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Mardi de la Pentecôte

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Sommaire

  Textes de la Messe  
  Office  
  Dom Guéranger, l’Année Liturgique  
  Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum  
  Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique  

L’Église continue à s’adresser aux nouveaux enfants que lui a donnés le baptême. Elle les réunissait en ce jour dans le sanctuaire de Sainte-Anastasie, celui où se célèbre à Noël la messe de l’Aurore. L’Introït leur rappelait le grand bienfait de leur vocation chrétienne. Par le sacrement du Baptême la vertu du Saint-Esprit est descendue en eux et a purifié leurs cœurs(Or.), car « l’Esprit-Saint est lui-même la rémission des péchés » (Postc.). Par le Sacrement de Confirmation, ils ont été revêtus de l’Esprit de force, comme autrefois les disciples de Samarie (Ép.). Par le Sacrement de l’Eucharistie ils ont mangé le pain des Anges (Off.). Brebis fidèles du divin Pasteur (Ev.), elles sont donc entrées dans la bergerie, qui est l’Église, par leur foi en Celui qui est « la porte de la bergerie » et elles écoutent toujours les enseignements que l’Esprit-Saint (All.) leur transmet par les ministres de l’Eglise. Demandons à Dieu le renouvellement de nos âmes par la grâce de l’Esprit Saint (Postc).

Textes de la Messe

Feria Tertia infra Octavam Pentecostes
Mardi de la Pentecôte
I classis
1ère classe
ante 1960 : duplex I classis
avant 1960 : double de 1ère classe
Statio ad S. Anastasiam
Station à Ste-Anastasie
Ant. ad Introitum. 4 Esdr. 2, 36 et 37.Introït
Accípite iucunditátem glóriæ vestræ, allelúia : grátias agéntes Deo, allelúia : qui vos ad cæléstia regna vocávit, allelúia, allelúia, allelúia.Recevez le don si doux qui sera votre gloire, alléluia : rendant grâces à Dieu, alléluia, qui vous a appelés au royaume céleste, alléluia, alléluia, alléluia.
Ps. 77, 1.
Atténdite, pópule meus, legem meam : inclináte aurem vestram in verba oris mei.Mon peuple, écoutez ma loi ; prêtez l’oreille aux paroles de ma bouche.
V/.Glória Patri.
Oratio.Collecte
Adsit nobis, quǽsumus, Dómine, virtus Spíritus Sancti : quæ et corda nostra cleménter expúrget, et ab ómnibus tueátur advérsis. Per Dóminum… in unitáte eiusdem.Nous vous en supplions, Seigneur, que la vertu du Saint-Esprit nous assiste : qu’elle purifie nos cœurs avec clémence, et qu’elle les protège contre toute adversité. Par N.-S... en l’unité du même.
Léctio Actuum Apostolórum.Lecture des Actes des Apôtres.
Act. 8, 14-17.
In diébus illis : Cum audíssent Apóstoli, qui erant Ierosólymis, quod recepísset Samaría verbum Dei, misérunt ad eos Petrum et Ioánnem. Qui cum veníssent, oravérunt pro ipsis, ut accíperent Spíritum Sanctum : nondum enim in quemquam illórum vénerat, sed baptizáti tantum erant in nómine Dómini Iesu. Tunc imponébant manus super illos, et accipiébant Spíritum Sanctum.En ces jours-là, quand les apôtres, qui étaient à Jérusalem, eurent appris que les habitants de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant venus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint : car il n’était encore descendu sur aucun d’eux, mais ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors ils leur imposaient les mains, et ils recevaient l’Esprit-Saint.
Allelúia, allelúia. V/. Ioann. 14, 26. Spíritus Sanctus docébit vos, quæcúmque díxero vobis.Allelúia, allelúia. V/. Le Saint-Esprit vous enseignera tout ce que je vous ai dit.
Allelúia. (Hic genuflectitur) V/. Veni, Sancte Spíritus, reple tuórum corda fidélium : et tui amóris in eis ignem accénde.Allelúia. (On se met à genoux) V/. Venez, Esprit-Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles ; et allumez en eux le feu de votre amour.
Sequentia. Séquence.
Veni, Sancte Spíritus,
et emítte cǽlitus
lucis tuæ rádium.
Venez, ô Saint-Esprit,
Et envoyez du ciel
Un rayon de votre lumière.
Veni, pater páuperum ;
veni, dator múnerum ;
veni, lumen córdium.
Venez, père des pauvres,
Venez, distributeur de tous dons,
Venez, lumière des cœurs.
Consolátor óptime,
dulcis hospes ánimæ,
dulce refrigérium.
Consolateur suprême,
Doux hôte de l’âme,
Douceur rafraîchissante.
In labóre réquies,
in æstu tempéries,
in fletu solácium.
Repos dans le labeur,
Calme, dans l’ardeur,
Soulagement, dans les larmes.
O lux beatíssima,
reple cordis íntima
tuórum fidélium.
0 lumière bienheureuse,
Inondez jusqu’au plus intime,
Le cœur de vos fidèles.
Sine tuo númine
nihil est in hómine,
nihil est innóxium.
Sans votre secours,
Il n’est en l’homme, rien,
Rien qui soit innocent.
Lava quod est sórdidum,
riga quod est áridum,
sana quod est sáucium.
Lavez ce qui est souillé,
Arrosez ce qui est aride,
Guérissez ce qui est blessé.
Flecte quod est rígidum,
fove quod est frígidum,
rege quod est dévium.
Pliez ce qui est raide,
Échauffez ce qui est froid.
Redressez ce qui dévie.
Da tuis fidélibus,
in te confidéntibus,
sacrum septenárium.
Donnez à vos fidèles,
qui en vous se confient
Les sept dons sacrés.
Da virtútis méritum,
da salútis éxitum,
da perénne gáudium. Amen. Allelúia.
Donnez-leur le mérite de la vertu,
Donnez une fin heureuse,
Donnez l’éternelle joie. Ainsi soit-il. Alléluia.
+ Sequéntia sancti Evangélii secúndum Ioánnem.Suite du Saint Évangile selon saint Jean.
Ioann. 10, 1-10.
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Amen, amen, dico vobis : qui non intrat per óstium in ovíle óvium, sed ascéndit aliúnde, ille fur est et latro. Qui autem intrat per óstium, pastor est óvium. Huic ostiárius áperit, et oves vocem eius áudiunt, et próprias oves vocat nominátim et e ducit eas. Et cum próprias oves emíserit, ante eas vadit : et oves illum sequúntur, quia sciunt vocem eius. Aliénum autem non sequúntur, sed fúgiunt ab eo ; quia non novérunt vocem alienórum. Hoc provérbium dixit eis Iesus. Illi autem non cognovérunt, quid loquerétur eis. Dixit ergo eis íterum Iesus : Amen, amen, dico vobis, quia ego sum óstium óvium. Omnes, quotquot venérunt, fures sunt et latrónes, et non audiérunt eos oves. Ego sum. óstium. Per me si quis introíerit, salvábitur : et ingrediétur et egrediátur et páscua invéniet. Fur non venit, nisi ut furétur et mactet et perdat. Ego veni, ut vitam hábeant et abundántius hábeant.En ce temps-là : Jésus dit aux Pharisiens : En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un larron. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. A celui-ci le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix ; il appelle ses propres brebis par leur nom, et il les fait sortir. Et lorsqu’il a fait sortir ses propres brebis, il va devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivent point un étranger, mais elles le fuient ; car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. Jésus leur dit donc encore : En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont point écoutés. Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient plus abondamment.
Credo
Ant. ad Offertorium. Ps. 77, 23-25.Offertoire
Portas cæli aperuit Dóminus : et pluit illis manna, ut éderent : panem cæli dedit eis, panem Angelórum manducávit homo, allelúia.Le Seigneur ouvrit les portes du ciel : et il fit pleuvoir sur eux la manne pour les nourrir et leur donner un pain du ciel : l’homme mangea le pain des anges, alléluia.
Secreta.Secrète
Puríficet nos, quǽsumus. Dómine, múneris præséntis oblátio : et dignos sacra participatióne effíciat. Per Dóminum nostrum.Nous vous en supplions, Seigneur, que l’offrande du présent sacrifice nous purifie et nous rende dignes d’y participer saintement.
Præfatio, Communicantes et Hanc igitur, ut in die Pentecostes. Préface, Communicantes et Hanc igitur du jour de la Pentecôte .
Ant. ad Communionem. Ioann. 15, 26 ; 16, 14 ; 17, 1 et 5.Communion
Spíritus qui a Patre procédit, allelúia : ille me clarificábit, allelúia, allelúia.L’Esprit qui procède du Père, alléluia, me glorifiera, alléluia, alléluia.
Postcommunio.Postcommunion
Mentes nostras, quǽsumus, Dómine, Spíritus Sanctus divínis réparet sacraméntis : quia ipse est remíssio ómnium peccatórum. Per Dóminum . . . in unitáte eiusdem. Nous vous demandons instamment, Seigneur, que l’Esprit-Saint renouvelle nos âmes, au moyen de ces divins sacrements, car il est lui-même la rémission de tous les péchés. Par N.-S... en l’unité du même.

