Textes de la Messe |
Office |
Dom Guéranger, l’Année Liturgique |
Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum |
Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique |
Avec la fête de saint Venant, s’ouvre la période de l’année liturgique où commence le temps après la Pentecôte lorsque la date de Pâques tombe au plus tôt. C’est pourquoi sa fête est en tête du sanctoral dans le 2ème tome du bréviaire de Jean XIII ou le tome ‘été’ du bréviaire avant Jean XIII.
Martyr vénéré à Camerino (Marches), sa fête fut instituée au calendrier par Clément X, ancien évêque de cette ville, en 1690. Mais il était déjà vénéré dans les basiliques romaines : on célébrait en effet le 15 mai les saints martyrs dalmates dont les reliques étaient déposées dans l’oratoire de saint Venant au baptistère du Latran.
Tempore paschali, Missa Protexísti, de Communi Martyrum I loco, cum orationibus ut infra. | Au Temps pascal, Messe Protexísti, du Commun des Martyrs I, avec les oraisons ci-dessous. |
Extra Tempus pachale, Missa In virtúte, de Communi unius Martyris 3 loco, cum orationibus ut infra : | Hors du Temps pascal, Messe In virtúte, du Commun d’un Martyr 3, avec les oraisons ci-dessous : |
Oratio. | Collecte |
Deus, qui hunc diem beáti Venántii Martyris tui triúmpho consecrásti : exáudi preces pópuli tui et præsta : ut, qui eius mérita venerámur, fídei constántiam imitémur. Per Dóminum. | O Dieu, qui avez consacré ce jour par le triomphe du bienheureux Venant, votre Martyr, exaucez les prières de votre peuple, et faites qu’honorant ses mérites, nous imitions la constance de sa foi. |
Secreta | Secrète |
Hanc oblatiónem, omnípotens Deus, beáti Venántii mérita tibi reddant accéptam : ut, ipsíus subsidiis adiuti, glóriæ eius consortes efficiámur. Per Dóminum. | Que les mérites du bienheureux Venant, Dieu tout-puissant, vous rendent agréable cette offrande : afin qu’aidés de son secours, nous ayons part à sa gloire. |
Postcommunio | Postcommunion |
Súmpsimus, Dómine, ætérnæ vitæ sacraménta, te humiliter deprecántes : ut, beáto Venántio Mártyre tuo pro nobis deprecánte, véniam nobis concílient et grátiam. Per Dóminum. | Nous avons reçus, Seigneur, les sacrements de la vie éternelle, et nous vous prions humblement : faites que le bienheureux Venant votre Martyr priant pour nous, ils nous obtiennent le pardon et la grâce. |
A MATINES. avant 1960
Hymnus | Hymne |
Athléta Christi nóbilis
Idóla damnat Géntium, Deíque amóre sáucius Vitæ perícla déspicit. | Le noble athlète du Christ
persiste à réprouver les idoles des Gentils, et, blessé de l’amour de Dieu, ne compte pour rien ce qui met sa vie en danger. |
Loris revínctus ásperis,
E rupe præceps vólvitur : Spinéta vultum láncinant ; Per saxa corpus scínditur. | Étroitement lié, Venant est
précipité du haut d’une roche, et, dans sa chute les épines déchirent son visage, ses membres sont brisés par les pierres. |
Dum membra raptant Mártyris,
Languent siti satéllites ; Signo crucis Venántius E rupe fontes élicit. | Tandis qu’ils traînent le Martyr,
les satellites souffrent de la soif ; Venant, par le signe de la croix, fait jaillir une fontaine du rocher. |
Bellátor o fortíssime,
Qui pérfidis tortóribus E caute præbes póculum, Nos rore grátiæ írriga. | O combattant très courageux,
qui procurâtes à vos perfides bourreaux un breuvage sorti de la pierre, versez sur nous la rosée de la grâce. |
Sit laus Patri, sit Fílio,
Tibíque Sancte Spíritus : Da per preces Venántii Beáta nobis gáudia. Amen. | Gloire soit au Père, au Fils,
et à vous, Esprit-Saint : accordez-nous, par les prières de Venant, les joies de la béatitude suprême. Amen. |
Au deuxième nocturne.
