissaient tout d’abord, à cette heure si terrible pour l’ingrate Jérusalem.
Rappelons-nous ici les deux Anges qui vinrent annoncer le dernier avènement du Fils de Dieu, au moment même où la nuée le dérobait à tous les regards terrestres, et le rapprochement que le Seigneur avait fait lui-même de la ruine de Jérusalem et de la dernière catastrophe du monde. Ces derniers vestiges des pas de Jésus sont donc à la fois un adieu plein de tendresse et la menace d’un retour plein d’effroi. Au bas de la montagne s’étend la Vallée de Josaphat, la Vallée du Jugement ; et ce n’est pas en vain que le Prophète a dit : « Ses pieds poseront en ce jour sur la montagne des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’Orient » [51].
Acceptons humblement cette impression de crainte, par laquelle le Seigneur visite notre âme en ce moment, afin de l’établir plus solidement dans l’amour, et baisons avec émotion ces derniers vestiges des pieds sacrés de notre Emmanuel. La pieuse impératrice sainte Hélène, dont la noble mission ici-bas fut de rechercher et d’honorer les traces du passage du Fils de Dieu sur la terre, n’eut garde d’oublier celles que gardait encore le mont des Oliviers. Par ses ordres un somptueux édifice, construit en rotonde, s’éleva pour couvrir ce lieu auguste ; mais lorsque les ouvriers voulurent revêtir le sol de marbres précieux, et qu’ils arrivèrent à l’endroit où étaient imprimes les pas du Christ, une force invincible les arrêta. La pierre éclatait et jaillissait à leur visage, en sorte qu’ils durent laisser apparentes les traces surnaturellement empreintes sur la roche.
Tels sont les faits merveilleux constatés par une longue série d’auteurs pieux et graves qui remonte jusqu’au siècle même où ils s’opérèrent ; mais le Sauveur ne voulut pas se borner à maintenir accessibles aux regards des hommes ces derniers vestiges qui semblent nous dire qu’il n’est pas parti depuis longtemps et qu’il ne doit pas tarder à revenir ; il daigna confirmer l’espérance que nous avons de le suivre un jour, en opérant un nouveau prodige. Quand il fallut fermer la voûte de l’élégant sanctuaire qui devait abriter le monument suprême du passage du Fils de Dieu sur la terre, un nouvel obstacle se déclara. Les pierres ne pouvaient tenir et tombaient à mesure qu’on les plaçait. On dut renoncer à terminer l’édifice dans sa partie supérieure, qui resta ouverte, comme pour apprendre aux hommes que la voie inaugurée par l’Emmanuel sur le sommet du mont des Oliviers leur est toujours accessible, et qu’ils doivent sans cesse aspirer à rejoindre leur divin chef qui les attend dans les cieux.
Saint Bernardin de Sienne rapporte, dans son premier Sermon pour la fête de l’Ascension, une émouvante histoire qui nous servira d’utile entretien dans cette journée où nous faisons nos derniers adieux à la présence visible de notre Rédempteur. Il raconte qu’un pieux chevalier entreprit le voyage d’outre-mer, désirant visiter les lieux témoins des mystères du salut. Dans son dévot pèlerinage, il voulut débuter par Nazareth, et sur le lieu même où le Verbe se fit chair, il rendit ses hommages à l’amour infini qui l’avait attiré du ciel en terre, afin de nous retirer de la perdition. Bethléhem vit ensuite notre pèlerin arriver dans ses murs, cherchant le lieu de la bienheureuse naissance qui nous donna un Sauveur. Ses larmes coulèrent abondantes à l’endroit où Marie avait adoré son nouveau-né, et comme parle saint François de Sales qui a voulu aussi raconter cette délicieuse histoire, « il lécha la poussière sur laquelle la première enfance du divin poupon avait été reçue » [52].
De Bethléhem, le noble voyageur, qui ne craignait pas de parcourir en tous sens la Palestine, se rendit sur les bords du Jourdain, et s’arrêta à Bethabara, au lieu appelé Béthanie, où le Précurseur avait baptisé le Rédempteur. Afin d’honorer plus complètement le mystère, il voulut à son tour entrer dans le lit du fleuve, et se plongea avec délices dans ces eaux qui lui rappelaient celles que Jésus avait daigné sanctifier par le contact de ses membres sacrés. De là, suivant toujours la trace du Fils de Dieu, il s’enfonça dans le désert, voulant avoir sous les yeux le théâtre de la pénitence, des combats et de la victoire de notre Maître. Sa marche se dirigea ensuite vers le Thabor, sur les sommets duquel il honora le mystère de la Transfiguration de Jésus, lorsqu’il laissa briller aux regards de trois de ses disciples quelques rayons de sa gloire.