Office

A MATINES

Invitatorium Invitatoire
Allelúia, Spíritus Dómini replévit orbem terrárum [1] : * Veníte, adorémus, allelúia.Alléluia, l’Esprit du Seigneur a rempli l’univers : * Venez, adorons-le, alléluia.
Psaume 94 (Invitatoire)
Hymnus Hymne
Iam Christus astra ascénderat,
Revérsus unde vénerat,
Patris fruéndum múnere,
Sanctum datúrus Spíritum.
Déjà le Christ était monté aux cieux,
retourné d’où il était venu,
pour nous donner le Saint-Esprit,
qui fera jouir de la grâce du Père.
Solémnis urgébat dies,
Quo mystico septémplici
Orbis volútus sépties,
Signat beáta témpora.
Il approchait le jour solennel,
où le cycle parcouru sept fois
du septénaire mystérieux,
annonce les temps bienheureux [2].
Cum lucis hora tértia
Repénte mundus íntonat,
Apóstolis orántibus
Deum veníre núntiat.
A la troisième heure du jour,
soudain le monde tonne,
aux apôtres en prière
il annonce que Dieu vient.
De Patris ergo lúmine
Decórus ignis almus est,
Qui fida Christi péctora
Calóre Verbi cómpleat.
C’est donc de la lumière du Père
qu’est nourrit ce feu magnifique,
qui remplit de la chaleur du Verbe
les cœurs fidèles aux Christ.
Impléta gaudent víscera,
Affláta Sancto Spíritu,
Vocésque divérsas sonant,
Fantur Dei magnália.
Au souffle de l’Esprit-Saint,
ils sont intérieurement comblés de joie,
ils répandent des paroles diverses,
ils publient les merveilles de Dieu.
Notíque cunctis Géntibus,
Græcis, Latínis, Bárbaris,
Simúlque demirántibus,
Linguis loquúntur ómnium.
Compris par toutes les nations,
les Grecs, les Latins, les Barbares,
et, à l’étonnement de tous,
ils parlent le langage de tous.
Iudǽa tunc incrédula,
Vesána torvo spíritu,
Madére musto sóbrios
Christi fidéles íncrepat.
La Judée alors incrédule,
égarée par un esprit mauvais,
accuse d’un excès de vin nouveau
les sobres disciples du Christ.
Sed éditis miráculis
Occúrrit, et docet Petrus,
Falsum profári pérfidos,
Ioéle teste cómprobans.
Mais par les miracles accomplis
Pierre répond et enseigne,
que les incrédules ont menti
selon le témoignage du Prophète Joël [3].
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sæculórum sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père
Et au Fils qui est ressuscité des morts,
Ainsi qu’au Consolateur,
Dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
Ad NocturnumAu Nocturne [4]
Ant. 1 Factus est * repénte de cælo sonus adveniéntis spíritus veheméntis, allelúia, allelúia.Ant. 1 Il se fit * soudain un bruit du ciel, comme celui d’un vent impétueux qui arrive [5], alléluia, alléluia.
Psaume 47
On répète l’antienne du psaume après chaque psaume.
Ant. 2 Confírma hoc, Deus, * quod operátus es in nobis : a templo sancto tuo, quod est in Ierúsalem [6], allelúia, allelúia.Ant. 2 Affermissez, ô Dieu, * ce que vous avez opéré parmi nous, du milieu de votre saint temple, qui est dans Jérusalem, alléluia, alléluia.
Psaume 67
Ant. 3 Emítte Spíritum tuum, * et creabúntur : et renovábis fáciem terræ [7], allelúia, allelúia.Ant. 3 Vous enverrez votre Esprit, * et vous renouvellerez la face de la terre, alléluia, alléluia.
Psaume 103
V/. Spíritus Paráclitus, allelúia.V/. L’Esprit Paraclet [8], alléluia.
R/. Docébit vos ómnia, allelúia.R/. Vous enseignera toutes choses, alléluia.
Lectio i1ère leçon
Léctio sancti Evangélii secundum Ioánnem.Lecture du saint Évangile selon saint Jean.
Cap. 10, 1-10.
In illo témpore : Dixit Iesus pharisǽis : Amen, amen dico vobis : qui non intrat per óstium in ovíle óvium, sed ascéndit aliúnde, ille fur est, et latro. Qui autem intrat per óstium, pastor est óvium. Et réliqua.En ce temps-là : Jésus dit aux Pharisiens : En vérité, en vérité, je vous le dis : celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un larron. Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis. Et le reste.
Homilía sancti Augustíni Epíscopi.Homélie de saint Augustin, Évêque.
Tract. 45 in Ioann., post initium
Dóminus de grege suo, et de óstio quo intrátur ad ovíle, similitúdinem propósuit in hodiérna lectióne. Dicant ergo pagáni : Bene vívimus ! Si per óstium non intrant, quid prodest eis unde gloriántur ? Ad hoc enim debet unicuíque prodésse bene vívere, ut detur illi semper vívere : nam cui non datur semper vívere, quid prodest bene vívere ? Quia nec bene vívere dicéndi sunt, qui finem bene vivéndi vel cæcitáte nésciunt, vel inflatióne contémnunt. Non est autem cuíquam spes vera et certa semper vivéndi, nisi agnóscat vitam, quod est Christus, et per iánuam intret in ovíle.Le Seigneur nous a proposé, dans la lecture d’aujourd’hui, une parabole relative à son troupeau et à la porte par laquelle on entre dans la bergerie. Que les païens disent donc : Nous nous conduisons bien. S’ils n’entrent point par la porte, à quoi leur sert ce dont ils se font gloire ? Bien vivre doit servir à chacun à obtenir le don d’une vie qui ne finit point ; car à celui à qui il n’est pas donné de vivre toujours, à quoi sert-il de bien vivre ? Il ne faut pas dire qu’ils vivent bien ceux qui, par aveuglement, ne connaissent pas la fin d’une vie bonne, ou la méprisent par orgueil. Personne ne peut avoir l’espérance véritable et certaine de vivre toujours, s’il ne connaît préalablement la vie, c’est-à-dire le Christ, et s’il n’entre dans la bergerie par la porte.
R/. Apparuérunt Apóstolis dispertítæ linguæ tamquam ignis, allelúia : * Sedítque supra síngulos eórum Spíritus Sanctus, allelúia, allelúia.R/. Il apparut aux Apôtres, comme des langues de feu qui se partagèrent [9], alléluia : * Et l’Esprit-Saint se reposa sur chacun d’eux, alléluia, alléluia.
V/. Et cœpérunt loqui váriis linguis, prout Spíritus Sanctus dabat éloqui illis.V/. Et ils commencèrent à parler diverses langues, selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler.
* Sedítque supra síngulos eórum Spíritus Sanctus, allelúia, allelúia. * Et l’Esprit-Saint se reposa sur chacun d’eux, alléluia, alléluia.
Lectio ii2e leçon
Quærunt ergo plerúmque tales hómines étiam persuadére homínibus, ut bene vivant, et Christiáni non sint. Per áliam partem volunt ascéndere, rápere et occídere ; non, ut bonus pastor, conserváre atque salváre. Fuérunt ergo quidam philósophi de virtútibus et vítiis subtília multa tractántes, dividéntes, definiéntes, ratiocinatiónes acutíssimas concludéntes, libros impléntes, suam sapiéntiam buccis crepántibus ventilántes, qui étiam dícere audérent homínibus : Nos sequímini, sectam nostram tenéte, si vultis beáte vívere. Sed non intrábant per óstium : pérdere volébant, mactáre et occídere.Les hommes dont nous parlons cherchent donc le plus souvent à persuader aussi à leurs semblables de mener une vie honnête, sans être pour cela chrétiens. Ils veulent pénétrer par un autre endroit, enlever les brebis et les tuer, n’agissant pas comme le bon |pasteur, qui veut les conserver et les sauver. Il s’est trouvé des philosophes dissertant longuement avec subtilité sur les vertus et les vices ; distinguant, définissant, tirant des conclusions de raisonnements très ingénieux, remplissant des livres, vantant leur sagesse avec grand bruit ; ces philosophes sont allés jusqu’à oser dire aux hommes : Suivez-nous, attachez-vous à notre secte, si vous voulez vivre heureux. Mais ils n’entraient pas par la porte : ils voulaient perdre, immoler et mettre à mort.
R/. Loquebántur váriis linguis Apóstoli magnália Dei, * Prout Spíritus Sanctus dabat éloqui illis, allelúia.R/. Les Apôtres annonçaient en diverses langues les grandes œuvres de Dieu [10], * Selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler [11], alléluia.
V/. Repléti sunt omnes Spíritu Sancto, et cœpérunt loqui.V/. Ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, et ils commencèrent à parler.
* Prout Spíritus Sanctus dabat éloqui illis, allelúia. Glória Patri. * Prout Spíritus Sanctus dabat éloqui illis, allelúia.* Selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler, alléluia. Gloire au Père. * Selon que l’Esprit-Saint leur donnait de parler, alléluia.
Lectio iii3e leçon
Quid de istis dicam ? Ecce ipsi pharisǽi legébant, et in eo quod legébant, Christum sonábant, ventúrum sperábant, et præséntem non agnoscébant. Iactábant se étiam ipsi inter Vidéntes, hoc est, inter sapiéntes, et negábant Christum, et non intrábant per óstium. Ergo et ipsi, si quos forte sedúcerent, mactándos et occidéndos, non liberándos sedúcerent. Et hos dimittámus. Videámus illos, si forte ipsi intrant per óstium, qui ipsíus Christi nómine gloriántur. Innumerábiles enim sunt, qui se Vidéntes non solum iactant, sed a Christo illuminátos vidéri volunt : sunt autem hærétici.Que dirai-je des Juifs ? Les Pharisiens eux-mêmes lisaient les Écritures, et en ce qu’ils lisaient, ils célébraient le Christ, ils espéraient sa venue, et ils ne le reconnaissaient pas, lui qui était présent. Ils se vantaient aussi d’être du nombre des Voyants, c’est-à-dire du nombre des sages, et ils niaient le Christ et n’entraient point par la porte. Eux aussi, par conséquent, s’ils parvenaient à en séduire quelques-uns, les attiraient non pour les délivrer, mais pour les immoler et les tuer. Laissons-les donc également : voyons si ceux-ci au moins qui se glorifient du nom du Christ entrent par la porte. Ils sont innombrables ceux qui non seulement se vantent d’être des voyants, mais veulent être considérés comme illuminés par le Christ : ce sont les hérétiques.
Te Deum

A LAUDES.

