Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Déposition à l’Aquila le 20 mai 1444. Canonisé en 1450 par Nicolas V. Fête inscrite au calendrier par Alexandre VII en 1657, sous le rite semi-double.
Ant. ad Introitum. Ps. 36, 30-31. | Introït |
Os iusti meditábitur sapiéntiam, et lingua eius loquétur iudícium : lex Dei eius in corde ipsíus. (T.P. Allelúia, allelúia.) | La bouche du juste méditera la sagesse et sa langue proférera l’équité ; la loi de son Dieu est dans son cœur. (T.P. Alléluia, alléluia.) |
Ps. Ibid., 1. | |
Noli æmulári in malignántibus : neque zeláveris faciéntes iniquitátem. | Ne porte pas envie au méchant et ne sois pas jaloux de ceux qui commettent l’iniquité. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Dómine Iesu, qui beáto Bernardíno Confessóri tuo exímium sancti nóminis tui amórem tribuísti : eius, quǽsumus, méritis et intercessióne, spíritum nobis tuæ dilectiónis benígnus infúnde : Qui vivis. | Seigneur Jésus, qui avez accordé au bienheureux Bernardin, votre Confesseur, un très ardent amour pour votre saint nom, nous vous supplions, par ses mérites et son intercession, de daigner, dans votre bonté, répandre en nous l’esprit de votre charité. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Eccli. 31, 8-11. | |
Beátus vir, qui invéntus est sine mácula, et qui post au-rum non ábiit, nec sperávit in pecúnia et thesáuris. Quis est hic, et laudábimus eum ? fecit enim mirabília in vita sua. Qui probátus est in illo, et perféctus est, erit illi glória ætérna : qui potuit tránsgredi, et non est transgréssus : fácere mala, et non fecit : ídeo stabilíta sunt bona illíus in Dómino, et eleemósynis illíus enarrábit omnis ecclésia sanctórum. | Heureux l’homme qui a été trouvé sans tache, qui n’a pas couru après l’or, et qui n’a pas mis son espérance dans l’argent et dans les trésors. Qui est-il ? Et nous le louerons, car il a fait des choses merveilleuses durant sa vie. Il a été éprouvé par l’or et trouvé parfait, il aura une gloire éternelle ; il a pu violer la loi, et il ne l’a point violée ; il a pu faire le mal, et il ne l’a pas fait. C’est pourquoi ses biens ont été affermis dans le Seigneur, et toute l’assemblée des saints publiera ses aumônes. |
Graduale. Ps. 91, 13 et 14. | Graduel |
Iustus ut palma florébit : sicut cedrus Líbani multiplicábitur in domo Dómini. | Le juste fleurira comme le palmier et il se multipliera comme le cèdre du Liban dans la maison du Seigneur. |
V/. Ibid., 3. Ad annuntiándum mane misericórdiam tuam, et veritátem tuam per noctem. | V/. Pour annoncer le matin votre miséricorde et votre vérité durant la nuit. |
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. Alléluia. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Au Temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Iac. 1, 12. Beátus vir, qui suffert tentatiónem : quóniam, cum probátus fúerit, accípiet corónam vitæ. | Allelúia, allelúia. V/. Heureux l’homme qui souffre patiemment l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie. |
Allelúia. V/. Eccli. 45, 9. Amávit eum Dóminus et ornávit eum : stolam glóriæ índuit eum. Allelúia. | Allelúia. V/. Le Seigneur l’a aimé et l’a orné. Il l’a revêtu d’une robe de gloire. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Matthieu. |
Matth. 19, 27-29. | |
In illo témpore : Dixit Petrus ad Iesum : Ecce, nos relíquimus ómnia, et secúti sumus te : quid ergo erit nobis ? Iesus autem dixit illis : Amen, dico vobis, quod vos, qui secuti estis me, in regeneratióne, cum séderit Fílius hóminis in sede maiestátis suæ, sedébitis et vos super sedes duódecim, iudicántes duódecim tribus Israël. Et omnis, qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut uxórem, aut fílios, aut agros, propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam ætérnam possidébit. | En ce temps-là, Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi ; qu’y aura-t-il donc pour nous ? Jésus leur dit : En vérité, je vous le dis, vous qui m’avez suivi, lorsque, au temps de la régénération, le Fils de l’homme siégera sur le trône de sa gloire, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 25. | Offertoire |