Enfin notre pieux chevalier entra dans Jérusalem. Le saint Cénacle le vit recueillant avec le plus tendre amour, dans un si auguste asile, les souvenirs du lavement des pieds aux disciples, et de l’institution du grand et sublime mystère de l’Eucharistie. Soutenu par le désir de ne pas laisser une station sans y avoir versé ses larmes avec ses prières, il passa le torrent de Cédron, et se rendit au jardin de Gethsémani, où la pensée de son Sauveur couvert d’une sueur de sang fondit son cœur dans une ineffable sympathie pour la victime de nos péchés. Bientôt il se représenta ce même Sauveur chargé de chaînes et entraîné dans Jérusalem.
Il s’achemine alors, nous dit le saint évêque de Genève, à qui il convient de rendre la parole sur un tel sujet ; il s’achemine, suivant partout les traces de son bien-aimé, et le voit en imagination traîné çà et là chez Anne, chez Caïphe, chez Pilate, chez Hérode, fouetté, bafoué, craché, couronné d’épines, présenté au peuple, condamné à mort, chargé de sa croix, laquelle il porte, et la portant fait la pitoyable rencontre de sa mère toute détrempée de douleur, et des dames de Jérusalem pleurantes sur lui. Si monte enfin ce dévot pèlerin sur le mont Calvaire, où il voit en esprit la croix étendue sur la terre, et Notre Seigneur que l’on renverse et que l’on cloue pieds et mains sur icelle cruellement. Il contemple de suite comme on lève la croix et le crucifié en l’air, et le sang qui ruisselle de tous les endroits de son divin corps. Il regarde la pauvre sacrée Vierge toute transpercée du glaive de douleur ; puis il tourne les yeux sur le Sauveur crucifié, duquel il écoute les sept paroles avec un amour non pareil ; et enfin le voit mourant, puis mort, puis recevant le coup de lance, et montrant par l’ouverture de la plaie son Cœur divin ; puis ôté de la croix et porté au sépulcre où il va le suivant, jetant une mer de larmes sur les lieux détrempez du sang de son Rédempteur ; si qu’il entre dans le sépulcre, et ensevelit son cœur auprès du corps de son Maistre.
Puis, ressuscitant avec lui, il va en Emmaüs, et voit tout ce qui se passe entre le Seigneur et les deux disciples ; et enfin revenant sur le mont Olivet où se fit le mystère de l’Ascension, et là voyant les dernières marques et vestiges des pieds du divin Sauveur, prosterné sur icelles, et les baisant mille et mille fois avec des soupirs d’un amour infini, il commença à retirer à soi toutes les forces de ses affections, comme un archer retire la corde de son arc quand il veut décocher sa flèche ; puis se relevant, les yeux et les mains tendus au ciel : O Jésus, dit-il, mon doux Jésus, je ne sais plus où vous chercher et suivre en terre. Hé ! Jésus, Jésus mon amour, accordez donc à ce cœur qu’il vous suive et s’en aille après vous là-haut ; et avec ces ardentes paroles il lança quant et quant son âme au ciel, comme une sacrée sagette, que comme divin archer il tira au blanc de son très heureux objet. [53]
Saint Bernardin de Sienne raconte que les compagnons et les serviteurs du pieux chevalier, le voyant ainsi succomber sous l’effort de son amour, coururent chercher un médecin, dans la pensée qu’il serait possible encore de le rappeler à la vie. Mais cette bienheureuse âme s’était envolée à la suite du Rédempteur, nous laissant un monument immortel de l’amour qu’a pu faire naître au cœur d’un homme la seule contemplation des divins mystères que nous avons suivis à loisir, sous la conduite de l’Église, dans la succession des scènes de la sainte Liturgie. Puissions-nous posséder maintenant en nous le Christ que nous avons été si à même de connaître ! Et daigne l’Esprit-Saint, dans sa visite si prochaine, conserver dans nos âmes les traits de ce divin chef, avec lequel il vient nous relier plus étroitement encore !