Ant. 1 Cum compleréntur * dies Pentecóstes, erant omnes páriter in eódem loco, allelúia.Ant. 1 Quand furent accomplis * les jours de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu [12], alléluia.
Psaume 92
Ant. 2 Spíritus Dómini * replévit orbem terrárum, allelúia.Ant. 2 L’Esprit du Seigneur * a rempli le globe de la terre [13], alléluia.
Psaume 99
Ant. 3 Repléti sunt omnes * Spíritu Sancto, et cœpérunt loqui, allelúia, allelúia.Ant. 3 Ils furent tous remplis * de l’Esprit-Saint et ils commencèrent à parler [14], alléluia, alléluia.
Psaume 62
Ant. 4 Fontes, et ómnia * quæ movéntur in aquis, hymnum dícite Deo, allelúia.Ant. 4 Fontaines, et toutes créatures * qui vous mouvez dans les eaux, dites un hymne à Dieu [15], alléluia.
Cantique des trois Enfants
Ant. 5 Loquebántur * váriis linguis Apóstoli magnália Dei, allelúia, allelúia, allelúia.Ant. 5 Les Apôtres annonçaient * en diverses langues les grandes œuvres de Dieu [16], alléluia, alléluia.
Psaume 148
Capitulum Act. 2. 1-2. Capitule
Cum compleréntur dies Pentecóstes, erant omnes discípuli páriter in eódem loco : et factus est repénte de cælo sonus, tamquam adveniéntis spíritus veheméntis, et replévit totam domum, ubi erant sedéntes.Lorsque le jour de la Pentecôte fut arrivé, ils étaient tous ensemble dans un même lieu : tout à coup il se produisit, venant du ciel, un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.
Hymnus Hymne
Beáta nobis gáudia
Anni redúxit órbita,
Cum Spíritus Paráclitus
Illápsus est Apóstolis.
Le cycle de l’année nous ramène
les joies bienheureuses
du jour où l’Esprit Paraclet
descendit sur les Apôtres.
Ignis vibránte lúmine
Linguæ figúram détulit,
Verbis ut essent próflui,
Et caritáte férvidi.
Le feu à l’éclat vibrant
a pris la forme d’une langue,
pour qu’ils abondent de paroles
et soient brûlants de charité.
Linguis loquúntur ómnium ;
Turbæ pavent Gentílium,
Musto madére députant
Quos Spíritus repléverat.
Ils parlent les langues de tous ;
les foules de Gentils sont dans la stupeur,
ils croient pris de vin nouveau
ceux que l’Esprit vient de remplir.
Patráta sunt hæc mýstice,
Paschæ perácto témpore,
Sacro diérum círculo,
Quo lege fit remíssio.
Ces faits s’accomplissent selon le mystère,
le temps pascal étant écoulé,
s’ouvre un cycle sacré de jours
où la loi remettait toutes les dettes [17].
Te nunc, Deus piíssime,
Vultu precámur cérnuo :
Illápsa nobis cælitus
Largíre dona Spíritus.
Vous, maintenant, Dieu très clément,
nous vous en prions, prosternés :
accordez-nous les dons de l’Esprit
qui nous viennent du ciel.
Dudum sacráta péctora
Tua replésti grátia :
Dimítte nostra crímina,
Et da quiéta témpora.
Vous venez de consacrer ces cœurs
remplis de votre grâce :
remettez nos crimes,
donnez des jours paisibles.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sæculórum sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père
Et au Fils qui est ressuscité des morts,
Ainsi qu’au Consolateur,
Dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
V/. Repléti sunt omnes Spíritu Sancto, allelúia. V/. Ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint, alléluia [18].
R/. Et cœpérunt loqui, allelúia. R/. Et ils commencèrent à parler, alléluia.
Ad Bened. Ant. Ego sum óstium, * dicit Dóminus : per me si quis introíerit, salvábitur, et páscua invéniet, allelúia. Ant. au Benedictus C’est moi qui suis la porte, * dit le Seigneur ; si c’est par moi que quelqu’un entre il sera sauvé, et il trouvera des pâturages, alléluia.
Benedictus
OratioPrière
Adsit nobis, quǽsumus, Dómine, virtus Spíritus Sancti : quæ et corda nostra cleménter expúrget, et ab ómnibus tueátur advérsis. Per Dóminum… in unitáte eiusdem.Nous vous en supplions, Seigneur, que la vertu du Saint-Esprit nous assiste : qu’elle purifie nos cœurs avec clémence, et qu’elle les protège contre toute adversité. Par N.-S... en l’unité du même.

AUX VÊPRES.

Ant. 1 Cum compleréntur * dies Pentecóstes, erant omnes páriter in eódem loco, allelúia.Ant. 1 Quand furent accomplis * les jours de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu [19], alléluia.
Psaume 109
Ant. 2 Spíritus Dómini * replévit orbem terrárum, allelúia.Ant. 2 L’Esprit du Seigneur * a rempli le globe de la terre [20], alléluia.
Psaume 110
Ant. 3 Repléti sunt omnes * Spíritu Sancto, et cœpérunt loqui, allelúia, allelúia.Ant. 3 Ils furent tous remplis * de l’Esprit-Saint et ils commencèrent à parler [21], alléluia, alléluia.
Psaume 111
Ant. 4 Fontes, et ómnia * quæ movéntur in aquis, hymnum dícite Deo, allelúia.Ant. 4 Fontaines, et toutes créatures * qui vous mouvez dans les eaux, dites un hymne à Dieu [22], alléluia.
Psaume 112
Ant. 5 Loquebántur * váriis linguis Apóstoli magnália Dei, allelúia, allelúia, allelúia.Ant. 5 Les Apôtres annonçaient * en diverses langues les grandes œuvres de Dieu [23], alléluia, alléluia.
Psaume 113
Capitulum Act. 2. 1-2. Capitule
Cum compleréntur dies Pentecóstes, erant omnes discípuli páriter in eódem loco : et factus est repénte de cælo sonus, tamquam adveniéntis spíritus veheméntis, et replévit totam domum, ubi erant sedéntes.Lorsque le jour de la Pentecôte fut arrivé, ils étaient tous ensemble dans un même lieu : tout à coup il se produisit, venant du ciel, un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis.
Hymnus Hymne
Veni, Creátor Spíritus,
Mentes tuórum vísita
Imple supérna grátia,
Quæ tu creásti péctora.
Venez, Esprit Créateur [24],
Visitez les âmes de vos fidèles,
Remplissez de la grâce céleste
Les cœurs que vous avez créés.
Qui díceris Paráclitus,
Altíssimi donum Dei,
Fons vivus, ignis, cáritas,
Et spiritális únctio.
Vous êtes appelé le Paraclet [25],
Le Don [26] de Dieu très haut,
La source d’eau vive, le feu, l’Amour,
Et l’onction spirituelle [27].
Tu septifórmis múnere,
Dígitus patérnæ déxteræ,
Tu rite promíssum Patris,
Sermóne ditans gúttura.
Vous êtes l’Auteur des sept dons [28],
Le doigt de la droite du Père [29] :
Vous, promis solennellement par le Père,
Vous mettez sur nos lèvres votre parole.
Accénde lumen sénsibus :
Infúnde amórem córdibus :
Infírma nostri córporis
Virtúte firmans pérpeti.
Allumez la lumière dans nos esprits [30] ;
Versez l’amour dans nos cœurs ;
Soutenez la faiblesse de notre corps
Par votre incessante énergie.
Hostem repéllas lóngius,
Pacémque dones prótinus :
Ductóre sic te prǽvio
Vitémus omne nóxium.
Repoussez l’ennemi loin de nous,
Hâtez-vous de nous donner la paix,
Marchant ainsi sous votre conduite,
Nous éviterons tout mal.
Per te sciámus da Patrem,
Noscámus atque Fílium,
Teque utriúsque Spíritum
Credámus omni témpore.
Par vous, que nous connaissions le Père,
Faites-nous connaître aussi le Fils,
Et qu’en vous, Esprit de l’un et de l’autre
Nous croyons en tout temps.
Deo Patri sit glória,
Et Fílio, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sæculórum sǽcula.
Amen.
Gloire soit rendue à Dieu le Père
Et au Fils qui est ressuscité des morts,
Ainsi qu’au Consolateur,
Dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
V/. Loquebántur váriis linguis Apóstoli, allelúia. V/. Les Apôtres annonçaient en diverses langues [31], alléluia.
R/. Et cœpérunt loqui, allelúia. R/. Et ils commencèrent à parler, alléluia.
Ad Magnificat Ant. Pacem * relínquo vobis, pacem meam do vobis : non quómodo mundus dat, ego do vobis, allelúia. Ant. au Magnificat La paix, * je vous laisse ; ma paix je vous donne : mais ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne moi-même, alléluia.
Magnificat
OratioPrière
Adsit nobis, quǽsumus, Dómine, virtus Spíritus Sancti : quæ et corda nostra cleménter expúrget, et ab ómnibus tueátur advérsis. Per Dóminum… in unitáte eiusdem.Nous vous en supplions, Seigneur, que la vertu du Saint-Esprit nous assiste : qu’elle purifie nos cœurs avec clémence, et qu’elle les protège contre toute adversité. Par N.-S... en l’unité du même.

Dom Guéranger, l’Année Liturgique

Nous avons admiré l’œuvre du Saint-Esprit accomplissant dans le monde, par les Apôtres et par ceux qui vinrent après eux, la conquête du genre humain au nom de Jésus à qui « toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre » [32]. La langue de feu a vaincu, et le Prince du monde, en dépit de ses fureurs, a vu crouler ses autels et tomber son pouvoir. Voyons la suite des œuvres de ce divin Esprit pour la glorification du Fils de Dieu qui l’a envoyé aux hommes.

L’Emmanuel était descendu ici-bas cherchant dans son amour l’Épouse qu’il avait désirée de toute éternité. Il l’épousa d’abord en prenant la nature humaine et l’unissant indissolublement à sa personne divine ; mais cette union individuelle ne suffisait pas à son amour. Il daignait aspirer à posséder la race humaine tout entière ; il lui fallait son Église, « son unique », comme il l’appelle au divin Cantique [33], son Église formée de l’élite de tous les peuples, « pleine de gloire, n’ayant ni tache ni ride, mais sainte et immaculée » [34]. Il trouvait la race humaine souillée par le péché, indigne de célébrer avec lui les noces augustes auxquelles il la conviait. Son amour cependant n’hésita pas. Il déclara qu’il était l’Époux annoncé dans l’Épithalame sacré [35] ; il lava dans son propre sang les souillures de sa fiancée, et lui attribua en dot les mérites infinis qu’il avait conquis.