Véritas mea et misericórdia mea cum ipso : et in nómine meo exaltábitur cornu eius. (T.P. Allelúia.) | Ma vérité et ma miséricorde seront avec lui et par mon nom s’élèvera sa puissance. (T.P. Alléluia.) |
Secreta. | Secrète |
Laudis tibi, Dómine, hóstias immolámus in tuórum commemoratióne Sanctórum : quibus nos et præséntibus éxui malis confídimus et futúris. Per Dóminum. | Nous vous immolons, Seigneur, une hostie de louange en mémoire de vos saints en qui nous avons confiance pour obtenir de triompher des maux de la vie présente et d’échapper aux maux de la vie future. |
Ant. ad Communionem. Matth. 24,46-47. | Communion |
Beátus servus, quem, cum vénerit dóminus, invénerit vigilántem : amen, dico vobis, super ómnia bona sua constítuet eum. (T.P. Allelúia.) | Heureux le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ; en vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens. (T.P. Alléluia.) |
Postcommunio. | Postcommunion |
Refécti cibo potúque cælésti, Deus noster, te súpplices exorámus : ut, in cuius hæc commemoratióne percépimus, eius muniámur et précibus. Per Dóminum. | Nourris par un aliment et un breuvage célestes, nous vous prions et supplions, ô notre Dieu, de faire que nous soit assuré le secours des prières de celui en la fête de qui nous les avons reçus. |
Leçons des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Bernardin Albizesca, issu d’une noble famille de Sienne, donna dès son enfance des marques éclatantes de sainteté. Il reçut de ses pieux parents une éducation très soignée ; négligeant les amusements puérils, on le vit, dès ses premières études de grammaire s’adonner aux œuvres pies, au jeûne, à la prière, et particulièrement au culte de la très sainte Vierge. Sa chanté envers les pauvres était admirable. Plus tard, afin de mieux pratiquer encore toutes ces vertus, il voulut être inscrit au nombre des serviteurs de Dieu de Notre-Dame de la Scala de Sienne, d’où sont sortis plusieurs personnages illustres par leur sainteté. C’est là que le soin des malades, durant une peste qui sévissait cruellement dans la ville, lui donna l’occasion de mortifier son corps et d’exercer une charité vraiment incroyable. Entre autres vertus, il garda inviolablement la chasteté, malgré les dangers auxquels l’exposait la rare beauté de ses traits ; à tel point que les plus licencieux n’auraient osé-prononcer le moindre mot malsonnant en sa présence.
Cinquième leçon. Après l’épreuve d’une grave maladie, endurée pendant quatre mois avec la plus entière résignation, il conçut enfin le projet d’embrasser la vie religieuse. Pour s’y acheminer, il loua une petite maison à l’extrémité de la ville ; il vécut là inconnu, menant la vie la plus austère, et priant Dieu continuellement de lui faire connaître le parti qu’il devait prendre. Ce fut donc d’après l’inspiration divine qu’il choisit l’Ordre de saint François, où il excella en humilité, en patience et en toutes les vertus religieuses. Le supérieur du couvent le remarqua, et comme il le savait déjà arrivé à un haut degré de connaissance des textes sacrés, il lui imposa le devoir de prêcher. Bernardin accepta humblement ce ministère, bien qu’il s’y reconnût peu apte en raison de la faiblesse et de l’enrouement de sa voix. Il implora le secours de Dieu, et il fut, non sans miracle, délivré de cet obstacle à son zèle.