Afin de célébrer plus dignement le grand mystère qui s’est clos hier et celui non moins sublime qui s’ouvre demain, nous placerons aux confins des deux l’un des plus magnifiques cantiques de l’ancienne Alliance, celui où David a prophétisé à la fois de l’Ascension et de la Pentecôte. Interprété par saint Paul, le Psaume LXVII, destiné à accompagner l’entrée de l’Arche d’alliance dans Sion, annonce en même temps le triomphe du Christ remontant dans les cieux. La victoire qu’il a remportée auparavant sur ses ennemis dans sa résurrection est d’abord célébrée avec magnificence ; les merveilles qu’il a opérées en faveur de ses fidèles ont ensuite leur tour ; l’Église qu’il a fondée apparaît enfin tout entourée de combats et de triomphes ; en un mot, nous avons ici l’œuvre commune de l’Emmanuel qui a commencé et de l’Esprit divin qui a consommé. Afin de rendre plus accessible au commun des lecteurs ce chant si mystérieux, nous en donnons plutôt une glose qu’une traduction, en nous aidant des interprétations de l’antiquité chrétienne.
Psalmus 67 | Psaume 67 |
Exsúrgat Deus, et dissipéntur inimíci eius, * et fúgiant qui odérunt eum, a fácie eius. | Que Dieu se lève, le Dieu, Homme ! Que ses ennemis soient dispersés ! Que ceux qui le haïssent fuient devant sa face ! |
Sicut déficit fumus, defíciant : * sicut fluit cera a fácie ignis, sic péreant peccatóres a fácie Dei. | Comme la fumée s’évanouit, qu’ils se dissipent de même ; comme se fond la cire en présence du feu, ainsi périssent les impies devant la face de Dieu. |
Et iusti epuléntur, et exsúltent in conspéctu Dei : * delecténtur in lætítia. | Quant aux justes, qu’ils fassent des festins, qu’ils tressaillent d’allégresse, qu’ils se laissent aller aux transports de la joie en présence de Dieu. |
Cantáte Deo, psalmum dícite nómini eius : * iter fácite ei, qui ascéndit super occásum : Dóminus nomen illi. | O hommes, ô rachetés, chantez à Dieu, faites retentir vos cantiques à la gloire de son Nom ; ouvrez le chemin à celui qui est monté sur l’Occident, comme sur un trône. Il est fils de l’homme, mais néanmoins son nom est Jéhovah ; |
Exsultáte in conspéctu eius : * turbabúntur a fácie eius, patris orphanórum et iúdicis viduárum. | Livrez-vous à l’enthousiasme en sa présence. A son aspect, ses ennemis infernaux se sont troublés ; car il est venu pour être le père de l’orphelin, le défenseur de la veuve, le rédempteur du genre humain que le péché avait livré à Satan. |
Deus in loco sancto suo : * Deus, qui inhabitáre facit uníus moris in domo : | Dans les profondeurs de son sanctuaire, il est Dieu même, et il veut faire habiter dans sa propre maison ceux qui auront vécu dans l’unité d’une même foi et d’une même charité. |
Qui edúcit vinctos in fortitúdine, * simíliter eos qui exásperant, qui hábitant in sepúlcris. | Ceux qui étaient captifs, il les délivre par la puissance de son bras ; quant à ceux qui l’irritent par leur résistance, il les précipite dans l’abîme. |
Deus, cum egrederéris in conspéctu pópuli tui, * cum pertransíres in desérto : | O Dieu ! O Christ ! Quand vous apparûtes sur la terre, marchant à la tête de votre peuple que vous aviez rallié de toutes parts, quand vous traversâtes le désert de ce monde aride et désolé. |
Terra mota est, étenim cæli distillavérunt a fácie Dei Sínai, * a fácie Dei Israël. | La terre s’émut, les cieux envoyèrent leur rosée fécondante, de la part du Dieu du Sinaï, du Dieu d’Israël qui vous avait envoyé. |
Plúviam voluntáriam segregábis, Deus, hereditáti tuæ : * et infirmáta est, tu vero perfecísti eam. | Vous aviez réservé pour votre héritage, pour votre Église, une pluie de bienfaits. Votre héritage avait dépéri, la race humaine était défaillante lors de votre venue ; mais vous l’avez raffermie. |
Animália tua habitábunt in ea : * parásti in dulcédine tua páuperi, Deus. | C’est en elle qu’habite désormais le troupeau dont vous êtes le Pasteur ; et vous avez, ô Dieu, préparé dans votre douceur un aliment destiné à soutenir sa faiblesse. |