L’ayant ainsi préparée pour lui-même, il voulut que son union avec lui fût la plus intime qui pût être. Jésus et son Église sont un seul corps ; il est la tête, elle est l’ensemble des membres réunis dans l’unité sous cet unique chef. C’est la doctrine de l’Apôtre : « Le Christ est la tête de l’Église ; nous sommes les membres de son corps, nous sommes de sa chair et de ses os » [36]. Ce corps se formera par l’accession successive des fils de la race humaine qui, prévenus du secours surnaturel de la grâce, voudront en faire partie ; et ce monde que nous habitons sera conservé jusqu’à ce que le dernier élu qui manquait encore à l’intégralité du corps mystérieux du Fils de Dieu soit venu s’y réunir pour l’éternité. Alors tout sera consommé, et la dernière des conséquences de la divine incarnation sera remplie.

Or, de même que dans le Verbe incarné l’humanité est composée d’une âme invisible et d’un corps visible, ainsi l’Église sera à la fois une âme et un corps : une âme dont l’œil seul de Dieu pourra contempler ici-bas toute la beauté ; un corps qui attirera les regards des hommes, et sera le témoignage éclatant de la puissance de Dieu et de l’amour qu’il porte à la race humaine. Jusqu’aux jours où nous sommes, les justes appelés à être réunis sous le divin Chef avaient seulement appartenu à l’âme de l’Église ; car le corps n’existait pas encore. Le Père céleste les avait adoptés pour ses enfants, le Fils de Dieu les avait acceptés pour ses membres, et l’Esprit-Saint, dont nous allons voir désormais l’action extérieure, avait opéré intimement leur élection et leur consommation. Le point de départ du nouvel ordre de choses est en Marie. En elle d’abord, ainsi que nous l’avons enseigné dans une des semaines précédentes, résida l’Église complète, âme et corps. Celle qui devait être aussi réellement la Mère du Fils de Dieu selon l’humanité, que le Père céleste en est le Père selon la divinité, devait être dans Tordre des temps, comme dans la mesure des grâces, supérieure à tout ce qui avait précédé et à tout ce qui devait suivre.

L’Emmanuel voulut aussi poser lui-même, en dehors de sa mère bien-aimée, les assises de son Église. Il en plaça de ses mains divines la Pierre fondamentale, il en éleva les colonnes, et nous avons vu comment il employa les quarante jours qui précédèrent son Ascension à l’organisation de cette Église encore si restreinte, mais qui devait un jour couvrir le monde entier. Il annonça qu’il serait avec les siens « jusqu’à la consommation des siècles » [37] ; c’était promettre que, lors même qu’il serait monté au ciel, la race de ses disciples se perpétuerait jusqu’à la fin des temps.

Pour l’accomplissement de son œuvre qu’il n’avait qu’ébauchée, il comptait sur le divin Esprit. Il était même nécessaire que cet Esprit-Saint descendît pour perfectionner et confirmer les élus de l’Emmanuel. Il devait être leur Paraclet, leur Consolateur, après le départ de leur Maître ; il était la Vertu d’en haut qui devait les protéger comme une armure dans leurs combats ; il devait leur remettre en mémoire les enseignements de leur Maître ; il devait féconder de son action les Sacrements que Jésus avait institués, et dont le pouvoir était en eux par le caractère qu’il avait imprimé à leurs âmes. Voilà pourquoi il leur dit : « Il vous est avantageux que je m’en aille ; car si je ne m’en allais pas, le Paraclet ne viendrait pas vers vous. » Au jour de la Pentecôte, nous avons vu le divin Esprit opérer sur la personne des Apôtres et des disciples ; maintenant il nous faut le voir à l’œuvre dans la création, dans le maintien et le perfectionnement de cette Église que Jésus a promis d’assister de sa présence mystérieuse « jusqu’à la consommation des siècles ».

La première opération de l’Esprit-Saint dans l’Église est l’élection des membres qui doivent la composer. Ce droit de l’élection lui est tellement personnel que, selon la parole du livre sacré, les disciples mêmes que Jésus s’était choisis pour être les bases de son Église, il les avait élus « avec le concours de l’Esprit-Saint » [38]. Dès le jour même de la Pentecôte, nous avons vu ce divin Esprit débuter par l’élection de trois mille personnes. Peu de jours après, cinq mille autres sont attirées, ayant entendu la prédication de Pierre et de Jean sous les portiques du temple. Après les Juifs, la gentilité a son tour ; et l’Esprit-Saint, ayant conduit Pierre auprès du centurion Corneille, fond tout à coup sur ce Romain et sur ses gens, les déclarant ainsi élus pour l’Église et appelés au baptême. La sainte Liturgie nous faisait lire ce récit hier encore dans la solennité de la Messe.

A la suite de ces débuts, qui pourrait suivre la marche impétueuse de cet Esprit que rien n’arrête ? « Le bruit de ses envoyés parcourt la terre entière, et leur parole retentit jusqu’aux extrémités du monde » [39]. L’Esprit les précède et les accompagne, et c’est lui qui fait la conquête pendant qu’ils parlent. On n’est encore qu’au commencement du IIIe siècle, et un écrivain chrétien peut dire aux magistrats de l’empire romain : « Nous sommes d’hier, et nous remplissons toute vos villes, vos municipes, vos camps, le palais, le sénat, le forum » [40]. Rien ne résiste à l’Esprit ; trois siècles sont loin encore d’être écoulés depuis la manifestation du jour de la Pentecôte, et ce sont les Césars eux-mêmes que l’Esprit choisit pour en faire des membres de l’Église.

Ainsi se forme d’heure en heure l’Épouse que Jésus attend, et dont il contemple avec amour, du haut du ciel, la croissance et les développements. Dans les premières années du IVe siècle, cette Église, œuvre du Saint-Esprit, dépasse les limites de l’empire romain ; et si dans cet empire lui-même, il est ça et là des groupes païens qui tiennent encore, tous du moins ont entendu parler d’elle, et la haine qu’ils lui portent témoigne assez des progrès qu’elle fait sous leurs yeux.

Mais n’allons pas croire que le rôle de l’Esprit-Saint se borne à assurer l’établissement de l’Église sur les ruines de l’empire païen. Jésus veut une Épouse immortelle, toujours plus connue par sa présence en tous lieux et en tous temps, toujours supérieure à toute autre division de la race humaine par l’étendue de son empire et le nombre de ses sujets.

Le divin Esprit ne saurait donc s’arrêter dans l’accomplissement de sa mission. Si Dieu a résolu de submerger l’empire coupable sous l’inondation des barbares, c’est un nouveau triomphe préparé pour l’Esprit. Laissez-le pénétrer et agiter doucement cette masse formidable. Il a là ses élus, et par millions. Il avait renouvelé la face de la terre païenne ; il renouvelle la face du monde devenu barbare. Les coopérateurs qu’il se prépare lui-même ne lui feront pas défaut. Il crée sans fin de nouveaux apôtres, et puissant comme il est, il en emploie de tout genre à son œuvre. Les Clotilde, les Berthe, les Théodelinde, les Hedwige et tant d’autres, sont à ses ordres : parée de leurs royales mains, l’Épouse de Jésus croît toujours plus jeune et plus belle.

Si de vastes continents en Europe n’ont pas encore été associés au mouvement, c’est qu’il fallait d’abord consolider l’œuvre dans les régions où les chrétientés de la première époque avaient été comme submergées sous le torrent de l’invasion. Mais voici qu’à partir de la fin du VIe siècle, le divin Esprit lance tour à tour sur l’île des Bretons, sur la Germanie, sur les races Scandinaves, sur les pays slaves, les Augustin, les Boniface, les Anschaire, les Adalbert, les Cyrille, les Méthodius, les Othon. Servie par ces nobles instruments de l’Esprit-Saint, l’Épouse répare les pertes qu’elle a subies dans l’Orient, où le schisme et l’hérésie ont successivement rétréci son héritage primitif. Celui qui, étant Dieu comme le Père et le Fils, a reçu pour mission de la maintenir dans ses honneurs, veille fidèlement à sa garde.

Et en effet, lorsqu’une défection plus désastreuse encore est à la veille d’éclater en Europe par la prétendue réforme, l’Esprit-Saint a déjà pris les devants. Les Indes orientales sont devenues tout à coup la conquête de la nation très fidèle ; un nouveau monde occidental est sorti des eaux, et forme un nouvel apanage au royaume catholique. C’est alors que le divin Esprit, toujours jaloux de maintenir dans sa dignité et dans sa plénitude le dépôt que lui a confié le Verbe incarné, suscite de nouveaux envoyés pour aller porter sur ces plages immenses le nom de celui qui est l’Époux, et qui sourit du haut du ciel aux accroissements qu’obtient l’Épouse. François Xavier est donné aux Indes orientales ; ses frères, joints aux fils de Dominique et de François, défrichent avec une indomptable persévérance l’héritage que les Indes occidentales offrent à l’Église.

Mais si plus tard la vieille Europe, trop crédule à des docteurs de mensonge, semble repousser cette noble reine qui est aimée du Fils éternel de Dieu ; si, trahie et dépouillée, calomniée et privée de ses droits, cette sainte Église doit être en butte à ceux qui longtemps furent ses fils, tenez pour certain que le divin Esprit ne la laissera pas manquer à ses destinées. Voyez plutôt ses œuvres en nos jours. D’où viennent, si ce n’est de son souffle, ces vocations à l’apostolat plus nombreuses d’année en année ? Tandis que d’un côté les retours des hérétiques à l’antique foi sont plus fréquents qu’ils ne l’ont jamais été, toutes les régions infidèles sont visitées par le flambeau de l’Évangile. Notre siècle a revu les martyrs, il a entendu les interrogatoires des proconsuls chinois et annamites, il a recueilli dans son admiration les réponses des confesseurs dictées par l’Esprit-Saint, selon la promesse du Maître. L’extrême Orient donne ses élus, les nègres de l’Afrique sont évangélisés ; et si une cinquième partie de la terre s’est révélée, elle possède déjà de nombreux fidèles sous une hiérarchie de pasteurs légitimes.

