Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Les itinéraires du VIIe siècle pour les pèlerins mentionnent au cimetière de Domitille la tombe de sainte Pétronille, ornée d’une fresque du Ive siècle où on lit : Petronella Mart..
Au VIIIe siècle, Grégoire III (731-741) ordonna de faire chaque année la station en la fête de sainte Pétronille, mais il n’en donne pas la date.
On trouve mention du nom de sainte Pétronille dans tous les martyrologes à partir du VIIIe siècle. La fête se diffuse en France au XIe siècle mais à Rome, elle demeure localisée dans la rotonde du Vatican où sa dépouille a été transférée en 757.
La fête sera introduite au XIIe siècle.
Missa Vultum tuum, de Communi Virginum 4 loco. | Messe Vultum tuum, du Commun des Vierges 4. |
Oratio C | Collecte C |
Exáudi nos, Deus, salutáris noster : ut, sicut de beátæ Petroníllæ Vírginis tuæ festivitáte gaudémus ; ita piæ devotiónis erudiámur affectu. Per Dóminum nostrum. | Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur, afin que, comme la fête de la Bienheureuse Pétronille, votre Vierge, nous donne la joie, elle nous enseigne aussi la ferveur d’une sainte dévotion. |
Secreta C | Secrète C |
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuorum honore Sanctórum : quorum se meritis de tribulatione percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum. | Qu’elle vous soit agréable, Seigneur, l’offrande que vous fait votre peuple saint en l’honneur de vos Saints, grâce aux mérites desquels il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation. |
Postcommunio C | Postcommunion C |
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum. | Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours, s’il vous plaît, grâce à l’intercession de la sainte dont nous célébrons la fête. |
Il n’y a pas de lecture pour la commémoraison de sainte Pétronille.
L’Église n’accorde qu’un souvenir à cette illustre vierge dans l’Office d’aujourd’hui ; mais nous ne laisserons pas de lui rendre nos hommages. Au douze de ce mois nous avons fêté la noble Flavia Domitilla, décorée de la double palme de la virginité et du martyre ; Aurélia Pétronilla paraît avoir appartenu comme elle à la race impériale des Flaviens. Les plus antiques traditions nous la recommandent comme la fille spirituelle du Prince des Apôtres ; et si elle n’eut pas la fortune de répandre son sang pour la foi du Christ comme Domitilla, elle offrit à l’Époux divin l’hommage suprême de la virginité. De très anciens documents nous apprennent qu’ayant été demandée en mariage par un patricien de Rome du nom de Flaccus, elle réclama trois jours pour réfléchir à la proposition. Son refuge fut auprès du Seigneur auquel elle s’était vouée ; et Flaccus s’étant présenté le troisième jour, trouva le palais dans le deuil, avec tout l’appareil des solennelles funérailles que l’on préparait pour la jeune vierge qui s’était envolée comme la colombe aux approches de l’oiseleur.
Au VIIIe siècle, le pape saint Paul Ier retira des Catacombes le corps de sainte Pétronille, qui reposait au Cimetière de Domitilla, sur la voie Ardéatine. On le trouva renfermé dans un sarcophage de marbre, dont le couvercle était orné de dauphins aux quatre angles. Paul le déposa dans une petite église qu’il éleva près du flanc méridional de la basilique vaticane.
La France a professé longtemps une tendre vénération pour sainte Pétronille. Pépin le Bref fit transporter à Rome sa fille Gisèle qui venait de naître, demandant qu’elle reçût le baptême des mains du pape saint Paul Ier près du tombeau de la noble vierge. L’église bâtie par ce pontife fut longtemps appelée la Chapelle des rois de France. Louis XI la fit restaurer et la dota richement, et son fils Charles VIII lui donna de nouvelles marques de sa munificence. Cette église, où l’on remarquait de nombreuses sépultures françaises, fut détruite au XVIe siècle par suite des dispositions que nécessitait la construction de la nouvelle basilique de Saint-Pierre, et le corps de sainte Pétronille fut transféré sous l’un des autels de la partie occidentale de ce temple auguste. Il ne convenait pas que la dépouille mortelle de l’illustre vierge fût éloignée de la Confession du Prince des Apôtres qui l’avait initiée à la foi, et préparée pour les noces éternelles.
Nous associons votre triomphe à nos joies pascales, ô fille de Pierre ! Nous vénérons à travers les siècles votre mémoire bénie. Vous avez dédaigné le monde avec ses délices et ses honneurs, et votre nom virginal se lit en tète des fastes de la sainte Église Romaine qui s’honore d’avoir été votre mère. Aidez-la maintenant de vos prières, et souvenez-vous aussi de la France, qui longtemps vous voua un culte fervent. Protégez tous ceux qui vous implorent, et donnez-nous de célébrer avec un saint enthousiasme les solennités qui se multiplient en ces jours.
Cette sainte vierge, sur laquelle les Apocryphes ont amassé tant de ténèbres, quand ils ont voulu en faire une fille de saint Pierre, reçoit seulement le titre de martyre dans une peinture murale située derrière l’abside de son église cimitérale :
PETRO
NELLA
MART.
Tout porte à croire l’indication exacte, et ainsi s’explique la grande vénération dont Pétronille fut l’objet dans l’antiquité et au début du moyen âge, alors que le culte liturgique était réservé aux seuls martyrs. Les Itinéraires nous indiquent constamment sa tombe près de celle des martyrs Nérée et Achillée, et dans la liste des Huiles des tombes de martyrs portées à Monza sous saint Grégoire Ier, sainte Pétronille figure avec les mêmes martyrs locaux.