Quatrième leçon. Venant, de Camérino, avait quinze ans, lorsqu’il fut dénoncé comme chrétien à Antiochus alors gouverneur de la ville pour l’empereur Dèce. Il se présenta lui-même aux portes de la ville à ce magistrat, qui, après l’avoir tenté longuement par des promesses et des menaces, ordonna de le battre de verges et de le charger de chaînes. Un Ange délie miraculeusement ses liens ; il est alors brûlé avec des torches ardentes, puis suspendu, la tête en bas, au-dessus d’un feu allumé sous lui. Sa constance dans les tourments frappe d’admiration le greffier Anastase, et quand il le voit, une seconde fois délié par l’Ange, marcher, vêtu de blanc, au dessus de la fumée, il croit en Jésus-Christ, et se fait baptiser avec sa famille par le bienheureux Prêtre Porphyre, en compagnie duquel il remporte, peu de temps après, la palme du martyre.
Cinquième leçon. Ramené devant le gouverneur, et inutilement sollicité d’abandonner la foi du Christ, Venant est jeté en prison. Le gouverneur envoie un héraut, nommé Attale, qui vient dire à Venant que lui aussi a été chrétien, mais qu’il a renoncé à ce titre, parce qu’il a reconnu la vaine illusion d’une foi en raison de laquelle les Chrétiens se privent des biens présents, dans l’espérance chimérique de biens futurs. Le noble athlète du Christ, qui connaît les ruses de notre perfide ennemi, repousse loin de lui ce ministre du démon. On le ramène donc devant le gouverneur : on lui casse toutes les dents et on lui brise les mâchoires, et, ainsi mutilé on le jette sur un fumier Mais un Ange vient encore le délivrer. On le fait comparaître de nouveau devant le juge, et celui-ci, à la voix de Venant qui parlait toujours tombe de son siège en s’écriant : « Le Dieu de Venant est le vrai Dieu ; renversez les nôtres ».
Sixième leçon. A cette nouvelle, le gouverneur fit aussitôt exposer Venant aux lions ; mais contrairement à leur férocité habituelle, ces animaux se jetèrent à ses pieds. Pendant ce temps, le jeune homme enseignait au peuple la foi du Christ ; aussi fut-il éloigné et remis en prison. Le lendemain. Porphyre ayant raconté au gouverneur une vision qu’il avait eue pendant la nuit, et dans laquelle il avait vu Venant resplendissant de lumière baptiser le peuple, tandis qu’un brouillard épais couvrait le gouverneur, celui-ci, transporté de colère, donna l’ordre de lui trancher immédiatement la tête ; il commanda ensuite de traîner Venant jusqu’au soir par des lieux couverts d’épines et de chardons. On le laissa à demi-mort, mais dès le lendemain matin, il se présentait de nouveau devant le gouverneur, qui le fit aussitôt précipiter du haut d’un rocher. Arraché encore par miracle à cette mort, Venant fut traîné jusqu’à un mille de la ville par les plus rudes sentiers ; là les soldats ayant soif, Venant s’agenouilla sur une pierre qui se trouvait à proximité, dans une dépression du sol ; ayant tracé sur elle le signe de la croix, il en jaillit de l’eau. Il laissa sur cette pierre l’empreinte de ses genoux, ainsi qu’on peut le voir encore dans son église où elle est conservée. Touchés de ce miracle, plusieurs soldats crurent en Jésus-Christ. Le gouverneur leur fit trancher la tête ainsi qu’à Venant, sur les lieux mêmes. Aussitôt il y eut un orage et un tremblement de terre tels que le gouverneur prit la fuite ; mais il ne put se dérober à la justice divine, et il périt peu de jours après l’une mort très honteuse. Pendant ce temps, les Chrétiens ensevelirent à une place d’honneur le Martyr et ses compagnons, et leurs corps ont conservés jusqu’à ce jour, à Camérino, dans l’Église dédiée à Saint Venant.