Sixième leçon. Il y avait à cette époque un débordement de crimes en Italie, et de sanglantes factions y foulaient aux pieds toutes les lois divines et humaines. Bernardin parcourut les villes et les villages au nom de Jésus, qu’il avait toujours à la bouche et dans le cœur, et rétablit presque entièrement la piété et les bonnes mœurs qui avaient disparu. Sa réputation fit que plusieurs villes considérables le demandèrent au Pape en qualité d’Évêque ; mais il refusa constamment cette charge avec une humilité invincible. Enfin cet homme de Dieu, après de grands travaux, de nombreux et éclatants miracles, et après avoir laissé des écrits pleins de science et de piété, termina une vie de soixante-six années par une mort de prédestiné, à Aquila, ville de l’Abruzze. De nouveaux miracles le rendirent célèbre, et six ans après sa mort, le Pape Nicolas V le mit au nombre des Saints.
Dans une autre saison de l’année liturgique, lorsque nous apportions nos hommages et nos vœux au berceau de l’Enfant divin, une de nos journées fut consacrée à célébrer la gloire et à goûter la douceur de son nom. La sainte Église tressaillait de bonheur en prononçant ce nom chéri que son céleste Époux a choisi de toute éternité, et le genre humain respirait à l’aise, en songeant que le grand Dieu qui pourrait s’appeler le Juste et le Vengeur, consentait à se nommer désormais le Sauveur. Le pieux Bernardin de Sienne, que nous fêtons aujourd’hui, nous apparut alors portant dans ses mains et élevant aux regards des hommes ce nom béni entouré de rayons. Il invitait toute la terre à vénérer avec amour et confiance cette appellation sacrée sous laquelle se révèle divinement toute l’économie de notre salut. L’Église attentive acceptait ce signe sacré ; elle encourageait ses fidèles à recevoir des mains de l’homme de Dieu un bouclier si puissant contre les traits de l’esprit des ténèbres, à goûter surtout un nom qui nous apprend jusqu’à quel excès Dieu a aimé le monde ; et lorsque le saint nom de Jésus eut enfin conquis par son adorable beauté tous les cœurs chrétiens, elle lui consacra une des plus touchantes solennités du Temps de Noël.
Aujourd’hui le noble enfant de saint François a reparu, et ses mains tiennent toujours la glorieuse effigie du nom sacré. Mais ce n’est plus l’appellation prophétique de l’Enfant nouveau-né, le doux nom que la Vierge-mère murmurait avec tendresse et respect, penchée sur son berceau ; c’est un nom qui retentit plus fort que tous les tonnerres, c’est le trophée de la plus éclatante des victoires, c’est la prophétie accomplie en son entier. Le nom de Jésus promettait au genre humain un Sauveur ; Jésus a sauvé le genre humain en mourant et en ressuscitant pour lui ; il est maintenant Jésus dans toute la plénitude de son nom. Parcourez la terre, et dites-nous en quel lieu ce nom n’est pas connu ; dites-nous quel autre nom a jamais réuni les hommes en une seule famille.
Les princes de la Synagogue ont voulu arrêter l’essor de ce nom victorieux, l’étouffer dans Jérusalem ; ils ont dit aux Apôtres : « Nous vous défendons d’enseigner en ce nom [1] » ; et c’est pour leur répondre que Pierre a prononcé cette forte sentence qui résume toute l’énergie de la sainte Église : « Mieux vaut obéir à Dieu qu’aux hommes. » Autant eût valu essayer d’arrêter le soleil dans son cours ; et lorsque bientôt la puissance romaine s’est mise en devoir de mettre obstacle par ses édits à la marche triomphante de ce nom devant lequel tout genou doit fléchir, elle s’est vue réduite à l’impuissance. Au bout de trois siècles le nom de Jésus planait sur le monde romain tout entier.
Armé de ce signe sacré, Bernardin parcourut au XVe siècle les villes de l’Italie armées les unes contre les autres, et souvent même divisées jusque dans leur propre sein. Le nom de Jésus entre ses mains devenait l’arc-en-ciel de la paix ; tout genou fléchissait, tout cœur ulcéré et vindicatif s’apaisait, tout pécheur courait aux sources du pardon, dans tous les lieux où Bernardin avait arboré ce puissant symbole. Les trois lettres qui représentent ce nom à jamais béni devenaient familières à tous les fidèles ; on les sculptait, on les gravait, on les peignait partout ; et la catholicité acquérait pour jamais une expression nouvelle de sa religion et de son amour envers le Sauveur des hommes.
