Messe après 1942 |
Messe avant 1942 |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
A Ferentino, en 1296, déposition de saint Pierre ermite, qui fut pape de juillet à décembre 1294 sous le nom de Célestin V.
Canonisé à Avignon par Clément V en 1313, d’abord honoré comme simple confesseur et non pontife : ‘Sancti Petri, confessoris, olim Celestini, papæ’ annonce le calendrier de la chapelle papale du XIVe siècle.
En 1668 : fête de Saint Pierre Célestin, pape.
Messe après 1942 | |
Missa Si díligis me, de Communi Summorum Pontificum, præter orationem sequentem : | Messe Si díligis me, du Commun des Souverains Pontifes, sauf l’oraison suivante : |
Oratio P | Collecte P |
Deus, qui beátum Petrum Cælestínum ad summi pontificátus ápicem sublimásti, quique illum humilitáti postpónere docuísti : concéde propítius ; ut eius exémplo cuncta mundi despícere, et ad promíssa humílibus prǽmia perveníre felíciter mereámur. Per Dóminum. | Dieu, qui avez élevé le bienheureux Pierre Célestin à l’éminente dignité du souverain pontificat, et qui lui avez appris à mettre l’humilité au-dessus de cette élévation, accordez-nous, dans votre bonté, la grâce de mépriser, à son exemple, tous les biens de ce monde, et de parvenir heureusement à la possession des récompenses promises à ceux qui sont humbles. |
Et fit commemoratio S. Pudentianæ, Virginis : | Et on fait mémoire de Ste Pudentienne, Vierge : |
Oratio. | Collecte |
Exáudi nos, Deus, salutáris noster : ut, sicut de beátæ Pudentiánæ Vírginis tuæ festivitáte gaudémus ; ita piæ devotiónis erudiámur afféctu. Per Dóminum nostrum. | Exaucez-nous, Ô Dieu notre Sauveur, afin que, comme la fête de la Bienheureuse Pudentienne, votre Vierge, nous donne la joie, elle nous enseigne aussi la ferveur d’une sainte dévotion. |
Secreta C1 | Secrète C1 |
Oblátis munéribus, quǽsumus, Dómine, Ecclésiam tuam benígnus illúmina : ut, et gregis tui profíciat ubique succéssus, et grati fiant nómini tuo, te gubernánte, pastóres. Per Dóminum. | Grâce à l’offrande de ces presents, accordez Seigneur, la lumière à votre Eglise ; faites prospérer partout votre troupeau, et daignez diriger ses pasteurs pour qu’ils vous soient agréables. |
Pro S. Pudentiana | Pour Ste Pudentienne |
Secreta | Secrète |
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum. | Qu’elle soit agréée de vous, Seigneur, l’offrande faite par votre peuple saint en l’honneur de vos Saintes par les mérites desquelles il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation. |
Postcommunio C1 | Postcommunion C1 |
Refectióne sancta enutrítam gubérna, quǽsumus, Dómine, tuam placátus Ecclésiam : ut, poténti moderatióne dirécta, et increménta libertátis accípiat et in religiónis integritáte persístat. Per Dóminum nostrum. | Seigneur, dirigez avec amour votre Eglise qui vient de se nourrir à cette table sainte, pour que, sous votre conduite toute-puissante, elle voie grandir sa liberté, et garde la religion dans toute sa pureté. |
Pro S. Pudentiana | Pour Ste Pudentienne |
Postcommunio | Postcommunion |
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum. | Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours, s’il vous plaît, grâce à l’intervention de la sainte dont nous celébrons la fête. |
Messe avant 1942 | |
Ant. ad Introitum. Eccli. 45, 30. | Introït |
Státuit ei Dóminus testaméntum pacis, et príncipem fecit eum : ut sit illi sacerdótii dígnitas in ætérnum. (T.P. Allelúia, allelúia.) | Le Seigneur fit avec lui une alliance de paix et l’établit prince, afin que la dignité sacerdotale lui appartînt toujours. (T.P. Allelúia, allelúia.) |
Ps. 131, 1. | |
Meménto, Dómine, David : et omnis mansuetúdinis eius. | Souvenez-vous, Seigneur, de David et de toute sa douceur. |