Dóminus dabit verbum evangelizántibus, * virtúte multa. | Pour convier ses élus à tant de faveurs, l’Esprit-Saint, qui est aussi le Seigneur, va donner une langue, une voix à ceux qui auront à évangéliser la terre, et ils parleront avec une force irrésistible. |
Rex virtútum dilécti dilécti : * et spéciei domus divídere spólia. | Les rois des armées tomberont sous celui qui est chéri et le bien-aimé du Père ; et celle qui est la beauté de la maison partagera leurs dépouilles. |
Si dormiátis inter médios cleros, pennæ colúmbæ deargentátæ, * et posterióra dorsi eius in pallóre auri. | Durant la lutte, ô enfants de l’Église, vous dormirez en sûreté dans l’enceinte qui vous protège, semblables à la colombe au plumage d’argent, dont le dos a des reflets d’or. |
Dum discérnit cæléstis reges super eam, nive dealbabúntur in Selmon : * mons Dei, mons pinguis. | Lorsque celui dont le trône est aux cieux exercera son jugement sur ces rois, ses protégés seront égaux en blancheur à la neige qui couvre les sommets de Selmon. |
Mons coagulátus, mons pinguis : * ut quid suspicámini montes coagulátos ? | Il est une montagne, la montagne de Dieu, montagne fertile, grasse et féconde : c’est son Église. Où cherchez-vous ailleurs des montagnes qui lui seraient comparables en fertilité ? |
Mons, in quo beneplácitum est Deo habitáre in eo : * étenim Dóminus habitábit in finem. | C’est elle qui est cette montagne où il a plu à Dieu d’habiter, et le Seigneur l’habitera jusqu’à la fin. |
Currus Dei decem míllibus múltiplex, míllia lætántium : * Dóminus in eis in Sina in sancto. | Le char du Fils de Dieu remontant au ciel est plus que dix mille chariots de guerre ; des milliers d’Anges l’entourent dans l’allégresse. Le Seigneur est au milieu d’eux ; il s’est arrêté dans son sanctuaire, comme autrefois sur le Sinaï. |
Ascendísti in altum, cepísti captivitátem : * accepísti dona in homínibus. | O Christ, vous êtes monté dans les hauteurs ; vous avez emmené avec vous ceux qui étaient captifs ; vous avez reçu dans votre humanité des dons ineffables, et vous les répandez sur les hommes. |
Etenim non credéntes, * inhabitáre Dóminum Deum. | Et ceux mêmes qui jusque-là ne croyaient pas, reconnaissent aujourd’hui que Dieu habite parmi nous. |
Benedíctus Dóminus die quotídie : * prósperum iter fáciet nobis Deus salutárium nostrórum. | Béni soit le Seigneur dans toute la suite des jours ! Le Dieu auteur de notre salut rendra notre voie heureuse. |
Deus noster, Deus salvos faciéndi : * et Dómini Dómini éxitus mortis. | Oui, notre Dieu est un Dieu de salut ; au Seigneur, au Seigneur appartient de nous délivrer de la mort. |
Verúmtamen Deus confrínget cápita inimicórum suórum : * vérticem capílli perambulántium in delíctis suis. | Mais ce Dieu brisera les têtes de ses ennemis, les têtes altières de ceux qui marchent avec complaisance dans la voie de leurs crimes. |
Dixit Dóminus : Ex Basan convértam, * convértam in profúndum maris : | Le Seigneur a dit : « Je les arracherai de Basan, je les précipiterai dans les profondeurs de la mer ; |
Ut intingátur pes tuus in sánguine : * lingua canum tuórum ex inimícis, ab ipso. | Et tu rougiras ton pied dans leur sang, ô mon peuple choisi ! et la langue de tes chiens en sera teinte. » |
Vidérunt ingréssus tuos, Deus : * ingréssus Dei mei : regis mei qui est in sancto. | O Dieu, on vit votre entrée dans les cieux, votre entrée triomphante, à vous qui êtes mon roi établi pour jamais dans son sanctuaire. |
Prævenérunt príncipes coniúncti psalléntibus : * in médio iuvenculárum tympanistriárum. | Les princes de la milice des Anges étaient venus au-devant, et avec eux ceux qui exécutaient des cantiques, entourés du chœur des jeunes filles battant du tympanon ; car tel est le cortège du Christ : la force, la mélodie et la pureté. |