Prédicateur inspiré, Bernardin a laissé de nombreux écrits qui révèlent en lui un docteur de premier ordre dans la science de Dieu. Il nous serait agréable, si l’espace nous le permettait, de le laisser exposer ici les grandeurs du mystère de la Pâque ; donnons du moins son sentiment sur l’apparition du Sauveur ressuscité à sa sainte mère. Le lecteur catholique verra avec joie l’unité de doctrine sur ce point si important régner entre l’école franciscaine représentée par saint Bernardin, et l’école dominicaine dont nous avons produit le témoignage à la fête de saint Vincent Ferrier.
« De ce que l’histoire évangélique ne donne aucun détail sur la visite que le Christ fit à sa mère pour la consoler, après qu’il fut ressuscité, on ne saurait conclure que le très miséricordieux Jésus, source de toute grâce et de toute consolation, si empressé à réjouir les siens par sa présence, aurait oublié sa mère qu’il savait avoir été si pleinement abreuvée des amertumes de sa Passion. Mais il a plu à la providence de Dieu de ne pas nous manifester cette particularité par le texte même de l’Évangile, et cela pour trois raisons.
En premier lieu, à cause de la fermeté de la foi qui était en Marie. La certitude qu’avait la Vierge-mère de la résurrection de son fils ne fut ébranlée en rien, même pas par le doute le plus léger. On le croira aisément, si l’on veut réfléchir à la grâce très particulière dont fut remplie la mère du Christ-Dieu, la reine des Anges, la maîtresse de l’univers. Le silence de l’Écriture à ce sujet en dit plus que l’affirmation même aux âmes vraiment éclairées. Nous avons appris à connaître Marie lors de la visite de l’Ange, au moment où l’Esprit-Saint la couvrit de son ombre ; nous l’avons retrouvée au pied de la croix, mère de douleurs, se tenant près de son fils mourant. Si donc l’Apôtre a pu dire : « En proportion de ce que vous aurez eu part aux souffrances, vous participerez aux consolations [2] » ; calculez d’après cela la mesure selon laquelle la Vierge-mère dut être associée aux joies de la résurrection. On doit donc tenir pour certain que son très doux fils ressuscité l’a consolée avant tous les autres. C’est ce que la sainte Église Romaine semble vouloir exprimer en célébrant à Sainte-Marie-Majeure la Station du jour de Pâques. Autrement si, de ce que les Évangélistes n’en disent rien, vous vouliez conclure que son fils ressuscité ne lui est pas apparu en premier lieu, il faudrait aller jusqu’à dire qu’il ne s’est pas du tout montré à elle, puisque les mêmes Évangélistes, dans les diverses apparitions qu’ils rapportent, n’en signalent pas une seule qui la concerne. Une telle conclusion aurait quelque chose d’impie.
En second lieu, le silence de l’Évangile s’explique par l’infidélité des hommes. Le but de l’Esprit-Saint, en dictant les Évangiles, était de décrire celles des apparitions qui pouvaient enlever tout doute aux hommes charnels au sujet de la croyance en la résurrection du Christ. La qualité de mère eût diminué à leurs yeux le témoignage de Marie ; et c’est pour ce motif qu’elle n’a pas été alléguée, bien qu’il ne pût y avoir, assurément, parmi tous les êtres nés ou à naître, si l’on en excepte l’humanité de son fils, aucune créature dont l’assertion méritât mieux d’être admise par toute âme vraiment pieuse. Mais il fallait que le texte évangélique ne nous produisît que des témoignages qui fussent de nature à être émis en présence de tout le monde ; quant à l’apparition de Jésus à sa mère, l’Esprit-Saint l’a laissée à ceux qui sont éclairés de sa lumière.