V/. Glória Patri. | |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui beátum Petrum Cælestínum ad summi pontificátus ápicem sublimásti, quique illum humilitáti postpónere docuísti : concéde propítius ; ut eius exémplo cuncta mundi despícere, et ad promíssa humílibus prǽmia perveníre felíciter mereámur. Per Dóminum. | Dieu, qui avez élevé le bienheureux Pierre Célestin à l’éminente dignité du souverain pontificat, et qui lui avez appris à mettre l’humilité au-dessus de cette élévation, accordez-nous, dans votre bonté, la grâce de mépriser, à son exemple, tous les biens de ce monde, et de parvenir heureusement à la possession des récompenses promises à ceux qui sont humbles. |
Et fit commemoratio S. Pudentianæ, Virginis : | Et on fait mémoire de Ste Pudentienne, Vierge : |
Oratio. | Collecte |
Exáudi nos, Deus, salutáris noster : ut, sicut de beátæ Pudentiánæ Vírginis tuæ festivitáte gaudémus ; ita piæ devotiónis erudiámur afféctu. Per Dóminum nostrum. | Exaucez-nous, Ô Dieu notre Sauveur, afin que, comme la fête de la Bienheureuse Pudentienne, votre Vierge, nous donne la joie, elle nous enseigne aussi la ferveur d’une sainte dévotion. |
Léctio libri Sapiéntiæ. | Lecture du livre de la Sagesse. |
Eccli. 44, 16-27 ; 45, 3-20. | |
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo, et invéntus est iustus : et in témpore iracúndiæ factus est reconciliátio. Non est invéntus símilis illi, qui conservávit legem Excélsi. Ideo iureiurándo fecit illum Dóminus créscere in plebem suam. Benedictiónem ómnium géntium dedit illi, et testaméntum suum confirmávit super caput eius. Agnóvit eum in benedictiónibus suis : conservávit illi misericórdiam suam : et invenit grátiam coram óculis Dómini. Magnificávit eum in conspéctu regum : et dedit illi corónam glóriæ. Státuit illi testaméntum ætérnum, et dedit illi sacerdótium magnum : et beatificávit illum in glória. Fungi sacerdótio, et habére laudem in nómine ipsíus, et offérre illi incénsum dignum in odórem suavitátis. | Voici le grand pontife, qui pendant les jours de sa vie fut agréable à Dieu, et est devenu, au temps de sa colère, la réconciliation des hommes. Nul ne l’a égalé dans l’observation des lois du Très-Haut. C’est pourquoi le Seigneur a jure de le rendre père de son peuple. Le Seigneur a béni en lui toutes les nations et a confirmé en lui son alliance. Il a versé sur lui ses bénédictions ; il lui a continué sa miséricorde ; et cet homme a trouve grâce aux yeux du Seigneur. Celui-là l’a rendu grand devant les rois, et il lui a donné une couronne de gloire. Il a fait avec lui une alliance éternelle ; il lui a donné le suprême sacerdoce, et il l’a rendu heureux dans la gloire, pour exercer le sacerdoce, louer son nom et lui offrir dignement un encens d’agréable odeur. |
Graduale. Graduale. Eccli. 44, 16. | Graduel |
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo. | Voici le grand Pontife qui dans les jours de sa vie a plu à Dieu. |
V/. Ibid., 20. Non est invéntus símilis illi, qui conserváret legem Excélsi. | V/. Nul ne lui a été trouvé semblable, lui qui a conservé la loi du Très-Haut. |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. Allelúia. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. Alléluia. |
Tempore paschali omittitur graduale, et eius loco dicitur : | Au Temps pascal, on omet le graduel et à sa place on dit : |
Allelúia, allelúia. V/. Ps. 109, 4. Tu es sacérdos in ætérnum, secúndum órdinem Melchísedech. | Allelúia, allelúia. V/. Vous êtes prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech. |
Allelúia. V/. Hic est sacérdos, quem coronávit Dóminus. Allelúia. | Allelúia. V/. Voilà le Pontife que le Seigneur a couronné. Alléluia. |
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Matthǽum. | Lecture du Saint Evangile selon saint Matthieu. |
Matth. 19, 27-29. | |
In illo témpore : Dixit Petrus ad Iesum : Ecce, nos relíquimus ómnia, et secúti sumus te : quid ergo erit nobis ? Iesus autem dixit illis : Amen, dico vobis, quod vos, qui secuti estis me, in regeneratióne, cum séderit Fílius hóminis in sede maiestátis suæ, sedébitis et vos super sedes duódecim, iudicántes duódecim tribus Israël. Et omnis, qui relíquerit domum, vel fratres, aut soróres, aut patrem, aut matrem, aut uxórem, aut fílios, aut agros, propter nomen meum, céntuplum accípiet, et vitam ætérnam possidébit. | En ce temps-là, Pierre dit à Jésus : Voici que nous avons tout quitté, et que nous vous avons suivi ; qu’y aura-t-il donc pour nous ? Jésus leur dit : En vérité, je vous le dis, vous qui m’avez suivi, lorsque, au temps de la régénération, le Fils de l’homme siégera sur le trône de sa gloire, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle. |