Soyez donc béni, divin Esprit, qui veillez avec tant de sollicitude sur l’Épouse chérie de Jésus ! Elle n’a pas défailli un seul jour, grâce à votre action constante et jamais lassée. Vous n’avez pas laissé passer un siècle sans susciter des apôtres pour l’enrichir de leurs conquêtes ; sans cesse vous avez sollicité par votre grâce les esprits et les cœurs de se donner à elle ; en toute race, en tous les siècles, vous avez élu vous-même les innombrables fidèles dont elle se compose. Comme elle est notre mère et que nous sommes ses fils, comme elle est l’Épouse de notre divin Chef auquel nous espérons nous réunir en elle, en opérant pour la gloire du Fils de Dieu qui vous a envoyé sur la terre, ô divin Esprit, vous avez daigné travailler pour nous, humbles et pécheresses créatures. Nous vous offrons nos faibles actions de grâces pour tant de bienfaits.

Notre Emmanuel nous a révélé que vous devez demeurer ainsi avec nous jusqu’à la fin des temps, et nous comprenons maintenant la nécessité de votre présence, ô divin Esprit ! Vous dirigez la formation de l’Épouse, vous la maintenez, vous la rendez victorieuse de toutes les attaques, vous la transportez d’une région dans l’autre, lorsque le sol qu’elle foule n’est plus digne de la porter ; vous êtes son vengeur contre ceux qui l’outragent, et vous le serez jusqu’au dernier jour.

Mais cette noble Épouse d’un Dieu ne doit pas toujours demeurer ainsi exilée loin de son Époux. De même que Marie resta plusieurs années sur la terre, afin d’y travailler à la gloire de son fils, et fut enfin enlevée aux cieux pour y régner avec lui ; ainsi l’Église demeurera militante ici-bas durant les siècles qui sont nécessaires pour arriver au complément du nombre des élus. Mais nous savons qu’un temps doit venir dont il est écrit : « Les noces de l’Agneau sont venues, et son Épouse s’est préparée. On lui a donné un vêtement de fin lin d’une blancheur éblouissante, et le tissu en est composé des vertus des saints qu’elle a formés » [41]. En ces derniers jours, l’Épouse, toujours belle et digne de l’Époux, ne croîtra plus ; elle diminuera même ici-bas, en proportion de ce qu’elle grandira triomphante au ciel. Autour d’elle, sur la terre, la défection prédite par saint Paul [42] se fera sentir ; les hommes la laisseront seule, ils courront vers le Prince du monde qui sera délié « pour un peu de temps » [43], et vers la bête à laquelle « il sera donné de faire la guerre aux saints et même de les vaincre » [44]. Les dernières heures de l’Épouse ici-bas seront dignes d’elle ; vous soutiendrez notre mère, ô divin Esprit, jusqu’à l’arrivée de l’Époux. Mais après l’enfantement du dernier élu, l’Esprit et l’Épouse s’uniront dans un même cri : « Venez ! diront-ils » [45]. Alors l’Emmanuel paraîtra sur les nuées du ciel, la mission de l’Esprit sera terminée, et l’Épouse, « appuyée sur son bien-aimé » [46], s’élèvera de cette terre ingrate et stérile vers le ciel où l’attendent les noces de l’éternité.

A LA MESSE.

La Station de ce jour est dans l’Église de Sainte-Anastasie, cette intéressante basilique où nous assistâmes à la Messe de l’Aurore le jour de la naissance de l’Emmanuel. Nous la revoyons aujourd’hui que toute la série des mystères de notre salut est à son terme. Bénissons Dieu qui a daigné achever avec tant de force ce qu’il a commencé pour nous avec tant de douceur. Les néophytes assistent encore à cette Messe avec leurs robes blanches, et leur présence atteste à la fois l’amour du Fils de Dieu qui les a lavés dans son sang, et la puissance de l’Esprit-Saint qui les a ravis à l’empire du Prince de ce monde.

L’Introït s’adresse aux néophytes et les engage à sentir tout leur bonheur. C’est au royaume céleste qu’ils sont désormais appelés ; qu’ils offrent donc une continuelle action de grâces à celui qui a daigné les choisir. Les paroles de cette pièce, qui est de la plus haute antiquité, sont tirées du IVe livre d’Esdras que les premiers chrétiens lisaient souvent à cause de la beauté et de la gravité de ses enseignements, bien qu’il ne soit pas reconnu par l’Église pour un livre inspiré.

Dans la Collecte, l’Église nous enseigne que l’action du Saint-Esprit est pleine de douceur pour nos âmes. C’est cette action divine qui les purifie de toutes leurs souillures, en même temps qu’elle les garde des attaques de l’esprit perfide et jaloux qui les menace sans cesse.

ÉPÎTRE.

Les habitants de Samarie avaient accepté la prédication évangélique qui leur avait été portée par le diacre Philippe. Ils avaient reçu de sa main le baptême qui en avait fait des chrétiens. On se rappelle le dialogue de Jésus avec une femme de cette ville au bord du puits de Jacob, et les trois jours qu’il daigna passer avec les habitants. Leur foi est récompensée : le baptême les a faits enfants de Dieu et membres de leur Rédempteur. Mais il faut encore qu’ils reçoivent l’Esprit-Saint dans le Sacrement de force. Le diacre Philippe n’a pu leur octroyer ce don ; deux Apôtres, Pierre et Jean, revêtus du caractère de pontifes, viennent le leur conférer, et les rendre parfaits chrétiens. Ce récit nous remet en souvenir la grâce qu’a daigné nous faire l’Esprit-Saint en imprimant sur nos âmes le sceau de la Confirmation : offrons-lui notre reconnaissance pour ce bienfait qui nous a attachés à lui plus étroitement, et nous a rendus capables de confesser sans faiblesse notre foi devant tous ceux qui voudront nous en demander compte.

ÉVANGILE.

En proposant ce passage de l’Évangile aux néophytes de la Pentecôte, l’Église voulait les prémunir contre un danger qui pouvait se présenter à eux dans le cours de leur vie. Au moment où nous sommes, ils sont les heureuses brebis de Jésus le bon Pasteur, et ce divin Pasteur est représenté auprès d’eux par des hommes qu’il a investis lui-même de la charge de paître ses agneaux. Ces hommes ont reçu de Pierre leur mission, et celui qui est avec Pierre est avec Jésus. Mais il est arrivé souvent que de faux pasteurs se sont introduits dans la bergerie, et le Sauveur les qualifie de voleurs et de larrons, parce qu’au lieu d’entrer par la porte, ils ont escaladé les clôtures de la bergerie. Il nous dit qu’il est lui-même la Porte par laquelle doivent passer ceux qui ont le droit de paître ses brebis. Tout pasteur, pour n’être pas un larron, doit avoir reçu la mission de Jésus, et cette mission ne peut venir que par celui qu’il a établi pour tenir sa place, jusqu’à ce qu’il vienne lui-même.

L’Esprit-Saint a répandu ses dons divins dans les âmes de ces nouveaux chrétiens ; mais les vertus qui sont en eux ne peuvent s’exercer de manière à mériter la vie éternelle qu’au sein de l’Église véritable. Si, au lieu de suivre le pasteur légitime, ils avaient le malheur de se livrer à de faux pasteurs, toutes ces vertus deviendraient stériles. Ils doivent donc fuir comme un étranger celui qui n’a pas reçu sa mission du Maître qui seul peut les conduire aux pâturages de la vie. Souvent, dans le cours des siècles, il s’est rencontré des pasteurs schismatiques ; le devoir des fidèles est de les fuir, et tous les enfants de l’Église doivent être attentifs à l’avertissement que notre Seigneur leur donne ici. L’Église qu’il a fondée et qu’il conduit par son divin Esprit a pour caractère d’être Apostolique. La légitimité de la mission des pasteurs se manifeste par la succession ; et parce que Pierre vit dans ses successeurs, le successeur de Pierre est la source du pouvoir pastoral. Qui est avec Pierre est avec Jésus-Christ.

Dans l’Offertoire l’Église, préludant au divin Sacrifice, exalte par les paroles du Psalmiste la nourriture sacrée à laquelle vont communier les fidèles ; c’est une manne qui vient du ciel, c’est le pain même des Anges.

La Victime qui va être offerte a le pouvoir de purifier par son immolation ceux qui sont appelés à s’en nourrir ; la sainte Église, dans la Secrète, demande qu’il en arrive ainsi pour les fidèles qui forment l’assistance.

Dans l’Antienne de la Communion, l’Église rappelle les paroles dans lesquelles Jésus a annoncé que l’Esprit-Saint le glorifierait ; nous qui venons de voir ce divin Esprit à l’œuvre dans le monde entier, nous savons qu’il a accompli l’oracle dans toute son étendue.

Le peuple fidèle vient de participer au Mystère de Jésus ; la sainte Église nous apprend, dans la Postcommunion, que la vertu de l’Esprit-Saint a influé divinement à ce moment auguste. C’est lui qui a accompli le changement des dons sacrés au corps et au sang du Rédempteur, lui encore qui a préparé les âmes à s’unir au Fils de Dieu, en les purifiant du péché.

Nous entendrons encore aujourd’hui l’Église arménienne célébrer la venue de l’Esprit-Saint avec toute la dignité et la splendeur qui caractérisent son Hymnaire.

CANON TERTIAE DIEI.

Aujourd’hui les Esprits célestes se sont réjouis du renouvellement de la terre ; car l’Esprit rénovateur des êtres est descendu dans le sacré Cénacle, et il y a renouvelé le collège apostolique.