In ecclésiis benedícite Deo Dómino, * de fóntibus Israël. | Sur la terre, bénissez donc le Seigneur dans vos assemblées, vous qui êtes de la source du véritable Israël, vous qui êtes membres de l’Église. |
Ibi Béniamin adolescéntulus : * in mentis excéssu. | Que l’on voie réunis dans un même concert l’adolescent Benjamin, saisi d’enthousiasme. |
Príncipes Iuda, duces eórum : * príncipes Zábulon, príncipes Néphtali. | Les princes de Juda avec leurs chefs, les princes de Zabulon, les princes de Nephtali. |
Manda, Deus, virtúti tuæ : * confírma hoc, Deus, quod operátus es in nobis. | Commandez, ô Dieu, ô Christ, dans votre puissance ; envoyez l’Esprit de force ; affermissez, confirmez par lui ce que vous avez opéré en nous. |
A templo tuo in Ierúsalem, * tibi ófferent reges múnera. | De votre temple saint qui est en Jérusalem, figure de votre Église, les rois domptés vous offriront leurs dons. |
Increpa feras arúndinis, congregátio taurórum in vaccis populórum : * ut exclúdant eos, qui probáti sunt argénto. | Daignez réprimer les bel es sauvages qui se cachent dans les roseaux, les taureaux qui fondent sur les génisses, les hérésies qui troublent la paix de votre peuple. Ils ont conspiré de chasser de votre héritage ceux dont la foi a été éprouvée comme l’argent. |
Díssipa Gentes, quæ bella volunt : vénient legáti ex Ægýpto : * Æthiópia prævéniet manus eius Deo. | Dispersez ces nations qui ne veulent que la guerre. Voici que l’Égypte enverra ses ambassadeurs pour obtenir d’être initiée à la connaissance du vrai Dieu ; l’Éthiopie elle-même tendra les mains vers lui, et préviendra d’autres peuples. |
Regna terræ, cantáte Deo : * psállite Dómino. | Royaumes de la terre, chantez à Dieu ; célébrez le Seigneur dans vos cantiques. |
Psállite Deo, qui ascéndit super cælum cæli, * ad Oriéntem. | Chantez à Dieu qui est monté au delà des cieux, partant de l’Orient, du mont des Oliviers. |
Ecce dabit voci suæ vocem virtútis, date glóriam Deo super Israël, * magnificéntia eius, et virtus eius in núbibus. | Voici le moment où il va donner à sa voix une nouvelle force par l’organe de ses Apôtres. Rendez gloire à Dieu de tout ce qu’il fait en faveur du nouvel Israël ; sa magnificence et sa force resplendissent en ses envoyés qui volent comme les nuées du ciel. |
Mirábilis Deus in sanctis suis, Deus Israël ipse dabit virtútem, et fortitúdinem plebi suæ, * benedíctus Deus. | Admirable est Dieu dans les profondeurs de son sanctuaire : c’est lui, le Dieu d’Israël, qui donnera à son nouveau peuple l’énergie et la force pour durer jusqu’à la fin des siècles. Béni soit Dieu ! |
Ce jour reprenant la Messe du Dimanche dans l’Octave de l’Ascension, le Bhx Schuster ne donne pas de commentaire propre.
Entre l’Ascension et l’envoi du Saint-Esprit.
Aujourd’hui encore, bien que ce jour ne fasse plus partie de l’Octave, on célèbre l’office de l’Ascension ; la messe est la messe du dimanche. Ce jour est réellement en suspens entre les deux grandes pensées festivales de l’Ascension et de l’envoi du Saint-Esprit (voir l’Évangile).
1. L’Ascension du Christ et le Saint-Esprit. — Saint Augustin continue son sermon d’hier et nous donne encore des pensées d’une beauté sublime : « Si notre Sauveur n’a pas triomphé du diable dans notre chair, son combat n’a été qu’un jeu et il n’a pas remporté la victoire pour nous. S’il n’est pas ressuscité dans notre corps, il n’a rendu, par sa Résurrection, aucun service à notre nature. Celui qui voudrait affirmer cela ne comprend pas le but de l’Incarnation. Si le Christ n’a pas accompli la Rédemption dans notre chair, il n’a pris, de l’homme, que le sort inférieur de la naissance. Loin de nos esprits une si périlleuse opinion ! Il a pris de nous ce qu’il livra pour nous (le corps mortel), mais ce qu’il nous donna était à lui. J’atteste que c’est mon corps qui fut dans le tombeau, afin que je puisse dire que c’est mon corps qui est monté au ciel ».