Ant. ad Offertorium. Ps. 88, 21-22. | Offertoire |
Invéni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum : manus enim mea auxiliábitur ei, et bráchium meum confortábit eum. (T.P. Allelúia.) | J’ai trouvé David mon serviteur ; je l’ai oint de mon huile sainte ; car ma main l’assistera et mon bras le fortifiera. (T.P. Alléluia.) |
Secreta. | Secrète |
Sancti tui, quǽsumus, Dómine, nos ubíque lætíficant : ut, dum eórum mérita recólimus, patrocínia sentiámus. Per Dóminum. | Que le souvenir de vos Saints nous soit, ô Seigneur, en tous lieux, un sujet de joie, afin que nous ressentions la protection de ceux dont nous célébrons à nouveau les mérites. |
Pro S. Pudentiana | Pour Ste Pudentienne |
Secreta | Secrète |
Accépta tibi sit, Dómine, sacrátæ plebis oblátio pro tuórum honóre Sanctórum : quorum se méritis de tribulatióne percepísse cognóscit auxílium. Per Dóminum nostrum. | Qu’elle soit agréée de vous, Seigneur, l’offrande faite par votre peuple saint en l’honneur de vos Saintes par les mérites desquelles il reconnaît avoir reçu du secours dans la tribulation. |
Ant. ad Communionem. Luc. 12, 42. | Communion |
Fidélis servus et prudens, quem constítuit dóminus super famíliam suam : ut det illis in témpore trítici mensúram. (T.P. Allelúia.) | Voici le dispensateur fidèle et prudent que le Maître a établi sur ses serviteurs pour leur donner au temps fixé, leur mesure de blé (T.P. Alléluia.) |
Postcommunio. | Postcommunion |
Præsta, quǽsumus, omnípotens Deus : ut, de percéptis munéribus grátias exhibéntes, intercedénte beáto Petro Confessóre tuo atque Pontífice, benefícia potióra sumámus. Per Dóminum. | Accordez-nous, s’il vous plaît, ô Dieu tout-puissant, qu’en rendant grâces pour les dons reçus, nous recevions plus de bienfaits encore grâce à l’intercession du bienheureux Pierre votre Confesseur et Pontife. |
Pro S. Pudentiana | Pour Ste Pudentienne |
Postcommunio | Postcommunion |
Satiásti, Dómine, famíliam tuam munéribus sacris : eius, quǽsumus, semper interventióne nos réfove, cuius sollémnia celebrámus. Per Dóminum. | Vous avez, Seigneur, nourri votre famille de dons sacrés ; ranimez-nous toujours, s’il vous plaît, grâce à l’intervention de la sainte dont nous celébrons la fête. |
Leçon des Matines avant 1960
Quatrième leçon. Pierre, nommé Célestin, du nom qu’il prit lorsqu’il fut élu Pape, naquit de parents honnêtes et catholiques à Isernia dans les Abruzzes. A peine adolescent, il se retira dans le désert pour garantir son âme des séductions du monde. Là, il se nourrissait l’esprit de contemplation, réduisait son corps en servitude, et portait sur lui une chaîne de fer. Il institua, d’après la règle de saint Benoît, la congrégation connue depuis sous le nom de Célestins. Il ne devait pas demeurer caché, et c’est de sa solitude, qu’à son insu et malgré son éloignement, il fut appelé à occuper la chaire de saint Pierre. L’Église romaine avait été longtemps sans pasteur : il fut placé à sa tête, comme on place la lumière sur le chandelier ; tout le monde en fut non moins étonné que ravi. Élevé à la dignité sublime du pontificat, Pierre sentit que la multitude des affaires lui permettait à peine de vaquer à ses méditations, et il renonça volontairement aux honneurs et aux charges. Ayant repris son ancien genre de vie, il s’endormit dans le Seigneur. Sa belle mort fut rendue plus glorieuse encore par l’apparition d’une croix lumineuse que l’on vit briller dans les airs devant la porte de sa retraite. Pendant sa vie et après sa mort il fit d’éclatants miracles : ils furent examinés suivant les règles, et Clément V l’inscrivit au nombre des Saints, onze ans après sa mort.