Aujourd’hui notre nature terrestre tressaille de se sentir réconciliée avec le Père ; car celui qui avait enlevé son esprit aux hommes devenus charnels, daigne le leur donner de nouveau.

Aujourd’hui les enfants de l’Église célèbrent avec transport l’avènement du Saint-Esprit, qui les a parés de vêtements nobles et lumineux, et ils sont admis à chanter le trisagion avec les Séraphins.

Celui qui sépara par la division des langues ceux qui s’étaient unis pour bâtir la tour, a réuni de nouveau aujourd’hui, dans le sacré Cénacle, les langues des nations en une seule. O vous tous, Esprits, bénissez l’Esprit de Dieu.

L’Esprit du Seigneur qui descendit autrefois, et fut le conducteur des douze tribus d’Israël dans le désert, conduit aujourd’hui les douze Apôtres à la prédication de l’Évangile. O vous tous, Esprits, bénissez l’Esprit de Dieu.

L’Esprit du Seigneur qui remplit autrefois Bézeleel, l’architecte du tabernacle, rend aujourd’hui les hommes comme les tabernacles de la sainte Trinité. O vous tous, Esprits, bénissez l’Esprit de Dieu.

La belle Séquence que nous donnons ici est empruntée aux anciens Missels de Liège.

SÉQUENCE.
Amor Patris et Filii,
Veri splendor auxilii,
Totius spes solatii.
Amour du Père et du Fils,
vous êtes pour nous un éclatant secours,
notre espoir et notre consolation.
O indeficiens piorum lux,
Et præmium justorum :
Sublevator perditorum.
Lumière incessante pour les cœurs pieux,
vous êtes la récompense des justes,
la commisération pour ceux qui étaient perdus.
Omnis fortitudinis,
Ac omnis sanctitudinis,
Ac beatitudinis Donator,
Omnis rectitudinis amator.
Toute force vient de vos dons,
toute sainteté,
toute béatitude,
ô vous qui aimez toute justice !
Omnipotens, propitius ;
Omnitenens, innoxius.
Vous êtes tout-puissant, plein de bonté ;
vous tenez tout entre vos mains, vous si éloigné du péché !
Justius, carius,
Honestius,
Sanctius, fortius,
Subtilius :
Quo nihil est potentius,
Quo nihil est vel melius.
Nul ne vous surpasse en justice
et en sainteté ;
nul ne peut égaler la force
et la spiritualité de votre substance ;
rien ne peut lutter en puissance avec vous,
et rien n’est meilleur que vous.
Illuminator cordium,
Per quem ad Patrem omnium
Venitur, et ad Filium.
Vous êtes la lumière des cœurs ;
par vous nous allons au Père universel
et à son Fils divin.
Fons ingenii,
Dator gaudii :
Medicina vitii,
Spiritus consilii.
Source d’intelligence,
principe de bonheur,
remède contre le péché,
Esprit de conseil.
Humilis, docilis,
Et invariabilis ;
Habilis, nobilis,
Et insuperabilis,
Promptus et amabilis.
Vous agissez sans bruit, vous êtes souple,
et cependant vous ne changez pas ;
adresse, noblesse,
puissance, ces qualités sont les vôtres ;
votre marche est rapide,
et votre conduite envers nous est aimable.
Donum electum,
Dans intellectum,
Dans et affectum,
Diligens rectum.
Vous êtes le don choisi :
vous donnez l’intelligence et l’amour,
vous aimez ce qui est droit.
Patris ac Nati Spiritus,
Vivificans Paraclitus :
Divinæ dextræ digitus.
Sublimitas, jucunditas,
Pietas et bonitas,
Benignitas et largitas :
Esprit du Père et du Fils,
Paraclet vivifiant,
doigt de la main divine.
Sublimité et charme,
compassion et bonté,
clémence et largesse :
Qui prout vult,
Quando vult,
Et ubi vult,
Quousque vult,
Et quantum vult,
Spirat et erudit,
Replet et erigit,
Ditat et instruit.
Ainsi que vous voulez,
quand vous voulez,
où vous voulez,
jusqu’où vous voulez,
et autant que vous voulez,
votre souffle se répand sur les hommes et il les assiste,
il les remplit et les relève de leur chute ;
il les comble de richesses et les instruit lui-même.
Spiritus scientiæ,
Ad consolandum hodie
Apostolis donatur :
Et eis plenarie,
Fons veræ sapientiæ
Per hunc administratur.
Amen.
Aujourd’hui même
cet Esprit de science
est départi aux Apôtres pour être leur consolateur ;
et dans sa confiance,
il remet en leur pouvoir
et avec plénitude la source même de la véritable sagesse.
Amen.

Bhx Cardinal Schuster, Liber Sacramentorum

Station à Sainte-Anastasie.

La basilique de Saint-Paul étant trop éloignée de la Ville quand, pendant l’été, le soleil darde déjà ses rayons de feu sur Rome, on désigna pour la station de ce jour le Titre d’Anastasie, église de la cour durant la période byzantine. L’introït de la messe, qui est tiré des Apocryphes d’Esdras — absolument discrédités à Rome — semble lui-même révéler une origine ou au moins une influence grecque et nous fournit ainsi un précieux critérium chronologique pour déterminer le temps où l’octave de la Pentecôte prit le grand développement qu’on remarque maintenant dans le Missel.

L’introït est lé suivant (IV Esdr., II) : « Réjouissez-vous dans votre gloire — Alléluia — rendant grâces à Dieu qui vous a appelés au royaume céleste. Alléluia, Alléluia. » En effet, le chrétien doit sentir profondément la dignité de son état, sans jamais se rien permettre qui dégrade sa noblesse de fils du Très-Haut. Suit le psaume 77 : « Écoute ma loi, ô mon peuple ; prête l’oreille aux paroles de mes lèvres. »

La collecte est ainsi conçue : « Que nous assiste, Seigneur, la grâce du Saint-Esprit, qu’elle purifie avec bonté nos cœurs et nous protège contre toute adversité. Par notre Seigneur, etc. » Quelle onction, quelle brièveté et quelle profondeur de sens dans la prière de l’Église ! La purification dont il est parlé ici se fait dans le feu de l’amour, qui brûle et consume dans le cœur ce qui n’est pas de l’or pur, c’est-à-dire ce qui n’est pas fait pour Dieu.

La lecture des Actes des Apôtres a une grande importance dogmatique ; elle démontre que, si les diacres et de simples fidèles peuvent être les ministres du sacrement de Baptême, la collation du Saint-Esprit est au contraire réservée aux Apôtres et à leurs successeurs.

Après cette affirmation dogmatique, il faut noter dans la lecture (Act., VIII, 14-17) la valeur liturgique de l’expression : Oraverunt pro ipsis ut acciperent Spiritum Sanctum [47]. Ce n’est point d’une prière privée qu’il s’agit, ni antérieure à la collation du sacrement de Confirmation ; mais, comme nous l’enseignent les antiques liturgies, c’est une véritable épiclèse sacramentelle, accompagnant l’imposition des mains des Apôtres, et aussi selon toute probabilité, l’onction de la tête avec le saint Chrême du Paraclet, in quo signati estis [48], comme le disait l’Apôtre à ses fidèles.

Le passage du saint Évangile proclame la suprême mission de Jésus, envoyé par Dieu et consacré par la plénitude de la grâce du Saint-Esprit pour la rédemption du monde. Celui qui, sans cette céleste mission, se présente aux hommes et s’arroge la fonction de les enseigner, fera une œuvre stérile et nuisible ; tandis qu’au contraire rien ne pourra résister à l’efficacité de la parole évangélique, destinée à porter aux croyants une vie intarissable.

Durant cette semaine, les lectures évangéliques nous parlent toutes de l’amour de Jésus pour l’humanité, et nous représentent le divin Rédempteur sous les images les plus attirantes, celle du bon Pasteur, celle du thaumaturge guérissant les paralytiques et les fiévreux. A première vue, on ne comprend pas quelle relation existe entre ces lectures et la semaine de la Pentecôte.

Or, comme à Rome cette octave fut introduite au cours de la période byzantine, et que dans le rit grec les dimanches après Pâques ont précisément pour lectures évangéliques les péricopes du bon Pasteur, du paralytique, etc., il est probable que le Siège apostolique, ayant à peine terminé la série de ses lectures pascales prises exclusivement dans le discours après la Cène, et devant rédiger son propre cycle liturgique pour l’octave de la Pentecôte, se sera inspiré de l’usage oriental.

La lecture évangélique d’aujourd’hui nous décrit Jésus sous le symbole très doux du bon Pasteur. Il nous donne les marques qui distinguent de sa religion, qui est la seule vraie, toutes les fausses sectes. En premier lieu, les propagandistes de celles-ci sont des voleurs qui, sans aucun titre, se sont frauduleusement introduits dans le troupeau d’un autre et ont ravagé les brebis. Ils ne sont pas passés par la porte, mais ils se sont glissés à l’intérieur par d’autres ouvertures, c’est-à-dire grâce à des moyens illicites, fraude et hypocrisie. Entre eux et les brebis, il n’y a pas eu de véritable entente ni correspondance d’affection ; ils se sont simplement imposés par abus de pouvoir, ils n’ont pas converti les cœurs. La conduite de semblables réformateurs a été scandaleuse. Ils ont bien fait marcher le troupeau, mais ne l’ont pas précédé par l’exemple d’une vie vertueuse. Quant à la fin de semblables entreprises de réforme, c’a été un immense désastre et une hécatombe d’âmes.

Dans cette description faite par le saint Évangile, ne pouvons-nous pas discerner la genèse, les caractères et l’histoire de toutes les hérésies, depuis l’ancienne Gnose jusqu’au récent modernisme ? Seul Jésus est le bon Pasteur qui établit entre son cœur et le nôtre de solides courants de sainte dilection. Il nous précède par son exemple et guide nos âmes dans les pâturages fertiles de la divine grâce et des ineffables sacrements.