En troisième lieu, ce silence s’explique par la sublimité même de l’apparition. Après la résurrection, les Évangiles ne disent plus rien sur la mère du Christ, par cette raison que ses relations de tendresse avec son fils furent désormais tellement sublimes, tellement ineffables, qu’il n’y aurait pas de termes pour les exprimer. Il est deux sortes de visions : l’une purement corporelle, et faible en proportion ; l’autre qui a son siège principal dans l’âme, et qui ne convient qu’aux âmes déjà transformées. Admettez, si vous voulez, que Madeleine a eu part avant les autres à la vision purement corporelle, pourvu que vous reconnaissiez que la Vierge a vu avant elle, et d’une manière bien autrement sublime, son fils ressuscité, qu’elle l’a reconnu, et qu’elle a joui tout d’abord de ses délicieux embrassements dans son âme plus encore que dans son corps [3]. »
Qu’ils sont beaux, ô Bernardin, les rayons qui forment nom de Jésus ! Que leur lumière est douce, au moment où le Fils de Dieu reçoit ce nom sauveur, le huitième jour après sa naissance ! Mais quel œil mortel pourrait supporter leur éclat, lorsque Jésus opère notre salut, non plus dans l’humilité et la souffrance, mais par le triomphe de sa résurrection ? C’est au milieu des splendeurs pascales du nom de Jésus que vous nous apparaissez, ô Bernardin ! Ce nom que vous avez aimé et glorifié vous associe désormais à son immortelle victoire. Maintenant donc répandez sur nous, plus abondamment encore que vous ne le faisiez sur la terre, les trésors d’amour, d’admiration et d’espérance dont ce divin nom est la source, et purifiez les yeux de notre âme, afin que nous puissions un jour contempler avec vous ses magnificences.
Apôtre de la paix, l’Italie, dont vous avez si souvent apaisé les factions, a droit de vous compter au rang de ses protecteurs. Voyez-la en ces jours livrée en proie aux ennemis du Sauveur des hommes, rebelle à la voix de la sainte Église, et tristement abandonnée à son sort. Ne vous souviendrez-vous pas que c’est dans son sein que vous avez pris naissance, qu’elle fut docile à votre voix, et que longtemps votre mémoire lui fut chère ? Intervenez en sa faveur ; arrachez-la à ceux qui l’oppriment, et montrez qu’au défaut des armées de la terre, les milices célestes peuvent toujours sauver les villes et les provinces.
Illustre fils du grand patriarche d’Assise, l’Ordre séraphique vous vénère comme l’une de ses principales colonnes. Vous avez ravivé dans son sein l’observance primitive ; continuez du haut du ciel à protéger l’œuvre commencée par vous ici-bas. La famille de saint François est l’un des plus fermes appuis de la sainte Église ; faites-la fleurir toujours, soutenez-la dans les tempêtes, multipliez-la en proportion des besoins du peuple fidèle ; car vous êtes le second père de cette famille sacrée, et vos prières sont puissantes auprès du Rédempteur dont vous avez confessé le nom glorieux sur la terre.
Dans les plus célèbres cités de l’Italie centrale, à Sienne, par exemple, à Pérouse, à Florence, on conserve vivant, aujourd’hui encore, le souvenir de la prédication de ce saint Frère Mineur (+ 1444) qui, à une époque de discordes civiles et de dissolution des mœurs, tonna du haut de la chaire contre le vice, tel un prophète de l’Ancien Testament, et ramena les fidèles dans la voie de l’Évangile.
La fête de ce fervent apôtre de la dévotion au saint Nom de Jésus fut insérée dans le calendrier romain au XVe siècle. A l’époque de la révision du Bréviaire un siècle plus tard, elle fut tour à tour supprimée puis rétablie. En fait, la renommée de Bernardin est universelle, et dans l’histoire de la réforme catholique qui prépara les voies aux Conciles de Latran et de Trente, il occupe en Italie une des places les plus importantes.
La messe Os iusti est du Commun des simples Confesseurs, mais la première collecte est propre.