A côté de Léon, l’insigne Docteur, Jésus ressuscité appelle en ce jour l’humble Pierre Célestin, Pontife suprême comme Léon, mais à peine assis sur la chaire apostolique, qu’il en est descendu pour retourner au désert. Entre tant de héros dont est formée la chaîne des Pontifes romains, il devait s’en rencontrer à qui fût donnée la charge de représenter plus spécialement la noble vertu d’humilité ; et c’est à Pierre Célestin que la grâce divine a dévolu cet honneur. Arraché au repos de sa solitude pour être élevé sur le trône de saint Pierre et tenir dans ses mains tremblantes les formidables clefs qui ouvrent et ferment le ciel, le saint ermite a regardé autour de lui ; il a considéré les besoins de l’immense troupeau du Christ, et sondé ensuite sa propre faiblesse. Oppressé sous le fardeau d’une responsabilité qui embrasse la race humaine tout entière, il s’est jugé incapable de supporter plus longtemps un tel poids ; il a déposé la tiare, et imploré la faveur de se cacher de nouveau à tous les regards humains dans sa chère sollicitude. Ainsi le Christ, son Maître, avait d’abord enfoui sa gloire dans une obscurité de trente années, et plus tard sous le nuage sanglant de sa Passion et sous les ombres du sépulcre. Les splendeurs de la divine Pâque ont tout à coup dissipé ces ténèbres, et le vainqueur de la mort s’est révélé dans tout son éclat. Mais il veut que ses membres aient part à son triomphe, et que la gloire dont ils brilleront éternellement soit, comme la sienne, en proportion de leur empressement à s’humilier dans les jours de cotte vie mortelle. Quelle langue pourrait décrire l’auréole qui entoure le front de Pierre Célestin, en retour de cette obscurité au sein de laquelle il a cherché l’oubli des hommes avec plus d’ardeur que d’autres ne recherchent leur estime et leur admiration ? Grand sur le trône pontifical, plus grand au désert, sa grandeur dans les cieux dépasse toutes nos pensées.
Vous avez obtenu l’objet de votre ambition, ô Célestin ! Il vous a été accordé de descendre les degrés du trône apostolique, et de rentrer dans le calme de cette vie cachée qui avait si longtemps fait toutes vos délices. Jouissez des charmes de l’obscurité que vous aviez tant aimée ; elle vous est rendue avec tous les trésors de la contemplation, dans le secret de la face de Dieu. Mais cette obscurité n’aura qu’un temps, et quand l’heure sera venue, la Croix que vous avez préférée à tout se dressera lumineuse à la porte de votre cellule, vous invitant à prendre part au triomphe pascal de celui qui est descendu du ciel pour nous apprendre que quiconque s’abaisse sera élevé. Votre nom, ô Célestin, brillera jusqu’au dernier jour du monde sur la liste des Pontifes romains ; vous êtes l’un des anneaux de cette chaîne qui rattache la sainte Église à Jésus son fondateur et son époux ; mais une plus grande gloire vous est réservée, celle de faire cortège à ce divin Christ ressuscité. La sainte Église, qui un moment s’est inclinée devant vous pendant que vous teniez les clefs de Pierre, vous rend depuis des siècles et vous rendra jusqu’au dernier jour l’hommage de son culte, parce qu’elle reconnaît en vous un des élus de Dieu, un des princes de la céleste cour. Et nous aussi, ô Célestin ! nous sommes appelés à monter là où vous êtes, à contempler éternellement comme vous le plus beau des enfants des hommes, le vainqueur de la mort et de l’enfer. Mais une seule voie peut nous y conduire : celle que vous avez vous-même suivie, la voie de l’humilité. Fortifiez en nous cette vertu, ô Célestin ! et allumez-en le désir dans nos cœurs. Substituez le mépris de nous-mêmes à l’estime que nous avons trop souvent le malheur d’en faire. Rendez-nous indifférents à toute gloire mondaine, fermes et joyeux dans les abaissements, afin qu’ayant « bu l’eau du torrent », comme notre Maître divin, nous puissions un jour, comme lui et avec vous, « relever notre tête [1] » et entourer éternellement le trône de notre commun libérateur.