Le verset de l’offertoire est identique à celui du mercredi de Pâques. La manne dont se nourrissent les fidèles est d’origine céleste et alimente nos forces pour que nos âmes vivent du ciel et tendent au ciel. L’Eucharistie s’appelle le Pain des Anges, car si au ciel les saints, dans la lumière de gloire, se nourrissent de la claire vision de Dieu, ainsi sur la terre les fidèles, à travers les splendeurs de la foi, acquièrent par anticipation cette possession dans la sainte Communion.

La collecte sur les oblations fait une juste distinction entre le Sacrifice et la Communion. L’offrande du Sacrifice est destinée à nous obtenir du Seigneur la grâce de la purification du cœur, afin que celui-ci reçoive Jésus-Eucharistie avec les meilleures dispositions pour que la Communion soit fructueuse.

Après l’effusion des dons charismatiques obtenus au moyen de la sainte Communion, nous rappelons dans l’antienne la promesse que nous en avait faite Jésus lors de la dernière Cène. « L’Esprit Saint, avait-il dit, me glorifiera. » Nous assistons à cette glorification, et non seulement nous en sommes les témoins, mais nous y avons une part vivante, puisque à l’invocation de la vertu divine sur les oblations déposées sur l’autel, s’est accompli le prodige de leur transsubstantiation au Corps et au Sang de Jésus-Christ. Ce que la parole évangélique nous avait enseigné : ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, l’Esprit Saint vient maintenant nous le confirmer, puisque sa grâce achève notre communion à cette victime humiliée et immolée. Il s’ensuit que le divin Sacrement, tout en nous associant à la mort rédemptrice du Christ, nous unit aussi dans le Saint-Esprit à sa vie indéfectible de gloire et de sainteté.

La collecte d’action de grâces exprime en d’autres termes l’idée qui revient souvent dans la messe de ce jour, à savoir que la grâce du Saint-Esprit contient la rémission des péchés. Le sens est clair : le péché est une glace qui gèle le cœur ; le péché est comparable à des matériaux de rebut, avec quoi nous tentons de construire notre édifice spirituel, remplaçant ainsi l’or et la pierre par le bois et les brins de paille. Vient le feu de l’Esprit Saint qui détruit toute cette matière combustible, tenant de la place inutilement. La glace se liquéfie, et le cœur est purifié de ses souillures.

Il est à propos de répéter ce que dit le Sauveur à l’égard de la pécheresse de Magdala : Comme elle a aimé fortement, de grands péchés lui ont été pardonnes.

Durant cette octave de la Pentecôte, l’Église célèbre plus particulièrement les splendeurs de la grâce et l’œuvre intime du Saint-Esprit dans la sanctification du corps mystique de Jésus. Ainsi aujourd’hui, dans le verset de la Communion, on répète les paroles du Sauveur : « L’Esprit qui procède du Père me glorifiera » ; et cette glorification consiste avant tout dans notre sanctification et dans le développement du règne de Dieu dans nos âmes.

Dom Pius Parsch, le Guide dans l’année liturgique

STATION A SAINTE ANASTASIE

La glorification de la Pentecôte.

1. La messe (Accipite). — Le troisième jour de la Pentecôte ! L’Église est entièrement sous l’impression de la joie « débordante » de la Pentecôte. Ce n’est que grâce à la descente du Saint-Esprit que sa « gloire » est complète (Intr.) ; ses enfants reçoivent non seulement la « vie », mais encore la « vie en abondance » (Evang.). Mais, dans la gloire de l’Église et de ses enfants, s’achève aussi la gloire du Christ. C’est là une œuvre du Saint-Esprit (Comm.). Remarquons aussi que l’église de station est celle de Sainte-Anastasie (l’église de la Résurrection). Aussi pourrions-nous, peut-être, exprimer l’idée fondamentale de la messe d’aujourd’hui dans les trois passages suivants : « Recevez le bonheur de votre joie, Alléluia, et remerciez Dieu, Alléluia, qui vous a appelés au royaume céleste, Alléluia, Alléluia, Alléluia » (Intr.). « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Evang.). « L’Esprit qui procède du Père, Alléluia ; il me glorifiera, Alléluia, Alléluia » (Comm.). Ces trois passages dessinent la courbe de toute la messe.

La leçon nous donne une image historique qui nous montre comment le Saint-Esprit achève son œuvre. Pierre et Jean administrent la Confirmation aux chrétiens déjà baptisés de Samarie « Ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors, ils leur imposèrent les mains et ceux-ci reçurent le Saint-Esprit ». Cet événement justifie notre pratique de la Confirmation et notre foi dans ce sacrement. L’évêque administre la Confirmation ; elle signifie et confère la perfection du christianisme. Nous nous demandons comment le Saint-Esprit accomplit cet achèvement et, par là même, la glorification. La réponse nous est donnée par l’oraison : « Que la force du Saint-Esprit nous assiste, qu’elle purifie doucement nos cœurs et nous protège de tout mal ». La purification et la protection sont l’œuvre du Saint-Esprit. Par la purification et la protection, il mène son Église à la gloire. Il utilise pour cela deux moyens : la Pénitence et l’Eucharistie. La messe d’aujourd’hui parle de ces deux moyens : « Le Seigneur a ouvert les portes du ciel et fait pleuvoir de la manne pour les nourrir ; il leur donna le pain du ciel et l’homme mangea le pain des anges, Alléluia » (Off.). « Que le Saint-Esprit renouvelle nos cœurs, car il est lui-même la rémission de tous les péchés » (Postcomm.).

Dans cette messe aussi apparaît la parabole du Bon Pasteur. Comment cela ? Nous avons, au cours de l’année liturgique, un certain nombre de messes du « Bon Pasteur » : au commencement du Carême (le premier lundi), à Pâques (le second dimanche après Pâques) et au début du temps qui suit la Pentecôte (troisième dimanche après la Pentecôte). L’image du Bon Pasteur étant une des plus courantes dans l’Église ancienne, on comprend que la liturgie y revienne sans cesse. Mais nous pouvons remarquer qu’elle aime placer ces messes du Bon Pasteur au début d’une époque nouvelle. La liturgie veut, sans doute, nous montrer qu’à travers toutes les époques de l’année liturgique le Seigneur est le Bon Pasteur qui nous conduit. Que nous dit aujourd’hui l’image du Bon Pasteur ? Le Seigneur n’est-il pas Bon Pasteur dans l’envoi du Saint-Esprit ? « Je suis la porte des brebis. Celui qui entre par moi sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera des pâturages ». Serait-ce une représentation trop osée d’appeler aussi le Saint-Esprit, l’Esprit de Jésus, le Bon Pasteur de l’Église ? Ne nous a-t-il pas été donné, par le Seigneur remonté au ciel, comme un guide, un consolateur, un avocat ? Quand le Seigneur prononce cette importante conclusion de l’Évangile : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance », il résume brièvement l’action de ce Bon Pasteur.

2. Antiennes directrices du jour. — Quand le soleil se lève dans son éclat, l’Église chante : « Je suis la porte, dit le Seigneur ; celui qui entre par moi sera sauvé et trouvera des pâturages, Alléluia » (Ant. Bened.). Au coucher du soleil, nous devons nous laisser pénétrer par le don précieux du Saint-Esprit, la paix ; c’est pourquoi l’Église chante : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne, Alléluia » (Ant. Magn.).

3. La séquence de la Pentecôte. — Nous avons étudié, hier, un texte vénérable de l’Église, la sublime prière au Saint-Esprit, le Veni Sancte Spiritus. — Viens, Saint-Esprit. Cette prière a été récitée pendant des siècles ; elle est passée par des milliers et des milliers de bouches ; c’est comme un encensoir d’où s’est élevé l’encens de l’ardente supplication vers le Saint-Esprit. Il ne faut pas s’étonner qu’à cette fervente et profonde prière se soient rattachés des commentaires et des méditations. C’est une de ces méditations que nous trouvons dans la séquence de la Pentecôte, une méditation séculaire. C’est en même temps un modèle pour nous, car elle nous montre comment l’Église médite.

Disons d’abord quelques mots sur les chants intermédiaires de la messe. C’est un antique principe de la liturgie de ne pas passer directement d’une lecture à l’autre. On intercale un chant, un chant psalmodique. Ce chant a comme but de nous faire méditer quelque temps sur ce qu’on vient de lire ; c’est comme un écho de la lecture qui retentit dans l’âme. Il y a donc, depuis les temps les plus anciens, un chant intercalé entre l’Épître et l’Évangile.

Mais, à y regarder de plus près, il n’y a pas seulement un chant, il y en a souvent deux et, même, jusqu’à trois. Le premier est d’ordinaire le graduel qui est un écho de l’Épître ; le second est le chant de l’Alléluia qui est le prélude ou l’introduction de l’Évangile. Il y a encore un chant qui s’appelle le Trait et un autre, enfin, qui est la séquence.

Ces chants varient selon le temps liturgique. Le graduel a un caractère sévère et, pour cette raison, disparaît pendant le temps pascal ; l’Alléluia est un chant de joie, c’est pourquoi on le supprime pendant le Carême. Analysons maintenant le chant de l’Alléluia. Il est composé de deux Alléluia, d’un verset et, encore, d’un Alléluia ; pendant le temps pascal, on ajoute un verset et on conclut par l’Alléluia. Ce chant est l’annonce joyeuse de l’arrivée du Seigneur dans l’Évangile.

Dans l’antiquité, les chrétiens avaient un grand amour pour ce chant. L’Alléluia n’en finissait plus ; on faisait de longs neumes sur la syllabe « a ». Cette prolongation du chant s’appelait sequentia, c’est-à-dire continuation. Plus tard, on remplaça cet « a » interminable par un texte rythmé qu’on appela également séquence, c’est-à-dire continuation de l’Alléluia. Cette innovation plut tellement au Moyen Age croyant, que presque chaque messe reçut sa séquence. Il nous est parvenu une centaine de ces séquences. Cependant, quand le missel de Pie V fut prescrit pour l’Église entière, ces séquences tombèrent ; on ne garda que cinq des plus belles. De ce nombre est la séquence de la Pentecôte. Si l’on demande quel est le contenu de cette séquence, nous répondrons que c’est une considération, une méditation du verset encadré par l’Alléluia, du Veni Sancte Spiritus.