Prière. — « Seigneur Jésus qui avez inspiré un amour très ardent pour votre saint Nom à votre bienheureux confesseur Bernardin ; daignez aussi répandre en nous l’esprit de votre amour, par ses mérites et son intercession. Vous qui vivez, etc. »
La lecture évangélique est identique à celle de la messe des Abbés.
De même que la mission de Jésus fut de manifester au monde le nom de son Père céleste, ainsi le but de chaque chrétien doit être d’exprimer Jésus dans sa vie, afin que pensées, affections, paroles, actes, expriment la sainteté, l’ineffable bonté, la douceur et le salut. Au moment de la mort, nous devrons pouvoir dire nous aussi au Seigneur, en résumant, comme le Rédempteur, notre course mortelle : Pater, manifestavi nomen tuum hominibus... nunc autem ad te venio. Quel sublime programme de sainteté !
Au nom de Jésus tous les genoux doivent fléchir.
Saint Bernardin. — Jour de mort : 20 mai 1444, à Aquila. Tombeau : dans la même ville, dans l’église qui porte son nom. Image : On le représente en franciscain, tenant à la main un soleil avec le monogramme de Jésus. Vie : Saint Bernardin naquit en 1380, à Carrare, en Italie. Tout jeune, il s’adonna, à Sienne, pendant la peste, au soin des malades. Dans une grave maladie, il prit la résolution — d’entrer dans un monastère. Il se fit franciscain et fut chargé par ses supérieurs du ministère de la prédication. Il obéit humblement malgré sa voix faible et rauque ; il fut guéri miraculeusement de son mal de gorge. Il fut désormais un prédicateur populaire très éloquent et un apôtre dévoré du zèle des âmes. Il parcourut toute l’Italie, prêchant surtout le Saint Nom de Jésus (Or.). Il exerça une puissante influence sur son temps, il prépara les voies à la vraie réforme. Rarement un saint eut tant de disciples et des disciples si marquants. (Il eut, parmi eux, saint Jean de Capistran). Quand saint Bernardin entrait dans une ville, il faisait porter devant lui une bannière sur laquelle était dessiné le monogramme du doux nom de Jésus (IHS), entouré de douze rayons solaires et couronné d’une croix. Quand il prêchait, cette bannière était suspendue auprès de la chaire. Parfois, quand il prêchait sur le Nom de Jésus, il portait, en outre, à la main, une tablette sur laquelle était Inscrit le Nom divin en grosses lettres que tous les auditeurs pouvaient voir. Par ses exhortations zélées, il détermina un grand nombre de prêtres à faire peindre le Nom de Jésus à l’intérieur et à l’extérieur des vêtements sacerdotaux, et à distribuer des petites images du nom de Jésus parmi le peuple. C’est sur ces conseils, aussi, qu’on inscrivit le monogramme en grosses lettres sur les murs extérieurs des hôtels de ville de plusieurs villes d’Italie, comme on peut le voir aujourd’hui encore à Sienne (Pastor).
La messe (Os justi) est du commun des confesseurs, l’Évangile du commun des Abbés : « Voici que nous avons tout quitté ». L’Église veut exposer son grand amour de la pauvreté. L’oraison demande pour nous, à l’exemple de saint Bernardin, l’amour du nom de Jésus.
Pratique : Nous admirons aujourd’hui le brûlant amour du saint pour le Nom de Jésus. Proposons-nous d’avoir ce nom sur les lèvres et encore plus dans le cœur, car ce saint nom éveille toujours l’amour du Sauveur. Mais ne prononçons jamais le Nom de Jésus avec légèreté et sans respect.
Cher monsieur,
Je regrette que la documentation iconographique ne soit pas légendée : titre de l’oeuvre, auteur, date ou période ? Par exemple, la dernière reproduction de l’article émane-t-elle du Greco ? Où se trouve l’original ?
Dans l’attente d’avoir le plaisir de vous lire, et en vous remerciant pour votre travail de bénédictin, je vous prie de bien vouloir agréer l’expression de mes plus humbles prières.
Gaël PETIT, Vigneron à Tavel.