Pour expliquer que la basilique du cimetière de Domitille ait été dédiée en commun à Nérée, Achillée et Pétronille, De Rossi a mis en lumière un détail architectonique très important de cet édifice. Sur le côté gauche, l’abside fut détournée irrégulièrement, et sa courbe fut brisée par un cubiculum qu’on voulut à tout prix conserver ; dans ce but on alla jusqu’à instituer une communication entre l’hémicycle absidal et cette chapelle ornée de peintures. A quelques pas de là, on voit le tombeau d’une femme nommée Veneranda, avec la peinture mentionnée plus haut ; la défunte y est représentée au moment même où elle est introduite dans le royaume céleste par Pétronille, sa patronne : Petronella Martyr. La Sainte est représentée jeune, et de sa main gauche elle indique le coffret de bronze contenant les volumes des saintes Écritures, comme pour résumer son enseignement spirituel par le conseil d’observer ce que disent les saints Livres.
Dans le cubiculum situé entre la tombe de Veneranda et le tombeau des martyrs Nérée et Achillée dans l’abside de la basilique, se trouvait donc le sépulcre de Pétronille, avec le sarcophage de marbre sur lequel se lisait l’épigraphe qui a donné aux Apocryphes l’idée de voir en elle la fille de l’apôtre Pierre :
AVRELIAE • PETRONILLAE • FIL • DVLCISSIMAE •
Elle appartenait donc à la famille romaine des Aurelii, apparentés aux Flaviens, et ce lien explique sa sépulture en ce lieu.
Une stationem annuam in coemeterio sanctae Petronillae est mentionnée dans la vie de Grégoire III qui offrit un grand nombre d’objets précieux à ce sanctuaire, mais cela ne suffit pas à le soustraire au sort commun d’abandon qui échut après un certain temps à tous les cimetières romains. Aussi Paul Ier, en 755, transporta-t-il solennellement le corps de la Sainte au Vatican, où il le déposa dans l’antique mausoleum Augustorum de Valentinien II, qui devint dès lors l’église de Sainte-Pétronille, sous le patronage des rois carolingiens. Sur cette dépouille virginale, le Pape et l’Église romaine, sous la foi du serment, s’apparentèrent spirituellement avec la famille de Pépin et avec la France, laquelle devint, dès lors, comme Pétronille, la fille spirituelle de l’apôtre Pierre [1].
Dans la reconstruction de la basilique vaticane, la rotonde de Sainte-Pétronille — qui se trouvait à peu près là où s’élève maintenant à Saint-Pierre l’autel des Saints-Simon-et-Jude — fut détruite, et les trésors impériaux trouvés dans les tombeaux de Théodore II, d’Honorius, de Valentinien III et de l’impératrice Marie, furent envoyés à la Monnaie. En 1574, le sarcophage primitif de sainte Pétronille fut brisé, pour être employé comme matériel de construction, et les saintes reliques furent transférées en 1606 sous le nouvel autel de la basilique vaticane, au-dessus duquel on admire une magnifique mosaïque, copie de la célèbre peinture du Guerchin, représentant les funérailles de sainte Pétronille [2].
L’antienne pour l’entrée du célébrant est la même que pour la fête de la naissance de sainte Agnès le 28 janvier. La première collecte est identique à celle de sainte Pudentienne, le 19 mai. La lecture est tirée de l’Épître de saint Paul aux Corinthiens (I, VII, 25-34), où l’Apôtre trace les règles de la virginité chrétienne. Cette vertu, dit-il, est si sublime, que Jésus n’en fait pas l’objet d’un précepte, mais d’un simple conseil de perfection. Elle anticipe en quelque sorte ce bienheureux état d’incorruption qui sera la prérogative de nos corps glorieux ; car, en nous révélant la vanité et la brièveté du temps, elle nous permet de nous consacrer entièrement, corps et âme, au service et à l’amour de Dieu.
La prudence dont il est fait l’éloge dans le saint Évangile à propos des cinq vierges sages, équivaut à la prévoyance. Être prudent signifie donc prévoir, c’est-à-dire voir, au delà de l’apparence présente, ce qui n’est pas encore ; voir l’éternité durant le temps. Dans quelle lumière l’âme virginale va-t-elle donc au delà des choses présentes et voit-elle par avance le règne futur de Dieu ? C’est la tâche de la foi, grâce à laquelle le juste vit ici-bas et agit pour là-haut, selon la parole de l’Apôtre : Sancti per fidem vicerunt regna, operati sunt iustitiam, adepti sunt retributionem.
L’antienne pour la Communion du peuple est tirée du texte évangélique lu aujourd’hui (Matth., XIII, 45-46). Le royaume des cieux est semblable à un marchand qui recherchait des perles de grande valeur ; quand il en eut enfin trouvé une très précieuse, il donna tout son bien et l’acheta.
Le chrétien donne tout ce qu’il possède, mais il n’obtient qu’une unique pierre précieuse : car Dieu est un trésor de si immense valeur, qu’il ne souffre pas d’être joint dans le cœur de l’homme à des biens créés.
Sainte Pétronille. — La légende nous raconte à son sujet : « Elle était la fille du saint Apôtre Pierre. Elle renonça au mariage avec un homme distingué, nommé Flaccus. On lui donna trois jours pour réfléchir. Le troisième jour, après avoir reçu la sainte communion, elle rendit son esprit » (Martyrologe). Son tombeau se trouvait dans la catacombe de Priscille, près des saints Nérée et Achillée. En 755, son corps fut transporté dans l’église Saint-Pierre.
[1] La France était déjà la fille première-née de l’Église, du fait du baptême de Clovis et de son peuple à Reims l’an 496. (N. du T.).
[2] Une lampe votive, entretenue par une œuvre française, brûle tout le jour devant le tombeau de sainte Pétronille (N. du T.).