L’interprétation de l’Évangile du dimanche (par saint Augustin, encore), nous donne de belles pensées sur le Saint-Esprit. « Celui-ci, donc, rendra témoignage de moi et, vous aussi, vous rendrez témoignage ; car la force de rendre témoignage vous sera donnée par « l’amour de Dieu que répand dans vos cœurs le Saint-Esprit » (Rom. V, 5) qui vous sera donné. Cette force manquait encore, assurément, à Pierre quand, intimidé par la question d’une servante, il ne put rendre un vrai témoignage, mais, effrayé en dépit de ses affirmations précédentes, il renia trois fois le Seigneur. L’amour ne connaît pas cette crainte, mais l’amour parfait chasse la crainte » (Jean IV, 18). Bref, avant la Passion du Seigneur, la crainte servile de Pierre fut interrogée par une femme de servitude, mais, après la Résurrection du Seigneur, son amour libre fut interrogé par le Prince de la liberté. C’est pourquoi, dans le premier cas, il fut troublé, dans le second cas, il fut tranquillisé ; dans le premier cas, il avait renié celui qu’il aimait ; mais, même dans le second cas, son amour était encore faible et étroit ; il fallait attendre que le Saint-Esprit vint le fortifier et le dilater ».
2. Lecture d’Ecriture (III Jean) — La troisième Épître de saint Jean est, à la différence de la seconde, une lettre privée de l’Apôtre. Cette Épître nous donne une idée des difficultés qui pouvaient surgir dans une Église chrétienne primitive. (C’est une consolation pour nous quand nous avons à compter avec des faiblesses et des difficultés dans nos rangs ; les premiers chrétiens eux-mêmes n’étaient pas tous des saints). L’Épître signale deux types de chrétiens : Gaius, une noble figure de chrétien, et Diotréphès, un évêque indigne. Saint Jean écrit à Gaius : « Bien-aimé, je te souhaite que l’état de tes affaires et de ta santé soit aussi prospère que celui de ton âme. Ce fut pour moi une grande joie lorsque des frères sont arrivés et ont rendu témoignage de ta vérité, c’est-à-dire de la manière dont tu marches dans la vérité. Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité ».
3. Préparation à la Confirmation : la consécration des martyrs. — Avant son Ascension, le Christ dit à ses Apôtres : « Vous serez mes témoins... jusqu’aux extrémités de la terre » [54]. Témoin en grec se dit martyr. Un martyr est un témoin du Christ. C’est ce que nous devons tous être. Nous serons témoins du Christ pour la vie et la conduite, en observant ses commandements ; nous serons témoins du Christ par la parole et la confession, en confessant courageusement notre foi, comme le dit le catéchisme ; nous serons témoins du Christ, même contre les ennemis de l’Église, même quand nous serons raillés et persécutés. Le plus haut témoignage rendu au Christ est le témoignage du sang, le témoignage de celui qui donne sa vie pour le Christ. Ce témoignage est le martyre au sens propre. Mais aucun chrétien n’est exempt d’un martyre au sens large. Mais qui nous donnera la force de confesser le Christ devant les hommes ? Le Saint-Esprit, dans la Confirmation. Puisse l’héroïque esprit des martyrs de l’ancienne Église animer les chrétiens d’aujourd’hui ! C’est pour cela que, dans la Confirmation, le Saint-Esprit nous oint de la grâce de force et de courage.