Examinons de plus près cette séquence. C’est une hymne admirable que nous offre L’Église dans cette séquence. Nous n’en connaissons pas l’auteur, mais nous pouvons affirmer que c’est une des plus sublimes poésies du Moyen Age. Voyons d’abord la composition de cette poésie. Ce n’est pas autre chose que la paraphrase de ces mots : Viens, Saint-Esprit ; remplis le cœur de tes fidèles. La première strophe développe le mot « Viens ». La troisième strophe commence par le mot : « remplis » ; la quatrième nous montre ce que le Saint-Esprit doit faire dans les « cœurs ». La cinquième et dernière commence par « fidèles ». C’est donc bien une méditation de la prière de la Pentecôte. Nous pouvons observer une autre harmonie dans la construction des strophes. La première répète quatre fois « Veni » (viens) ; la cinquième répète quatre fois « da » (donne). La seconde contient six caractéristiques du Saint-Esprit ; la quatrième adresse six demandes au Saint-Esprit. La troisième, c’est-à-dire la strophe du milieu, est le lien entre les vers précédents et les vers suivants et en résume brièvement le contenu. Toute la séquence est une ardente supplication dont les prières sont si ferventes et si instantes qu’on y ressent aussitôt le souffle céleste du Saint-Esprit.

Cela nous conduirait trop loin d’expliquer dans le détail toute la séquence. Cela, d’ailleurs, n’est pas nécessaire. Cette prière est si simple et si intelligible qu’elle peut être récitée par tous les fidèles.

a) Les premiers mots de la séquence sont exactement ceux de la prière de la Pentecôte : Veni, Sancte Spiritus — Viens, Saint-Esprit. Mais on dit immédiatement ce que le Saint-Esprit fera par sa venue : « Envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière ». L’âme, dans sa méditation, revient au point de départ : Viens, Saint-Esprit ; trois fois, elle répète : viens ; trois fois, elle s’adresse au Saint-Esprit, mais, chaque fois, avec une désignation nouvelle. Comme ils sont beaux ces titres ! Père des pauvres, distributeur des dons, lumière des cœurs !

b) Il y a déjà là, une transition avec la seconde strophe qui veut méditer le mot : Saint-Esprit. Le Saint-Esprit a été appelé par le Seigneur : Paraclet, ce que nous pouvons traduire par avocat ou consolateur, Or, ce mot est paraphrasé en cinq expressions : doux hôte de l’âme, doux réconfort, repos dans le travail, rafraîchissement dans la chaleur, consolation dans les larmes. Quels trésors d’images et de pensées n’y a-t-il pas dans ces courts vers !

c) Nous passons au mot suivant de la prière de la Pentecôte : « reple » (remplis). Le Saint-Esprit est appelé « bienheureuse lumière » ; cette lumière doit remplir les profondeurs les plus secrètes de nos cœurs. Nous méditons donc aussi la seconde phrase du Veni Sancte : « allume en eux le feu de ton amour ». Maintenant, la prière prend une forme négative : Sans ta lumière, il n’y a rien de bon dans l’âme.

d) Cela fait, de nouveau, une transition qui nous fait passer à l’opération du Saint-Esprit dans les « cœurs », des fidèles. Six verbes nous décrivent l’action de l’Esprit divin : il lave ce qui est souillé, il amollit ce qui est sec, il guérit ce qui est blessé, il fléchit ce qui est rigide, il réchauffe ce qui est froid, il redresse ce qui est détourné. Nous avons tout le loisir de faire l’application de ces images à notre âme.

e) Maintenant, vient la strophe finale. Les pensées se rattachent aux mots : tuorum fidelium (de tes fidèles). Elle demande pour nous le septuple don. Ce sont les sept dons du Saint-Esprit.

Pour conclure, la prière pense à notre fin : Daigne le Saint-Esprit couronner son œuvre par les mérites de la vertu, par une fin bienheureuse et par la joie éternelle. C’est là la bénédiction de la Pentecôte ; elle nous donne un aperçu profond sur l’action silencieuse, profonde et infatigable du Dieu « inconnu », du Saint-Esprit.

[1] Sap. 1, 7.

[2] Sept semaines figuratives avaient séparé la sortie d’Égypte de la promulgation de la loi sur le Sinaï, et l’Hymne divise le temps de Pâques à la Pentecôte, comme l’Écriture le fait elle-même, en sept fois sept jours, après lesquels apparaît le cinquantième qui désigne l’éternité ; le nombre sept rappelle aussi les sept sacrements et les sept dons du Saint-Esprit.

[3] Joël. 2, 28.

[4] Comme les Matines de l’Octave de Pâques, les Matines de l’Octave de la Pentecôte ne comporte qu’un seul nocturne de trois psaumes et trois lectures.

[5] Act. 2, 2.

[6] Ps. 67, 28.

[7] Ps. 103, 30.

[8] Jn. 14, 26.

[9] Act. 2, 3.

[10] Act. 2, 11.

[11] Act. 2, 4.

[12] Act. 2, 1.

[13] Sap. 1, 7.

[14] Act. 2, 4.

[15] Dan. 3, 77.

[16] Act. 2, 11.

[17] Allusion au jubilé, ère de pardon, de libération des esclaves, de remise de dettes, qui avait lieu tous les cinquante ans.

[18] Act. 2, 4.

[19] Act. 2, 1.

[20] Sap. 1, 7.

[21] Act. 2, 4.

[22] Dan. 3, 77.

[23] Act. 2, 11.

[24] « Le Saint-Esprit est appelé ici créateur, par rapport à la nouvelle création dont le Psalmiste a dit : « Créez en moi un cœur pur, un esprit droit. » (Ps. 50).Ce n’est pas qu’il ne soit Créateur dans la 1ère création avec le Père et le Fils ; mais la création nouvelle lui est donnée par une attribution particulière. » (Bossuet).

[25] Paraclet vient d’un mot grec qui veut dire à la fois Consolateur et Avocat. Jésus-Christ lui-même a désigné sous ce nom l’Esprit-Saint. (Saint Jean, 14, 26). L’Apôtre nous dit aussi qu’il est « le Dieu de toute consolation » (2 Cor., 1, 3), et ailleurs, « qu’il supplie pour nous avec des gémissements inénarrables » (Rom., 8, 26), et ces deux assertions répondent au sens du mot Paraclet.

[26] « Le mot Don appliqué à une personne divine forme un nom propre du Saint-Esprit. Cela se conçoit : tout don procède de l’amour, et la première chose que nous donnons est l’amour même par lequel nous désirons le bien de notre ami. Puisque l’Esprit-Saint procède comme Amour, il procède avec la nature de premier don. C’est là ce qui fait dire à saint Augustin : Les dons qui sont partagés aux membres de Jésus-Christ leur viennent du Don qui est l’Esprit-Saint. » (Saint Thomas).

[27] Le divin Esprit est cette source d’eau vive dont le Sauveur parlait à la Samaritaine. Il est le feu qui consume en nous la souillure et la rouille du péché, qui fond la glace de nos cœurs, et y allume la pure flamme du divin amour. Bien que la Trinité entière soit amour (I Saint Jean, 4, 16), dit saint Thomas, ce nom, quand il ne s’entend plus de l’essence, mais de la personne, est un nom propre de l’Esprit-Saint.— L’onction spirituelle doit s’entendre du Saint-Esprit opérant : 1° ce mystère d’amour, qui a accompagné notre justification, et par lequel nous avons été oints pour un sacerdoce royal (I Saint Pierre, 2, 9) ; 2° agissant ensuite en nous par le rayonne ment continu de sa divine présence. Cette opération persévérante est également appelée Onction, parce qu’elle est, comme l’huile, merveilleusement douce et pénétrante. » (L’abbé Pimont).

[28] « Les dons du Saint-Esprit peuvent se définir des bienfaits que Dieu nous accorde relativement aux mouvements de sa grâce, afin que nous les suivions avec promptitude. Ils présupposent les vertus théologales qui sont la base de notre union avec l’Esprit-Saint, et celui qui a la charité les possède tous. Ils sont supérieurs aux vertus intellectuelles et morales et diffèrent de ces vertus. Celles-ci sont, en effet, des habitudes qui perfectionnent notre volonté ou nos autres facultés pour suivre les ordres de la raison, tandis que les dons nous perfectionnent pour obéir fidèlement à l’Esprit-Saint qui nous meut. » (Saint Thomas).

[29] « Le divin Paraclet est ainsi nommé parce que Dieu le Père nous montre, par la lumière et l’impulsion du Saint-Esprit, les actions conformes à la justice et à la vérité qu’il faut accomplir pour lui plaire, et le mal que nous devons éviter. » (Denys le Chartreux). « C’est aussi par le Saint-Esprit qu’il grave de plus en plus dans nos âmes les pieux sentiments ». (Père de Caussade).

[30] Ou, plus littéralement : dans nos sens, ce qui doit s’entendre des sens intérieurs qui sont les facultés de notre âme.

[31] Act. 2, 11.

[32] Matth. XXVIII, 18.

[33] Cant, VI, 8.

[34] Eph. V, 27.

[35] Matth. IX, 15 ; XXV, 6 ; Marc, II, 19 ; Luc. V, 34 ; Johan. II, 29.

[36] Eph. V, 23-30.

[37] Matth. XXVIII, 20.

[38] Act. I, 2.

[39] Psalm. XVIII, 5.

[40] TERTULL. Apologet. XXXVII.

[41] Apoc. XIX, 7.

[42] II Thess. II, 3.

[43] Apoc. XX, 3.

[44] Ibid. XIII, 7.

[45] Ibid. XXII, 17.

[46] Cant. VIII, 5.

[47] « Ils prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent l’Esprit-Saint. »

[48] « par lequel vous avez été marqués d’un sceau. » Eph. 4, 30.