A LAUDES.
Hymnus | Hymne |
Dum, nocte pulsa, lúcifer
Diem propínquam núntiat, Nobis refert Venántius Lucis beátæ múnera. | Tandis que la nuit disparaît et que
l’étoile du matin nous annonce l’approche du jour, que Venant nous obtienne les bienfaits de la lumière bienheureuse. |
Nam críminum calíginem
Stygísque noctem dépulit, Veróque cives lúmine Divinitátis ímbuit. | Qu’il éloigne de nous l’obscurité du péché
et la nuit des enfers ; qu’il nous désaltère dans la cité céleste de la vraie lumière de la Divinité. |
Aquis sacri baptísmatis
Lustrávit ille pátriam : Quos tinxit unda mílites , In astra misit Mártyres. | Il a purifié sa patrie
dans les eaux du baptême sacré, et les soldats sur lesquels il a versé l’onde sainte, il les a envoyés dans les cieux avec la palme du martyre. |
Nunc Angelórum párticeps,
Adésto votis súpplicum : Procul repélle crímina, Tuúmque lumen íngere. | Maintenant que vous régnez avec les Anges,
soyez favorable aux vœux de ceux qui vous invoquent : bannissez loin de nous tous les crimes et mettez en nos âmes la lumière que vous possédez. |
Sit Laus Patri, sit Fílio,
Tibíque, Sancte Spíritus : Da per preces Venántii Beáta nobis gáudia. Amen. | Gloire soit au Père, au Fils,
et à vous, Esprit-Saint : accordez-nous, par les prières de Venant, les joies de la béatitude suprême. Amen. |
AUX DEUXIÈMES VÊPRES.
Hymnus | Hymne |
Martyr Dei Venántius,
Lux et decus Camértium, Tortóre victo et iúdice, Lætus triúmphum cóncinit. | Venant, le Martyr de Dieu,
et l’honneur de Camérino, vainqueur de son juge et de son bourreau, chante plein de joie son triomphe. |
Annis puer, post víncula,
Post cárceres, post vérbera, Longa fame freméntibus Cibus datur leónibus. | Quant aux années il n’est qu’un enfant,
mais c’est après avoir supporté les fers, les prisons, les coups qu’il est donné en pâture à des lions, rendus furieux par une longue privation de nourriture. |
Sed eius innocéntiæ
Parcit leónum immánitas : Pedésque lambunt Mártyris, Iræ famísque immémores. | Mais son innocence
apaise la férocité de ces lions qui, oubliant leur rage et leur faim, viennent lécher les pieds du Martyr. |
Verso deórsum vértice
Hauríre fumum cógitur ; Costas utrímque et víscera Succénsa lampas ústulat. | Pendant qu’il est suspendu la tête en bas,
et contraint de respirer la fumée d’un brasier, une torche enflammée lui brûle les côtes et les entrailles. |
Sit laus Patri, sit Fílio,
Tibíque Sancte Spíritus : Da per preces Venántii Beáta nobis gáudia. Amen. | Gloire soit au Père, au Fils,
et à vous, Esprit-Saint : accordez-nous, par les prières de Venant, les joies de la béatitude suprême. Amen. |
Le martyr d’aujourd’hui nous reporte aux persécutions des empereurs romains. C’est en Italie, à Camerino, qu’il a rendu son témoignage ; et la dévotion que lui portent les peuples de cette contrée, soumise au sceptre temporel du Pontife romain, a obtenu que sa fête se célébrerait dans toute l’Église. Accueillons donc avec joie ce nouveau champion de notre Emmanuel, et félicitons-le d’avoir soutenu loyalement le combat, en ces jours du Temps pascal, tout retentissants de la victoire que la vie a remportée sur la mort.
Le récit que la Liturgie a consacré aux mérites de saint Venant étincelle de prodiges. Plus d’une fois la puissance de Dieu a semblé faire assaut avec la fureur des bourreaux, afin de glorifier leurs victimes. Ces moyens merveilleux servaient à la conquête des âmes, et souvent les témoins de ces miracles qui sembleraient superflus, s’écriaient tout à coup qu’eux aussi voulaient être chrétiens, et donnaient leurs noms à une religion aussi favorisée du ciel qu’illustrée par la patience surhumaine de ses martyrs.