Déjà avant ce saint moine, fils spirituel du patriarche saint Benoît, plusieurs autres papes, saint Pontien par exemple, saint Martin, Jean XVIII et Benoît IX, en des circonstances qui leur rendaient personnellement des plus difficiles le gouvernement de l’Église, avaient abdiqué le suprême pontificat. Au XIIIe siècle, ces cas avaient été presque oubliés, et les canonistes discutaient pour savoir si une telle renonciation fut jamais permise au pape. Célestin V, en une constitution solennelle, résolut la question dans le sens de la tradition romaine primitive, après quoi, invoquant en sa faveur un semblable droit, il déposa les vêtements pontificaux et retourna aux anciens exercices de sa vie monastique.
On l’accusait d’excessive simplicité dans les affaires, — de plenitudine simplicitatis plutôt que potestatis, — comme disaient avec malice ses adversaires ; et lui-même ne méconnaissait pas la vérité de cette imputation. Mais Dieu, et durant son pontificat, et surtout après son humble abdication, se plut à l’illustrer par une abondance de miracles. Quand, par ordre de Boniface VIII, Célestin fut conduit au château de Fumone qui devait lui servir de résidence, il opéra de très nombreuses guérisons durant le voyage ; il semblait que Dieu se plût à exalter la grandeur de son sénateur dans la mesure où le monde méconnaissait ses hauts mérites (+ 1296).
La messe [2] est du Commun des Confesseurs Pontifes : Statuit, comme le 4 février, avec la première collecte propre. L’Évangile est du Commun des Abbés, pour rappeler la renonciation de Célestin à la suprême dignité de l’Église, en vue de retourner à l’humilité du froc monastique si hautement glorifié par ses vertus.
Dans la Divine Comédie, Dante, emporté par sa haine de partisan, met dans l’enfer ... l’ombra di celui che fece per viltade il gran rifiuto.
L’Église, au contraire, loua l’humilité du pape Célestin et le proposa même à l’imitation des fidèles, car il est plus prudent et plus sûr de servir le Seigneur dans la simplicité du cœur, que d’ambitionner des places élevées et de graves responsabilités, auxquelles peut-être nos pauvres épaules ne sont ni préparées ni proportionnées.
Prière. — « O Dieu qui, ayant élevé au faîte du pontificat suprême le bienheureux Pierre Célestin, lui avez appris à préférer une vie humble ; faites que, méprisant à son exemple toutes les choses du monde, nous méritions d’arriver heureusement aux récompenses réservées aux humbles. Par notre Seigneur, etc. » Ne pas ambitionner les honneurs et les charges est certes l’indice d’une âme humble ; mais renoncer, comme saint Célestin, à la suprême Chaire pontificale, quand semblaient de plus en plus l’illustrer une éminente sainteté, la vénération des peuples, le don des miracles, c’est le signe d’une âme qui, habituellement absorbée dans la contemplation de Dieu, s’est solidement abîmée dans la connaissance de son néant. Toute la grandeur de la terre n’arrive pas à enorgueillir de telles âmes.
Saint Pierre. — Jour de mort : 19 mai 1296, Tombeau : à Aquila (Abruzzes), dans l’église de Sainte-Marie di Collemaggio. Image : On le représente en pape, avec une colombe ou bien avec un diable qui le trouble au moment où il écrit. Vie : Le pieux solitaire Pierre de Morone, fondateur de l’Ordre des Célestins, fut élu pape le 5 juillet 1294, après la mort de Nicolas V, dans un conclave qui avait duré plus de deux ans. Il prit le nom de Célestin V. L’élection de cet homme, qui était sans doute un saint, mais ne connaissait ni le monde ni les hommes, ne s’explique que par l’embarras où on se trouvait et aussi, semble-t-il, par les intrigues de Charles II, roi de Naples. Il apparut bientôt que le choix n’était pas heureux. Célestin sentit que ses épaules étaient trop faibles pour cette lourde charge. Il abdiqua (13 décembre 1294, cinq mois après l’élection) et il retourna à sa chère et simple vie monastique. Son successeur, Boniface VIII, craignant avec raison que ses adversaires ne se servent du saint pour créer un schisme, le fit garder étroitement et l’enferma dans le château de Fumone, près d’Anagni. Il y trouva une cellule semblable à celle qu’il avait dans son ermitage. Il passa ses dernières années, jusqu’à sa mort, dans une pénitence austère.
Pratique : « Avoir préféré à la plus haute dignité ecclésiastique la vie d’humilité », voilà l’événement principal dans la vie du saint que l’Église nous fait admirer dans l’oraison du jour et qu’elle nous demande d’imiter à notre manière. — La messe est du commun des Souverains Pontifes, sauf la première oraison, dont nous venons de donner la teneur.