Le sacerdoce. Le Christ a institué dans son Église un sacerdoce proprement dit qui participe d’une manière spéciale à son divin sacerdoce. Il lui a confié la dispensation des mystères de Dieu. A côté de ce sacerdoce spécial, il y a encore un sacerdoce général que possèdent tous les chrétiens. C’est pourquoi saint Pierre dit : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, un peuple saint » [55]. Tout chrétien est donc prêtre et participe au sacerdoce de Jésus-Christ. Il est prêtre en ce qu’il a le droit de célébrer le Saint-Sacrifice sous la direction des prêtres consacrés et en union avec eux, qu’il a le droit de participer à l’ensemble du culte de l’Église. L’Église, en effet, ne désire pas une simple assistance passive à la messe, une simple audition de la liturgie, mais une réelle participation au sacrifice et au culte. Le chrétien exerce encore son sacerdoce parce qu’il peut, par la prière et l’action, travailler au salut de l’âme de son prochain et collaborer à l’extension du royaume de Dieu. Ce sacerdoce nous est communiqué par le baptême, mais surtout par le sacrement de Confirmation, en vertu de l’onction avec le saint chrême. Le saint chrême est, d’une manière toute particulière, le symbole et le porteur du Saint-Esprit et il est destiné à verser sur les fidèles « la dignité royale, sacerdotale et prophétique et à les revêtir du vêtement impérissable de la grâce ». (Prière de bénédiction, le Jeudi-Saint). Chrétiens, ayons donc conscience de la dignité que nous avons reçue !
[1] Ps. 8, 2.
[2] Ps. 10, 5.
[3] Ps. 18, 7.
[4] Ps. 46, 6.
[5] Act. 1, 3.
[6] Act. 1, 9.
[7] Act. 1, 4.
[8] Ps. 67, 35.
[9] Ps. 9, 8.
[10] Ps. 18, 7.
[11] Ps. 20, 14.
[12] Ps. 8, 2.
[13] Ps. 20, 14.
[14] Ps. 29, 1.
[15] Ps. 46, 6.
[16] Ephes. 4, 8 ; cf. Ps. 67, 18-19.
[17] « Le mot captivité peut s’entendre ici des captifs ou de ceux qui tenaient des captifs. Suivant la première acception, le Christ triomphant a emmené avec lui au ciel les Patriarches, les Prophètes et les autres saints, délivrés de la captivité des limbes et devenus les bienheureux captifs du Sauveur. Suivant la seconde, le Christ a rendu captifs le péché, la mort, le démon et l’enfer dont nous étions devenus les captifs. » (Corn. a Lapide).
[18] Saint Augustin fait ici allusion à l’erreur de Valentin, qu’il a exposée plus haut. Cet hérésiarque, ne voulant voir qu’un Dieu dans le Fils de la bienheureuse Marie, osait affirmer que notre Sauveur s’était créé je ne sais quel corps céleste dans le sein de sa Mère.
[19] Tob. 12, 20.
[20] Jn. 14, 1.
[21] Jn. 17, 9.
[22] Jn. 16, 7.
[23] Jn. 14, 1.
[24] Jn. 15, 26.
[25] Jn. 16, 22.
[26] Jn. 14, 16.
[27] Ephes. 4, 8.
[28] Ps. 46, 6.
[29] « Quels dieux ? Les idoles n’ont point de vie, les démons ont le sentiment et la vie, mais sont mauvais. Quelle gloire donnons-nous au Sauveur en l’élevant au-dessus des idoles et des démons ? Les démons sont les dieux des nations ; des hommes aussi ont été appelés des dieux. Notre-Seigneur Jésus-Christ est bien supérieur à tous, non seulement aux idoles, non seulement aux démons, mais encore aux hommes justes ; c’est peu encore, il est supérieur à tous les Anges. » (Saint Augustin).
[30] Ps. 96, 9.
[31] Ps. 98, 2.
[32] Ps. 102, 19.
[33] Jn. 20, 17.
[34] Jn. 14, 16.
[35] Jn. 16, 7.
[36] Jn. 15, 26.
[37] Jn. 15, 27.
[38] Jn. 16, 7.
[39] Jn. 16, 13.
[40] Jn. 16, 13.
[41] jn. 15, 26.
[42] Rom. 5, 5.
[43] I Jn. 4, 18.
[44] Rom. V, 5.
[45] Matth. XXVIII, 20.
[46] Johan. XIV, 18.
[47] Ibid. XVI, 7.
[48] Ibid. VII, 39.
[49] Rom. V, 5.
[50] Johan. XIV, 26.
[51] Zach. XIV, 4.
[52] Traité de l’Amour de Dieu, Livre VII, chap. XII.
[53] Traité de l’Amour de Dieu, Livre VII, chap. XII.
[54] Act. I, 8.
[55] 1 Pierre, Il, 9.