Priez pour nous, jeune martyr, vous que les saints Anges aimaient, et qu’ils assistèrent dans le combat ! Comme vous, nous sommes les soldats du divin Ressuscité, et comme vous nous sommes appelés à rendre témoignage de sa divinité et de ses droits en présence du monde. Si le monde n’est pas toujours armé d’instruments de torture comme aux jours de vos luttes, il n’est pas moins redoutable par ses séductions. A nous aussi il voudrait ravir cette vie nouvelle que Jésus a communiquée à ses membres ; défendez-nous de ses atteintes, ô Martyr ! La divine chair de l’Agneau vous avait nourri dans les jours de la Pâque, et la force qui a paru en vous était toute à la gloire de ce céleste aliment. Nous nous sommes assis à la même table ; veillez sur tous les convives du festin pascal. Ainsi que vous, nous avons connu le Seigneur dans la fraction du pain [1] : obtenez-nous l’intelligence du divin mystère dont nous reçûmes les prémices en Bethléhem, et qui s’est développé sous nos yeux et en nous-mêmes par les mérites de la Passion et de la Résurrection de notre Emmanuel. D’autres merveilles nous attendent ; nous ne sortirons pas de la saison pascale sans avoir été initiés à la plénitude du don divin de l’Incarnation. Obtenez, ô saint Martyr, que nos cœurs soient ouverts de plus en plus, et qu’ils gardent fidèlement tous les trésors que les augustes mystères de l’Ascension et de la Pentecôte doivent encore verser en eux.
La fête de ce martyr de Camerino (+ 250) fut instituée par Clément X, après que la confrérie des Picentins résidant à Rome eut restauré et dédié à son patron et compatriote l’antique église de Saint-Jean in Mercatello, située au pied du Capitole. Ce petit sanctuaire, antérieur au XIIIe siècle, a été détruit en 1929.
La messe est du Commun : Protexisti, mais les collectes sont propres.
Après le temps pascal, la messe est In virtúte tua.
Combien grande est la dignité du martyre chrétien ! Le sang versé non seulement lave toutes les fautes personnelles, mais, par les mérites du Sang de Jésus, il devient un gage puissant d’intercession pour le peuple chrétien. Le martyre illustre la ville où il s’accomplit, et il la sanctifie ; c’est pourquoi saint Cyprien, évêque de Carthage, prévoyant l’imminence de son supplice, ne voulut pas frustrer son Église d’une si grande gloire ; il laissa le lieu où il s’était retiré pour que son martyre ne s’accomplît pas hors de sa métropole.
Si celui-ci le peut ?
Saint Venant. — Tombeau : à Camerino, dans l’église qui lui est consacrée. Image : On le représente avec un lion ou bien des diables qu’il chasse. Saint Venant, jeune martyr de 15 ans, souffrit dans sa ville natale, sous l’empereur Dèce (249-251), des tortures d’une cruauté inouïe, à cause de la foi chrétienne. Il les supporta avec une constance admirable. Il fut flagellé, brûlé avec des torches ; on le suspendit, la tête en bas, au-dessus d’un feu fumant. Les lions, auxquels on le livra, oublièrent leur férocité naturelle et se couchèrent, comme des agneaux, aux pieds du saint. Celui-ci, pendant ce temps, prêchait la foi au peuple. De nombreux païens crurent au Christ. Enfin, il fut décapité.
Pratique : Quand on suit, pendant quelques heures, le triomphe des vainqueurs, on sent au cœur quelque chose du courage et de la constance des héros, on est porté à l’enthousiasme et à l’énergie. Tel est le but éducatif du culte des martyrs. La constance d’un jeune homme de 15 ans excite tout particulièrement notre émulation. Ce jour conviendrait à une fête liturgique de la jeunesse. — La messe est du commun d’un martyr au temps pascal (Protexisti).
[1] Luc. XXIV, 35.